« Page:Piedagnel - Pastels et Fusains, AC, vol. 62.djvu/5 » : différence entre les versions
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<poem>{{lettrine|lignes=3|M}}{{sc|a}} grand’mère, autrefois, filant sa quenouillée, |
<poem>{{lettrine|lignes=3|M}}{{sc|a}} grand’mère, autrefois, filant sa quenouillée, |
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Nous parlait longuement d’un monde merveilleux, |
Nous parlait longuement d’un monde merveilleux, |
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Où des sylphes dansaient, le soir, sous la feuillée ; |
Où des sylphes dansaient, le soir, sous la feuillée ; |
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Où tout était plaisir pour l’âme et pour les yeux. |
Où tout était plaisir pour l’âme et pour les yeux. |
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La haine, assurait-elle, en fut toujours bannie, |
La haine, assurait-elle, en fut toujours bannie, |
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Et le mensonge aussi. — Se couronnant de fleurs, |
Et le mensonge aussi. — Se couronnant de fleurs, |
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Sous un ciel azuré, chacun passait sa vie |
Sous un ciel azuré, chacun passait sa vie |
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À chanter, à rêver, ignorant les douleurs. |
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On croyait, à l’amour, et l’on s’en faisait gloire : |
On croyait, à l’amour, et l’on s’en faisait gloire : |
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Les cœurs épanouis battaient à l’unisson. |
Les cœurs épanouis battaient à l’unisson. |
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Chez ce peuple béni — qui n’avait pas d’histoire, — |
Chez ce peuple béni — qui n’avait pas d’histoire, — |
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L’égoïsme impassible eût donné le frisson ! |
L’égoïsme impassible eût donné le frisson ! |
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La douce paix régnait, féconde et radieuse : |
La douce paix régnait, féconde et radieuse : |
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On n’enviait personne, on se prêtait appui ; |
On n’enviait personne, on se prêtait appui ; |
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Dans les bois verdoyants courait, franche et rieuse, |
Dans les bois verdoyants courait, franche et rieuse, |
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La jeunesse, — narguant le pâle et morne |
La jeunesse, — narguant le pâle et morne ennui… |
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Cet étrange pays était bien loin du nôtre. |
Cet étrange pays était bien loin du nôtre. |
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Ô naïfs, ô charmeurs ! Qu’êtes-vous devenus ? |
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On aurait beau chercher, hélas ! d’un pôle à l’autre, |
On aurait beau chercher, hélas ! d’un pôle à l’autre, |
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Nul ne découvrirait tant d’heureux ingénus ! |
Nul ne découvrirait tant d’heureux ingénus ! |
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Triste réalité ! — Les récits qui, naguère, |
Triste réalité ! — Les récits qui, naguère, |
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Me tenaient éveillé, si tard, sont fabuleux. — |
Me tenaient éveillé, si tard, sont fabuleux. — |
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Le bonheur sans mélange est donc une chimère ? |
Le bonheur sans mélange est donc une chimère ?… |
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Que je voudrais entendre encor ces contes bleus !</poem> |
Que je voudrais entendre encor ces contes bleus !</poem> |
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{{T3|HENRY MURGER}} |
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<poem>{{lettrine|lignes=2|L}}{{sc|aissant}} pour la douce paresse |
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Il gardait mainte épave chère ; |
Il gardait mainte épave chère ; |
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Reliques disant du passé |
Reliques disant du passé |
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L’illusion trop éphémère, |
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L’amour — éternel — effacé. |
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Puis, quand ces débris pleins de charme |
Puis, quand ces débris pleins de charme |
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Évoquaient un songe enivrant, |
Évoquaient un songe enivrant, |
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Sur sa main tombait une larme |
Sur sa main tombait une larme |
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Qu’il essuyait en soupirant. |
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Le soir, dans |
Le soir, dans l’ombre vaporeuse, |
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Il croyait entendre la voix |
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D’une belle et folle amoureuse |
D’une belle et folle amoureuse |
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L’appelant, tout comme autrefois. |
L’appelant, tout comme autrefois. |
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Son cœur alors battait plus vite : |
Son cœur alors battait plus vite : |
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Musette écoutait sa chanson, |
Musette écoutait sa chanson, |
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Que commentaient la marguerite |
Que commentaient la marguerite |
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Et le rossignol du buisson. |
Et le rossignol du buisson. |
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Mimi penchait sur son épaule |
Mimi penchait sur son épaule |
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Son doux visage rose et blond ; |
Son doux visage rose et blond ; |
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Ou bien, assise au pied d’un saule, |
Ou bien, assise au pied d’un saule, |
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Sur ses genoux posait son front. |
Sur ses genoux posait son front. |
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Oubliant les longs jours d’orage. |
Oubliant les longs jours d’orage. |
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Les froids hivers — où l’on eut faim ! |
Les froids hivers — où l’on eut faim ! |
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Il retrouvait, dans un mirage, |
Il retrouvait, dans un mirage, |
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Ses vingt ans, perdus en chemin. |
Ses vingt ans, perdus en chemin. |
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