« Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/297 » : différence entre les versions

 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 3 : Ligne 3 :
{{sc|Yvart}} pensait que l'''intervalle à observer avant de faire reparaître la luzerne sur le champ qui l’a déjà nourrie, doit être égal au moins à la durée de son existence sur ce champ'' ; d’après ce principe, si elle occupait le sol 5 ou 6 ans, elle pourrait rigoureusement entrer dans une rotation de 10 ou de 12 ans. Je ne nie pas que dans un terrain encore vierge de ce riche fourrage, il puisse en être ainsi pendant un certain temps ; mais depuis que notre savant collègue écrivait son excellent article ''Succession de culture'', des faits multipliés et patens sont venus attester qu’un semblable intervalle était loin de suffire dans les localités au moins où la luzerne était depuis longtemps cultivée, et l’on a dû l’augmenter du double dans la crainte de dépouiller l’avenir au profit du présent. — En bonne pratique, je crois donc qu’on ne pourra mieux faire que de se rapprocher d’un des exemples suivans : — le premier est le résultat de la longue expérience et des méditations de {{sc|M. de Morel Vindé}} ; le second est dû aux essais multipliés et fructueux de notre confrère {{sc|M. Dailly}}.
{{sc|Yvart}} pensait que l'''intervalle à observer avant de faire reparaître la luzerne sur le champ qui l’a déjà nourrie, doit être égal au moins à la durée de son existence sur ce champ'' ; d’après ce principe, si elle occupait le sol 5 ou 6 ans, elle pourrait rigoureusement entrer dans une rotation de 10 ou de 12 ans. Je ne nie pas que dans un terrain encore vierge de ce riche fourrage, il puisse en être ainsi pendant un certain temps ; mais depuis que notre savant collègue écrivait son excellent article ''Succession de culture'', des faits multipliés et patens sont venus attester qu’un semblable intervalle était loin de suffire dans les localités au moins où la luzerne était depuis longtemps cultivée, et l’on a dû l’augmenter du double dans la crainte de dépouiller l’avenir au profit du présent. — En bonne pratique, je crois donc qu’on ne pourra mieux faire que de se rapprocher d’un des exemples suivans : — le premier est le résultat de la longue expérience et des méditations de {{sc|M. de Morel Vindé}} ; le second est dû aux essais multipliés et fructueux de notre confrère {{sc|M. Dailly}}.


{{sc|M. de Vindé}} ''a partagé sa propriété entière en dix soles'', sur chacune desquelles il a admis un assolement de 20 ans ; tantôt à base de luzerne et de trèfle ; tantôt à base de sainfoin et de trèfle. — Sur la première sole, la luzerne commence semée avec une céréale de mars ; — elle occupe le terrain jusqu’à la fin de la 5{{e}} année. — Viennent ensuite les cultures des céréales et plantes sarclées, disposées de manière à ne demander qu’une forte fumure la 9{{e}} année, et à faire précéder le froment sur la défriche de luzerne ; de deux autres cultures au moins, l’une d’avoine et l’autre de plantes sarclées. — Le trèfle semé comme la luzerne sur la dernière céréale de mars, de l’une des rotations de 7 ans, paraît la 12{{e}} année. A l’aide d’un terreautage d’hiver et d’un plâtrage de printemps, {{sc|M. de Vindé}} trouve de l’avantage à le conserver 3 ans, après lesquels recommence la rotation septennale avec une seconde fumure ; en tout, comme on voit, 20 ans.
{{sc|M. de Vindé}} ''a partagé sa propriété entière en dix soles'', sur chacune desquelles il a admis un assolement de 20 ans ; tantôt à base de luzerne et de trèfle ; tantôt à base de sainfoin et de trèfle. — Sur la première sole, la luzerne commence semée avec une céréale de mars ; — elle occupe le terrain jusqu’à la fin de la 5{{e}} année. — Viennent ensuite les cultures des céréales et plantes sarclées, disposées de manière à ne demander qu’une forte fumure la 9{{e}} année, et à faire précéder le froment sur la défriche de luzerne ; de deux autres cultures au moins, l’une d’avoine et l’autre de plantes sarclées. — Le trèfle semé comme la luzerne sur la dernière céréale de mars, de l’une des rotations de 7 ans, paraît la 12{{e}} année. À l’aide d’un terreautage d’hiver et d’un plâtrage de printemps, {{sc|M. de Vindé}} trouve de l’avantage à le conserver 3 ans, après lesquels recommence la rotation septennale avec une seconde fumure ; en tout, comme on voit, 20 ans.


Sur la seconde sole le sainfoin remplace la luzerne, mais sa durée et celle du trèfle étant les mêmes, les résultats sont aussi analogues ; seulement la première prairie artificielle ne commence que la 3{{e}} année. Dans la 3{{e}} sole elle ne vient que la 5{{e}}, et ainsi de suite, de manière qu’à la fin des 20 années toutes les soles ont passé également et régulièrement par les 3 sortes de prairies artificielles.
Sur la seconde sole le sainfoin remplace la luzerne, mais sa durée et celle du trèfle étant les mêmes, les résultats sont aussi analogues ; seulement la première prairie artificielle ne commence que la 3{{e}} année. Dans la 3{{e}} sole elle ne vient que la 5{{e}}, et ainsi de suite, de manière qu’à la fin des 20 années toutes les soles ont passé également et régulièrement par les 3 sortes de prairies artificielles.