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caractères d’une tour fortifiée, et qu’ils étaient généralement ou isolés ou posés sur le porche occidental des églises. En cas de siège, les remparts des villes étant forcés, ces clochers servaient souvent d’asile aux défenseurs, comme les donjons des châteaux. En 1105, Robert Fitz-Haimon, assiégé dans {{DRAFL2|B|Bayeux|Bayeux}} par les soldats du duc de Normandie, se réfugie dans la tour de la cathédrale :
caractères d’une tour fortifiée, et qu’ils étaient généralement ou isolés ou posés sur le porche occidental des églises. En cas de siège, les remparts des villes étant forcés, ces clochers servaient souvent d’asile aux défenseurs, comme les donjons des châteaux. En 1105, Robert Fitz-Haimon, assiégé dans {{DRAFL2|B|Bayeux|Bayeux}} par les soldats du duc de Normandie, se réfugie dans la tour de la cathédrale :


<poem class=verse>::Robert s’embati el mostier,
<poem class=verse>::« Robert s’embati el mostier,
::Sus en la tor très k’ol clochier,
::Sus en la tor très k’ol clochier,
::Maiz il n’i pout’gaires atendre ;
::Maiz il n’i pout’gaires atendre ;
::Volsit u non l’estut (lui fallut) descendre,
::Volsit u non l’estut (lui fallut) descendre,
::Kar li feu i fu aportez,
::Kar li feu i fu aportez,
::Dunc li mostier fu alumez<ref>Le ''Roman de Rou'', v.16, 194 et suiv.</ref>.</poem>
::Dunc li mostier fu alumez<ref>Le ''Roman de Rou'', v.16, 194 et suiv.</ref>. »</poem>


Les assiégeants mettent le feu à l’église pour forcer ce capitaine de renoncer à la défense. On considérait donc, dans certaines circonstances critiques, les clochers des églises comme des forteresses, et leur emploi comme beffroi n’était parfois qu’accessoire. Aussi, tous les clochers de façades antérieurs au {{s|XIII}} conservent un aspect de tour de défense ; au moins dans leur partie inférieure ; ou bien il est arrivé, comme à Moissac par exemple, que, bâtis en forme de porche ouvert, surmonté d’étages à jour, ils ont été revêtus de crénelages, comme d’une chemise extérieure.
Les assiégeants mettent le feu à l’église pour forcer ce capitaine de renoncer à la défense. On considérait donc, dans certaines circonstances critiques, les clochers des églises comme des forteresses, et leur emploi comme beffroi n’était parfois qu’accessoire. Aussi, tous les clochers de façades antérieurs au {{s|XIII}} conservent un aspect de tour de défense ; au moins dans leur partie inférieure ; ou bien il est arrivé, comme à Moissac par exemple, que, bâtis en forme de porche ouvert, surmonté d’étages à jour, ils ont été revêtus de crénelages, comme d’une chemise extérieure.