Sandoz & Fischbacher (p. xiii).


xiii

Éblouissement


Le rocher bordé d’eaux où son regard de reine
Pour la première fois s’adoucit à mes yeux ;
Où ma joue effleura sa tresse au flot soyeux,
Où j’osai de mon cœur lui confier la peine,

Je voudrais l’embellir comme un royal domaine,
Y bercer quelquefois mon rêve ambitieux,
M’y faire de ses fleurs un bouquet précieux,
Y graver nos deux noms sur l’écorce d’un chêne.

Mais sa lèvre où l’amour s’était épanoui,
Parut alors si belle à mon œil ébloui
Que le roc s’éclipsa devant l’enchanteresse.

Dès lors, par monts & vaux, mes pas ont beau chercher
La place où s’échangea la première caresse
Je ne retrouve plus ni source ni rocher.