Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur
Bienheureux Nicolas Roland
1642-1678
Guide Spirituel
et Fondateur
P. Lethielleux
Rendez-vous sur toute chose fidèle à votre vocation. Estimez votre emploi qui vous fait compagne de Jésus-Christ et des apôtres.
Nicolas Roland, Avis et Maximes
Présentation
modifierLe 27 avril 1678, Nicolas Roland mourait à 36 ans, ayant posé les jalons de ce qu’il percevait comme appel à servir “l’œuvre de Dieu” : formation spirituelle et apostolique des prêtres, évangélisation des jeunes, en priorité des pauvres, et “de ceux qui ont influence sur la jeunesse”, fondation d’une communauté de “consacrées” à ce service des jeunes.
À sa mort, Jean-Baptiste de La Salle obtiendra les autorisations du Roi pour assurer la stabilité de son œuvre.
Le 12 novembre 1683 les Constitutions données par Monseigneur Le Tellier, inspirées de celles de Nicolas Roland, sont suivies de la première profession des sœurs : 15 émettent leurs vœux le 8 février 1684.
Mais dès 1689 paraît le “Livre des Usages” dont voici “l’Avertissement” :
Il est à remarquer, Premièrement, que ce Manuscrit est dressé en forme de Règlement ou d’Usage de tous les exercices de la Communauté, pour suppléer à ce qui n’est pas entièrement marqué dans les Constitutions, et pour l’utilité et facilité des Sœurs, comme aussi pour conserver les premières Coutumes, et éviter le relâchement, ou le changement qui se pourrait glisser dans la suite contre le premier esprit de la Maison.
Secondement, que les choses suffisamment expliquées dans les Constitutions, ne sont pas ici marquées mais seulement ce qui est nécessaire pour expliquer plus clairement celles qui ne le sont pas d’une manière assez étendue, et dans lesquelles l’expérience a fait appréhender qu’on y ajoutât quelque chose dans la suite des temps qui ne fût pas de l’esprit des Constitutions, mais pour y insérer celles qui serviront au contraire à l’entretenir.
Le tout soit à la gloire du Saint Enfant Jésus.
L’an de gâce mil six cent quatre vingt neuf.
Depuis, les Archives de la Congrégation ont conservé des copies manuscrites des textes de Nicolas Roland (lettres de direction, avis, maximes, des témoignages de contemporains…). Ces copies ont été gardées précieusement par les sœurs à travers trois siècles malgré toutes les perturbations : révolutions, guerres, etc.
Ces textes ont permis d'écrire les "Mémoires sur la vie de Nicolas Roland" par ses contemporains, la vie de Nicolas Roland par le père Hannesse (1888), celle de Gaétan Bernoville (1950).
Mais surtout les textes d'origine ont transmis les attitudes spirituelles, les orientations apostoliques voulues par Nicolas Roland et qui sont la source de toutes les Constitutions de 1683 à 1979. Les sœurs ont cherché les vivre et les transmettre. Ces textes ont permis une recherche continue de retour aux sources. Une meilleure connaissance de ces documents a alimenté la prière de la Congrégation, la communion aux Mystères de Jésus, Verbe fait chair, anéanti par amour, de la Crèche la Croix, l'Autel. L'Histoire des origines, celle de la Congrégation, ont précisé l'intention apostolique de notre Fondateur. Nous avons été grandement aidées par les Frères des Écoles Chrétiennes : Frères Poutet, Aroz, Sauvage. Monseigneur Leflon a guidé et préfacé le premier recueil imprimé des textes : "Un Précurseur méconnu" (1963).
D'autre part, nous avons largement profité d'une meilleure connaissance des textes doctrinaux de l'École française. La doctrine et l'expérience spirituelle des Bérulle, Jean Eudes, Olier, Vincent de Paul ont éclairé les écrits de Nicolas Roland.
Ces recherches ont permis la préparation du dossier de Béatification par le Frère Morelli, F. E. C. et Postulateur de la Cause. La Béatification a eu lieu Rome le 16 octobre 1994. Les paroles du Pape Jean-Paul II soulignent l'actualité de Nicolas Roland :
Au cours de sa vie brève, mais d'une grande densité spirituelle, il n'a cessé de laisser le Rédempteur accomplir à travers lui sa mission de grand prêtre. Configuré à la personne du Christ, il partageait son amour pour ceux qu'il guidait vers le sacerdoce afin de leur "obtenir miséricorde" (Héb. 4, 16). "L'amour immense de Jésus pour vous, disait-il, est encore plus grand que votre infidélité".
Cette foi et cette espérance indéfectibles en l'amour miséricordieux du Verbe incarné le conduisirent à fonder la congrégation des Sœurs de l'Enfant Jésus, qui se consacraient à l'apostolat de l'éducation et de l'évangélisation des enfant pauvres. Il affirmait, en effet, de manière admirable : "Les orphelins nous représentent Jésus-Christ en l'état de son enfance".
Vous avez en lui le plus sûr des guides. S'il a un message permanent à nous livrer aujourd'hui encore, c'est bien celui de la grandeur de l'amour de Dieu. Il disait en effet : "Tout ce que nous pouvons faire pour le service de Dieu est bien au-dessous de ce que nous lui devons". Le sentiment de la transcendance absolue du Tout-Puissant lui inspirait en retour ce cri d'admiration devant l'œuvre divine : "Tout ce qui est créé ne peut remplir un cœur que Dieu seul peut contenter".
Puissiez-vous chaque jour puiser, pour nos contemporains assoiffés d’absolu, dans les trésors de doctrine spirituelle qu’il vous a laissés et que vous avez à cœur de transmettre ! Dans les missions d’éducation et de catéchèse qui sont les vôtres et qui se révèlent aujourd’hui plus urgentes que jamais, je vous encourage à vous inspirer de lui pour annoncer la Bonne Nouvelle.
C’est parce que nous croyons et vivons du don reçu de l’Esprit par Nicolas Roland et transmis depuis trois siècles que le Conseil général (1963) et le Chapitre de 1997 ont tenu à laisser à l’Église pour l’avenir une présentation accessible de ces textes.
Même si la Congrégation participe l’épreuve du manque de vocations en Occident, nous sommes convaincues que le Mystère de l’Incarnation du Verbe en Jésus, l’expérience spirituelle et apostolique qui s’y enracine, sont une réponse de fond aux attentes de notre monde, en particulier des jeunes. Il en fut de même après la Renaissance où l’expérience ignatienne et celle des grands spirituels du 17ème siècle ont été sources de renouveau pour la chrétienté de l’époque.
Les moyens actuels de diffusion et de recherche que donne l’informatique permettent de poursuivre la découverte des textes fondateurs. Déjà les disquettes sont éditées ; l’impression du texte en est un complément necessaire.
Je suis certaine que cet ensemble, mis à la disposition du public, aidera les chrétiens à vivre en fidélité leur baptême dans leurs différentes vocations, et construire l’Église, Corps du Christ (Eph. IV, 16).
Sœur Hélène Malaizé
Sœur du Saint-Enfant-Jésus de Reims
Introduction
modifierLa publication des œuvres complètes de Nicolas Roland peut surprendre. L’existence de ce prêtre rémois a été brève (1642-1678), et de son vivant il n’a publié aucun ouvrage. Pourquoi rassembler aujourd’hui une collection d’écrits dont il est difficile première vue de saisir l’homogénéité : Roland n’en est pas l’unique auteur ; leurs genres littéraires vont de règlements trop minutieux à notre gré jusqu’à des élévations mystiques qui ne rejoignent pas immédiatement nos sensibilités modernes ; leur langage enfin risque même de nous rebuter parfois : si la fougue, la foi, le réalisme de Roland peuvent nous toucher encore, certains de ses propos nous paraissent d’une austérité, voire d’un pessimisme excessifs. Et pourtant, le regroupement en un seul corpus de l’ensemble des écrits ici réunis (dont quelques-uns sont des inédits) et la production parallèle de leur version électronique associée à un programme électronique de recherche, présentent un intérêt considérable et prometteur à des titres divers : c’est ce que je voudrais tenter de montrer dans cette présentation.
Roland lui-même est peu connu. [On peut observer pourtant que sa récente béatification (16 octobre 1994) — et auparavant, le 350e anniversaire de sa naissance (8 décembre 1642) — ont donné lieu à des évocations et des recherches de qualité (voir Bibliographie).] L’une des raisons peut en être l’extraordinaire jaillissement de mystiques profonds et de géants de la mission dans le XVIIe siècle français. Or, ce que montre d’abord l’ensemble des textes de ce volume, c’est que Roland s’est fait comme le confluent vivant de ces multiples courants spirituels et apostoliques. Étudiant en théologie à Paris, Nicolas est introduit dans la communauté et le séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet par son oncle, Matthieu Beuvelet, qui en est membre. Il s’attarde aussi longuement dans les milieux de Saint-Sulpice et de Saint-Lazare. Par là, il a pu s’imprégner de Bourdoise, Olier, Vincent de Paul. [Le Père B. Pitaud, dans son étude : La simplicité chez Nicolas Roland, (cf. Bibliographie) montre que sa conception biblique de cette vertu est proche de Saint François de Sales (p. 6).] Ses accents spirituels majeurs sont inspirés de ce qu’on appelle aujourd’hui l’École française : j’aurai y revenir.
Rentré à Reims, il se lance avec fougue dans plusieurs entreprises qui lui sont apparues dans la capitale comme promotrices du renouveau pastoral : il participe des missions paroissiales la campagne, ouvre sa maison aux étudiants ecclésiastiques, les y fait vivre en communauté et travaille leur formation spirituelle, cherchant développer en eux l’esprit d’oraison et le zèle missionnaire. Il invite aussi les prêtres des conférences hebdomadaires inspirées de celles qui se pratiquaient Saint-Lazare. Les quelque trente-cinq Lettres de direction gardées de lui, le font apparaître comme un conseiller spirituel de grande classe, la fois très ferme et très respectueux de la liberté de ceux et celles qui s’adressent lui. Les célèbres Remontrances touchant la nécessité des écoles pour les enfants pauvres (1666) du prêtre lyonnais Charles Démia, l’alertent sur une urgence : l’éducation de la jeunesse pauvre et abandonnée, selon une expression que l’on retrouve l’époque, comme stéréotypée, sous la plume d’observateurs nombreux. [Voir par exemple, Michel Sauvage, fsc : Besoins, désirs, ébauches de communautés de maîtres d’école à l’époque de saint Jean-Baptiste de La Salle, dans Catéchèse et Laïcat (Ligel Paris, 1962), p. 453-469.] Il s’était d’ailleurs rendu Rouen où il avait rencontré Nicolas Barré et découvert ses petites écoles.
Aussi, lorsque Roland décide de centrer désormais son activité sur la création d’écoles pour l’éducation chrétienne des filles pauvres de Reims, Barré l’aidera en lui envoyant deux maîtresses de Rouen, Françoise Duval et Anne Le Cœur. Avec quelques rémoises, elles forment une communauté, noyau de la Congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus. De Jean-Baptiste de La Salle, son collègue chanoine et le plus célèbre des dirigés de Roland, les biographes notent que c’est auprès de lui qu’il puisé tout le zèle qu’il a fait paraître depuis pour contribuer à l’éducation de jeunesse. [F. Bernard, fsc, Conduite admirable de la divine Providence en la personne du vénérable serviteur de Dieu, Jean-Baptiste de La Salle. Édition du manuscrit de 1721. Cahiers Lasalliens 4 (1965), p. 15.] Les historiens montrent que c’est par Roland, ou grâce lui, qu’il a été informé du mouvement scolaire et de ses principales réalisations Paris, Lyon, Rouen.
Plus concrètement encore, c’est de Jean-Baptiste, ordonné prêtre depuis quelques jours, que Roland, avant de mourir à 35 ans le 27 avril 1678, obtient la promesse de veiller sur son œuvre après sa mort ; il le désigne comme son exécuteur testamentaire. Mais lorsqu’en février 1679 les lettres patentes royales auront été accordées la communauté du Saint-Enfant Jésus, l’archevêque jugeant La Salle trop jeune en confiera le soin à un autre prêtre. Il n’empêche : c’est à la maison des sœurs que se produira la rencontre entre Jean-Baptiste et Adrien Nyel par laquelle s’amorça le long cheminement qui, d’engagement en engagement, [Expression de J.B. de La Salle dans son Mémoire sur les commencements de l’Institut.] amena le chanoine de La Salle à se consacrer entièrement à l’œuvre des écoles pour les garçons pauvres, et devenir, d’abord à son corps défendant, le fondateur de la Société des Frères des Écoles chrétiennes.
Roland n’est donc ni un solitaire, ni un aérolithe. Il appartient à une constellation. Il subit des influences. Il communie au dynamisme d’une Église ardemment apostolique. Il participe à son écoute du monde. Avec elle, il détecte, dans une société stable, les premiers signes de la genèse d’un nouvel avenir pour le petit peuple. Le premier intérêt de ses écrits, c’est de nous permettre de recueillir l’écume de cet extraordinaire bouillonnement. On y retrouve aussi les lignes de force fondamentales de l’École française de spiritualité. [Cf. Raymond Deville, La spiritualité de Nicolas Roland, (Colloque 1993, cf. Bibliographie).] Le théocentrisme affleure souvent. Sans développer, Roland réfère ses dirigés la majesté et à la Providence de Dieu, à sa volonté et à ses desseins, à sa sagesse et sa miséricorde : il faut considérer… les perfections de Dieu pour nous unir à Lui. [LD 29] Roland explicite davantage un enseignement sur la présence de Dieu. [LD 38] Ce Dieu dont il souligne la Transcendance et l’absolu est aussi le Père qui s’esc approché de l’humanité en Jésus-Christ. Roland appelle ceux auxquels ils s’adresse à revenir au mystère du Verbe Incarné contemplé notamment dans les abaissements de son enfance et de sa Passion. [AM 2, 1] Orientation christocentrique orientée vers une vie spirituelle dont l’âme est d’ordre théologal. [Le Père B. Pitaud, dans La simplicité chez Nicolas Roland p. 7, montre, à propos de cette vertu que, témoin en cela de l’École française, Roland voit dans l’Esprit-Saint lui-même l’âme de la vie spirituelle : "La simplicité est une vertu divine, puisque c’est Dieu qui la donne, et que c’est une émanation de l’esprit de son fils lequel n’a dans toute sa vie eu qu’un seul but qui était la gloire du Père" (Roland, Avis aux personnes régulières, 17)] Les mystères du Christ révèlent l’amour de Dieu, ils appellent à lui donner une réponse d’amour. Roland est un chantre étonnant de l’amour. Et c’est à l’amour pour Dieu et le prochain qu’il rattache toutes les vertus qu’il détaille à plusieurs reprises. [Voir art. Roland, dans Dictionnaire de spiritualité, t. 13, c. 889-891.] C’est aussi dans cette perspective que l’on peut relire dans ses écrits les témoignages, rares mais forts, de sa foi en l’action de l’Esprit-Saint.
Ce qui me paraît constituer un second intérêt de la présente publication, c’est l’originalité de cet enseignement spirituel. Originalité que je perçois un triple point de vue. D’abord, l’enseignement de Roland est original en ce que ses écrits ont tous été rédigés à l’intention de destinataires précis : ses dirigés et les Sœurs de l’Enfant-Jésus de Reims. Il module le ton et les insistances de ses Lettres de direction, en fonction de ses correspondants : énergique, voire l’occasion tranchant et sévère ; plus souvent compatissant pour les dirigés éprouvés et surtout invitant la confiance et l’abandon de l’amour : Allez à l’amour, écrit-il un ecclésiastique en difficulté, jetez-vous dans le Sacré-Cœur de Jésus, cachez-vous dans ses amoureuses plaies. [Voir par exemple : LD 21 ; LD 25, LD 8, LD 12.] Quant à ses écrits de fondateur, s’ils traitent assez largement de sujets spirituels d’ordre général, le type particulier de vocation de ses destinataires y transparaît souvent.
Ce second point de vue me paraît devoir être souligné : l’enseignement de Roland est original parce qu’on peut y trouver bien des éléments d’une spiritualité apostolique. Je ne prétends pas élaborer une synthèse, [Sur les risques d’une synthèse, en dépit d’estimables présentations d’ensemble de la spiritualité de Roland, cf. D.S. art. cité, c. 888-889.] pas même esquisser une vue d’ensemble, mais ouvrir des pistes. Sur des thèmes essentiels, en citant simplement quelques textes suggestifs, je voudrais surtout souligner l’unité dynamique entre l’enracinement mystique de son enseignement et sa projection apostolique.
L’orientation apostolique de la Communauté est définie sobrement, mais sans nulle ambiguïté dans les Maximes : N’oubliez pas que vous êtes appelées à mener une vie apostolique. [AM 3, 4 Maxime n. 32.] Avec une tout autre ampleur, le chapitre premier du livre des Usages présente cette orientation apostolique comme une participation au mystère de Jésus-Christ, mystère d’amour de Dieu et du prochain :
Cette Communauté est un composé de filles et de sœurs unies ensemble, par un désir sincère de se consacrer au Service de Dieu et du prochain, en conformant leur vie […] à la vie et à la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ […] Comme toute la vie du Fils de Dieu, sur la terre, a été un exercice continuel d’une très pure et très ardente charité dont il était rempli, cette Communauté la regardera comme l’esprit qui doit toujours l’animer. Et parce que cette vertu unissait Notre-Seigneur très intimement à Dieu son Père, et lui donnait un parfait amour pour Lui, elle lui donnait en même temps un désir ardent du salut des âmes, et le faisait travailler infatigablement à les sauver jusqu’à donner sa vie pour elles. [Usages, chapitre premier : Des fins et de l’esprit de cette Communauté (RV 4, 1).]
Le désir ardent du salut des âmes, c’est ce que Roland appelle le zèle dont l’enracinement mystique dans la charité est mis en évidence dès le début du Petit traité des vertus les plus nécessaires aux Sœurs du Saint-Enfant Jé- sus, en des termes assez proches de ceux qui viennent d’être cités. [TV. 1. De la charité envers Dieu et envers le prochain.] Ce zèle comporte la disponibilité permanente d’un élan qui rend toujours prêt à aller au bout du monde pour le salut des âmes. En référence Jésus-Christ, Roland demande aux sœurs de ne pas faire acception des personnes : Les âmes des pauvres et des riches ont également coûté à Jésus-Christ. Mais s’il faut manifester une préférence, c’est l’égard des pauvres. De manière spéciale ils sont les membres du Christ et ordinairement leur besoin d’instruction est le plus grand. [AM 3, 5 Maxime n. 39.] Qu’il s’agisse des orphelins ou des écolières, il faut toujours préférer les plus mal faits, disgraciés, ingrats et mal agréables pour leur faire part de vos caresses et services. [AM 3, 4 Maxime n. 30. cf. AM 1, 5.]
À plusieurs reprises aussi, notamment dans les Maximes, Roland rattache le zèle la conformité au mystère de Jésus, Verbe incarné pour le salut du monde. [AM 4, 2, 10.] Il a placé ses filles sous le vocable de l’Enfant-Jésus. Pour lui, ce n’est pas là simple dévotion, mais il entend que ce patronage incite les sœurs voir dans la jeunesse pauvre une réplique du
Verbe Incarné et humilié pour les hommes jusqu’à la petitesse. On trouve ici l’une des justifications de l’insistance de Roland sur la vertu de simplicité :
la simplicité est une vertu de l’enfance et les sœurs de l’Enfant-Jésus sont vouées au service de l’enfance pauvre. À plusieurs reprises, le lien entre l’enfance et la simplicité apparaît dans les écrits de Nicolas Roland [B. Pitaud, art. cité, p. 8. Voir tout le développement.]
Le père Pitaud met excellemment en valeur le riche arrière-plan biblique de la simplicité chez Roland : une sorte d’identification qu’il voit se
profiler entre la Sagesse et la simplicité est particulièrement inspiratrice. [B. Pitaud, p. 7-8. Il s’agit toujours du commentaire de l’article 17, de la simplicité, des Avis aux personnes régulières, AM 1, 17.] Il est alors intéressant d’observer les retombées pédagogiques concrètes de cette vertu [Il serait intéressant de suivre, avec cette perspective apostolique, les divers enseignements de Roland sur un grand nombre de vertus. Voir déjà D.S. c. 888, par. 13.] dans l’exercice de l’activité des sœurs à l’école : simplicité du langage employé dans les « instructions » (la catéchèse), et aussi effort pour se mettre la portée des enfants, pour les connaître et les rejoindre chacune dans sa singularité :
Tâchez que vos instructions soient succinctes et profitables ; évitez toutes paroles étudiées ; gardez la simplicité chrétienne en tout et partout. Tâchez de découvrir les mœurs des enfants que vous instruisez, à dessein de les former de bonne heure dans les maximes du christianisme […] [AM 1, 4 ; 3, 5 Maxime n. 41.]
L’enseignement de Roland sur la prière est classique. [AM 1, 2 ; LD 19 ; 23 ; 36 ; AM 2, 5.] Il insiste sur l’importance de l’oraison dans toute vie spirituelle. [AM 1, 2] Elle est la condition du succès de l’apostolat. Réciproquement, l’exercice concret de l’emploi de maîtresse d’école nourrit la prière ; il la stimule souvent et la fait jaillir comme spontanément. Certains textes
de Roland contiennent l’intuition d’une prière apostolique qui naît à partir des situations. Il conseille la pratique des oraisons jaculatoires ; elles aident à se conserver en présence de Dieu ; il donne des exemples de cris
vers Dieu dont la formulation reste très générale. [LD 40] Mais à une Sœur
de Notre-Dame engagée dans l’apostolat, il suggère de rattacher ces
prières brèves et spontanées aux préoccupations qui naissent de l’activité :
Que les oraisons jaculatoires soient votre entretien fréquent ; mais je souhaiterais que vous les formassiez… selon les occasions que vous en avez journellement. [LD 17.]
Enfin, le travail apostolique est perçu par Roland comme un lieu de croissance dans la conformité à Jésus-Christ. Il ne faut donc pas s’acquitter en mercenaire des obligations concrètes de l’emploi mais les accomplit dans la vue et l’esprit même de Jésus-Christ, puisque c’est continuer ce qu’il a fait dans sa vie conversante. [AM 1, 4.] Une dernière maxime de Roland orchestre tout
ce qui vient d’être évoqué. Elle donne du travail apostolique une vision
totale, mystique et concrète, théologale et ascétique ; elle souligne l’importance de l’action comme le rôle de la prière :
Ne vous épargnez pas pour le salut des âmes ; elles ne vous coûteront jamais autant qu’elles ont coûté à Jésus-Christ, et si vous ne pouvez donner du sang, donnez vos sueurs en témoignage de l’amour que vous avez pour ce divin Sauveur qui a tant souffert pour vous ; faites les affaires de Dieu avec ardeur et toujours avec une sainte confusion de vous-même, de ce qu’il daigne se servir d’un si chétif instrument pour procurer sa gloire ; munissez-vous souvent de l’esprit apostolique pour porter utilement la parole de Dieu dans les âmes, essayez de toucher les cœurs plutôt que de contenter les esprits, ayez recours à la prière et aux gémissements plutôt qu’à l’industrie. [AM 4, 2, 10. Un autre très beau texte de la même veine théologale et concrète : AM 2, 16 ; cf. AM 3, 4 Maxime n. 34.]
C’est une troisième originalité de Roland qui me séduit le plus : son enseignement s’enracine dans une expérience spirituelle forte. Écrivant cela, je ne pense pas au tableau que son biographe trace de ses vertus, [Suite de la vie de Monsieur Roland. De ses vertus. MV 2.] ni à la série de témoignages qui lui sont rendus : [Témoignages des contemporains (TC).] visiblement, il a fait sur ceux qui l’ont approché l’impression d’un homme de Dieu que l’on devrait canoniser. [On peut d’ailleurs se demander pourquoi il n’a été béatifié que tout récemment.] Sans méconnaître l’intérêt de cette approche, je suis plus sensible au cheminement spirituel de Roland. Un pèlerin de Dieu et de son Royaume : on peut dire de lui que sa courte vie terrestre fut un itinéraire le faisant aller de commencement en commencement, par des commencements qui n’ont pas de fin. [Saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, P.G. t. 44, col. 876 C. cité par L. Bouyer, Le sens de la vie monastique (Brepols 1950), p. 28.] Un homme libre, certes, mais sa liberté spirituelle apparaît comme un don de l’Esprit Saint, et comme un incessant processus de libération. [L’expression est de B. Pitaud dans une étude riche et nuancée : Servir la liberté spirituelle (à paraître dans le compte-rendu du Colloque de Lyon (1998) sur l’École française). Il montre à plusieurs reprises que cette liberté de l’Esprit est aussi un devenir progressif : La liberté n’adviendra jamais que dans un difficile processus de libération. Elle ne sera d’ailleurs jamais entière tant que nous vivrons… Et précisément, la référence qu’il fait à Roland dans ce texte va dans ce sens : Pour progresser dans la liberté, l’homme devra donc entrer dans un processus de détachement dont le but est, comme le dit Nicolas Roland dans une lettre de direction, de se trouver "dans cette heureuse liberté qui fait que l’âme ne tient plus qu’à Dieu, tout l’extérieur lui étant indifférent" (LD 23 ; Cf. B. Pitaud, Servir la liberté spirituelle, p. 2).] En relisant sa courte biographie, reproduite ici, il m’est même apparu que le cheminement de Roland est comme jalonné de conversions successives. Sans forcer les textes, j’en ai dénombré cinq !
La conversion à l’absolu de Dieu et de son amour, d’abord. Selon une coutume du temps, qui, pour être assez générale, n’en était pas moins dénoncée par des Conciles provinciaux, le jeune Nicolas a été tonsuré à dix ans : ce qui le rendait apte à recevoir des bénéfices ecclésiastiques. Toutefois, s’il fait chez les Jésuites de brillantes humanités, l’intention de ses parents et la sienne l’orientent d’abord vers le négoce, et dans le monde : il se trouve fréquemment dans les assemblées, dans les bals. Mais il interrompt brusquement un voyage sur mer qui devait être d’initiation aux affaires, parce qu’il y a côtoyé les abîmes du mal. Il décide alors de rompre avec la vie mondaine et de devenir prêtre. L’absolu de Dieu l’a saisi, il change complètement de style de vie, renonce à une jeune demoiselle qu’il avait aimée dans l’espérance du mariage, repart Paris pour ses études de théologie, s’y retirant d’abord dans un quartier assez détourné, pour y vivre d’une manière pauvre et inconnue du monde. [Mémoires sur la vie… chapitres II et III (MV 1, 2 ; 1, 3).] Une telle expérience de radicalisme évangélique, à la suite du Christ, peut permettre de mieux comprendre Roland déclarant que Dieu seul devrait suffire, ou parlant de la jalousie de l’époux divin qui réclame le cœur tout entier. [AM 2,9 ; LD 24.] On peut même aussi s’expliquer, à partir de cette expérience de départ, certains propos rudes sinon rigoristes de Roland, sur le dénuement, la désappropriation, la désoccupation de soi, la mortification, l’abnégation de soi-même… [Souvent, Roland rattache explicitement ces vertus à l’effort d’identification au Christ, de participation à son mystère ; cf. D.S., art. Roland, c. 890.] Langage, à vrai dire, qui est dans le climat du temps et ne manque pas de cohérence. [B. Pitaud, Servir la liberté spirituelle, p. 9-10 : la liberté spirituelle suppose un détachement qui n’est rien d’autre que la liberté de celui dont la mission est de rendre sensible à la liberté de l’Esprit. Voir textes cités de Bérulle, Olier…]
La conversion à la mission était évidemment plus qu’en germe dans la conversion à Dieu. Pourtant, le retour de Roland à Reims va la faire s’expliciter d’une manière d’ailleurs savoureuse. À Paris, il s’est résolu à vivre un sacerdoce ardent et apostolique. Le Dieu auquel il s’est livré est aussi le Dieu de l’Exode : [En langage redevenu actuel, on peut dire que le Dieu de Roland est le Dieu de l’Économie[1] (Mgr Jean Balland, Actualité de Nicolas Roland, dans Le Bienheureux Nicolas Roland… p. 31).] il le libère de la banalité d’une existence douillette et respectable, pour le livrer à l’aventure créatrice d’une vie tournée vers le service des autres. S’il accepte un canonicat à Reims, il n’entend nullement s’enfermer dans une stalle ; il ne peut se restreindre aux obligations trop réduites de sa charge de théologal : il se fait prédicateur et missionnaire. Mais le corps des chanoines ne l’entend pas de cette oreille ; il s’en tient aux catégories définies clairement par l’usage ou le droit :
Il semble, protestent-ils, que le sieur théologal songe à s’ériger en missionnaire. Mais on soutient que jamais les théologaux n’ont été introduits dans l’Église pour la mission, car sans rien vouloir dire contre un emploi si pieux et si chrétien, un missionnaire est un ecclésiastique qui va catéchiser et confesser par les bourgs, par les villages, mais comment veut-on qu’un homme obligé à la résidence […] aille instruire les peuples de la campagne ?
Forts de la solidité de ce raisonnement qui leur paraît irréfutable, il ne reste aux chanoines qu’à morigéner leur confrère en attribuant ses désirs à une instabilité naturelle : c’est presque le défaut de tous les hommes que d’aimer mieux l’emploi d’autrui que le leur. Tension compréhensible entre deux perspectives, ou plutôt dialogue de sourds entre deux univers et deux expériences ; nous connaissons encore cela. Le point de vue de Roland ne peut plus être celui de ses collègues parce que son point de départ n’est plus le même. Il s’est aventuré déjà hors de l’univers limité où il ne pouvait accepter de s’enfermer. Il a perçu d’autres besoins. Il a compris la nécessité d’une Église missionnaire. Ce qu’il réclame dès lors, c’est la liberté apostolique de trouver un style nouveau pour la vie canoniale elle-même, afin de répondre à des appels nouveaux. La passion d’annoncer l’Évangile confère à cet homme d’ordre la force de questionner sur ce point l’ordre établi, de réclamer et de promouvoir la transformation d’un style de vie, au bénéfice du service missionnaire. [Sur tout cela : Mémoire touchant le règlement faire entre Messieurs du chapitre et le Théologal… - Réponse du Chapitre de Reims au Mémoire présenté à Monseigneur l’Archevêque par le Sieur Roland Théologal… (EA 4). Le débat était aussi d’ordre financier : il manquait au théologal-missionnaire des "jetons de présence" d’assiduité au chœur ! Et les collègues prétendaient récupérer les sommes correspondant à ses absences.] L’ardeur des propos sur le zèle qu’il multipliera pour ses sœurs, s’enracine dans cette expérience personnelle.
Ne pourrait-on parler ensuite d’une conversion de Roland… à la simplicité ? L’épisode qui va être narré ne suffit certes pas à rendre compte de la richesse complexe et unifiée de l’enseignement de Roland sur cette vertu. Il ne lui est cependant pas étranger. Dans l’exercice de son ministère de prédicateur, il perçoit assez rapidement qu’il lui faut changer de langage, transformer son style fleuri qu’il croyait utile à sa réputation. Dans ses premiers sermons, écrit son ami Guillaume Rogier, il est vrai qu’il recourait aux ornements du langage. Mais, poursuit le même témoin, dès la 27e année de son âge, il se dégoûta de cette manière de prêcher et il me dit : “Frère – c’est ainsi qu’il m’appelait –, il faut changer de style et prêcher plus apostoliquement ; et parce que le peuple et les grandes personnes profitent peu des meilleurs sermons, je suis résolu […] de travailler à établir des écoles gratuites pour l’instruction des petites filles”. [Témoignage de M. Guillaume Rogier TC 11, 2.]
Cette conversion à la simplicité d’un langage évangélique plus pur, dépouillé des faux ornements de la sagesse humaine, est liée à la conversion de Roland aux pauvres. Les Remontrances de Demia avaient impressionné son esprit. Mais attentif à la réalité concrète qu’il découvre dans les missions, il se laisse toucher par la vision d’un mal qu’on ne peut assez déplorer ; il (va chercher) toutes les voies pour y remédier. Ce mal, c’est le défaut d’éducation et d’instruction de la jeunesse. Sur cette réalité cette fois expérimentée, Roland porte à la fois le regard réaliste d’un homme qui se laisse remettre en question par la vie, et la vision mystique du péché du monde qui fait pièce à l’amour salvifique de Dieu : Tant de personnes passent, ou pour mieux dire, perdent le temps et l’argent à se parer, nourrir, vêtir, divertir. Cependant “le juste périt” dit le Prophète. [LD 17.]
Sans tergiverser, avec l’élan de celui qui pressent qu’il ne dispose pas de beaucoup de temps devant lui et qu’il lui faut suppléer à la durée par l’intensité, Roland se lance à corps perdu sur cette route pour lui nouvelle, sans respect humain, ni timidité, ni prudence humaine et politique. Il s’engage pour établir des écoles gratuites et surtout pour former des maîtresses d’écoles pour instruire gratuitement. [MV 1, 8, 5.]
Il se consacre tout entier à sa communauté naissante, pourvoit à ses besoins matériels, exige que les maîtresses soient en nombre suffisant afin de ne pas surcharger les classes, veille à assurer la formation pédagogique des Sœurs, leur dresse des Règlements, prend en charge leur conduite spirituelle par la direction personnelle et des conférences et exhortations. Mais comme tout Fondateur, Roland connaît la fragilité des commencements. Ainsi qu’il advient aux créateurs, il fait presque l’unanimité contre lui.
Toute la ville se banda contre lui pour empêcher l’établissement des écoles gratuites, comme si c’eût été un crime de les entreprendre. Le clergé, les Mendiants, le corps de la ville se bandèrent ensemble pour travailler à son renversement. [MV 2, 10, 1.]
Roland avait alors pour lui l’archevêque, et c’était d’autant plus important que cet archevêque s’appelait Charles-Maurice Le Tellier et qu’il était fils et frère de ministres de Louis XIV. Mais les oppositions ne désarment pas. Inquiet de la précarité de son œuvre, il se rend à Paris de décembre 1677 au 7 avril 1678, afin d’obtenir l’approbation légale du roi grâce à l’appui de l’archevêque familier de la cour. Son attente est cette fois déçue : il semble que Le Tellier lui ait retiré sa faveur. Il rentre à Reims, mais il y tombe malade et meurt le 27 avril 1678. Il a confié à Jean-Baptiste de La Salle l’avenir de sa communauté. Quant à lui, il meurt dans l’incertitude sur ce devenir. Entrant dans la Pâque du Christ, il lui a fallu consentir à une ultime conversion à l’abandon dans la nuit.
Je serai bref sur un dernier intérêt que je vois à la présente publication des Œuvres complètes de Roland, et à leur informatisation. Ce n’est pourtant pas le moindre à mes yeux. Mais pour le moment, cet intérêt reste du domaine du rêve. En parlant de Roland, j’ai évoqué, entre autres, Nicolas Barré et Jean-Baptiste de La Salle. En rédigeant cette Introduction, j’ai été frappé par leur extraordinaire parenté. Ce n’est pas un scoop : je le sais bien ! [Pour ne citer que lui, le f. Yves Poutet dans sa thèse magistrale Origines Lasalliennes, t. 1, Période rémoise, 1970, consacre une section (quatre chapitres) aux liens entre les deux fondateurs : Sous la conduite de Roland (p. 535-622).] Entre le minime rouennais, le théologal rémois, le fondateur des Frères des Écoles chrétiennes, les rapports sont de convergence, de communion, voire de paternité et de filiation spirituelle. En évoquant pour finir l’itinéraire de Roland, je me suis souvent surpris à le rapprocher de ceux de son mentor et de son disciple (pour des similitudes… et des différences parfois notables).
Mais pour l’intelligence de chacun de ces trois hommes si proches et si contrastés, pour la compréhension de leurs enseignements respectifs et pour l’actualisation de leur message, un nouveau et incomparable chemin d’entrée dans leurs écrits est désormais accessible, celui de leur vocabulaire : La voie la plus sûre, écrivait le f. Maurice Hermans, à propos de Jean-Baptiste de La Salle, pour introduire le lecteur dans l’œuvre lasallienne est la présentation exhaustive des termes rencontrés dans les divers écrits ou publications qui peuvent se réclamer de lui. [Vocabulaire Lasallien, Volume 1 (Aaron à Contriser). Quelques mots de présentation par le f. Maurice Hermans (1983). Il s’agit d’un travail réalisé "manuellement", entre 1960 et 1980 et désormais périmé depuis l’informatisation du Corpus Lasallien. Mais on doit au f. Maurice Hermans le renouveau des Études lasalliennes depuis 1956.]
Car ce qui se réalise ici pour Roland, l’a été déjà pour Barré et pour Jean-Baptiste de La Salle. L’outil informatique pourrait désormais permettre des recherches comparées de leur vocabulaire : des termes, des expressions, familiers au langage lasallien (parfois des réminiscences de celui de Barré) me venaient à l’esprit en citant des fragments de Roland. [Voir en annexe quelques pistes de recherche.]
Nos Instituts peuvent s’interroger sur leur avenir. Ils ont le droit de ne pas douter de leur raison d’être, dans un monde où les besoins de la jeunesse restent immenses. En dépit du vieillissement, ils poursuivent courageusement et le plus souvent sereinement le renouveau engagé à la suite de Vatican II. Ce renouveau demande d’intensifier l’étude de l’esprit et de l’intention spécifique de nos Fondateurs. [Perfectæ Caritaris, 2.]
À sa place, évidemment modeste et relative, mais réelle, l’outil informatique comparatif ne pourrait-il contribuer à l’approfondissement et à l’amplification de cette connaissance de nos dynamismes originels ?
Michel Sauvage, fsc
Pistes de recherche
Des sondages de vocabulaire comparé entre Roland (R) et Jean-Baptiste de La Salle (JBS), me permettent de suggérer quatre pistes de recherches qui devraient être éclairantes (Une remarque préalable importante : les comparaisons chiffrées entre R et JBS doivent tenir compte de la différence quantitative des corpus respectifs : 179.816 mots chez Roland, 813.058 chez JBS, soit une proportion de 1 à 4,5).
A. - Les auteurs (Groupe Intercongrégation École Française) de : Quelques Maîtres spirituels du XVIIème siècle. Présentation de mots-clefs qui donnent accès à leurs écrits (Paris 1997, 151 p.) ont retenu quarante-sept mots-clefs à travers lesquels les maîtres (de l’École Française du XVIIe siècle : Bérulle, Vincent de Paul, Louise de Marillac, Jean Eudes, Jean-Jacques Olier, Nicolas Barré) ont exprimé l’essentiel de leur expérience chrétienne à la fois spirituelle et missionnaire (Avant-propos). La plupart des termes choisis par ce travail sont utilisés, par Roland et par JBS, en des sens souvent proches des fragments cités pour les auteurs signalés. Il en va ainsi pour : abandon (R-JBS), abaissement-abaisser (JBS), abîme (R-JBS), abjection (R-JBS), abnégation (R), adoration (R-JBS), “affection” (R 22-JBS 316), “amour” (R 190JBS 760 ), amour-propre (R-JBS), anéantissement (néant R-JBS), apôtre(s) (Apôtres, apostolique, apostoliquement R-JBS), application (R-JBS), attrait (R-JBS), “baptême” (R 20-JBS 302), condition (R-JBS), “cœur” (R 188-JBS 986), corruption, corrompu (avec, au féminin, l’emploi pratiquement exclusif ― chez R et chez JBS ― de l’expression nature corrompue : R : LD 19, 4 ; LD 19, 5 ; AM 1, 8 ; U o, 60, 1, 4 ; U o, 63, 2, 1. - JBS : EM 8, 192 ; MD 45, 2 ; MD 60, 2 ; MR 194, 2 ; DA 211, o, 7 ; DA 202, o, 8 ; DA 300, o, 9 ; DA 302, 3, 5 ; I 3, 36 ; cf Vincent de Paul, Jean Eudes op. cit. p. 66), dépouillement (se dépouiller cf Ph. 2 RJBS), édification (R-JBS), élévation (R-JBS), “emploi (s)” (R 105-JBS 203), “employer” (R 55-JBS 208), “état” (R 108-JBS 630 ), “gloire (de Dieu)” (R 98-JBS 303), grandeur (R-JBS), humilité (R-JBS), impression (R-JBS), Incarnation (R-JBS), “monde”, aux trois sens indiqués, op. cit. p. 115, qui sont ceux de saint Jean (R 142-JBS 675), nature (R-JBS), “obéissance” (R 100-JBS 216), pauvreté (pauvres R-JBS), perfection (R-JBS), profession (R-JBS), Royaume (RJBS), servitude (JBS), “vertu” (R 205-JBS 453), victime (R-JBS), “volonté” (cf. “volonté de Dieu” R 63-JBS 354). Les termes entre guillemets sont employés très fréquemment par R et par JBS ― nombres indiqués. Mais une recherche devrait tenir compte des usages multiples de ces mots, et des genres littéraires divers des ouvrages dans lesquels R et surtout JBS les utilisent.
B. - Un petit nombre des quarante-sept mots-clefs retenus par l’ouvrage cité sont absents du vocabulaire de R et de JBS : adhérence, condescen- dance, délaissement (une fois chez R), infusion, protestation ( 6 fois chez JBS). Cela ne signifie pas que les thèmes spirituels correspondant à ces mots soient absents de R ou de JBS. On notera par exemple l’importance chez les deux auteurs des mots : conforme(s) (R 31, JBS 58), se conformer (R 14, JBS 24), conformité [R 6, JBS 12), ayant pour compléments : se conformer, conformité à la volonté de Dieu, mais aussi : à Jésus-Christ, et chez JBS, dans certains cas, être conforme à la fois à Jésus-Christ et aux pauvres.
C. — Sans parler du Saint-Esprit, des termes comme Mystère(s) de Jésus-Christ, Oraison, vue de foi, Présence de Dieu, typiques de nos deux auteurs ne leur sont pas exclusifs. Plus liés à la dimension apostolique chère à R et à JBS, des termes comme enfants (et Enfant-Jésus), ministère, zèle, envoyés, mission, gratuit (gratuité), pauvres, toucher les cœurs… se retrouvent aussi chez nos deux auteurs. On peut remarquer qu’un mot comme dégagement, dégagé que R et JBS emploient au sens spirituel de détachement, liberté spirituelle… est employé par JBS dans ses écrits pédagogiques en un sens différent : il faut faire acquérir à l’écolier de la hardiesse et du dégagement : les deux termes sont toujours employés ensemble dans CE 4, 10 ; 4, 4, 23, 3. On est sur un autre registre que celui du dégagement-détachement. Voir aussi chez R la nuance de sens entre : un grand dégagement des choses temporelles (TC 2, 1) et Les sœurs auront à faire les élections dans un grand dégagement, dans de pures intentions (RV 3, 2 ; 1, 46). Pour terminer cet alinéa, un texte de JBS qui réunit plusieurs des termes évoqués ici : Puisque vous avez l’avantage d’être employés particulièrement à l’instruction des pauvres, vous devez, selon l’esprit de votre Institut, les considérer beaucoup plus que les riches. Vous devez aussi vivre en pauvres et dans un grand dégagement de toutes choses pour avoir quelque conformité avec eux (MF 143.2).
D. — L’étude de B. Pitaud : La simplicité chez Nicolas Roland, peut suggérer une recherche comparative plus précise sur ce thème. Les indications chiffrées donnent à entendre qu’elle est possible, et un sondage rapide des emplois chez JBS donne à penser que la comparaison pourrait être fructueuse : Simple(s), 30 emplois chez R, 93 chez JBS ; simplement, 9 chez R, 46 chez JBS ; simplicité, 46 chez R, 46 chez JBS.
Michel Sauvage, fsc
Bibliographie sur Nicolas Roland
modifier(Biographies, études sur son œuvre, en ordre chronologique)
— A. Hannesse, Vie de Nicolas Roland… Suivie de l’histoire de cette Congrégation jusqu’en 1888, Reims, 1888, 554 p.
— Georges Rigault, Histoire générale de l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes, t. 1, Paris, Plon, 1937, p. 197-231.
— Gaétan Bernoville, Un précurseur de Saint Jean-Baptiste de La Salle. Nicolas Roland, fondateur de la Congrégation du Saint-Enfant Jésus de Reims, Paris, 1950, 248 p.
Un précurseur méconnu. Monsieur le Chanoine Roland Fondateur de la Congrégation des Sœurs du Saint-Enfant Jésus de Reims (1642-1678). Préface de Monseigneur J. Leflon, Membre de l’Institut, Reims 1963, 212 p.
— Yves Poutet, fsc, Le XVIIe Siècle et les origines lasalliennes, t. 1. La période rémoise. Sous la conduite de Nicolas Roland, Rennes, 1970, p. 535-622.
— Léon de Marie Aroz, fsc, Nicolas Roland, Jean-Baptiste de La Salle et les Sœurs de l’Enfant-Jésus de Reims, dans Cahiers Lasalliens 38, Rome, 1972, 392 p.
— Émile Rideau, sj, Nicolas Roland, Paris 1976, 124 p.
— Michel Sauvage, fsc, Tricentenaire de la mort de Nicolas Roland. Conférence sur l’itinéraire et l’enseignement spirituels comparés de Nicolas Roland et de Jean-Baptiste de La Salle (Pro manuscripto). Sœurs de l’Enfant-Jésus de Reims, 1978, 16 p.
— Positio (du procès de béatification et canonisation de Nicolas Roland) : Positio super scriptis (Vatican 1981) ; Yves Poutet, fsc, Positio super virtutibus (1986).
— Michel Sauvage, fsc, art. Roland, Dictionnaire de Spiritualité, t. 13 (1988) c. 886-894.
— Colloque à l’occasion du 350e anniversaire de sa naissance (de Nicolas Roland), Samedi 20 mars 1993 chez les sœurs de l’Enfant-Jésus de Reims :
Jean François Pernot, Professeur la Faculté de Reims, Le 17ème siècle et sa spiritualité en France et à Reims, p. 3-14.
Père Jean Goy, Archiviste de l’Archevêché de Reims, La vie de Nicolas Roland, p. 15-27.
Père Raymond Deville, Supérieur Général des Prêtres de Saint-Sulpice, La spiritualité de Nicolas Roland, p. 29-39.
Mgr Jean Balland, Archevêque de Reims, Actualité de Nicolas Roland, p. 41-46.
— Pour une vie apostolique à la lumière du Verbe Incarné, Editions du Signe, Strasbourg 25 mai 1994, 24 p.
— Discours du Pape Jean-Paul II — Béatification de Nicolas Roland, 16 octobre 1994.
— Le Bienheureux Nicolas Roland, présenté par Monseigneur Jean Balland (1991-1995) - Divers textes de l’Archevêque de Reims, recueillis à l’occasion de la béatification de Nicolas Roland, 16 octobre 1994, 108 p.
— Père B. Pitaud, pss, La simplicité chez Nicolas Roland et les sœurs du Saint-Enfant Jésus, dans Lasalliana, 1998.
Avertissement
modifierLe recueil présenté ici est constitué de 4 types de textes :
1. Les Écrits de Nicolas Roland
2. Les Témoignages sur Nicolas Roland
3. Les Règles et Constitutions de la Congrégation des Sœurs du Saint-Enfant Jésus de Reims
4. Le Décret de béatification de Nicolas Roland, du 16 octobre 1994
La présente édition reflète le texte établi pour l’édition électronique associée au logiciel de recherche "Heuriciel" du Centre Informatique et Bible de Maredsous. Sans prétendre au statut d’édition critique, elle reproduit le texte des éditions et manuscrits les plus fiables : pour les Écrits et Témoignages, l’ouvrage de J. Leflon Un précurseur méconnu, Monsieur le Chanoine Roland, Fondateur de la Congrégation des Sœurs du Saint-Enfant Jésus de Reims, 1642-1678, Reims, 1963 ; pour les Règles et Constitutions, les copies anciennes conservées dans les Archives de la Congrégation et l’édition moderne de la "Règle de Vie" (1979).
L’enregistrement reproduit intégralement les sources à l’exception des préfaces et des introductions non originales.
Les numéros de pages des sources manuscrites sont indiqués entre parenthèses.
L’orthographe et la ponctuation des textes en français ancien ont été systématiquement modernisées. Les abréviations ont été explicitées autant que possible.
La diversité typographique des sources a été uniformisée.
Comme pour l’édition électronique, un système de référenciation uniforme à trois niveaux a été établi pour chaque document. Ces trois niveaux varient évidemment en fonction des subdivisions présentées par le document concerné (voir ci-dessous p. 28). Cependant, tous les titres des subdivisions contenues dans les sources ont été enregistrés, même si ces divisions ne provoquent pas de rupture dans la référenciation informatique.
Dans la présente édition, cette référenciation apparaît dans la marge gauche du texte, accompagnée du sigle du document (voir ci-dessous p. 30). Pour éviter toute équivoque, chacun des trois niveaux de référenciation est toujours représenté dans la référence, éventuellement par un zéro lorsqu’un niveau reste inutilisé. Cependant, le zéro n’apparaît pas lorsqu’il vient en fin de référence.
Les lettres capitales à l’intérieur de la référence indiquent que le passage se trouve : dans un Sommaire ou titre développé (S), dans une Introduction (I) ou dans le Texte proprement dit (T).
Les notes, peu nombreuses, viennent directement à la suite du mot concerné, entre crochets et en caractères plus petits sans indication de la référence. Deux notes trop longues (EA4N2 : ss. et TC14N1 : ss.) ont été transformées en annexes du document concerné (EA 4 et TC 14). La référenciation de ces notes est donc ici différente de celle présentée dans l’Heuriciel.
Centre Informatique et Bible, Maredsous
Liste des Écrits
modifierOn trouvera ci-dessous la liste des écrits repris dans le présent recueil consacré à Nicolas Roland, dans leur ordre de présentation. Pour chaque document, on signale son sigle, le texte de référence (source) ainsi que les divisions et subdivisions reprises dans la référenciation standardisée à trois niveaux.
1. Écrits de Nicolas Roland
modifierÉcrits autographes (EA)
source : J. Leflon, Un précurseur méconnu, Monsieur le Chanoine Roland, Reims, 1963, p. 3-18
structure : écrit, paragraphe
Lettres de direction (LD)
source : J. Leflon, id., p. 19-54
structure : lettre, paragraphe
Avis et Maximes (AM)
source : J. Leflon, id., p. 55-96
structure : écrit, numéro, paragraphe
Petit traité des vertus (TV)
source : J. Leflon, id., p. 98-108
structure : chapitre, paragraphe
Première conférence (PC)
source : J. Leflon, id., p. 109-112
structure : document, paragraphe
2. Témoignages
modifierTémoignages des contemporains (TC)
source : J. Leflon, id., p. 115-148
structure : témoignage, paragraphe
Mémoires sur la vie et les vertus (MV)
source : J. Leflon, id., p. 149-211
structure : mémoire, chapitre, paragraphe
3. Règles et Constitutions de la Congrégation du Saint-Enfant Jésus
modifierConstitutions de 1683 (C)
source : copie ancienne (photo) et copie dactylographiée
structure : chapitre, article, paragraphe
Usages de 1689 (U)
source : copie ancienne (photo) et copie dactylographiée
structure : chapitre, article, paragraphe
Règle de Vie (RV)
source : édition de 1979 : les textes "constitutionnels" avec introduction, approbation, table des matières… mais à l’exclusion des commentaires portés en page de gauche de la Règle de vie ; un renvoi en note signale la référence de ce commentaire dans les écrits de Nicolas Roland.
structure : document, chapitre ("livre"), article (chaque partie a été traitée comme un document séparé, pour intégrer une numérotation complexe et significative).
