« Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 102.djvu/686 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :

Une brèche avait été ouverte, sans qu’on fût maître de la place ; il fallut en ouvrir une seconde et remettre l’assaut décisif au lendemain. Dans ces guerres du Soudan, comme dans les combats homériques, un chef d’armée ou de colonne doit savoir haranguer ses troupes ; l’éloquence est pour les noirs la vraie musique des batailles et l’accompagnement nécessaire du tambourin ou ''tabala''. A midi et demi, le commandant supérieur assembla autour de lui les chefs et notables Bambaras et leur reprocha les défaillances de leurs hommes. « C’est pour vous, leur dit-il, pour vous seuls que je suis venu ici. Vous m’avez dit que je n’aurais qu’un trou à faire et que vous passeriez tous ; j’en ai fait cinquante. Les blancs ont couché cette nuit dans le village, qui est à moitié démoli. Voulez-vous en finir ? Vous m’aviez assuré que je pouvais compter sur vous. Tout le monde dit que les Bambaras sont braves et ne mentent pas ; je l’ai cru, autrement j’aurais amené cent tirailleurs de plus. Êtes-vous des femmes ou des captifs ? Je croyais que vous aimiez la bataille. Cette fois, je vais vous laisser aller seuls. Je veux savoir au juste ce que vous valez. »
Une brèche avait été ouverte, sans qu’on fût maître de la place ; il fallut en ouvrir une seconde et remettre l’assaut décisif au lendemain. Dans ces guerres du Soudan, comme dans les combats homériques, un chef d’armée ou de colonne doit savoir haranguer ses troupes ; l’éloquence est pour les noirs la vraie musique des batailles et l’accompagnement nécessaire du tambourin ou ''tabala''. A midi et demi, le commandant supérieur assembla autour de lui les chefs et notables Bambaras et leur reprocha les défaillances de leurs hommes. « C’est pour vous, leur dit-il, pour vous seuls que je suis venu ici. Vous m’avez dit que je n’aurais qu’un trou à faire et que vous passeriez tous ; j’en ai fait cinquante. Les blancs ont couché cette nuit dans le village, qui est à moitié démoli. Voulez-vous en finir ? Vous m’aviez assuré que je pouvais compter sur vous. Tout le monde dit que les Bambaras sont braves et ne mentent pas ; je l’ai cru, autrement j’aurais amené cent tirailleurs de plus. Êtes-vous des femmes ou des captifs ? Je croyais que vous aimiez la bataille. Cette fois, je vais vous laisser aller seuls. Je veux savoir au juste ce que vous valez. »