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La mort de don Blas brisait le dernier lien qui me retenait près du convoi d’argent. Je résolus de le laisser partir sans moi ; les scènes auxquelles je venais d’assister m’avaient attristé profondément, et je ne pouvais plus supporter la compagnie de ces hommes dont les passions brutales et violentes touchaient de si près aux passions coupables. J’arrêtai donc mon cheval. J’eus bientôt vu disparaître dans la brume du couchant la litière flottante qui n’emportait plus qu’un cadavre, et les lances baissées en signe de deuil des cavaliers de l’escorte. La nuit allait venir. Comme compensation à ce triste tableau, le paysage déployait à mes pieds une calme splendeur. Un brouillard doré flottait au-dessus de la vallée de Jalapa, les cygnes s’ébattaient sur les flaques d’eau rougies par le soleil, la ligne étroite de l’Océan se colorait de pourpre, et, près de refermer leurs blancs calices, les daturas exhalaient leurs derniers parfums.
La mort de don Blas brisait le dernier lien qui me retenait près du convoi d’argent. Je résolus de le laisser partir sans moi ; les scènes auxquelles je venais d’assister m’avaient attristé profondément, et je ne pouvais plus supporter la compagnie de ces hommes dont les passions brutales et violentes touchaient de si près aux passions coupables. J’arrêtai donc mon cheval. J’eus bientôt vu disparaître dans la brume du couchant la litière flottante qui n’emportait plus qu’un cadavre, et les lances baissées en signe de deuil des cavaliers de l’escorte. La nuit allait venir. Comme compensation à ce triste tableau, le paysage déployait à mes pieds une calme splendeur. Un brouillard doré flottait au-dessus de la vallée de Jalapa, les cygnes s’ébattaient sur les flaques d’eau rougies par le soleil, la ligne étroite de l’Océan se colorait de pourpre, et, près de refermer leurs blancs calices, les daturas exhalaient leurs derniers parfums.


GABRIEL FERRY.