Rossignol, beau rossignol

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 270-271).


ROSSIGNOL, BEAU ROSSIGNOL


Rossignol, beau rossignol,
Messager des amoureux,
Va me porter cette lettre
A ma mie qui est seulette
Sur son lit de blancs rideaux.

Le rossignol prend sa volée,
Au château d’amour s’en va
A la porte de la belle
Chanter une chanson nouvelle
Que la belle se réveilla.

Quel est donc ce mai charmant
Qui sur moi lève des chansons ?
Ah ! c’est votre amant, la belle,
Ah ! c’est votre amant fidèle
Qui sur vous lève des chansons.

Si c’est mon amant fidèle
Je voudrais bien lui parler,
Il est là-bas dans ces plaines,
Dans ces jolis champs d’avènes
A chasser le sanglier.


Ce n’est pas le sanglier qu’il chasse,
La belle, ce sont vos amours,
Vos amours, vos avantages,
Votre joli p’tit cœur en gage
A savoir à qui l’aura.

La nourrice qui m’a nourrie
Ne sait pas encore mon nom ;
Je me nomme Blanche Rose,
Fleur d’Épine, Blanche Rose
Fleur d’Épine, c’est mon vrai nom.

Le nom de Blanche Rose me coûte,
Il me coûte bien des tourments ;
Il me coûte, il me redouble
La valeur de cent écus,
Voilà mon honneur perdu.

Cent écus, c’est pas grand’chose,
Voilà mon honneur perdu,
Mon honneur, mon avantage
Mon joli p’tit cœur en gage
A l’ingrat qui l’aura.

(Environs de Lorient.)