Sonnet, A. D. De Bervy Baron de Villeneuve

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 259).


SONNET, A. D. DE BERVY.

baron de villenevve.

 BAron, ie regrettois tes deux yeux outragez
Par l’horrible mouſquet dont la fiere tẽpeſte
Perça de part en part tõ heaume & ta teſte,
Quand Laon veid à ſes pieds tant d’eſcadrons rangez.
 Mais helas ! mes poumons fierement rauagez
Par le cruel guerrier dont ie ſuis la conqueſte,
Se plaignent que mes yeux ſont cause de leur peſte,
Et que par leur fureur mes flancs ſont saccagez.
 Ie ne te plains donc plus, bien que ie plains encore,
Mais ie me plains voiant la beauté que i’adore
Maudiſſant iour & nuict l’ire de ſa durté.
 O bien-heureux celui qui ne void ces merueilles,
Et plus-heureux encor qui n’a œil ni oreilles !
il retient pour le moins la douce liberté.


A. D. V.