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xcviii
LE BANQUET

chériront l’homme qui, de la bonne manière, aura fait effort pour s’immortaliser ; les Saints, qui vivent sans corps dans les Îles des Bienheureux, chériront leurs pareils d’ici-bas, encore emprisonnés dans les liens de la chair. Enfin une essence éternelle, comme le Beau ou le Bien, qui est un aimable encore plus élevé en dignité, a aussi sa façon d’aimer, qui est sans doute de se laisser participer : ce qui est comme une grâce ou comme une faveur. — Ces considérations n’étaient pas inutiles : elles donnent, on le verra, la clef d’une partie importante de l’éloge de Socrate par Alcibiade.


Troisième partie
(212 c-223 a)

La liaison de la deuxième partie du Banquet avec la première découlait du programme même, dont Socrate, peut-on dire, était le dernier « numéro ». Nécessairement, la troisième partie sera donc hors programme : ce qui se manifeste par un brusque et profond changement dans le ton du mime. À vrai dire, dans la première partie, l’élément comique a eu déjà sa place, avec Aristophane. Mais à ce comique sans vérité va s’opposer maintenant un comique de vérité (cf. 214 e, 215 a), avec l’éloge de Socrate par Alcibiade ivre. Un grand souffle d’enthousiasme passe à travers les contradictions et le désordre de ce dernier discours, et l’apothéose de Socrate, le vrai philosophe, par un ivrogne, de la bouche duquel il ne peut sortir que des vérités (cf. 217 e), fait pendant à l’apothéose de l’Amour vrai par une prophétesse, interprète véridique de la divinité. En outre, de même que le discours, au style « agathonien », de Diotime semblait montrer à Agathon ce que peut être une poésie qui ait le ton tragique, sans tomber au verbalisme pur (cf. 228 d et p. vii sq., p. lxxxvi), de même cet éloge de Socrate, en un style « aristophanesque », fera voir à Aristophane ce qu’est la comédie véritable. Au surplus, ainsi que je l’ai déjà noté (p. lviii), le sort qui est fait par l’arrivée d’Alcibiade à la tentative d’Aristophane pour rappeler sur lui l’attention, est assez significatif des intentions de Platon.


Alcibiade

L’objet du Banquet, on l’a vu (p. x sq.), paraît avoir été, pour une part, de disculper Socrate de toute responsabilité dans les fautes d’Alcibiade