4. Décret de Béatification (DB)
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Table alphabétique des sigles
(accompagnés des niveaux de référenciation)
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AM Avis et Maximes (écrit, numéro, paragraphe)
C Constitutions de 1683 (chapitre, article, paragraphe)
DB Décret de Béatification
EA Écrits autographes (écrit, paragraphe)
LD Lettres de Direction (lettre, paragraphe)
MV Mémoires sur la vie et les vertus (écrit, numéro, paragraphe)
PC Première Conférence (document, paragraphe)
RV Règle de Vie (document, chapitre, ("livre"), article)
TC Témoignages de Contemporains (témoignage, paragraphe)
TV Traité des Vertus (chapitre, paragraphe)
U Usages de 1689 (chapitre, article, paragraphe)
= Écrits autographes (EA) =
Les autographes
modifier[L’édition de J. Leflon reproduit le texte de manuscrits anciens, jusqu’à présent inédits, dont l’orthographe et la mauvaise ponctuation du temps ont été respectées, afin de leur conserver leur cachet d’ancienneté et d’authenticité. Exception cependant a été faite pour les "Lettres", ms. 5 A, comme il est dit plus loin à la présentation des "Lettres". Dans la présente édition comme dans l’édition électronique, l’orthographe et la ponctuation des textes en français ancien ont été systématiquement modernisées.]
EA,1S
Fragment d’une Lettre de Monsieur Nicolas Roland, Théologal, à son oncle Monsieur le Chantre le Chanoine Jean Roland
modifier[Dans l’édition de J. Leflon, les mots en abrégé du texte original sont transcrits en italiques. Dans la présente édition comme dans l’édition électronique, les abréviations sont explicitées si leur interprétation est certaine et univoque.]
EA,1T1
[…] on peut encore, si cela était nécessaire, s’obliger à les appeler pour qu’ils soient juges des effets que je donnerai pour les 20.000 l., et si ma garantie n’était par eux estimée suffisante, je crois que ma mère voudrait bien être ma caution tant pour ces 20.000 l. que pour la donation des Srs Blondel.C’est cependant ce qu’il ne faut offrir que dans la nécessité et après avoir su si elle le voudra bien.
Je reviens actuellement de chez Mgr qui ne prétend pas qu’on m’oblige à mettre en fonds les 40.000 l. mais seulement qu’on les fournisse tant dans les espèces portées dans les deux donations du Sr Favreau et des Srs Blondel qu’en bons contrats et autre bien de bonne nature pour les 20.000 l. que je dois fournir. Il m’a ajouté que, si on me faisait des difficultés là-dessus, il saurait bien les mettre à la raison de bonne grâce ; ce sont ses termes dont vous userez selon votre prudence. S’ils trouvaient le terme de trois mois trop long, vous pourrez l’accourcir, même mettre dans l’acte incessamment après la consommation de l’établissement par la vérification au Parlement. C’est ainsi que je viens de le faire mettre dans la procuration. Je crois que vous savez que dans la somme de 20.000 l. que je m’offre de donner, il y en a 6.000 l. que donne ma mère par une donation à part, celle que j’ai faite ne portant que la maison, la chapelle et 14.000 l. Ainsi ces Messieurs ont déjà ma mère pour caution de 6.000 l., la fourniture desquelles vous pourrez cependant m’obliger aussi bien qu’à celle de 14.000 l. comme il est porté par la procuration. Des personnes de qualité ont encore parlé depuis deux jours à Mr Favre et il me paraît très bien intentionné. Je crois que voilà à peu près toutes choses aplanies. J’attends aujourd’hui de vos lettres et de ces Messieurs auxquelles je répondrai demain. Je me dispose de loin à vous faire une lettre de compliment et de remerciement dans les formes. Cependant je demeure de tout mon cœur
Monsieur et très honoré oncle
Votre très humble et très obéissant
serviteur N. Roland.
EA, 1T2
Vous pourrez tirer de Mr Dallier, notaire, les copies des 3 donations de ma mère, des Srs Blondel et de la mienne si vous en avez besoin, comme aussi les faire insinuer s’il est nécessaire ; celle de Mr Favreau est chez Mr Lepicier, notaire, elle est insinuée dans le temps. Le contrat d’acquisition de la maison de Landeve est chez Mr Dallier, notaire, du mois de décembre 1670.
EA, 2S
Fragment d’une Lettre authentique de Monsieur le Chanoine Roland adressée à son oncle, Jean Roland, Chanoine et Chantre
EA, 2T1
Je prie Monsieur le Chantre de me vouloir procurer réponse de la ville le plus tôt qu’il se pourra ou à Mgr qui s’attend qu’on lui fera de vouloir donner les éclaircissements que pourraient demander ces Messieurs, et de me faire savoir quels seront les obstacles et la manière de les lever. Une des choses qui pourraient arrêter sera le nombre des filles, dans lequel il ne faut point entrer que le gros du conseil ne s’objecte pour ce nombre. J’impose à ces filles une charge qui demande vingt filles actuellement employées dans les écoles, une maîtresse ne pouvant bien enseigner que cinquante enfants. Outre ces vingt, il faut trois ou quatre filles pour les conduire : une supérieure, une assistante, une économe. Il faut de plus des novices qu’on rend capables de succéder aux anciennes. Il faut encore que quelques unes se reposent, étant difficile de faire cet emploi toute la vie sans discontinuation. Il en faut encore compter, dans la suite du temps, un bon nombre d’infirmes, n’y ayant rien qui ruine tant la santé des filles qu’une semblable occupation, qui demande qu’on parle continuellement. Or on ne doit pas astreindre des filles à enseigner par toute la ville, toutes celles qui se présenteront, qu’on ne leur accorde de pouvoir recevoir un nombre de maîtresses suffisant pour s’en pouvoir acquitter avec facilité et persévérance. Si on objecte qu’on a fait cela avec un moindre nombre jusqu’à présent, on peut repoudre que c’est cela même qui fait connaître qu’on ne peut continuer parce que le trop de travail a déjà ruiné la santé de la plupart de ces Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/31 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/32 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/33 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/34 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/35 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/36 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/37 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/38 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/39 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/40 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/41 raison. Il connaît bien que les prédications continuelles épuisent un prédicateur, et qu’il ne peut remplir l’épuisement de son esprit que par un commerce continuel avec les bons livres. Que si, au lieu d’étudier, il court les champs, de quoi pourra-t-il utilement entretenir le public ? Et ses discours seront vides de choses aussi bien que sa mémoire, et il ne montera plus en chaire que pour faire perdre une heure de temps à ses auditeurs. Le Chapitre invite donc le Sr Théologal à se faire justice à lui-même et à employer selon l’intention des Canons les talents que Dieu lui a départis. Assurément, il ne peut se partager en tant d’occupations différentes, orphelins, filles dévotes, Missions, sans diminuer beaucoup du temps qu’en conscience il est obligé de donner à son emploi de Théologal.
Cependant, si Monseigneur l’Archevêque, dont les lumières sont sans doute plus grandes que celles du Chapitre, trouvait à propos de se servir du Sr Théologal dans ses Missions, en ce cas, qu’il ait la bonté, s’il lui plaît, de faire savoir au Chapitre comment il souhaite qu’il en use pour le Sr Théologal, et le Chapitre suivra avec respect ses intentions.
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Vos péchés passés, vos infidélités présentes, votre peu de talent et capacité dans votre emploi, toutes ces choses, dis-je, vous doivent servir à vous rendre vile à vos yeux, et pour cela, ne laissez point échapper d’action soit haute soit basse que vous ne les fassiez dans un esprit d’anéantissement de vous-même. Considérez avec attention votre incapacité, (p. 68) ce que vous pouvez faire sans l’aide de Dieu, ce que vous avez fait quand il vous a abandonnée à vous-même, et qu’est-ce que vous pouvez recueillir de votre fond. À l’égard des créatures, tenez pour suspectes toutes les paroles dites à votre louange, et pour votre approbation. Prenez-les comme des purs châtiments de vos péchés, et vous en humiliez devant Dieu ; ne vous produisez que par charité et obéissance, surtout à des emplois où il y a de l’éclat. Croyez-vous toujours capable d’empêcher la gloire de Dieu. Regardez-vous comme un vil instrument dans la main de Dieu, de quoi il daigne se servir, et peut-être les plus belles de vos actions sont (p. 69) en abomination devant lui, et que toutes les actions que vous faites ne lui sont agréables qu’autant qu’elles sont faites dans un plus grand anéantissement de vous-même. Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/99 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/100 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/101 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/102 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/103 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/104 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/105 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/106 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/107 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/108 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/109 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/110 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/111 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/112 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/113 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/114 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/115 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/116 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/117 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/118 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/119 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/120 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/121 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/122 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/123 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/124 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/125 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/126 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/127 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/128 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/129 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/130 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/131 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/132 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/133 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/134 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/135 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/136 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/137 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/138 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/139 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/140 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/141 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/142 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/143 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/144 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/145 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/146 tes par le feu sont ineffaçables, de même toutes les actions qu’il produisait, sortant et émanant du brasier qu’il cachait dans son cœur, portaient avec elles un caractère de feu qui s’imprimait dans mon esprit avec tant de profondeur qu’il m’est impossible d’en perdre le souvenir.
Quoique j’aie souvent prié pour le repos de son âme, c’était plutôt par un devoir de reconnaissance que par la persuasion du besoin que je crusse qu’il en eût ; au contraire, j’ai toujours été très convaincu de la sainteté de son âme et je ne doute pas que, quoiqu’il ait été ôté de bonne heure, il n’ait acquis la perfection des personnes les plus consommées en mérites. Si donc il a plu à la divine Majesté de le retirer de ce monde, c’est que son âme lui était si agréable qu’elle a jugé à propos d’anticiper le temps destiné à sa mort, afin de se l’unir plus parfaitement et plus inséparablement. Priez Dieu que je sois un fidèle imitateur des vertus de feu Monsieur Roland, comme je le prie de tout mon cœur de conserver dans votre sainte maison son esprit et le feu tout divin qu’il a allumé si avantageusement.
Je suis avec respect…
TC,4T
Lettre d’une personne de piété engagée dans le monde, sous la conduite de Monsieur Roland : de Mlle Tausière
Monsieur le Théologal portait beaucoup à la mortification intérieure et extérieure, particulièrement à la mort du jugement et de la volonté et des sentiments propres ; c’était assez qu’il connût que l’on avait de l’inclination à quelque chose, tant spirituelle que temporelle, pour ne point permettre de la posséder ; il voulait qu’on ne manquât jamais à l’oraison mentale, et quand on y avait manqué une fois, il la faisait faire deux fois le lendemain ; cela s’entend quand c’était par sa faute ; que l’on s’appliquât (p. 7) à avoir Dieu présent en toutes ses actions et affaires domestiques. J’ai remarqué que les personnes qui voulaient servir Dieu, il les faisait lire tous les quarts d’heure un verset dans l’imitation de Jésus-Christ, parmi les emplois journaliers ; quand on avait parlé dans l’église, il donnait par pénitence de se tenir à la porte et de lécher le pavé avec la langue pour faire amende honorable à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et se tenir comme une criminelle qui ne méritait pas d’entrer plus avant. Quand on avait dit quelque parole un peu trop rude, ou quelqu’autre parole qui faisait peine à quelqu’un, il voulait qu’on s’en humiliât devant la même personne, et quand on y avait manqué, il le faisait faire deux fois. Quand on avait dit quelque parole qui blessait la Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/148 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/149 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/150 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/151 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/152 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/153 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/154 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/155 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/156 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/157 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/158 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/159 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/160 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/161 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/162 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/163 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/164 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/165 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/166 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/167 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/168 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/169 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/170 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/171 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/172 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/173 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/174 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/175 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/176 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/177 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/178 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/179 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/180 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/181 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/182 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/183 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/184 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/185 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/186 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/187 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/188 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/189 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/190 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/191 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/192 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/193 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/194 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/195 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/196 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/197 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/198 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/199 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/200 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/201 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/202 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/203 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/204 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/205 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/206 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/207 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/208 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/209 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/210 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/211 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/212 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/213 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/214 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/215 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/216 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/217 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/218 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/219 génieux à se faire souffrir et à mortifier ses sens. Un jour qu’il était dans le bois de Baslieu, avec un assez grand nombre de personnes de piété, où il se faisait une assemblée, chacun étant fort incommodé de guêpes et autres sortes de mouches, lesquelles étaient en si grand nombre, qu’on ne pouvait les supporter ; il n’y eut que ce Serviteur de Dieu qui ne changeât pas de place ; il se laissait tourmenter par ces animaux, comme s’il eût été mort, et cela un très long espace de temps : ce qui donna de l’admiration, voyant qu’il se servait adroitement de tout pour se mortifier et souffrir.
Quoique, depuis sa conversion, il avait pratiqué excellemment la vertu de pauvreté, néanmoins quelque temps avant sa mort, il les pratiqua encore dans un degré plus éminent ; car après s’être défait de ses meubles, il passa plus avant, et on lui vit faire une plus exacte recherche dans tous les endroits de sa maison, et il n’y eut pas jusqu’à une image de papier, ni une sentence, qu’il ne s’en voulût défaire, aussi bien que de l’argent qu’il possédait.
Pour la dépense de sa maison, il trouva le moyen de satisfaire son désir qui était de vivre en pauvre prêtre ; car il fit les Sœurs de sa Communauté (p. 63) ses intendantes, lesquelles lui apportaient à manger pour lui et pour son petit séminaire ; et lorsque lesdites Sœurs, faute de pourvoir aux heures, aux choses nécessaires, ils attendaient avec lui en patience, en sorte que lorsqu’on leur portait leurs portions, on les trouvait et principalement M. le Théologal, qui attendaient après leur examen ; il allait au-devant, et recevait avec respect et en grand silence ce qu’on apportait ; c’est ce que lesdites Sœurs ont rapporté plusieurs fois avec grande confusion d’elles-mêmes de l’avoir fait attendre.
Je dirai encore sur la haine qu’il se portait à lui-même, qu’il se servait de toutes les occasions que la divine Providence lui fournissait pour mortifier ses sens, ne se plaignant jamais de ce qui ne regardait que sa personne. Il me souvient à ce propos que, comme il était obligé de prendre quelque chose en chaire lorsqu’il prêchait, à cause qu’il avait les poumons tout desséchés, on lui donna un jour à boire de l’eau qui sentait mauvais, à raison que le vaisseau était empuanti ; il la prit et n’en fit pas un mot de plainte, quoique cela l’incommodât notablement. La personne qui lui présenta ayant ressenti cette mauvaise odeur, lui en fit ses excuses, mais il lui dit qu’il n’y avait point de mal ; on a remarqué que de semblables petits accidents lui arrivaient souvent, cet homme de Dieu en savait faire son profit ; c’était dans de pareilles occasions qu’il disait Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/221 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/222 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/223 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/224 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/225 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/226 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/227 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/228 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/229 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/230 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/231 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/232 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/233 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/234 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/235 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/236 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/237 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/238 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/239 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/240 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/241 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/242 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/243 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/244 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/245 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/246 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/247 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/248 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/249 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/250 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/251 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/252 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/253 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/254 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/255 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/256 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/257 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/258 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/259 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/260 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/261 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/262 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/263 qui est le temps auquel les maîtresses d’école qui sont dans les différents quartiers de la ville reviendront à la maison. A cinq heures, on fera la lecture spirituelle, et on se préparera pour la seconde oraison.
C,0T7,6
6. - On la sonnera à cinq heures et demie et elle durera jusqu’à six heures ; on lira le sujet de la méditation dans un livre, comme le matin ; toute la Communauté y assistera ; après l’oraison, on entrera au réfectoire, et la récréation suivra pendant une heure.
C,0T7,7
7. - On sonnera le silence à sept heures et demie pour fore le catéchisme jusqu’à huit heures, excepté les dimanches et les jours de congé, que l’on n’en fera point ; auxquels jours, on se récréera jusqu’à huit heures. Et, à huit heures, on sonnera l’obéissance où toutes les Sœurs se rencontreront. Les novices seront dans un endroit séparé de la Communauté, sous la conduite de la Maîtresse de probation. On fera (p. 34) ensuite les prières vocales du soir et l’examen de conscience jusqu’à huit heures et demie.
C,0T7,8
8. - A huit heures et demie, chaque Sœur se retirera dans sa chambre pour y faire une demi-heure de lecture spirituelle, après laquelle elles se coucheront à neuf heures précises, sans qu’il soit permis à aucune Sœur de veiller plus tard sans une permission expresse de la Supérieure.
C,0T7,9
9. - Les jours de fête et dimanches, on commencera le catéchisme à une heure jusqu’à deux. Et ensuite on fera une instruction pour les femmes et pour les grandes filles, l’espace d’une heure. A trois heures et demie, on dira Vêpres, et on suivra, pour tous les autres exercices, le règlement marqué ci-dessus pour les jours de la semaine.
Donné à Reims, dans notre palais archiépiscopal, le douzième jour de novembre 1683.
Signé : Charles Maurice
Archevêque Duc de Reims Usages de 1689 (U)
Usages de 1689
modifier
U,oT
(p. 1)
Usage des Exercices de la Communauté des Filles du Saint-Enfant Jésus, établie à Reims.
modifierAvertissement.
1. Il est à remarquer que ce Manuscrit est dressé en forme de Règlement ou d’Usage de tous les Exercices de la Communauté, pour suppléer à ce qui n’est pas entièrement marqué dans les Constitutions, et pour l’utilité et facilité des Sœurs ; comme aussi pour conserver les premières Coutumes, et éviter le relâchement ou le changement qui se pourrait glisser dans la suite contre le premier esprit de la Maison.
2. Que les choses suffisamment expliquées dans les Constitutions ne sont point ici marquées, mais seulement ce qui est nécessaire pour expliquer plus clairement celles qui ne le sont pas d’une manière assez étendue, (p. 2) et dans lesquelles l’expérience a fait appréhender qu’on y ajoutât quelques choses dans la suite des temps qui ne fussent pas de 1’ esprit des Constitutions, mais pour y insérer celles qui serviront au contraire à l’entretenir.
Le tout soit à la gloire du Saint Enfant Jésus.
U,0T1
(p. 3)
Chapitre premier.
U,0T1,1
Des fins et de l'esprit de cette Communauté.
Cette Communauté est un composé de filles et de veuves unies ensemble, par par un désir sincère de se consacrer au service de Dieu et du prochain, en conformant leur vie, autant que l’infirmité de leur sexe le peut permettre, à la vie et à la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et aux saintes pratiques des saintes filles et veuves fidèles qui vivaient en société dès les premiers siècles de l’Église, et s’appliquaient aux exercices de piété pour se rendre dignes du nom auguste de chrétiennes, dom elles avaient été honorées dans le baptême.
Comme toute la vie du Fils de Dieu sur la terre a été un exercice continuel d’une très pure et très ardente charité dont il était rempli, cette Communauté la regardera comme l’esprit qui doit toujours l’animer. Et parce que cette vertu unissait Notre-Seigneur très intimement à Dieu son Père, et lui donnait un parfait amour pour lui, elle lui donnait en même temps un désir ardent du salut des hommes et le faisait travailler infatigablement à les sauver, jusqu’à donner sa vie pour eux.
Nicolas Roland
Cette Communauté se propose particulièrement d’imiter ces deux effets de la charité de Jésus-Christ, d’avoir un grand amour pour Dieu, et une ardente charité pour le prochain, (p. 4) et on doit s’y appliquer sur toutes choses, à aimer Dieu d’un amour sincère et véritable, et à donner au prochain des marques d’une charité véritablement chrétienne, en contribuant à son salut autant qu’il est permis, selon les Règles de l’Église.
Pour pratiquer la charité envers Dieu, les Sœurs se sont proposé, préférablement à toutes choses, de s’acquitter avec fidélité et exactitude, et par le motif de cette vertu divine, des obligations du Christianisme contractées par le baptême, en observant les commandements de Dieu, les Règles de l’Église, communes à tous les fidèles, et les maximes de l’Évangile conformes à leur état.
U,01’1,2
Pour pratiquer la charité envers le prochain, elles s’emploieront à enseigner aux personnes de leur sexe le catéchisme, les maximes du Christianisme, la lecture et l’écriture.
Elles prendront aussi le soin de la nourriture, entretien et éducation de trente pauvres enfants orphelins de l’un et de l’autre sexe, natifs de la ville de Reims, au-dessus de l’âge de trois ans, et leur apprendront les vérités chrétiennes, les choses nécessaires à leur salut, la lecture et l’écriture à ceux qui en seront capables.
Elles recevront de plus dans leur maison les maîtresses d’écoles qui désireront éprouver leur vocation, et se former dans cet emploi.
Elles se sont mises particulièrement sous la protection du Verbe Incarné, et elles se proposent de l’honorer principalement dans sa sainte Enfance. Ce n’est pas qu’elles ne doivent avoir une très grande dévotion pour les autres Mystères ; mais elles auront une dévotion particulière à celui-ci ; tant parce que (p. 5) Jésus-Christ nous y a donné des exemples de toutes les vertus chrétiennes, que pour s’exciter au zèle qu’elles doivent avoir pour l’instruction des enfants, en considérant que le Fils de Dieu a bien voulu, pour l’ amour d’elles, se réduire à cet état de l’ enfance.
Elles vivront en commun sous l’autorité et juridiction de Monseigneur l’Archevêque, et sous la conduite immédiate d’un Supérieur et d’une Supérieure.
Cette Communauté estime et respecte la vie et profession religieuse ; elle croit qu’on peut servir Dieu, et l’honorer en se consacrant à lui dans Usages de 1689
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les cloîtres. Cependant comme elle est établie pour l’instruction des pauvres filles dans les différents quartiers de la ville, et dans les endroits où il plaira aux Supérieurs d’envoyer les Sœurs, elles croient qu’il serait entièrement opposé à leur Institut et Constitutions d’y introduire la clôture, ou tel autre usage que ce soit qui les mettent hors d’état de vaquer aux emplois pour lesquels elles sont établies. U,0T2
Chapitre Deuxième.
Des élections en général.
U,0T2,1
L’on peut dire qu’il est de si grande conséquence aux Communautés de faire de bonnes élections, que les fautes qu’on y (p. 6) commet sont quasi irréparables, et sont souvent cause de la ruine totale des Communautés ; c’est ce qui doit obliger toutes les Sœurs à ne procéder jamais aux élections qu’elles auront à faire que dans un grand dégagement, dans de pures intentions et un parfait éloignement de tout ce qui regarde la chair et le sang, n’y envisageant point leur bien particulier au préjudice de celui de la Communauté.
Elles doivent, sans attendre que la Supérieure leur commande de prier pour ce sujet, beaucoup recommander l’affaire à Dieu, et le supplier de leur donner son Esprit, pour choisir ceux ou celles qui sont le plus selon son cœur.
Après avoir beaucoup prié, elles doivent donner leur voix à ceux ou à celles qu’elles croient en conscience les plus capables de remplir cette charge et de conserver l’esprit de la Communauté dans sa pureté.
Les élections se feront de trois en trois ans, entre la fête de Saint Matthieu et la Saint Luc.
Depuis des années, les vacances et les élections sont au mois d’août.
Pour que les élections soient bonnes et selon Dieu, il faut qu’elles se fassent sans brigues, ni contentions ; que les Sœurs ne se communiquent point leurs sentiments ; mais qu’elles prient beaucoup pour demander à Dieu son Esprit pour n’agir que par lui.
(p. 7) Afin d’empêcher les brigues et les cabales sur les élections, il est défendu aux Sœurs de parler jamais, ni en public dans les récréations, ou ailleurs, ni en secret et en particulier de ce qu’elles ont dessein de faire ; mais chacune ayant examiné devant Dieu ce qu’elle croira plus avantageux pour sa gloire et pour le bien de la Communauté, elle donnera son suffrage, sans découvrir sa pensée a personne.
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U,0T3
Nicolas Roland
Chapitre Troisième.
De l’élection du Supérieur.
U,0T3,1
La Supérieure ordonnera à la Communauté des prières pour cette élection ; elle avertira en particulier les Conseillères de demander à Dieu la pureté d’intention, et les autres grâces nécessaires pour faire un bon choix.
La Supérieure assemblera les Conseillères, et leur nommera quelques ecclésiastiques de la qualité requise, avec liberté néanmoins de lui en proposer d’autres, et leur donnera encore du temps pour y faire les réflexions nécessaires, et recommander l’affaire à Dieu.
La veille ou avant-veille de l’ élection, les ayant rassemblées elles opineront l’une après l’autre de vive voix, la Supérieure prendra les avis et opinera la dernière (p. 8), et les trois ecclésiastiques qui auront la pluralité des voix seront arrêtés pour être proposés à la Communauté.
Si, pour quelques circonstances, l’élection se faisait dans un autre temps que celui des vacances, on avertira les Sœurs qui sont à la campagne du jour de l’élection pour se rendre à la maison, si elles en ont la commodité ; ou si elles ne peuvent venir, et que l'élection se puisse différer jusqu’à ce qu’on ait reçu de leurs nouvelles, on leur enverra les noms des trois ecclésiastiques, afin qu’elles en renvoient un, cacheté, qui sera mis dans le scrutin lorsqu’ on fera !.’ élection ; la Supérieure conservera les suffrages des Sœurs absentes cachetés jusqu’au jour de l’ élection, lequel étant venu, elle coupera le cachet devant la Communauté et mettra les billets sans les ouvrir dans le scrutin ; et afin qu’on ne puisse pas distinguer les billets des Sœurs absentes de ceux des Sœurs présentes, on aura soin de leur envoyer pliés de manière que, le cachet étant rompu, ils soient semblables aux autres.
U,0T3,2
Quelques jours auparavant celui que la Supérieure aura choisi pour l’élection, elle assemblera la Communauté pour lui déclarer les trois ecclésiastiques choisis par elle et ses Conseillères, comme les plus propres pour remplir la charge de leur Supérieur. Et le jour étant venu, toutes les Sœurs ayant ouï la Sainte Messe, qui se dira pour ce sujet, (p. 9) et ayant communié, la Supérieure les rassemblera pour procéder à l’ élection ; elle commencera le Veni Creator, qui sera continué par toutes les Sœurs de chœur en chœur, et dira le verset et l’oraison Deus qui corda etc.
Puis ayant donné les avis qu’elle jugera nécessaires, elle fera distribuer à chacune des Vocales des billets contenant les noms des trois ecclésiastiques qu’elle leur aura proposés ; elle mettra la première son billet dans la boîte qui sera sur la table devant elle, et ensuite toutes les Sœurs, chacune en son rang de réception. S’il y en a quelques unes de malades à l’infirmerie en état de donner leur voix, les Conseillères leur porteront les billets et la boîte pour donner leur voix.
Tous les billets étant mis, la Supérieure ouvrira la boîte en présence des Conseillères, et comptera les billets aussi en leur présence : que s’il ne se trouvait pas dans la boîte autant de billets que de Sœurs Vocales en état de donner leur voix, on distribuera des billets aux Sœurs et on recommencera jusqu’à ce que le nombre soit complet. Toutes les Sœurs ayant donné leur suffrage, la Supérieure, en présence des dites Conseillères,
U,0T3,3
ouvrira les billets et fera marquer le nombre des voix que chacun des ecclésiastiques proposés aura ;
et si un des ecclésiastiques proposés a plus de la moitié des (p. 10) suffrages des Sœurs Vocales, il sera élu, sinon on recommencera jusqu’à trois fois à colliger les suffrages des Sœurs présentes à la Communauté, et si, la 3ème fois, il se trouvait que pas un des ecclésiastiques proposés n’ait pas plus de la moitié des suffrages des Sœurs qui seraient pour lors à la Communauté, alors la Supérieure dira à la Communauté qui sont les deux des trois qui ont le plus de suffrages ; ou s’il arrivait que tous trois en aient également, de l’avis des Sœurs Conseillères, elle en nommera deux qu’elle croira en conscience les plus propres, et pour lors les Sœurs ne donneront plus leurs suffrages qu’à l’un ou l’autre des deux ; et celui qui se trouvera en avoir le plus sera élu. Que si les suffrages étaient partagés, et qu’ils en eussent tous deux également, on fera trois scrutins, jusqu’à ce qu’il y en ait un qui ait le plus de voix, ou si après le troisième scrutin, les suffrages demeuraient toujours également partagés, alors la Supérieure, prenant l’avis des Conseillères, choisira, à la pluralité du Conseil, celui des deux qu’elle et les Sœurs Conseillères croiront en conscience plus propre pour la Communauté ; le tout cependant sous le bon plaisir de Monseigneur l’Archevêque, à qui, ou à quelqu’un de Messieurs ses Vicaires Généraux, la Supérieure portera l’acte d’élection de telle manière qu’elle se soit (p.11) faite, afin d’avoir son approbation, ou celle de Messieurs les Grands Vicaires, laquelle étant obtenue, on écrira l’acte de l’ élection dans le livre de la Communauté, y faisant mention que cette élection a été approuvée de Monseigneur l’Archevêque ou de Messieurs ses Grands Vicaires, et cet acte sera signé de la Supérieure et des quatre Conseillères. Que si Monseigneur l’Archevêque, ou Messieurs ses Grand Vicaires n’agréaient pas la personne élue, la Communauté sera obligée de procéder, en la manière que dessus, à l’élection d’un autre Supérieur, jusqu’à ce que la personne élue soit agréable à Monseigneur, ou à Messieurs ses Grands Vicaires.
Chapitre Quatrième.
De l’élection de la Supérieure.
Celles qui seront élues pour Supérieure et autres charges électives, doivent avoir au moins cinq années de profession. L’élection de la Supérieure, de l’ Assistante et de la Maîtresse de probation, qui seront Conseillères par leurs charges, se feront par la Communauté de trois en trois ans. Quelque temps avant l’élection, la Supérieure en prendra le jour du Supérieur, en avertira la Communauté, ordonnera des prières extraordinaires, fera avertir les Sœurs qui pourraient être absentes.
(p. 12) On évitera soigneusement dans l’élection tout ce qui ressentirait tant soit peu la brigue et la cabale, et si une des Sœurs en était convaincue, elle sera privée de voix active et passive par le Supérieur pour autant de temps qu’il le jugera à propos.
La veille ou l’avant-veille de l’élection, l’Assistante distribuera à chacune des Sœurs de la Communauté les noms de toutes les Sœurs, imprimés ou écrits tous d’une même main ; prenant garde de ne donner à aucune Sœur son propre nom, pour éviter l’inconvénient qui pourrait arriver de soupçonner une Sœur de s’être donné son suffrage à soi-même. Ainsi il faut donner à chacune le nom de toutes les Sœurs qui ont voix passive, excepté le sien propre.
Le jour de l’ élection toutes les Sœurs assisteront à la Messe du Saint-Esprit qui se dira dans la chapelle et y communieront.
Ensuite elles s’assembleront, le Supérieur revêtu de surplis et d’étole, accompagné du confesseur, ou d’un autre ecclésiastique, commencera le Veni creator, qui sera continué par les Sœurs, puis il dira le verset et l’oraison Deus qui corda etc. Immédiatement après cette prière, si le Supérieur n’a rien à dire à la Communauté sur le sujet de l’ élection, la Supérieure se présentera devant lui, se mettant à genoux et demandant pardon des fautes par elles commises pendant son administration, se déposera de sa charge entre ses mains, lui rendra les clefs et le sceau de la Maison, et ira reprendre sa place de réception. Ensuite l’Assistante et la Maîtresse de (p. 13) probation s’accuseront aussi des fautes qu’elles auront faites.
Les Sœurs viendront mettre leurs billets dans la boîte qui sera sur la table devant le Supérieur et s’il y a quelques Sœurs vocales à l’infirmerie en état de donner leur voix, le Supérieur nommera deux des Sœurs anciennes pour leur porter la boîte et recevoir leurs billets. Tous les billets des Sœurs présentes et des malades étant mis dans la boîte, le Supérieur l’ouvrira en présence des deux Sœurs plus anciennes de Communauté qu’il choisira à cet effet pour être témoins de l’ élection, il comptera les billets en leur présence ; que s’il ne s’y trouvait pas amant de billets dans la boîte qu’il y a de Sœurs vocales, on observera ce qui est marqué dans l’élection du Supérieur.
Les suffrage comptés, et le nombre qui doit s’y trouver s’y étant rencontré, le Supérieur ouvrira les billets et les fera lire aux ecclésiastiques qui l’accompagneront, et aux Sœurs assistantes, et marquera sur un papier le nombre des voix que chacune des Sœurs aura, écrivant le nom de chacune des Sœurs qui auront quelques voix, et marquant à côté autant de points, qu’elles auront de voix.
Celle qui se trouvera avoir une voix plus que la moitié, qui est le nombre suffisant et nécessaire pour l’élection, demeurera élue. Si dans le premier scrutin, il n’y a point d’élection, on fera un second scrutin, sans néanmoins nommer à la Communauté aucune des Sœurs qui auraient eu des voix dans le premier ; que si dans le second et le troisième scrutins, il n’y avait point encore d’élection, le Supérieur nommera à la Communauté les trois Sœurs qui, dans (p. 14) le dernier scrutin, se seraient trouvées avoir plus de voix, de sorte que les autres seront exclues, quand même dans les autres scrutins, elles auraient eu plus de voix que celles qui se trouveraient en avoir davantage dans ce dernier.
Alors le Supérieur ayant nommé ces trois Sœurs qui ont le plus de voix, la Communauté sera tenue, dans le quatrième scrutin, d’élire l’ une ou l’autre des trois ; que si dans les deux scrutins suivants, il n’y avait point d’élection, le Supérieur nommera les deux Sœurs qui auront le plus de voix, dans le dernier scrutin ; la Communauté sera tenue d’élire l’une ou l’autre des deux, et si après deux autres scrutins, elles venaient à partager également routes les voix, le Supérieur nommera pour Supérieure, sous le bon plaisir de Monseigneur l’Archevêque, ou de Monsieur son Grand Vicaire, celle des deux qu’en sa conscience et devant Dieu, il jugera la plus capable de remplir la charge de Supérieure, et ensuite écrira ou fera écrire l’acte de l’ élection, qui sera présenté à Monseigneur l’Archevêque, ou à son absence à Monsieur son Grand Vicaire pour être approuvée, laquelle approbation étant obtenue, on écrira l’acte de l’élection dans le livre de la Communauté qui sera signé par le Supérieur.
U,oT4A
La Supérieure nouvellement déposée continuera l’exercice de sa charge avec le même pouvoir qu’elle avait auparavant, jusqu’à ce qu’on ait obtenu l’approbation de la personne élue ; et pour lors le Supérieur assemblera de nouveau la Communauté pour lui déclarer, et dans cette même assemblée, la Supérieure nouvellement (p. 15) élue, viendra sans s’excuser, se présenter à genoux devant le Supérieur, et recevra de ses mains les clefs et le sceau de la maison. Le Supérieur commencera le Te Deum laudamus, qui sera continué par toutes les Sœurs de chœur en chœur.
Chapitre cinquième.
De l’élection des autres Officières.
U,0T5,1
Aussitôt après l’élection de la Supérieure, avant que de présenter l’acte de l’élection de la Supérieure à Monseigneur l’Archevêque, il sera procédé à l’élection de l’Assistante et de la Maîtresse de probation, l’une après l’autre, gardant en l’élection de chacune le même ordre et la même formalité que pour l’élection de la Supérieure ; après lesquelles élections, on présentera à Monseigneur l’Archevêque, ou à son absence, à Monsieur le Grand Vicaire, les trois élections toutes ensemble. Que s’il arrivait que les personnes élues ne soient point approuvées, la Communauté serait obligée à procéder à de nouvelles élections.
Après l’approbation de ces trois Officières, le Supérieur fera procéder à l’élection des deux Conseillères, (s’il ne l’avait fait en suite des autres élections) qui se fera de la même manière que celle de la Supérieure, et cette élection étant approuvée par le Supérieur, il dit de suite Sub tuum praesidium etc.
Après les élections, la Supérieure au premier jour de sa (p. 16) commodité, ayant pris les avis de ses Conseillères sur le choix qu’elle doit faire pour les autres charges et offices de la maison, nommera à la Communauté celles des Sœurs qu’elle aura cru de l’avis des Conseillères, être les plus propres, pour les charges de Procureuse et autres offices de la maison.
U,oT6
Chapitre sixième.
De la déposition.
U,oT6,1
Que s’il arrivait qu’une Officière élective se comportât notablement mal dans la charge qui lui sera commise, ou qu’elle devienne incapable de l’exercer, par maladie, pour un long temps ou pour toujours, on pourra procéder à sa déposition, après que les causes auront été bien examinées et reconnues par le Supérieur et par la Supérieure qui prendront l’avis des Conseillères. Et pour cette déposition il faudra le même nombre de voix que pour l’élection, qui se pourront donner par fèves blanches et noires.
Si une des Sœurs qui sont du Conseil, à savoir l’Assistante, la Maîtresse de probation et les Conseillères, tombait malade, ou par quelque autre occasion ne pouvait pas assister au Conseil, la Supérieure ne pourra pas d’elle-même suppléer à son défaut en en choisissant une autre pour tenir sa place ; mais cela se doit faire par la Communauté même : ainsi si on prévoyait une maladie longue, ou une longue absence, comme d’un mois, la Communauté choisirait à l’ordinaire à la pluralité des voix, une des Sœurs pour tenir sa place, jusqu’à ce qu’elle (p. 17) soit en état de la reprendre ; que si la maladie ou l’absence devait être courte, il faudrait tâcher de différer les affaires, si cela se pouvait, jusqu’à ce que la Sœur malade ou absente, soit en état de délibérer.
U,0T6,2
Que si l’ affaire pressait, celles qui resteraient des Conseillères, en choisiraient une autre avec la Supérieure pour remplir la place de celle qui serait malade ou absente ; mais celle qui sera ainsi choisie, ne pourra exercer plus de quinze jours, lequel temps passé, la Communauté, si la maladie continue, ou que l’absence soit plus longue, en choisira une pour remplir cette place. Les élections qui se feront ainsi pour peu de temps et pour supplément n’ont pas besoin de confirmation, elles ne doivent pourtant pas se faire sans l’aveu du Supérieur. Si c’ était la Supérieure qui fût malade ou absente, l’ Assistante prendra sa place, et on choisira une autre Conseillère à la place de l’ Assistante, suivant les Règles qu’on vient d’expliquer. Que si la Supérieure venait à mourir, ou tombait dans une incapacité d’exercer sa charge, par maladie ou autrement, le Supérieur en informera Monseigneur l’ Archevêque, et par son ordre assemblera la Communauté, et gardant les formalités ci-dessus marquées, il fera procéder à la décharge de cette Supérieure et à l’ élection d’une autre qui continuera le trianal commencé, et pour lors on fera revenir les Sœurs vocales qui sont aux écoles de campagne pour se trouver à la Communauté au jour de l’ élection.
U,0T7
(p. 18)
chapitre septième.
Des vœux.
U,0T7,1
La Sœur qui sera reçue pour être associée au Corps de la Communauté, se disposera selon qu’il est marqué dans le premier chapitre des Constitutions, article 8ème.
Le jour choisi auquel elle doit faire ses vœux, toute la Communauté s’assemblera dans la chapelle ; toutes les portes étant fermées, les Sœurs se rangeront chacune selon l’ordre de leur réception, des deux côtés de la chapelle ; et la Sœur qui doit faire ses vœux, se mettra à genoux au milieu d’icelles, un cierge allumé à la main. Le Supérieur dira la Messe du Saint-Esprit.
Avant la Messe, la Supérieure commencera le Veni creator, qui sera continué par les Sœurs de chœur en chœur ; à la fin elle dira le verset et l’oraison Deus qui corda etc.
À la communion du Prêtre, la Sœur qui doit faire ses vœux s’avancera proche l’autel et se mettra à genoux dans le sanctuaire, auprès de l’ autel du côté de l’ épître et pendant ce temps, celui qui sert la Messe disposera un fauteuil sur le premier degré de l’ autel du côté de l’Évangile. Le Supérieur étant assis, s’il n’a rien à dire, la Sœur prononcera ses vœux simples, selon la formule qui est marquée dans les Constitutions.
La Sœur qui aura fait ses vœux passera le reste du jour en action de grâce à Notre-Seigneur du bienfait de sa vocation, de ce qu’il a bien voulu la recevoir dans sa maison. Le jour qu’une Sœur aura fait ses vœux, on ne fera (p. 19) rien d’extraordinaire au réfectoire, et on ne souffrira pas que les parents traitent ce jour là la Communauté ; car quoique ce jour soit un jour de joie de ce qu’il a plu au Seigneur de recevoir une personne au nombre de ses servantes, cette joie néanmoins doit être toute spirituelle, et il n’est pas à propos que cette joie devienne profane en traitant son corps ce jour là avec plus de délicatesse que les autres jours. Ainsi si les parents voulaient faire quelques frais pour traiter la Communauté, on les remerciera, et on les avertira honnêtement que ce n’est point la coutume.
Quand la Sœur aura fait ses vœux, on n’introduira point ses parents dans la maison, ni pour lui parler ni pour voir la maison, de peur que cela n’interrompe les Sœurs, et ne contribue à la dissipation. On leur fera entendre que celle qui a fait ses vœux n’est pas en état de parler, mais qu’elle doit s’ occuper le reste du jour à remercier Dieu, et que pour la maison, il est contre les Règles d’entrer dans les lieux réguliers ; et on les congédiera honnêtement.
U,oT8 Chapitre huitième.
De la rénovation des vœux.
U,0T8,1
La fin, ou l’intention que les Sœurs se doivent proposer dans ce renouvellement des vœux, sera 1. pour demander au Saint Enfant Jésus, la grâce de persévérer avec fidélité à son service dans leur vocation. 2. pour faire attention sur les manquements qu’elles pourraient avoir commis contre leurs vœux et lui en demander pardon. 3. pour le remercier du bénéfice de leur vocation, et prendre la résolution de travailler avec de nouvelles forces à l’accomplissement de ces mêmes vœux. (p. 20)
La rénovation générale des vœux se fera pour toutes les Sœurs associées au corps de la Communauté, tous les ans le huitième février, jour auquel les première filles de la Communauté ont fait leurs vœux, qui étaient au nombre de quinze, et se sont consacrées plus particulièrement au service de Notre-Seigneur, et engagées à l’instruction des personnes de leur sexe. Ce jour sera de grande dévotion pour toute la maison. La cérémonie se fera en cette sorte.
Le Supérieur ou le Confesseur dira la Messe du Saint-Esprit, toutes les Sœurs s’assembleront dans la chapelle ; les portes étant fermées, elles se rangeront des deux côtés, suivant leur rang de réception, avec chacune un cierge allumé à la main. Avant la Messe, la Supérieure commencera le Veni creator qui sera continué par la Communauté de chœur en chœur, à la tin elle dira le verset et l’oraison Deus qui corda etc.
À la communion du Prêtre, toutes les Sœurs approcheront et se rangeront tout le long du balustre, celui qui sert la Messe disposera un fauteuil comme il est dit ci-dessus. Le célébrant étant assis, s’il n’a rien à dire à la Communauté, la Supérieure prononcera la rénovation de ses vœux, d’une voix intelligible, l’Assistante et la Maîtresse de probation suivront après, et ensuite toutes les Sœurs suivant l’ ordre de leur réception.
U,oT8,2
Nota. La rénovation des vœux qui se faisait anciennement le huit février pour les raisons ci-dessus, a été transférée au 15ème octobre à cause que toute la Communauté est pour lors rassemblée. La même Communauté étant assemblée en Octobre 1725, est convenue que, pour conserver la mémoire d’un jour aussi solennel qu’est celui dont le Seigneur a bien voulu recevoir les prémices de la consécration des premières filles qui composaient alors la Communauté : (p. 21) Premièrement, que la communion serait générale ; deuxièmement, que la Supérieure, ou une Sœur nommée par elle, ferait à haute voix l’acte de la rénovation et la Communauté la récitera à voix basse après elle ; troisièmement, que l’on donnera ce jour-là le congé, tant à la ville qu’à la campagne.
Nota. La rénovation qui se faisait le 15 octobre, se fait, depuis 1741, dans le courant du mois d’août fin de la retraite.
Le 4ème août 1742, la Communauté étant assemblée, est convenue que le huit février et le trois août qui est le jour de Saint Étienne patron de notre paroisse, que ces deux jours seraient fêtes chômées comme le dimanche, et que dans les campagnes, on donnera congé le 8 février ainsi qu’il est marqué ci-dessus. Si elles peuvent chômer ce jour-là comme à la Communauté, elles n’en feront que mieux pour s’unir à la Communauté.
U,oT9
Chapitre neuvième.
La formule de la rénovation sera :
U,oT9,1
Je N., Sœur de la Communauté du Saint-Enfant Jésus, en présence de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, promets et renouvelle les vœux que j’ai faits de pauvreté, chasteté et obéissance perpétuelle à Monseigneur l’Archevêque de Reims ; et de plus je renouvelle le vœu inviolable de stabilité dans la Communauté consacrée au Saint Enfant Jésus, destinée à l’instruction, à quoi je me consacre de nouveau dans le dessein d’y employer tout le temps de ma vie, ce que j’accomplirai fidèlement avec la grâce du Saint Enfant Jésus, que je lui demande très humblement par les mérites de son Incarnation et de sa Passion.
Fait ce… Dans la chapelle de notre Communauté devant le (p. 22) très Saint Sacrement, en présence de Monsieur N. notre Supérieur et de toutes mes Sœurs.
Ensuite elles communieront toutes, et la Messe étant finie et le Prêtre rentré dans la Sacristie, la Supérieure commencera le Te Deum, qui sera continué par toutes les Sœurs de chœur : à la fin duquel elle dira le verset et l’oraison Deus cujus misericordia.
Le même jour, à quelque heure à sa commodité, elle fera signer l’acte de rénovation par toutes les Sœurs et le serrera dans les papiers de la communauté.
Celle qui fera l’office de Secrétaire écrira dans le Livre de la Communauté l’acte de rénovation, marquant les noms de toutes les Sœurs qui l’auront faite, et il sera signé par celui qui aura dit la Messe et entre les mains de qui la rénovation aura été faite.
U,oT10
Chapitre dixième.
De la dévotion envers le Saint Enfant Jésus.
U,oT10,1
Les 24èmes de chaque mois, toutes les Sœurs se disposeront à honorer la naissance du Saint Enfant Jésus, par un renouvellement intérieur que chacune tâchera d’exciter en elle, et pour ce sujet, elles prendront garde que l’on n’entende dans toute la maison que des discours d’édification qui portent à la piété et à imiter et honorer (p. 23) dignement, non seulement pendant ce jour, mais pendant toute leur vie, les mystères de l’enfance de Jésus à laquelle elles se sont consacrées. Et pour obtenir cette grâce du Père des miséricordes qui accorde ses grâces aux âmes humbles et pénitentes, elles pratiqueront ce jour-là quelques pénitences de l’avis de leur Supérieure, et on observera l’abstinence et le jeûne dans la maison, sans que personne s’en puisse dispenser sans la permission de la Supérieure.
Les Sœurs qui seront à la campagne, observeront la même chose. Ce même jour on avancera les exercices qu’on a coutume de faire à la Communauté après qu’on est de retour à l’école, afin qu’on puisse être couché précisément à 8 heures.
La Supérieure donnera charge à une Sœur d’éveiller toute la Communauté à onze heures un quart, laquelle sonnera aussi l’oraison à onze et demie ; et toutes les Sœurs se rendront à la chapelle, où étant assemblées, la Supérieure fera le signe et la semainière commencera le Veni Sancte, qui sera continué par la communauté, elle dira le verset et l’oraison et ensuite elle fera la lecture du point d’oraison en la manière ordinaire des autres jours. Le sujet de la méditation de ces jours-là sera toujours sur les mystères de l’enfance du Fils de Dieu et on continuera la méditation jusqu’à minuit.
U,oT10,2
À minuit, les Sœurs qui seront marquées par la Supérieure, commenceront à chanter trois fois Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. Toutes les Sœurs seront, pendant ce temps, prosternées la face contre terre pour adorer le Verbe fait chair. Ensuite celles qui seront destinées pour chanter commenceront les litanies en l’honneur de Jésus Enfant, et toutes les Sœurs (p. 24) répondront posément et avec modestie ; pendant ce temps, elles approcheront deux à deux de l’autel, au bas duquel sera exposée l’image du Saint Enfant Jésus, et après être demeurées quelque temps pour adorer le Saint Sacrement, elles s’approcheront de l’image du Saint Enfant, pour lui rendre quelque marque de respect, honorant intérieurement celui que cette image leur représente, et qui pour l’amour d’elles et de tous les hommes a voulu s’abaisser jusqu’à l’état de l’enfance. Elles feront cette action avec beaucoup de modestie ; et la Supérieure s’approchera la première avec l’Assistante proche du saint autel, et après y être demeurées quelque temps a genoux à côté l’une de l’autre pour adorer le Saint Sacrement, la Supérieure commencera la première à rendre quelques marques de respect à l’image du Saint Enfant ; ensuite l’Assistante en fera de même, et quand elles seront de retour à leurs places, la Maîtresse de probation accompagnée d’une autre Sœur iront aussi rendre leurs respects à l’image du Saint Enfant, et puis elles reviendront à leurs places ; y étant de retour, deux autres iront faire la même chose et ainsi en continuant chacune à son rang de réception, finissant par les prétendantes. À la fin des litanies, on chantera toutes ensemble, Puer natus est nobis etc. puis le verset et le répons, et la Supérieure dira l’oraison.
U,oT10,3
Ensuite la semainière commencera la couronne du Saint Enfant Jésus, qui consiste à trois Pater et douze Ave et à chaque Pater et Ave, on fera une prosternation en disant, Verbum caro factum est etc., on la finira par un Gloria Patri, qui sera continué par (p. 25) toutes les Sœurs de chœur en chœur, à la fin de laquelle elle fera la lecture du point d’oraison pour le matin, qui sera encore sur le sujet de l’enfance de Notre-Seigneur, après laquelle la Supérieure demandera la bénédiction, puis fera le signe et toutes les Sœurs sortiront deux à deux et se retireront chacune à leur cellule pour se coucher incontinent, et ce jour-là on ne se lèvera qu’à six heures.
Toutes les Sœurs passeront cette journée dans la plus grande dévotion qui leur sera possible envers le Saint Enfant Jésus, et pour ce sujet elles assisteront à tous les exercices et au service divin, comme il est porté dans les Constitutions ; mais surtout elles tâcheront de se consacrer avec le plus de ferveur qu’il leur sera possible à Notre-Seigneur, pour obtenir de lui des grâces toutes nouvelles, pour passer le mois suivant dans une plus grande fidélité à son service et dans la pratique des obligations de leur vocation.
La Supérieure doit veiller à ce que ce jour ne se passe pas à recevoir des visites et ne permettra point d’aller aux parloirs que pour une extrême nécessité, et pour lors elle obligera de trancher court pour les affaires ; on pourra cependant après le service vaquer à ce qu’il y aurait à faire dans la maison et s’occuper aux ouvrages qui seraient nécessaires pour le bien de la Communauté.
U,oT10,4
Si dans la semaine que le vingt-cinquième arrivera, il n’y a point d’autre jour de congé, on pourra s’entretenir ensemble hors le temps du service divin et des exercices ordinaires.
La veille de Noël, on récitera les vêpres, on récitera aussi les matines. Depuis plusieurs années, la Messe de minuit, la grande Messe du jour et celles des 25èmes se chantent par les Sœurs de (p. 26) la Communauté. À la fin de la Messe et des vêpres, les enfants orphelins chanteront trois fois Verbum caro factum etc., Omnes Sancti Angeli et Archangeli intercedite pro nobis, O Bone Jesu etc. 3 fois et après un enfant dit : Divin et adorable Enfant Jésus etc.
Le 25ème de mars, on n’exposera point l’image du Saint Enfant Jésus dans la crèche, parce que l’Église honore ce jour-là son Incarnation. Si un vingt-cinquième arrivait aussi dans la Semaine Sainte, l’octave de Pâques, ou dans l’octave du Saint Sacrement, on ne l’exposera pas non plus ces jours-là.
On fera en sorte que les grand-messes que l’on dira les jours des 25èmes soient dites pour demander à Dieu les grâces nécessaires pour toute la Communauté.
U,0T11
Chapitre onzième.
De la retraite annuelle des Sœurs.
U,0T11,1
L’usage ordinaire est de faire des retraites dans le cours de l’année ; la Supérieure a soin de voir le temps où les Sœurs peuvent faire la retraite, tant par rapport à leur santé que par rapport aux écoles.
Elle doit prendre garde que les écoles n’en soient point intéressées et qu’il y ait toujours des Maîtresses suffisamment pour le nombre des enfants.
U,0T12
(p.27)
Chapitre douzième.
L’esprit dans lequel elles doivent faire cette retraite.
