« Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 6.djvu/66 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{nr|62|REVUE DES DEUX MONDES.|}}
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<nowiki></nowiki>
<nowiki />


— Pas le moins du monde. Dans un quart d’heure, si vous le
— Pas le moins du monde. Dans un quart d’heure, si vous le voulez, nous serons à la porte de l’auberge.
voulez, nous serons à la porte de l’auberge.


— Chez Jean Terraz ?
— Chez Jean Terraz ?
Ligne 8 : Ligne 7 :
— Et nous verrons le Mont-Blanc comme je vous vois.
— Et nous verrons le Mont-Blanc comme je vous vois.


— Dame ! ça se peut, dit Payot, je crois tout maintenant, j’en
— Dame ! ça se peut, dit Payot, je crois tout maintenant, j’en ai tant éprouvé de diverses.
tant éprouvé de diverses.


— C’est décidé ?
— C’est décidé ?
Ligne 17 : Ligne 15 :
— Allons.
— Allons.


Nous remontâmes en fiacre. Le cocher s’arrêta à la porte du
Nous remontâmes en fiacre. Le cocher s’arrêta à la porte du Diorama. Nous entrâmes.
Diorama. Nous entrâmes.


— Où sommes-nous ? dit Payot.
— Où sommes-nous ? dit Payot.


— À la douane de la frontière, et je vais payer 2 fr. 50 pour
— À la douane de la frontière, et je vais payer 2{{lié}}{{abr|fr.|francs}} 50 pour chacun de nous. — Je lui remis sa carte d’entrée. — Voici votre feuille de route. — Nous fûmes bientôt dans une obscurité complète. — Vous reconnaissez-vous, Payot ?
chacun de nous. — Je lui remis sa carte d’entrée. — Voici votre
feuille de route. — Nous fûmes bientôt dans une obscurité complète. — Vous reconnaissez-vous, Payot ?


— Non, ma foi.
— Non, ma foi.
Ligne 38 : Ligne 33 :
— Oh ! mon Dieu, dans cinq minutes, et même plus tôt, tenez.
— Oh ! mon Dieu, dans cinq minutes, et même plus tôt, tenez.


En effet, nous arrivions au moment même où la Forêt Noire disparaissait pour faire place à la vue du Mont-Blanc. Dans le coin du tableau qui commençait à paraître, on distinguait de la neige et des sapins. Je plaçai Payot de manière à ce que sa vue pût plonger dans l’ouverture à mesure qu’elle s’agrandissait. Il regarda un instant les yeux fixes, sans souffle, étendant les bras selon que le tableau magique se déroulait ; enfin il jeta un cri, et voulut s’élancer. Je le retins.
En effet, nous arrivions au moment même où la Forêt Noire
disparaissait pour faire place à la vue du Mont-Blanc. Dans le coin
du tableau qui commençait à paraître, on distinguait de la neige et
des sapins. Je plaçai Payot de manière à ce que sa vue pût plonger
dans l’ouverture à mesure qu’elle s’agrandissait. Il regarda un instant les yeux fixes, sans souffle, étendant les bras selon que le
tableau magique se déroulait ; enfin il jeta un cri, et voulut s’élancer. Je le retins.


— Oh ! s’écria-t-il, laissez-moi aller, laissez-moi aller. Voilà le
— Oh ! s’écria-t-il, laissez-moi aller, laissez-moi aller. Voilà le Mont-Blanc ; voilà le glacier de Taconnay ; voilà le village de la côte ; Chamouny est derrière nous !… — Il se retourna. — Laissez-moi aller embrasser ma femme et ma fille, je vous en prie, je reviendrai vous retrouver tout de suite.
Mont-Blanc ; voilà le glacier de Taconnay ; voilà le village de la
côte ; Chamouny est derrière nous !… — Il se retourna. — Laissez-moi aller embrasser ma femme et ma fille, je vous en prie, je reviendrai vous retrouver tout de suite.


Tous les spectateurs s’étaient retournés de notre côté, et je commençais à être assez embarrassé de ma contenance…
Tous les spectateurs s’étaient retournés de notre côté, et je commençais à être assez embarrassé de ma contenance… Je pensai qu’il était temps de finir cette comédie, et comme Payot insistait
Je pensai qu’il était temps de finir cette comédie, et comme Payot insistait