« Les Compagnons de l’« Andromède » » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Phe-bot (discussion | contributions)
m Le_ciel_est_par_dessus_le_toit: match
Ligne 2 :
{{journal|LES COMPAGNONS DE L’‟ANDROMÈDE”|[[Auteur:Eugène Dabit|Eugène Dabit]]|<small>Revue ''Commune'' n°9, mai 1934</small>}}
 
 
==__MATCH__:[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/465]]==
{{t2|LES COMPAGNONS DE L’‟ANDROMÈDE”<BR><BR>''(Fragments)''}}
 
Ligne 10 ⟶ 11 :
 
Mais certains continuaient à penser à ''l’Androméde''. Ceux qui en achetaient les débris, par exemple. Ramon avait chargé pépé Anton de traiter avec les clients — car il connaissait la rouerie du Palau. — C’était, pour la plupart, des paysans qui venaient choisir des cloisons, des madriers, des poutrelles de fer, qu’ils emportaient pour réparer une étable, voire leur maison. Car le bruit s’était vite répandu qu’on débitait l’''Andromède'' à des prix avantageux et on arrivait de partout — le vieux Quintana connaissait à fond ses compatriotes !
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/466]]==
Les tôles, la fonte, le cuivre, on chargeait tout ça sur les voiliers du Quintana. Morceau par morceau, pépé Anton’ voyait repartir vers le continent l’''Andromède'', auquel il témoignait de cette passion qu’il portait, de près ou de loin, à tout ce qui touche la mer. Chez un homme comme lui, qui n’avait jamais possédé autre chose que son corps, un mélange de tristesse et de révolte naissait devant cette destruction d’un si beau navire, qu’on pouvait utiliser encore — puisqu’il était arrivé à Ferreal par ses propres moyens. — C’était du gaspillage, un crime contre le travail des hommes, contre ceux qui avaient construit l’''Andromède''. « Bah ! disait Portalis, il y a peut-être la moitié de la flotte mondiale qui attend du fret. El aussi celle qui pourrit sur les fleuves. Ton ''Anndromède'', c’est déjà épatant qu’il serve a nous faire gagner notre croûte ! »
 
Le pépé Anton’ ne discutait point. À Ferreal, on s’en ressentait aussi de la crise mondiale en question, et même lui, pépé, devait vendre moins cher son poisson. Aux navires a mazout que lui décrivait Portalis, il continuait de préférer ce vieux cargo. Il le connaissait ! Autant que sa barque ! Parce qu’il avait voulu se rendre compte une bonne fois de ce qu’est un navire. Et aussi parce qu’il se disait que parmi les gens de mer on rencontre deux espèces : les pêcheurs comme lui qui se confient a une coquille de noix, n’attendent leur salut et leur pain que de leurs mains et de leur voile ; puis ceux qui triment sur des vapeurs, comme ses camarades du courrier, et qui tout de même ont une existence de marin.
 
Lorsque les compagnons avaient fini leur journée, pépé Anton’, bien entendu, restait sur le cargo. Avant l’arrivée de ''l’Andromède'', il couchait dans une vieille maison du port qui appartenait à un patron pêcheur. Dans une chambre encombrée par les filets et les paniers à langoustes, il serrait sa paillasse et un long coffre renfermant des vêtements de rechange que lui donnait le petit Cazenave, des engins de pêche, sa guitare, quelques souvenirs. Il avait transporté
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/467]]==
son barda sur l’''Andromède'' où la place ne manquait pas. Dans l’ancien poste des officiers, il avait installé une fameuse couchette ; et, avec des débris de bois, il s’était construit une table, un siège.
 
Le jour, au-dessus de son abri, il entendait marcher les gars ; leurs coups de masse faisaient tout danser. Le soir, plus un bruit. Une fois tirée la passerelle, il était seul à bord, le maître de ''l’Andromède''. Il allumait sa lampe-tempête, la suspendait a une poutrelle, et, sur ce petit réchaud à charbon de bois qu’ont avec eux les pécheurs, il préparait avec soin sa tambouille. Cette année, le vent pouvait hurler, les vagues déferler, il était au chaud. Essuyer des grains, de ça il avait une vieille habitude. Il se répétait qu’il était surtout à l’abri du lendemain, assuré de toucher ses 14,50, et pour la première fois de son existence il tenait des sous en réserve. Il voyait rentrer au port ses camarades, avec peu de poisson. Or, il avait encore moins de chances qu’eux d’en prendre, seul dans sa barque. Aussi, l’hiver, souvent il devait emprunter au petit Cazenave une pièce que jamais il ne pourrait lui rendre.
Ligne 22 ⟶ 26 :
Il en mangeait deux grandes assiettées ; ensuite, un bon morceau de fromage au lait de vache et de brebis ; et, pour terminer, un coup de vin !
 
