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— « Et d’où ? Qui est, chez vous, plus maître que « le maître » ?

Zara haussa l’épaule :

— « Il ne l’est même pas de sa police !… »

Pour le moment, on ne saurait rien. Ceux qui savaient sans avoir fait, ceux qui avaient fait, peut-être sans savoir, ne diraient rien… Assia, de rage, serrait les dents… Mais qu’avait-elle besoin d’en savoir plus ? Elle savait. Elle savait le : « Is fecit cui prodest. » Elle savait, sinon qui, elle savait où était l’ennemi. Et elle savait où étaient les armes pour le frapper. Elle était pressée de rejoindre son camp, — celui de la Révolution. Celui de la grande Union prolétarienne. Et elle se persuadait qu’en le faisant, ce serait la volonté de Marc qu’elle accomplirait, elle exécuterait son testament : ce qu’il n’avait pu faire, elle le ferait. Ainsi, comme dans les vieilles croyances, l’âme du mort serait non seulement vengée, mais alimentée, avec l’action qui est la vie et qu’on lui avait retranchée. Assia lui verserait la libation, le sang, son sang qui brûlait de se répandre, — et, par surcroît, si l’on pouvait — (et l’on pourrait !) — le sang de l’ennemi.

Mais la vengeance et la faim de l’action ne remplissaient pas l’âme troublée de Assia, l’âme qui avait perdu son axe, et qui devait s’en refaire un pour agir. Ses jours, ses nuits, cherchaient le compagnon à ses côtés. Il avait beau être Marc, son ombre, son souffle, ses membres chauds dans la nuit : ce n’était pas lui, l’étreinte fiévreuse se refermait sur le vide. Elle restait irrassasiée. Et avec le flot impitoyable de la vie qui de jour en jour remontait, battait l’écluse, Assia, sauvage et révoltée, crispait les poings contre sa poitrine, que rongeait la faim, la faim de Marc, du compagnon. Et, de jour en jour, les poings crispés et la révolte se