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grands bourgeois, à juste titre peu confiants en leur propre énergie, avaient été assez sagaces pour remettre la trique à des Duci et des Führer, sortis du peuple, dont l’énergie était intacte, et qui de loups se faisaient chiens de garde. À la dictature du prolétariat on opposait la dictature de prolétaires traîtres à leur classe et investis, temporairement, pour la river au banc de chiourme, de pouvoirs illimités. D’un pays à l’autre, la peste, ou noire, ou brune, du fascisme, se propageait ; sa virulence croissait, avec le succès. Même la France et l’Angleterre, dernières banques de dépôts où l’on gardait dans des coffres les libertés démocratiques, désapprenaient d’en faire usage et les retiraient de la circulation.

Le temps n’était plus à tergiverser. Ou pour, ou contre ! Les discussions académiques sur la violence ou la non-violence n’étaient plus de saison. Il s’agissait de faire bloc de toutes les forces, et de violence, et de non-violence, contre le bloc de toutes les forces de la réaction. Tout devait avoir place dans l’armée : le grand Refus organisé de Gandhi, et les troupes d’assaut de Lénine. L’objection de conscience, les grèves d’usines et de transports, l’insurrection, tout était arme, pour le combat, que l’esprit d’Annette maintenant acceptait. Il reconnaissait le combat nécessaire. Et loin de se retirer dans le rêve de l’Un, que lui avait ouvert la flûte du chevrier, elle en puisait, par ses racines, du fond de la terre, les énergies ; et elle les transfusait dans l’action. Que serait l’Un, si le sang de l’action n’y circulait point ? L’Un est en acte. L’Un est en marche. S’il s’arrêtait, un seul moment, tout croulerait.

Tout croulerait, pour une Annette et pour ses frères et sœurs d’Occident. Car la pensée prend le visage de la volonté vivante, où elle se coule comme un métal