Le ventre garni, l’esprit tranquille, en fumant sa cigarette, il pouvait alors songer à son passé au fond duquel il n’y avait pas que sa vie de pêcheur, très belle, mais forcément toujours presque pareille. Il en lirait d’autres souvenirs. Ses deux enfants, l’un mort à douze ans d’une typhoïde, et l’autre vers les trente, de la poitrine. Sa femme, qu’il avait perdue… voyons, oui, depuis déjà dix-sept ans. Il regardait droit devant lui, dans le noir, et peu à peu elle y apparaissait. Pas sur sa fin, mais lorsqu’elle était belle, fine de taille, si brune, et qu’ils tournaient sur la place de la Borne. Ah ! leur jeunesse s’était vite envolée. Il leur avait fallu trimer
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/468]]==
dur ; et il se souvenait de sa femme comme d’un compagnon de travail — beaucoup moins solide que vous, souvent patraque, avec des humeurs si bizarres. — Elle était peut-être morte de la poitrine ? À Ferreal, ville encore fortifiée en partie, les rues sont étroites, les maisons serrées, faîtes d’une pierre poreuse, et sans doute était-ce la raison pour laquelle autrefois on y mourait tant ? Il s’était trouvé veuf. Heureusement, un pêcheur sait se débrouiller, cuisiner, raccommoder !
 
Pépé Anton’ gardait le souvenir de certaines pêches miraculeuses dont, chaque, fois qu’il les rencontrait, il entretenait ses vieux amis d’enfance. L’un vendait des fruits et des légumes, l’autre faisait le commissionnaire et sur lu place de la Borne offrait des noisettes et des amandes, un troisième soignait les jardins des gens riches. Chacun avait sa petite maison, quelques sous. Un soir, pépé Anton’ leur avait fait visiter ''l’Andromède'', entre eux quatre avait commencé une discussion passionnée. Ils vantaient la vie de Ferreal, celle de la terre ; et pépé leur parlait de la mer qui fait les hommes libres, de leur Île qu’il n’aimait pas parce qu’elle produisait ça et ça, mais d’être une île de 35 kilomètres de long, 10 de large, avec des côtes sauvages et dangereuses ou des plages sans fin. La discussion avait été brutale, les amis n’étaient plus revenus.
 
Mais, seul sur l’''Andromède'', pépé Anton' ne s’ennuyait point. Une fois de plus, il en examinait le plan qu’il avait trouvé dans la salle des machines. Ou y voyait, en coupe, le cargo avec ses étages, ses couloirs, ses complications ; le détail des machines, les deux chaudières, et puis des tuyaux qui se glissaient partout, conduisaient la vapeur ou des fils électriques, étaient comme les bras ou les yeux de ''l’Andromède''. Il tournait et retournait son plan ; pour comprendre bien c’était difficile, car tout avait été écrit dans une langue qu’on parle sur le continent. Une fois, Portalis lui avait dit : « Tu prépares un examen de capitaine ! Fous donc ton papier à la flotte » dans ce temps-là
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/469]]==
on construisait mal. » Mais il le gardait. Le plan d’une main, sa lampe-tempête de l’autre, il parcourait le navire. Et il y avait tellement traîné, surtout au cours des premières semaines, alors que l’''Andromède'' faisait encore figure de vrai cargo, qu’il en connaissait le moindre recoin. Il restait longuement dans la salle des machines, devant ces chaudières grandes au moins quatre fois comme lui, chacune percée de trois foyers dans lesquels il aurait pu disparaître. Des tisonniers, des ringards, des pelles, traînaient toujours sur un tas de charbon ; des robinets et des appareils de cuivre brillaient faiblement. Sur des coussinets graisseux reposait, énorme, l’arbre de l’hélice qu’on pouvait suivre en se glissant dans une sorte de galerie. Portalis racontait que les hommes du continent étaient malins et fabriquaient dans leurs usines des machines monstrueuses, plus fortes que les vagues. Pépé Anton’ admirait un échantillon de leur travail. Comment faisaient-ils pour s’y reconnaître au milieu de ces vis, de ces manettes, de ces leviers ? — même s’ils savaient lire le plan, eux. — Au surplus, ils n’étaient pas « rien qu’en tête », ils devaient bourrer les chaudières de kilos et de kilos de charbon que d’autres hommes avaient tiré du profond de la terre — un sacré boulot, aux dires de Portalis ! — Il s’essayait à tourner des roues, remuer des leviers. Rien ne fonctionnait plus. La rouille achevait de ronger l’''Andromède'' désarmé depuis plusieurs années.
 
