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Il serait aisé de réfuter phrase par phrase cette déclamation sonore et d’en démolir chaque argument. Mais les démocrates assemblés à Chicago, les prophètes à longue barbe, ne discutaient pas. Ils étaient sous le charme, ils avaient trouvé l’homme qui épousait leurs préjugés, qui flattait leurs instincts et qui enveloppait d’une forme oratoire et pompeuse le vide de leurs théories. Aussi, après quatre tours de scrutin, les chances de Bryan allaient-elles croissant. Voici comment un témoin oculaire raconte ce qui se passa alors :
Il serait aisé de réfuter phrase par phrase cette déclamation sonore et d’en démolir chaque argument. Mais les démocrates assemblés à Chicago, les prophètes à longue barbe, ne discutaient pas. Ils étaient sous le charme, ils avaient trouvé l’homme qui épousait leurs préjugés, qui flattait leurs instincts et qui enveloppait d’une forme oratoire et pompeuse le vide de leurs théories. Aussi, après quatre tours de scrutin, les chances de Bryan allaient-elles croissant. Voici comment un témoin oculaire raconte ce qui se passa alors :


Un silence se lit dans la salle. Le moment solennel était arrivé. Le vote de l’État de Missouri pouvait donnera Bryan la majorité des deux tiers nécessaires à sa nomination. Le gouverneur de Missouri s’écria : « Je lève l’étendard de Nebraska. Bryan est un magnifique chef, beau comme un Apollon, et intellectuellement il défie toute comparaison ! Je donne les 34 voix du Missouri à Bryan. » C’en était fait. Les membres du Bland Club quittèrent leurs vestes et les agitèrent en l’honneur de Bryan. Un vieillard ôta son soulier et le brandit au bout d’une canne. L’océan humain s’agitait de nouveau. Le président de la délégation d’Iowa retira le nom de Boies et donna à Bryan les votes de l’Etat. Le sénateur Jones d’Arkansas fit de même ; le sénateur Turpie retira le nom de Matthews et proposa de rallier tous les suffrages au nom de Bryan. Un immense hourrah éclata dans la salle. Quinze mille individus hurlaient à la fois. Chapeaux, cannes, mouchoirs, éventails, coiffures de femmes couvertes de Heurs, des milliers de journaux avec le portrait de Bryan, voltigeaient au-dessus des têtes des spectateurs. L’orchestre joua le ''Salut au chef'' ; la bannière bleue de Bryan, étincelante d’argent, fut remise
Un silence se lit dans la salle. Le moment solennel était arrivé. Le vote de l’État de Missouri pouvait donnera Bryan la majorité des deux tiers nécessaires à sa nomination. Le gouverneur de Missouri s’écria : « Je lève l’étendard de Nebraska. Bryan est un magnifique chef, beau comme un Apollon, et intellectuellement il défie toute comparaison ! Je donne les 34 voix du Missouri à Bryan. » C’en était fait. Les membres du Bland Club quittèrent leurs vestes et les agitèrent en l’honneur de Bryan. Un vieillard ôta son soulier et le brandit au bout d’une canne. L’océan humain s’agitait de nouveau. Le président de la délégation d’Iowa retira le nom de Boies et donna à Bryan les votes de l’Etat. Le sénateur Jones d’Arkansas fit de même ; le sénateur Turpie retira le nom de Matthews et proposa de rallier tous les suffrages au nom de Bryan. Un immense hourrah éclata dans la salle. Quinze mille individus hurlaient à la fois. Chapeaux, cannes, mouchoirs, éventails, coiffures de femmes couvertes de fleurs, des milliers de journaux avec le portrait de Bryan, voltigeaient au-dessus des têtes des spectateurs. L’orchestre joua le ''Salut au chef'' ; la bannière bleue de Bryan, étincelante d’argent, fut remise