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M. Barrès nous initie à l’esprit et à la pratique du culte des héros dans un chapitre qui émerge, ainsi qu’un vieux chêne, dans le bois taillis des ''Déracinés'', et qu’on voudrait faire relier à la suite des ''lectures'' de Carlyle : je veux parler du fragment épique sur le pèlerinage des sept Lorrains au tombeau de Napoléon, pages mémorables où l’on ne sait ce qu’il faut le plus admirer, ou de l’ivresse qui « gonfle amoureusement » ces jeunes poitrines « contre la balustrade de marbre, » ou de la méthode impérieuse qui maîtrise, gradue et organise tous ces mouvemens déchaînés. Au lyrisme des invocations liturgiques : « Napoléon, notre ciel… » s’unit la rigueur d’une méditation scientifique. Penchés sur le « César cadavre, » ces ardens catéchumènes, indifférens aux divers « Napoléons de l’histoire, » somment le « Napoléon de l’âme » de ressusciter devant eux, et de leur dire sous quelles espèces il veut être adoré par la jeunesse d’aujourd’hui. Le héros paraît. Il dit son vrai nom : « Napoléon professeur d’énergie. » Alors les incantations s’apaisent. Un des initiés se tourne vers ses camarades et comme un diacre à la foule des fidèles, il leur jette : « Ce n’était d’abord qu’un jeune homme dépourvu !… »
M. Barrès nous initie à l’esprit et à la pratique du culte des héros dans un chapitre qui émerge, ainsi qu’un vieux chêne, dans le bois taillis des ''Déracinés'', et qu’on voudrait faire relier à la suite des ''lectures'' de Carlyle : je veux parler du fragment épique sur le pèlerinage des sept Lorrains au tombeau de Napoléon, pages mémorables où l’on ne sait ce qu’il faut le plus admirer, ou de l’ivresse qui « gonfle amoureusement » ces jeunes poitrines « contre la balustrade de marbre, » ou de la méthode impérieuse qui maîtrise, gradue et organise tous ces mouvemens déchaînés. Au lyrisme des invocations liturgiques : « Napoléon, notre ciel… » s’unit la rigueur d’une méditation scientifique. Penchés sur le « César cadavre, » ces ardens catéchumènes, indifférens aux divers « Napoléons de l’histoire, » somment le « Napoléon de l’âme » de ressusciter devant eux, et de leur dire sous quelles espèces il veut être adoré par la jeunesse d’aujourd’hui. Le héros paraît. Il dit son vrai nom : « Napoléon professeur d’énergie. » Alors les incantations s’apaisent. Un des initiés se tourne vers ses camarades et comme un diacre à la foule des fidèles, il leur jette : « Ce n’était d’abord qu’un jeune homme dépourvu !… »





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Dans leur île, à la fin du dernier siècle, les Bonaparte, mes amis…
Dans leur île, à la fin du dernier siècle, les Bonaparte, mes amis…