Dans la lueur dansante de la lampe qu’il élevait au-dessus de sa tête, les machines lui apparaissaient fantastiques, des monstres qui l’auraient englouti comme le charbon. Il respirait mal. Bon dieu ! comment faisaient les gars quand ils travaillaient devant leurs chaudières rouges, loin de la lumière, loin du ciel ? Alors, pépé Anton’ remontait sur le pont. Il pensait que mieux valait ne rien connaître du continent, n’avoir jamais navigué sur un ''Androméde'', et que la condition d’un pêcheur de Ferreal était somme toute préférable à celle des hommes attachés à leurs machines.
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/470]]==
 
Il avait peiné au grand soleil, bu le vent, usé ses mains à tirer sur de grosses rames. C’était la vraie vie, la sienne. Celle de ceux du continent il pouvait à présent l’imaginer. Tranquille, douce ? Leurs machines ne marchaient quand même pas seules et ne fallail-il pas les construire ? Facile, sûre, leur existence ? Portails n’avait pas un sou ! Alors, quoi ? Certainement que tout n’allait pas droit dans leur monde ! Il crachait un bon coup ; puis, jambes écartées, les pieds tournés en dedans, planté là comme un mât, il regardait le phare qui fouillait la nuit et la mer.
Ligne 36 ⟶ 45 :
De semaine en semaine, les dimanches devenaient plus longs, plus beaux. Et, le lundi, pépé Anton’, encore plein de sa journée en mer, ne prêtait plus attention aux observations injustes et hargneuses de Palau.
 
Ah ! en voila un qui n’aurait pas eu ce caractère de cochon s’il avait aimé l’eau ou leur île — ce qui s’appelle
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/471]]==
aimer ! — Mais il ne pouvait aller longtemps en mer sans vomir et ne sortait jamais de Ferreal où il se proposait de prendre bientôt un commerce, il admirait les riches, ceux qui ont une voilure, des propriétés, et jamais un ciel, un horizon, de ces choses naturelles qui vous remettent l’homme à sa vraie place. Il faisait comme les bourgeois, il criait, se croyait fort parce qu’il commandait à dix hommes ; il voulait « arriver », montrait du zèle et léchait les bottes au vieux Quintana.
 
Heureusement que sur l’Andromède on était capable de se défendre ! Portalis, Vigo, Fernandez rouspétaient ; Graynier, Caussade tiraient adroitement au flanc ; Riera et Ferez, le soir, emportaient en douce du bois pour leur ménage ; bref, pour résister à ce Palan de malheur, tous s’ingéniaient. Ils formaient une bonne bande de camarades, sans mouchard, que chaque jour de travail liait davantage.
Ligne 44 ⟶ 55 :
Ensuite, ils se mettaient au travail. Ils tapaient dur, heureux d’être forts et de respirer le printemps — qui ramène la vie facile, avec les fruits, les tomates, le poisson pour presque rien.
 
Vers cinq heures, sur le chemin, les promeneurs commençaient à se montrer. Des filles ralentissaient, les plus hardies s’arrêtaient. Ces hommes, sur ce navire comme ravagé par la tempête ou un combat, ils avaient des allures de pirates. Le torse nu, velu, doré ; les mains noires, mais agiles et solides ; un pantalon en loques et lâché ; un béret ou un vieux feutre crânement posé sur la tête ; et souples, puissants, gais, audacieux. À Ferreal, les mœurs sont sévères, le clergé y veille, et les filles n’ont point l’habitude de voir des hommes presque nus. En chuchotant,
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/472]]==
elles se racontaient des légendes qui couraient en ville ; leurs regards brillants se posaient sur Portalis, un étranger, sur Tabou, sur Colon. Chez les compagnons de l’''Andromède'', c’était à qui frapperait le plus fort, le plus vile, avec le plus d’adresse. Quelquefois, l’un d’eux s’arrêtait pour remonter, d’un geste simple, son pantalon qui lui glissait le long des hanches. Et Porlalis lançait à pleine voix une grosse plaisanterie qui faisait rire tous les gars, grommeler leur vieux pépé, et s’éloigner sournoisement les jolies filles.
 
{{astérisme}}
Ligne 52 ⟶ 65 :
Teuf teuf… Teuf teuf.
 
