Sonnet, au lieu de sa naissance

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 258).


SONNET, AV LIEV DE SA NAISSANCE.


 Solitaires frayeurs des ces grottes mouſſuës,
Maſures qui monſtrez la cholere des ans,
Vallons entre-couppez doucement verdoyans,
Et vous monts qui brauez la region des nuës,
 Nymphes qui gazouillez dans voz ondes cogneuës,
Guerets qui foiſonnez ſouls les coultres trenchants,
Eſcoutez mes chansons, & vous tous habitans
De ces vaux, de ces bois, de ces roches cornuës ;
 I’ai dans la main vn luth dont le ton vigoureux.
Peut faire retentir mes deſirs amoureux,
En immortaliſant voſtre nom sur la terre :
 Reſpondez ſeulement quand iaurai commencé,
Afin que ſi lupin s’en tenoit offencé
Nous confondions de bruit l’eſclat de ſon tonnerre.


A. D. V.