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l’Allemagne nous aurait peut-être tondus, mais elle n’aurait pas eu la pensée de nous égorger. Étrange méconnaissance des réalités historiques ! Je veux bien admettre qu’il ne soit pas nécessaire de nous faire craindre par l’Allemagne; mais, dans l’intérêt même de nos relations futures, il est, à tout le moins, indispensable qu’elle nous respecte et qu’elle nous estime ; et, si elle nous sent faibles, nous ne serons jamais à ses yeux qu’un peuple inférieur. Que la France soit à même de traiter avec elle d’égale à égale, c’est la meilleure façon de préparer, pour l’avenir, un rapprochement sincère entre les deux nations.
l’Allemagne nous aurait peut-être tondus, mais elle n’aurait pas eu la pensée de nous égorger. Étrange méconnaissance des réalités historiques ! Je veux bien admettre qu’il ne soit pas nécessaire de nous faire craindre par l’Allemagne; mais, dans l’intérêt même de nos relations futures, il est, à tout le moins, indispensable qu’elle nous respecte et qu’elle nous estime ; et, si elle nous sent faibles, nous ne serons jamais à ses yeux qu’un peuple inférieur. Que la France soit à même de traiter avec elle d’égale à égale, c’est la meilleure façon de préparer, pour l’avenir, un rapprochement sincère entre les deux nations.


Quand saluerons-nous l’aurore de ces jours nouveaux, où la paix, descendant sur le Rhin, illuminera enfin 1e monde entier? Ce ne sont, ni les ovations que la Grèce prodigue à Constantin, ni les démonstrations des habitants de Hambourg contre l’Entente, ni les intrigues allemandes en Haute-Silésie, ni les menées pan germanistes en Tchéco-Slovaquie, ni le refus persistant qu’oppose le Reich au désarmement des gardes civiques, qui assureront à l’Europe l’ouverture d’une ère de calme et de travail. En faisant ses adieux aux délégués qui avaient siégé à l’assemblée de la Société des Nations, M. Motta, Président de la Confédération Helvétique, a répété la parole de l’Évangile : ''Et sit in terra pax hominibus bonæ voluntatis''. Il peut malheureusement suffire d’un homme de mauvaise volonté pour annihiler la bonne volonté de cent autres. Tenons-nous en plutôt au mot de M. Hymans, qui avait présidé l’assemblée pendant la longue session genevoise : « Nous avons donné au monde un grand espoir. » Oui, espérons. L’espérance, disait Rivarol, est un emprunt fait au bonheur. Mais pourquoi faut-il, hélas! que le bonheur nous prêle à si gros intérêts et que les emprunts que nous lui faisons risquent parfois, comme ceux des États, de mener les peuples à la banqueroute?
Quand saluerons-nous l’aurore de ces jours nouveaux, où la paix, descendant sur le Rhin, illuminera enfin 1e monde entier? Ce ne sont, ni les ovations que la Grèce prodigue à Constantin, ni les démonstrations des habitants de Hambourg contre l’Entente, ni les intrigues allemandes en Haute-Silésie, ni les menées pan germanistes en Tchéco-Slovaquie, ni le refus persistant qu’oppose le Reich au désarmement des gardes civiques, qui assureront à l’Europe l’ouverture d’une ère de calme et de travail. En faisant ses adieux aux délégués qui avaient siégé à l’assemblée de la Société des Nations, M. Motta, Président de la Confédération Helvétique, a répété la parole de l’Évangile : ''Et sit in terra pax hominibus bonæ voluntatis''. Il peut malheureusement suffire d’un homme de mauvaise volonté pour annihiler la bonne volonté de cent autres. Tenons-nous en plutôt au mot de M. Hymans, qui avait présidé l’assemblée pendant la longue session genevoise : « Nous avons donné au monde un grand espoir. » Oui, espérons. L’espérance, disait Rivarol, est un emprunt fait au bonheur. Mais pourquoi faut-il, hélas! que le bonheur nous prête à si gros intérêts et que les emprunts que nous lui faisons risquent parfois, comme ceux des États, de mener les peuples à la banqueroute?