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Ces êtres nouveaux furent les demi-dieux, les esprits célestes, adoptés ensuite par les Chaldéens, et chez les Grecs par Platon.
Ces êtres nouveaux furent les demi-dieux, les esprits célestes, adoptés ensuite par les Chaldéens, et chez les Grecs par Platon.
Les Juifs les admirent, quand ils furent captifs à Babylone ; ce fut là qu’ils apprirent les noms que les Chaldéens avaient donnés aux anges, et ces noms n’étaient pas ceux des Indiens. Michaël, Gabriel, Raphaël, Israël même, sont des mots chaldéens qui ne
Les Juifs les admirent, quand ils furent captifs à Babylone ; ce fut là qu’ils apprirent les noms que les Chaldéens avaient donnés aux anges, et ces noms n’étaient pas ceux des Indiens. Michaël, Gabriel, Raphaël, Israël même, sont des mots chaldéens qui ne furent jamais connus dans l’Inde.
furent jamais connus dans l’Inde.


C’est dans le ''Shasta'' qu’on trouve l’histoire de la chute de ces anges. Voici comme le ''Shasta'' s’exprime :
C’est dans le ''Shasta'' qu’on trouve l’histoire de la chute de ces anges. Voici comme le ''Shasta'' s’exprime :
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hommes.
hommes.


Il n’y a rien dans l’antiquité de si majestueux et de si philosophique. Ces mystères des brachmanes percèrent enfin jusque dans la Syrie : il fallait qu’ils fussent bien connus, puisque les Juifs en entendirent parler du temps d’Hérode. Ce fut peut-être alors qu’on forgea, suivant ces principes indiens, le faux livre d’Hénoch, cité par l’apôtre Jude, dans lequel il est dit quelque chose de la chute des anges. Cette doctrine devint depuis le fondement de la religion chrétienne<ref>Le serpent dont il est parlé dans la Genèse devint le principal mauvais ange.
Il n’y a rien dans l’antiquité de si majestueux et de si philosophique. Ces mystères des brachmanes percèrent enfin jusque dans la Syrie : il fallait qu’ils fussent bien connus, puisque les Juifs en entendirent parler du temps d’Hérode. Ce fut peut-être alors qu’on forgea, suivant ces principes indiens, le faux livre d’Hénoch, cité par l’apôtre Jude, dans lequel il est dit quelque chose de la chute des anges. Cette doctrine devint depuis le fondement de la religion chrétienne<ref>Le serpent dont il est parlé dans la Genèse devint le principal mauvais ange. On lui donna tantôt le nom de Satan, qui est un mot persan, tantôt celui de Lucifer, étoile du matin, parce que la ''Vulgate'' traduisit le mot Hélel par celui de Lucifer (voyez ''Introduction'', paragraphe {{sc|xlviii}}). Isaïe, insultant à la mort d’un roi de Babylone, lui dit par une figure de rhétorique : ''Comment es-tu tombée du ciel, étoile du matin, Lucifer ?'' On a pris ce nom pour celui du diable, et on a appliqué
ce passage à la chute des anges. C’est encore le fondement du poëme de Milton. Mais Milton est bien moins raisonnable que le ''Shasta'' indien. Le ''Shasta'' ne pousse point l’extravagance jusqu’à faire déclarer la guerre à Dieu par les anges ses créatures, et à rendre quelque temps la victoire indécise. Cet excès était réservé à Milton.<br />
On lui donna tantôt le nom de Satan, qui est un mot persan, tantôt celui de Lucifer, étoile du matin, parce que la ''Vulgate'' traduisit le mot Hélel par celui de
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''N. B.'' Tout ce morceau est tiré principalement de M. Howel, qui a demeuré trente ans avec les brames, et qui entend très-bien leur langue sacrée. (''Note de Voltaire''.)''</ref>.
Lucifer (voyez ''Introduction'', paragraphe {{sc|xlviii}}). Isaïe, insultant à la mort d’un roi de Babylone, lui dit par une figure de rhétorique : ''Comment es-tu tombée du ciel,''</ref>.