« Page:Piedagnel - Pastels et Fusains, AC, vol. 62.djvu/5 » : différence entre les versions

 
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{{T2|L’ILE ENCHANTÉE}}

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<poem>{{lettrine|lignes=3|M}}{{sc|a}} grand’mère, autrefois, filant sa quenouillée,
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Nous parlait longuement d’un monde merveilleux,
Nous parlait longuement d’un monde merveilleux,
Où des sylphes dansaient, le soir, sous la feuillée ;
Où des sylphes dansaient, le soir, sous la feuillée ;
Où tout était plaisir pour l’âme et pour les yeux.
Où tout était plaisir pour l’âme et pour les yeux.


La haine, assurait-elle, en fut toujours bannie,
La haine, assurait-elle, en fut toujours bannie,
Et le mensonge aussi. — Se couronnant de fleurs,
Et le mensonge aussi. — Se couronnant de fleurs,
Sous un ciel azuré, chacun passait sa vie
Sous un ciel azuré, chacun passait sa vie
A chanter, à rêver, ignorant les douleurs.
À chanter, à rêver, ignorant les douleurs.


On croyait, à l’amour, et l’on s’en faisait gloire :
On croyait, à l’amour, et l’on s’en faisait gloire :
Les cœurs épanouis battaient à l’unisson.
Les cœurs épanouis battaient à l’unisson.
Chez ce peuple béni — qui n’avait pas d’histoire, —
Chez ce peuple béni — qui n’avait pas d’histoire, —
L’égoïsme impassible eût donné le frisson !
L’égoïsme impassible eût donné le frisson !


La douce paix régnait, féconde et radieuse :
La douce paix régnait, féconde et radieuse :
On n’enviait personne, on se prêtait appui ;
On n’enviait personne, on se prêtait appui ;
Dans les bois verdoyants courait, franche et rieuse,
Dans les bois verdoyants courait, franche et rieuse,
La jeunesse, — narguant le pâle et morne ennui...
La jeunesse, — narguant le pâle et morne ennui…


Cet étrange pays était bien loin du nôtre.
Cet étrange pays était bien loin du nôtre.
O naïfs, ô charmeurs ! Qu’êtes-vous devenus ?
Ô naïfs, ô charmeurs ! Qu’êtes-vous devenus ?
On aurait beau chercher, hélas ! d’un pôle à l’autre,
On aurait beau chercher, hélas ! d’un pôle à l’autre,
Nul ne découvrirait tant d’heureux ingénus !
Nul ne découvrirait tant d’heureux ingénus !


Triste réalité ! — Les récits qui, naguère,
Triste réalité ! — Les récits qui, naguère,
Me tenaient éveillé, si tard, sont fabuleux. —
Me tenaient éveillé, si tard, sont fabuleux. —
Le bonheur sans mélange est donc une chimère ?.,.
Le bonheur sans mélange est donc une chimère ?
Que je voudrais entendre encor ces contes bleus !</poem>
Que je voudrais entendre encor ces contes bleus !</poem>


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{{T2|HENRY MURGER}}
{{T3|HENRY MURGER}}
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<poem>{{lettrine|lignes=2|L}}{{sc|aissant}} pour la douce paresse
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Il gardait mainte épave chère ;
Il gardait mainte épave chère ;
Reliques disant du passé
Reliques disant du passé
L'illusion trop éphémère,
L’illusion trop éphémère,
L'amour - éternel - effacé.
L’amour éternel effacé.
Puis, quand ces débris pleins de charme
Puis, quand ces débris pleins de charme
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Évoquaient un songe enivrant,
Évoquaient un songe enivrant,
Sur sa main tombait une larme
Sur sa main tombait une larme
Qu'il essuyait en soupirant.
Qu’il essuyait en soupirant.
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Le soir, dans l'ombre vaporeuse,
Le soir, dans l’ombre vaporeuse,
II croyait entendre la voix
Il croyait entendre la voix
D’une belle et folle amoureuse
D’une belle et folle amoureuse
L’appelant, tout comme autrefois.
L’appelant, tout comme autrefois.
Son cœur alors battait plus vite :
Son cœur alors battait plus vite :
Musette écoutait sa chanson,
Musette écoutait sa chanson,
Que commentaient la marguerite
Que commentaient la marguerite
Et le rossignol du buisson.
Et le rossignol du buisson.
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Mimi penchait sur son épaule
Mimi penchait sur son épaule
Son doux visage rose et blond ;
Son doux visage rose et blond ;
Ou bien, assise au pied d’un saule,
Ou bien, assise au pied d’un saule,
Sur ses genoux posait son front.
Sur ses genoux posait son front.
Oubliant les longs jours d’orage.
Oubliant les longs jours d’orage.
Les froids hivers — où l’on eut faim !
Les froids hivers — où l’on eut faim !
Il retrouvait, dans un mirage,
Il retrouvait, dans un mirage,
Ses vingt ans, perdus en chemin.
Ses vingt ans, perdus en chemin.
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