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de l’antique. A talent égal, l’embarras où se trouva
de l’antique. A talent égal, l’embarras où se trouva Cimabue dut être plus grand. Ses pénibles tentatives, ses minces succès, dans la voie de l’imitation franche, ne durent pas assez le satisfaire pour qu’il rejetât complètement ses vieux guides, ses exemples habituels. Incertain, hésitant entre les allures régulières et connues dont il voulait s’affranchir, et les procédés sans expérience et sans certitude qu’il rencontrait, il dut vivre dans une inquiétude atroce ; et l’on comprend très bien l’irascibilité dont la tradition dépose, l’orgueil dans le succès, l’impatience de la critique, les ouvrages commencés avec amour et abandonnés avec colère, dont le {{Hwp|Giorgio Vasari|Giorgio Vasari}} nous parle ; on comprend bien surtout ses longues conférences, ses recherches inquiètes avec son ami {{Hwp|Gaddo Gaddi|Gaddo Gaddi}}, et sa production assez peu nombreuse en définitive, quand on pense à sa vie assidue et renfermée. Niccola de Pise |Nicola Pisano, au contraire, était moins flottant: sa production fut énorme. Ses œuvres signées abondent à ce point que beaucoup d’historiens, pour se l’expliquer, ont dû en attribuer une grande part à ses élèves. Quant à nous, nous comprenons fort bien la chose sans cela. Et voici comment : d’abord, son admiration pour le bas-relief antique lui fit rejeter sur-le-champ ses vieux exemples. Il acquit par là, et sans peine, une liberté absolue dans ses mouvements, une expansion complète dans sa volonté. Or, la liberté, la volonté sans tiraillement sont fécondes : par elles tout coup porte. Pourquoi Cimabue, de son côté, n’en fit-il pas autant ? Est-ce que la nature vivante prêtait moins à ce parti que le bas-relief
Cimabue dut être plus grand. Ses pénibles tentatives, ses minces succès, dans la voie de l’imitation franche, ne durent pas assez le satisfaire pour qu’il
rejetât complètement ses vieux guides, ses exemples
habituels. Incertain, hésitant entre les allures régulières et connues dont il voulait s’affranchir, et les procédés sans expérience et sans certitude qu’il rencontrait, il dut vivre dans une inquiétude atroce ; et
l’on comprend très bien l’irascibilité dont la tradition dépose, l’orgueil dans le succès, l’impatience de la critique, les ouvrages commencés avec amour
et abandonnés avec colère, dont le Vasari nous
parle ; on comprend bien surtout ses longues conférences, ses recherches inquiètes avec son ami Gaddo, et sa production assez peu nombreuse en définitive,
quand on pense à sa vie assidue et renfermée. Niccola de Pise, au contraire, était moins flottant: sa production fut énorme. Ses œuvres signées abondent
à ce point que beaucoup d’historiens, pour se l’expliquer, ont dû en attribuer une grande part à ses élèves. Quant à nous, nous comprenons fort bien
la chose sans cela. Et voici comment : d’abord, son
admiration pour le bas-relief antique lui fit rejeter
sur-le-champ ses vieux exemples. Il acquit par là,
et sans peine, une liberté absolue dans ses mouvements, une expansion complète dans sa volonté. Or, la liberté, la volonté sans tiraillement sont fécondes :
par elles tout coup porte. Pourquoi Cimabue, de
son côté, n’en fit-il pas autant ? Est-ce que la nature
vivante prêtait moins à ce parti que le bas-relief