U,0T12,1
Les Sœurs doivent considérer ce temps comme un temps précieux que la divine bonté leur accorde, pour réparer par la pénitence, les fautes qu’elles auraient pu commettre, pendant le cours de l’année, et prendre des mesures pour s’en corriger et vivre à l’avenir d’une manière plus conforme à la sainteté de leur vocation.
Il faut que chacune, de sa part, travaille à profiter de cette grâce que Dieu leur présente ; pour cela, il faut qu’elles entrent dans la retraire avec un désir sincère de connaître leurs fautes, et une généreuse résolution de s’en corriger, qu’elles y apportent une intention bien pure, ne la faisant pas par routine et parce que c’est la coutume d’en faire tous les ans ; mais dans le seul dessein de chercher Dieu, de remédier à leurs dérèglements passés, de s’ avancer dans la vertu que Dieu demande d’ elles ; il sera bon qu’elles se forment une grande idée de la retraite, la regardant comme un excellent remède pour guérir nos âmes, en considérant celle qu’elles vont faire comme peut-être la dernière de leur vie.
U,0T12,2
Il ne faut point qu’elles entreprennent cette retraite, qui est de si grande importance pour le salut, avec lâcheté, dégoût et par manière d'acquit ; mais il faut y apporter un désir ardent de profiter, et une grande faim de la justice, se souvenent que ceux qui en sont affamés seront rassasiés, et que Dieu remplira (p. 28) les âmes vides de l'amour d'eux-mêmes et du monde. Les Sœurs tâcheront donc de bien ménager ce temps qu’on peut appeler avec Saint Paul, un temps favorable et des jours de salut. C’est pourquoi elles s’y appliqueront à leurs besoins particuliers, ne se contentant pas d’y prendre des résolutions vagues et générales de servir Dieu, de remplir les devoirs de leurs profession ; car quoique ces résolutions soient bonnes, elles sont pourtant fort inutiles, si on ne s’applique à reconnaître en particulier ce qui nous a empêchées jusqu’à présent de servir Dieu et de répondre à notre vocation. C’est à quoi les Sœurs s’appliqueront particulièrement, et ayant reconnu les sources de leurs imperfections, elles prendront des résolutions conformes à leurs besoins particuliers. La Supérieure donnera tous les secours aux Sœurs pendant leur retraite, leur fournissant des livres conformes à leur besoin, les assistant de ses conseils, leur donnant des avis selon leur état ou avancement, elle les soutiendra dans leurs peines, et les Sœurs procéderont en simplicité dans les communications qu’elles auront avec elle.
U,0T13
Chapitre treizième.
Ordre du jour que l’on doit garder dans la retraite.
U,0T13,1
Le lever à cinq heures.
L’oraison depuis cinq heures et demie, jusqu’à six heures et demie. Ensuite un entretien chacune à son tour, jusqu’à sept heures et demie lorsque les retraites se font en commun.
L’heure et le sujet des Conférences du temps de la retraite sera à la disposition de la Supérieure.
À huit heures la Sainte Messe, et puis à sa chambre jusqu’à dix heures.
(p. 29 ) À dix heures l’oraison, ensuite le réfectoire et la récréation jusqu'à midi et demi.
À midi et demi le chapelet en commun et de là à sa chambre jusqu'à deux heures y compris la demi-heure de lecture. À deux heures l’oraison jusqu’à trois.
À trois heures, goûter et travailler jusqu’à quatre heures et demie.
À quatre heures et demie la demi-heure de lecture portée par les Règles.
À cinq heures l’oraison jusqu’à six, ensuite le réfectoire et la récréation jusqu’à sept heures et demie.
À sept heures et demie l’obéissance et les prière vocales.
Dans les heures où il n’y a point d’exercice marqué, chacune fera ce que l’obéissance lui permettra.
Les lectures des méditations se prendront dans le livre marqué par la Supérieure.
U,0T14
Chapitre quatorzième.
La manière de passer les jours de fêtes solennelles.
U,0T14,1
On fera point de catéchismes dans les écoles, les jours ci-après marqués ; afin de ne pas détourner des prédications et offices qui se font ordinairement en ces jours dans les paroisses.
Premièrement. Les trois fêtes de Pâques.
2ème. Le jour de l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
3ème. Les trois fêtes de la Pentecôte.
4ème. La fête du Saint Sacrement.
5ème, La fête de tous les Saints.
6ème. Les trois fêtes de Noël.
7ème. Ni les cinq principales fêtes de la Sainte Vierge, et le jour de l’an.
(p. 30) À six heures et demie les Maîtresses des enfants, et les prétendantes iront habiller les orphelins, et s’il n’y avait point du monde suffisamment pour les habiller, la Supérieure nommera des anciennes autant qu’il en sera besoin pour aider à les habiller, et le reste des anciennes se retireront à leur chambre jusqu’à la Sainte Messe, où elles s’occuperont à lire, prier ou faire ce qui leur sera prescrit par l’obéissance. Les Sœurs tâcheront autant qu’elles pourront d’entendre toutes les Messes qui se célébreront dans leur chapelle ces jours-là ; et elles passeront ainsi tout le matin, ou à assister aux Messes qui se diront, ou à des exercices de piété qu’elles pratiqueront en particulier dans leur chambre ; afin pourtant de joindre à ces actions de piété le mérite de l'obéissance, il est bon qu’elles se fassent prescrire par la Supérieure ce qu’elles feront quand elles seront retirées à leur chambre.
U,0T14,2
À dix heures on sonnera l’examen, où toutes les Sœurs assisteront. Elles iront ensuite au réfectoire, comme il est marqué dans les Constitutions ; la récréation suivra ensuite jusqu’à midi.
À midi, toutes se rendront à l’oratoire pour dire l’Angelus, et ensuite réciter le chapelet de chœur en chœur, à la fin duquel on fera un petit quart d’heure de lecture dans le livre marqué par la Supérieure, en suite de quoi, elles se retireront à leurs chambres jusqu’à deux heures et demie et s’occuperont à lire, ou prier, suivant ce que l’obéissance leur permettra. Elles emploieront fidèlement le temps, et considéreront que le temps le plus précieux devant Dieu, est celui de la retraite et du silence.
(p. 31) À deux heures et demie on sonnera le premier coup des vêpres, et toutes les Sœurs descendront au réfectoire pour prendre un petit morceau, et de là, elles iront se disposer pour chanter les vêpres.
À la fin des vêpres, elles se récréeront toutes ensemble jusqu’à quatre heures et demie que l’on sonnera la conférence, où elles assisteront toutes, et suivront pour le reste du jour le règlement qui est marqué dans le dernier chapitre des Constitutions.
U,oT14,3
S’il y avait quelque chose à régler pour le bien de la Communauté comme quelques réflexions à faire sur les Constitutions, ou sur les Usages, ou sur les relâchements qui se seraient glissés dans la Communauté, on pourra prendre ces jours pour faire quelques assemblées pour s’en entretenir, parce que les Sœurs sont plus libres et sont plus longtemps ces jours-là à la maison, et ainsi lorsque l’on jugera à propos, on s’assemblera après avoir dit l’Angelus, on s’entretiendra des affaires de la maison ; les Sœurs qui ne seront point de l’ assemblée, se retireront dans leur chambre, ou bien où l’obéissance les appelle, et en ce cas, on ne fera point de conférence ces jours-là, mais on se recréera jusqu’à cinq heures, ou on fera ce que la Supérieure jugera à propos.
Le jour de tous les Saints on commencera les vêpres à deux heures, afin de pouvoir dire les vigiles ensuite. Ce jour-là, la récréation du soir finira à sept heures, à la fin de laquelles les Sœurs réciteront à deux chœurs les sept psaumes de la pénitence et les litanies des Saints pour les fidèles défunts ; ensuite de quoi, on fera la prière vocale comme les autres jours et le lendemain la matinée sera employée à prier Dieu pour les trépassés.
U,oT15
(p. 32)
Chapitre quinzième.
U,oT15,1
Qui traite de la conduite qu’on doit tenir à l’égard des personnes du dehors qui viennent dans la maison pour faire quelque retraite.
Ne sera pas écrit dans ce livre, parce que ces retraites ne se font plus depuis plusieurs années. Si le cas arrivait qu’on en eût besoin, on le trouvera à la page 24 du livre des Usages.
U,0T16
Chapitre seizième.
Des pratiques de piété.
U,0T16,1
Les Sœurs auront soin de garder fidèlement leurs Règles et de s’acquitter exactement de leurs obligations dans les écoles, lesquelles les demandent tout entières. Elles ne seront attachées à aucune dévotion singulière, stations ou visites des églises. Et pour se rendre cependant aux règles de l’Église, elles visiteront, dans les Jubilés, les églises marquées dans les ordonnances de Monseigneur l’Archevêque, ou de Messieurs les Grands Vicaires faites à ce sujet ; elles visiteront aussi l’église de la cathédrale, le jour de la dédicace et une fois tous les ans, elles iront prier Dieu devant le tombeau de Saint Remi, pour demander à Dieu par les prières de ce grand Saint, qu’il répande ses bénédictions sur le diocèse et sur elles en particulier. La Supérieure leur marquera pour cela le jour et l’heure qu’elle jugera plus à propos.
Les Sœurs auront soin d’entretenir entre elles l’esprit de piété, (p. 33) et d’honorer avec une singulière dévotion les mystères que l’Église honore ; elles tâcheront d’entrer dans l’esprit de cette bonne mère, comme de vrais enfants, entrant en des sentiments de pénitence dans les temps que l’Église destine particulièrement à cela, comme l’Avent, le Carême et les Rogations ; dans ces temps, on fera quelques prières extraordinaires dans la Communauté, pour s’entretenir et se conserver dans l’esprit de pénitence. On fera aussi dans les calamités publiques et dans les besoins du diocèse et de l’état quelques prières extraordinaires, lorsqu’on en fera à la cathédrale, et elles s’uniront au reste des fidèles avec lesquels leurs emplois et leurs occupations ne leur permettent pas de se trouver ; elles doivent au moins s’y unir d’esprit et de cœur pour demander avec eux les choses nécessaires à l’Église ou à l’État.
U,0T16,2
De plus, on aura grand soin de prier pour la conversion des pécheurs, et pour tous ceux qui y sont employés, puisque c’est la première fin de leur Institut. Et pour cela la Supérieure aura soin de le recommander souvent, sans toutefois multiplier les prières ordinaires de la Communauté, si ce n’est dans le temps des nécessités susdites, ou s’il arrivait quelque besoin pressant de la Communauté, tant au spirituel qu’au temporel ; pour lors il sera de la prudence de la Supérieure d’ordonner quelques prières extraordinaires pour temps limité.
Les Sœurs ne sont chargées d’aucun office, à cause de leurs emplois, il n’est pas à propos de les en charger. Cependant comme entre les actions de piété que l’Église souhaite que les fidèles pratiquent, l’assistance aux vêpres en est une, n'étant pas a propos que les Sœurs sortent dehors en corps de Communauté, elles diront les vêpres à la tribune de leur chapelle, les jours de fêtes, de dimanches et tous les vingt-cinquièmes de chaque mois ; elles les diront de chœur en chœur en psalmodiant posément, en prononçant (p. 34) tous les mots fort distinctement, faisant des pauses raisonnables au milieu de chaque verset. Elles suivront le bréviaire de Reims ; elles ne diront point de complies, si ce n’est en Carême et les 25èmes qui peuvent y échoir, selon la coutume de l’Église ; et pour se bien acquitter de cette obligation, elles garderont l’ordre qui suit.
Étant à la tribune au temps prescrit, le dernier coup des vêpres étant sonné, on dira le Pater et l’ Ave à voix basse, ensuite la Supérieure ayant fait le signe, les versistes commenceront le Veni Sancte Spiritus, qui sera continué par routes les Sœurs ; puis celle qui officie dira sans aucun ton, Sancti Spiritus adsit nobis gratia, et toutes répondront Amen : puis la dite Sœur commencera, Deus in adjutorium meum intende, sans pause ; et routes répondront, Domine ad adjuvandum me etc.
U,oT16,3
Ensuite la dite officière entonnera la première antienne qu’il conviendra dire selon la solennité de l’Église de Reims, auxquelles antiennes on doit observer la longueur ou la brièveté des pauses, et garder toutes le même ton de voix dans la psalmodie.
Après que celle qui officie aura entonné la première antienne, une des deux choristes commencera le premier psaume et ainsi des aunes psaumes et antiennes que les deux choristes commenceront alternativement l’une après l’autre ; à la fin des psaumes, elles commenceront les antiennes toutes deux ensemble, comme aussi les répons qui se disent aux 1ères vêpres.
Les petits versets, comme les Benedicamus, les versets qui sont à la fin des hymnes et autres semblables se diront pat les deux versistes, qui les entonneront ensemble.
Celle qui préside doit entonner l’antienne de Magnificat ; à la fin de laquelle la dite officière dira Domine exaudi orationem meam, les Sœurs répondront : Et clamor meus ad te veniat, en suite de quoi elle dira l' Oremus qui conviendra (p. 35) et à la fin elle dira, Domine exaudi etc. sans faire de pause et toutes répondront de même. Les versistes observeront ainsi de n’en point faire au Benedicamus, ni au répons Deo gratias, et lorsqu’il y aura plusieurs mémoires l’ officière ne dira Domine exaudi qu’à la fin de la dernière oraison ; elle observera aussi les terminaisons qui conviennent à chaque oraison, et à la fin du dernier Benedicamus, elle dira sans aucun ton, fidelium animœ per misericordiam Dei sine etc., et toutes répondront Amen, puis on dira l’antienne de la Sainte Vierge qui sera convenable, et quand les versistes auront dit le verset, la semainière dira l’oraison de l’antienne.
U,0T16,4
Chacune des Sœurs vocales officiera à vêpres à son tour et la Supérieure officiera les jours solennels, comme aussi les veilles de fêtes quand on dit vêpres. Ces dits jours seront les jours de Pâques, Ascension, Pentecôte, la Sainte Trinité, la fête du Saint Sacrement, la fête de tous les Saints, le jour de Noël, Circoncision, Épiphanie, et tous les 25èmes de chaque mois. Et de plus le jour de l’Assomption, la Nativité, la Conception, l’Annonciation, la Purification de la Sainte Vierge, et de la Dédicace.
La Sœur qui sera chargée de disposer ce qui se doit dire à vêpres l’exposera à la tribune, afin que chacune puisse s’instruire, évitant la rupture du silence.
Nota. Aux jours des fêtes solennelles, on chante la grand-messe, et les vêpres. Ces jours sont, le jour de Noël, le jour de Pâques, le jour de l’Ascension, le jour de la Pentecôte, le jour du Saint Sacrement, le jour de l’ Assomption, de la Nativité, l’ Annonciation, et tous les 25èmes de chaque mois. Tous ces jours il y a salut et bénédiction.
Les jours qu’on ne chante que les vêpres, sont les deux fêtes de Noël, Circoncision, Épiphanie, Purification, Sainte Trinité, la Conception de la Sainte Vierge, le dimanche dans l’octave du Saint Sacrement.
U,0T17
(p. 36)
Chapitre 17ème.
Les cérémonies qu’on observe dans la Communauté du Saint-Enfant Jésus, tant pour le service divin, que pour les autres exercices.
1. Des exercices ordinaires.
À la fin de l’ oraison du matin, en sortant de l’ oratoire, on fait une révérence respectueuse devant la figure de l’Enfant Jésus deux à deux chacune selon son rang, commençant par les dernière entrées en Communauté, et sortant ainsi en silence et modestie. Pour le bénédicité et les grâces, on se rangera de chœur en chœur, le dos à la table, sortant en ordre deux à deux, chacune selon son rang, com-
/ mençant par les dernières entrées, lesquelles se rendront à l’oratoire ; et à la fin de l’ action de grâce, on en sortira dans le même ordre, toujours en silence et avec modestie. On observera aussi ce même ordre au sortir de la prière du soir et des examens, comme aussi lorsque les Sœurs sont obligées d’assister à l’église pour les vœux de quelque Sœur, ou pour leur rénovation, le tout se faisant devant le très Saint Sacrement, et en la présence du célébrant, elles garderont le même ordre que pour l’adoration de la nuit des 25èmes qui est de se ranger de chœur en chœur et de sortir avec décence, faisant une révérence deux à deux au milieu de l’église.
Tous les dimanches avant la Messe, on fait l’eau bénite. La sacristine a soin de la recevoir de la main du clerc par la petite grille et la présente ensuite à la Supérieure, laquelle fait l’aspersion dans l’oratoire, dans le même temps que le prêtre (p. 37) la fait dans l’église : toutes les Sœurs étant rangées de chœur en chœur, la Supérieure commencera, Asperges me, et toutes les Sœurs répondront, hyssopo et mundabor lavabis me etc.
U,0T18
Chapitre 18ème.
Pour la Sainte Communion.
U,0T18,1
Tous les dimanches et les autres jours où il s’y rencontre des Communions. À la Communion du prêtre, la sacristine ayant mis le voile à la grille, la Supérieure s'y présentera pour communier, faisant une génuflexion devant et après la Communion, et ainsi des autres Sœurs, chacune selon son rang de réception, et quand la dernière a communié, la sacristine doit dire, Deo gratias.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge, auquel jour on fait la bénédiction des cierges, après laquelle le prêtre en fait la distribution aux Sœurs. La Supérieure s’approche de la grille, se met à genoux, baise le bout du cierge par respect, fait une inclination et le reçoit entre ses mains, et ainsi de toutes les autres Sœurs, chacune suivant son rang ; on laisse les cierges allumés et la sacristine a soin de les recueillir tous à la fin de la Messe. Pendant que l’on fait la distribution des cierges aux Sœurs, la Maîtresse des orphelins fait ranger ses enfants sur le balustre. Le premier jour de Carême, on fait la bénédiction des cendres avant la Messe ; toutes les Sœurs les reçoivent par la grille, chacune selon son rang ; et les enfants les reçoivent étant sur le balustre. Pendant la distribution des cendres, on récitera le psaume soixante-huit Salvum me fac, etc.
U,0T18,2
(p. 38) Le dimanche des Rameaux, on fait la bénédiction des palmes, après quoi le prêtre en fait la distribution aux Sœurs par la grille ; la Supérieure avance la première et toutes les autres ensuite, chacune selon son rang, on finit par la dernière entrée.
Le Jeudi Saint on fait le lavement des pieds le soir à heure commode, toute la Communauté étant assemblée ; douze des Sœurs, y compris les novices reçues à l’habit de la Communauté, s’y disposent, et avant la cérémonie, la Supérieure fait une humiliation de ses fautes, et ensuite un petit entretien sur les dispositions qu’il faut avoir pour une si sainte cérémonie. Cela étant fait, la Supérieure prend un linge et se ceint ; étant assistée de deux Sœurs qui doivent être pour l’ordinaire, l’Assistante et la Maîtresse de probation, dont l’une porte le bassin et l’autre l’ aiguière et une serviette, la Supérieure se prosterne aux pieds de chacune des douze, leur lave un pied et l’essuie d’une serviette et le baise avec humilité, pendant laquelle cérémonie, une Sœur fait une lecture sur l’Institution du Saint Sacrement et sur la cérémonie ; laquelle étant finie, on achève par les prières de l’Église : et pour la nuit les Sœurs iront deux à deux pour adorer le très Saint Sacrement selon l’ ordre qu’en donnera la Supérieure.
Le Vendredi Saint, on fait l'office à la chapelle ; quand ce vient à l’adoration de la Croix, les Sœurs qui sont à la tribune vont l'adorer avec modestie selon leur rang.
Depuis plus de quarante ans, l’office se chante par les Sœurs, à la tribune et l’adoration se fait aussi à la tribune dans le même temps que le prêtre la fait dans l’église.
U,0T19
(p. 39)
Chapitre 19ème.
Des assemblées de Communauté.
Des coulpes et des chapitres.
U,0T19,1
Le samedi sera le jour ordinaire des coulpes, l’heure ordinaire sera à la fin de la récréation du soir, à moins que la Supérieure, pour quelques circonstances, ne juge à propos de prendre une autre heure. Toute la Communauté étant assemblée au son de la cloche, la Supérieure fera le le signe et la semainière commencera le Veni Sancte, qui sera continué par la Communauté, puis elle dira le verset et l’oraison ; ensuite elle commencera le Confiteor, qui sera continué jusqu’à mea culpa, puis on fera une pause d’environ un miserere ; après quoi la Supérieure fera un second signe et toutes baiseront la terre, et la Supérieure ayant pris sa place, toutes les Sœurs s’assoiront aussi chacune en son rang, à la réserve des prétendantes qui se rangeront au milieu de la place à genoux dans une égale proportion.
Si la Supérieure a quelque avertissement à donner en général, elle fera un petit discours, le plus succinct qu’elle pourra pour donner de l’ intelligence à celles qui auraient commis quelque manquement.
Lorsqu’une Sœur sera avertie de ses fautes, elle s’en humiliera et tâchera de s’ en corriger ; et si les avertissements sont faits en général, on doit les recevoir de bonne grâce avec respect et en faire son profit.
U,0T19,2
Si la Supérieure n’a rien à dire à la Communauté, lorsqu’elle aura fait le signe de la croix, les prétendantes (p. 40) commenceront à s’accuser de leurs fautes, la dernière admise à la probation commencera la première et les autres suivront : après qu’elles se seront toutes accusées, elles sortiront et se retireront au lieu qui leur sera marqué ; après quoi celles qui ont fait leurs vœux, s’accuseront aussi de leurs fautes et ensuite elles se retireront aussi avec les prétendantes ; leur Maîtresse ou une autre Sœur qui sera marquée par la Supérieure leur fera une instruction conforme à leurs besoins, et le reste des Sœurs vocales s’accuseront de leurs fautes autant que le temps le permettra ; que si une Sœur ou plusieurs, faute de temps ne s’étaient pas accusées de leurs fautes, elles auront la fidélité de le faire un des jours de la semaine à l’obéissance du soir ; afin de ne point perdre le fruit qui leur reviendra de cette humiliation.
On ne s’accusera que des fautes extérieures commises contre la Règle, des sujets de scandale et de mauvaise édification que l'on pourrait avoir donnés à ses Sœurs et de ce qui peut aller contre l'esprit ou le bien de la maison.
U,oT19,3
On observera avec soin que tout ce dont on s'accusera soit dit succinctement, en peu de mots et en termes clairs et intelligibles ; faisant en sorte que ce soit en esprit de componction, pour ne se pas priver de la grâce et du mérite attaché à cette accusation.
On tâchera d’apporter au chapitre un grand désir des humiliations, pour cela on ne s’excusera jamais en déclarant ses fautes, ni lorsqu’on en sera reprise par la Supérieure ou par celle qui tiendra sa place, quand même il serait vrai qu’elle exagérerait les fautes, ou qu’elle accuserait une fille à tort, à moins qu’on ne l’interroge ; et pour lors, elle doit répondre simplement la vérité ; mais si on ne l’oblige pas à parler, elle doit être soumise et prête à recevoir (p. 41) toutes les répréhensions et pénitences qu’on jugera à propos de lui donner, acceptant tout ce qui lui sera ordonné avec la même soumission, comme si c’était Dieu même qui lui ordonne, puisqu’il a dit lui même, en parlant des Supérieurs, "qui vous écoute, m'écoute, qui vous méprise me méprise".
U,oT19,4
Comme les Supérieures doivent user plutôt de douceur que de sévérité dans les corrections qu’elles sont obligées de faire, d’autant que c’est le plus court et le plus assuré moyen de gagner les âmes à Dieu et les rappeler du chemin égaré, les inférieures de leur côté ne doivent point abuser de cette conduite, et doivent prendre garde de ne jamais se montrer opiniâtre ni rebelles, ni lâches à exécuter ce qu’on leur prescrit ; mais au contraire elles doivent prendre toujours de bonne part, avec docilité et désir de mettre en pratique, les avertissements et conseils qui leur sont donnés, quand même, il arriverait qu’on leur donnerait quelques avis en termes un peu durs et qui leur sembleraient trop sévères ; elles doivent pourtant s’y soumettre et les recevoir avec humilité, se souvenant que c’est Dieu même qui leur commande et qui les avertit en la personne de leurs Supérieurs, à qui il inspirerait sans doute des manières plus douces, s’il était avantageux pour leur salut. Si donc il leur venait quelques pensées d’aigreur ou de dégoût à cause des manières dont on use envers elles, elles doivent aussitôt se représenter que c’est par charité qu’on en use de la sorte, qu’elles ont besoin de ce remède un peu violent pour être guérie et que si elles profitent, elles en auront un bien plus grand mérite devant Dieu. C’est en prenant ainsi les corrections qu’ elles se rendront les chapitres miles et profitables ; autrement, si elles prennent mal les avis qu’on leur donne, ces pratiques leur deviendront nuisibles et dommageables ; et au lieu de se corriger de leurs (p. 42) fautes et de s’ avancer dans la perfection qui est la fin des chapitres, elles deviendraient plus criminelles et presque incorrigibles.
U,0T20
Chapitre 20ème.
De la distinction des fautes et premièrement des fautes légères.
U,oT20,1
Les fautes légères sont des paroles inutiles, dites sans dessein ; des paroles à voix hautes par inadvertance, des répliques et des répréhensions faites au prochain par promptitude. Des paroles railleuses dites sans y penser ; mêler des paroles superflues avec les nécessaires faute d’attention ; quelques paroles, ou démonstrations de plaintes ou d’impatiences envers ses Sœurs, ou les enfants que l’ on instruit, lire quelques mots dans un livre sans permission de la Supérieure ; rire avec éclat par inadvertance.
Des légèretés et immodesties dans les gestes, dans le maintien et dans les regards, sans habitude et par inadvertance ; les regards et interrogations curieuses en choses légères.
Des promptitudes en marchant, principalement dans les lieux réguliers de la Communauté, des retardements au son de la cloche, ou à quelques exercices de la Communauté, faute de prévoyance ; revenir trop tard de l’école par surprise.
Manquer de soulager le prochain en chose légère et par inadvertance ; fuir de faire les choses humiliantes ; faire quelque chose sans permission par inadvertance ; rompre, perdre, ou laisser gâter quelque chose qui va à l’intérêt de la Communauté.
U,0T21
(p. 43)
Chapitre 21ème.
Second degré des fautes.
U,0T21,1
Venir trop tard aux exercices de la Communauté ; omettre les cérémonies en choses légères par mépris et mauvaise édification ; s’attacher à quelques dévotions particulières sans permission, avec connaissance et au préjudice des Règles et de son emploi ; entrer dans les offices de la Communauté sans permission. Parler rudement avec habitude, rompre le silence volontairement ; soutenir son propre jugement avec opiniâtreté, parler à voix haute volontairement, même avec nécessité dans le temps du silence, s’entretenir de discours superflus avec connaissance.
Parler des défauts des ses Sœurs en raillant, dire des paroles contre la charité, avec connaissance et mauvaise édification ; dire par imprudence ce qui doit être secret, révéler le secret qui nous est confié par les personnes qui s’adressent à nous.
Rapporter ce qu’on a appris du dehors et ce qui regarde les affaires du monde, dire des paroles de déguisement avec scandale, des paroles dites avec aigreur à quelques unes de ses Sœurs ou à quelques personnes qu’on instruit. Reprocher sans ressentiment à une de ses Sœurs le tort que l’ on croit en avoir reçu. Se dire des paroles piquantes par décharge de cœur, des mouvements de colère qui ont paru à l’extérieur, des actions faites par dépit, chagrin et lâcheté ; des omissions volontaires à quelqu’un des exercices de la Communauté.
Manger hors le temps, le lieu et les heures marquées sans permission ; revenir trop tard des écoles par négligences volontaires, refuser d’obéir et s’arrêter à ses répugnances avec advertance ; ne se point humilier étant reprise de ses fautes. (p. 44) Laisser entrer des personnes du monde dans la maison sans permission.
U,oT22
Chapitre 22ème.
Troisième degré des fautes.
U,0T22,1
Manquer à la Règle avec mépris, ou en témoigner du dégoût. Sortir de la maison sans permission et sans compagne ; aller au parloir sans compagne et avec vue sans permission, rester au parloir pendant les exercices de la Communauté.
Changer la forme des habits et manières de vivre de la Communauté. S’indiquer les Supérieurs en ce qui regarde leur conduite, jugeant de leurs intentions. S’indiquer les élections des Officières, garder secret ce qui soit être connu aux Supérieurs. Parler avec une ou plusieurs de ses Sœurs des choses secrètes de la Communauté, comme de ce qui se passe aux chapitre, aux élections, ou autres choses semblables.
Parler à une Sœur en cachette, lui découvrir ses peines et mécontentements, ou entrer dans sa cellule sans une permission expresse. Faire des particularités ou cabales pour se communiques ses secrets, parler dans les lieux défendus sans nécessité, avec vue ; parler avec déguisement, mensonge, ou équivoque volontaire ; s’entretenir avec des personnes séculières sans permission, à moins que ce ne soit pour les instruire. Témoigner de l’aversion contre quelqu’une de ses Sœurs, soit qu’elle soit en charge, ou non.
U,0T23
Chapitre 23ème.
Quatrième degré des fautes.
U,0T23,1
Manquer à l’obéissance avec opiniâtreté et réplique ; murmurer contre les Supérieurs, leur parler avec orgueil et (p. 45) audacieusement en public ou en particulier. Faire des faux rapports et semer des discordes entre les Sœurs, menacer une de ses Sœurs avec courroux ; hausser la main ou autre chose pour la frapper. Se moquer de ses Sœurs par sentiment de vengeance ; dire aux personnes séculières quelque déplaisir qu’on a en Communauté ou autre chose qui en pourrait donner quelque mépris.
S’entretenir volontairement avec des personnes de différent sexe dans une même place sans compagne.
U,0T24
Chapitre 24ème.
Des fautes très graves.
U,0T24,1
Les fautes qui sont appelées très graves sont les emportements de colère, avec scandale, frapper, injurier, ou souhaiter du mal à ses Sœurs.
Semer des discordes entre les Supérieurs par faux rapports ou flatteries. Manquer en ce qui regarde la pudeur, en ses paroles, en ses gestes et déportements en chose notable, avec connaissance et scandale. Avoir commerce de lettres, billets ou entretiens en secret avec les séculiers. Recevoir ou écrire des lettres ou billets sans les présenter à la Supérieure. Détourner une novice de sa vocation, en lui donnant du dégoût des Règles, ou autrement.
Condamner les Constitutions avec une ou plusieurs de ses Sœurs, parler aux personnes du dehors des choses secrètes de la Communauté : comme de ce qui se passe aux chapitres, aux élections, aux réceptions, ou autres semblables.
U,0T24,2
Pour les fautes susdites, ou autres semblables, la Supérieure reprendra, corrigera selon leur qualité et avec prudence. Pour celles qui (p. 46) ne s’accusent que de fautes légères, commises par faiblesse, elle doit se contenter de leur donner des avis et pénitences qui aillent à leur faire estimer et aspirer à une plus grande perfection, leur disant que Dieu serait plus content de les voir plus ponctuelles à leurs devoirs et qu'elles recevraient de plus grandes grâces, si dorénavant elles étaient plus fidèles.
Pour les fautes importantes, elle doit parler dans des termes plus forts, selon la grièveté et délibération de la faute, leur remontrant le tort qu’elles se font à elles mêmes, la mauvaise édification qu’elles donnent à leurs Sœurs, et combien Dieu est mal content de les voir dans cette lâcheté ; quel mépris elles font de leur vocation et autres choses semblables, donnant à chacune des réflexions conformes à leurs accusations, et les obligeant à la réparation envers celles qui auraient été mal édifiées ou offensées en quelque chose.
Pour les fautes graves, les corrections et répréhensions doivent être plus sévères ; cependant toujours avec esprit de douceur et de charité, plutôt pour les regagner que pour les rebuter ; leur ordonnant néanmoins des pénitences conformes à leurs manquements et à la portée de leur esprit, considérant le scandale que ces fautes auront donné pour leur en faire faire des satisfactions publiques et de longue durée ; à moins que l’on ne reconnaisse un changement évident, avec preuves de grande fidélité.
U,oT24,3
Lorsqu’une Sœur sera tombée dans quelque faute grave ; la Supérieure la privera des exercices de la Communauté, pour autant de temps qu’elle jugera à propos, se mesurant à la gravité de la faute. Pour les fautes très graves, elles se doivent punir avec plus de mesure : n’accordant pas les pénitences d’abord, mais prenant quelque délai, selon la qualité de la faute et la disposition de la délinquante, et pendant ce temps implorer le secours du ciel par des prières selon les (p. 47) saintes coutumes ; et prendre les avis, sentiments et résolutions du Supérieur ; et même faire paraître plusieurs fois celle qui aura manqué pour la faire rentrer en elle-même, et la disposer à faire profit de ce qui lui sera ordonné.
U,oT24,4
Que s’il arrivait qu’on eût commis quelque faute qui donnât du scandale, mais sans savoir qui en serait la coupable, alors celle qui aurait commis cette faute ne la découvrira pas à la Communauté, sans auparavant avoir averti la Supérieure que c’est elle qui a commis la faute qui a scandalisé ses Sœurs. La Supérieure prendra là-dessus les mesures qui seront nécessaires et convenables pour le bien de la Communauté, pour faire déclarer à la coupable à la Communauté que c’est elle qui est coupable de cette faute, ou pour lui en faire faire pénitence en particulier sans le déclarer ; car il n’est pas toujours à propos de découvrir les coupables, quelquefois cela scandaliserait : comme si c'était une Sœur qui eût quelque emploi qui demandât qu’on eût quelque confiance en elle ; la déclaration de cette faute ôterait cette confiance et serait dommageable à la Communauté. Dans ces cas, ou semblables, la Supérieure se contenterait de donner les avis nécessaires à celle qui lui aura déclaré sa faute, et ne l’obligera point de la déclarer à la Communauté ; mais la Supérieure dira à la Communauté, que celle qui a commis la faute l’a reconnue, quelle leur en demande pardon, qu’elle propose de se corriger et qu’étant trop faible pour se faire connaître à toutes ses Sœurs, elle se recommande au moins à leurs prières ; et cependant la Supérieure lui fera faire une pénitence secrète, telle qu’elle jugera à propos et la coupable l’acceptera avec humilité ; que si la Supérieure juge que pour le bien de la Communauté, celle qui est coupable se fasse connaître, elle lui ordonnera de se déclarer devant toutes les Sœurs, ou une partie, selon qu’elle jugera à propos et la coupable acceptera cette confusion avec humilité et en esprit de pénitence.
(p. 48)
Chapitre 25ème.
Des obéissances.
U,0T25,1
Les assemblées qu’on nomme obéissances sont ordonnées pour la distribution des emplois, pour annoncer les affaires de la maison qui doivent être connues en public, et pour avertir les Sœurs des défauts journaliers qui se pourraient glisser parmi elles. Toutes les Sœurs se rendront fidèlement et exactement en ces assemblées sans y manquer, à moins qu’elles n’en soient dispensées par la Supérieure. Elles doivent pareillement se rendre attentives à tout ce qui sera dit pour le bien et la fidélité à toutes les règles de la maison, chacune prenant pour soi les avis qui sont donnés en général ; et si quelqu’une était tombée dans quelque faute, elle n’attendra pas qu’elle en soit reprise pour s’en humilier, se souvenant que l’âme juste est la première à s’accuser, et ainsi elle se prosternera à genoux, et après que la Supérieure aura fait le signe de la croix et la semainière dit la sentence qui se dit ordinairement, elle s’accusera avec humilité d’une voix haute et intelligible, de la faute où elle sera tombée et en recevra la répréhension et pénitence que la Supérieure jugera à propos. Outre cet acte d’humiliation que feront les Sœurs de quelques fautes dans lesquelles elles seront tombées, il y en aura une qui fera sa coulpe des fautes qu’elle aura commises depuis le dernier chapitre, selon la louable coutume des maison bien réglées et où les particulières ont soin de leur avancement et ont de l’amour de l’humiliation.
Il sera aussi permis aux Sœurs de faire leur coulpe au réfectoire selon l’avis et l’ordonnance de la Supérieure pour éviter tout esprit de singularité.
Les postulantes feront aussi leur coulpe de temps en temps à l'obéissance des anciennes pendant leurs six mois, afin que la Communauté (p.49) les connaisse pour les admettre à l’habit ; ensuite elles se retireront, afin que les anciennes aient liberté de s’humilier de leurs fautes journalières.
U,0T26
Chapitre 26ème.
Des conférences ou entretiens de piété.
U,0T26,1
Tous les dimanches et fêtes, la Communauté s’assemblera par le son de la cloche au lieu marqué ; à quatre heures et demie la Supérieure ayant fait le signe, la semainière commencera le Veni Sancte qui sera continué par la Communauté puis elle dira le verset et l'oraison Deus qui corda etc., à la fin toutes les Sœurs se lèveront et prendront place.
La lecture de 1’évangile ou de la matière de l’entretien étant faite, la Sœur qui préside expliquera 1'espace d’un petit quart d’heure, puis elle interrogera quatre Sœurs les unes après les autres ; savoir deux jeunes et deux anciennes ou davantage si elle le juge à propos ; leur faisant dire librement leur pensée : lesquelles ayant achevé de parler, ladite présidente priera la Supérieure ou celle qui tient sa place de conclure sur ce qui a été dit, ou qu'elle aura pensé.
Nulle Sœur ne s’excusera de parler, sous quelque prétexte que ce puisse être, et pour cela elles se rendront attentives à ce que la susdite présidente exposera, pour qu’elles ne disent rien qui ne convienne à la matière avancée, ou à la morale qu’on aurait déjà pu tirer.
V,0T26,2
Il est à remarquer que celle qui préside, se trouvant n’avoir pas une si longue expression, peut interroger plutôt, pour qu’elle ne rebatte pas tant les même choses, se rendant ennuyeuse ; mais aussi lorsqu’une Sœur a une trop grande affluence de pensées, elle ne doit pas non plus empêcher les autres par un trop long (p. 50) discours, croyant toujours que ce que diraient les autres serait aussi utile et plus que ce qu’on a à dire soi-même ; évitant aussi une autre extrémité qui serait de laisser presque tout le temps aux autres. Cela n'empêchera pas que si la Supérieure avait quelque instruction à faire à la Communauté, outre la matière avancée, elle ne puisse faire trancher plus court celle qui préside et celles qu’elle aura interrogées.
On doit observer que les morales que les unes et les autres tireront soient succinctes et conformes aux besoins communs, et on évitera certaines manières de parler en exprimant sa peine et 1’ état intérieur pour les inconvénients qui en arrivent à celle qui serait mal disposée et susceptible d’impression. On ne doit pas exclure de cette retenue celles qui seraient prévenues de quelques grâces sensibles, laquelle par indiscrétion la donnerait trop à découvert : car quoique nous nous devions exprimer selon que le Saint-Esprit nous inspire, l’expérience ne fait que trop connaître que la découverte des choses que l’ on doit taire, fait tort à celle qui parle, comme à celles qui écoutent.
U,0T26,3
La Supérieure devant conclure, elle pourra tirer une morale conforme au plus grand besoin de la Communauté touchant les vertus qui conviennent à l'état des Sœurs, ou les défauts les plus opposés au bien commun, et les Sœurs se donneront de garde en ces rencontres de juger témérairement sur ce qui se dit ou conclut, comme se l’ affectant à elles-mêmes ou à quelque autre en particulier, pour le tourner à mauvais sens, ce qui est assez ordinaire aux personnes tentées ou prévenues ; ce qui ôte extrêmement la liberté de celles qui auraient parlé, lorsque cela vient à leur connaissance.
On finira la conférence précisément à cinq heures ; toutes les Sœurs se mettront à genoux, et la Supérieure finira par l’antienne, Confirma (p. 51) hoc etc. et tomes les Sœurs répondront, a templo etc., puis on dira le Veni Sancte, et ensuite chacune se retirera en son particulier pour faire la lecture spirituelle ; si ce n’est dans un grand froid, ou pour une plus grande commodité, on fera la lecture en commun, chacune pourtant dans son livre particulier ; ou bien dans les plus courts jours de l’ année, où on la fera aussi dans une place commune, où il y aura de la chandelle pour cela. Celles pourtant qui, pour la faiblesse de leur vue, ou pour quelque autre raison ne pourraient pas faire leur lecture clans cette place commune, pourront, en ayant obtenu la permission de la Supérieure, la faire en leur particulier.
U,0T27
Chapitre 27ème.
Des assemblées pour déterminer des affaires de la Communauté.
U,0T27,1
Selon l’importance des affaires, elles se terminent aussi différemment. Il y en a qui doivent être proposées et arrêtées en Communauté à la pluralité des voix et auparavant consultées avec les Conseillères et communiquées au Supérieur. Il y en a d’autres sur lesquelles la Supérieure se peut contenter de l'avis des Conseillères, et en cas de difficultés en parler au Supérieur ; et enfin il y en a d’une troisième sorte pour lesquelles elle n’a besoin de consulter personne.
Les affaires que l’on doit traiter en Communauté sont les admissions à l’année de probation, la réception au corps de la Communauté, les élections, les constitutions de rentes, actives ou passives, les aliénations ou achats de fonds en échanges, les (p. 52) baux à rentes perpétuelles ; les bâtiments, réparations ou démolitions considérables : les choses seront réputées considérables qui excéderont la valeur de deux cent livres ; entreprendre ou soutenir quelques procès considérables, ou faire l’ accommodement des procès commencés ; recevoir des fondations.
Quand il sera nécessaire de faire quelque acte de cette sorte, il ne sera délibéré et conclu en Communauté que quant à la substance des choses, laissant au soin de la Supérieure et des Conseillères, et à la prudence du Supérieur de prendre garde aux termes, et aux clauses qui y seront couchées.
Tous les actes qui seront passés par devant notaires seront signés par huit ou dix des anciennes, à la réserve des baux à louage, marchés et autres actes dont on ne délibère pas en Communauté, qui seront signés par la Supérieure, les Conseillères et la Procureuse.
Les affaires que la Supérieure communiquera aux Conseillères, ou celles qui sont à proposer en Communauté, sont les baux à loyer qui seront à faire, l’arrêté des comptes des maisons ou terres appartenant à la Communauté ; la proposition des personnes qui demandent d’être admises dans la Communauté pour en être du corps ; pourvoir aux offices de la maison qui ne sont point électives. Elle les appellera sur ces sortes d’affaires au temps qui lui sera le plus commode.
Au moins une fois le mois, au premier jour non empêché, si elle ne l’a fait par l’occasion d’autres affaires, la Supérieure les assemblera pour découvrir et remarquer avec elles : s’il ne s’est point glissé dans la Communauté quelques relâchements et pour aviser aux remèdes qui seront à y apporter, soit pour le général de la Communauté, soit pour les particulières. Elles conférera (p. 53) aussi en même temps avec elles des affaires de la maison, soit pour le temporel, soit pour le spirituel, se gardant soigneusement de rien témoigner de ce qu’elle aurait appris du secret des particulières dans les communications qu’elles auraient volontairement faites de leur intérieur. Les affaires dans lesquelles la Supérieure peut agir sans prendre avis, sont celles qui regardent le bon ordre de la maison et l’exécution des Règles et des Constitutions, la dépense ordinaire, et les autres usages et coutumes de la Communauté ; cependant elle ne pourra rien acheter par elle-même sans le communiquer à la Procureuse ; c’est à elle à donner ordre à la Procureuse de recevoir les revenus de la maison : faire la dépense journalière, les provisions et les menues réparations. Elle arrêtera la somme de chaque mois dans les journaux, tant de la recette que de la dépense.
U,oT27,3
Elle donnera des aides aux Officières selon leurs besoins et suppléera aux charges non électives pour peu de temps, comme en cas de maladies, ou autres nécessités ; ce temps se doit borner au plus à 15 jours.
Pour les affaires dont il faut délibérer en Communauté, chaque Sœur dira sa pensée de vive voix, excepté aux élections, aux réceptions des Sœurs au corps de la Communauté, dans lesquelles on donnera son suffrage par scrutin avec des fèves, aux propositions des novices, tant pour la prise d’habit que pour la continuation ou exclusion dans l’année de probation, dans lesquelles on procède par voix de scrutin secret : pour cela on donne à chaque Sœur vocale deux billets, sur l’un desquels il y a une croix imprimée, et l’autre est en blanc ; chaque Sœur vocale mettra dans le scrutin le billet qu’elle jugera à propos. Celui qui est marqué d’une croix doit servir à marquer que la postulante est reçue à l’habit, ou continuée dans sa probation ; et l’autre billet blanc marque (p. 54) qu’elle est renvoyée. Le scrutin étant ouvert, s’il se trouve plus de la moitié des billets marqués avec une croix, la postulante est reconnue être reçue à l’habit ou à continuer sa probation ; sinon elle sera renvoyée. Ce qui a été accepté par la Communauté d’une voix unanime en octobre 1725.
Toutes les Sœurs sont étroitement obligées de tenir le secret de tout ce qui se passe dans les assemblées, et ainsi elles ne s’entretiendront jamais ensemble hors l’assemblée, ni des délibérations, ni des a vis particuliers, soit pour ce qui regarde le temporel ou le spirituel, pour s’indiquer ou y trouver à redire ; elles n’en parleront ni entre elles, ni aux Sœurs qui ne sont point vocales ; bien moins aux personnes du dehors. Que si quelqu’une des Sœurs était convaincue d’être tombée en cette faute, elle sera privée de voix active et passive autant de temps que le Supérieur et la Supérieure le jugeront à propos.
Il est du bon ordre d’écrire tout ce qui sera conclu dans les assemblées ; afin qu’on puisse y avoir recours dans le besoin ; cela est surtout nécessaire pour la réception des Sœurs. Ainsi il y aura dans la Communauté un livre dans lequel on écrira les délibérations sur la réception et la continuation des Sœurs à la probation. Il y aura pour cela une des Sœurs qui sera nommée Secrétaire et députée à cet effet par la Supérieure et qui écrira ce qui aura été résolu. Le tout sera signé de la Supérieure et des Conseillères.
U,0T28
Chapitre 28ème.
Des devoirs des Officières en général.
U,0T28,1
Celles qui sont choisies pour quelque office, l’accepteront avec soumission et sans résistance : car souvent cette résistance est plus un effet de la vanité que d’une véritable humilité. Si pourtant elles avaient fait quelque mauvaise démarche pour y arriver, s’il y avait eu quelque cabale ou quelque complot, il vaudrait bien mieux n’y point entrer, que d’y entrer par une si mauvaise porte ; ainsi s’il plaisait à Dieu d’ouvrir les yeux à celles qui auraient (p. 55) ainsi pratiqué leur élection, elles feraient bien de résister et de ne point accepter ; mais elles devraient demander à s’en expliquer en particulier au Supérieur, qui les en déchargerait. Celles qui seront choisies pour Officières doivent s’instruire aussitôt après leur élection de leurs devoirs, afin de s’en acquitter. On leur donnera à chacune une copie des devoirs de leur office, comme elle est ci-après, afin que s’examinant souvent là-dessus, elles voient si elles y sont fidèles.
Les Officières doivent se rendre fort exactes à leur office, considérant que le bon ordre de la maison dépend de leur vigilance et assiduité à remplir leurs devoirs, la Communauté s’étant déchargée sur elles de certaines affaires ; elles en répondront devant Dieu si, par leur négligence, le relâchement s’introduisait dans la Communauté, comme cela arriverait sans doute si celles qui sont choisies pour certains offices ne s’y rendaient pas fidèles. Elles doivent être les plus exemplaires de la maison et édifier, non seulement en faisant avec exactitude tout ce qui est de leur office, mais encore en se rendant à tous les exercices de la Communauté autant qu’ils sont compatibles avec leur office ; et de peur que le relâchement ne s’introduise et que sous prétexte d’occupation, on ne s’absente des exercices de la Communauté, les Officières mêmes ne s’en absenteront pas sans la permission de la Supérieure.
Chapitre 29ème.
Des devoirs des Officières en particulier et premièrement ceux de la Supérieure.
U,0T29,1
La Supérieure aura soin que la régularité soit exactement observée dans la maison et dans les écoles ; pour cela, elle doit être parfaitement instruite des règles et des usages de la maison, et être remplie de l’esprit qu’on a toujours tâché d’inspirer aux Sœurs depuis leur établissement qui est un esprit d’humilité et de simplicité, entièrement éloigné et opposé à l’esprit du monde. S’il s’y glissait quelque chose dans (p. 56) la Communauté qui fût opposée à cet esprit, que quelque Sœur, ou dans ses manières de parler ou d’agir, ou de se vêtir, semblât affecter quelque chose qui ressentît le monde, ou s’éloigner de cet esprit de simplicité, la Supérieure ne le souffrira pas.
Pour maintenir le bon ordre dans les écoles, la Supérieure visitera au moins une fois le mois toutes les écoles de la ville ; et celles de la campagne une fois l’année, à moins qu’elles ne se multiplient par trop ; en ce cas, il faudra prendre d’autres mesures qu’on prendra dans le temps si le cas arrive, pour n’être pas trop souvent en campagne et hors de la Communauté.
Comme le bon ordre de la maison dépend du rapport et de la confiance que les Sœurs auront à leur Supérieure, elle s’appliquera à entretenir cette confiance ; se rendant affable à toutes ses Sœurs, elle n’en rebutera aucune, elle ne se plaindra point de leur importunité ; elle les supportera dans leurs faiblesses et fera tous ses efforts pour les tirer de peine et les porter toutes à Jésus-Christ.
Elle donnera aux Sœurs une grande liberté de parler au Confesseur ordinaire et au Supérieur, ne les gênant en rien sur cet article et elle ne s’informera jamais et ne leur fera point rendre compte de ce qu’elles leur auront dit.
U,oT29,2 Elle prendra garde de ne témoigner jamais aucune amitié particulière à aucune des Sœurs ; mais elle les aimera toutes en Jésus-Christ, et travaillera également à la perfection des unes et des autres. Tous les mois, elle assemblera le Conseil pour parler des affaires de la Communauté et concerter avec les Sœurs Conseillères, sur ce qu’il y aurait à faire pour le bien de la maison ; elle leur demandera si elles n’ont point remarqué quelque relâchement qui se soit glissé pendant le mois et aviser avec elles des moyens pour y remédier. Dans les assemblées, elle prendra garde qu’en proposant les choses, elle ne dise pas trop ou vertement son sentiment, de peur que les Sœurs ne le suivent aveuglément, et que sans examiner (p. 57) ce qui serait plus avantageux, elles ne se laisent aller aux impressions qu’elles auraient reçues.
Elle aura un grand soin que les enfants orphelins ne manquent de rien ; elle les visitera au moins une fois la semaine.
Elle évitera d’agir avec trop d’empressement, d’empire et de sévérité ; elle conduira plutôt les Sœurs à Jésus-Christ par la douceur. Elle n’épargnera pourtant pas, par une fausse compassion, celles qui auraient manqué, mais agira à l’égard de chacune selon que prudemment et chrétiennement elle croira nécessaire pour le bien de la Communauté.
Elle n’entreprendra rien de conséquence sans l’avis du Supérieur, et afin qu’elle-même ait le mérite de l’obéissance qu’elle fait pratiquer aux autres et éviter la vanité qui serait à craindre si elle pouvait faire toutes chose par elle-même, elle ne se dispensera point des règles ordinaires de la maison sans permission, et s’il arrivait que, pour quelques nécessités, elle ne pût se trouver aux principaux actes de la Communauté, comme la Sainte Messe, l’oraison, les vêpres, la conférence, le réfectoire et la récréation, elle ne s’en dispensera point sans la permission de l’Assistante, ou à son défaut de la plus ancienne qui se trouvera dans la maison, à la réserve néanmoins que pour l’oraison du soir, s’il y avait quelques besoins de parler aux Sœurs pour leur intérieur, elle pourra le faire sans être obligée de demander permission ; et pour lors elle prévoira de faire sa lecture et son oraison de meilleure heure.
Quand elle sortira pour des choses de longue durée, comme pour aller à la campagne, tant pour elle-même que pour la Communauté, elle prendra l’avis du Supérieur ou du Confesseur.
Elle aura pour les affaires de la maison, beaucoup de rapport et d’union avec l’Assistante ; elle lui communiquera les affaires qui peuvent être communiquées et elles agiront toutes deux de concert pour le bien de la maison.
