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XIX
DU TROISIÈME SIÈCLE.

pas, quelques années avant, plongé dans la débauche et dans l’idolâtrie ? Qu’avaient donc vu Rome, la Grèce, la Germanie, les Gaules, l’Espagne, l’Orient, l’Égypte et la Lybie, pour quitter des religions favorables à toutes les passions, et embrasser un culte qui promettait des biens invisibles et des périls certains ? C’est bien ici que l’on peut s’écrier avec saint Augustin : « Le monde converti sans miracles serait plus étonnant que le monde converti par des miracles. » Trois siècles s’étaient écoulés, et les Chrétiens n’avaient obtenu la faveur d’aucun prince. Ils regardaient leur lutte contre le monde comme un état naturel. Dieu voulait montrer ainsi que la religion chrétienne s’était établie sans secours humain et par la force du ciel, afin que cet établissement devînt à jamais le plus grand des miracles.

Quel langage que celui des apologistes de la religion, langage tenu devant leurs bourreaux : « Vous pouvez nous tuer, disaient-ils, mais vous ne pouvez pas nous nuire. Jésus-Christ ne change pas seulement ses disciples en des hommes nouveaux, mais il les consacre en quelque sorte et les divinise. » La vertu des Chrétiens était la merveille de la force divine répandue sur les hommes. Leur patience au milieu des plus cruels supplices confondait les païens. Des femmes, des enfants souffraient le martyre avec des dispositions sublimes. Quand les Barbares, dans leurs irruptions, emmenaient prisonniers des fidèles ou des évêques, ces captifs les instruisaient, les ravissaient, et la plupart de ces Barbares demandaient le baptême.

Origène nous apprend que sous Maximin il y eut des églises brûlées. Avant le règne d’Alexandre, les Chrétiens n’avaient point de temples. Ils s’assemblaient dans les cimetières où ils enterraient leurs morts. C’est d’un tombeau qu’est sorti le Christ pour manifester sa gloire. C’est des Catacombes qu’est sortie la splendeur de l’Église romaine, aujourd’hui le flambeau allumé sur la montagne à la vue des nations.

Pendant ce siècle trois grands événements furent préparés de la main de Dieu même : l’empire de Constantin, la destruction de la puissance romaine par les barbares, la royauté temporelle des papes, qui devait sortir de la résolution prise par Constantin de s’établir à Byzance, et l’arrivée des Francs dans