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NOTICE

par là même, il est inconstant, s’il repose sur la crainte ou sur l’intérêt et est, par là même, sans fondement ; louable dans les cas contraires. La coutume d’Athènes, telle qu’elle se présente à nous, nous invite donc indirectement à discriminer ces modalités différentes et, par conséquent, le bon ou le mauvais amour ; à honorer ceux qui recherchent ce qui est à rechercher ou qui fuient ce qui est à fuir ; à réprouver au contraire les autres (183 d-184 b). Ainsi elle porte en elle-même un ferment de moralité et une suggestion qu’il s’agit seulement d’expliquer et de développer. C’est ce que va maintenant faire Pausanias : la synthèse résultera de l’opposition, à l’intérieur d’une même coutume, de la thèse et de l’antithèse.

Il existe, dit-il, deux formes de l’esclavage volontaire : l’une se rencontre dans toute liaison amoureuse, et la coutume d’Athènes est, comme on l’a vu, pleine d’indulgence envers un tel esclavage ; l’autre a pour fin l’amélioration morale ou intellectuelle du sujet, quand il se soumet à la discipline d’un maître, professant un savoir ou prescrivant une règle de conduite. S’il arrive qu’elles se combinent dans l’amour masculin, celui-ci du même coup se trouve justifié. Alors en effet l’amant ne s’asservit pas plus à son aimé que celui-ci ne s’asservit à son amant ; mais chacun d’eux a des obligations inhérentes à son état ; s’il est l’esclave de ces obligations, c’est du moins une loi qu’il s’est donnée à lui-même et par un choix dont il est le maître (cf. p. 21, n. 1). Comme d’autre part l’amour crée une solidarité, il y a là corrélation de droits et de devoirs : chacun des deux a sur l’autre des droits, l’aimé sur l’amant comme l’amant sur l’aimé ; chacun des deux peut exiger de l’autre l’accomplissement des devoirs qu’il s’est librement imposés et, dirait-on, le respect de ses engagements. Il n’y a d’ailleurs à cela aucun danger, puisque, dans ces engagements qui ont la moralité pour fin, il n’y a rien d’amoral : c’est seulement dans le cadre plus général de la justice que peuvent exister les obligations qui sont spéciales au groupe solidaire ainsi constitué. Enfin ce qui, aux yeux de Pausanias, achève de prouver la noblesse d’un tel amour et sa relation à l’Aphrodite céleste, c’est que pour chacun de ceux qu’il a unis il vaut par lui-même, indépendamment du résultat. Pour l’amour, au contraire, qui relève de l’Aphrodite populaire et qui se fonde sur la passion ou sur l’intérêt,