Elle fera exactement observer à toutes les Sœurs la méthode des catéchismes, comme elle leur est marquée dans le Règlement des écoles.
U,0T30
(p. 58)
Chapitre 30ème.
Des devoirs de l’Assistante.
U,0T30,1
L’Assistante est celle qui doit soulager et assister la Supérieure dans le gouvernement de la maison ; elle doit donc agir de concert avec elle pour maintenir le bon ordre et la régularité et conserver l’esprit de piété dans la maison ; pour cela, il faut qu’elle veille avec attention à tout ce qui se passe, et qu’elle en fasse un rapport fidèle à la Supérieure au cas qu’elle ait remarqué quelque relâchement et quelque chose contraire à l’esprit de la Communauté.
Elle doit exhorter et porter les Sœurs à avoir une grande confiance à la Supérieure, et elle leur persuadera que cela est du bon ordre de la maison ; si elle en trouvait quelqu’une qui manquât de confiance et d’ouverture pour la Supérieure, si après l’avoir exhortée, elle continuait toujours ses aversions et défiances, elle en avertira le Supérieur, afin qu’il y apporte les remèdes nécessaires.
Elle prendra bien garde de ne s’attacher point les Sœurs au préjudice de la Supérieure ; pour cela elle ne les écoutera point du tout dans leurs peines, mais elle les renverra à la Supérieure ; à moins que la Supérieure elle-même ne juge que, pour le bien de quelques particulières, il est à propos qu’elle les écoute ; et dans ce cas elle les écoutera et elle portera toujours à avoir plus de confiance en leur Sœur Supérieure.
A l’absence de la Supérieure, l’Assistante fera ce que la Supérieure ferait. Elle présidera aux assemblées, et fera les autres choses que la Supérieure a coutume de faire ; elle n’innovera pourtant rien et ne changera quoi que ce soit de ce que la Supérieure a fait ou établi. Elle rendra compte à la Supérieure à son retour de ce qui s’ est passé pendant son absence.
U,0T31
[p. 59)
Chapitre 31ème.
Les devoirs de la Maîtresse de probation.
U,0T31,1
Il est aussi important pour le bien de la Communauté de bien élever les novices, qu’il est nécessaire de jeter de bons fondements pour faire un édifice solide, et de semer du bon grain pour faire une abondante récolte. Celle donc que la Providence a chargée de cet emploi doit garder exactement ces avis ; afin de s’acquitter fidèlement d’un emploi qui, étant le plus utile, est aussi le plus difficile de la maison. Elle doit estimer beaucoup son emploi et le regarder comme le plus important à la Communauté, puisqu’elle doit donner des sujets qui en conservent l’esprit et en soutiennent la régularité. Cet emploi demandant des qualités qui se trouvent rarement rassemblées dans une même personne, celle qui en est chargée doit ne le regarder qu’avec crainte : mais une crainte mêlée de confiance, espérant que Dieu qui l’y a engagée lui fera la grâce des’ en bien acquitter. Comme ce n’est pas un effet de l’ adresse et de l’ invention humaine d’inspirer l’esprit de piété et de régularité à des jeunes filles qui sortent du monde, mais plutôt un effet de la grâce, il faut que celle qui est chargée de ce soin ait souvent recours à la prière et qu’elle soutienne l’édifice spirituel qu’elle doit élever dans les autres par ses saints désirs et oraisons.
Elle doit plus enseigner par ses exemples que par ses paroles, et elle doit être un miroir de vertus, où on voie ce qu’il faut faire, avant qu’elle le dise et où on ne puisse jamais rien remarquer de ce qu’elle serait obligée de reprendre dans les autres ; il doit paraître dans son extérieur, une modestie qui édifie ; mais qui soit plutôt l’effet du recueillement intérieur, que d’une contrainte gênante et étudiée.
U,0T31,2
Elle doit avoir un abord facile et engageant, où ses filles ne trouvent [p. 60) jamais de rebut, ni de dureté ; mais elle doit être à l’égard de toutes, comme un port ouvert, où elles se puissent retirer lorsqu’elles se trouvent agitées par le vent des tentations, par le dégoût de leur vocation et autres peines qui ne sont que trop ordinaires dans la vie.
Elle doit, par toutes sortes de marques, se gagner la confiance de ses filles ; pour cela leur témoigner une grande ouverture et une tendresse de mère : reconnaître leur humeur et étudier les manières de gagner leur cœur, n’y ayant rien de si important, dit Saint François Xavier, que les novices aient une entière ouverture pour découvrir leurs peines et leurs tentations à celle qui les conduit.
N’agir jamais par humeur ni par caprice, se défier beaucoup des sympathies et des inclinations naturelles qu’ 011 ressent pour quelques unes et des antipathies et aversions qu’on ressent pour d’autres ; elle doit s’ appliquer beaucoup à reconnaître leur esprit, s’il n’est point double et dissimulé : si elles sont d’une humeur douce et traitable, si elles ne sont pas trop faciles pour prendre les impressions, aussi bien du mal que du bien ; si elles sont d’un jugement solide qui ne s’attache point à la bagatelle, mais qui ne s’arrête point aussi avec opiniâtreté à ses pensées ; si elles ont de l’honnêteté sans affectation, de l’humilité sans bassesse ; si elles ont de l’ouverture pour l’école, de la constance dans leurs peines, de la docilité et de la soumission à ce qu’on leur dit.
U,0T31,3
Pour bien connaître ses filles, elle doit être souvent avec elles, les pratiquer de près dans les conversations, dans les entretiens, dans les écoles ; car il est difficile de se cacher longtemps et de faire violence à sa nature et à son esprit pour qu’il n’échappe ; elle ne doit pourtant pas juger pour une ou deux échappées qui leur seraient arrivées ; cela servira pourtant pour lui faire connaître leur (p. 61) humeur et leur donner des avertissements nécessaires ; elle ne doit jamais donner des marques d’une amitié singulière à aucune ni lui témoigner plus d’ouverture.
Quoiqu’elle doive faire attention aux qualités de l’esprit et aux talents naturels, elle doit encore plus faire de cas de la vertu ; elle doit pourtant préférer la vertu jointe à un bon esprit : car la piété d’un esprit bas et petit n’est pas d’ordinaire de longue durée. Elle exercera les novices dans la pratique de toutes les vertus, surtout dans celles de la profession qu’elles veulent embrasser, leur inspirant beaucoup l’esprit intérieur, la mort à leur jugement, l’amour de la sainte pauvreté, le mépris du monde ; une souveraine estime de la pureté, une obéissance aveugle à leurs Supérieurs etc. Elle leur fera pratiquer ces vertus dans les occasions.
Elle doit leur enseigner la manière de bien faire l’oraison, leur en inspirant du goût, leur en apprendre la méthode et se faire rendre compte de temps en temps comment elles s’y comportent.
U,0T31,4
Elle ne doit donner à ses novices que des épreuves qui édifient la Communauté sans les rendre ridicules, évitant de leur faire faire des choses qui servent plutôt à divertir celles qui les voient qu’à humilier celles qui les font. Elle ne leur fera jamais faire des choses qui excitent la risée ; mais elle les occupera aux emplois les plus bas de la maison, les plus dégoûtants et auxquels l’orgueil humain ou l’amour-propre a plus de répugnance. Elle ne doit pas leur donner des épreuves trop fortes et indiscrètes qui les rebuteraient et leur Ôteraient la confiance qu’elles doivent avoir à leur Maîtresse.
Elle ne les épargnera pas non plus et prendra garde qu’elles ne s’ attachent point à elle d’un amour trop naturel. Elle doit être un moyen pour les porter à Dieu, et ce serait leur faire un très (p. 62) grand ton si elles s’arrêtaient en chemin. Si donc elle voyait que ses filles s’ attachassent et se liassent à elle d’un amour trop naturel, elle tâchera de rompre ces liens d’une amitié trop humaine, en leur témoignant un peu de froid, en refusant de les entendre et les renvoyant à la Supérieure ; se gardant toutefois de leur faire connaître qu’on s’aperçoit bien qu’elles s’attachent à elle : car cela serait plus propre à fortifier ces liens qu’à les rompre.
Elle ne doit pas indifféremment user des mêmes épreuves envers routes ses filles ; mais elle doit les proportionner à leurs forces, à leur grâce et à leur vertu. Il faut aussi prendre le temps favorable pour faire ces épreuves : car rien n’est si dangereux que de les faire à contretemps.
U,0T31,5
Avoir en toutes choses beaucoup de rapport avec la Supérieure et n’agir que de concert avec elle ; s’entendre ensemble pour éprouver les novices, en rebuter quelques unes, afin qu’elles aient recours à la Supérieure, en accueillir d’autres que la Supérieure aurait rebutées par épreuve. Quand une fille n’est pas encore capable d’une forte épreuve, la faire en sa présence sur une autre qui a plus de vertu, afin qu’entrant en confusion de ce qu’on punit dans une autre une faute dont elle se reconnaît coupable, elle entre en confusion de sa faute et fasse pénitence.
Un excellent moyen que donnait Saint François Xavier pour faire profiter les novices, c’est de les obliger de dire devant leurs Sœurs quelque chose sur les vertus qu’on a reconnu leur être plus nécessaires, ou sur les vices où on les voit plus enclines ; et les avenir de cela un jour ou deux auparavant, qu’un tel jour dans la récréation, ou ailleurs, elles diront quelque chose à leurs Sœurs touchant l’obéissance, l’humilité, la simplicité, ou autres vertus suivant leur besoin ; cela fait qu’étant obligées de parler, elles cherchent des raisons (p. 63) qui, en convainquant les autres, les convainquent aussi elles-mêmes.
Celle qui est chargée des novices, ne doit point se rebuter, quand il lui semblerait que ses filles n’avancent pas dans la vertu comme elle souhaiterait ; elle doit pour lors redoubler ses soins, sa vigilance et ses prières, et abandonner le succès à Dieu. Elle doit faire le rapport fidèle à la Communauté, ou au Conseil et au Supérieur quand il le faut, de ce qu’elle aura remarqué dans ses filles ; elle ne doit pour lors envisager que le bien de la Communauté et ne se point laisser aveugler par aucune vue humaine, ni éblouir par quelques talents extérieurs ; mais regarder Dieu purement et le bien de la maison. Elle doit prendre garde aux termes dont elle se sert, dire la vérité nûment sans user de paroles ou trop faibles ou trop fortes, pour faire pencher du côté où elle même incline.
U,0T31,6
Elle continuera ses soins pour contribuer à 1’ avancement spirituel de celles qui, après l’année de probation, demeureront encore deux ans au noviciat suivant les Constitutions. Elle tâchera de les fortifier dans les vertus de leur sainte profession, leur en fournira autant qu’elle pourra les occasions. Elle assemblera chaque semaine une fois les unes et les autres ; c’est-à-dire, tant celles qui n’ont pas encore fait leurs vœux, que celles qui les ont faits, pour leur faire un entretien de piété dans lequel elles’ appliquera à leur inspirer 1’ esprit de la maison ; c’est-à-dire, un esprit de simplicité, de mort à soi-même et aux créatures ; elle ne souffrira rien dans ses filles qui ressente 1’ esprit du monde, elles’ appliquera à déraciner les restes funestes de ce dangereux esprit que pourraient apporter celles qui en sortent. Si donc elle en remarquait quelques-unes dont 1’ esprit fût altier et superbe, qui s’ en fasse accroire pour ses talents, ou pour sa naissance, elle s’ appliquera à l’humilier en lui donnant les emplois les plus bas et lui faisant pratiquer d’autres humiliations, selon sa prudence et discrétion. Elle ne souffrira (p. 64) en elles aucune semence de division ; mais elle veillera avec soin qu’elles gardent toujours entre elles des règles d’honnêteté ; elle leur inspirera une grande charité les unes pour les autres et à se rendre service mutuellement ; s’il y avait eu quelques paroles qui eussent blessé tant soit peu la charité et qui aient été dites, elle regardera ce commencement de division comme un mal dangereux dont il faut arrêter le progrès ; elle imposera à celle qui lui paraîtra la plus coupable une pénitence proportionnée à sa taure et à ses forces.
Elle doit veiller avec beaucoup de soin à ce qu’il ne s’introduise entre ses filles aucune amitié particulière. Ainsi elle prendra garde que celles qui sont d’un même pays ou d’un même âge et dont les humeurs reviennent et qui se sont connues dans le monde, ne communiquent pas trop ensemble ; c’est une peste dangereuse pour les Communautés que les amitiés particulières ; de là les confidences secrètes et les cabales et si on n’arrête ce mal naissant, il est capable de renverser la Communauté.
Elle formera ses filles à toutes les fonctions de la maison, à la lecture, à l’écriture et surtout à l’instruction. Elle leur apprendra la manière de la bien faire et d’une manière utile pour les enfants ; elle ne souffrira pas qu’elles prennent des méthodes d’instruire trop sublimes et trop relevées ; mais elle leur apprendra une manière simple, modeste et qui ne ressente rien de la vanité ; elle leur inspirera un grand zèle pour ce saint exercice et leur en donnera une grande idée et telle qu’il mérite.
U,0T31,8
Elle les portera aussi souvent à avouer leurs fautes à l’obéissance et celles qui ont fait leurs vœux à les dire ingénument dans le chapitre ; elle obligera quelquefois les novices à dire à l’obéissance quelle est leur passion dominante ; ce qui servira à deux fins, 1ère. à les faire connaître. 2ème. on remarquera par là quels efforts elles se font dans la suite pour avancer dans la vertu.
Outre le rapport que la Maîtresse de probation aura fort grand avec la Supérieure pour la conduire de ses filles, elle l’aura tout entier pour leurs emplois, ne les employant qu’à ce que la (p. 65) Supérieure jugera à propos : elle ne les appliquera donc point elle-même à aucun emploi que de concert avec la Supérieure.
Quand elle sera obligée de leur parler pour leur donner quelques avis, elle observera en quelle disposition elles sont, pour proportionner ses avis à leurs besoins. Si elles sont tentées, elle agira envers elles d’une manière douce et compatissante ; enfin elle tâchera de se faire toute à toutes pour les gagner toutes à Jésus-Christ.
U,0T32
Chapitre 32ème.
Devoirs des Conseillères.
U,0T32,1
Celles qui seront choisies pour Conseillères, doivent accepter cette charge avec soumission et avec humilité. 1ère. Avec humilité, s’en estimant indignes ; car c est toujours quelque chose de difficile d’avoir part au gouvernement, et ce serait un orgueil très dangereux et fort criminel, si on croyait avoir la prudence, la vertu et la discrétion nécessaires pour bien remplir cet emploi. Il faut cependant l’accepter. 2ème, Avec soumission, sans s opposer aux desseins de Dieu et espérer que, quoiqu’ on en soit indigne, Dieu ne manquera pas de donner les lumières nécessaires pour donner de bons conseils.
Étant choisies pour cet office, il faut s'en acquitter avec soin et se considérer comme obligées par un titre particulier de procurer le bien de la maison. On doit prendre garde à tous les relâchements qui pourraient s'y glisser ; et dès qu’on s’aperçoit de quelque chose contraire au bon ordre de la maison, en avertir la Supérieure et prendre avec elle et les autres Conseillères le moyen d'y remédier.
Les Conseillères doivent avoir un grand zèle pour le bien de la maison, mais un zèle éclairé, qui ne leur fasse pas condamner (p. 66) ou approuver aveuglément et selon leur caprice ; mais elles doivent peser et examiner toutes choses selon qu’ elles jugeront à propos pour le bien de la Communauté, en conférant avec les autres Sœurs du Conseil, lorsque ledit Conseil est assemblé et non autrement. Ce zèle doit être désintéressé, n’ épargnant personne quand ils’ y agit du bien de la maison ; tout doit céder dans leur esprit au bien de la Communauté, et quand ce serait une parente ou une amie, dont la conduite serait dangereuse pour la maison, ces considérations ni aucune autre ne doivent pas les empêcher d’en avertir et de délibérer sur les moyens d’y remédier.
U,0T32,2
Comme elles sont établies pour aider la Supérieure de leurs conseils, elles doivent avoir beaucoup de rapport avec elle ; il ne faut pourtant pas qu’elles paraissent trop dévouées à ses sentiments, ni qu’ elles les suivent aveuglément en toutes choses ; mais il faut qu’ on croie, et que cela soit vrai en effet, qu’ elles ne cherchent que le bien de la maison et qu’ elles ont assez de lumière et de liberté pour voir et pour dire ce qui sera le plus avantageux pour la maison. Elle diront donc librement leur pensée dans le Conseil, chacune à son rang ; c est-à-dire premièrement la dernière Conseillère, ensuite la seconde, puis la Maîtresse de probation, ensuite l’Assistante et enfin la Supérieure conclura librement ; c est-àdire qu’ elles ne doivent point agir par respect humain, ni par compagnie et être d’un sentiment parce qu’une autre en est ; mais elles doivent examiner ce qui est le plus expédient et dire avec liberté ce qu’ elles croiront le plus avantageux pour la Communauté.
Elles diront aussi leur sentiment simplement sans chercher de grands discours ; mais elles exposeront sans fard et sans artifices les raisons sur lesquelles est appuyé leur sentiment ; elles ne le proposeront point en des termes trop recherchés et ne s étudieront point à attirer les autres dans leur sentiment, mais à chercher la vérité et le bien de la Communauté.
U,0T32,3
Elles ne s’attacheront point opiniâtrement à leur sentiment, et se donneront bien de garde de témoigner aucun ressentiment si leur (p. 67) avis n’est pas suivi ; mais elles s’en tiendront de bon cœur au sentiment des autres si la pluralité est d’un sentiment contraire au leur ; soumettant pour lors leur jugement et regardant comme un orgueil dangereux de s’opposer au sentiment de la pluralité, et de croire avoir meilleure raison que les autres. Si pourtant on avait encore quelque chose à ajouter pour l’éclaircissement de la chose dont ils’ agit, on pourra, en ayant obtenu la permission de la Supérieure, dire ce qu’on avait encore à dire, et cela se doit faire avec simplicité et sans passion.
On se donnera bien de garde de concevoir quelque refroidissement contre celles qui seraient d’un avis contraire, encore plus de le témoigner par quelques paroles dures et piquantes, de contester avec trop de chaleur ou d’opiniâtreté ; et si cela arrivait deux fois à une même Sœur, la Supérieure l’ayant avertie en particulier de parler avec plus d’honnêteté à ses Sœurs, si elle ne se corrigeait, il faudrait en avertir le Supérieur et si elle continuait, elle mériterait d’être déposée ; il n’en faut pourtant venir là qu’à l’extrémité et après avoir tenté inutilement tous les autres moyens.
U,0T32,4
Les Conseillères éviteront avec soin toutes les cabales entre elles, et si quelqu’une était convaincue d’avoir, par sollicitations ou quelques entretiens particuliers, fait entrer une autre Conseillère dans son sentiment, elle sera privée par le Supérieur de voix active et passive pour autant de temps qu’il le jugera à propos. Elle seront présentes lorsqu’on rendra les comptes au Supérieur. Elles garderont un secret in violable de tout ce qui se sera dit dans le Conseil ; elles n’en parleront pas même entre elles hors le Conseil, si elles ne sont toutes ensemble, ou qu’elles ne soient commises par le Conseil même pour travailler à l’ affaire dont il est question ; mais quand le Conseil ne serait plus assemblé, elles pourraient, se trouvant toutes ensemble, parler de la même affaire pour le bien de la maison ; mais jamais deux à deux en particulier, ni à l’absence de la Supérieure.
Les Conseillères demanderont souvent à Dieu le don de conseil, elles (p. 68) auront une particulière dévotion au Saint Enfant Jésus, qui est appelé l’Ange du grand Conseil, et dans les affaires difficiles et épineuses, elles feront quelques prières particulières pour demander à Dieu les lumières nécessaires.
U,0T33
Chapitre 33ème.
Les qualités que doit avoir une bonne Conseillère.
U,OT33,l
Premièrement, la solide piété. 2. A voir l’esprit éclairé et intelligent. 3. Qu’ elle soit sincère et désintéressée. 4. Qu’ elle ait une intention pure et droite, ne regardant que la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de la Communauté. 5. Qu’ elle ait de la conduite et de l’ expérience. 6. Qu’ elle soit de mérite et recommandable en vertu avec un désir d’ appuyer la vérité. 7. Qu'elle soit savante, ferme et généreuse. 8. Enfin, qu’elle soit humble et éloignée de sa propre estime.
Jéthro disait à Moïse : prenez des personnes qui craignent Dieu, qui aient la vérité au cœur. Et David disait qu’il ne prenait que des personnes qui avaient le cœur droit pour être auprès de lui. Et Saint Bernard dit : faites tout avec conseil, mais prenez ce conseil des gens de bien ; il dit encore que les esprits contentieux et ennemis de la paix sont indignes et incapables d’un bon conseil. Et Sénèque dit que ces sortes d’ esprits sont malins et dangereux, indignes d’une société et à plus forte raison d’un bon conseil.
Saint Bonaventure dit que le conseil est pour éclairer les doutes, pour appuyer la vérité et repousser le mal, et qu’il faut que les personnes qui le donnent soient sages, éclairées, qu’elles aient du poids, et soient recommandables par leur mérite.
L’Ecclésiastique ordonne de ne prendre conseil qu’à des personnes vertueuses : ce qu’il appelle choisir le cœur d’un bon conseil.
U,0T34
(p. 69)
Chapitre 34ème.
Les devoirs de l’Économe ou Procureuse.
U,0T34,1
L'Économe ou Procureuse sera choisie par la Supérieure, de concert avec les Conseillères, à la pluralité des voix. Les voix ne se donneront pas par scrutin ; mais chacune des Conseillères ayant dit son sentiment après que la Supérieure aura exposé elle même le sien, elle conclura pour celle qui aura le plus de suffrages, et pour le choix de laquelle les Sœurs auront apporté de meilleures raisons.
Il faut choisir une Sœur de la Communauté qui n’ait aucune charge embarrassante, afin qu’elle soit plus libre pour vaquer aux affaires temporelles. La Supérieure pourra, de l’ avis des Conseillères, la déposer et en choisir une autre ; il n’est pourtant pas à propos de le faire, qu’en cas de grande négligence, ce changement étant plus nuisible que profitable. Pour l’ordinaire, celle qui sera choisie sera trois ans Économe, après lesquels on en choisira une autre ; si ce n’est que pour le bien de la maison, on ne juge à propos de la continuer encore trois ans, après lesquels on ne pourra plus la continuer, si ce n’est trois ans après.
L’Économe fera la dépense de la maison et recevra toutes les semaines de la Supérieure l’argent nécessaire pour la dépense ordinaire, dont elle rendra compte à la Supérieure. On arrêtera tous les comptes de la semaine, et on fera un total du mois, pour être mis dans les comptes généraux qui se rendent tous les ans au Supérieur.
Elle prendra garde de ne point faire de dépense superflue, de ne rien changer dans la grossièreté de l’ étoffe pour les habits, des meubles et de la nourriture.
Comme cet emploi est le plus dissipant de la maison, celle qui sera choisie pour le remplir doit observer les avis suivants pour son bien particulier.
U,0T34,2
Demander souvent à Dieu l’esprit intérieur et de dévotion, qui se perd ordinairement dans le maniement des affaires temporelles. (p. 70) Ne donner aux affaires que le temps qu’elles méritent et ne s’y pas employer avec trop d’empressement. Si elle se sentait trop empressée et inquiète, elle doit se souvenir du reproche que Jésus-Christ fit à Marthe qui était trop empressée et trop inquiète.
À ne s’en occuper que dans le temps qu’on les fait, lorsqu’on y a donné le temps raisonnable.
À donner à chaque affaire du temps à proportion qu’elle en mérite : car une affaire de conséquence doit être plus examinée qu’une autre de moindre conséquence.
Ne jamais rien précipiter par impétuosité naturelle, ni retarder par paresse, ou par négligence.
Vivre au jour la journée, sans songer au lendemain.
Prendre garde que les affaires ne nous dominent pas tellement et ne nous accablent point : ainsi avant que de les commencer, demander à Dieu la grâce de les faire avec liberté d’esprit, et après qu’elles seront faites, en remercier Dieu en attendant le succès ou la perte ; puisque l’un peut être aussi utile quel’ autre pour notre sanctification.
Ne rien épargner pour la guérison des malades, lorsqu’on juge cela nécessaire ; ne pourtant rien faire sans la permission de la Supérieure.
Dans son emploi, avoir en vue non pas d’augmenter ou conserver les biens de la maison, mais de lui donner des moyens de subsister pour procurer la gloire de Dieu.
Lorsqu’on voit de l’argent, s’accoutumer à voir cela avec indifférence, comme on voit de la terre, en considérer la vanité et tâcher d’en concevoir du mépris.
Lorsqu’on a fait une bonne affaire pour la maison, n’en point témoigner de joie, arrêter et modérer au dedans celle qu’on pourrait avoir ; ne point s’ affliger des pertes, ni en rien témoigner : mais louer Dieu également de l’ un et de l’ autre.
U,oT34,3
Avoir soin que les Sœurs ne manquent de rien pour la nourriture, linges, habits etc.
(p. 71) Lorsqu’on donne son suffrage pour la réception d’une Sœur, témoigner encore plus que les autres du peu d’égard qu’on doit avoir pour les biens, lorsqu’il s’ agit de recevoir ou renvoyer une fille.
Avoir soin de payer raisonnablement toutes les personnes qu’on emploie, et ne faire jamais attendre les ouvriers pour le paiement de leur salaire ; elle veillera sur ce qu’ils feront dans la maison, et elle marquera le temps qu’ils y mettront et les ouvrages.
Ne faire jamais donner d’exploit à personne, sans avoir auparavant tenté toutes les autres voies.
Ne jamais entreprendre de procès sans avoir proposé l’arbitrage et toutes les autres voies honnêtes pour s’accommoder.
Prendre garde qu’en bien des occasions, on ne peut pas se servir de tout son droit à la rigueur, sans blesser la charité, qu’il faut quelquefois remettre une partie de la dette et quelquefois attendre longtemps pour le paiement.
Consulter toujours des praticiens qui aient réputation, non seulement d’être habiles, mais qui aient de la droiture et de la probité.
Supposé qu’on soit obligé de plaider, ne jamais permettre qu’un avocat, ou un procureur, blesse la réputation de la partie adverse ; mais qu’il se contente de dire ce qui fait le bon droit.
Se rendre quelques oraisons jaculatoires familières pour conserver l’esprit intérieur au milieu des affaires ; comme de dire avec Saint Ignace : "que la terre m’est à dégoût, quand je regarde le ciel". Songer que les biens sont caducs et périssables, qu’ils ne méritent pas que nous les aimions.
U,0T34,4
Que pour gagner tout le monde, il ne faudrait pas commettre un péché véniel pour petit qu’il soit ; que cependant on en commet plusieurs dans les affaires ; on juge, on soupçonne trop facilement les gens avec lesquels on a à faire : on fait connaître quelquefois ses défauts sans nécessité, on a de la froideur pour certains et de l’inclination de faire plaisir à d’autres ; on agit par humeur, promptitude etc.
Pour remédier à tous ces défauts, l’esprit intérieur est absolument nécessaire ; ainsi dans cet emploi, on ne doit jamis manquer à (p. 72) l’ oraison ; dès le matin offrir à Dieu tout ce que l’ on fera, afin qu’il y donne sa bénédiction. S’examiner souvent sur les défauts que l’ on commet dans son emploi et prendre des moyens propres et faciles pour s’en défaire.
U,0T35
Chapitre 35ème.
De la Sous-Assistante.
U,0T35,1
La Sous-Assistante ne sera point choisie par la Communauté ; mais par la Supérieure de l’avis des Conseillères. On choisira pour cela une Sœur ancienne, qui pourra être changée par la Supérieure selon qu’elle le jugera à propos pour le bien de la maison ; elle ne pourra la changer que de l’avis des Conseillères.
Celle qui sera choisie pour cet office doit être régulière et exemplaire ; son office est de suppléer au défaut de la Supérieure et de l’ Assistante, et de faire en leur absence, ce qu’elles-mêmes feraient si elles étaient présentes. Elle doit, lors même que la Supérieure et l’ Assistante sont à la maison, veiller sur tout ce qui s’y passe et assister à tous les exercices communs de la maison ; elle y présidera, lorsque la Supérieure et l’ Assistante n ’y seront pas présentes et fera généralement tout ce que l’Assistante ferait ou devrait faire, sinon qu’elle sera plus retenue à reprendre les fautes, se contentant pour l’ordinaire de les remarquer pour en avertir la Supérieure et reprenant seulement par forme d’avertissement sans user de paroles trop sévères et réservant la correction à la Supérieure. Si elle découvrait qu’il s’introduisît quelque chose contre le bon ordre de la maison, ou la perfection des Sœurs, elle en avertira la Supérieure. Si l’Assistante s’oublie de dire ou faire quelque chose de sa charge, elle l’en fera souvenir.
le bien de la Communauté l’oblige d’avoir une grande union avec la Supérieure et !’Assistante, et elle prendra soigneusement garde de ne jamais désapprouver en général ni en particulier leur conduite ; mais elle se conformera en tout, comme l’Assistante, aux intentions de la Supérieure.
U,oT36
(p. 73)
Chapitre 36ème.
De la Sous-Maîtresse de probation.
U,oT36,1
Elle sera pareillement choisie par la Supérieure de l’avis des Conseillères. Sa charge sera d’être à la Maîtresse de probation, ce qu’est la Sous-Assistante à l’ Assistante.
Quand la Maîtresse de probation ne pourra pas se trouver à l’ obéissance des prétendantes, la Sous-Maîtresse s’y trouvera et observera à peu près la même chose qu’aurait fait la Maîtresse de probation ; à 1’ exception que, si une prétendante s’accusait de quelque faute considérable, elle l’obligera de le dire à la Maîtresse de probation. Elle observera tout ce qui est marqué ci-dessus dans l’article de l’Assistante.
Elle fera l’obéissance aux filles qui n’ont point l’habit, leur fera lire par une d’elles les sentences qu’on a accoutumé de lire et leur donnera un petit mot d’instruction suivant leur besoin.
U,oT37
Chapitre 37ème.
De la Secrétaire.
La Supérieure choisira une Sœur capable de bien s’ acquitter de cet emploi et de la fidélité de laquelle on puisse s’ assurer ; elle doit être une des Conseillères.
Elle aura un livre dans lequel elle écrira les admissions des prétendantes à la probation ; les délibérations qui seront faites lorsqu’elles sont proposées de quatre en quatre mois à la Communauté, leur réception au corps de la Communauté ; elle écrira aussi leur renvoi et les causes.
Elle écrira toutes les élections sur un livre séparé, nommera les personnes et les offices, elle écrira pareillement le décès des Sœurs et Supérieures, quand elles meurent en charge. Elle ne (p. 74) donnera aucun acte, ou extrait de ses livres, sans la permission de la Supérieure. Elle aura toujours un grand rapport à la Supérieure et sera très unie avec elle.
Elle aura un livre des Mortuaires, où elle écrira le décès des Sœurs, et un pour les orphelins.
Il y aura un coffre fermant à clef, la Supérieure en aura une et la Secrétaire l’autre. Elle aura deux livres dans lesquels elle écrira les décisions du Conseil, l’un pour le temporel et l’autre pour le spirituel, afin d’être vus en cas de besoins
Nota : que les décisions touchant les affaires temporelles ne s’écriront point par la Secrétaire, mais bien par la Procureuse.
U,0T38
Chapitre 38ème. L’Infirmière.
U,0T38,1
L’Infirmière doit avoir soin non seulement des malades, mais encore de celles qui ont une santé faible, ou qui relèvent de maladie. Elle doit avoir un cœur charitable, généreux et compatissant pour supporter toutes les faiblesses et rebuts des malades, pour leur procurer les secours et les remèdes en temps convenable ; elle n’attendra pas l’ extrémité où, pour l’ordinaire, les remèdes sont inutiles.
Elle ne doit pas abandonner les malades, surtout quand elles sont à l’extrémité, qu’auparavant elle n’ait averti celle qui doit prendre soin à sa place de tout ce qui est nécessaire aux malades, tant pour les remèdes à leur donner, que pour d’autres soulagements dont elles qui seraient pourraient avoir besoin ; elle marquera l’heure et le temps que ces choses doivent être données, lui recommandera la vigilance et le soin qu’ elle doit avoir de prévenir les malades dans leurs nécesités.
(p. 75) Si elle était absente un long temps, à son retour elle doit s’informer de tous les accidents qui pourraient être arrivés à ses malades ; et de tout ce qui s’est passé, afin d’en pouvoir rendre compte au médecin et recevoir toutes ses ordonnances.
Elle doit être soigneuse d’avertir les malades de leurs devoirs envers Dieu, d’autant que bien souvent la violence du mal fait perdre l’ attention et oublier Dieu ; pour ce sujet tous les matins elle les exhortera avoir recours à Dieu et à lui offrir à la nouvelle journée qui sera peut-être la dernière. Elle les exhortera aussi à se rendre conformes à Jésus-Christ souffrant ; leur donnera de l’ eau bénite et fera avec elles les exercices du matin, en forme d’exhortation sur les choses essentielles au salut et selon leurs besoins ; ensuite elle les accommodera et fera en sorte qu’elles soient dans la propreté qu’elles doivent erre avant l’arrivée du médecin, des ecclésiastiques ou autres personnes dont elles peuvent être vues.
U,0T38,2
Quand le Confesseur viendra, ou quelques autres ecclésiastiques, elle ne les laissera pas seuls avec la malade ; mais se tiendra dans l’infirmerie un peu éloignée. Elle observera exactement tout ce qui paraît dans les malades de leurs dispositions intérieures pour en informer la Supérieure aussi bien que de tous les besoins du corps, afin de leur procurer tous les soulagements nécessaires pour leur faire porter leurs peines avec patience et pour l’amour de Dieu.
Elle les disposera honnêtement et proprement, toutefois selon la sainte pauvreté, lorsqu’il sera temps de leur administrer les Saints Sacrements ; elle les exhortera à en faire un saint usage et leur procurera de la Supérieure tous les secours et les consolations possibles ; elle ne leur parlera que de ce qui peut servir à les sanctifier dans leurs peines : cela n’empêchera pas les petites complaisances et certaines paroles de gaieté que la charité et l’amitié produisent (p. 76) et qui donnent une démonstration qu’on ne se lasse pas de la longueur de la maladie, que l’ on a beaucoup d’inclination à leur donner du soulagement.
Le soir étant venu, où ordinairement les douleurs sont dans leur redoublement, l’Infirmière aura grand soin comme le matin d’exhorter les malades à passer la nuit avec courage et amour envers Dieu, se résignant et abandonnant à sa sainte volonté. Elle leur fera rendre action de grâce de toutes les faveurs qu’elles ont reçues de sa bonté, mais principalement d’avoir enduré quelques peines à l’exemple de Jésus-Christ, leur faisant connaître que le véritable esprit du christianisme est celui de la souffrance. Elle exhortera aussi celle qui doit prendre sa place pendant la nuit d’avoir grand soin des malades et de l’ avertir en cas d’ accident.
U,oT38,3
Lorsqu’elle verra les malades tirer à la mort, elle redoublera ses soins en cette extrémité, et leur parlera souvent de Dieu, tant qu’elles seront en connaissance d’en profiter, et elle prendra garde que les malades ne demeurent point seules et quel’ on récite les prières des agonisants.
A son entrée en charge, elle prendra par inventaire tous les meubles, linges et ustensiles de l’infirmerie, aura soin de les conserver et les rendra aussi par inventaire en sortant de charge. L’Infirmière doit avoir tout ce qui est nécessaire aux malades, toutefois conformément à la Sainte pauvreté et simplicité dont la Communauté fait profession.
Les tours de lits peuvent être de serge, sans franges ni rubans, la couche doit être accommodée de paillasse, de matelas, traversins, oreillers et couvertures, selon les besoins des malades.
Il y aura un lieu destiné pour mettre tout ce qui est à l’usage des malades, et les drogues pour faire les remèdes dont on aura besoin.
Elle aura soin de faire provision des drogues principales qui conviennent aux médicaments dans les saisons convenables, et elle aura soin de faire les parties des drogues que l’on prendra chez l’apothicaire.
U,0T39
(p. 77)
Chapitre 39ème.
Devoirs pour les mortes.
U,0T39,1
Lorsqu’une Sœur aura expiré, on se mettra en prières un espace de temps pour le repos de son âme, et on disposera ensuite tout ce qui sera nécessaire pour ses funérailles avec la plus grande propreté et modestie qu’il sera possible ; ne faisant rien de trop éclatant ; il y aura toujours quelques Sœurs qui prieront auprès du corps.
Incontinent après qu’elle aura rendu l’esprit, on sonnera l’obit d’ environ trois cinquantaines de coups, changeant à chacune de cloche, commençant par la plus grosse pour la première cinquantaine, la petite pour la seconde et reprenant la grosse pour la troisième ; le tom en tintant, distant de chaque coup d’environ un Ave et Sancta entre deux ; puis sonner la lesse d’un demi quart d’heure ou environ.
Si elle est morte le matin, on sonnera une lesse à midi et une au soir, une le lendemain matin et une autre à midi.
Si on l’enterre après-midi, on dira les vigiles avant l’ enlevée du corps, on sonnera une lesse pour l’assemblée des vigiles, une à chaque nocturne et une à l’ enlevée du corps.
Que si c’ est le matin qu’on l’enterre, on dira la grand-messe à corps présent, et on sonnera trois lesses pour la Messe et une pour l’enlevée du corps, ou à la recommandise si le corps est enterré le jour précédent : comme il est dit ci-dessus. Que si on n’avait pu dire les vigiles le jour précédent, on les dira le matin avant la grand-messe.
L’assemblée des personnes séculières qui seront priées aux obsèques des Sœurs, se fera dans l’église ; on n’y priera que les principaux officiers de la maison et les bienfaiteurs avec les parents de la défunte, pour éviter le trop grand embarras et épanchement.
U,0T39,2
Le corps de la défunte sera posé dans l’oratoire, où les prêtres le viendront prendre. Il sera porté par six Sœurs qui seront marquées par la Supérieure, les autres Sœurs suivront deux à deux avec (p. 78) chacune un cierge allumé à la main, les plus jeunes doivent aller les premières. Elles se mettront autour du corps que l’ on posera au milieu de l’ église et à la fin de la Messe ou des vigiles, les mêmes Sœurs qui auront porté le corps à l’église, le porteront jusqu’au lieu destiné pour l’enterrer. On fera pour le repos de son âme, tout ce qui est marqué dans les Constitutions.
Il n’y aura aucune tenture dans la chapelle, ni dans la maison ; si ce n’est à la porte de l’ église où l’on mettra une bande noire sans aucune armoirie, non plus qu’aux cierges et flambeaux.
L’autel sera paré de noir le plus simplement qu’il sera possible et garni de cierges blancs. Le corps sera couvert d’un drap noir commun, à la façon des autres personnes décédées ; et par-dessus il y aura une tavaïolle blanche, à la réserve des veuves qui pourraient être reçues au corps de la Communauté, auxquelles on ne mettra que le drap noir.
On mettra un crucifix au réfectoire pendant trente jours à la place de la défunte avec une portion, qui sera donnée aux orphelins pour le repos de son âme.
Le bout de l’an étant venu, les Sœurs diront les vigiles pour le repos de l’âme de la défunte, et on chantera une grand-messe où toutes les Sœurs assisteront. Le jour de l’anniversaire, il y aura une Messe basse à six heures et demie pour la communion générale des Sœurs ; l’on donnera le congé le matin. Si les vigiles se disent la veille, on sonnera une lesse à midi, une le soir, une le lendemain matin, une autre à midi et une le soir. Outre cela on sonnera les lesses pour les vigiles et la grand-messe, comme il est marqué ci-dessus.
U,0T39,3
Si une prétendante venait à mourir dans sa probation, on fera les mêmes cérémonies que pour les Sœurs qui sont admises au corps de la Communauté en ce qui regarde les obsèques ; mais on ne sera pas obligé de faire dire les Messes ni le De profundis, comme il est marqué dans les Constitutions pour le décès des Sœurs : cela sera cependant à la liberté de la Supérieure. Ce sera aux parents de la prétendante d’en user selon leur prudence et condition, au cas qu’ils veuillent amplifier les funérailles.
(p. 79) Il sera de même pour les personnes séculières qui désireront se faire inhumer dans la chapelle de la Communauté, pour lesquelles on sonnera autant que les services dureront, lesquels seront à la disposition de parents.
On ne rendra point de visites en ces occasions, pour témoigner la part qu’prend à la perte qu’une personne aurait faite de ses parents et de ses
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amis; si ce n’est dans le cas de nécessité, où la bienséance demande cela comme si un père ou une mère avait reçu une grande affliction par la mort d’une personne qui lui était fort chère ; pour les autres on évitera ces visites et on se contentera de leur dire, s’ils venaient eux mêmes à la Communauté, qu’on priera Dieu pour la personne qu’ils ont perdue, et on leur dira quelques mots de consolation selon Dieu ; et celle qui aura été demandée, après les avoir entretenus quelque peu de temps, se retirera, se donnant de garde de perdre son temps en compliments et discours inutiles.
U,0T39,4
Les orphelins qui viendront à mourir dans la maison, seront posés dans un lieu commode avec décence pour être enlevés par le porteur.
Si le Supérieur, le Confesseur, ou quelqu’un des officiers de la maison, comme le médecin, chirurgien ou autres venaient à mourir, on sonnera pour eux et on fera dire une grand-messe pour le repos de leur âme.
Lorsqu’une Sœur mourra dans quelqu’une des écoles de campagnes dépendantes du corps de la Communauté, on suivra l’usage des lieux pour le convoi et celui de la Communauté pour les services. 2. On prendra le moyen sonnage. 3. On fera douze cierges blancs pesant chacun trois onces qui seront portés par douze filles proche le cercueil et la Sœur compagne de la défunte suivra derrière le cercueil accompagnée d’une personne de piété et suivie des personnes de notre sexe qui voudront bien assister au convoi. 4. Lorsque le corps de la défunte sera exposé, on observera de ne point faire de chapelle comme aux personnes distinguées ; mais on mettra seulement un drap ou une tavaïolle au-dessus de la porte des Sœurs.
(p. 80)
Chapitre 40ème. De la manière de sonner régulièrement pour les trépassés.
Toutes les lesses du matin se doivent commencer par la prière qu’on nomme ordinairement l’Angelus, et celle du soir se doit finir par la prière ; avec cette différence qu’on sonne lesdits Angelus avec les deux cloches, commençant par la plus grosse.
La lesse de l’ enterrement se doit aussi finir par la prière. Celle de midi se doit commencer par la prière, lorsque les services ne sont pas finis, mais lorsqu’ils sont finis, on doit la terminer par la prière.
Quand le corps n’est point enterré, on doit sonner tous les matins, à midi et au soir.
Aux anniversaires on doit commencer le sonnage par une lesse de midi qui précède les vigiles, et continuer le soir et le matin suivant, en finissant à midi par la prière.
Quand on chante un service à trois Messes hautes, on ne doit sonner qu’une lesse à chacune d’icelles, à savoir une qui sert d’assemblée pour la première, une à la communion pour annoncer la seconde, et une autre à la communion d’icelle pour annoncer la troisième, et une à la recommandise ainsi qu’il est marqué ci-dessus.
Toutes les lesses et Messes doivent se sonner sans tinter ni cliquoter qui est une marque de joie.
Quand on sonne le plein sonnage, c’est à chaque nocturne des vigiles et au dernier répons de la recommandise.
U,0T41
(p. 81)
Chapitre 41ème.
Pour le sonnage des grand-messes et des Vêpres aux jours ordinaires.
U,0T41,1
On sonne pour 1’ ordinaire trois coups, d’une distinction égale, et pour les fêtes doubles, on doit sonner les trois coups plus longtemps, d’une distinction égale et tinter au dernier seulement.
Pour les fêtes solennelles, qui sont Pâques, Ascension, Pentecôte, Trinité, la fête du Saint Sacrement, l’Assomption de la Sainte Vierge,la fête de tous les Saints, Noël, l’Annonciation, l’Épiphanie etc. ; tous ces jours, on sonne le plein sonnage.
Pour l’exposition du Saint Sacrement, on doit tinter trois fois toutes les cloches ensemble, puis sonner en volée pour finir le troisième coup. Pour la bénédiction du soir pendant l’octave et les jours que le Saint Sacrement est exposé, comme aussi les 25èmes de chaque mois, on doit cliquoter trois fois, puis finir en sonnant en volée un demi miserere, et sonner l’Angelus à la fin du salut.
Pour annoncer les indulgences et 1’ exposition du Saint Sacrement, on doit commencer la veille à midi, en sonnant l’Angelus, avec deux doches, commençant par la plus grosse. Après avoir sonné l’Angelus, il faut cliquoter avec le plus de concert qu’il sera possible l’espace d’un miserere par trois reprises, d’intervalle égal ; c’est-à-dire d’une même longueur, en sorte que le tout ne dure qu’un quart d’heure ; on finit par sonner en volée.
On sonnera pareillement à midi le jour des indulgences et de l’ exposition du Saint Sacrement.
La veille et le jour de Noël auquel jour les indulgences (p. 82) sont plénières on cliquotera un peu plus longtemps à cause de la solennité.
On ne doit carillonner ainsi que la veille et le jour des fêtes auxquelles on doit exposer le très Saint Sacrement.
Chapitre 42ème.
U,0T42,1
De la réfection des Sœurs.
Comme les Sœurs font profession de mener une vie pauvre et simple à l’exemple du Saint Enfant Jésus qui s’est fait pauvre pour leur amour, elles auront un grand soin que, dans leur vivre et leur nourriture, il n’y air rien que de très simplement accommodé, ne recherchant rien de délicat ni d’exquis, point de ragoûts recherchés, retranchant tout ce qui pourrait entretenir la sensualité qui est la mort de l’esprit intérieur et de l’application à Dieu ; d’autant qu’il est impossible d’être sensuel et spirituel tout ensemble et que toutes les âmes saintes ont pour maxime de traiter grossièrement et rudement leur corps.C’est pourquoi les particulières ne se plaindront point des viandes mal apprêtées, quoique dans le siècle elles aient été habituées à une manière de vivre contraire.
Leur nourriture, tant les jours gras que les jours maigres, sera toujours fort commune ; les portions seront toutes égales, à moins que la Supérieure n’en ordonne autrement pour la nécessité de quelque Sœur. L’on ne donnera rien d’extraordinaire à aucune sans nécessité et avec permission de la Supérieure.
La particulière qui s’ apercevrait que l’ on changerait sa manière de vivre du commun, en donnera avis à la Supérieure, pour ne rien prendre que par dépendance.
La Procureuse prendra garde de n’acheter que des viandes (p. 83) fort communes et d’un prix médiocre ; elle rendra fidèlement compte à la Supérieure de la manière qu’elle se comporte dans sa dépense afin de ne rien introduire de nouveau, ni rien changer.
Si elle s’apercevait que quelques unes continuent à ne point manger d’une viande, ou à manger trop peu, elle en avertira la Supérieure, afin qu’elle y pourvoie en charité.
Elle aura soin de donner à chacune selon ses besoins et suffisamment pour entretenir les forces et soutenir le travail des écoles.
Elles ne prendront de vin que conformément à l’avis du Saint Apôtre parlant à son disciple Timothée : c’est-à-dire qu’elles n’en prendront que pour leur besoin et en très petite quantité.
Les Sœurs n’entreprendront aucun jeûne ni abstinence que ceux qui sont ordonnés par l’Église et de plus elles jeûneront les veilles des vingt-cinquièmes de chaque mois : leur emploi ne leur permettant pas d’entreprendre aucun autre jeûne à raison de l’ épuisement qu’elles ont dans leurs écoles.
Si toutefois une ou plusieurs Sœurs étaient obligées à quelques mortifications, ou qu’elles aient des forces assez grandes et un besoin reconnu, elles en pourront entreprendre avec la permission de la Supérieure.
U,0T43
Chapitre 43ème.
Des habits.
Les habits seront de serge noire, commune et d’un prix fort médiocre. Les manches seront toujours fort longues, en sorte qu’il ne paraisse de leurs manchettes que quatre ou cinq doigts de toile et seront rempliées de quatre ou cinq doigts par le bout, sans bistagne ni façon.
Le corps sera sans buste derrière, et le devant avec un passepoil seulement pour soutenir et conserver 1’ étoffe et agrafer (p. 84) par-devant, les basques seront de la hauteur d’un demi-tiers de coupe au plus. La jupe de dessus ne sera pas plus longue qu’à fleur de terre. Celle de dessous sera d’une serge grise de double annule, ou de pareille étoffe brune, commune et grossière. Le tablier sera de même étoffe.
Quand elles sortiront, elles auront une cape de camelot noir commun.
La coiffe doit être d’une aune de taffetas de tour commun, sans aucune échancrure, laquelle sera mise d’une manière simple et modeste, et toujours fort basse dans les rues.
Tous les habits seront communs et uniformes, et aucune n’en gardera que pour son usage ; on leur donnera des jupes de dessous à proportion de leur besoin.
Elles auront un mouchoir de col, carré, de toile blanche commune, des manchettes froncées par le bas, et un petit rempli par le haut ; lesquelles ne contiendront pas plus d’un demi tiers de toile de longueur et un quart de largeur ; elles seront attachées sur le poignet avec une épingle. Elles auront dessous leur coiffe de taffetas, une coiffe de toile blanche.
Elle auront des souliers de veau noir, attachés avec un cordon, la forme en sera simple et éloignée des coutumes du monde, les talons en seront fort larges.
U,oT44
Chapitre 44ème.
U,oT44,1
La Robière.
Elle aura en garde tous les habits qui ne servent point actuellement aux Sœurs, et pour cela elle doit avoir des places commodes pour enfermer toutes ces choses séparément, prenant garde que rien ne se gâte.
Afin d’exercer avec plus d’amour son office, il faut qu’elle se souvienne qu’en la personne de ses Sœurs, elle sert et revêt Notre-Seigneur qui, en considération de sa charité, la revêtira de sa gloire dans le ciel.
(p. 85) Elle prendra garde que toutes aient ce qui leur sera nécessaire pour leurs habits et chaussures ; elle aura toujours plus de soin de celles qui en auront moins d’elles.
Au commencement de l’ été et de l’hiver, elle donnera à chacune les habits qui leur conviennent selon les saisons, suivant l’ordre qu’elle en recevra de la Supérieure, et reprendra ceux qui ne servent pas pour les faire nettoyer et raccommoder. Elle veillera à ce qu’elles aient les choses nécessaires, et à ce qu’aucune n’en retienne dans sa chambre qui ne lui servent.
Quand quelques Sœurs auront besoin de quelque habit neuf, elle en avertira la Supérieure pour recevoir ses ordres, ne faisant rien sans sa permission.
Elle aura un grand soin de raccommoder leurs habits et chaussures, les faisant servir autant qu’ils pourront afin de garder en tout la sainte pauvreté.
Elle ne rompra ni ne changera rien sans la permission de la Supérieure.
U,0T45
Chapitre 45ème.
La Lingère.
U,0T45,1
Elle aura en garde tout le linge de la maison, à la réserve de celui de la sacristie, de l’infirmerie et des orphelins.
Tous les samedis, elle donnera par compte à la cuisinière tout le linge qui sera nécessaire pour la cuisine et le réfectoire.
Elle donnera aussi à chaque Sœur, avec charité, tout le linge qui lui sera nécessaire pour la semaine, selon l’ordre que lui en donnera la Supérieure.
Tous les lundis, à la fin de l’oraison du matin, elle aura soin de recueillir le linge sale qui aura servi aux Sœurs pendant la semaine ; lesquelles auront soin de le mettre à la porte de leur chambre.
(p. 86) Elle se gardera d’apporter aucun changement en la manière qu’on a coutume de le faire.
Elle aura un mémoire général de tout le linge dont elle est chargée ; elle visitera souvent le vieil, pour voir celui qui a besoin d’être raccommodé, et aura grand soin qu’il le soit, et quand il y en aura qui sera usé, elle le montrera à la Supérieure pour le rayer de dessus son mémoire, ou en recevoir d’autre d’elle ; elle le rendra de même à celle qui lui succédera.
