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{{tiret2|expé|riences}} et eut introduit les ''{{lang|en|steam-boats}}'' sur la rivière d’Hudson, que la Clyde vit reparaître un nouveau bâtiment {{corr|mu|mû}} par la vapeur. Henry Bell de Glasgow, qui perfectionna l’invention de Patrick Miller, avait fait construire ce bâtiment sur un nouveau modèle. Depuis cette époque, des milliers de navires du même genre ont sillonné les eaux de cette rivière qu’agite un bouillonnement continuel, et qui semblent fumer sous les machines qui les couvrent. Dans le trajet de Glasgow à Greenock, par exemple, à toute heure du jour, de quelque côté que l’œil se tourne, on aperçoit à l’horizon les colonnes de fumée de ces ''{{lang|en|steamers}}'', toujours en mouvement, et, de quart d’heure en quart d’heure, le navire qui vous porte glisse le long des flancs de quelqu’un de ces rapides bâtimens. Des voyageurs en grand nombre, hommes des basses terres (''{{lang|en|Lowlanders}}''), hommes des montagnes (''{{lang|en|Highlanders}}''), habitans des îles, paysans, citadins, commerçans, couvrent le pont de chacun de ces navires. Ils poussent de grands cris et se saluent au passage. Dans les longues et belles journées du commencement de l’automne, de joyeuses troupes d’oisifs, hommes et femmes, jeunes gens et jeunes filles, parties de Glasgow ou des bourgades environnantes pour un pélerinage au Loch Lomond ou une promenade à Greenock, abritées du soleil par des tentes, dansent joyeusement sur le pont, au son de la cornemuse ou du violon, tandis que le ''{{lang|en|steamer}}'' les emporte. Chaque petite ville, chaque bourg et presque chaque village des bords du Firth a son steamer pour se rendre à Glasgow ou à la ville la plus proche, comme chaque petite ville voisine d’une capitale située au milieu des terres a son ''{{lang|en|coach}}'' ; souvent même un particulier a son ''{{lang|en|steamer}}'' à lui, ''{{lang|en|steamer}}'' de dimension naine et d’allure coquette, qui, naviguant à côté de ces puissans bâtimens qui font le trajet de Glasgow à Liverpool ou à Dublin, ressemble à un enfant jouant auprès d’un géant.
expériences et eut introduit les ''steam-boats'' sur la rivière d’Hudson, que la Clyde
vit reparaître un nouveau bâtiment mu par la vapeur. Henry Bell de Glasgow, qui perfectionna l’invention de Patrick Miller, avait fait construire ce
bâtiment sur un nouveau modèle. Depuis cette époque, des milliers de navires du même genre ont sillonné les eaux de cette rivière qu’agite un bouillonnement continuel, et qui semblent fumer sous les machines qui les couvrent. Dans le trajet de Glasgow à Greenock, par exemple, à toute heure
du jour, de quelque côté que l’œil se tourne, on aperçoit à l’horizon les
colonnes de fumée de ces ''steamers'', toujours en mouvement, et, de quart
d’heure en quart d’heure, le navire qui vous porte glisse le long des flancs
de quelqu’un de ces rapides bâtimens. Des voyageurs en grand nombre,
hommes des basses terres (''Lowlanders''), hommes des montagnes (''Highlanders''), habitans des îles, paysans, citadins, commerçans, couvrent le
pont de chacun de ces navires. Ils poussent de grands cris et se saluent au
passage. Dans les longues et belles journées du commencement de l’automne, de joyeuses troupes d’oisifs, hommes et femmes, jeunes gens et
jeunes filles, parties de Glasgow ou des bourgades environnantes pour
un pèlerinage au Loch Lomond ou une promenade à Greenock, abritées
du soleil par des tentes, dansent joyeusement sur le pont, au son de la
cornemuse ou du violon, tandis que le ''steamer'' les emporte. Chaque petite
ville, chaque bourg et presque chaque village des bords du Firth a son
steamer pour se rendre à Glasgow ou à la ville la plus proche, comme chaque petite ville voisine d’une capitale située au milieu des terres a son
coach ; souvent même un particulier a son ''steamer'' à lui, ''steamer'' de dimension naine et d’allure coquette, qui, naviguant à côté de ces puissans bâtimens qui font le trajet de Glasgow à Liverpool ou à Dublin, ressemble à un enfant jouant auprès d’un géant.


Sir Thomas Kennedy, fort aimable baronnet des environs de Glasgow, dont je fis la connaissance lors de mon premier voyage dans cette ville, a un petit ''{{lang|en|steamer}}'' qui est un vrai bijou. Sa force égale celle de quatre chevaux vigoureux ; aussi le brave sir Thomas, qui a étudié à Oxford et qui se pique de latinité, l’appelle-t-il volontiers son ''quadrigium'', quoique son véritable nom soit ''Kitty, Kitty'' la jolie, ''Kitty'' la coquette, ''Kitty'' la coureuse, ''Kitty'' la danseuse, selon l’occasion, l’allure et la mine que ''Kitty'' fait à la mer, c’est-à-dire selon que le temps est plus ou moins beau, le vent plus ou moins favorable. ''Kitty'', du reste, est fort agréablement distribuée ; sa jolie cabine, placée à l’arrière, peut contenir huit ou neuf voyageurs, car sir Thomas aime la société. Trois hommes forment l’équipage du petit navire en temps ordinaire, dans les promenades sur la Clyde ; mais quand il se hasarde au-delà du Firth et du Loch-Long, l’équipage est augmenté de deux autres marins, plus un cuisinier, homme indispensable partout, mais sans prix à bord, pendant une traversée.
Sir Thomas Kennedy, fort aimable baronnet des environs de Glasgow,
dont je fis la connaissance lors de mon premier voyage dans cette ville, a un
petit steamer qui est un vrai bijou. Sa force égale celle de quatre chevaux
vigoureux ; aussi le brave sir Thomas, qui a étudié à Oxford et qui se pique
de latinité, l’appelle-t-il volontiers son ''quadrigium'', quoique son véritable
nom soit ''Kitty, Kitty'' la jolie, ''Kitty'' la coquette, ''Kitty'' la coureuse, ''Kitty''
la danseuse, selon l’occasion, l’allure et la mine que ''Kitty'' fait à la mer,
c’est-à-dire selon que le temps est plus ou moins beau, le vent plus ou moins
favorable. Kitty, du reste, est fort agréablement distribuée ; sa jolie cabine,
placée à l’arrière, peut contenir huit ou neuf voyageurs, car sir Thomas
aime la société. Trois hommes forment l’équipage du petit navire en
temps ordinaire, dans les promenades sur la Clyde ; mais quand il se hasarde au-delà du Firth et du Loch-Long, l’équipage est augmenté de deux
autres marins, plus un cuisinier, homme indispensable partout, mais sans
prix à bord, pendant une traversée.


Le cuisinier de sir Thomas était certainement un homme parfait en son
Le cuisinier de sir Thomas était certainement un homme parfait en son genre. Français d’origine et d’éducation, il n’avait pris de l’Angleterre que
genre. Français d’origine et d’éducation, il n’avait pris de l’Angleterre que