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un exposant aussi simple que commode. Ovide écrivait dans ses ''Pontiques'' : |
un exposant aussi simple que commode. Ovide écrivait dans ses ''Pontiques'' : |
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<poem style="margin:calc(1em / 0.9) 0 calc(1em / 0.9) calc(4em / 0.9); font-size:90%;"> |
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{{lang|la|Plura quidem ''mandare'' tibi, si quæris, ''habebam'' |
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Sed timeo tardæ causa fuisse moræ. |
{{iv}}Sed timeo tardæ causa fuisse moræ.}} |
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Nous avons ici le commencement du conditionnel moderne. Voici le commencement du futur, que je prends dans un Sermon de saint Augustin ; il est question de la fin du monde : ''{{lang|la|Petant aut non petant, venire habet}}''. Mais l’auxiliaire s’étant soudé au verbe |
Nous avons ici le commencement du conditionnel moderne. Voici le commencement du futur, que je prends dans un Sermon de saint Augustin ; il est question de la fin du monde : ''{{lang|la|Petant aut non petant, venire habet}}''. Mais l’auxiliaire s’étant soudé au verbe principal, la tentative, au moins au point de vue du principe de spécialité, avorta. |
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principal, la tentative, au moins au point de vue du principe de spécialité, avorta. |
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Remontons encore d’une dizaine de siècles en arrière, nous trouvons dans les imparfaits comme ''{{lang|la|amabam}}'', dans les futurs comme ''{{lang|la|amabo}}'', dans les parfaits comme ''{{lang|la|amavi}}'' et comme ''{{lang|la|duc-si}}'', des tentatives toutes pareilles. Ce sont les verbes signifiant « être » (en sanscrit ''bhū'' et ''as'', en latin ''{{lang|la|fuo}}'' et ''{{lang|la|esse}}'') qui viennent s’accoler au verbe principal. Mais jetés au milieu d’une conjugaison synthétique, ces auxiliaires sont aussitôt absorbés. |
Remontons encore d’une dizaine de siècles en arrière, nous trouvons dans les imparfaits comme ''{{lang|la|amabam}}'', dans les futurs comme ''{{lang|la|amabo}}'', dans les parfaits comme ''{{lang|la|amavi}}'' et comme ''{{lang|la|duc-si}}'', des tentatives toutes pareilles. Ce sont les verbes signifiant « être » (en sanscrit ''{{lang|sa-Latn|bhū}}'' et ''{{lang|sa-Latn|as}}'', en latin ''{{lang|la|fuo}}'' et ''{{lang|la|esse}}'') qui viennent s’accoler au verbe principal. Mais jetés au milieu d’une conjugaison synthétique, ces auxiliaires sont aussitôt absorbés. |
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Il nous est possible enfin de découvrir une première tentative dès la période indo-européenne. Le futur (grec {{lang|grc|δώσω}}, sanscrit ''dāsjāmi'') composé avec l’auxiliaire ''as'', ainsi que les autres temps composés |
Il nous est possible enfin de découvrir une première tentative dès la période indo-européenne. Le futur (grec {{lang|grc|δώσω}}, sanscrit ''{{lang|sa-Latn|dāsjāmi}}'') composé avec l’auxiliaire ''{{lang|sa-Latn|as}}'', ainsi que les autres temps composés avec le même auxiliaire, sont des essais qui montrent combien de fois le langage a eu recours au même moyen, avant de réaliser enfin le progrès qu’il avait en vue. |
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avec le même auxiliaire, sont des essais qui montrent combien de fois le langage a eu recours au même moyen, avant de réaliser enfin le progrès qu’il avait en vue. |