Elle mettra à part le linge qu’on donne aux personnes qui viennent en retraite, afin qu’il ne serve qu’à elles, comme étant le plus choisi.
U,oT46
Chapitre 46ème.
Devoirs des Semainières de la Communauté.
U,oT46,1
Les Sœurs Semainières doivent conduire la Communauté en tout ce qui concerne les exercices spirituels ; elles auront un grand soin que tout se fasse aux heures marquées.
Toutes celles qui auront fait leurs vœux se succéderont toutes les semaines dans cet emploi les unes après les autres ; si ce n’est que pour raison la Supérieure les en dispense. Les Sœurs prétendantes pourront être Semainières pendant l’année de leur probation, si la Supérieure le juge à propos, à la réserve qu’elles ne feront point la visite du soir.
La Sœur Semainière se lèvera à quatre heures trois quarts, afin d’être habillée à cinq heures pour éveiller la Communauté par le son de la cloche ; ensuite elle ouvrira les portes avec la clef commune qu’elle ira quérir à la chambre de la Supérieure.
Elle sera chargée de faire les prières et les lectures publiques ; (p. 87) demandera la bénédiction au réfectoire accompagnée de la Sous-Semainière.
Elle présidera à la psalmodie des vêpres à l’exception des fêtes doubles, auxquelles la Supérieure dira les vêpres.
Tous les jours à la fin de l’ oraison du matin, elle aura soin de balayer et ranger la maison ; en sorte que le tout soit bien propre, et que cela ne lui fasse perdre aucun exercice de la Communauté.
Elle commencera son office, le samedi à cinq heures du soir ; et le samedi suivant à pareille heure, elle le rendra à celle qui la suit si la Supérieure n’en ordonne autrement.
U,oT47
Chapitre 47ème.
La Sous-Semainière.
La Sous-Semainière aura soin de sonner tous les exercices de la Communauté, de disposer les chandelles quand il en sera besoin, de faire la visite tous les jours à neuf heures un demi quart.
Elle ne laissera aucune chandelle allumée sans la permission de la Supérieure ; si ce n’est qu’il y ait des malades à l’infirmerie, où pour lors elle en pourra souffrir à l’infirmière, ou à celle qui tiendra sa place ; elle doit être couchée à neuf heures et demie.
Elle aidera la Semainière en tout ce qu’elle aura besoin et, en son absence, elle prendra sa place dans les exercices de la Communauté.
À huit heures trois quarts, elle fermera les portes avec la clef commune.
U,oT48
(p. 88)
Chapitre 48ème.
Pour les Semainières de la cuisine.
U,oT48,1
Les Sœurs seront Semainières à la cuisine les unes après les autres pour aider à desservir au réfectoire et laver la vaisselle ; elles commenceront cet office le dimanche à la fin du dîner. On donnera des Sœurs autant qu’on en aura besoin.
Elles garderont le silence excepté pour les choses qui seront nécessaires pour cet office. Elles se rendront incontinent à la récréation.
Pendant les vacances, à la fin du réfectoire tant du matin que du soir, on ira pareillement chacune à son tour.
U,oT49,1
Chapitre 49ème.
Règlement journalier pour le temps des vacances.
U,oT49,1,1
Les vacances commenceront le premier du mois d’août et finiront le dernier jour dudit mois.
Ce temps est donné aux Sœurs pour se reposer des fatigues qu’elles ont eues tout le long de l’ année dans leurs écoles, et pour réparer leurs forces, afin de pouvoir ensuite travailler avec plus de courage.
Afin que ce temps puisse être utile au bien des âmes aussi bien qu’à celui des corps, les Sœurs entremêleront ce qui peut servir à les unir à Dieu avec le repos qu’il leur est ordonné de prendre. À cet effet, elles considéreront que Notre-Seigneur conversant parmi les hommes leur doit servir d’exemple dans toutes leurs conversations et récréations.
(p. 89) Elles doivent entreprendre cet exercice qui est si épanchant de lui-même, par obéissance et dans la vue de plaire au Saint Enfant Jésus.
Elle suivront en cela les sentiments de leur fondateur, qui désirait que, dans les récréations, on ne perdît pas la sainte présence de Dieu par un épanchement immodéré ; mais que cela se fasse en esprit de charité et d’union par ensemble, évitant pour cela les paroles piquantes, mal-édifiantes, dédaigneuses, humaines, ou trop affectées, tant envers ses Sœurs que contre la bienséance ; se supportant affablement les unes les autres avec gaieté et franchise, dans l’esprit de simplicité qui convient à des âmes qui sont consacrées à l’enfance du Fils de Dieu ; et par ce moyen, elles attireront ses bénédictions sur leur maison et sur leurs emplois, et commenceront dès a présent cette heureuse société qu'elles doivent continuer dans 1’éternité.
Elle se lèveront à la même heure que les autres jours et assisteront à l’oraison qui durera jusqu’à six heures et demie, après laquelle elles iront habiller les enfants orphelins. Ensuite elles se rendront à l’ouvroir pour travailler et se récréer.
U,oT49,1,2
À sept heures et demie le déjeuner.
À huit heures la Sainte Messe, où toutes les Sœurs assisteront, à la fin de laquelle elles se récréeront routes ensemble jusqu’à dix heures.
À dix heures, elles diront la couronne du Saint Enfant Jésus, ensuite on fera une lecture en commun d’environ un quart d’heure, et on se récréera après jusqu’au réfectoire, le tout en travaillant.
/
A dix heures trois quarts le réfectoire, à la fin duquel on se promènera au jardin jusqu’à midi, si Ie temps le permet.
On ira desservir au réfectoire chaque jour chacune à son tour. A midi les Sœurs s’occuperont à leur travail en se récréant jusqu’à une heure et demie.
A une heure et demie elles diront le chapelet en français de chœur en chœur, tout en travaillant.
(p. 90) À deux heures les anciennes se retireront à leurs cellules, où il leur sera libre de lire, prier, se reposer, ou bien faire un tour de jardin, seules et en silence.
À trois heures le goûter, ensuite on se récréera jusqu’à cinq heures.
À cinq heures la lecture spirituelle en particulier.
À cinq heures et demie l’oraison.
À six heures le réfectoire, ensuite la récréation jusqu’à sept heures et demie.
À sept heures et demie, l’obéissance et les prières vocales. À huit heures, une demi-heure de lecture. À huit heures et demie, on sonnera le coucher ; ensuite on fera la visite. Les fêtes et dimanches, on aura la liberté de se retirer à sa chambre, ou faire un tour de jardin ; cependant seule depuis l’oraison du matin jusqu’à la Sainte Messe. Depuis la Sainte Messe jusqu’à dix heures, on pourra lire ou prier.
À dix heures le réfectoire,ensuite la récréation jusqu’à une heure. À une heure le chapelet en latin de chœur en chœur, et de là à sa chambre.
À deux heures la conférence d’une demi-heure, ensuite se récréer jusqu’à trois heures. À trois heures le goûter. À trois heures et demie, elles diront vêpres ; et la récréation jusqu’à cinq heures. À cinq heures la lecture et les autres exercices comme les autres jours de la semaine.
Lorsque, pour le bien de la Communauté, on fera quelques entretiens sur les Constitutions ou sur les usages de la maison, toutes celles qui ont fait leurs vœux doivent s’y trouver. On prendra le temps depuis midi jusqu’à deux heures tant les dimanches que les autres jours de la semaine.
Le 23 août 1764, il a été conclu dans une assemblée, que tous les ans vers la fin des vacances, on chanterait une Messe [p. 91 J pour toutes les Sœurs décédées depuis le commencement de la maison ; ce qui a été accepté d’une voix unanime par toutes les Sœurs.
U,0T49,2
Règles générales pour les Sœurs de la Communauté du Saint-Enfant Jésus, qui sont envoyées pour faire l’école hors de la ville de Reims.
U,0T49,2,1
Celles des Sœurs qui seront destinées pour aller instruire hors de la ville de Reims, accepteront avec soumission l’emploi qui leur sera confié ; et considérant que les âmes, en quelque lieu qu’elles se trouvent, doivent leur être également chères, étant toutes rachetées du sang de Jésus-Christ, elles iront avec joie et une humble confiance travailler dans le lieu où on les enverra comme dans la maison que le souverain père de famille leur a confiée.
La première chose qu’elles feront étant arrivées dans le lieu, ce sera d’ aller à l’église, si elles arrivaient à une heure où les portes de l’église fussent encore ouvertes, ou si elles arrivaient trop tard, elles se mettront à genoux, tournées du côté de l’église la plus proche pour adorer Dieu et le prier qu’il veuille répandre sa bénédiction sur elles et protéger l’ouvrage qu’elles vont commencer en son nom et pour sa gloire. Elle rendront peu de visites, et seulement aux personnes qu’on croira à propos qu’elles voient pour le bien de l’ école et capables de contribuer à l’augmentation de la gloire de Dieu et l’instruction des pauvres. Elles se communiqueront peu au dehors et n’auront de liaison [p. 92) avec aucune personne externe qu’ autant qu’il sera jugé nécessaire pour procurer la gloire de Dieu, et qu’auparavant elles n’aient demandé l’avis de leur Supérieure.
Elles n’introduiront chez elles aucune personne du dehors pour converser avec elles dans le temps de leurs récréations après leurs repas, encore bien moins pour manger avec elles, sans une permission expresse. Elle ne mangeront jamais hors de leur maison et quelque instance qu’on leur en fasse, elles s’en défendront sur leur Règle et sur ce que cela leur est absolument interdit. Elles ne rendront même aucune visite, excepté celles d’une bienséance nécessaire à leur arrivée, sans une permission expresse.
U,0T49,2,2
Elles pourront cependant aller voir les pauvres femmes ou filles malades, pourvu que cela puisse se faire sans intéresser l’école, afin de leur dire quelques mots de consolation dans leur maladie, si Messieurs les curés des paroisses où elles instruisent le trouvent à propos. Elle ne sortiront jamais du lieu où elles instruisent pour aller rendre visite à quelque personne que ce soit, dans les lieux voisins, sans en avoir demandé et obtenu permission.
Elle ne logeront jamais personne chez elles et elles ne coucheront jamais dehors qu’elles ne soient en voyage pour un temps marqué et approuvé de leurs Supérieurs. Elle se trouveront, les fêtes et dimanches, aux offices de la paroisse et y garderont les usages et coutumes saintement établis, sans se distinguer des autres fidèles par des pratiques singulières. Elles pourront aussi se trouver aux dévotions publiques, cornrn.e processions, prières et bénédictions du Saint Sacrern.ent, pourvu que cela puisse se faire sans intéresser l’école, les exercices de piété et les pratiques qui sont établies, ou le bien particulier des Sœurs. Elles ne se trouveront jamais seules dans ces dévotions ; car il leur est si expressément défendu de sortir seules de la maison qu’il vaudrait mieux qu’elles se privassent du fruit de ces dévotions particulières, que d’y aller seules ; ou plutôt elles devraient espérer que Dieu accorderait abondamment à la fidélité qu’elles auraient à ce point de régularité ce qu’elles auraient pu espérer de ces pratiques de piété. (p. 93) Elle pourront aussi accompagner le Saint Sacrement quand on le portera pour viatique aux malades, pourvu que ce soit à des heures où cela n’intéresse point l’école et où elles puissent se trouver avec une de leurs Sœurs.
Si elles pouvaient prévoir l’heure de ces dévotions, il leur sera permis d’ avancer ou reculer le temps de leurs exercices particuliers pour pouvoir s’y trouver. Elles ne disposeront cl’ aucun livre, meuble, ou autre chose que ce soit dans l’école, à leur usage ou à l’usage de l’ école, sans une permission expresse. Elles feront leur capital de l’ école, de l’instruction des pauvres personnes ignorantes, ou qui ont besoin de consolation.
Pour cela elles ne s’épargneront pas et croiront que Dieu leur fait bien de la grâce de vouloir bien se servir d’elles pour retirer une âme de l’ignorance ou du péché.
Elles se rendront insinuantes, d’un accès facile et gracieux à toutes les personnes qui s’ adressent à elles, ou qui leur sont envoyées pour les instruire. Elles préféreront les pauvres aux riches, et les plus ignorantes à celles qui le sont moins, sans se rebuter des difficulté et du peu d’ouverture qu’elles y trouvent, tâchant de lever ces obstacles par leur charité et patience. Elles se défieront des personnes qui, sous prétexte de dévotion, de spiritualité et de piété, leur feraient perdre le temps par des discours inutiles, tandis que les pauvres peu instruites demeurent dans leur ignorance, se souvenant qu’elles sont principalement envoyées pour les pauvres et les ignorantes.
Si elles avaient quelque chose à dire à Messieurs les Confesseurs sur quelques particulières qui se seraient adressées à elles, ce sera toujours en peu de mots et en présence d’une de leurs Sœurs. Quoiqu’ elles doivent faire leur capital de l’instruction et du catéchisme, cependant elles auront aussi un soin particulier (p. 94) de faire avancer les enfants dans les leçons, tant de la lecture, de l’ écriture que de l’arithmétique.
Elles iront à confesse au moins tous les quinze jours et, si. elles avaient quelque besoin qui les engageât d’y aller plus souvent, elles le feront avec liberté, et la Sœur qui aura besoin priera 1’ autre Sœur de l’ accompagner à l’église, qui sera tenue d’y aller avec elle. Elles iront ordinairement à confesse à Monsieur le Curé de la paroisse où elles font l’école.A chacun des Quatre-Temps de l’année, elles iront à celui qui leur sera indiqué par les Supérieurs pour Confesseur extraordinaire. Elle communieront suivant le règlement qu’elles auront reçu de Reims en sortant ; à moins que Monsieur leur Confesseur ne juge, sur ce qu’ elles lui diront, qu’il ne faille retrancher, ou sur ce qu’elles écriront à Reims, ou sur ce qu’on en apprendra, on ne juge à propos d’y apporter du changement
Elles écriront tous les mois à leur Supérieure sur leur conduite particulière et sur l’école ; elles rendront un compte exact de tout ce qui s’est passé pendant le mois, afin de recevoir les avis nécessaires et de n’être pas tout à fait soustraites à la connaissance de leur Supérieure pendant le temps de leur absence.
Elles n’écriront ni lettres, ni billets à aucune autre personne, qu’à celles qui sont chargées de leur maison ou de leur conscience, sans une permission expresse de leur Supérieure ; ou si quelques raisons pressantes et extraordinaires les engageaient à le faire, elles en rendront compte à la première occasion et en enverront la copie à la Communauté. Si elles recevaient quelques lettres d’autres que de leur Supérieure et Confesseur, elles les montreront à leurs Sœurs, ou les enverront, à la première commodité, à la Communauté.
U,01’49,2,5
Elles auront entre elles une grande union et charité, se prévenant l’une l’autre, se parlant cordialement et agissant de concert sans se cacher et se défier l’une de l’autre. S’il arrivait qu’on se fût donné l’une à l’autre quelque sujet de peine, on s’en demandera pardon le soir avant de se coucher.
La porte des Sœurs ne sera ouverte le matin qu’à six heures et (p. 95) demie, à moins que, suivant la commodité des lieux, il ne faille sortir plus matin pour la communion, ou pour la Messe. Et le soir elle sera fermée à cinq heures, à moins que, pour quelques dévotions susdites, on ne rentre plus tard, ou qu’il y ait un ouvroir qui oblige à ouvrir ou fermer à d’autres heures.
Dans le temps où la porte des Sœurs est fermée, si quelqu’un frappait, une seule n’ira pas à la porte, mais elle sera accompagnée de sa Sœur, et personne n’entrera dans la maison que pour des nécessités indispensables. Les Sœurs édifieront par leur extérieur simple et modeste et prendront garde de ne s’écarter en rien de la simplicité de leurs habits, dans leur maintien, leurs gestes, leurs manières, et ne quitteront, ne retrancheront rien de ce qui se fait à Reims ; ne paraîtront jamais sans l’habit ordinaire de la Communauté, suivant en tout les différents usages établis pour cela dans l’église, dans les rues ou dans l’école.
U,0T49,3
U,0T49,J,1
Règlement particulier de la journée.
Les Sœurs se lèveront en tout temps comme à la Communauté à cinq heures. À cinq heures et demie les prières vocales, la lecture du point d’oraison, ensuite l’oraison jusq u’à peu de temps avant six heures et demie, auquel elles disent les litanies du Saint Enfant Jésus, qui finissent à six heures et demie en disant l’Angelus ; si toutefois, suivant la commodité des lieux, il fallait sortir avant six heures et demie pour la Sainte Messe et la communion, on pourrait avancer les litanies et l’Angelus et achever l’oraison à l’église.
Depuis six heures et demie jusqu’à sept heures et demie, elles seront libres pour étudier, s’appliquer au ménage, ou faire ce qui est de l’ obéissance. À sept heures et demie déjeuner et se disposer pour l’école. (p. 96) Commencer l’école précisément à huit heures, qui durera jusqu’à dix heures et demie, en y comprenant le temps de la Sainte Messe où il est à propos que les Maîtresses conduisent leurs écolières pour les maintenir dans la modestie dans les rues et le respect dans l’église. À dix heures trois quarts 1’ examen de conscience ; quand elles ne sont que deux, pendant que celle qui est Semainière prépare le dîner, l’autre fait quelque lecture. Dans les endroits où le nombre donne facilité que tout soit prêt comme dans la Communauté, chacune se trouve à 1’ examen et au réfectoire où la lecture se fait pendant le repas.
Après le repas, la récréation jusqu’à midi et demi ; à midi et demi 1’ école des grandes filles jusqu’à une heure et demie, après laquelle celles qui auront besoin prendront un petit morceau.
À deux heures 1’ école des petites filles jusqu’à quatre heures en y comprenant le temps du catéchisme, à quatre heures la prière, le tout conformément à ce qui se fait dans les écoles de Reims. À quatre heures et demie, celles qui n’avaient rien pris avant l’ école, peuvent prendre quelque chose.
À cinq heures la lecture spirituelle ; celle qui, étant chargée de disposer le souper, ne pouvant la faire à ce temps, la préviendra ou la différera en un temps plus commode pour elle.
À cinq heures et demie, l’oraison.
À six heures le souper en silence, ou écoutant la lecture si le nombre des
Sœurs est assez grand pour qu’on puisse la faire ; ou s’occupant de quelque chose qu’on aura lu avant le repas. Après le repas, la récréation jusqu’à huit heures ; elles s’entretiendront de bonnes choses, utiles pour leur édification et principalement pour se perfectionner dans leur emploi, dans l’exercice du catéchisme et autres instructions qu’elles sont obligées de faire. À huit heures, la prière vocale, l’examen de conscience et la lecture du point d’oraison pour le lendemain.
À huit heures et demie jusqu’à neuf heures qui est l’heure du (p. 97) coucher, elles liront quelque chose de ce qui peut les instruire et les rendre encore plus capables d’instruire les autres et de s’acquitter d’une manière plus parfaite de leurs obligations de maîtresses d’écoles. Elles ne doivent pas veiller plus tard que neuf heures sans une permission particulière, mettant tout leur mérite à obéir. On ne fera faire aucune quête sans la permission de la Supérieure, et lorsqu’on l’aura obtenue, on commettra une personne raisonnable et sage pour la faire et les Sœurs ne s’en mêleront point du tout. On donnera congé tous les 25 de chaque mois, telle fête qui arrive dans la semaine ; excepté les dimanches qu’échoira le 25ème, auquel jour on fera l’instruction et on exposera la Saint Enfant Jésus.
Quoique la rénovation des vœux soit transférée dans le courant du mois d’ août, on ne laissera pas de renouveler les vœux le huit février, suivant ce qui a été délibéré en Communauté en octobre 1725. Ce jour-là, la communion est générale et on donnera le congé à la place du jeudi.
U,0T49,4
Règlement journalier qui se doit observer par les maîtresses d’école des campagnes qui sont du corps de la Communauté.
Elles se lèveront précisément à cinq heures, hiver et été.
A cinq heures et demie les prières vocales, ensuite l’oraison jusqu’à six heures et demie où elles diront les litanies du Saint Enfant Jésus ; ensuite elles s’occuperont suivant leur besoin tant pour l’école que pour le ménage.
À huit heures précises, elles commenceront l’école, laquelle durera jusqu’à dix heures et demie, en y comprenant la Sainte (p. 98) Messe où elles conduiront leurs écolières, toujours à la paroisse autant qu’il sera possible.
À dix heures trois quarts, l’examen de conscience, après lequel, l’une fera une petite lecture, pendant que l’ autre disposera le dîner, ensuite le réfectoire et la récréation jusqu’à midi et demi.
A midi et demi, l’école des grandes filles, qui durera jusqu’à une heure et demie ; ensuite elles se retireront pour prendre un morceau. A deux heures, l’école des petites, laquelle durera jusqu’à quatre heures y comprenant le catéchisme, à la fin duquel on fera la prière, le tout conformément à ce qui se fait dans les écoles de Reims. A cinq heures la lecture spirituelle ; celle qui est Semainière disposera le souper et elle tâchera de trouver quelqu’autre temps pour faire sa lecture. A cinq heures et demie l’oraison. A six heures l’examen et la lecture comme le matin, le réfectoire en silence, ensuite la récréation jusqu’à sept heures et demie.
A sept heures et demie, elles s’entretiendront sur le sujet du catéchisme ou de la conférence de la semaine. On pourra aussi y lire le règlement des écoles, le présent règlement, ou quelques articles des Constitutions, ou quelque autre besoin.
U,0T49,4,2
A huit heures, la prière vocale et la lecture du point d’oraison pour le lendemain. À huit heures et demie, la lecture spirituelle, à neuf heures précises le coucher.
Tous les samedis, elles iront à confesse au Curé de la paroisse, à moins que le Supérieur n’en ordonne autrement ; et aux Quatre-Temps, la Supérieure, par l’ordre du Supérieur, leur marquera un Confesseur extraordinaire, suivant les lieux autant qu’il sera possible.
Elles communieront les jours qui leur sont marqués par les Constitutions ; à moins que la Supérieure ne juge à propos de leur accorder plus souvent.
(p. 99) Elles donneront congé à leurs écolières les jeudis tout le jour lorsqu’il n’y aura point de fête dans la semaine, et les samedis après-midi. Elles donneront aussi congé tous les 25èmes de chaque mois, telle fête qui arrive dans la semaine, excepté le dimanche qu’échoira le 25ème, auquel jour on fera l’instruction et on exposera la figure de l’Enfant Jésus.
les semaines de Pâques et de Pentecôte, quoiqu’il y ait deux fêtes, on ne laissera pas de donner congé le samedi après-midi.
C’est à la prudence de la Supérieure à régler les Sœurs sur ce qu’elles auront à faire, tant pour le ménage, le changement des classes, les catéchismes et les conférences.
Elles prendront garde de ne point se familiariser avec personne, pour les mauvaises suites qui en pourraient arriver.
Elles ne permettront à personne d’entrer dans leurs chambres, si ce n’est dans le cas de maladie, ou de quelque autre nécessité.
Elles ne mangeront jamais en ville ; et dans la maison jamais avec des externes, ni en leur présence : que si elles étaient obligées de se servir de quelques personnes, et pour ce sujet de leur donner à manger ; elles le feront en particulier, et jamais avec elles, si ce n’est en cas de maladie quel’ on ne peut faire autrement.
S’il venait quelque personne pour leur parler dans le temps de l’école, elles termineront en peu de mots, afin de ne point intéresser leurs exercices. Du moment que cinq heures du soir sont sonnées, elles doivent congédier les personnes qui peuvent se rencontrer chez elles pour se faire instruire, et à la même heure fermer leur porte, qui ne se doit ouvrir pour les personnes externes que le lendemain à six heures et demie, si ce n’est pour quelque nécessité absolue.
Elles se rendront affables et gagnantes dans leurs instructions, se souvenant de 1’ Apôtre, qui se faisait tout à tous pour les gagner tous. S’il était nécessaire de parler à Messieurs les Confesseurs, on le fera toujours en très peu de mots, à 1’ église autant (p. 100) que l’ on pourra, avec circonspection, sa Sœur présente et jamais par écrit ni billet. Elles n’écriront jamais ni lettres, ni billets à qui que ce soit, sans la permission de la Supérieure, comme il est porté dans les Constitutions ; et lorsqu’elles auront écrit, elles en rendront à la Supérieure un compte exact lorsqu’elles lui écriront.
Elles ne prêteront point d’argent à personne, ne se mêleront d’aucune affaire temporelle que de ce qui les regarde. Elles n’emprunteront rien sans une grande nécessité. Elles ne logeront jamais personne sans une permission expresse. Elles ne recevront aucun présent. Elles écriront tous les mois à la Supérieure pour lui rendre compte de leur conduite.
U,0T49,4,4
Elles assisteront avec fidélité au service des paroisses où elles tiennent l’école, afin d’être de bon exemple aux personnes de leur sexe, se conformant aux louables et anciennes coutumes de l’Église. Elles assisteront, selon la pratique des lieux, aux processions qui se font, iront à l’ offrande aux fêtes solennelles, assisteront aux prédications, aux Saluts du très Saint Sacrement et le visiteront au moins une fois chaque jour pendant l’octave, et l’accompagneront lorsqu’il est porté pour viatique ; elles prendront garde que ces pratiques de piété ne préjudicient en rien à leur emploi, ni à leur Règle, et pour ce sujet elles pourront reculer ou avancer leurs exercices, pour pouvoir y assister commodément, à la réserve del’ école qu’elles n’interrompront jamais pour aucune dévotion. Elles liront toutes les semaines quelques articles du Règlement des écoles et ne passeront point d’année qu’elles ne le lisent au moins deux fois tout entier.
Elles liront le présent Règlement au moins une fois le mois.
Lorsqu’une Sœur mourra, elles diront les vigiles pour le repos de son âme, aussitôt qu’elles en auront appris la nouvelle, ou à leur première commodité.
(p. 101) Le huit février,jour que les premières Sœurs ont fait leurs vœux, la communion est générale, et une des Sœurs de chaque campagne prononcera la formule de la rénovation, et les autres Sœurs compagnes répéteront dedit acte tout bas ; on donnera le congé ce jour-là à la place du jeudi.
Chapitre 50ème.
Devoirs des premières maîtresses d’école.
U,0T50,1
Elles seront très ponctuelles à suivre et faire suivre le Règlement des écoles, sans jamais rien retrancher ni ajouter par elles-mêmes.
Dans toutes les difficultés qui se présenteront, elles s’adresseront à la Supérieure et feront exactement ce qu’elle leur ordonnera.
S’il arrivait quelque occasion imprévue, elles feront connaître leur dépendance avec honnêteté, suspendant la détermination jusqu’à ce qu’elles aient pris avis de la Supérieure.
Elles ne s’entretiendront avec aucun homme d’Église, ou autres, sans une expresse permission de la Supérieure ; mais si elles se trouvaient obligées de le faire par quelque occasion imprévue, elles le feront en peu de mots ; et à leur retour, elles en rendront compte à la Supérieure.
Elles ne leur parleront jamais seules, même en les conduisant à la porte ; elles prendront une écolière qui soir raisonnable pour les accompagner ; et lorsqu’elles seront obligées de traiter de quelque affaire secrète ou de conscience, elles le feront succinctement et en peu de mors, en s’éloignant un peu de celle qui les accompagne.
Elles ne souffriront point que les écoles soient retardées pour aucune visite, prenant soin d’avertir en semblables occasions lorsque l’heure approche.
Elles se rendront très fidèles à faire commencer et finir tous les exercices aux heures marquées par le Règlement, et pour ce sujet, elles avertiront les Maîtresses de chaque classe, quand il sera temps de les commencer ou finir, se souvenant que le plus grand de tous les miracles est la parfaite obéissance. (p. 102) Elles se rendront très soigneuses de visiter souvent chaque classe, pour maintenir les Maîtresses aussi bien que les écolières dans leur devoir.
U,0T50,2
Elles rendront souvent compte à la Supérieure de tout ce qui se passe à l’égard de celles qui sont sous leur charge et de quelle manière elles se comportent elles-mêmes dans leurs écoles.
Elles s’appliqueront à bien instruire les Sœurs nouvellement entrées en la Communauté, afin de les rendre en peu de temps capables et diligentes dans leur emploi.
Elles prendront garde qu’elles ne se parlent en particulier, et qu’ elles n’aient aucune confidence avec les personnes du dehors ; que si quelqu’un venait pour leur parler, elles les accompagneront et les feront terminer en peu de mots, faisant à leur égard ce que la Supérieure ferait pour tout ce qui regarde la conduite de l’ école.
Dans les écoles où il y a plusieurs maîtresses, la première aura soin de disposer de dîner, à la fin duquel les Sœurs iront laver la vaisselle, à la réserve de la générale qui en sera dispensée, afin qu’elle soit plus libre pour répondre au prochain, comme aussi de celles qui doivent aller faire écrire les filles qui viennent à midi.
La lecture du réfectoire se fera par les prétendantes, ou par celles qui sont moins chargées de travail.
chapitre 5ième.
Règlement pour les petites écoles chrétiennes
U,0T51,1
La maîtresse entrera toujours à huit heures précises en la classe ; elle se mettra à genoux pour adorer Dieu et lui offrir l’action qu’elle va faire ; puis elle sonnera la cloche pour faire entrer les écolières, elle prendra garde qu’elles entrent modestement et en silence, les fera asseoir à leurs places et remarquera en silence, le temps d’un Pater, la posture de ses écolières pour avertir celles qui ne seraient pas à leurs places, ou qui feraient quelques immodesties. (p. 103) Ensuite elle fera le signe par une petite cloche, et les écolières se lèveront aussitôt et se tourneront du côté de l’ oratoire ; puis la maîtresse fera un second signe de cloche pour les faire mettre à genoux, elle observera exactement leur posture et les fera ranger également en silence. Une des officières qui aura la meilleure voix, commencera la petite prière en disant : souvenons nous que nous sommes en la sainte présence de Dieu etc. et fera le signe de la croix en latin, puis dira le Veni Sancte, le verset et 1’ oraison, l’acte de foi en général, l’acte du jour, l’acte d’ offrande del’ action ; puis elle dira : "Je vous adore, mon Jésus, et vous supplie d’être mon maître, et m’enseigner à vous connaître et à vous aimer, et c’est pour cela que je veux apprendre ma leçon. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit". Ainsi soit-il.
Après cela, la maîtresse fera le signe de la cloche pour les faire tenir debout, 1’ officière dira à voix haute, Benedicite, toutes répondront, Dominus. La dite officière continuera Nos et tua quœsumus etc. Ensuite elle dira : ’je vous adore, mon Jésus, prenant vos repas ici-bas en terre,je m’unis à vous et renonce à la sensualité du boire et du manger". Après quoi toutes s’assiéront à leurs places, et on leur permettra de déjeuner pendant la leçon.
On leur donnera une demi-heure ou trois quarts d’heure pour déjeuner ; et ensuite on fera dire les grâces en la manière qui suit : "mon Dieu, nous vous remercions de la nourriture que vous nous avez donnée ; faites nous la grâce d’en bien user". La maîtresse fera le signe de la croix à voix haute, et ensuite l’ officière dira : "Donnons toutes notre cœur au bon Dieu".
Il faut instruire les écolières que, dans le temps quel’ officière les exhorte de le donner à Dieu, elles doivent intérieurement se consacrer à lui, et lui offrir l’action qu’elles vont faire.
Les maîtresses des petites classes auront soin de donner, ou faire donner, les petits livres aux écolières lorsqu’elles seront à leurs places, et de les reprendre à la fin des leçons ; et cela se fera avec civilité de parc ec d’autre ; la Maîtresse veillera à ce qu’on y manque point. Les écolières qui entreront à l’école après la prière, prendront (p. 104) dévotement del’ eau bénite en entrant, elles feront la révérence à l’image du crucifix et à leurs compagnes ; ensuite s’étant mises à genoux devant l’oratoire et ayant fait avec attention le signe de la croix, elles diront le VeniSancte, ou un Ave Maria à voix basse ; puis se mettront à la place que la maîtresse leur aura marquée, sans la changer qu’avec permission et par commandement. On n’en recevra point passé neuf heures. L’école doit être ordinairement divisée en deux, trois ou quatre classes différentes suivant le nombre des enfants qui se rencontrent dans chaque classe : la première des plus avancées, la seconde des médiocres, et les autres des moins avancées, et celles qui sont à l’alphabet. Les offi.cières commenceront la leçon et reprendront les écolières, et les maîtresse s’y rendront attentives, ne parlant que rarement et d’une voix basse et ne souffriront point que les enfants leur parlent.
Chapitre 52ème,
Pour la première classe.
Les leçons de la lecture du matin se commenceront par la Civilité ; toutes les écolières diront trois fois par mots en épelant et une fois par verset en lisant l’une après l’autre ; le verset sera de six ou huit lignes suivant la prudence de la maîtresse.
L’ officière commencera toujours la première, et après la leçon, elle avertira où on en demeure pour le jour suivant. Après que la maîtresse aura fait le signe de la croix, l’ officière commencera la leçon latine et fera épeler toutes les écolières trois fois par mot ; puis recommencer la leçon et dire trois fois par mot en lisant et un verset en continuant la leçon.
Lorsque toutes les écolières auront dit par verset, la maîtresse fera le signe avec la cloche pour faire donner les papiers.
(p.105)
Chapitre 53ème.
Pour la seconde classe.
U,oT53,1
Pour commencer la seconde classe, on fera épeler à chacune trois fois par mot dans la Civilité, et une fois par verset en lisant l’une après l’autre ; le verset sera de quatre ou six lignes, et les moins avancées de trois ou quatre.
L’officière commencera toujours la première et après la leçon elle avertira où on en demeure pour le jour suivant.
Après la leçon de la civilité, la Maîtresse fera le signe pour avertir les écolières de prendre leurs heures, l’officière commencera la leçon latine et fera épeler toutes les écolières trois fois par mot, puis recommencer la leçon et dire trois fais par mot en lisant et un verset en continuant la leçon, et on les obligera toutes à suivre.
La maîtresse leur fera bien concevoir la différence qu’il y a entre les syllabes et les mots, leur faisant prononcer bien distinctement, et faire les pauses aux points et virgules, en leur faisant remarquer les accents.
Elle ne fera pas toujours continuer le verset à celle qui suit, mais elle nommera celles qu’elle verra les moins attentives. Les écolières de chaque classe, auront toutes un même livre qu’on leur fera acheter lorsqu’elles seront reçues ; la maîtresse prendra garde que l’officière reprenne tout haut celles qui ne diront point bien et elle demandera à celle qui aura fait la faute, en quoi elle a manqué et lui fera répéter le mot qu’elle n’aura pas bien dit et ordonnera aux plus diligentes à l'école de renter la leçon pour l’après-dîner.
Les leçons étant finies, l’officière donnera les papiers, et la maîtresse donnera les principes de l’écriture à celles qui en seront capables.
U,0,T54
(p. 106)
Chapitre 54ème.
Pour les moins avancées.
U,oT54,1
La maîtresse montrera une grande carte, où seront imprimées toutes les lettres en gros caractères, et leur en nommera trois ou quatre à la fois, leur en faisant voir la différence et leur touchant les lettres avec une longue touche, elle leur apprendra les syllabes de même façon, leur faisant assembler deux ou trois lettres l’une après l’autre et leur faisant distinguer les voyelles d’avec les consonnes, ne leur faisant prononcer les mots qu’elles ne soient fermes dans la prononciation des syllabes ; autant que l’on pourra, on les rendra capables de suivre avec les autres.
Si les maîtresses n’ont point de grandes feuilles d’alphabet, elles ne laisseront pas de faire apprendre les lettres et syllabes en commun aux enfants.
Celles qui sont aux syllabes, la maîtresse les fera épeler les unes après les autres tout haut, afin qu’elles puissent suivre.
Lorsqu’elles épelleront facilement dans les syllabes à quatre lettres, on leur fera acheter des syllabaires et on leur fera épeler chacune une ligne l’une après l’autre posément, et deux fois par mot.
Pour les petites classes, on commencera par les moins avancées autant qu’il sera possible.
Les leçons de la grande classe, de la seconde, troisième, continueront le chapitre pour le français et le psaume pour le latin, les autres classes, un feuillet ou deux, suivant la force des enfants.
U,0T55
(p. 107)
Chapitre 55ème.
U,0T55,1
À la fin des leçons.
La maîtresse donnera le signal de la cloche pour avertir les écolières qu’il est l’heure de la prière, laquelle elle fera faire comme elle est dans le catéchisme du diocèse de Reims.
L’officière la fera à vois haute et la prononcera distinctement et posément, afin que routes les autres la puissent entendre et répéter après elle à voix basse, et par ce moyen les apprendre et les accoutumer dans la suite à la faire tous les jours chez elles. La maîtresse prendra garde pendant la prière, si toutes s’acquittent de leur devoir. La prière étant finie, elles sortiront deux à deux modestement et en silence.
Quand on ira à la Sainte Messe, les écolières sortiront deux à deux sans confusion et sans bruit ; la maîtresse donnera ordre, pour les ranger avec plus de facilité, qu’un seul banc se lève à la fois. Une des officières nommée par la maîtresse, marchera la première et toutes les écolières la suivront deux à deux avec modestie et un maintien grave ; les maîtresses marcheront chacune à côté de leurs écolières, afin qu’elles puissent les observer toutes.
En entrant dans l’église, la première maîtresse aspergera l’eau bénite à toutes les écolières, afin d’éviter le bruit et le désordre si elles en prenaient elles-mêmes, et chaque Maîtresse fera ranger ses écolières en sorte qu’il y ait une distance entre elles, pour empêcher qu’elles ne causent ensemble.
Les officières ne parleront qu’à voix basse dans l’église pour faire ranger les écolières ; lorsqu’elles quitteront leur rang, elles les avertiront par signe, avec douceur et humilité. La maîtresse veillera très exactement à ce que les écolières ne causent dans (p. 108) l’église, qu’elles ne soient immodestes, se tiennent de mauvaise grâce, ou se lèvent pour se demander quelque chose l’une l’autre.
Après le dernier évangile, le signal étant donné par l’officière, elles feront toutes la révérence également et sortiront avec le même ordre qu’elles sont entrées et s’en retourneront chez elles modestement, sans s’amuser dans les rues, ou elles retourneront à l’école, si les leçons n’étaient pas achevées.
U,0T56
Chapitre 56ème.
Pour l’après-dîner.
U,0T56,o,1
La leçon des grandes filles de midi commencera à midi et demi ; celles qui écrivent viendront à midi ; et la maîtresse de l’écriture n’y entrera qu’à la même heure des autres Sœurs pour les faire écrire ; elle aura soin que les exemples soient faits et les plumes taillées avant qu’elle aille en classe, elle mènera la main à celles qui commencent et les fera écrire chacune un exemple, leur fera faire deux fois la semaine trois ou ou quatre lignes d’orthographe en leur faisant écrire les questions de leur catéchisme, ou autres choses, et cela aux plus avancées. Elle corrigera les fautes de leur écriture et de l’orthographe les unes après les autres, les leur faisant remarquer ; afin de s’en corriger elles-mêmes dans la suite, elle leur ordonnera de bien regarder et considérer leur exemple avant que d’écrire ; elle enseignera aussi aux plus avancées à tailler les plumes et à faire des lettres capitales. S’il n’y a qu’une maîtresse, elle ordonnera aux plus avancées de corriger les commençantes ; de temps en temps elle verra si elles s’acquittent de leur devoir. Elle pourra donner deux fois la (p. 109) semaine les leçons d’arithmétique soit à la plume, soit aux jetons.
Elle leur donnera de temps en temps des cantiques spirituels pour les transcrire, afin de les chanter au lieu des chansons mondaines qu’elles ont coutume de chanter chez elles.
U,0T56,o,2
Tous les jours on leur fera un quart d’heure de catéchisme, et le vendredi une demi-heure et ce jour-là on abrégera la prière. Si le vendredi était un jour de fête, on prendra le jour précédent pour abréger la prière.
Elles s’étudieront à se rendre cordiales et affables envers toutes et particulièrement envers les pauvres ; leur témoignant beaucoup d’amitié et d’ouverture de cœur, afin de les obliger à avoir de la confiance en elles, et à leur parler en particulier, s’assurant qu’elles en gagneront plus par des entretiens particuliers, pourvu qu’ils se fassent par pure charité, sans curiosité, que par beaucoup d’autres, faits en général. Elles ne doivent points’ entretenir entre elles de ce qu’on leur aurait dit dans ces entretiens particuliers : car cela ne peut produire que de très mauvais effets ; et de plus elles sont obligées au secret. Elles chanteront tous les jours un cantique après le catéchisme, autant qu’elles le pourront ; mais elles ne manqueront de le faire au moins deux fois la semaine.
À une heure et demie elles finiront le catéchisme, et à la fin du cantique, les écolières se mettront à genoux et la maîtresse dira cette prière : Maria Mater gratia etc. et les écolières répondront : Gloria tibi etc. et ensuite elles les feront sortir sans souffrir qu’il en reste dans l’école, si ce n’est quelqu’une qui ait besoin qu’on lui parle en particulier. Ensuite les maîtresses se retireront pour prendre un petit morceau et se reposer un moment.
On fera par toutes les classes, la prière qui est dans le catéchisme du diocèse, même aux filles de midi, et on finira cette prière par la bénédiction qui se dit à la Communauté : "Très Sainte Vierge, mère de Jésus, recevez-nous, s’il vous plaît, sous votre sainte protection, maintenant et à l’heure de notre mort. ô Jésus, ô mon bon Jésus, donnez-nous, s’il vous plaît, votre (p. 110) sainte bénédiction, nous vous la demandons de tous nos cœurs. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il".
U,01’56,1
Article 1er. Pour les petites de l’ après-midi.
En tous temps les écolières entreront à l’école à deux heures précises. En entrant elles feront ce qui est marqué ci-dessus pour le matin. Les maîtresses s’y trouveront à même heure pour commencer aussitôt et faire faire la prière comme le matin par deux officières. On n’en recevra point, passé deux heures et demie.
On dira une oraison à la Sainte Vierge, conforme au temps et, dans la quarantaine de Noël, on dira "Divin adorable Jésus etc.", cela dans les grandes et secondes classes.
U,0T56,2
Article 2ème.
La première classe.
U,0T56,2,1
La maîtresse commencera la leçon par les filles del’ écriture et les obligera toutes à suivre ; elle les fera épeler toutes trois fois par mot en épelant ; puis recommencer la leçon et dire trois fois par mot en lisant, une fois par pause, et ensuite par verset en suivant la leçon ; le verset sera de quatre ou six lignes.
Elle gardera le même ordre que le matin, prenant garde de leur faire bien prononcer le français, leur faisant faire les pauses, liaisons et concevoir que plusieurs consonnes ensemble ne sauraient composer un mot, si elles ne sont jointes à quelques voyelles, n’étant que pour le son de la voix.
La maîtresse veillera aussi à ce que les écolières ne prennent un accent désagréable, qu’on aurait peine à leur faire quitter lorsqu’elles y seront habituées, et quand elles seront perfectionnées à la lecture française, on tâchera de leur faire adoucir les mots rudes. (p. i i 1) On ne les mettra point à l’écriture, qu’auparavant elles ne sachent lire dans le français et la Civilité ; on observera pour leur écriture, ce qui a été dit pour les filles de midi.
À trois heures, l’ officière dira le bénédicité et cette prière : "je vous ado-
re, mon Jésus etc." et on leur permettra de goûter, et le vendredi on le dira à deux heures et demie et une demi-heure après, elles rendront grâces à Dieu de la même manière que le matin. On finira les leçons précisément à trois heures et demie pour faire le catéchisme jusqu’à quatre heures, puis faire la prière et ensuite renvoyer les écolières et qu’elles soient toutes sorties à quatre heures et demie. Pour les faire sortir, on gardera le même ordre que le matin. Les vendredis, on fera une heure de catéchisme et ces jours-là on abrégera la leçon, afin de le commencer à trois heures, pour avoir fait à quatre et renvoyer à la même heure que les autres jours. Et s’il y avait eu une fête pendant la semaine en laquelle on ait fait le catéchisme, pour lors on ne le fera que d’un quart d’heure.
Si le vendredi était un jour de fête en laquelle on ne fît point de catéchisme, on prendra le jour qui précède pour faire une heure de catéchisme et pour abréger la leçon.
Pour les leçons de la conduite et du syllabaire et de l’ instruction, on fera de même que le matin.
Une maîtresse ne renverra point ses écolières plus tôt ou plus tard que les autres ; la grande classe sortira la première, ensuite la seconde et ainsi des autres. Les maîtresses conduiront leurs écolières jusqu’à la rue. Elles sortiront deux à deux en silence et on fera en sorte qu’elles s’en retournent chez leurs parents sans s’amuser dans les rues.
Chaque Maîtresse n’aura jamais plus de soixante enfants pour les grandes classes et pour les petites, cinquante au plus ; on ne recevra point d’enfants à l’école qu’elles n’aient six ans, sans une permission particulière de la Supérieure, et on ne les gardera pas passé quinze ans pour les petites écoles.
(p. 112) Les filles qui viennent à midi doivent avoir fait leur première communion ; on n’en recevra point qu’elles ne l’aient faite sans une expresse permission de la Supérieure. Les jours de congés seront les jeudis entiers, s’il n’y a point de fêtes, et les samedis après-midi ; et s’il y a une fête, on ne le donnera que le samedi après-midi, et quand la fête tombera au commencement ou à la fin de la semaine, on prendra le congé le jeudi après-midi au lieu du samedi. La semaine de Pâques et de Pentecôte, on donnera congé le samedi après-midi quand il y aura trois fêtes, et quand il n’y en a que deux, on le le donne le jeudi après-midi au lieu du samedi. On donnera le congé général dans toutes les écoles, tant de la ville que de la campagne à la fin de juillet, pour recommencer au commencement de septembre.
La fête de l’ école sera le jour de Sainte Catherine, auquel jour on fera dire une Messe et les écolières y assisteront. Les Sœurs auront soin de les avertir de faire une offrande de leur cœur au Saint Enfant Jésus, par l’entremise de Sainte Catherine, leur bonne patronne.
Article 3ème.
Les petit offices de l’école.
Pour dresser les petites filles tant à la pratique des vertus qu’au soin du ménage, il est expédient que les maîtresses leur donnent quelques petits offices dans l’école, qu’elle pourra changer de mois en mois, ou de deux mois en deux mois.
Elles en nommeront une ou deux pour donner et serrer les livres, deux pour ranger en ordre, soit pour sortir, soit pour aller à la Sainte Messe ; deux pour la porte, une pour le prie-Dieu, deux pour ranger l’école, deux ou quatre pour veiller à ce (p. 113) qu’on étudie et suive les leçons, c’est-à-dire une pour chaque classe.
Dans les écoles où le nombre des enfants est petit, une seule peut remplir plusieurs de ces petits offices ; elles seront bien averties qu’on veille sur elles, mais on ne leur dira pas quelle est cette surveillante afin qu’ elles se défient toujours et qu’elles soient plus diligentes. Tous les mois la maîtresse fera une petite assemblée de ces officières, afin de les dresser à leur devoir, les reprendre des fautes qui auraient été remarquées et les encourager à mieux faire.
Il ne faut pas souffrir entre les enfants aucune querelle, paroles, ou actions indécentes, d’injures, de mépris, ou autres semblables désordres, où Dieu peut être offensé et le prochain scandalisé ; et beaucoup moins faut-il souffrir les immodesties à l’église, les mensonges, les larcins et les désobéissances.
U,0T56,4
Article 4ème.
Les pénitences et récompenses.
Les pénitences et corrections seront proportionnées aux fautes qu’elles auront faites ; comme les oreilles d’âne lorsqu’elles sont négligentes à étudier, la langue rouge aux menteuses, ou même la correction, c’est-à-dire le fouet, quand le mensonge est considérable.
Les désobéissances grandes, les immodesties à l’église et les larcins méritent ordinairement la correction ; c’est pourquoi la maîtresse veillera sur de telles fautes, de crainte que les habitudes mauvaises ne se fomentent par sa négligence et qu’elle ne soit responsable devant Dieu de ces fautes. Il en faut dire de même des longues absences de l’ école sans raisons suffisantes.
Pour les autres petites fautes, on peur leur ordonner de baiser la terre, demander pardon tout haut à leurs compagnes, les placer derrière la porte au banc des incorrigibles et quelquefois leur donner sur la main. (p. 114) La maîtresse doit surtout prendre garde de ne châtier jamais par colère, passion et emportement ; il vaudrait mieux ne point châtier que d’ en user ainsi; car dans la passion et colère, il n’y a ni raison ni discrétion, et il arrive souvent qu’on s’emporte à frapper les enfants sur la tête ou sur le visage mal à propos, ou qu’on donne la correction avec tel excès que Dieu y est offensé ; c’est pourquoi, lorsque l’on se sent émue de colère, il faut élever son cœur à Dieu et différer la correction à un autre temps, où on le fasse avec charité et douceur d’esprit.
U,oT56,4,2
Il y aura un coin dans l’école pour donner la correction à celles qui l’auront méritée, et ce, afin qu’elles ne soient point vues de leurs compagnes, mais entendues pour l’exemple. La maîtresse portera les coupables à la recevoir en esprit de pénitence, à demander pardon à Dieu et à leurs compagnes, selon la qualité de la faute ; après elle les enverra au lieu où elles doivent recevoir le châtiment, et pendant ce temps, les autres écolières prieront Dieu qu’elles en fassent un bon usage et qu’ elles se corrigent de leurs fautes. Elle les menacera plus qu’elle ne les châtiera afin de les tenir en crainte. Il faudra leur défendre de parler de ce qui se passe dans l’école et leur faire entendre que si elles en parlent, elles auront la correction. Lorsque la maîtresse voit qu’une enfant ne se corrige pas pour les avertissements faits en général, ou qu’elle aura fait quelque faute de conséquence, mais secrète, elle l’entretiendra quelque temps en particulier afin de lui faire avouer sa faute et l’obliger à changer.
Celles qui, nonobstant les réprimandes et châtiments, se rendraient incorrigibles et de mauvais exemple à leurs compagnes seront congédiées, après en avoir donné avis à la Supérieure et reçu sa permission ; ceci se doit entendre lorsque les fautes se font par malice et obstination et non point par simple fragilité, qui peut être compatible avec une bonne volonté de s’amender ; alors il faudrait compatir et supporter leur faiblesse, en attendant les effets de leur bonne volonté. Elles observeront de n’ envoyer jamais deux enfants ensemble au lieu pour ne pas blesser la pudeur.
(p. 115) Si la paresse, la gourmandise et autres défauts méritent le châtiment, la diligence et la vertu sont dignes de récompense ; c’est pourquoi la maîtresse en donnera de temps en temps à celles qui observeront plus ponctuellement ce qui leur aura été ordonné : on leur en promettra plus souvent qu’on ne leur en donnera, afin de leur donner courage. Les récompenses seront des Agnus Dei, des livres, chapelets, images ou médailles, donnant à chacune selon son mérite. Lorsque l’horloge sonnera, on leur fera faire un acte de foi sur un des mystères, comme il est dans les latins pour les jours de la semaine.
Les trois jours des Rogations, on leur fera réciter les litanies des Saints à la place de la prière du matin, et on les avertira de s’unir à l’intention de l’Église.
U,oT57
chapitre 57ème.
Quelques avis touchant l’exercice des écoles.
Pour bien réussir dans les écoles chrétiennes, les Maîtresses doivent se proposer pour fin principale de leur emploi, non pas d’enseigner seulement aux enfants à lire et à écrire, mais de les instruire des choses nécessaires au salut et leur donner une éducation chrétienne, étant à espérer que Dieu bénira leur travail à proportion que leur intention sera plus pure et plus détachée de tout intérêt particulier, ou prudence humaine.
