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ment qu’elle eut plus tard. Mais il paraît impossible que des raisons si simples et si légitimes ne se soient pas présentées de bonne heure à leur esprit<ref>On voit, par un passage de Plutarque (''{{abr|Adv. Colot.|Contre Colotès}}'', 96), que, suivant les académiciens, l’instinct ({{lang|grc|ὁρμὴ}}) peut se porter de lui-même à l’action et n’a pas besoin de l’assentiment ({{lang|grc|συγϰατάθεσις}}) donné à la sensation. D’autre part, nous savons ({{abr|{{sc|Plut.}}|Plutarque}}, ''St. rep.'', {{rom-maj|XLVII|47}}, 12) que Chrysippe soutenait le contraire. C’est peut-être contre la théorie d’Arcésilas qu’est dirigée l’objection de Chrysippe.</ref>. En tout cas, Arcésilas ne pouvait manquer d’avoir à s’expliquer sur la manière dont il convient d’agir, et voici comment il se tirait de cette difficulté. |
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ment qu’elle eoi plus tard. Mats il parait impossible que des raisons si simples et si légitimes ne se soient pas présentées de |
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bonne heure à leur esprit ^^^ En tout cas, Arcésilas ne pouvait |
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manquer d’avoir à s’expliquer sur la manière dont il convient |
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d'agir, et voici comment il se tirait de cette difficulté. |
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Il avouait que la vie pratique exige un critérium |
Il avouait que la vie pratique exige un critérium, et ce critérium, il le trouvait dans le raisonnable ({{lang|grc|εὔλογον}}). Il formulait sa pensée à la manière stoïcienne, dans un sorite : le but suprême de la vie est le bonheur, le bonheur a pour condition la prudence ({{lang|grc|φρόνησις}}), la prudence consiste à faire son devoir ({{lang|grc|ϰατόρθωμα}}), le devoir est une action qu’on peut expliquer raisonnablement ({{lang|grc|εὔλογον}})<ref>{{abr|Sext.|Sextus Empiricus}}, ''{{abr|M.|Adversos Mathematicos}}'', {{rom-maj|VII|7}}, 158.</ref>. |
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sa pensée à la manière stoïcienne, dans un sorite : le but |
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suprême de la vie est le bonheur, le bonheur a pour condition |
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la prudence (^p^vijer»), la prudence consiste à faire son devoir |
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{xarépOcâpLOL) ^ le devoir est une action qu'on peut expliquer raisonnablement (^eilXoyov)^^K |
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Qu’est-ce maintenant que cet {{lang|grc|εὔλογον}} dont Arcésilas fait le critérium de la conduite pratique ? Tous les historiens l’ont jusqu’ici confondu avec le {{lang|grc|πιθανόν}} de Carnéade et ont désigné l’un et l’autre indifféremment par les mots de ''vraisemblable'' et de ''probable''. Mais Hirzel<ref>{{Op. cit.|cap}}, 150. À l’appui de cette thèse, on pourrait signaler les critiques que Carnéade, d’après Plutarque (''De com. motiv.'', {{rom-maj|XXVII|27}}, 15), a dirigées contre la théorie stoïcienne de la {{lang|grc|εὐλόγιστος ἐϰλογή}}. (Voir ci-dessous, {{pg}}167.)</ref>, dans un des meilleurs chapitres de la belle étude qu’il a consacrée au scepticisme ancien, a montré qu’il y a une différence notable entre les significations de ces deux termes. |
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Qu’est-ce maintenant que cet eiSXoyov dont Arcésilas fait le |
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critérium de la conduite pratique? Tous les historiens l’ont |
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jusqu’ici confondu avec le ViBavév de Garnéade et ont désigné |
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l’un et l’autre indifféremment par les mots de vraisemblable et de |
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probable. Mais HirzeU^^ dans un des meilleurs chapitres de la |
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belle étude qu’il a consacrée au scepticisme ancien, a montré |
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qu’il y a une différence notable entre les significations de ces |
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deux termes. |
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D’abord il nous est expressément attesté<ref>{{abr|Numen.|Numénius}}, ap. Euseb., ''{{abr|{{lang|la|Prœp. evang.}}|Préparation évangélique}}'', {{rom-maj|XIV|14}}, {{rom|vi|6}}, 5 : {{lang|grc|Ἀναιροῦντα ϰαὶ αὐτὸν τὸ ἀληθὲς, ϰαὶ τὸ ψεῦδος, ϰαὶ τὸ πιθανόν.}}</ref> qu’Arcésilas rejetait le probable ({{lang|grc|πιθανόν}}) ; suivant lui, aucune représentation ne l’emporte sur une autre au point de vue de la créance qu’elle mérite<ref>{{abr|Sext.|Sextus Empiricus}}, ''P.'', {{rom-maj|I|1}}, 232 : {{lang|grc|Οὔτε ϰατὰ πίστιν ἢ ἀπιστίαν προϰρίνει τι ἕτερον ἑτέρου.}}</ref>. C’est assez arbitrairement que quelques historiens ont tenu le témoignage de Numénius pour non avenu. D’autre part, |
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D’abord il nous est expressément attesté ^^^ qu’Arcésilas reje- |
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tait le probable (^tftOavAv); suivant lui, aucune représentation ne |
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l’emporte sur une autre au point de vue de la créance qu’elle |
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mérite ^^\ C’est assez arbitrairement que quelques historiens ont |
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tenu le témoignage de Numénius pour non avenu. D’autre part, |
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(’) On voit, par un passage de Plutarque (Adv. ColoU, 96), que, suivant les académiciens, l’instinct (àpiiii) peut se porter de lui-même à l’action et n’a pas besoin de l’assentiment {avyxarédeatf) donné à la sensation. D^autre part, nous |
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atfODS (Plut., St. rtp,f XLVH, la) que Chrysippe soutenait le contraire. C’est peut-être contre la théorie d* Arcésilas qu’est dirigée l’objection de Chrysippe. |
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W Sext.,ill.,Vïl, i58. |
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'') Op. cit., i5o. A l'appui de cette thèse, on pourrait signaler les critiques que Carnéade, d’après Plutarque (jE>i coiii. nôîiL, XXVII, i5), a dirigées contre la |
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théorie stoïcienne de la tô}Ayt9los ixXoyH. (Voir d-desaoua, p. 167.) |
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^*) Numen., ap. Euseb., Prœp. êvong,, XIV, vi, 5 : kvoipùvm xoi œMp xè |
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<’) Sext., P., I, aSa : OÔxt xarà %thTtv 4 m^liap arpoxp/vci ti ittpow èrifov. |