Les Deux Marie passèrent près de l’''Andromède''. Pépé Anton' se pencha et salua l’équipe. Garcia partait bougrement tard ; c’était une nuit sans lune, il ramènerait quand même du poisson. Pépé Anton' serra les bras sur sa poitrine, comme s’il s’agissait des deux extrémités d’un filet. Il rêvait de cette pêche à la lumière miraculeuse, lorsqu’on jette à pleine épuisette dans la barque les poissons frétillants et que l’odeur profonde de la mer vous enveloppe. Voilà un genre de pêche qu’il admettait ; mais pas celle des chalutiers qui bêtement raflent tout. Il se souvient que Portalis lui avait raconté qu’un temps viendrait où les pêcheurs comme ceux de Ferreal disparaîtraient, comme disparaissent déjà ces équipages composés de rudes gars qui vont loin dans l’Atlantique pêcher le hareng et la sardine ; et Portalis ajoutait qu’ils devraient tous travailler pour de gros armateurs, comme les ouvriers pour le patron de leur usine.
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/473]]==
pour de gros armateurs, comme les ouvriers pour le patron de leur usine.
 
— Jamais je n’accepterai, gronda pépé Anton’.
Ligne 60 ⟶ 75 :
Cette nuit-là, il se réveilla avant. L’air pesait, orageux. Il rejeta sa couverture et resta immobile, dans le noir. Il était seul sur l’''Andromède'', qui n’enfermait qu’un homme dans ses flancs, après en avoir enfermé combien ? Il était parvenu à reconstituer l’histoire du cargo et de ses voyages, en déchiffrant, ça et là, des noms : Alger, Alicante, 24 juin 1907, Gênes, Trieste, Marseille, Casablanca. Portalis lui avait montré sur la carte la position de ces grands ports. La coque de l’''Andromède'' avait fendu les eaux de l’Atlantique et celles de la Méditerranée, cette même coque qui trempait désormais dans une eau morte, vide après avoir été pleine de marchandises précieuses comme le blé, utiles comme la chaux. Si l’''Androméde'' avait rendu de longs services, pourquoi n’en était-il pas de même des autres cargos, plus modernes ? N’y avait-il pas toujours des hommes qui attendaient du blé pour vivre, de la chaux pour construire leurs maisons ? « C’est la crise dans le monde capitaliste », lui expliquait Portalis. C’était peut-être une des raisons…
 
Pépé Anton’ pensa qu’on vivait plus heureux dans leur île. On mangeait des patates, des tomates, du poisson, presque jamais de viande ; mais on mangeait tous ! Il n’y avait pas de chemin de fer, pas beaucoup d’autos et de mécaniques, ni affiches, ni journaux, ni T.S.F. — voilà ce qu’on trouvait chez ceux du continent, aux dires de Portalis. — Il y avait des pierres et des herbes sauvages, des
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/474]]==
vaches maigres et des petits cochons noirs ; pas de ces richesses qui font que des étrangers vous envahiront, ou des curiosités qu’ils viendront admirer comme dans certaines îles méditerranéennes.
 
Un bruit bizarre arracha pépé Anton’ à ses réflexions. Un rat ? Non, comme le bruit d’un pas. Il écouta. Des frôlements d’insectes, les murmures de la nuit, un clapotis. Brusquement, il se leva : cette fois, il avait entendu tinter de la ferraille.
Ligne 71 ⟶ 88 :
 
Pépé Anton’ le vit se débattre à quelques mètres de son canot. Il ne savait donc pas nager ? deux brasses et il pouvait s’y accrocher, l’imbécile. Fallait cependant pas le laisser crever.
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/475]]==
 
— Attrape ! et il lui lança un cordage.
Ligne 97 ⟶ 115 :
 
— J’ai rêvé que Palau nous foutait la paix, répondit-il gaiement.
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/476]]==
 
— Un de ces quatre matins je le balancerai dans la flotte, lâcha Riera.
Ligne 127 ⟶ 146 :
 
— Quintana vient ce matin, gronda Palau, la bouche pleine de rage, le regard haineux.
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/477]]==
 
Ils reprirent leurs masses. Portalis tapa le premier, une chanson aux lèvres. Peut-être lui dirait-on de foutre le camp, surtout qu’on pouvait se passer maintenant de ses conseils. Bah ! il aimait rouler sa bosse. Au moins, les gars auraient vu de quelle façon on remet à sa place un emmerdeur. Ils travaillèrent en lorgnant Palau qui, à l’écart, devait ruminer sa vengeance.
Ligne 151 ⟶ 171 :
 
— Un petit conseil d’ami, répliqua pépé Anton’. Il nous foutra la paix, comptez sur moi.
==[[Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/478]]==
 
Un sourire faisait grimacer sa gueule tannée de pêcheur, entr’ouvrait sa bouche édentée. Avec ses sourcils broussailleux, la mèche noire qui descendait sur son front, les rides qui lui couraient sur le visage, il avait un air finaud, comme celui qui en sait long sur les hommes.