Lorsque, dans une école, il y a deux maîtresses ou davantage, elles prendront garde à ce que les sous-maîtresses agissent toujours avec subordination de la principale maîtresse et qu’elles s’entr’aiment et supportent mutuellement, de telle sorte que les écolières (p. 116) ne soient jamais mal édifiées de leur conduite. Si elles avaient quelques avis à se donner l’une à l’autre, elles s’en acquitteront avec charité dans un autre temps, et jamais en présence des écolières. Si quelque entant avait mérité la correction, c’est à la première maîtresse à lui donner, à moins qu’elle ne trouve plus expédient de le lui faire donner par sa maîtresse, afin que les enfants la craignent.
Les maîtresses feront connaître aux écolières qu’elles ne doivent venir à l’école si elles n’ont un grand désir d’apprendre à aimer et servir Dieu, le craindre et employer le temps fidèlement ; elles ne souffriront pas les enfants malpropres, ni vainement habillées.
Elles ne réussiront dans leur emploi, qu’ autant qu’elles se feront craindre et aimer de leurs écolières ; elles ne témoigneront point plus d’ affection aux une qu’aux autres, quoique naturellement il y ait des enfants plus aimables les unes que les autres. Elles recevront avec même estime les pauvres que les riches ; elles les enseigneront avec autant de soin, elles n’auront point de préférence pour leurs parentes ou alliées, de crainte d’exciter de la jalousie.
U,oT57,2
On fera dire les leçons sans s’empresser, sans rire, ou se fâcher ; lorsqu’elles manqueront, on reprendra les fautes doucement et modestement. C’est chose également malséante et dangereuse de se familiariser avec les enfants, les caresser, embrasser ou baiser ; les maîtresses éviteront ces défauts.
Il est expédient que les Maîtresses parlent peu pendant le temps de l’école, se faisant entendre par signe autant qu’elles pourront ; cela servira pour maintenir l’ordre et le silence nécessaire dans l’école et pour la conservation de leur santé.
Une maîtresse doit s’ étudier, par le saint exercice de l’ oraison, d’ acquérir une haute estime des perfections divines, afin que, par l’idée qu’elle aura des grandeurs de Dieu, elle se porte à l’adorer en esprit et en vérité, et à vouloir dépendre totalement de sa divine conduite ; par ce même exercice del’ oraison, elles’ efforcera d’aimer Dieu de tout cœur et en vue de son infinie bonté, de ne vivre que pour lui et de concevoir des désirs très ardents (p. 117) de lui procurer de la gloire, de ne 1’ offenser jamais de propos délibéré, ni souffrir qu’il soit offensé, le pouvant empêcher.
De cet amour naîtra un accroissement de foi pour toutes les vérités de l’Évangile, et une confiance généreuse qu’en tout ce à quoi Dieu la destinera, il l’assistera de sa grâce et protection spéciale, étant au reste très soumise pour le regard du succès de son travail et attribuant à Dieu tout le bien qui en réussira et à soi-même tous les manquements et la confusion d’une servante inutile, qui espère et se propose, nonobstant sa misère, de persévérer constamment à l’exécution de la volonté de Dieu jusqu’à la mort, moyennant sa sainte grâce.
Une maîtresse doit aspirer continuellement à la perfection chrétienne et s’étudier d’en accroître tous les jours le désir, afin d’y travailler plus efficacement. Ce désir la doit exciter à régler ses passions, retranchant ses vains désirs et veillant sur les mouvements déréglés de son cœur, afin d’étouffer tous les sentiments d’amour du monde, de complaisance en ses vanités, d’estime de soi-même, de respect humain, d’inclination de plaire aux créatures, d’attachement en ses intérêts et surtout d’impatience et de colère ; ce désir la doit rendre circonspecte en ses paroles, en ses actions et en ses déportements.
Elle doit s’étudier à concevoir une haute estime de sa vocation, n’en parler jamais qu’avec des termes honorables qui fassent qu’elles’ en estime très indigne ; vu qu’après les religieux et les ecclésiastiques qui travaillent au salut des âmes, il n’y a point de profession qui travaille par état à ce divin ministère de former et enfanter Jésus-Christ dans les âmes, que les maîtres et maîtresses d'école.
L’esprit de la foi lui doit faire voir dans ces petites âmes, Jésus-Christ qui les a aimées plus que sa propre vie, qui les a lavées de son sang précieux ; elle doit considérer que l’innocence baptismale de ces petites âmes est un trésor que Jésus-Christ a confié à sa garde : car ces enfants n’ayant ni la lumière, ni la (p. 118) prudence pour en connaître le prix et les dangers où ils sont de la perdre, la maîtresse et tous ceux à qui l’ éducation des enfants est confiée, sont établis de Dieu pour leur conserver ce trésor, par leurs exemples, prières et bonnes instructions. La maîtresse fera l’office d’un bon ange et d’un bon pasteur priant pour les enfants et leur enseignant la manière de résister aux tentations et d’éviter les mauvaises occasions.
U,0T58
Chapitre 58ème.
La manière de recevoir les enfants pour l’école.
U,0T58,1
On ne recevra point d’enfants pour l’école, qu’elles ne soient présentées par quelqu’une de ses parentes. Il y aura un catalogue pour écrire les noms et surnoms des écolières.
Si la maîtresse reconnaît que la mère ou parente del’ enfant ait trop de tendresse et gâte ses filles, elle les avertira en particulier qu’elles seront responsables à Dieu de leur éducation, et au contraire, si elle les reconnaît trop rudes, elle les priera de leur parler à l’a venir avec plus de douceur et charité et leur dira que si elles veulent que leurs filles apprennent la vertu, elles leur en doivent donner l’exemple ; que les enfants nomment le pain du pain, le vin du vin et l’eau de l’eau pour l’avoir ouï dire ; ainsi ils jurent, se mettent en colère, querellent, parlent mal d’autrui, disent des paroles et chansons déshonnêtes, pour les avoir ouï dire
Elle les priera de faire en sorte que leurs enfants ne voient pas de mauvais exemples en leur maison ; qu’elles prennent garde aux domestiques qui perdent souvent les enfants par leurs mauvais exemples.
Elle leur fera entendre qu’on est obligé de corriger les enfants pour leur (p. 119) bien, soit à raison des mœurs pour les faire avancer dans la vertu, soit pour les rendre plus diligentes à étudier leurs leçons ; que si elles en font des plaintes, elles se gardent bien de les écouter et de témoigner en être fâchées : mais au contraire en être bien aises ; autrement qu’on serait obligé de congédier leurs enfants de l’école parce qu’elles empêcheraient de profiter de la correction.
U,0T58,2
Elle priera la mère ou parente de faire tenir sa fille le plus proprement et modestement qu’elle pourra. Elle les avertira aussi de faire coucher leurs enfants de bonne heure, afin qu’elles puissent être levées plus matin, cela étant utile pour la santé et sainteté.
Elle les priera de même de ne point coucher leurs filles avec elles, ni même avec leur frère, et de faire faire la prière du matin et du soir par leur fille à route la famille assemblée.
On pourra recevoir les filles huguenotes, avec cette précaution qu’elles ne pourront apporter aucun livre, s’il n’est conforme aux autres et qu’elles seront soumises à toutes les règles de l’ école comme les autres.
U,0T58,3
Petits meubles nécessaires à l’école.
Un prie-Dieu qui servira d’oratoire, où il y aura pour table d’autel un crucifix de papier, deux chandeliers, deux pots et deux bouquets. Une image du Saint Enfant, de cire ou de plâtre, que l’on exposera aux écolières tous les 24èmes de chaque mois, à moins qu’on n’en soit dispensé par la Supérieure. Ce jour-là on fera réciter aux écolières les litanies en l’honneur de l’ enfance de Notre-Seigneur, au lieu de la prière et chanter un cantique en l’honneur de sa naissance, afin de les élever dans la dévotion de ce mystère.
Il y aura près de la porte un bénitier, un aspersoir pour asperger l’eau bénite aux enfants, en entrant et sortant de la Sainte Messe (p. 120 Jet en sortant de l’ école. À côté du prie-Dieu, un catalogue pour désigner les noms des écolières, une sonnette, un seau, un arrosoir, une petite corbeille et des balais.
U,01’59
Chapitre 59ème.
Avis qui seront donnés aux écolières pour les engager à passer chrétiennement la journée.
U,0T59,1
En s’ éveillant, il faut être fidèle de donner son cœur à Dieu ; faire le signe de la croix, puis s’entretenir en quelques bonnes pensées ; s’il n’ est pas encore le temps de se lever, éviter toute immodestie et indécence et ce qui pourrait aller contre l’honnêteté.
Se lever tous les jours à une heure réglée et s’habiller promptement dans le désir que Dieu nous revête de sa grâce.
Se mettre à genoux devant quelque image dévote et là, produire les actes d’adoration, de remerciement, de contrition, d’offrande, de demande : puis réciter le Pater, l’ Ave, le Credo, les commandements de Dieu et de l’Église, le tout avec attention, modestie et dévotion.
S’il y a du temps après la prière, rendre quelques petits services dans le ménage pour obliger ses parents, et ensuite leur demander permission pour venir à l’école.
Marcher avec modestie dans les rues, ne s’arrêtant jamais devant les maisons pour voir ce qui se passe, ou ce que l’ on dit.
Entrer dans l’école avec respect et civilité, saluer l’image de piété, ensuite la maîtresse et puis ses compagnes.
Se rendre attentive aux prières, leçons et catéchisme, ne point causer ni rapporter de nouvelles de la ville, ne point interrompre ni faire causer ses compagnes.
(p. 121) N’accuser jamais ses compagnes, et au cas que l’on en sache quelque chose qui mérite la répréhension, le dire en particulier à la maîtresse et toujours par charité et non pas par vengeance.
Ne s’excuser ni couvrir ses fautes par le mensonge ou déguisement, se ressouvenant que les menteuses sont les enfants du diable ; mais au contraire s’humilier et reconnaître sa faute et promettre que l’on s’en corrigera.
U,0T59,2
Aller à la Sainte Messe avec modestie, ne point passer son rang ni changer de compagne. Étant à l’église se tenir d’une posture modeste, ne se point mettre sur ses talons, ni accouder sur les bancs ; ne point tourner la tête, ni se dissiper, d’autant que cela ne convient pas à des chrétiennes qui croient que Dieu les voit et connaît leurs pensées.
Ne point manger hors le temps des repas, ni par gourmandise mais avec retenue, évitant la trop grande quantité ; ne point rechercher ce qui est à son goût, se contenter de ce que l’on donne, ne point solliciter ses parents à donner quelque chose avec le pain ; ne point gourmander ses frères et sœurs, et compagnes, d’autant que les gourmandes seront punies très grièvement dans l’enfer, et que les sobres seront récompensées de Dieu dans le paradis.
Ne jamais se venger contre ses frères, sœurs et compagnes lorsqu’ils ont fait quelques petits déplaisirs ; mais les souffrir avec charité, douceur et patience pour l’amour de Jésus-Christ qui a souffert tous les affronts, injures et mauvais traitements des Juifs sans rien dire, et cela pour nous apprendre à souffrir avec patience.
Ne point jouer avec les garçons, ni même avec les petites filles lorsqu’ elles sont volages, désobéissantes, menteuses ou tachées de quelques autres vices ; attendu qu’avec les méchants on devient méchant et que les mauvaises compagnies font tomber dans le péché.
S’exciter à la vertu de charité, en rendant volontiers service à ses petits frères et petites sœurs. Servir son père et sa mère dans (p. 122) leurs besoins, les consoler quand on les voit dans quelques fâcheries, leur disant que Dieu connaît leurs peines et les récompensera s’ils les souffrent avec patience.
Quand on rend quelques petits services dans le ménage, se ressouvenir souvent que le Saint Enfant Jésus servait ainsi la Sainte Vierge sa bonne mère et Saint Joseph son père nourricier, et cela dans l’intention de plaire à Dieu son Père.
Être bien dévotes à la Sainte Vierge, à son bon Ange et à son saint patron, les invoquant souvent dans les besoins où l’on se trouve et leur faire tous les jours quelques prières.
Dire tous les jours quelques prières pour les âmes du purgatoire.
Se munir souvent du signe de la croix, quand on entend sonner l’heure, lorsqu’on est tenté de quelque péché, afin de mettre en fuite ses ennemis et attirer le secours de Dieu.
Ne point manger hors le temps des repas et sans avoir dit le bénédicité, et ne pas manquer de rendre grâces à Dieu après le repas.
Honorer et estimer en son cœur son père et sa mère, et leur en donner des marques à l’extérieur, se souvenant qu’ils nous tiennent la place de Dieu.
Porter compassion à ceux que l’on voit affligés, les soulager dans leurs peines par quelques services, consolations, prières ou aumônes, si on en avait le pouvoir, ou du moins leur souhaiter du bien.
Rendre toujours le bien pour le mal, comme Jésus-Christ nous l’ ordonne.
Éviter la paresse qui est un grand péché, estimer et aimer le travail et s’y employer selon ses forces le plus qu’il sera possible.
Ne se jamais coucher qu’auparavant on n’ait fait ses prières à genoux comme le matin, avec l’examen de conscience pour connaître si nous sommes en état de paraître devant Dieu si nous mourions cette nuit.
Ne se point amuser à jouer et badiner dans le lit, d’autant que Dieu et nos bons Anges nous voient et remarquent toutes (p. 12 3) nos actions, et que tout ce qui va contre la pudeur et la modestie leur est tout à fait désagréable. Ne jamais souffrir qu’on les mette coucher avec leurs frères, ni avec leurs servantes à moins qu’elles ne soient sages et modestes.
Voilà comme doivent vivre les écolières du Saint-Enfant Jésus pour attirer sur elles les grâces qui leur sont nécessaires, pour les sanctifier et parvenir à la vie éternelle pour laquelle Dieu les a créées : faire le contraire, c'est donner des preuves qu'on veut être du nombre des réprouvés.
Toutes ces choses se doivent donner pour exhortation aux jeunes enfants afin de leur en faire prendre une bonne habitude, et comme le tout est un peu long et pourrait trop charger la mémoire des enfants, il sera bon de partager ces avis en plusieurs parties, leur en expliquant de temps en temps quelque chose, pendant l’examen de la prière, les arrêtant pour leur en faire remarquer les fautes les plus considérable contre iceux. Quelquefois en les congédiant de l’ école, et une fois le mois, on leur lira ces avis le dimanche avant le catéchisme au lieu d’autre lecture ; les exhortant à observer en leur maison les choses marquées ci-dessus, dans la vue de plaire à Dieu et de contenter leur bon Ange ; quelquefois pour la peine due à leurs péchés, pour les âmes du purgatoire, pour la conversion des pécheurs, ou à l’honneur de la Passion de Notre-Seigneur, pour honorer la Sainte Vierge, ou quelques autres bonnes intentions. On pourra expliquer ces avis une fois le mois, un des jours de la semaine.
U,oî6o
chapitre 6oème.
Avis et conduite pour faire utilement les catéchismes.
U,0T60,1,1
Les Sœurs étant destinées à l’instruction des personnes de leur sexe, comme il est porté dans leurs Constitutions, elles tâcheront de ne rien épargner pour se rendre capables d’un si saint emploi (p. 124) puisque c’est par l’exercice des catéchisme quel’ on donne aux enfants les enseignements du salut ; afin de leur donner des moyens et les y faciliter, elles auront égard aux avis suivants.
Les Sœurs, considérant que Dieu veut se servir d’elles pour une chose si sainte et si relevée, se doivent profondément humilier, et dans la vue de leur extrême misère et bassesse, s’abandonner à la conduite de l’Esprit de Dieu qui donne sa grâce aux humbles et parle par leur bouche.
Cette disposition leur servira pour s’unir aux desseins et intentions de Dieu, renonçant à toutes les vues humaines et ne chercher autre chose d’établir le règne de Jésus-Christ dans les âmes qui lui ont coûté Elles demanderont au Saint-Esprit qu’il leur parle au cœur, afin que la semence de sa parole ne se perde point ; elles auront soin de leur enseigner la pratique des vertus chrétiennes dont il sera fait mention ci-après.
Lorsque l’on parle du péché, il ne faut pas dire légèrement : faire ceci ou cela est péché mortel, ou ce n’est qu’un péché véniel : car bien que cela puisse être, les circonstances varient tellement le cas, qu’on serait en danger de se tromper souvent et donner une instruction qui pourrait servir de piège aux enfants ; c’est pourquoi il suffira de dire, cela déplaît à Dieu, cela est mal, il le faut éviter plus que la mort. Et quand les enfants demandent ensuite si c’est péché mortel, il faut leur répondre qu’une bonne chrétienne qui aime Dieu de tout son cœur ne doit pas faire cette question et que cette seule parole "cela déplaît à Dieu, cela est mal", doit être suffisante pour l’en détourner.
U,0T60,1,2
Les premières instructions qn’ on doit donner aux enfants, sont du signe de la croix, de l’oraison dominicale, la Salutation angélique, le Symbole des apôtres en latin et en français, le Confiteor, les sacrements, les commandements de Dieu et de l’Église ; les faisant entendre et les expliquant, selon la capacité des enfants. On leur fera rem.arquer qu’en disant leur Pater, elles font un acte d’espérance, en disant le Credo, des actes de foi, et en disant le Confiteor, un acte d’humilité et de pénitence. (p. 125) On continuera les instructions sur l’abrégé des mystères, les commandements de Dieu et de l’Église et les exercices du chrétien, le tout selon l’âge et la portée des enfants et l’ordre marqué dans le catéchisme du diocèse. Quinze jours avant les solennités de Pentecôte, Toussaint, Noël et vers le milieu du Carême, toutes les instructions se feront sur le sujet de la confession, pour leur enseigner à s’examiner et se confesser, les parties de la pénitence et les conditions nécessaires à une bonne confession, afin qu’elles puissent se présenter au sacrement de Pénitence trois ou quatre jours avant la fête pour recevoir au moins la bénédiction du prêtre ou l’absolution si elles sont en âge. Si les confesseurs ne pouvaient confesser que huit jours ou plus devant la fête, il faudrait commencer les instructions plus tôt, afin cl’ avoir le temps d’instruire les écolières.
Lorsque le temps de la confirmation approche, on expliquera les cérémonies et les dispositions pour la bien recevoir.
On fera pareillement les instructions pour la communion à celles qui se disposent pour communier, surtout si c’est pour la première communion. Les veilles de Pâques et Pentecôte, au sujet de la bénédiction des fonts, on fera renouveler les promesses du baptême en général et en particulier.
U,0T60,1,3
Il servirait de peu d’enseigner aux enfants ce que nous venons de dire, si les maîtresses n’étaient animées du zèle de la gloire de Dieu pour leur enseigner, selon leur portée, les principales vérités pratiques du saint Évangile, puisqu’il est vrai qu’on est obligé de les croire par la même foi que nous croyons la sainte Trinité, et qu’on ne peut être sauvé sans en faire la règle de sa vie et de ses actions. Les instructions se feront, tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre des vérités suivantes et préparant quelques exemples sur le même sujet, (pour) en faire la fin de l’instruction. Ces vérités pratiques sont celles qui suivent et autres semblables.
Premièrement. Que pour être sauvé, il faut garder les (p. 126) commandements de Dieu ; c’est-à-dire l’aimer de tout son cœur et son prochain comme soi-même.
Que ce n’est pas assez de faire des bonnes œuvres, il faut les faire pour Dieu, avec intention de lui plaire en toute chose.
Qu'il vaudrait mieux être morte que d’avoir commis un péché mortel.
Qu’on est obligé d’éviter les occasions et que, pour quoi que ce soit, il ne faudrait pas faire un péché véniel.
Qu’ on ne peut servir à deux maîtres, à Dieu et au monde ; et que notre baptême nous oblige de nous déclarer contre le monde et ses maximes corrompues.
Que nous sommes obligées de renoncer à nous-mêmes et d’imiter Jésus-Christ. Que pour être sauvé, il faut faire pénitence, que la porte du ciel et la voie qui y conduit est étroite, et que peu y entrent, parce qu’ils aiment le chemin large qui conduit en enfer.
Qu’il ne faut donner mauvais exemple ni scandaliser personne. Qu'il faut être humble et débonnaire ; que les humbles seront exaltés et les superbes humiliés.
U,0T60,1,4
Qu'il faut être soumises a ses père et mère, maîtres et maîtresses.
Qu'il faut porter grand respect aux églises et à toutes les choses saintes, comme pain bénit, eau bénite, saintes reliques, aux prêtres, religieux et à toutes personnes consacrées à Dieu.
Qu’elles doivent être civiles et respectueuses envers tout le monde ; qu’il ne faut jamais faire aux autres, ce qu’elles ne voudraient pas leur être fait.
Qu’il faut, en quelque état que Dieu les mette, agréer sa sainte volonté, le remerciant autant dans la pauvreté, maladie et adversité, que dans l’abondance, santé et prospérité.
C’est par ces vérités évangéliques, qui nous enseignent et commandent la pratique des vertus, que les maîtresses donnent aux enfants une éducation chrétienne, et qu’elles leur forment le jugement, afin qu’elles sachent juger, estimer et aimer, non pas selon la nature corrompue, niais selon la foi et les sentiments de Jésus-Christ, dont la sagesse est toue opposée à celle du monde, (p. 127) afin qu’elles sachent faire le discernement de ceux qui sont bienheureux ou malheureux selon l’Évangile ; il faut leur expliquer les huit béatitudes et ensuite leur faire produire des actes de foi, disant : "mon Dieu je crois fermement que les pauvres d’ esprit sont bienheureux, que les pacifiques le sont aussi, que les miséricordieux, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui pleurent, ceux qui souffrent la faim et la soif pour la justice, que tous ceux là, dis-je, sont bienheureux ; je le crois mon Dieu, parce que vous l’avez dit".
Ces béatitudes expliquées doivent faire impression dans ces petits esprits, afin qu’elles ne disent pas avec le monde trompeur, que les pauvres sont malheureux et ceux qui endurent les persécutions pour Dieu.
U,0T60,1,5
Elles doivent aussi leur enseigner quelles sont les personnes malheureuses et maudites de Dieu selon l’Évangile où Jésus-Christ prononce ces paroles, en saint Luc, chapitre 6 : "Malheur à vous, riches, parce que vous avez vos aises et vos plaisirs en ce monde.
Malheur à vous gui êtes rassasiés, parce que vous aurez faim.
Malheur à vous qui êtes dans la joie, parce que le temps viendra que vous pleurerez.
Malheur à vous quand les hommes vous loueront. Malheur à celui qui cause le scandale".
Il faut leur faire produire des actes de foi sur ces vérités, et leur apprendre qu’on ne peut éviter ces malédictions de Dieu, si ce n’est en s’humiliant dans les richesses, en détachant son cœur des biens de la terre, en aimant les pauvres, leur faisant l’aumône avec charité et pour l’ amour de Dieu, en faisant le meilleur usage des richesses qu’il sera possible et toutes sortes de bonnes œuvres qui composent le véritable trésor des âmes chrétiennes.
C’est ainsi que les maîtresses d’école doivent apprendre aux enfants à parler en chrétiennes, non pas le langage corrompu du mauvais monde qui est maudit de Dieu, parce qu’il juge, qu’il dit, qu’il aime et qu’il enseigne tout le contraire de ce que Dieu a dit, aimé, pratiqué et enseigné en ce monde. C’est pourquoi elles prendront garde que (p. 128) les écolières ne parlent selon le monde, les reprenant d’un ton ferme qui fasse impression dans leur esprit, afin qu’elles s’en souviennent toute leur vie. Pour ce sujet on pourra tous les mois écrire quelqu’une des vérités susdites et obliger les écolières de l’ apprendre, la répondre en étant interrogées et en répéter le sens après qu'on l'aura expliquée, proposant un prix à celle qui 1’ aura mieux comprise et expliquée.
U,0T60,1,6
Enfin les maîtresses répéteront souvent cette maxime importante : que tout ce qui ne nous sert pas pour gagner le ciel et pour être plus agréable à Dieu, n’est que vanité ; ainsi les honneurs, grandeurs, braveries, richesses et divertissements du monde ne sont, à l’égard de la plupart des hommes et des femmes, que des pièges dont le démon se sert pour les mener en enfer, et qu’il est très difficile de faire un bon usage de ces choses.
À ce sujet, elles exhorteront les écolières à être toujours modestes en leurs habits, à ne porter jamais la gorge ni les bras découverts, ainsi que font les mondaines et les prostituées ; et pour cela qu’elles doivent toujours imiter les plus modestes de leur condition, sans se soucier des mépris et railleries du monde ; qu’elles doivent témoigner à leurs mères ce qu’elles ont appris à l’école sur ce sujet et les prier de trouver bon qu’ elles soient toujours dans la modestie que les saint Apôtres saint Pierre et saint Paul ont tant recommandée aux filles et aux femmes chrétiennes, et qu’elles ont promis de garder lorsqu’au baptême, elles ont renoncé aux pompes du diable qui sont les mondanités et le luxe du monde.
Par ce même principe de modestie chrétienne, il faut leur recommander la fuite des occasions et conversations périlleuses, les promenades et entretiens, les jeux avec les garçons, fussent-ils frères ou parents, devant préférer la compagnie de leurs mères.
Il faut les exhorter à faire chez elles la prière du soir et du matin avec toute la famille assemblée, en demander la permission à leur mère ; dire souvent le bénédicité et les grâces et demander souvent à Dieu leur vocation. On leur enseignera (p. 129) la manière d’exercer les œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles et quelles sont ces œuvres de miséricorde et comment il faut entendre cela, et assister souvent au service divin.
U,0T60,1,7
On leur recommandera l’occupation perpétuelle, conforme à leur état et condition, comme le soin du ménage, travailler en linge, tapisserie et choses semblables, l’oisiveté étant la mère de tout vice et la perte de la plupart des filles et des femmes.
Les maîtresses doivent savoir parfaitement toutes ces choses, afin de leur enseigner, à propos et adroitement, tantôt les unes et tantôt les autres.
Elles s’instruiront avec soin du catéchisme du diocèse dans les entretiens journaliers ; mais particulièrement les premières Maîtresses s’ appliqueront à former les prétendantes et leur apprendre la manière de s’énoncer en public, pour que leurs instructions soient profitables au prochain.
Elles doivent posséder leur matière parfaitement, afin de ne rien avancer qu’elles ne soient certaines et bien éclaircies. Elles ne doivent point interroger les enfants sur les questions qu’ auparavant elles ne les aient exposées, tant les demandes que les réponses. Elles doivent prendre garde de ne pas charger la mémoire des enfants ou des personnes qu’elles instruisent de beaucoup de questions ou de matière trop ample ; et pour ce sujet, elles n’exposeront que deux ou trois questions dans les catéchismes ordinaires qu’elles font tous les jours dans leurs écoles. Pour les jours de fêtes et dimanches, et les vendredis, auxquels jours elles doivent faire une heure de catéchisme, elles en pourront proposer davantage, reprenant celles qui auront déjà été expliquées pendant la semaine.
On commencera tous les catéchismes par la répétition du catéchisme précédent, et ensuite on prendra l’abrégé avant que de parler du sujet principal, à cause des personnes qui s’y rencontrent, lesquelles souvent ne sont pas instruites des choses essentielles à leur salut. U,0T60,1,8
(p. 130) Elles rebattront souvent les mêmes choses, tant les basses questions que les mystères et le sujet principal et dans les mêmes termes, afin de les mieux inculquer dans l" esprit de celles qui ont besoin d’être instruites ; mais on prendra garde cependant de ne point rebuter ni ennuyer celles qui sont instruites des choses essentielles, et pour cela on doit toujours tirer des morales conformes au sujet, et se servir de comparaisons pour les réduire en pratiques, rapporter quelques exemples convenables au sujet, et ne pas attendre à la fin du catéchisme pour faire tirer le fruit ; mais le faire autant qu’il sera possible à la fin de chaque demande et réponse, attendu que si on différait à la fin du catéchisme, on pourrait manquer de temps, ou bien les personnes, étant ennuyées, pourraient manquer d’attention à ce qui est le plus nécessaire. I1 est nécessaire de savoir que les longs discours en matière d’instruction sont de peu de profit ; c’est pourquoi elles s’appliqueront à ne rien dire que de très succinct, ne s’éloignant point du sujet, ni des questions proposées, réduisant en peu de paroles les fruits et histoires, aussi bien que les pratiques.
U,0T60,1,9
Elles prendront garde que les réponses trop longues doivent être réduites en sous-questions de peur de trop charger la mémoire des personnes non instruites. Elles ne donneront jamais aucun signe de rebut pour l’ignorance ou grossièreté des esprits qui ne sont pas instruits, quoiqu’elles soient obligées de rebattre les mêmes choses ; mais tenant toujours leur âme entre leurs mains, avec un maintien grave et modeste, elles recommenceront leurs questions et réponses autant de fois qu’il en sera besoin, si ce n’est qu’il y en ait quelqu’une des plus avancées dans les instructions sur qui on pourrait s’appuyer, et pour lors elles se contenteront de faire de nouveau la demande.
Elles interrogeront plusieurs enfants sur les mêmes questions, les prenant à bâtons rompus, pour les rendre plus attentives, leur demandant la question qu’on vient de faire, pour les maintenir dans leur devoir de plus en plus.
U,0T60,1,10
[p. 131)
Manière d’exposer le catéchisme à la fin des classes.
L’heure du catéchisme étant venue et les leçons achevées, la Sœur fera fermer les livres des écolières, et leur fera prendre un maintien modeste, et tournées vers le haut de la classe où il y aura quelque image de piété pour les exciter à la dévotion ; et lorsqu’elle les remarquera bien attentives et en silence, elle commencera le signe de la croix à voix haute et prendra garde que toutes le fassent avec elle ; ensuite elle leur fera croiser les bras et tourner de son côté, puis leur recommandera le silence et l’attention à la parole de Dieu, par promesses ou menaces, selon leur besoin et leur inclination ; puis elle leur exposera environ trois demandes avec leurs réponses, puis reprendra elle-même la première demande avec sa réponse pour la seconde fois, ensuite elle en fera la demande à celle qu’elle remarquera la plus attentive, puis elle passera à plusieurs autres des divers quartiers de la classe, ne manquant point de les surprendre souvent, ainsi qu’il est marqué ci-dessus. La première demande ayant été faite et répondue plusieurs fois, on passera à la seconde et troisième demande de la même manière, faisant les sous-questions nécessaires pour l’éclaircissement des principales demandes, tâchant, comme il est marqué ci-dessus, de tirer les fruits et comparaisons sur les principales demandes ; d’autant que cela doit servir d’ explication des matières avancées.
U,0T60,1,11
Elles s’appliqueront à observer exactement cette méthode de proposer, en commençant les catéchismes, les demandes et réponses, comme il est marqué ci-dessus.
L’heure de finir étant venue, elle exhortera les enfants à retenir et faire profit de ce qu’elles auront appris, leur disant et répétant souvent que ce n’est pas assez d’être instruite ; mais (p. 132) que l’on est obligé de mettre en pratique les instructions que l’on a reçues ; autrement cela servirait de condamnation, de savoir la volonté de Dieu et ne la pas faire. Si le temps le permet, elle leur rapportera quelques exemples conformes à son sujet, puis elle finira.
U,0T60,2
2. [(sic)] Des corrections et répréhensions qu’on est obligé de faire dans le temps du catéchisme.
U,0T60,2,1
Si quelques unes des écolières étaient reconnues pour causeuses ou immodestes, elles doivent être séparées d’avec les autres, avant de commencer les catéchismes, pour éviter autant qu’il est possible l’interruption et la distraction ; et lorsqu’il y en a qui causent pendant icelui, on doit pareillement les séparer et ne pas les corriger sur-le-champ, mais attendre à la fin.
Pour celles qui, par négligence ou faute d’application, ne retiennent pas ce qu’on leur a rebattu plusieurs fois, elles doivent être mises au rang des causeuses et être surprises plus souvent que les autres et corrigées selon leur inapplication.
Lorsqu’il y aura quelque sujet de dissipation, la maîtresse ne se doit en rien relâcher de sa gravité ni attention, mais par signe remettre l’affaire à un autre temps ; que si c’ était quelque personne du dehors, elle la priera honnêtement et en peu de mots, à voix basse, d’attendre à la fin du catéchisme ; à moins que ce ne soit quelque ecclésiastique où le respect empêche d’en user autrement, et pour lors elle lui rendra raison honnêtement en peu de mots et continuera son catéchisme.
(p. 133) Si on est obligé de taire quelques répréhensions, ou donner quelque avertissement pendant le catéchisme, on se servira toujours de principes de foi ; par exemple : "mes enfants pensez-vous que le bon Dieu vous voit dans cette posture et qu’il vous entend ? votre bon Ange vous inspire-t-i] cette disposition ? la Sainte Vierge ou votre Saint patron, entendaient-ils ainsi la parole de Dieu ? vous souvenez-vous de la récompense ou du châtiment que Dieu réserve à celles qui se rendent attentives, ou écoutent avec négligence sa sainte parole ; si vous étiez prêtes à mourir, ne voudriez-vous pas avoir entendu la parole de Dieu avec respect ?" ou autres semblables principes qui pourront profiter aux enfants et qui ne causeront pas tant de dissipation que d’autres répréhensions qu’on pourrait leur faire.
U,0T60,2,2
Si l’immodestie, la paresse et l’inapplication à la parole de Dieu méritent la correction, aussi la diligence et fidélité méritent la récompense : c’est pourquoi la maîtresse remarquera celles qui seront attentives et les congratulera lorsqu’elles auront bien répondu, leur disant que toutes celles qui se rendent bien attentives au catéchisme méritent que Dieu les écoute dans leurs prières ; que c’est une marque de l’amour et du respect qu’elles ont pour lui : et cela pour leur donner de 1’ émulation et les encourager à toujours mieux apprendre et pour engager les autres à les imiter.
On doit prendre garde, dans ces sortes d’estime, de donner de la vanité aux enfants pour leurs bonnes disposition, cela serait cause qu’elles perdraient le fruit et le mérite de leur fidélité et qu’elles ne feraient point de profit de ce qu’elles auraient appris ; mais finir les petites louanges qu’on leur donne en leur inspirant toujours des sentiments d’humilité et de reconnaissance envers Dieu qui leur a fait cette grâce ; que sans lui elles ne pourraient rien apprendre, ni rien faire pour leur (p. 134) salut, qu’elles sont obligées de venir à la pratique de cette reconnaissance si elles veulent plaire à Dieu ; qu’autrement elles seraient plus criminelles de savoir la volonté de Dieu et de ne pas la faire ; qu’elles n.e se doivent pas estimer pour cela plus que leurs compagnes ; que ce serait un orgueil de mépriser celles qui ne pourraient pas si bien répondre, puisque nous ne saurions rien faire sans la grâce de Dieu.
U,01’60,2,3
U,01’60,3
La Sœur qui fera le catéchisme, doit savoir ses demandes et ses réponses par cœur, ne tenant son catéchisme en main, que pour se ressouvenir de sa matière et en esprit d’humilité : car lorsque les enfants s’aperçoivent que la maîtresse est obligée d’étudier pour savoir ce qu’elle veut demander, cela leur fait perdre l’estime et le respect qu’elles doivent avoir, et même elles pourraient penser que si elles tenaient un livre, elles en diraient bien autant Afin de remédier à cet inconvénient, elle étudiera ses demandes et réponses auparavant, et si elle manque d’expression on de mémoire, elle doit faire plus ou moins de questions selon sa capacité.
3. Exposé du catéchisme pour les basses classes, dans lesquelles on ne parle que de l’abrégé.
U,01’60,3,1
Il faut commencer par faire le signe de la croix et dire : "mes enfants, je vais vous faire trois demandes et vous faire aussi les trois réponses, afin que quand je vous interrogerai, vous puissiez me répondre ; rendezvous donc bien attentives pour retenir ce que je vais vous dire. Vous savez bien que Dieu ne vous a mises au monde que pour le connaître (p. 135) l’aimer et le servir, et que la première chose de ces trois, c’est de le connaître ; je vous demanderai donc : ’Q/ est ce que Dieu ?’ Il me faudra répondre : ’c'est le créateur et le souverain Seigneur de toutes choses’.
Ensuite je vous demanderai : ’Dieu a-t-il eu un commencement ?’ Il fandra me répondre : ’Non, il a été de toute éternité’.
Après je vous demanderai : ’Où est Dieu ?’ Et vous me répondrez : ’Il est partout, dans le ciel, sur la terre et même dans les enfers’ ; et afin que chacune me réponde bien, je vais vous faire encore une fois la première demande avec la réponse".
- "Qu'est-ce que Dieu ?"
- "C’est le Créateur et le souverain Seigneur de toutes choses."
- "Dites-moi donc, mon enfant, combien de demandes vous ai-je faites ?" - "Ma Sœur vous nous en avez fait trois".
- "Quelle est la première ?" - "Vous nous avez demandé : ’Qu'est-ce que Dieu ?’ - "Dites-moi la réponse". - "C’est le créateur et le souverain Seigneur de toutes choses". On fait cette demande plusieurs fois à bâton rompu, comme il est marqué ci-dessus ; et leur demander souvent si elles croient les vérités qu’elles viennent de répondre, si elles espèrent en la bonté de Dieu, qui leur fait la grâce d’apprendre ces choses, si elles ne désirent pas aussi employer toute leur vie à son service, à l’aimer de tout leur cœur et par ce moyen, on leur fera produire les actes de religion, principalement de foi, d’espérance et de charité ; cela leur servira aussi de principes de christianisme dans les occasions fâcheuses où elles pourraient se trouver dans le cours de la vie.
U,0T60,3,2
Elle en usera de même dans toutes les matières qu’elle aura à traiter pour instruire les enfants, ensuite elle fera tirer (p. 136) le fruit de la première demande en disant : "Mes enfants, nous devons considérer, puisque Dieu est notre créateur et que nous sommes ses créatures, nous sommes obligées de lui rendre nos devoirs matin et soir et en toutes occasions comme à notre souverain Maître et Seigneur, duquel nous dépendons en toutes choses. Nous allons passer à la seconde demande que je vous ai proposée et que je vais vous répéter encore une fois pour celles qui pourraient l’avoir oubliée ; rendez-vous donc bien attentives ; car j’ai apporté de belles récompenses pour celles qui seront sages : Écoutez bien la demande, et la réponse".
- "Dieu a-t-il eu un commencement ?" - "Non, il a été de toute éternité." - "Levez-vous, ma chère enfant, et faites le signe de la croix avec modestie. Avez-vous bien entendu la la demande que je viens de faire ?" "Ma Sœur, vous avez demandé si Dieu a eu un commencement." "Quelle est la réponse ?" - "Non il a été de toute éternité". Il faut faire cette demande plusieurs fois de même que la première, puis faire entendre aux enfants que ce n’est pas assez de savoir que Dieu est éternel, mais que nous sommes obligées de l’aimer et de l’adorer et que c’est pour cela qu’il nous a créées à son image et ressemblance, capables de vivre éternellement avec lui dans le ciel, si nous sommes fidèles à son service. "Qu'on tâche d’être attentives : car je m’en vais faire la troisième demande".
U,0T60,3,3
"Où est Dieu ?" Il faudra répondre : "Il est partout, dans le ciel, sur la terre et même dans les enfers". Avez-vous bien, mon enfant, retenu ? "Où est Dieu ?" - "Ma Sœur, il est partout, dans le ciel, sur la terre et même dans les enfers". Ayant fait faire cette réponse plusieurs fois, comme les précédentes, il en faut tirer le fruit et faire comprendre aux enfants que ce n’est pas assez d’avoir appris que Dieu est partout et même dans les lieux les plus secrets pour remarquer tout ce que nous faisons ; mais que nous devons nous comporter sagement en tous les lieux, ne (p. 137) rien faire de mal à propos ou de déshonnête, ni dire aucune parole mauvaise, éviter le mensonge et la médisance, les paroles de vengeance envers ses frères, sœurs et compagnes, et nous défaire des pensées qui pourraient venir de ces sortes de choses, d’autant que Dieu ne sait pas seulement ce que nous faisons, mais encore tout ce que nous pensons. Ensuite choisir trois ou quatre enfants des plus sages et mieux instruites pour les interroger de toutes les questions de suite et s’arrêter sur la principale et la plus fructueuse et celle qui fournira plus, comme cette dernière.
"Mes enfants, nous allons finir ; mais auparavant concevez bien que, dans tous les lieux où vous vous rencontrerez, vous devez avoir un grand respect pour la présence de Dieu, et lorsque vous vous trouverez dans quelques occasions de pécher, ou que le démon vous tentera de faire quelques mauvaises actions, ou de consentir à quelques mauvaises pensées, ressouvenez-vous que le bon Dieu vous regarde pour vous punir si vous commettez ce péché, ou pour vous récompenser si vous êtes fidèles à résister à la suggestion ; que c’est une grande consolation à une âme chrétienne de savoir que Dieu la regarde quand elle fait une bonne action, qu’il l’encourage et qu’il la fortifie pour la bien faire".
U,oT6o,J,4
Il faut leur apprendre ensuite à former un acte de foi sur la présence de Dieu en cette sorte : "Mon Dieu je crois fermement que vous êtes ici présent, me voyant, m’écoutant et pénétrant toutes mes pensées, et dans cette croyance je vous adore et vous aime de tout mon cœur". On finira par une histoire qui conviendra au sujet dont on a parlé, en disant : "Mes enfants, je suis assez contente de plusieurs de vous qui ont été fort attentives dans le temps du catéchisme ; vous savez que j’ai coutume, lorsque je remarque que les petites filles sont sages et qu’elles écoutent bien le catéchisme, de leur apprendre une histoire ; et afin que vous soyez encore sages une autre fois, je vais vous en apprendre une belle (p. 138) aujourd’hui sur la présence de Dieu ; mais pour ne la pas oublier, il faudra que vous la rapportiez à vos parents lorsque vous serez retournées chez vous, et peut-être que demain, je demanderai à quelques unes si elles l’ont bien retenue. Écoutez donc bien".
"Dans l’ancienne Loi, il y avait une dame qui s’ appelait Susanne, laquelle était très honnête et très chaste. Un jour, entrant seule dans un jardin, elle fut sollicitée par deux méchants vieillards de commettre un péché ; mais comme elle était sage, elle n’en voulut rien faire ; elle leur dit qu’elle aimait mieux perdre la vie que de pécher en la présence de Dieu, et aussitôt elle fut conduite au supplice pour être lapidée comme si elle avait commis le péché : mais Dieu, pour qui elle avait eu tant de respect, fit prophétiser à Daniel qu’elle était innocente du crime dont les vieillards l’avaient faussement accusée.
U,0T60,3s
Pour profiter de cet exemple, il faut dire avec la même sainte : j’aime mieux perdre la vie que de pécher en la présence de Dieu". Cette manière est nécessaire principalement le premier jour qu’on entre en une nouvelle matière ; pour les autres jours, on commencera le catéchisme par la répétition de ce qui a été dit le jour précédent ; il suffira pour cette répétition de faire les demandes, si on sait que quelques unes les ont bien retenues ; sinon on sera obligé de les remettre en mémoire en les proposant une fois de nouveau pour ensuite les faire répéter une ou deux fois, et par après exposer ses nouvelles demandes, et faire de même les autres jours.
Pour les dimanches et les fêtes et les vendredis où les catéchismes doivent durer une heure, on ne doit point avancer de nouvelles matières, mais se servir de toutes les demandes et réponses qu’on aura faites pendant la semaine, lesquelles doivent se réduire environ à neuf questions et autant de réponses, avec les sous-questions qui sont nécessaires pour l’éclaircissement des demandes et réponses qui auront été exposées ; le tout selon le besoin et la capacité de celles que l’ on instruit.
U,oT6o,4
(p. 139)
4. Manière de faire les sous-questions avec utilité dans les catéchismes.
U,oî6o,4,l
La manière de tous les catéchistes bien expérimentés est de ne guère parler et de faire beaucoup d’interrogations ; afin de se rendre utiles et profitables au simple peuple, on doit taire des sous-questions sur les matières lesquelles d’elles-mêmes sont difficiles à en comprendre le sens ; c’est ce qu’on appelle rompre le pain de la parole de Dieu aux petits, c’est-à-dire aux personnes qui sont dans l’ignorance des mystères, et pour cela, il faut prendre la demande et la réponse qui mérite explication ; par exemple, ayant demandé : "Pourquoi Dieu a-t-il créé l’homme ?" - "Pour le connaître, l’aimer et le servir et par ce moyen obtenir la vie éternelle". On peut ensuite demander par sous-questions : "Q !I’ est-ce qu’il faut entendre par les hommes ?" - "Ce sont toutes les créatures raisonnables, lesquelles ont reçu de Dieu une mémoire, un entendement et une volonté, capables de connaissance". Demander ensuite : "Toutes les créatures qu’on appelle raisonnables seront-elles toujours en ce monde ?" -"Non, parce que le temps de la vie présente ne nous est donné que pour travailler à nous sauver et être récompensés dans le ciel". Après il il faut demander : "comment peut-on connaitre Dieu? - C'est par la foi et les instructions." - "Qu'est-ce que connaître Dieu ?" - "C’est de savoir ce qu’il est, et les perfections qui sont en lui". - "Quelles sont les perfections qui sont en Dieu ?" -"Dieu est éternel, bon, juste, saint, miséricordieux, sage, immense et infini dans toutes ses perfections". - "Pourquoi disons-nous que Dieu est éternel ?" - "C’est parce qu’il n’a pas eu de commencement et qu’il n’aura jamais de fin".
(p. 140) - "Pourquoi disons-nous que Dieu est bon ?" - "C’est qu’il est la bonté même, et qu’il fait du bien à toutes les créatures, sans qu’il y soit obligé". - "Pourquoi disons-nous que Dieu est juste ?" - "Parce qu’il punit le mal et récompense la vertu." - "Pourquoi disons-nous que Dieu est saint ?" - "Parce qu’il ne peut aimer ni vouloir le péché, et qu’il est l’auteur de toutes les vertus". - "Pourquoi disons-nous qu’il est miséricordieux ?" - "Parce qu’il attend les pécheurs à pénitence et qu’il ne les punit qu’à regret". - "Pourquoi disons-nous que Dieu est sage ?" - "C’est parce qu’il sait tout, gouverne et faire toutes choses avec sagesse." - "Pourquoi disons-nous que Dieu est immense ?" - "Parce que Dieu remplit le ciel et la terre, et qu’il est partout sans être borné par aucun lieu . - "Pourquoi disons-nous que Dieu est infini en toutes ses perfections ?" - "C’est parce qu’il les possède toutes d’une manière que nous ne pouvons comprendre". - "Qu'est-ce qu aimer Dieu? - "C’ est le préférer a toute autre chose, et aimer mieux mourir que de lui déplaire, ni de contrevenir à aucun de ses commandements". - "Pourquoi faut-il aimer Dieu ?" - "C’est parce qu’il est infiniment bon, qu’il nous aime et qu’il nous ordonne de l’ aimer." - "Comment faut-il aimer Dieu ?" - "Il le faut aimer de tout son cœur et par dessus toutes choses." - Qu'est-ce qu'aimer Dieu par dessus toutes choses?» - "C’est l’aimer plus que nos parents, que tous les biens de la terre et même plus que notre vie".
U,0T60,4,2
U,01’60,413
- "Comment peut-on connaître que nous aimons Dieu sur toutes choses, plus que nos parents et notre vie même ?" - "C’est lorsque nous préférons le service de Dieu à toute autre chose, que nous ne consentons à aucun péché pour complaire à nos parents, ni pour aucun plaisir de la vie." (p. 141)- "Quand faut-il aimer Dieu ?" - "Tous les jours et tous les moments de notre vie". - "Qu’est-ce que Dieu donne à ceux qui l’aiment ?" - "Sa grâce en ce monde et le paradis en l’autre vie. " . - "Quels châtiments sont donnés à ceux qui n’aiment pas Dieu ?" - "Toutes sortes de malheurs en ce monde et les peines de l’ enfer pour toute l’éternité". - "Qu’est-ce que servir Dieu ?" - "C’est lui rendre nos devoirs, en l’ adorant et le priant matin et soir". - "Qu’est-ce encore que servir Dieu ?" - "C’est d’assister à la Sainte Messe dévotement et de bien obéir à ses parents". - "Comment peut-on encore servir Dieu?" - "C’est en fuyant le péché, pratiquant la vertu et souffrant quelque chose pour son amour". - "Est-ce servir Dieu que de se venger contre ses compagnes ?" - "Non, mais en supportant leurs défauts et leur pardonnant volontiers le tort qu’elles nous auront fait". - "Une petite fille qui est menteuse, gourmande, paresseuse et désobéissante, est-elle servante de Dieu ?" - "Non, mais elle appartient au démon qui est le père des menteuses et de ceux qui veulent vivre dans le péché". - "Quelle récompense Dieu donne-t-il à celles qui le servent bien ?" - "Il les aime et les regarde comme ses enfants, les assiste de ses grâces pour faire leur salut et leur donnera le ciel pour héritage". - "Quelle punition Dieu fait-il sentir à ceux qui ne s’attachent point à son service et qui mènent une vie libertine ?" - "Il les regarde comme les objets de sa colère, les abandonne à leurs passions et péchés, et les destine aux flammes éternelles, s’ils ne se convertissent".
(p. 142) Voilà ce que l’on appelle sous-questions et comme on doit s’étendre sur les demandes et réponses, lorsqu’elles sont un peu trop amples et dans des termes obscurs, que les enfants et les personnes non instruites ne peuvent retenir ni entendre le sens, et elles ne se doivent faire qu’après avoir fait sa principale demande plusieurs fois.
U,oT6o,4,4
Pour mieux faire comprendre les sous-questions et rendre les instructions plus utiles, il est bon de prévenir les personnes que l’on instruit, en leur disant : "Rendez-vous bien attentives à l’explication que je vais vous faire sur la demande et réponse quel’ on vient de faire, je vais vous l’expliquer par sous-questions et je m’adresserai à celles que je remarquerai être les plus sages et les plus modestes", et observer la même méthode qui est marquée ci-dessus dans l’explication du catéchisme, qui est de rebattre souvent les mêmes choses, surprendre et exhorter les enfants de se rendre attentives aussi bien qu’à la substance de l’instruction.
Il est à remarquer que les sous-questions ne doivent point être proposées comme le sujet principal ; mais on doit s’ adresser à celles des écolières quel’ on aura remarquées être les plus attentives et qui ont le plus d’intelligence pour pouvoir par après en interroger de celles qui d’abord ne pourraient pas répondre si on les interrogeait les premières et feraient perdre le temps et même donneraient de l’ ennui.C’est à quoi les personnes expérimentées dans les catéchismes s’étudient et tâchent de se rendre diligentes.
Pour les catéchismes des grandes personnes qui se font les dimanches et les fêtes, la répétition doit servir de préambule ; c’est-à-dire, que la maîtresse doit déduire d’elle même en forme d’entretien, sans faire de nouvelles questions ; ensuite elle doit instruire de l’ abrégé, immédiatement avant le sujet principal.
U,0T60,4,s
Il est nécessaire de tirer des morales sur ce qu’on aura dit, et toujours dans la plus grande simplicité qu’il sera possible et même sur l’abrégé, d’autant que les personnes sans piété (p. 143) s’inquiètent et se dégoûtent facilement de ce qui se rebat souvent, pour n’en pas savoir tirer le fruit, pour n’avoir pas assez de respect et ne faire pas assez d’estime de la parole de Dieu. C’est pourquoi celle qui est obligée d’instruire doit être très diligente et prendre toutes les précautions possibles pour gagner les esprits et toucher les cœurs.
Elle doit penser souvent combien chaque âme a coûté à Jésus-Christ, les soins, les peines et les fatigues qu’il a pris lui-même pour chercher une pauvre Samaritaine et pour l’instruire après l’avoir trouvée ; à la vue de cet exemple, on ne se doit pas rebuter de la grossièreté, de l’ignorance, ni même de la mauvaise volonté et inclination de celles qu’on instruit ; on ne doit pas non plus affectionner celles qui naturellement sont plus intelligentes, ni s’attacher à une plus grande assemblée : ce serait un piège qui ferait négliger celles qui sont dans un plus grand besoin ; et pour cela, on doit considérer que toutes les âmes ont autant coûté à Jésus-Christ les unes que les autres.
