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Que la nature humaine ait été plongée pendant une longue suite de siècles dans cet état si approchant de celui des brutes, et inférieur à plusieurs égards, c’est ce qui n’est que trop vrai. La
Que la nature humaine ait été plongée pendant une longue suite de siècles dans cet état si approchant de celui des brutes, et inférieur à plusieurs égards, c’est ce qui n’est que trop vrai. La
raison en est, comme on l’a dit<ref>Voyez ''Introduction'', paragraphe {{sc|iii}} ; et tome I<sup>er</sup> du ''Théâtre'', dans ''Zaïre'', acte I, sc. {{sc|i}}.</ref>, qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de ''désirer ce qu’il ne connaît pas''. Il a fallu partout, non-seulement un espace de temps prodigieux, mais des circonstances heureuses, pour que l’homme s’élevât au-dessus de la vie animale.
raison en est, comme on l’a dit<ref>Voyez ''Introduction'', [[Essai_sur_les_mœurs/Introduction#8|paragraphe {{sc|iii}}]] ; et tome I<sup>er</sup> du ''Théâtre'', dans ''Zaïre'', [[Zaïre/Zaïre|acte I, sc. {{sc|i}}]].</ref>, qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de ''désirer ce qu’il ne connaît pas''. Il a fallu partout, non-seulement un espace de temps prodigieux, mais des circonstances heureuses, pour que l’homme s’élevât au-dessus de la vie animale.


Vous avez donc grande raison de vouloir passer tout d’un coup aux nations qui ont été civilisées les premières. Il se peut que longtemps avant les empires de la Chine et des Indes il y ait eu des nations instruites, polies, puissantes, que des déluges de barbares auront ensuite replongées dans le premier état d’ignorance et de grossièreté qu’on appelle l’état de pure nature.
Vous avez donc grande raison de vouloir passer tout d’un coup aux nations qui ont été civilisées les premières. Il se peut que longtemps avant les empires de la Chine et des Indes il y ait eu des nations instruites, polies, puissantes, que des déluges de barbares auront ensuite replongées dans le premier état d’ignorance et de grossièreté qu’on appelle l’état de pure nature.