« Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/206 » : différence entre les versions

 
m →‎top : scanilles, remplacement: sou → son
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 8 : Ligne 8 :


{{personnage|don lope.|c}}
{{personnage|don lope.|c}}
Laissez-moi réfléchir un instant. {{di|(À part.)}} Ô mon honneur ! ne t’effarouche pas, car il ne faudrait qu’une inquiétude de plus pour bouleverser et anéantir ma raison… — Sans doute que don Juan m’interroge d’une manière détournée sur un sujet qui me regarde. Il a donc vu quelque chose de fâcheux. Dois-je l’engager à me le révéler ? non. — {{di|(Haut.)}} Tout bien considéré, don Juan, puisque vous voulez mon opinion, il me semble qu’un homme ne peut pas être en même temps outragé et ignorant de son outrage. Quand un homme dissimule sou offense afin de ne la pas venger, c’est qu’il se sent coupable au fond… Dans un cas aussi grave que celui que vous me soumettez, on n’a rien à reprocher à l’homme qui ne sait pas l’insulte qu’on lui a faite… Tout ce que je puis dire de moi, c’est que si un de mes amis, le meilleur de mes amis, comme vous, par exemple, venait me faire une pareille confidence, le premier sur qui je me vengerais, ce serait lui ; car il est cruel, atroce, de jeter au visage d’un homme ces mots : « Vous n’avez point d’honneur ! » Eh quoi ! mon meilleur ami aurait le droit de me donner le plus grand chagrin !… Oui, j’en atteste Dieu qui m’écoute, si moi-même je m’étais dit cela, je me donnerais la mort à moi-même ; et pourtant je suis, moi, le meilleur de mes amis !
Laissez-moi réfléchir un instant. {{di|(À part.)}} Ô mon honneur ! ne t’effarouche pas, car il ne faudrait qu’une inquiétude de plus pour bouleverser et anéantir ma raison… — Sans doute que don Juan m’interroge d’une manière détournée sur un sujet qui me regarde. Il a donc vu quelque chose de fâcheux. Dois-je l’engager à me le révéler ? non. — {{di|(Haut.)}} Tout bien considéré, don Juan, puisque vous voulez mon opinion, il me semble qu’un homme ne peut pas être en même temps outragé et ignorant de son outrage. Quand un homme dissimule son offense afin de ne la pas venger, c’est qu’il se sent coupable au fond… Dans un cas aussi grave que celui que vous me soumettez, on n’a rien à reprocher à l’homme qui ne sait pas l’insulte qu’on lui a faite… Tout ce que je puis dire de moi, c’est que si un de mes amis, le meilleur de mes amis, comme vous, par exemple, venait me faire une pareille confidence, le premier sur qui je me vengerais, ce serait lui ; car il est cruel, atroce, de jeter au visage d’un homme ces mots : « Vous n’avez point d’honneur ! » Eh quoi ! mon meilleur ami aurait le droit de me donner le plus grand chagrin !… Oui, j’en atteste Dieu qui m’écoute, si moi-même je m’étais dit cela, je me donnerais la mort à moi-même ; et pourtant je suis, moi, le meilleur de mes amis !


{{personnage|don juan.|c}}
{{personnage|don juan.|c}}