U,oT6o,4,6
Pour se conformer à toutes les choses susdites, il en faut avoir l’habitude, et pour ce sujet, on aura soin d’en faire faire l’exercice aux jeunes filles plusieurs fois auparavant que de les produire ; et surtout à celles qui sont d’un naturel timide, ou qui n’ont pas accoutumé de paraître en public : car autrement elles pourraient faire plusieurs fautes, lesquelles étant aperçues des personnes, leur feraient perdre le respect et l’estime qu’elles doivent avoir pour les instructions, et par après, elles en seraient dégoûtées.
Celles qui auront enseigné à plusieurs les voies de la justice, brilleront comme autant d’étoiles dans toute l’étendue de la bienheureuses éternité.
U,0T61
(p. 144)
chapitre 61ème. La dévotion envers le Saint Enfant Jésus.
U,0T61,1
Afin d’élever les écolières dans la dévotion qu’elles doivent avoir au mystère de l’Incarnation et à l’Enfance de Notre-Seigneur, les maîtresses feront leur possible pour l’insinuer dans ces petits esprits, se ressouvenant que c ’est une semence qui germera en son temps.
Tous les 24èmes de chaque mois, elles exposeront à la fin de l’école une image de Jésus Enfant, de cire ou de plâtre, et feront aux écolières un petit discours d’un quart d’heure sur le mystère, qui leur servira de catéchisme pour les disposer à faire l’action suivante avec piété, modestie et dévotion, à la fin duquel, elles les feront mettre à genoux et chanter trois fois, Verbum caro factum est et habitavit in nobis, et une fois, Jesus, Maria, Joseph, succunte nobis. Omnes Sancti Anseli et Archangeli, intercedite pro nobis.
Ensuite elles leur feront réciter les litanies en l’honneur de l’enfance de Notre-Seigneur, ce qui tiendra lieu de la prière, et chanter un cantique en l’honneur de sa naissance ; puis on demandera la bénédiction : en suite de quoi, on les fera venir deux à deux faire la révérence devant l’autel, et sortir en silence pour s’en retourner.
Pour les filles de midi, on fera tout ce qui est marqué ci-dessus, sinon qu’avant le catéchisme, on les fera mettre à genoux, et on dira le Veni Sancte etc., l’acte de foi en général et l’acte du jour, comme on fait les vendredis.
U,oT62
(p. 145) Le chapitre 62èrne n’est pas écrit dans ce manuscrit parce que la méthode pour les conférences qui y est marquée ne se pratique plus. Voyez la page 143.
U,oT63,2
Article 2ème [(sic : pas de titre ni d’article 1 pour le chapitre 63)}
Les qualités que doivent avoir celles qui sont obligées de communiquer avec le prochain dans les écoles.
U,oT63,2,1
Premièrement, elles doivent avoir une foi vive et ardente, non seulement pour tous les mystères et les vérités chrétiennes qu’elles doivent enseigner aux personnes qu’elles sont obligées d’instruire, tant en public qu’en particulier, mais elles doivent encore être vides de l’ esprit du monde pour ne voir que Dieu et ses divines volontés dans les créatures, n’ayant de préférence nid’ égard pour les conditions et qualités de qui que ce soit ; et si elles sont obligées de considérer l’une plus quel’ autre, il faudrait que ce fût les plus pauvres, d’autant qu’elles représentent mieux la personne de Jésus-Christ.
Leur humilité doit être profonde, se considérant comme de vils instruments desquels la bonté de Dieu veut bien se servir pour un si saint emploi. Elles doivent beaucoup travailler à renoncer aux inclinations que la nature corrompue a de paraître et de se produire, se ressouvenant souvent que l’Esprit de Dieu ne peut reposer que sur les humbles et qu’il ne communique ses grâces et ses lumières, (desquelles nous avons un continuel besoin) qu’aux âmes bien anéanties, et de plus qu’il résiste aux superbes, ainsi qu’il le dit lui-même.
Il faut qu’elles aient une entière confiance et abandon entre (p. 146) les mains de Dieu et une entière défiance d’elles-mêmes, non seulement pour attendre et espérer tout du secours de sa divine bonté, mais encore pour lui abandonner le succès de tour, se dessaisissant de tout intérêt et désir de bien réussir ; ne recherchant que sa pure gloire et néanmoins travailler avec générosité. Cette dépendance lui est plus agréable que tout ce que des grands esprits peuvent entreprendre lorsqu’ils s’en font accroire et qu’ils s’imaginent que leur industrie fait bien réussir les choses.
U,0T63,2,2
Les différentes fois que le Fils de Dieu a demandé à Saint Pierre s’il l’aimait pour lui donner le gouvernement de l’Église, doivent incessamment convaincre les personnes qui sont appelées à travailler au salut des âmes, du besoin qu’elles ont de cet amour de Dieu. Ainsi les Sœurs qui, par l’ordre de la divine Providence, sont chargées de cet emploi, doivent être animées de ce même amour qui leur fasse considérer Dieu comme leur fin dernière. Il faut pour cela qu’elles se retirent de l'amour de toutes les choses créées, pour n aimer que Dieu seul; c est aussi ce qui les doit continuellement animer à la charité envers le prochain, ne désirant que le salut des âmes ; ainsi que Jésus-Christ a fait dans tout les états de sa vie et les mystères qu’il a opérés.
Le zèle doit toujours animer leur courage dans la vue de celui de Jésus-Christ et des saint Apôtres ; ne se rebutant point pour le peu de profit qu’elles remarqueront de leur travail. Ce zèle doit être doux et paisible, se ressouvenant de la longanimité et infinie patience de Dieu à attendre les pécheurs les plus endurcis, les plus ingrats et les plus aveugles ; considérant que l’ ouvrage du salut n’est pas l’ œuvre d’un jour, ni de la créature, mais de Dieu et de toute la vie ; et pour cela elles doivent plus prier et gémir que parler.
La discrétion est nécessaire dans la communication spirituelle avec le prochain, non seulement pour ne pas blesser la prudence, mais encore pour découvrir les besoins (p. 147) d’un chacun et donner les avis conformes à leur vertu et capacité ; autrement, on fait un grand tort aux âmes qui, pour se fier aux connaissances que Dieu nous donne, se peuvent égarer ou retarder dans les voies de leur salut.
U,0T6p,3
Mais si ce discernement est nécessaire, la franchise ne l’est pas moins ; c’est pourquoi elles tâcheront de faire paraître dans leurs paroles une grande simplicité qui fasse connaître quel’ esprit de Dieu règne en elles, s’éloignant de tout déguisement et artifice, et par ce moyen, elles gagneront plus d’âmes à Dieu, qu’elles ne feraient par de beaux discours et des paroles étudiées, et de plus elles attireront les bénédictions du ciel sur ce qu’elles entreprendront.
Elles s’appliqueront beaucoup à ne jamais parler dans des termes qui donnent tant soit peu de mépris de la conduite des hommes d’Église, quand même on les trouverait en faute, mais amoindrissant toujours ce qu’ils auraient dit ou fait mal à propos. Elles prendront garde aussi de ne jamais dire ce qu’elles auront appris, sinon aux personnes qui sont obligées d’y apporter le remède ; c’est là un point de très grande conséquence, où la prudence et la discrétion doivent paraître.
Elles supporteront avec patience les défauts du prochain, leur grossièreté et leur peu d’éducation dans les instructions ; cela n’empêchera pas qu’elles ne soient fermes à reprendre le vice et ne souffrir aucun péché, ni ce qui en pourrait donner la moindre occasion.
Elles garderont un secret inviolable pour tout ce qui leur aura été dit en particulier ; ne faisant connaître en aucune manière qu’elles sont averries ou prévenues par quelque compagne, voisine, ou autres ; prenant garde dans les (p. 148) avertissements qu’elles donneront, qu’on ne s’aperçoive pas qu’elles savent quelque chose d’ailleurs : car cela pourrait empêcher le fruit que les personnes doivent tirer de leurs avis et remontrances.
U,0T63,2A
Elles prendront garde aussi de ne jamais s’entretenir, dans la Communauté ni ailleurs, d’aucune personne particulière avec laquelle elles auraient eu quelque communication ; le tout doit être secret, afin de donner une entière liberté de parler à cœur ouvert et par ce moyen les aider dans leurs besoins.
Elles doivent être affables et gagnantes dans leurs paroles, maintien et démonstrations, pour ne donner contre elles aucun rebut, mais plutôt une facilité à avoir recours à elles, sans pourtant montrer un esprit efféminé, ni aucune familiarité ou attache, telle venu qu’elles puissent remarquer en celles avec qui elles sont obligées de converser. Elles doivent être retenues et circonspectes dans tous leurs déportements, niais principalement avec celles qu’elles remarqueront avoir quelque spiritualité : car c’est avec celles là qu’on se lie ordinairement, si l’ on n’est sur ses gardes.
Leur piété et leur modestie doivent paraître en toutes leurs actions, mais principalement dans leurs paroles, ne parlant jamais que de ce qui regarde le bien des âmes, ne souffrant jamais qu’on leur rapporte aucune nouvelle de ville, ni de famille ; elles doivent montrer ouvertement qu’elles ne prétendent pas qu’on leur parle d’autre chose que du nécessaire, donnant des réponses succinctes et pleines de piété, congédiant toujours avec édification et le plus promptement qu’il leur sera possible.
U,0T63,2,5
Elles doivent avoir de la science et de la connaissance de tous les mystères et des vérités qu’elles doivent enseigner aux autres, (p. 149) de l’ouverture et aptitude d’esprit pour s’énoncer avec fruit et édification, possédant ces matières avec liberté d’esprit ; cependant sans s’étudier à bien dire et bien réussir, leur plus grande étude doit être au pied de la crèche et de la croix. Elles éviteront dans ces entretiens, toutes paroles étudiées et choisies ; mais elles se serviront des termes les plus simples qu’elles pourront, cependant avec prudence.
Leur vigilance les rendra ponctuelles à tout ce qu’elles trouveront de bien à faire pour le salut des âmes, toujours avec subordination à la Supérieure. Elles ne négligeront rien de tout ce qui pourra y contribuer, tant par leurs paroles et bons exemples que par leurs prières, gémissant et s’offrant souvent à Dieu comme des victimes prêtes à être immolées à sa majesté pour sauver les âmes qui lui ont coûté si cher. Cette même vigilance les rendra aussi attentives sur elles-mêmes, et leur fera purifier leurs intentions et les borner au seul désir de plaire à Dieu et de sauver les âmes, si elles pouvaient, aux dépens de leur vie ; et pour cela elles se rendront très fidèles à communiquer avec Dieu par le moyen de l’ oraison, sans laquelle elles ne peuvent rien faire ni pour elles, ni pour les autres ; et les instructions qu’elles feront ne leur pourraient être qu’un sujet de dissipation, épanchement et estime d’elles mêmes, et tout au plus elles toucheront les esprits par leurs discours, sans gagner les âmes, ni les engager au service de Dieu, qui doit être leur unique intention.
Elles tâcheront, autant qu’elles pourront, de se conserver en la présence de Dieu, et par ce moyen n’agir que par principe intérieur ; elles se doivent renoncer continuellement avec tous leurs intérêts, pour ne pas suivre les inclinations naturelles qui (p. 150) portent ordinairement à entreprendre les choses relevées et pour surmonter la timidité qui est assez souvent secondée par un certain orgueil qui empêche de s’ énoncer, de la crainte qu’on a de ne pas bien réussir.
U,0T63a
Artide 3ème.
La dévotion envers le Saint Enfant Jésus.
U,0T63,3,1
Les Sœurs feront leur possible pour insinuer la dévotion du Saint Enfant Jésus aux personnes qui viennent à leurs instructions. Si les Supérieurs le jugent à propos, elles prendront le dimanche ou la fête qui précède le 25ème de chaque mois, ou le dimanche qui suit, pour exposer dans leur classe l’image du Saint Enfant Jésus, sur un petit autel qui sera accommodé proprement, et néanmoins avec simplicité.
Et pour donner de l’ émulation, elles apprendront à leurs écolières quelques vers en l’honneur de l’Enfant Jésus et les leur feront réciter ce jour-là, si la Supérieure le juge à propos.
Afin qu’il n’y ait point de confusion, elles observeront l’ordre qui suit. Les personnes qui viennent aux instructions commenceront à s’ assembler à l’heure ordinaire du catéchisme des dimanches : à midi et demi, on fait une lecture spirituelle d’environ un quart d’heure ; ensuite celle qui doit présider les fait mettre à genoux, dit le Veni Sancte, le verset et l’oraison, en suite de quoi, elle les fait asseoir à leurs places et leur fait une petite exhortation sur la cérémonie que l’ on va faire. L’exhortation finie, elle fait réciter les vers à ses enfants ; au (p. 151) milieu desquels on chante un cantique en l’honneur du Saint Enfant Jésus, puis on continue le reste des vers.
U,0T63,3,2
Après que les vers sont finis, la Sœur chante ou fait chanter trois fois Verbum caro etc., Jesus, Maria,Joseph etc. Omnes Sancti etc. Ensuite on chante les litanies en l’honneur de l’ enfance de Notre-Seigneur, ou bien le psaume Cantate Domino ranticumnovum, quia etc.
Ensuite on les fait mettre à genoux pour réciter la couronne du Saint Enfant ; lorsqu’elle est achevée s’il reste encore du temps, on peut leur faire chanter quelques cantiques, puis les congédier.
Dans le temps de cette cérémonie, les enfants sont dans une autre classe, où on leur fait le catéchisme, ensuite on les fait venir en la classe où l’image du Saint Enfant est exposée, et on leur fait chanter le Verbum caro, comme il est marqué ci-dessus, et dire quelques petites prières ; puis on les renvoie deux à deux.
On exposera dans les campagnes l’image du Saint Enfant le 25ème lorsqu’il tombe le dimanche et on fait le catéchisme.
U,0T64
(p. 152)
Chapitre 64ème.
Ce que les Sœurs doivent observer pour profiter de la visite du Supérieur.
Lorsque le Supérieur aura indiqué le jour de la visite, les Sœurs se disposeront pour profiter et tirer avantage des grâces que Dieu a coutume de communiquer dans de semblables occasions.
Elles feront pour cela quelques prières extraordinaires que la Supérieure déterminera pour demander à Dieu les lumières nécessaires au Supérieur pour connaître les relâchements qui se seraient glissés dans la maison, et les remèdes pour les faire cesser ; et pour elles, la docilité et la soumission nécessaires pour profiter des avis du Supérieur.
Chaque Sœur en particulier examinera en soi-même, les point principaux des Constitutions et des usages, pour remarquer s’ils sont observés avec exactitude, et avertir le Supérieur s’il y en a quelques uns qui soient négligés, ou qui ne s’observent plus.
Dans cet examen, il faut éviter plusieurs choses. 1. La prévention contre quelques particulières, et on doit se défier si on avait eu quelque antipathie ou aversion contre quelqu’une de ses Sœurs ; que cette aversion ne nous y fasse remarquer des défauts qui n’y sont point ; c’est pourquoi il faut apporter plus de précaution pour examiner celle contre qui on aurait eu quelques petits sentiments d’aversion. 2. Il faut éviter de dire ses sentiments à ses Sœurs sur les relâchements qu’on aurait remarqués s’être glissés dans la Communauté, et ne se communiquer là-dessus qu’au Supérieur quand il fera sa visite. (p. 153) 3- Il faut encore se donner de garde d’un esprit de timidité et de fausse charité qui fermerait les yeux sur les défauts des autres Sœurs et empêcherait de les envisager ; il faut bien se persuader que ce n’est point par un esprit de censure et de critique qu’on les examine, c’est pour le bien de la maison et y rétablir le bon ordre, s’il y était déchu.
U,0T64,2
Avant cet examen, chaque Sœur doit prier Dieu qu’il l’éclaire pour ne pas se tromper et prendre le change. En le faisant, il ne faut que se proposer la gloire de Dieu et le bien de la Communauté.
Quand le Supérieur sera arrivé pour faire la visite, toutes les Sœur s’ assembleront dans la chapelle au son de la cloche, pour recevoir la bénédiction du très Saint Sacrement ; après qu’elles l’auront reçue, la Supérieure, l’Assistante, la Maîtresse de probation et les deux Conseillères suivront le Supérieure et les ecclésiastiques. Dans la sacristie, la Secrétaire y écrira ce que le Supérieur aura remarqué et ordonné touchant la propreté et la décence de l’ autel et les autres choses qui regardent les ornements de la chapelle ; ce qui se pratique dans tout le cours de la visite dans les différents endroits où le Supérieur ordonnera quelque chose.
Pendant que la visite se fera, les Sœurs seront en silence dans leurs chambres, s’il se peut, excepté celles qui seront nécessaires à la visite. Celles qui n’y auront point affaire, iront tour à tour à chaque demi-heure deux à deux devant le Saint Sacrement, pour demander à Dieu les secours nécessaires pour le Supérieur et pour les Sœurs (de façon) à ce que cette visite serve à renouveler le premier esprit et la ferveur dans la Communauté.
(p. 154) Dans tout le cours de la visite, la Supérieure, l’Assistante, la Maîtresse de probation et les deux Conseillères accompagneront le Supérieur ; mais outre cela, quand il visitera quelques endroits où une Sœur a quelque office, celle là s’y trouvera, comme l’Économe à la dépense, la Cuisinière à la cuisine, l’Infirmière à l’infirmerie, et ainsi des autres. Si elles ont quelque chose à lui représenter touchant leurs offices pour le bien de la maison, elles lui diront avec toutes sortes de liberté et recevront avec soumission les avis qu’il leur donnera.
La Supérieure et les autres Sœurs qui accompagneront le Supérieur, lui répondront avec sincérité et sans déguisement à tous les articles sur lesquels il les interrogera dans le cours de la visite ; et si elles trouvaient quelque difficulté pour exécuter ce qu’il ordonnerait, elles lui représenteraient avec liberté et soumission, pour prendre des mesures afin de faire les choses pour le bien de la maison et lever les obstacles qui pourraient en empêcher l’exécution.
Les endroits de la visite, sont l’église, les portes d’icelle, le cimetière, la chambre du prédicateur, l’oratoire, l’ouvroir, le réfectoire, le fournil, la cuisine, la dépense, l’ apothicairerie, le parloir, les portes, l’ appartement des orphelins, les classes ; puis on reviendra au noviciat, à l’infirmerie, ensuite au dortoir et à toutes les cellules ; dans tous lesquels lieux toutes les Sceurs qui accompagneront le Supérieur et son Assistant, garderont une grande modestie et retenue, évitant toutes sortes d’ épanchement, de paroles et vaine joie.
Après que le Supérieur aura fait la visite de la maison, le jour même si le temps le permet, ou à sa commodité, les Sœurs lui rendront compte de l’état où se trouve la maison et si elles ont remarqué qu’il se soit glissé quelque relâchement.
(p. 155) Les Officières iront les premières, comme les Conseillères et l’Économe et ensuite chacune des Sœurs à son rang de réception.
Les Sœurs doivent agir avec toute sorte de liberté et déclarer librement au Supérieur les fautes qui se seraient glissées ; n’ayant égard ni à l’ amitié, ni à la qualité des personnes, disant aussi bien les fautes dont celles pour qui elles auraient plus d’amitié seraient coupables, que celles des autres, déclarant aussi les changements qui seraient arrivés dans les gouvernements, la manière dont se conduit la Supérieure et les autres Officières dans leur charge.
U,oî64,4
Les Sœurs doivent prendre garde dans cette déclaration que, comme elles ne doivent être retenues par aucun respect humain, elles ne doivent non plus se laisser conduire par l’envie, la prévention, ou quelque autre méchant motif elles doivent aussi faire cette déclaration avec jugement, sans détour et sans équivoque, avec prudence et discrétion, ne s’arrêtant point à des bagatelles mais à des choses qui le méritent et dont les suites seraient à craindre : comme si on faisait quelque chose contre les Constitutions, qu’on néglige quelque règlement ou quelque point de la Règle etc.
Les Sœurs auront soin d’écouter avec docilité les avis qu’on leur donnera et de les pratiquer avec exactitude : et si après la visite, le Supérieur avertissait quelque particulière, elle se gardera bien de soupçonner aucune de ses Sœurs d’avoir fait des rapports ; elle bénira Dieu au contraire de ce que ses fautes sont connues, et tâchera de profiter des avis qu’on lui donnera ; pour cela, après les avoir reçus, elle ira dans l’ oratoire un peu de temps pour y réfléchir.
Quand après la visite, le Supérieur aura assemblé la Communauté pour avertir les Sœurs des principaux relâchements qu’il aurait trouvé s’être glissés dans la Communauté, elles écouteront avec beaucoup de docilité tout ce qu’il dira, et elles (p. 156) auront un soin particulier de l’ exécuter ; la Supérieure y tiendra la main, et veillera à ce que cela s’ exécute.
Ce que la Secrétaire aura écrit de ce que le Supérieur aura ordonné sera exécuté fidèlement, et on représentera tous les ans les remarques de l'année précédente, pour voir si cela s'est exécuté.
U,01’65
Chapitre 65ème
La manière de faire la visite des écoles, tant de la ville que de la campagne.
U,01’65,1
Les visites des écoles sont très nécessaires et d’une grande importance, tant pour le bien des écoles que pour le bien des Sœurs qui y sont employées.
La Supérieure, ou celle qui sera préposée par elle pour les faire en sa place, doit s’y rendre ponctuelle tous les mois. Il ne doit point y avoir de jour assigné pour faire ces visites.
Elle commencera par visiter chaque classe et voir comme les Sœurs s’y comportent, si chacune fait valoir le talent que Dieu lui a donné : quelles fautes elles commettent, si elles n’ont rien de trop précipité ou de trop lent, rien de trop affecté ou de trop humain et de trop rebutant ; si dans leurs manières d’agir, il n’y a pas trop de rigueur ou trop de lâcheté et de condescendance. Si les premières maîtresses ont de la prudence, si elles ne chargent pas une classe plus que l’ autre, si elles s’appliquent à leur devoir et visitent souvent (p. 157) les classes, si elles soulagent les Sœurs dans leur travail, et surtout celles qui sont nouvelles dans l’exercice des écoles ; si elles n’agissent pas avec trop d’empire, et si elles n’entreprennent rien qui soit contraire aux Règles et à l’esprit de la maison et si le tour se fait avec bonne intelligence. Si les Sœurs des basses classes s’acquittent de leur devoir avec courage et générosité dans la fatigue des écoles ; si elles ont du respect pour les avis de leurs anciennes, si elles ne font point de liaison entre elles ou avec les externes, si elles ne se produisent pas trop au dehors, si elles ne prennent pas trop de fatigues tant du corps que de l’esprit.
Voir si les Sœurs s’acquittent des instructions dans les mesures et avec les précautions nécessaires envers les personnes en particulier ; si ces entretiens se terminent à la pure charité et nécessité et pour le bien des âmes. Si on ne se familiarise pas trop, si les Sœurs n’affectent point de recevoir des visites, soit de leurs parents ou amis, des ecclésiastiques ou autres, au préjudice de l’école et de l’ esprit de leur Institut.
Il faut voir si les classes commencent et finissent aux heures marquées par les Règles, si on a soin de faire avancer les enfants dans la lecture et l’écriture.
Elle prendra garde qu’on ne reçoive les enfants trop jeunes, si les maîtresses ont soin de régler les mœurs des écolières, si les catéchismes se font aux heures marquées par les Règles, si on y garde les méthodes profitables aux enfants, et si on instruit un chacun selon l’âge et la capacité ; si on a soin que les prières soient dites avec respect et attention.
Régler les plaintes fausses ou justes que les écolières auraient faites contre l école depuis la dernière visite, remarquer si chacun se tient clans les bornes de son devoir. Pourvoir aux besoins de l’ école, tant spirituels que temporels ; faire les (p. 158) réprimandes et corrections à celles qui auront failli, congédier les incorrigibles, principalement si elles sont scandaleuses. Visiter les livres qui sont à l’usage des pauvres, pour voir s’ils sont en bon ordre, si le nombre y est, et de même ceux qui sont à l’usage de l’école.
Il faut s’appliquer surtout à voir si toutes les écoles sont uniformes, si on ne change rien à la méthode des leçons, si on n’augmente ou ne diminue rien, tant aux prières qu’à la lecture ou l’écriture. Celle qui sera chargée de faire ces visites en rendra un compte exact à la Supérieure
U,0T65.J
Pour les écoles de la campagne, il faut ajouter 1. ce qui regarde l’ économie, régler la dépense et la recette, voir s’il n’y a point trop d’épargne, s’il ne s’y fait point de dépense superflue ; si la nourriture se rapporte suivant les lieux à celle de la Communauté. 2. Leur déportement avec Messieurs les curés, les bourgeois du lieu ; s’il n’y a point trop de familiarité avec les uns et les autres, ou trop de réserve ; si elles donnent de l’édification au prochain, quelle estime ou quel mépris on a pour elles ; s’informer si chacun est satisfait, quelles plaintes on fait contre elles et s’il y a quelques remèdes à y apporter. 3. Voir si les Sœurs vivent en bonne intelligence entre elles, si elles se supportent mutuellement, s’il n’y a point de cabale ou d’amitié particulière préjudiciable à la Communauté. 4. Enfin voir comment va leur santé, si elles n’ont point trop d’emplois, si elles ne sont point épuisées, si elles n’ont point d’inquiétude, et apporter tous les remèdes possibles à leurs besoins tant spirituels que corporels.
Ce découvrement de toutes choses servira beaucoup pour renvoyer ou changer les Sœurs, selon le besoin de chacune. Toutes ces visites se doivent faire suavement et respectueusement (p. 159) de part et d’autre, prendre garde de ne pas trop contrister les esprits, tant des Sœurs que des écolières, mais les encourager et leur donner de l’ émulation, et pour cela on y doit procéder en esprit intérieur, d’humilité et de charité ; donnant des récompenses aux écolières qui ont profité dans le catéchisme, dans la lecture et l’écriture, et principalement aux officières qui s’ acquittent bien de leur devoir.
U,oT66
Le chapitre 66ème, qui parle de l’éducation que l’on doit donner aux maîtresses d’école de campagne qui ne sont pas du corps de la Communauté, n’est pas écrit ici parce que cela ne se pratique plus. Voyez l’Usage, page 171.
U,0T67
chapitre 67ème
Règlement pour les enfants orphelins.
U,0T67,i
Comme le soin des pauvres orphelins est un des principaux objets des filles de l’Enfant Jésus, elles doivent aussi en faire leur obligation en ce qui regarde le service du prochain ; et elle est d’autant plus grande que, les prenant dans un âge où ils ont le plus de nécessités et de besoins du secours d’ autrui, tant pour leur âme que pour leur corps, elles ne peuvent le leur refuser sans commettre une grande injustice dont elles rendront compte au tribunal de Dieu.
Elles doivent pour s’acquitter de cet emploi, ne jamais regarder (p. 160) leur pauvreté et bassesse, mais bien considérer Jésus-Christ caché sous ces petits qui sont ses membres et ses bien-aimés, qu’il prie qu’on les lui laisse venir, et en animant ainsi leurs actions de cet esprit de foi, elles se porteront avec bien plus d’amour et de joie à les instruire et à les servir, et s’y rendront bien plus soigneuses que si c’ étaient des fils de princes, et de cette sorte leur récompense en sera plus grande dans le ciel.
Mais parce qu’elles doivent bien plus considérer dans cet emploi les biens de l’âme de ces petits enfants, que ceux du corps, elles s’étudieront toutes à leur donner bon exemple, particulièrement de la dévotion, modestie, patience etc., ne tombant jamais, si cela se peut, dans les fautes contraires à ces vertus en leur présence.
La Supérieure commettra le soin des enfants orphelins à deux des Sœurs qu’elle jugera les plus capables de ce soin ; elle nommera tous les jours le matin des Sœurs anciennes pour habiller les enfants orphelins, à la réserve des dimanches et des fêtes, et des jours de congés, où la Maîtresse de probation y enverra des prétendantes autant qu’il en sera besoin, afin de les former dans l’hospitalité et les autres jours de la semaine, elles iront aussi selon le besoin.
U,0T67,2
La maîtresse recevra par compte tout ce qui sera à l’usage desdits enfants : comme linge, habits, chaussures, vaisselle, lits, etc. Elle en aura un inventaire et en mettra un double entre les mains de la Supérieure pour en rendre compte en sortant de charge. Elle aura grand soin d’entretenir les linges et habits, et lorsqu’ils seront trop usés, elle les apportera à la Supérieure, qui lui fera donner les choses nécessaires.
Elle donnera du linge blanc aux enfants autant qu’ils en auront besoin, elle les tiendra dans la plus grande propreté et netteté qu’il lui sera possible.
(p. 161) Elle aura soin que leurs dortoirs soient balayés et les lits proprement faits, et en changer la paille autant qu’il en sera besoin.
Elle sera vigilante pour prévoir à tout ce qui sera nécessaire pour les enfants ; elle aura soin qu’il ne manque rien, pour la nourriture et pour l’habit ; et particulièrement lorsqu’ils seront malades, elle fera son possible pour les accommoder elle-même ; surtout elle doit veiller à ce que la vermine ne leur vienne ni à la tête ni au corps.
Elle visitera une fois la semaine la tête de tous, et elle rendra souvent compte à la Supérieure de sa conduite et conférera avec elle de tous leurs besoins et suivra ses ordres pour toutes choses.
Lorsque les enfants seront demandés par quelques parents ou autres personnes, elle les conduira au lieu destiné pour les faire voir ; elle sera accompagnée d’une Sœur, et ne les quittera point que lesdites personnes ne soient sorties.
Comme les maîtresses ont affaire à des jeunes enfants, faibles et pour la plupart infirmes, elles auront égard à ne les pas ennuyer par une longue suite de prières et d’application à l’étude ; mais pour récompenser cela, elles auront soin, le long de la journée, de leur faire souvent offrir leurs actions à Dieu, et l’acte de foi comme il est marqué dans le règlement des écoles.
Elles veilleront particulièrement sur leurs mœurs pour les reprendre, tâchant de leur inculquer l’amour de la vertu et la haine du vice ; leur en parlant souvent et leur disant des petites histoires sur ce sujet.
Elles les reprendront de leurs défauts, leur en faisant concevoir une grande horreur par des comparaisons proportionnées à leur esprit, et cela avec tant de douceur et de charité qu’ils soient plutôt touchés de leurs défauts, que des peines de la correction qu’elles leur en feront, se gardant bien de la faire avec emportement et si elles sont obligées de les châtier, qu’il paraisse que c’est avec raison.
(p. 162) Elles tâcheront de se faire plus aimer que craindre ; mais que cela ne les empêche pas de reprendre leurs défauts de malice pour leur en empêcher l’habitude et leur en faite concevoir de l’horreur.
Elles ne témoigneront jamais plus d’amitié aux uns qu’aux autres, afin d’éviter la jalousie, si ce n’est quand quelques uns feront bien, afin de donner de l’émulation aux autres, et leur diront en même temps que ceux et celles qui feront de même seront aussi chéris.
Elles ne souffriront point entre eux de querelles, jalousies, mensonges, gourmandises, mépris, médisances et rapports, lesquels sont comme la racine de plusieurs autres vices.
Elles feront en sorte qu’ils ne soient jamais seuls dans leur récréation. Huit jours avant les principales fêtes de l’ année, elles leur feront des catéchismes extraordinaires pour les préparer à la confession et les instruire du mystère de la fête ; leur donnant de petites pratiques à faire, proportionnées à leur esprit, pour les préparer à la passer saintement ; elles s’informeront de la commodité de leur confesseur pour les y préparer.
U,oT67,4
Elles feront approcher du sacrement de pénitence ceux qui ont six ans accomplis et tous ceux au-dessus, ce qui tiendra lieu d’école ce jour-là. Et bien que ces premiers ne soient pas en âge de recevoir l’absolution, elles ne laisseront pas de les y disposer, afin de les accoutumer à fréquenter les sacrements ; lorsqu’ils seront en âge d’être confirmés, elles les y disposeront pareillement.
Elles leur apprendront la nécessité de prier Dieu soir et matin, les promesses du baptême, les renonciations qu’ils y ont faites par l~ bouche de leur parrain et marraine ; elles leur inspireront un profond respect pour le Saint Sacrement de l’ autel qui les fasse tenir attentifs à l’église et au service divin. Elles leur inspireront pareillement la dévotion envers la Sainte Vierge, leurs bons anges gardiens et leurs saints patrons, en leur racontant quelquefois l’abrégé de leurs vies, afin de leur en donner de l’estime.
(p. 163) Elles donneront des récompenses à ceux et celles qu’elles verront qui s’ y affectionnent davantage, leur faisant ainsi doucement pratiquer la piété et s’étudiant avec soin de leur conserver l’innocence baptismale, leur en donnant une grande estime et leur en faisant concevoir l’avantage.
Les maîtresses ne doivent pas s’appliquer de telle sorte aux besoins de l’âme de ces enfants, qu’elles négligent ceux du corps ; c’est pourquoi elles ne se rendront pas moins soigneuses que rien ne leur manque dans leurs besoins corporels, ainsi que des spirituels.
Il y aura une Sœur marquée par la Supérieure qui couchera dans les dortoirs des enfants pour veiller à leurs besoins pendant la nuit ; la Supérieure aura soin de la faire dégager de temps en temps, et celle qui couchera aux enfants, ira coucher à sept heures et demie et elle ne se lèvera qu’à six heures.
Les deux maîtresses iront, pendant l’oraison du matin, l’une après l’autre avec les enfants, pour empêcher les immodesties qui se pourraient commettre, et les mettre dans la netteté convenable pour être habillés ; elles pourvoiront aussi autant que faire se pourra aux besoins de ceux qui seront malades.
À six heures un quart, elle dira : "Béni soit le Saint Enfant Jésus", et les enfants répondront : "A jamais" ; ce sera le signal pour les faire lever. Ensuite elle leur fera faire le signe de la croix et dire : "Je vous adore, mon Jésus, et vous donne mon cœur, donnez-moi, s’il vous plaît, votre saint amour" ; puis elle commencera tout haut Asperges me Domine, et les enfants répondront : hyssopo et mundabor etc. et les aspergera tous d’eau bénite ; ensuite elle ouvrira les fenêtres des dortoirs, afin que le mauvais air se dissipe, surtout en été. Les Sœurs qui seront marquées pour habiller les enfants, se rendront aux dortoirs incontinent après l’ obéissance pour les habiller proprement, toutefois suivant la pauvreté et simplicité, les peigneront, feront leurs lits et balaieront les dortoirs, le tout en silence ; elles feront en sorte que tout soit fait à 7 heures un quart.
(p. 164) À sept heures un quart, une des maîtresses les conduira au lieu marqué pour faire la prière du matin, comme ci-après ; pour cela ils iront deux à deux, les garçons se rangeront d’un côté et les filles de l’autre ; pendant ce temps, l’autre maîtresse disposera le déjeuner.
Au retour de la prière, celui ou celle qui sera de semaine pour faire la prière, dira le bénédicité tout haut ; la maîtresse prendra garde que tous les enfants le disent à voix basse, ensuite le semainier dira cette prière : "Mon Dieu, puisque vous nous avez réduits dans la pauvreté, permettez que nous soyons de bons pauvres et que nous imitions votre Fils" ; ensuite elle les fera déjeuner.
Les deux maîtresses iront l’une après l’autre au réfectoire et feront en sorte qu’elles aient déjeuné à huit heures afin de pouvoir être libres pour pourvoir aux besoins des enfants.
U,0T67,6
À huit heures, si on dit la Sainte Messe, elle les y conduiront deux à deux, les garçons marcheront les premiers et les filles suivront après ; elles observeront de les faire entrer et sortir avec respect, saluant le Saint Sacrement. Au retour de la Sainte Messe on commencera l’école et l’on tiendra la méthode qui est marquée dans le règlement des écoles, et si on ne disait point la Messe à huit heures, on commencera immédiatement l’école ; pendant ce temps, l’autre maîtresse fera les petits ouvrages qui seront à faire et aura soin des petits qui ne sont point à l’école et disposera leur réfectoire.
Depuis l’école, on les laissera se divertir jusqu’à dix heures et demie, où on leur fera faire l’examen, ensuite duquel on les fera dîner, les garçons seront à une table et les filles à l.’ autre, en sorte qu’ils ne se voient point. On leur fera dire le Bénédicité comme il est marqué ci-dessus et les grâces comme elles sont ci-après : le semainier dira, Laus Deo pax vivis et requies defunctis, tu autem Domine miserere nostri, tous répondront : Deo gratias, le semainier continuera : Beata viscera Mariae Virginis quœ portaverunt œterni Patris Filium. Pater noster etc. tout haut, ensuite le De profundis de chœur en chœur et l’ Oremus fidelium pour leurs bienfaiteurs trépassés.
(p. 165) Au commencement du repas, on leur fera une petite lecture, seulement d’une page de quelque bon livre pour les accoutumer à donner de la nourriture a leurs âmes, en même temps qu’ils la donnent a leurs corps ; on leur donnera du temps suffisamment pour dîner, qui sera au moins une demi-heure ; ils garderont le silence tout le temps du repas, ensuite ils se récréeront jusqu’à midi et demi.
À midi et demi, on leur fera dire deux dizaines du Rosaire de chœur en chœur pour leurs bienfaiteurs vivants et pour cela on gardera l’ordre suivant.
Le rosaire contenant quinze dizaines, ils en diront trois le dimanche et deux chaque jour de la semaine ; ils le diront en français en invoquant les saints dévots à l’enfance de Notre-Seigneur, pour les exciter à la dévotion de ce mystère.
L’ordre que les enfants orphelins observeront pour dire le Rosaire. Ils commenceront par le Veni Sancte Spiritus etc. puis ils s’assoiront à leur place ; le semainier fera le signe de la croix à voix haute, ensuite il dira : Adoramus te Christe etc. "Je crois en Dieu le Père Tout-puissant, créateur du ciel et de la terre", et les autres continueront : "Et en Jésus-Christ son Fils unique Notre-Seigneur etc. Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit, comme elle était au commencement, comme elle est maintenant et comme elle sera dans tous les siècles des siècles. Très sainte, très aimable et très adorable Trinité, ayez pitié de nous. Notre Père qui êtes aux cieux etc. Je vous salue Marie fille de Dieu le Père. Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur etc. Je vous salue Marie, mère de Dieu le Fils. Je vous salue etc. Je vous salue Marie épouse du Saint-Esprit. Je vous salue etc. Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit etc. Notre Père etc.
Saint Enfant Jésus, Ayez pitié de nous. Je vous salue etc. Sainte Vierge, priez pour nous. Je vous salue Marie etc. (p. 166) Saint Michel Archange, priez pour nous. Je vous salue etc. Saint Gabriel, priez pour nous. Je vous salue etc. Saint Jean-Baptiste, priez pour nous. Je vous salue etc. Saint Joachim, priez pour nous. Je vous salue etc. Saint Zacharie, priez pour nous. Je vous salue etc. Saint Siméon et Saint Antoine de Pade, priez pour etc. Je vous ... Saint Anne et Sainte Élisabeth, priez pour nous. Je vous... Gloire soit au Père", comme ci-devant. Ils finiront en chantant Maria mater etc. Ensuite ils se recréeront jusqu’à deux heures. En été, dans le temps de leur récréation, on leur fera prendre l’air au jardin lorsque le temps le permettra, au moins trois fois la semaine, ou plus souvent si la Supérieure le juge à propos.
Elles leur feront tous les jours un quart d’heure de catéchisme à leur commodité.
À deux heures, elles leur donneront à goûter, ensuite elles commenceront l’école de l’après-dîner, à la fin de laquelle on les laissera se divertir jusqu’au souper. On séparera autant qu’on pourra les garçons d’avec les filles, ce qu’on observera en toutes leurs récréations.
En été elles les feront souper à cinq heures, on observera ce qui a été dit pour le dîner. En toutes saisons, on fera souper les petits une demi-heure avant les grands ; après le souper, ils se recréeront jusqu’à six heures et demie.
À six heures et demie, on leur fera faire la prière du soir comme elle est marquée ci-après ; puis on les couchera en silence autant que faire se pourra.
En hiver, elles avanceront le souper, la prière et le coucher d’une heure, en sorte qu’ils soient tous couchés à six heures.
En les couchant elles leur feront recommander leur âme à Dieu ; étant couchés, elles aspergeront d’eau bénite, comme le matin.
Pour le réfectoire du matin, l’une des maîtresses ira dîner à dix heures un quart et l’autre avec la Communauté et à la récréation ; et les (p. 167) jours de jeûne, elles dîneront à onze heures de jour à autre. En été, celle qui aura été au réfectoire avec la Communauté, ira souper à cinq heures et demie.
Au mois d’octobre, elles iront toutes deux au réfectoire du soir avec la Communauté jusqu’au mois de mars. Au mois de mars, elles iront l’une après l’autre, jusqu’au mois d’octobre.
Celle des Sœurs qui aura fait coucher les enfants restera pour les visiter l’un après l’autre quelque temps après qu’ils seront couchés, pour voir si le silence et la modestie sont bien gardés.
les dimanches et les fêtes, les maîtresses prendront le temps du catéchisme pour les instruire de ce qu’ils doivent chanter à l’église, à savoir O salutaris hostia, lorsqu’on lève Notre-Seigneur, ou bien Pie Jesu Domine etc. si c’est une messe des morts, et les dimanches et fêtes, avant la messe, ils chanteront le Veni Sancte Spiritus.
les 25èmes de chaque mois, ils chanteront à la fin de la Sainte Messe, trois fois Verbum euro factum est etc., une fois, Omnes Sancti Angeli etc., trois fois, O bone Jesu etc. ; à la fin des vêpres, ils observeront les mêmes choses que pour la Sainte Messe, en y ajoutant "Divin et adorable" etc., qu’un des enfants dira.
Depuis Noël jusqu’à la Purification, les dimanches et fêtes, à la fin de la Messe et des vêpres, ils chanteront et diront les mêmes choses qui sont marquées pour les 25èmes.
Les Sœurs qui seront chargées des enfants seront très unies ensemble, se supportant et prévenant dans un travail qui de soi est si pénible ; pour cela elles se déféreront avec amitié et respect, ne se surchargeant pas l’une l’autre dans cet emploi, et pour cela elles s’y rendront diligentes ; elles recevront civilement les autres Sœurs qui leur seront envoyées pour les aider à lever ou coucher les enfants, anciennes ou jeunes, lesquelles Sœurs se rendront aussi diligentes pour soulager lesdites maîtresses, ce qui (p. 168) pourra augmenter réciproquement la charité envers toutes les Sœurs.
Elles observeront le silence autant que faire se pourra, et ne parleront en habillant ou couchant les enfants que par nécessité indispensable, et en ce cas, elles le feront à voix basse, afin d’inspirer la récollection tant aux jeunes filles qu’ auxdits enfants.
U,0T67,10
Les prières qu’on leur fera dire soir et matin seront les mêmes que celles qui se font dans les écoles, en y ajoutant à la fin de celle du matin le Salve Regina etc. et celle du soir à la fin du Confiteor, Misereatur et Indulgentiam, et en sortant de la prière du soir, ils diront le De profundis de chœur en chœur pour leurs bienfaiteurs trépassés.
Tous les jours en sortant de la Sainte Messe, ils diront le De profundis et l’ Oremus, Deus qui inter Apostolicos sacerdotes famulum tuum Nicolaum, sacerdotali fecisti dignitate vigere : prœsta quœsumus, ut ecrum quoque perpetuo agregattur consortio. Per Dominum nostrum Jesum Christum Pilium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sœcula sœculorum. R. Amen.
Requiescat in pace. R. Amen.
Les maîtresses ne leur feront dire aucune prière extraordinaire sans la permission de la Supérieure.
U,oT68
(p. 169)
chapitre 68ème
Les prières qui se disent dans les écoles, qui serviront pour les enfants orphelins.
U,0T68,1
Prières avant l’école pour le matin.
Souvenons-nous que nous sommes en la sainte présence du bon Dieu, qui est au milieu de nous, qui est partout, qui voit tout et qui connaît tout. In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. Veni Sancte Spiritus etc. V. Emitte Spiritum tuurn et creabuntur. R. Et renovabis faciem terrae. Oremus. Deus qui corda etc.
Acte de foi en général.
Mon Dieu, je crois fermement tout ce que la sainte Église nous enseigne, parce que c’est vous, mon Dieu qui lui avez révélé ; et dans cette croyance, je vous adore et vous aime de tout mon cœur. Puis l’acte du jour et l’acte d’offrande. Mon Dieu nous vous offrons l’action que nous allons faire : faites-nous la grâce de la faire d’une telle sorte, qu’elle vous puisse être agréable, par les mérites de mon Sauveur Jésus-Christ. Je vous adore, mon Jésus, et vous supplie d’être mon maître et m’enseigner à vous connaître et à vous aimer ; et c’ est pour cela que je veux apprendre ma leçon. Au nom du Père et du Fils etc.
En allant à la Sainte Messe.
Mon sauveur Jésus-Christ, faites-nous la grâce que pendant (p. 170) le saint sacrifice de la Sainte Messe, nous ne perdions point le souvenir de ce que vous avez enduré pour nous sur le Calvaire.
La prière d’après l’école du matin est celle qui est marquée dans le catéchisme du diocèse.
U,0T68,2
Prière avant l’école de l’ après-midi.
Souvenons-nous que nous sommes en la sainte présence du bon Dieu etc. Au nom du Père etc. Venez Saint-Esprit remplissez nos cœurs etc. Ensuite on dit l’acte du jour et l’acte d’offrande de l’action comme le matin. On dit aussi une oraison en l’honneur de la Sainte Vierge dans les divers temps de l’ année ; on les trouve dans les heures, page 43.
La prière d’après l’école de l’après-midi, se prend comme celle du matin, dans le catéchisme.
Les actes pour tous les jours de la semaine qu’il faut produire quand l’heure sonne se trouvent dans les heures latines, pour l’usage des écoles du diocèse, page 41.
U,0T69
(p. 171)
U,0T69,1,1
chapitre 69ème
Prières de la Communauté.
Prière du matin.
Souvenons-nous de la très adorable et souveraine majesté de Dieu ici présent. On baise la terre.
In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen. Veni, Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende, V. Emitte Spiriturn tuum et creabuntur. R. Et renovabis faciem terrœ. Oremus. Deus, qui corda fidelium Sancti Spiritus illustratione docuisti, da nobis in eodem Spiritu recta sapere, et de ejus semper consolatione gaudere. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
Acte d’adoration.
Je vous adore, mon Dieu, par tous les actes d’adoration qui sont dus à votre divine majesté, en l’unité de votre essence, en la Trinité de vos personnes.
Je vous adore, mon sauveur Jésus-Christ, Dieu et homme, en votre humanité sainte, et en tous les états extérieurs et intérieurs de votre vie.
Acte de demande.
Créez, ô mon Dieu, en vos servantes un cœur pur et nouveau pour vous aimer parfaitement, et y former les traits ineffables (p. 172) de votre amour, afin que les saints désirs que votre grâce y fera naître ne puissent jamais être détournés par aucune opposition à votre sainte volonté, à laquelle elles désirent se conformer entièrement.
Acte de remerciement.
Je vous remercie, mon Dieu, par Jésus-Christ, de tous les bienfaits infinis que j’ai reçus de vous, et par votre seule grâce ; de m’avoir reçue dans le sein de votre Église, d’avoir bien voulu que votre Fils unique se fît homme, vécût en la terre, souffrit en une croix pour me racheter ; de m’avoir donné votre Saint-Esprit pour me faire agir selon ses saints mouvements, et généralement de tous les biens et grâces que vous m’avez faits et particulièrement de m’avoir appelée en cette Communauté.
U,0T69,1,2
Acte de contrition.
Ô mon Seigneur, je vous demande très humblement pardon des péchés et infidélités que j’ai commis par le passé et de tout ce qui a déplu à votre divine majesté en moi depuis hier au soir. Considérons la grâce que Dieu nous a faite, de nous donner ce jour pour gagner celui de l’éternité : agissons comme si c’était le dernier de notre vie ; faisons un ferme propos de le bien employer et de mourir plutôt que de l’offenser. Que chacune pense aux fautes auxquelles elle tombe plus ordinairement et fasse résolution de les éviter moyennant la grâce de Dieu.
On fait ici une pause d’environ un demi miserere.
(p. 173) Voilà, ô mon Dieu, ce pauvre cœur qui, par votre grâce, a conçu de saintes résolutions ; je vous les présente afin que vous les bénissiez.
Acte de demande.
Dieu tout-puissant, qui m’avez conservé la vie jusqu’à ce jour pour vous servir et honorer, daignez, s’il vous plaît, conduire, sanctifier, régler et gouverner en cette journée et en toute ma vie, mon âme, mon cœur, mon corps et tous mes sens que je vous offre et consacre ; afin qu’ assistée de votre grâce,je ne fasse aucune chose qui vous déplaise, et que je ne tende qu’à l’ observation étroite des règles de votre saint Évangile, et à vivre selon l’esprit de cette Communauté.
Je vous supplie, Seigneur, de visiter et régner en cette demeure, et d’en éloigner toutes les embûches de nos ennemis ; que votre puissance établisse la paix entre nous, et que votre charité y conserve une parfaite union.
Donnez, mon Dieu, à nos supérieurs le don de votre divine charité, et remplissez-les des lumières de votre Saint-Esprit, afin qu’ils s’acquittent selon vos desseins et par votre grâce du gouvernement que vous leur avez commis, pour votre gloire et pour notre salut, en la manière qui vous sera la plus agréable. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Très Sainte Vierge, priez s’il vous plaît, Notre-Seigneur Jésus-Christ pour nous ; afin que toutes nos pensées, paroles et actions de ce jour, et de toute notre vie, lui soient agréables.
Nos bons Anges, continuez, s’il vous plaît, les charitables soins que vous avez pour nous ; inspirez-nous la volonté de Dieu (p. 174) dans tou-
Î
tes les œuvres de cette journée, et nous conduisez dans les voies de notre salut. Pater noster etc. Ave Maria etc. Credo in Deum etc.
Ensuite on fait la lecture du point d’oraison. Environ un demi quart d’heure avant 6 heures et demie, on dit les litanies qui suivent.
Litanies en l’honneur de la divine enfance de Jésus.
Kyrie eleison. R. Christe eleison. Kyrie eleison. R. Christe eleison. Jesu infans audi nos R. Jesu infans exaudi nos. Pater de cœlis Deus, miserere nobis. Fili Redemptor mundi Deus, miserere nobis. Spiritus Sancte Deus, miserere nobis. Sancta Trinitus unus Deus, miserere nobis. Infans Jesu Christs, miserere nobis. Infans Deus vere, miserere nobis. Infans Fili Dei vivi, miserere nobis. Infans Fili Mariœ. Virginis, miserere nobis. Infans ante luciferum genite, miserere nobis. lnfans Verbum caro factum, miserere nobis. Infans Sapientia Patris, miserere nobis. Infans integritas matris, miserere nobis. lnfans patris unigenite, miserere nobis. Infans marris primogenite, miserere nobis. lnfam imago Patris, miserere nobis. lnfans origo Matris, miserere nobis. (p. 175) Infam Patris splendor, miserere nobis. Infans Matris honor, miserere nobis. lnfans œqualis Patri, miserere nobis. lnfans subdite Marri, miserere nobis. Infans Deus noster, miserere nobis. lnf ans Frater noster, miserere nobis. lnfans viator in gloria, miserere nobis. lnfans comprehensor in via, miserere nobis. lnfans vagiens in cunis, miserere nobis. Infans fulgurans in caelis, miserere nobis. Infans Tyrannis fonnidabilis, miserere nobis. lnfans Magis desiderabilis, miserere nobis. lnfans Idolorum eversor, miserere nobis. Infans gloriœ Patris zelator, miserere nobis. Infansfortis in debilitate, miserere nobis. Infans potens in exilitate, miserere nobis. Infans thesaurus gratiœ, miserere nobis. Infans fons amoris, miserere nobis. Infans instauror caelestiurn, miserere nobis. Infans reparator rerrestrium, miserere nobis. Infans caput Angelorum, miserere nobis. Infans radix Patriarcharum, miserere nobis. Infans sermo Prophetarum, miserere nobis. Infans desiderium Gentium, miserere nobis. Infans gaudium Pustorum, miserere nobis. Infans lumen Magorum, miserere nobis. Infans salus infantium, miserere nobis. Infans exspectatio justorum, miserere nobis. Infans Doctor Sapientium, miserere nobis. Infans primitiœ Sanctorum omnium, miserere nobis. (p. 176) Propitius esto. Parce nobis Infans Jesus. Propitius esto. Exaudi nos, Infans Jesu. A jugo servitutis filiorum Adœ, Libera nos. A nequitia sœculi, Libera nos. A concupiscentia carnis, Libera nos. A superbia vitœ, Libera nos. Ab inordinata sciendi cupiditate, Libera nos. A cœcitate mentis, Libera nos. A mala voluntate, Libera nos. A peccatis nostris, Libera nos. Per purissimam Conceptionem tuam, Libera nos. Per humillimam Nativitatem tuam, Libera nos. Per lacrymas tuas, Libera nos. Per durissimam Circumcisionem tuam, Libera nos. Per gloriosissimam manifestationem tuam, Libera nos. Per devotissimam Prœsentationem tuam, Libera nos. Per innocentissimam conversationem tuam, Libera nos. Per paupertatem tuam, Libera nos. Per passiones tuas, Libera nos. Per peregrinationes et labores tuos, Libera nos. Agnus Dei qui tollis peccata mundi, parce nobis Infans Jesu. Agnus Dei qui tollis peccata mundi, Exaudi nos Infans Jesu. Agnus Dei qui tollis peccata mundi, Miserere nobis Infans Jesu. Jesu Infans, audi nos. Jesu Infans, exaudi nos. Puer natus est no bis et Filius datus est nobis, cujus imperium super humerum ejus, et vocabitur Admirabilis, Consiliarius, Deus fortis, Pater futuri sœculi, Princeps pacis.
