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avait pour quinze chevaliers trois mille livres. L’archevêque de Reims et l’évêque de Langres recevaient chacun quatre mille livres pour quinze chevaliers que chacun d’eux conduisait. Cent
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soixante et deux chevaliers mangeaient aux tables du roi. Ces dépenses et les préparatifs étaient immenses.


Si la fureur des croisades et la religion des serments avaient permis à la vertu de Louis d’écouter la raison, non-seulement il eût vu le mal qu’il faisait à son pays, mais l’injustice extrême de cet armement qui lui paraissait si juste.
avait pour quinze chevaliers Irois mille livres. L'archevêque de
Reims el Tévèque de Langres rccevaieul cliacun quatre mille
livres pour quinze chevaliers que chacun d'eux conduisait. Cent
soixante et deux chevaliers mangeaient aux lahles du roi. Ces
dépenses et les préparatifs étaient immenses.


Le projet n’eût-il été que d’aller mettre les Français en possession du misérable terrain de Jérusalem, ils n’y avaient aucun droit. Mais on marchait contre le vieux et sage Mélecsala, soudan
Si la fureur des croisades et la religion des serments avaient
d’Égypte, qui certainement n’avait rien à démêler avec le roi de France. Mélecsala était musulman ; c’était là le seul prétexte de lui faire la guerre. Mais il n’y avait pas plus de raison à ravager l’Égypte parce qu’elle suivait les dogmes de Mahomet, qu’il n’y en aurait aujourd’hui à porter la guerre à la Chine parce que la Chine est attachée à la morale de Confucius.
permis h la vertu de Louis d'écouter la raison, non-seulement il
eût vu le mal qu'il faisait à son pays, mais l'injustice extrême de
cet armement qui lui paraissait si juste.


Louis mouilla dans l’île de Chypre : le roi de cette île se joint à lui ; on aborde en Égypte. Le soudan d’Égypte ne possédait point Jérusalem. La Palestine alors était ravagée par les Corasmins : le sultan de Syrie leur abandonnait ce malheureux pays ; et le calife de Bagdad, toujours reconnu et toujours sans pouvoir, ne se mêlait plus de ces guerres. Il restait encore aux chrétiens Ptolémaïs, Tyr, Antioche, Tripoli. Leurs divisions les exposaient continuellement à être écrasés par les soldats turcs et par les Corasmins.
Le projet n'eût-il été que d'aller mettre les Français en posses-
sion du misérable terrain de Jérusalem, ils n'y avaient aucun
droit. Mais on marchait contre le vieux et sage Mélecsala, Soudan
d'Egypte, qui certainement n'avait rien à démêler avec le roi de
France. Mélecsala était musulman; c'était là le seul prétexte de
lui faire la guerre. Mais il n'y avait pas plus de raison à ravager
l'Egypte parce qu'elle suivait les dogmes de Mahomet, qu'il n'y en
aurait aujourd'hui à porter la guerre à la Chine parce que la
Chine est attachée à la morale de Confucius,


Dans ces circonstances il est difficile de voir pourquoi le roi de France choisissait l’Égypte pour le théâtre de sa guerre. Le vieux
Louis mouilla dans l'île de Chypre : le roi de cette île se joint
Mélecsala, malade, demanda la paix ; on la refusa, Louis, renforcé par de nouveaux secours arrivés de France, était suivi de soixante mille combattants, obéi, aimé, ayant en tête des ennemis déjà
à lui ; on aborde en Egypte. Lesoudan d'Égyi)te ne possédait point
vaincus, un soudan qui touchait à sa fin. Qui n’eût cru que l’Égypte et bientôt la Syrie seraient domptées ? Cependant la moitié de cette armée florissante périt de maladie ; l’autre moitié est vaincue près de la Massoure. Saint Louis voit tuer son frère Robert d’Artois (1250) ; il est pris avec ses deux autres frères, le comte
Jérusalem. La Palestine alors était ravagée par les Corasmins : le
d’Anjou et le comte de Poitiers. Ce n’était plus alors Mélecsala qui régnait en Égypte, c’était son fils Almoadan. Ce nouveau soudan avait certainement de la grandeur d’âme ; car le roi Louis lui ayant offert pour sa rançon et pour celle des prisonniers un million de besants d’or, Almoadan lui en remit la cinquième partie.
sultan de Syrie leur abandonnait ce malheureux pays ; et le calife
de Bagdad, toujours reconnu et toujours sans pouvoir, ne se
mêlait plus de ces guerres. Il restait encore aux chrétiens Ptolé-
maïs, Tyr, Antioche, Tripoli. Leurs divisions les exposaient conti-
nuellement à être écrasés par les soldats turcs et par les Coras-
mins.

Dans ces circonstances il est difficile de voir pourquoi le roi
de France choisissait l'Egypte pour le théâtre de sa guerre. Le vieux
Mélecsala, malade, demanda la paix; on la refusa, Louis, renforcé
par de nouveaux secours arrivés de France, était suivi de soixante
mille combattants, obéi, aimé, ayant en tête des ennemis déjà
vaincus, un Soudan qui touchait à sa fin. Qui n'eût cru que
l'Egypte et bientôt la Syrie seraient domptées? Cependant la moi-
tié de cette armée florissante périt de maladie ; l'autre moitié est
vaincue près delà Massoure. Saint Louis voit tuer son frère Robert
d'Artois (1250); il est pris avec ses deux autres frères, le comte
d'Anjou et le comte de Poitiers. Ce n'était plus alors Mélecsala qui
régnait en Égjpte, c'était son fils Almoadan. Ce nouveau soudan
avait certainement de la grandeur d'àme; car le roi Louis lui
ayant offert pour sa rançon et pour celle des prisonniers un mil-
lion de besants d'or, Almoadan lui eu remit la cinquième partie.

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