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<section begin=article28/>cinquante était le vrai possesseur de la dame. « Vous vous trompez tous, répondit le premier président : l’homme aux douze est un héros, mais il n’a pas passé les forces de la nature humaine ; l’homme aux cinquante ne peut être qu’un dieu qui s’est moqué de nous. » Le dieu avoua tout, et s’en retourna au ciel en riant. De pareils contes, dont l’Inde fourmille, ont du moins cela de bon qu’ils peuvent tenir une nation entière dans une douce joie, ainsi que les métamorphoses recueillies et embellies par Ovide. Ils n’excitent point de querelles, et la moitié d’un peuple ne persécute point l’autre pour la forcer à croire que la fable des deux maris indiens est prise des deux ''Amphitryons'' et des deux ''Sosies.''
<section begin=article28/>cinquante était le vrai possesseur de la dame. « Vous vous trompez
tous, répondit le premier président : lliomme aux douze est un
liéros, mais il n’a pas passé les forces de la natui’e humaine ;
l’homme aux cinquante ne peut être qu’un dieu qui s’est moqué
de nous. » Le dieu avoua tout, et s’en retourna au ciel en riant.
De pareils contes, dont l’Inde fourmille, ont du moins cela de
hon qu’ils peuvent tenir une nation entière dans une douce joie,
ainsi que les métamorphoses recueillies et embellies par Ovide.
Ils n’excitent point de querelles, et la moitié d’un peuple ne per-
sécute point l’autre pour la forcer à croire que la fable des deux
maris indiens est prise des deux Amphitryons et des deux Sosies.

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<section begin=article29/>ARTICLE XXIX.
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DU LINGAM, ET DE QUELQUES AUTRES SUPERSTITIONS.

On nous a envoyé des Indes un petit Lingam d’une espèce de
pierre de touche. Il est exposé à la vue de tout le monde, et n’a
jamais effarouché les yeux de personne, soit que sa petitesse ne
puisse faire une impi’ession dangereuse, soit qu’on le regarde
comme un simple objet de curiosité. On nous a assuré que la
plupart des dames indiennes ont de ces petites figures dans leurs
maisons, comme on avait des Phallus en Egypte, et desPriapesà
Rome.

Les parties naturelles de l’homme sont visil)les dans toutes
nos statues antiques et dans mille modernes. La plus belle fon-
taine de Bruxelles est un enfant de bronze admirablement sculpté
par François Flamand^ : il pisse continuellement de l’eau, et les
dames lui donnent un bel habit et une perruque le jour de sa
fête. On fait plus : l’enfant Jésus est représenté avec cette partie
dans un grand nombre d’églises catholiques, sans que jamais
personne se soit avisé ni d’être scandalisé de cette nudité, ni d’en
faire une raillerie indécente. Le Lingam est presque toujours


On nous a envoyé des Indes un petit Lingam d’une espèce de pierre de touche. Il est exposé à la vue de tout le monde, et n’a jamais effarouché les yeux de personne, soit que sa petitesse ne puisse faire une impression dangereuse, soit qu’on le regarde comme un simple objet de curiosité. On nous a assuré que la plupart des dames indiennes ont de ces petites figures dans leurs maisons, comme on avait des Phallus en Égypte, et des Priapes à Rome.
1. Le petit homme ou enfant de bronze, appelé Manneken-pisse , était efTectivement de François Duquesnoi, plus connu sous le nom de François Flamand, mort en 1646 ; mais ayant été volé et mis en morceaux vers 1822, il a été refait avec ses propres débris, et placé, dans la même attitude, à la fontaine qui n’est plus, comme en 1740, la plus belle de Bruxelles. Le Manneken-pisse, qualifié de premier bourgeois de Bruxelles, a sans doute perdu ce titre depuis qu’il a été refondu. ({{sc|Cl}}.)


Les parties naturelles de l’homme sont visibles dans toutes nos statues antiques et dans mille modernes. La plus belle fontaine de Bruxelles est un enfant de bronze admirablement sculpté par François Flamand<ref>Le petit homme ou enfant de bronze, appelé ''Manneken-pisse,'' était effectivement de François Duquesnoi, plus connu sous le nom de François Flamand, mort en 1646 ; mais ayant été volé et mis en morceaux vers 1822, il a été refait avec ses propres débris, et placé, dans la même attitude, à la fontaine qui n’est plus, comme en 1740, la plus belle de Bruxelles. Le ''Manneken-pisse,'' qualifié de premier bourgeois de Bruxelles, a sans doute perdu ce titre depuis qu’il a été refondu. ({{sc|Cl}}.)<p style="text-indent:2em">— Le ''Manneken-pisse'' a conservé son titre de premier bourgeois de Bruxelles ; mais on ne le revêt plus, depuis 1871, de l’uniforme de garde civique qu’on lui donnait tous les ans pendant les fêtes de Septembre ou de l’Indépendance.</p></ref> : il pisse continuellement de l’eau, et les dames lui donnent un bel habit et une perruque le jour de sa fête. On fait plus : l’enfant Jésus est représenté avec cette partie dans un grand nombre d’églises catholiques, sans que jamais personne se soit avisé ni d’être scandalisé de cette nudité, ni d’en faire une raillerie indécente. Le Lingam est presque toujours<section end=article29/>
— Le ''Manneken-pisse'' a conservé son titre de premier bourgeois de Bruxelles; mais on ne le revêt plus, depuis 1871, de l’uniforme de garde civique qu’on lui donnait tous les ans pendant les fêtes de Septembre ou de l’Indépendance.<section end=article29/>
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