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On ne tarda pas à connaître, dans les assemblées populaires, la femme en deuil, sa figure calme, un peu lourde, aux yeux bovins, qui paraissait, au repos, s’assoupir, distraite, lointaine, effacée, — mais qui, lorsqu’elle se levait et qu’elle parlait, s’illuminait instantanément d’un flot de jeunesse, et qui, sans hâte, sans hausser le ton, d’une voix posée, n’hésitant jamais, plantait dans l’esprit de la foule sa parole ferme, menant toujours à l’action précise.

Julien Davy avait été bien étonné, quand Annette lui avait demandé à l’accompagner dans un de ces meetings de lutte contre le fascisme, qu’il présidait. Annette ne le fut pas moins, lorsqu’elle fut amenée à y demander, un soir, la parole.

Elle n’avait, jusqu’à ces temps, jamais été attirée par les discussions publiques. Quand elle y assistait, du fond de la salle, elle voyait les discuteurs sur l’estrade. À présent qu’elle était assise sur l’estrade, face à la foule, elle recevait au visage le souffle de ces masses ; en elle entrait leur attente passionnée. Cette attente était rarement repue par les discoureurs sur l’estrade, qui suivaient le fil de leur verbe. Ils se dépensaient trop en débats de partis, dont les querelles