« Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 112.djvu/324 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :

Aucun des jeunes hommes que j’ai côtoyés à l’heure des plaisirs faciles n’est descendu à ce degré de ridicule ; ceux qui résistent encore, et que je rencontre aujourd’hui, s’appuient volontiers sur une canne qui n’est point une badine, ils ont de belles barbes blanches et ne cherchent point à dissimuler leur calvitie ; ils ont compris qu’il était sage d’aller au-devant de la vieillesse et de lui faire bon accueil. C’étaient des garçons d’entrain, mais ils n’étaient ni vicieux, ni bêtes, tant s’en faut, et la plupart avaient des qualités maîtresses qui leur ont permis de faire bon chemin dans la vie par la diplomatie, par la politique, par le ministère des finances et par l’épaulette. En traversant le ruisselet de la première jeunesse, ils n’ont jamais perdu pied et le terrain sur lequel ils ont marché a été un terrain solide fait pour porter des gens d’esprit droit et de cœur honnête. Lorsque le hasard nous met en présence, nous causons volontiers des choses du passé ; nous sourions avec quelque indulgence au souvenir des vieilles fredaines, mais je remarque que ceux qui ont des enfans sont plus sévères pour leurs fils qu’ils ne l’ont été pour eux-mêmes.
Aucun des jeunes hommes que j’ai côtoyés à l’heure des plaisirs faciles n’est descendu à ce degré de ridicule ; ceux qui résistent encore, et que je rencontre aujourd’hui, s’appuient volontiers sur une canne qui n’est point une badine, ils ont de belles barbes blanches et ne cherchent point à dissimuler leur calvitie ; ils ont compris qu’il était sage d’aller au-devant de la vieillesse et de lui faire bon accueil. C’étaient des garçons d’entrain, mais ils n’étaient ni vicieux, ni bêtes, tant s’en faut, et la plupart avaient des qualités maîtresses qui leur ont permis de faire bon chemin dans la vie par la diplomatie, par la politique, par le ministère des finances et par l’épaulette. En traversant le ruisselet de la première jeunesse, ils n’ont jamais perdu pied et le terrain sur lequel ils ont marché a été un terrain solide fait pour porter des gens d’esprit droit et de cœur honnête. Lorsque le hasard nous met en présence, nous causons volontiers des choses du passé ; nous sourions avec quelque indulgence au souvenir des vieilles fredaines, mais je remarque que ceux qui ont des enfans sont plus sévères pour leurs fils qu’ils ne l’ont été pour eux-mêmes.