U,0T69,1,6
V. Invenerunt Infantem.
R. Pannis involutum,
(p. 177) Oremus.
Domine Jesu, qui sublimitatem incarnatœ divinitatis tuœ et humanitatis tuœ divinissimae que ad humillimum nantivitatis et infantiœ statum, pro nobis exinanire dignatus es da nobis, ut divinam in infantia sapientiam, indebilitate potentiam, in exilitate majestatem agnoscentes, te parvulum adoremus in terris, te magnum intueamur in cœlis. Qui vivis et regnas cum Deo Patre in unitate Spiritus Sancti Deus : per omnia sœcula sœculorum. Amen.
V. Exaudiat nos Dominus Jesus Infans.
R. Nunc et semper. Amen.
V. Domine salvum fac Regem.
R. Et exaudi nos in die qua invocaverimus te.
Oremus.
Deus a quo sancta desideria, recta consiLia, et justa sunt opera, da servis tuis ilIam quam mundus dare non potest pacem : ut et corda nostra mandatis tuis debita et hostium sublata formidine tempora sint tua protectione tranquilla. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
Domine, non secundum peccata nostra etc. V. Ostende nobis Domine misericordiam tuam, R. Et salutare tuum da nobis.
Oremus.
Exaudi, quœsumus Domine, supplicum preces, et confitentium tibi parce peccatis : ut quos conscientiœ reatus accusat, magnitudo tuœ pietatis absolvat, et indulgentiam (p. 178) omnium peccatorum nostrorum nobis pariter largiaris et pacem. Per Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus per omnia sœcula sœculorum. Amen.
Ensuite on dit l’ Angelus et "très sainte Vierge" etc.
Aux Quatre-Temps, on dit l’antienne et la collecte du jour : et aux autres nécessités de l’Église, on dira l’antienne et la collecte qui conviennent, lesquelles se trouveront ci-après page 185.
U,oT69,2
Examen avant le dîner.
Tenons-nous dans un profond respect et anéantissement devant la majesté de Dieu, ici présent. In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen. Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende. V. Emitte Spiritum tuum et creabuntur. R. Et renovabis faciem terrae.
Oremus
Deus, qui corda fidelium Sancti Spiritus illustratione etc. Confiteor Deo omnipotenti etc. jusqu’à mea culpa. On fait la pause d’environ un demi Miserere ; ensuite on continue Mea culpa etc. L’examen avant le souper se fait de même.
U,0T69,3,1
(p. 179)
Prières pour le soir
Tenons-nous dans un profond respect et anéantissement devant la majesté de Dieu, ici présent. On baise la terre. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. Venez Saint-Esprit, remplissez nos cœurs de votre grâce, et nous embrasez du feu sacré de votre amour.
Acte d’adoration.
Très sainte, très aimable, et très adorable Trinité, prosternée de corps et d’esprit devant votre grandeur infinie, je vous adore et vous aime de tout mon cœur, comme mon Dieu, mon Créateur et mon souverain Seigneur : je me soumets entièrement à vous et en veux éternellement dépendre, disposez de moi comme il vous plaira.
Acte de remerciement
Je vous remercie, mon Dieu, par Jésus-Christ mon Sauveur, de m’avoir mise au monde, donné une âme capable de vous aimer et de jouir éternellement de vous ; je vous remercie de m’avoir rachetée par le sang précieux de votre Fils, faite chrétienne, et de toutes les autres grâces et bienfaits que j’ai reçus de vous en toute ma vie, et particulièrement de m’avoir conservée aujourd’hui.
Présentons-nous à Dieu, comme une criminelle devant son (p. 180) juge, et demandons-lui la grâce de connaître nos péchés. Ô mon Sauveur qui êtes la vraie lumière, faites-moi connaître les péchés que j’ai commis aujourd’hui pour m’en accuser devant vous, les détester et implorer votre grande miséricorde. Confiteor Deo omnipotenti etc. jusqu’à Mea culpa. Examinons notre conscience sur les péchés que nous avons commis en pensées, paroles, œuvres et omissions, et sur les résolutions que nous avons faites ce matin.
Ici on fait une pause, l’espace d’un Miserere.
Acte de contrition.
Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous a voir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, et que le péché vous déplaît, je propose moyennant votre sainte grâce, de ne plus retomber dans les fautes que j’ai faites, et de m’en confesser au plus tôt. Je mets tout en l’abîme de votre grande miséricorde, et au pied de la croix de votre Fils, vous suppliant en son nom et pour l’amour de lui de me faire miséricorde, et je dis en componction de cœur : Mea culpa, mea culpa etc. Misereatur nostri onmipotens etc. Indulgentiam absol. etc. Mettons-nous en l’état où nous voudrions être trouvées à l’heure de la mort, et nous résignons entièrement à Dieu.
Acte de résignation.
ô mon Dieu, Père de miséricorde, je me soumets toute à votre sainte volonté et adore le souverain pouvoir que vous avez sur mon âme, sur ma vie, et sur mon éternité ; pour être, faire et souffrir tout ce qu’il vous plaira. Je vous offre le repos que je prendrai durant cette nuit, en l’honneur du repos (p. 181) que vous avez pris quelquefois en la terre ; conservez-moi sans danger et sans vous offenser, et faites-moi la grâce de persévérer en votre crainte jusqu’à la fin de ma vie, et de mourir en la foi de l’Église et en votre saint amour.
Sainte Vierge, mère de Jésus, je vous aime et honore comme la mère de mon Dieu ; intercédez pour moi, pauvre pécheresse, maintenant et à l’heure de ma mort.
Mon saint Ange gardien, bienheureux saint Joseph, bienheureux saint Gabriel, bienheureux Anges, bienheureux saints et saintes : j’ai recours à vous, bénissez mon Dieu pour moi et le priez qu’il me pardonne mes péchés, et qu’il me conserve durant cette nuit.
Notre Père qui êtes aux cieux etc. Je vous salue etc. Je crois en Dieu etc. On dit ici les litanies de la Sainte Vierge, à la fin desquelles on dit une antienne à son honneur, selon le temps, comme ci-après.
V. Ora pro nobis sanctissime Joseph.
R. Et digni efficiamur promissionibus Christi Oremus.
Sanctissime Genitricis tuae Sponsi, quœsumus Domine, etc.
Litanies des saints martyrs dont les reliques reposent en notre chapelle.
Sancte Donate, ora pro nobis. SanCte Theodore, ora pro nobis. Sancte Victor, ora pro nobis. Sancte Macrine, ora pro nobis. Sancte Benigne, ora pro nobis. Sancte Maure, ora pro nobis. (p. 182) Sancte Auguri, ora pro nobis. Sancta Modesta, ora pro nobis. Sancta Theodora, ora pro nobis. Sancta Benedicra, ora pro nobis. Sancta Illuminata, ora pro nobis. Sancta Victoria, ora pro nobis. Sancta Attradatia, ora pro nobis. Sancta Regina, ora pro nobis. V. Lœtamini in Domino et exultare justi, R. Et gloriamini omnes recti corde. Oremus. Deus qui nos, annua Sanctorum Martyrum tuorum etc.
Ensuite, on fait la lecture du point d’oraison pour le lendemain matin : après quoi la Supérieure demande la bénédiction, après laquelle ayant fait le signe pour sortir, elle commence le De profundis qui est continué par la communauté, à la fin duquel la semainière continue ce qui suit.
V. Requiem œternam dona ei Domine, R. Et lux perpetua luceat eis. V. A porta inferi, R. Erue Domine animam ejus. V. Domine exaudi orationem meam, R. Et clamor meus ad te veniat Oremus. Deus qui inter apostolicos etc. V. Requiescat in pace. R. Amen.
U,0T69,4
(p. 183)
Pour l’exercice de minuit de chaque 25ème
On chante trois fois Verbum caro factum est ; ensuite les litanies du Saint Enfant Jésus, Puer natus est nobis etc. à la fin, on dit le verset et l’oraison suivante. V. Invenerunt Infantem. R. Pannis involutum. Oremus. Domine Jesu qui etc. V. Exaudiat nos Donunus Jesu Infans, R. Nunc et semper. Amen.
Puis on dit la couronne du Saint Enfant Jésus, composée de trois Pater et douze Ave, et à chaque Pater et Ave, on dit en baisant la terre : Verbum caro factum est etc. Le tout comme il est marqué ci-devant à la page 22, où il est parlé de la dévotion au Saint Enfant Jésus.
Antiennes à la Sainte Vierge, pour tous les temps de l’année. Depuis l’ Avent jusqu’à Noël.
Alma Redemptoris mater, etc. V. Angelus Domini nuntiavit Mariae, R. Et concepit de Spiritu Sancto. Oremus. Gratiam tuam quœsumus, Domine mentibus etc.
(p. 184)
Depuis Noël jusqu’à la Purification,
on continue Alma, et on dit le verset et l’oraison suivante. V. Post partum
Virgo inviolata permansisti, R. Dei Genitrix, intercede pro nobis. Oremus. Deus, qui Salutis œternœ beatœ Mariœ Virginitate etc.
Depuis la Purification jusqu’à Pâques.
Ave, Regina Cœlorum, Ave Domina Angelorum etc. V. Dignare me, laudare te Virgo Sacrata, R. Da mihi virtutem contra hostes tuos. Oremus. Concede, misericors Deus, fragilitati nostrœ prœsidium etc.
Depuis Pâques jusqu’à la Trinité. Regina cœli, lœtare. Alleluia. Quia quem etc. V. Gaude et lœtare, Virgo Maria. Alleluia. R. Quia surrexit Dominus vere. Alleluia. Oremus. Deus, qui per resurrectionem Filii tui Domini nostri etc.
Depuis la Trinité jusqu’à l’ Avent.
Salve, Regina, mater misericordiœ, vita, dulcedo etc. V. Ora pro nobis, sancta Dei Genitrix, R. Et digni efficiamur promissionibus Christi. Oremus. 0mnipotens Sempiterne Deus, qui etc.
U,0T70
(p. 185)
chapitre 7oème
U,0T70,1,1
Prières pour les besoins de l’Église, et autres nécessités publiques. Pour le mercredi des Quatre-Temps de l’Avent.
V. Cœli enarrant gloriam Dei, R. Et opera manuum ej us annuntiatfirmamentum. Oremus. Prœstu, quœsutmus, ornnipotens Deus : ut redemptionis etc.
Pour le vendredi.
V. Beuri immaculati in via ; R. Q_ui ambulant in le8e Domini. Orcrnus. Excita, quœ.sttmus Domine, potentiam tuam etc.
Pour le samedi.
V. Q_ui reBÎS Israël, intende ; R. Qui deducis velut ovemJoseph. Oremus.
Deus qui conspicis, quia ex nostra pravitate etc. U,0T70,1,z
Pour le mercredi des Quatre-Temps de Carême.
V. Ad te, Domine, levavi animam meam :
R. Deus meus, in te conjido, non erubescam. Oremus, Preces no stras, quœsumus, Domine clementer etc.
(p. 186) Pour le vendredi.
V. Ad te Domine levavi animam meam : R. Deus meus in te confido, non erubescam. Oremus. Esto, Domine, propitius plebi tuœ : etc.
Pour le samedi.
V. Domine Deus salutis meœ, R. In die damavi et nocte coram te. Oremus, Populum tuum, quœsumus, Domine, propitius respice etc.
/ Pour le Jour de saint Marc. V. Qui regis Israël, intende, R. Qui deducis velut ovem Joseph. Oremus. Effunde, quaesumus, Domine Deus noster etc.
Pour le lundi des Rogations. V. Diligam te, Domine,fortitttdo mea, R. Dominus finnamentum meum, et refi13ium meum, et liberator meus. Oremus. Preste, quœ.mmus, omnipotens Deus etc.
Pour le mardi. V. <zui re3is Israël, intende, R. ~ti deducis velut ovcm Joseph. Orémus. Effunde,quS ssumus,Domine Deus noster etc.
(p. 187)
Pour le mercredi des Rogations. V. Subjecit populos no bis, R. Et gentes sub pedibus nostris. Oremus. Prœsta, quœsumus, omnipotens Deus, ut nostrœ etc.
U,0T70,1,3
Pour le Mercredi des Quatre-Temps de la Pentecôte V. Exsurgat, Deus, et dissipentur inimici ejus ; R. Et fugiant qui oderunt eum a facie ejus. Oremus. Mentes nostras, quœsumus, Domine, Spiritus Paraclitus etc.
Pour le Vendredi. V. In te Domine speravi non confimdar in œternum,
R. Injustitia tua libera me et eripe me. Oremus. Da quœsumus, Ecdesiœ tuœ, misericors Deus, etc.
Pour le samedi. V. Domine Deus salutis meœ, R. In die clamavi et nocte coram te. Oremus. Mentibus nostris quœsumus Domine Spiritum etc.
Pour le Mercredi des Quatre-Temps de Septembre. V. Ego enim sum Dominus Deus Vester ; R. Qui eduxi vos de terra Ae8Ypti. Oremus. Misericordiœ tuœ remediis, quœsumus Domine fragilitas etc.
(p. 188)
Pour le Vendredi. Confitemini Domino, et invocate nomen ejus ; R. Annuntiate inter 3entes opera rjus. Orcmus. Prœsta quœswnus, omnipotens Deus, ut observationes etc. V. Pour le Samedi. V. Nos uutem popuius ejus, R. Et oves pascuœ ejus.
Oremus. Omnipotens sempiterne Deus, qui per conscientiam etc.
U,0T70,1s
Pour la rémission des péchés. V. Miserere mei Deus, miserere mei, R. Quortiam in te confidit anima men. Oremus.
Exaudi, quœsumus Domine, supplicum preces, etc.
Dans les besoins de l’Église. V. Deus auribus nostris audivimus, R. Patres nostri cnnuntinverunt no bis. Oremus. Omnipotens sempiterne Deus, in cujus manu sunt etc.
Dans les temps de guerre. V. Ad te levavi, Domine, animam meum, R. Deus meus, in te confido, non erubescam. Oremus. Deus qui conteris bella et hastes in te sperantium etc.
(p. 189)
Dans le temps de sécheresse. V. Magnus Dominus et laudabilis nimis, R. In civitate Dei nostri, in monte sancto ejus. Oremus. Deus in quo vivimus movemur et sumus etc.
Dans le temps de mortalité.
V. Qui regis Israël, intende ;
R. Qui deducis velut ovem Joseph.
Oremus.
Deus qui non mortem sed pœnitentiam etc.
Pour toutes nécessités.
V. Attendite popule meus legem meam,
R. Inclinate aurem vestram in verba oris mei.
Oremus.
Deus, refugium nostrum et virtus, adesto piis etc.
Pour demander le beau temps.
V. Beati immaculati in via ;
R. Qui ambulant in lege Domini.
Oremus.
Ad te nos Domine, clamantes exaudi et œris serenitare etc.
Dans le temps de famine.
V. Qui regis Israël, intende,
R. Qui deducis velut ovem Joseph.
Oremus.
Da no bis, quœsumus, Domine, piœ supplicationis etc.
U,0T70,1,6
(p.190)
Pour le temps d’actions de grâces,
auquel on dit le Te Deum.
V. Benedicamus Patrem et Filium cum Sancto Spiritu,
R. Laudemus et superexaltemus eum in sœcula.
Oremus.
Deus cujus misericordiae, non est numerus etc.
Pour la paix.
V. Fiat pax in virtute tua ;
R. Et abundantia in turribus tuis.
Oremus.
Deus a quo sancta desideria, recta consilia et justa etc.
Pour un défunt.
Oremus.
Inclina, Domine, aurem tuam ad preces nostras, etc.
Pour une défunte.
Oremus.
Quœsumus, Domine, pro tua pietate miserere etc.
Pour les fidèles défunts en général.
Oremus.
Pidelium, Deus, omnium conditor et redemptor etc. Pour les frères, proches et bienfaiteurs défunts Oremus.
Deus, veniœ largitor, et humanœ salutis runator etc.
(p. 191)
U,0T70,2,1
U,0T70,2,2
Oraison qui se dit pour action de grâce après la sainte Communion, quand elle est générale.
Mon Dieu, et mon Sauveur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, digne victime du Très-haut, pain vivant et source de vie éternelle, je vous adore de tout mon cœur dans votre divin sacrement, avec dessein de réparer toutes les irrévérences, profanations et impiétés qui ont été commises contre vous dans ce redoutable mystère. Je me prosterne devant votre sainte Majesté, pour y adorer présentement au nom de tous ceux qui ne vous y ont jamais rendu aucun devoir, et qui peut-être seront si malheureux que de ne vous y en rendre jamais, comme les hérétiques, athées, blasphémateurs, magiciens, juifs, idolâtres et tous les infidèles : je souhaiterais, ô mon Dieu, vous donner autant de gloire qu’ils vous en donneraient tous ensemble, s’ils vous y rendaient fidèlement leurs respects et leurs reconnaissances, et je voudrais pouvoir recueillir dans ma foi, dans mon amour et dans le sacrifice de mon cœur, tout ce qu’ils auraient été capables de vous rendre d’honneur, d’amour et de gloire dans l’étendue de tous les siècles.
Je désire même de toute l’ardeur de mon âme, vous donner autant de bénédictions et de louanges, que les damnés vomiront d’injures contre vous dans toute la durée de leurs (p. 192) supplices ; et pour sanctifier cette adoration et vous la rendre plus agréable, je l’unis, Ô mon Sauveur, à toutes celles de votre Église universelle du ciel et de la terre ; regardez les sentiments de mon cœur plutôt que les paroles de ma bouche ; j’ai dessein de vous dire, pour vous honorer, tout ce que votre esprit inspire à votre sainte Mère, à vos Saints, et tout ce que vous dites vous-même à Dieu votre Père dans ce glorieux et auguste Sacrement, où vous êtes son holocauste perpétuel, et dans le bienheureux sein où il vous engendre de toute éternité, où vous le louez infiniment par la divine essence.
Loué et adoré soit le très sacrement de l’ autel, à jamais. Loué et adoré soit le très sacrement de l’ autel, à jamais. Loué et adoré soit le très sacrement de l’ autel, à jamais.
(p. 193)
Bénédiction de table. Pour le matin.
Benedicite. R. Benedicite. Oculi omnium, In te sperant, Domine, et tu das escam illornm in tempore opportune, aperis tu rnunum tuam et impies omne animal benedictione. Gloria Putri, et Filio, et Spiritui Sancto, Sieur erat in principio, et nunc et semper, et in sœcula sœculorum. Amen. Kyrie eleison. R. Christe eleison. Kyrie eleison. Pater noster etc. bas. Et ne nos indnccs in tentationem. R. Sed libera nos a maio. Oremus. Benedic, Domine, nos et hœc tua ( dona quœ de tua) larBitate sumus sumpturi, per Christum Dorninum nostrum, Amen. Jube domna benedicere Mense caelestis participes faciat nos rex eternœ gloriœ. R. Amen.
Action de grâces. Après le dîner.
Confiteantur tibi, Domine, omnia opera tua. R. Et Sancti tui benediomr tibi. GloriaPatri, etFilio, etSpirituiSancto. R. Sicut erat in principio etc. ABimus tibiBratias, Rex omnipotens Deus, pro universis beneficiis tuis, qui v ivis et re8nas in sœcula sœculomm. Amen. Laudate Dominum onmes Bentes, Inudate eum omnes populi. (p. 194) Q_uoniam confirmata est super nos misericordi« ejus, et ventas Domiru manet in œternum, Gloria Petri, et Filio, et Spiritui Sancto, Sicut erat in principio etc. Kyrie eleison. R. Christe eleison. Kyrie eleison. Pater noster etc. bas. Et ne nos inducas in tentationem. R. Sed libera nos etc. Dispersit dedit pauperibus, R. J ustitia rjus manet in sœcul.um sœculi. Beneàicam Domino in omni tempore, R. Semper laus rjus in ore meo. ln Domino laudabitur anima mea, R. Audiant mansueti et lœtentur. Magniftcate Dominum mecum, R. Et exaltemus no men ejus in idipsum, Sit nomen Domini benedictum, R. Ex hoc nunc et usque in sœculum. Oremus. Retribuere dignare, Domine, omnibus nobis bona facientibus propter nomen tuum vitam œternnm, Amen. Benedicamus Domino. R. Deo 3ratias. Pidelium animœ per misericordiam Dei requiescant in pace. R. Amen. Pater noster etc. bas. Deus der no bis suam pacem. De profundis clamavi etc. Requiem ctemam donu eis Domine, R. Et lux perpetua luceat eis. (p. 195J A porta inferi. R. Erue, Domine, animas eorurn. Domine exaudi omrionem meam, R. Et clamer meus ad te veniat.
U,0T70,3,3
Litanies de Jésus mourant.
Jésus tout amour pour nous dans vos souffrances. Ayez etc. Jésus trahi par un disciple infidèle. Ayez pitié de nous. Jésus vendu le prix d’un vil esclave. Ayez pitié. Jésus accablé d’ennui au Jardin des Oliviers. Ayez pitié. Jésus saisi de frayeur et triste jusqu’à la mort. Ayez p. Jésus réduit à l’agonie, prosterné la face contre terre et priant, ayez pitié de nous. Jésus couvert d’une sueur de sang dont la terre est arrosée. Jésus sacrifiant les répugnances de la nature aux volontés de l’Éternel, ayez pitié de nous. Jésus désigné par le baiser du traître, ayez p. Jésus abandonné des disciples fugitifs, ayez p. Jésus saisi et lié comme un voleur, ayez p. Jésus courant à la mort pour nous, ayez p. Jésus conduit au Grand Prêtre et livré aux Gentils, ayez Jésus, adorable Jésus, tout amour pour nous dans vos souffrances, ayez pitié de nous. Jésus soyez attentifs à nos cris, Jésus exaucez nos prières. V. Jésus a souffert pour nous et nous a donné l’exemple. R. Marchons courageusement sur ses traces dans le chemin des humiliations et des souffrances. Prions.
ô Dieu dont le Fils unique Jésus-Christ Notre-Seigneur (p. 196) a été rassasié d’opprobres et livré en proie aux plus cruelles douleurs, imprimez dans nos cœurs l’amour des humiliations et des souffrances et nous donnez la grâce de suivre son exemple, afin d’avoir part un jour à sa gloire, nous vous la demandons par ce même Fils bien-aimé qui vit et règne avec vous dans l’unité du Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Béni soit le Saint Enfant Jésus. À jamais.
U,01’70,3,4
Bénédiction de table. Pour le soir.
Benedicite. R. Benedicite. Edent pauperes, Et saturabuntur et laudabunt Dominum qui requirunt eum, vivent corda eorum in sœculum sœcul.i. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in sœrnla sœculontm. Amen. Kyrie eleison. R. Christe eleison. Kyrie eleison. Purer noster etc. bas. Et ne nos induccs in renmtionem. R. Sed libera nos etc. Oremus. Benedic Domine nos et hœc tua ( dona quœ de tua) largitate sumus sumpturi per Christum Dominum nostrum. R. Amen. ]ube Dontna benedicere. (p. 197) Ad cœnam vitœ eternœ, perducat nosrex eternœ gloriœ. R. Amen.
U,0T70,3s
Action de grâces. Pour le soir.
Memoriam fecit mirabilium suorum misericors et miserator Do minus. R. R. Escam dedit timentibus se. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. R. Sicut erat etc. Benedictus Deus in donis suis, et sanctus in omnibus operibus suis, qui vivit et re&nat in sœcula sœculorum R.Amen.
Laudate Dominum, omnes 8entes, laudate eum omnes populi. Quoniam confirmata est super nos misericordia ejus, et veritas Domini manet in œternum.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Sicut erat in etc. Kyrie eleison. R. Christe eleison. Kyrie eleison. Pater noster etc. bas. Et ne nos inducas in tentationem. R. Sed libera nos a malo. Dispersit dedit pauperibus, R. Justitia ejus manet in sœculum saeculi. Benedicam Domino in omni tempore ; R. Semper laus ejus in ore meo. In Domino [audabitur anima nua, R. Audiant mansueri et lœtentur. Ma3niftcate Do111i11u111 mecum, R. Et exaltemus no men rjus in idipsum. Sit nomen Domini benedictum, R. Ex hoc nunc et us que in sœcuhun. Orémus. Retribuere di3nare Domine, omnibus nobis bona (p. 198) facientibus propter nomen tuum vitam œternam. R. Amen. Benedicamus Domino. R. Deo watias. F idelium animœ per misericordiam Dei requiescant in pace. R.Amen. Pater noster etc. bas. Deus det no bis suant pacem. De profundis clamavi ad te etc. Requiem œtemam dona eis Domine, R. Et lux perpetua luceur eis. A porta inferi, R. Eme Domine animas eorum, Domine exaudi orutionem meam, R. Et clamor meus etc.
U,0T70,3,6
Litanies de Jésus mourant.
Jésus digne objet de notre amour dans vos souffrances, ayez p. Jésus outragé par un soufflet en présence du Grand Prêtre, ayez p. Jésus traité de séducteur et de blasphémateur, ayez p. Jésus, chargé de coups et accablé d’insultes, ayez p. Jésus faussement accusé devant Pilate, ayez p. Jésus méprisé par Hérode et ses soldats, ayez p. Jésus abandonné aux cris redoublés des Juifs et livré à leur fureur, Jésus revêtu d’un manteau de pourpre et couronné d’épines, ayez p. Jésus appelé roi et salué par dérision, ayez pitié. Jésus sortant de Jérusalem chargé du fardeau de la croix, ayez Jésus crucifié entre deux voleurs, ayez p. Jésus abreuvé de fiel et de vinaigre, ayez p. Jésus expirant pour nous sur le Calvaire, ayez p. Jésus, adorable Jésus, digne objet de notre amour dans vos souffrances, ayez pitié de nous. Jésus, soyez attentif à nos cris. Jésus exaucez nos prières. (p. 199) Jésus a souffert pour nous et nous a donné l’exemple ; Marchons courageusement dans le chemin des humiliations et des souffrances.
Prions. o Dieu, dont le Fils unique Jésus-Christ Notre-Seigneur a été rassasié d’opprobres et livré en proie aux plus cruelles douleurs, imprimez dans nos cœurs l’amour des humiliations et des souffrances, et nous donnez la grâce de suivre son exemple, afin d’avoir part un jour à sa gloire, nous vous la demandons par ce même Fils bien-aimé qui vit et règne avec vous dans l’unité du Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Béni soit le saint Enfant Jésus. A jamais.
U,0T70,p Litanies De Jésus naissant. Pour le matin.
Jésus notre Adorable maître, ayez pitié. Jésus humilié, pauvre et souffrant pour nous instruire, ayez Jésus Fils de Dieu, ayez pitié. Jésus Fils de l’homme, ayez pitié. Jésus l’image de la substance du Père, ayez pitié. Jésus revêtu de la forme d’esclave, ayez pitié. Jésus la sainteté même, ayez pitié. Jésus couvert de la ressemblance du péché, ayez pitié. Jésus engendré dans les splendeurs des saints, ayez pitié. (p. 200) Jésus naissant dans une étable obscure, ayez pitié de nous. Jésus la Sagesse éternelle, ayez pitié Jésus Enfant, ayez pitié. Jésus reposant dans le sein de la Divinité, ayez pitié. Jésus penché sur le sein d’une Vierge mère, ayez pitié. Jésus immense, ayez pitié Jésus enveloppé de langes, ayez pitié Jésus assis sur les chérubins, ayez pitié. Jésus couché dans le fond d’une crèche, ayez pitié. Jésus environné de tous les chœurs des anges, ayez pitié. Jésus environné d’une troupe de bergers, ayez pitié. Jésus glorifié dans le ciel, ayez pitié. Jésus anéanti sur la terre, ayez pitié. Jésus immortel, ayez pitié. Jésus sujet à la mort, ayez pitié. Jésus impassible, ayez pitié. Jésus souffrant, ayez pitié Jésus source de tout bien, ayez pitié Jésus pauvre et manquant de tout, ayez pitié, U,0T70,J,8
Jésus prédit par les prophètes, désiré des patriarches, attendu des nations, ayez pitié de nous. Jésus ignoré en Israël, méconnu des enfants d’Abraham, persécuté par Hérode, ayez pitié de nous.
Jésus humilié, pauvre et souffrant pour nous instruire, ayez pitié. Jésus naissant, adorable Jésus, notre lumière, notre modèle et notre maître, ayez pitié de nous.
Jésus, soyez attentif à nos cris, R. Jésus exaucez nos prières. V. Prosternées au pied de la crèche, écoutons Jésus naissant, il est le Fils bien-aimé de l’Éternel et l’objet de ses complaisances. (p. 201) R. Imitons Jésus naissant, il nous (parle) par ses œuvres et nous instruit par ses exemples.
Prions.
Ô Jésus, la source des grâces et le modèle de toutes les vertus, faites que nous mettions en pratique les leçons que vous nous donnez du fond de la crèche, afin qu’à votre exemple, nous instruisions plus encore par nos œuvres que par nos paroles la jeunesse confiée à nos soins : vous qui vivez et régnez avec le Père en l’unité du Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Litanies
De Jésus naissant.
Pour le soir.
Jésus notre aimable sauveur, ayez pitié de nous. Jésus humilié, pauvre et souffrant pour nous racheter, ayez. Jésus Dieu offensé, ayez pitié. Jésus Dieu médiateur, ayez pitié. Jésus tonnant dans les cieux, ayez pitié. Jésus gémissant en Bethléem, ayez pitié. Jésus foudroyant l’ange rebelle, ayez pitié. Jésus tendant la main à l’homme tombé, ayez pitié. Jésus enchaînant les démons, ayez pitié. Jésus brisant nos fers, ayez pitié Jésus la terreur de Satan, ayez pitié Jésus notre consolation, ayez pitié. Jésus le saint des saints, ayez pitié. Jésus chargé du poids de nos iniquités, ayez pitié. (p. 202) Jésus impeccable, ayez pitié de nous. Jésus pénitent, ayez pitié de
Jésus digne objet de toutes les victimes, ayez pitié.
U,0T70,3,10
Jésus tendre victime pour nous, ayez pitié Jésus adoré à la droite de Dieu, ayez pitié Jésus immolé sur la crèche, ayez pitié Jésus lion rugissant au jour des vengeances, ayez pitié. Jésus doux agneau en ce jour de miséricorde, ayez pitié. Jésus la joie des anges, ayez pitié. Jésus baigné de larmes, ayez pitié. Jésus jouissant de la félicité dans le ciel, ayez pitié. Jésus l’homme de douleur dans l’étable, ayez pitié. Jésus le Dieu qui exauce nos prières, ayez pitié. Jésus priant pour nous par des soupirs et des pleurs, ayez Jésus brûlant de zèle pour la gloire de Dieu, ayez pitié. Jésus brûlant de zèle pour le salut des hommes, ayez pitié. Jésus humilié, pauvre et souffrant pour nous racheter, ayez Jésus naissant, aimable Jésus, notre paix, notre ressource et notre sauveur, ayez pitié. Jésus, soyez attentif à nos cris, Jésus, exaucez nos prières.
V. L’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde s’immole pour nous à son Père dans l’étable de Bethléem, R. Immolons-nous avec lui sur la crèche, unissons nos larmes à ses pleurs et nos peines à ses souffrances.
Prions.
ô Jésus, qui dans votre premier avènement préludez à l’effusion de votre sang par les larmes dont vous arrosez la crèche, faites qu’unissant nos humiliations et nos (p. 203) peines aux prémices de vos anéantissements et de vos souffrances, nous expiions nos péchés ici-bas avec vous ; afin d’avoir part à la gloire de votre second avènement : vous qui vivez et régnez avec le Père en l’unité du Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Béni soit le saint Enfant Jésus. À jamais.
U,0T70,3,11
Bénédiction de table.
Pour les jours de jeûne et pour le déjeuner et le goûter des autres jours.
V. Sit nomen Domini benedictum : R. Ex hoc nunc et usque in saeculum. Actions de grâces. Pour les jours susdits.
Benedicamus Domino. R. Deo gratias. Pidelium animœ per misericordiam Dei requiescant in pace. R. Amen. Pater noster etc. bas. Deus det no bis suam pacem. R. Amen. De profundis clamavi etc. pour les jours de jeûnes et les litanies.
Les dimanches avant la messe et tous les jours à la fin de la prière du soir, la supérieure, aspergeant d’eau bénite, dit, Asperges etc. R. his etc. U,0T70,3,12
(p. 204)
Après l’aspersion de la prière du soir, la supérieure dit cette prière.
Très sainte Vierge, mère de Jésus, recevez-nous, s’il vous plaît, sous votre sainte protection, maintenant et à l’heure de notre mort. Ô Jésus, ô mon bon Jésus ; donnez-nous, s’il vous plaît votre sainte bénédiction, nous vous la demandons de tous nos cœurs. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. Béni soit le saint Enfant Jésus. À jamais.
Dans les assemblées de communauté qui commencent par le Veni Sancte, la Supérieure les doit finir par le verset et l’oraison suivante.
V. Confirma hoc Deus quod operatus est in nobis. R. A templo suncto tuo quod est in ]erusalem. Oremus. Actiones nostras quœsumus, Domine, aspirando preveni et adjuvando prosequere, ut cuncta nostm oratio et operatio a te semper incipiat et per te sœpta finiatur. Per Christum Dominum nostrum, R. Amen.
U,0T71
U,0T71,1,1
(p. 205)
Méthode qu’on doit observer aux écoles qui sont dans les différents quartiers de la ville.
1. [[sic)] Pour les classes de la maison. La grande classe. Le matin.
La première leçon générale sera la Civilité, on fera épeler trois fois par mots, ensuite recommencer la leçon et dire chacune un verset en lisant puis toutes les écolières prendront leurs heures latines, et on dira trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon, et on dira trois fois par mots en lisant et une fois par verset. La leçon finie, on donne les papiers pour l’écriture.
Pour l’après-dîner.
On commencera par dire trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon, et on dira trois fois par mots en lisant, et une fois par pause en suivant la leçon : puis on lira par verset plus ou moins long, selon la prudence de la maîtresse. S’il y avait quelques enfants qui ne soient pas avancées dans la lecture, on les fera lire les dernières.
La seconde classe le matin.
La première leçon sera la Civilité, on fera épeler trois fois par mots, ensuite on recommencera la leçon et on dira par (p. 206) verset en lisant ; puis toutes les écolières prendront leurs heures latines, et on dira trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon et on dira trois fois par mots en lisant et une fois par verset. La leçon finie, la maîtresse fait donner les papiers à celles qui commencent à écrire.
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’Instruction, comme à la grande classe ; on fera épeler trois fois par mots ; ensuite on recommencera la leçon et on dira trois fois par mots en lisant et une fois par pause en suivant la leçon : puis chacune des écolières dira par verset plus ou moins long, selon la prudence de la maîtresse et la force des écolières.
U,0T71,1,2
La troisième classe.
On fera épeler deux lignes à chacune des écolières, ensuite on recommencera la leçon et elles diront par verset. Si d’après il restait encore du temps, on pourra les faire dire trois fois par mors en épelant et trois fois en lisant, pour rendre les enfants plus attentives à suivre. On observera la même méthode pour l’après-dîner.
La petite classe.
On commence par faire dire la carte de l’alphabet pour apprendre les lettres aux écolières, ensuite on fait rassembler celles qui connaissent toutes leurs lettres, d’après on fait épeler une ligne ou deux à celles qui sont au syllabaire et ensuite on fait la leçon de la conduite pour celles qui sont en état d’y être ; on les fera épeler deux lignes si le temps le permet.
U10T71,211
(p. 207)
Pour les classes de l’école de saint Remi. La grande classe, le matin.
La première leçon générale sera la Civilité, on fera épeler trois fois par mots, ensuite recommencer la leçon, et dire chacune un verset en lisant, puis routes les écolières prendront leurs heures latines, et on dira trois fois par mots en épelant, ensuite recommencer la leçon et dire trois fois par mots en lisant et une fois par verset.
La leçon finie, on donne les papiers pour l’écriture.
Pour l’après-midi.
La leçon générale est l’instruction de la jeunesse, on dira trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon et on dira trois fois par mots en lisant, et une fois par pause en continuant la leçon ; ensuite elles diront chacune un verset de 5 ou 6 lignes suivant la pause et la capacité des enfants. La leçon finie, on fera écrire.
La seconde classe, le matin.
La première leçon générale sera la civilité, on fera épeler à toutes les écolières chacune une ligne, ensuite on recommencera la leçon et elles diront par verset ; puis elles prendront leurs heures latines et on dira trois fois par mots en épelant, ensuite recommencer la leçon et dire trois fois par mots en lisant et une fois par verset. La leçon finie, on donnera les papiers à celles qui commencent à écrire.
(p. 208)
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’Instruction, on commencera par dire trois fois par mots en épelant, ensuite recommencer la leçon, dire trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon ; ensuite elles diront chacune un verset plus ou moins long suivant la capacité des enfants et la prudence de la maîtresse. La leçon finie, on donnera les papiers.
U,0T711212
La troisième classe.
La leçon générale sera l’Instruction, on la commencera par faire épeler deux lignes à chaque écolière, ensuite recommencer la leçon et dire trois fois par mots en épelant, trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon, ensuite elles diront par verset, suivant la capacité des enfants et la prudence de la maîtresse.
La petite classe.
On commencera par la carte de l’alphabet pour apprendre les lettres aux écolières, ensuite on les fait rassembler à celles qui les connaissent toutes ; d’après on fait épeler une ligne ou deux à celles qui sont au syllabaire et ensuite on fait la leçon de la conduite, et on fera épeler une ligne ou deux si le temps le permet et selon la capacité des enfants.
U,0T71,3,1
(p. 209) Pour les classes de l’ école de Saint Jacques. La grande classe, le matin.
La première leçon générale sera la Civilité ; on épellera trois fois par mots, ensuite on recommencera la leçon, et on leur fera dire chacune un verset en lisant ; puis tontes les écolières prendront leurs heures latines et toutes diront trois fois par mots en épelant ; ensuite on recommencera la leçon et on dira trois fois par mots en lisant et chacune un verset en continuant la leçon. Ensuite on donne les papiers pour l’écriture et les faire lire aux registres si le temps le permet.
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’Instruction, toutes les écolières diront trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon, et toutes diront trois fois par mots en lisant ; puis elles diront chacune une fois par pause en continuant la leçon ; ensuite elles diront chacune un verset plus ou moins long suivant la pause et leur capacité. La leçon finie, la maîtresse fait donner les papiers.
La seconde classe, le matin.
La première leçon générale sera la Civilité, on les fera épeler trois fois par mots, ensuite on recommencera la leçon et toutes les écolières diront chacune un verset en lisant ; (p. 210) puis toutes les écolières prendront leurs heures latines et toutes diront trois fois par mots en épelant ; ensuite on recommencera la leçon et on dira trois fois par mots en lisant, et chacune un verset en continuant la leçon. Ensuite on donne les papiers.
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’Instruction, toutes les écolières diront trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon, et toutes diront trois fois par mots en lisant ; puis une fois par pause en continuant la leçon, ensuite elles diront chacune un verset plus ou moins long, suivant la pause, leur capacité et la prudence de la maîtresse. La leçon finie, on donne les papiers pour l’écriture.
U,0T71,3,2 La troisième classe, le matin.
La première leçon générale sera la Civilité ; toutes les écolières épelleront chacune une ligne ou deux, ensuite on recommencera la leçon, et toutes diront chacune un verset plus ou moins long suivant leur capacité et la prudence de la maîtresse ; puis elles prendront leurs heures latines, et diront une ligne en épelant ou trois fois par mots en épelant et ensuite chacune un verset, si le temps le permet.
Pour l’après-midi.
La leçon générale est l’Instruction, toutes les écolières diront chacune une ligne en épelant, ensuite on recommencera la leçon et toutes diront trois fois par mots en épelant, trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant (p. 211) la leçon ; ensuite elles diront chacune un verset plus ou moins long suivant leur capacité et la prudence de la maîtresse.
La quatrième classe.
La leçon générale pour le matin et l’après-midi, est l’Instruction ; toutes les écolières épelleront chacune une ligne, ensuite on recommencera la leçon et elles diront trois fois par mots en épelant, trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon, puis elles diront chacune un verset de 5 ou 6 lignes, suivant leur capacité et la prudence de la maîtresse.
La petite classe.
On commencera par la carte de l’alphabet pour apprendre les lettres aux enfants ; ensuite on les fait rassembler à celles qui les connaissent toutes, d’après on fait épeler chacune une ligne à celles qui sont au syllabaire et ensuite on fait la leçon de la conduite, et on fera épeler une ligne ou deux si le temps le permet et selon le nombre et la capacité des enfants.
U,0T71,4,1
Pour les classes de l’école de Saint Hilaire. La grande classe, le matin.
La première leçon générale sera la Civilité, on épellera trois fois par mors, et ensuite on recommencera la leçon et on leur fera dire chacune un verset en lisant ; puis toutes les écolières prendront leurs heures latines et diront trois fois par mots en épelant, puis on recommencera la leçon et elles diront trois (p. 212) fois par mors en lisant et chacune un verset en continuant la leçon. Ensuite on donne les papiers pour l’ écriture et lire au registre, si le temps le permet.
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’instruction ; toutes les écolières diront trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon et elles diront trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon : puis elles diront chacune un verset de cinq ou six lignes, un peu plus ou moins suivant le point final, et la prudence de la maîtresse. La leçon finie, on donne les papiers.
La seconde classe, le matin.
La première leçon générale sera la Civilité, tontes les écolières épelleront trois fois par mots, ensuite on recommencera la leçon, et toutes diront chacune un verset en lisant : puis elles prendront leurs heures latines, elles diront trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon et on dira trois fois par mots en lisant et chacune un verset en continuant la leçon. La leçon finie, on donne les papiers.
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’instruction ; toutes les écolières diront trois fois par mots en épelant, ensuite on recommencera la leçon et elles diront trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon : puis elles diront chacune un verset de cinq ou six lignes, un peu (p. 213) plus, ou moins, suivant le point final et la prudence de la maîtresse. La leçon finie, on donnera les papiers.
La troisième classe le matin.
La première leçon générale sera la Civilité ; toutes les écolières épelleront chacune une ligne ou deux ; puis on recommencera la leçon et toutes diront chacune un verset plus ou moins long suivant leur capacité et la prudence de la maîtresse ; ensuite elles prendront leurs heures latines et diront chacune une ligne en épelant, ou trois fois par mors en épelant, trois fois par mots en lisant et une fois par verset.
Pour l’après-midi.
La leçon générale sera l’instruction, toutes les écolières épelleront chacune une ligne ; ensuite on recommencera la leçon et toutes diront trois fois par mots en épelant, trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon ; ensuite elles diront chacune un verset plus ou moins long suivant leur capacité et la prudence de la Sœur.
La quatrième classe.
La leçon générale pour le matin et l’après-midi est l’instruction ; toutes les écolières épelleront chacune une ligne, ensuite on recommencera la leçon et elles diront trois fois par mots en épelant, trois fois par mots en lisant et une fois par pause en continuant la leçon, puis elles diront chacune un verset de cinq ou six lignes, suivant leur capacité et la prudence de la Sœur.
La petite classe.
On commencera par la carte de l’alphabet pour apprendre les lettres aux enfants ; ensuite on les fait rassembler à celles qui (p. 214) les connaissent toutes ; d’après on fait épeler chacune une ligne à celles qui sont au syllabaire, puis on fait la leçon de la conduite, et on fera épeler une ligne ou deux si le temps le permet, et suivant le nombre et la capacité des enfants.
U,0T72
Méthode qui se doit observer pour faire l’école en silence.
U,0T72,1
Aussitôt que la prière qui se fait avant l’école sera faite, et que la maîtresse aura observé si les enfants sont assises modestement chacune à sa place, elle fera le signe de la croix, ensuite de quoi l’ officière dira tout haut : Donnons, toutes, notre cœur au bon Dieu" etc. et après que les écolières auront fait leur élévation de cœur à Dieu, la maîtresse dira : "le saint Enfant Jésus soit béni à jamais", ce qui servira pour l’ouverture des livres ; ensuite elle donnera un coup de touche pour servir de signal à l’ officière de commencer la leçon. On donnera pareillement un coup de touche lorsqu’une écolière aura dit suffisamment, pour la faire finir et pour qu’une autre lise.
Lorsqu’une enfant manquera, on donnera deux coups de touche pour l’avertir qu’elle manque, et après l’avoir avertie deux ou trois fois par ce signe, si elle ne comprend point en quoi elle manque, on fera dire le mot à une autre, ou à l’ officière, selon la prudence de la maîtresse et la capacité des enfants ; ou elle en surprendra quelqu’autre (p. 215) à bâtons rompus, et pour cela, elle donnera trois coups de touche pour que chacune la regarde. On fera les mêmes signes lorsqu’on voudra en quelque autre temps surprendre les enfants pour leur mot. La maîtresse prendra garde, de faire reprendre les enfants, et dire les choses qui leur seront nécessaires par l’ officière autant qu’elle pourra et elle ne parlera aux enfants que le moins qu’il lui sera possible, à moins que ce ne soit pour le général et que pour lors elle soit obligée de faire entendre certaines choses aux enfants.
U,0T72,2
Les écolières demeureront assises pour dire leur leçon.
Lorsqu’elles seront obligées de sortir pour quelques nécessités, elles se tiendront debout à leurs places et la maîtresse leur fera signe de sortir ou de se rasseoir selon sa prudence ; si elles avaient besoin de dire un mot à la maîtresse pour demander quelqu’autre chose que les besoins naturels, elles se tiendront aussi debout et lèveront la main en haut, et pour lors la maîtresse les fera venir près d’elle, ou enverra son officière savoir ce qu’elles demandent.
Les maîtresses ne sortiront de leur place que le moins qu’elles pourront, sans cependant souffrir aucun désordre pour cela dans leur classe. Quand on nommera le catalogue, les enfants répondront "me voilà", pour se faire remarquer. Chaque Sœur doit avoir le catalogue de ses enfants.
Les maîtresses obligeront les enfants lorsqu’elles auront manqué à l’école de venir leur dire en arrivant les raisons pourquoi elles y ont manqué et combien de temps, et la maîtresse examinera ces raisons et si elle voit que c’est par sa faute, ou que cela lui arrive souvent, on la renverra appeler sa mère, ou on (p. 216) la corrigera, si elle est coupable, suivant néanmoins la prudence de la Sœur générale ; on fera de même à celles qui viennent ordinairement trop tard.
U,0T72,3
Les maîtresses prendront garde de se conformer l’une à l’autre et de faire épeler les filles de midi et lire par syllabes, à moins qu’elles ne soient capables de lire.
Celles qui ne savent pas lire, on les mettra d’abord au français et on ne les recordera point dans le latin qu’elles ne sachent bien lire dans le français.
Pour les écrivaines tant les filles de midi, que celles de la petite école qui en seront capables, on leur fera faire deux fois la semaine de l’orthographe, savoir le lundi et le mercredi, et l’arithmétique aussi deux fois, le mardi et le vendredi ; et lorsqu’il arrivera des fêtes dans ces jours-là, on avancera ou on retardera, suivant la prudence de la Sœur générale ; en sorte néanmoins qu’on ne fasse pas deux jours de suite le même exercice, et en ce cas on avertira les écolières, afin qu’elles aient ce qui leur sera nécessaire.
Pour les filles de midi, on leur donnera permission de faire des sommes pourvu que cela n’empêche point à les recorder. Tous les vendredis à la prière du soir ou au catéchisme, on prendra un point de l’examen pour l’expliquer aux écolières, sans cependant retarder l’heure de la sortie.
On ne fera faire aucune quête dans la ville, ni dans les écoles de campagne sans la permission de la Supérieure et lorsqu’on l’aura obtenue, on commettra une personne raisonnable et sage pour la faire, et les Sœurs ne s’en mêleront point du tout.
Règle de Vie - 1979 (RV) Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/420 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/421 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/422 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/423 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/424 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/425 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/426 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/427 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/428 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/429 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/430 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/431 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/432 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/433 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/434 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/435 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/436 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/437 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/438 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/439 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/440 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/441 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/442 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/443 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/444 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/445 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/446
- Les Sœurs s’abstiennent de s’occuper, même occasionnellement, d’affaires concernant les biens d’une tierce personne, sauf autorisation expresse de la Supérieure générale.
— Les Sœurs ne peuvent accepter de dépôts appartenant aux personnes du dehors.
- Les Sœurs qui gèrent de petites caisses (cantines, journaux, etc.) soumettent régulièrement leurs comptes à leur supérieure. Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/448 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/449 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/450 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/451 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/452 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/453 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/454 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/455 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/456 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/457 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/458 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/459 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/460 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/461 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/462 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/463 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/464 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/465 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/466 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/467 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/468
IX - Les Supérieures de Communauté
- La Communauté de la Maison-Mère
- Le Conseil de Congrégation
Troisième partie
L’Admission dans la Congrégation et la Formation
L’Admission dans la Congrégation
La Formation
I - Le Postulat
II - Le Noviciat
III - Les Vœux temporaires
IV - Les Vœux perpétuels
V - La Maîtresse des Novices
VI - La Formation continue Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/470 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/471 Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/472 Notre Vicaire pour le diocèse de Rome, ainsi que par beaucoup d’autres de nos Frères dans l’Épiscopat et par de nombreux fidèles, après avoir pris l’avis de la Congrégation pour les Causes des Saints, avec Notre Autorité Apostolique nous permettons que les Vénérables Serviteurs de Dieu Nicolas Roland, Albert Hurtado Cruchaga, Marie Rafols, Petra de Saint-Joseph Pérez Florido et Joséphine Vannini soient désormais appelés Bienheureux et que l’on puisse chaque année célébrer leur fête dans les lieux et de la manière prévus par le droit : Nicolas Roland, le 27 avril ; Albert Hurtado Cruchaga, le 18 août ; Marie Rafols, le 5 novembre ; Petra de Saint-Joseph Pérez Florido, le 16 octobre, et Joséphine Vannini, le 16 octobre. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
C’est ce que nous décrétons par les Présentes et nous voulons que cela soit décidé et établi, maintenant et dorénavant, nonobstant toutes choses contraires. Donné à Rome, près Saint Pierre, et scellé de l’anneau du Pêcheur, le 16 octobre 1994, de Notre Pontificat la 17ème année.
Signé : Cardinal Angelus Sodano, Secrétaire d’État.Table des Matières
- ↑ Au sens religieux, l’économie désigne le plan de salut de Dieu et sa réalisation, tout au long de l’histoire, c’est-à-dire sa venue dans ce monde en la personne de Jésus-Christ pour sauver les hommes. Source : Définition : Économie du salut - Église catholique en France].