L’abbé
Revue des lectures (p. 219-276).

IV

Romans Honnêtes

qui peuvent être lus sans danger par des jeunes gens ou jeunes filles sagement formés.




Vincere in bono malum.

… Alors que lire ? diront des parents soucieux de la vertu de leurs enfants, et harcelés d’ailleurs — heureux parents ! — par des demandes instantes, auxquelles ils voudraient donner satisfaction. Que lire ?

Louis Veuillot, qui pourtant connaissait « Fabiola », et avait écrit « Corbin et d’Aubecourt », inclinait a penser que le roman, sans défaut et catholique, n’existe qu’à l’état de glorieuse exception. Nous ne discutons pas cette affirmation de l’illustre écrivain. Nous constatons seulement avec joie, que l’exception s’est depuis généralisée, et qu’après avoir recherché, parmi les célébrités et les succès, des auteurs et des ouvrages honnêtes et intéressants, personne n’a le droit, en stricte justice, de dresser un procès-verbal de carence.

Il y a, d’abord, ce qu’on appelle les romans honnêtes, ou plus improprement, à mettre entre toutes les mains.

On en a dit beaucoup de mal, comme saint François de Sales parlant des champignons, comme les hygiénistes parlant de l’alcool et du tabac.

Ce sont en effet des romans, c’est-à-dire des œuvres d’imagination, et comme tels, ils peuvent, en stimulant ou en développant démesurément la puissance de la folle du logis, fausser le jugement, amollir le cœur, anesthésier la volonté, « impersonnaliser » la personne tout entière, la désorienter dans la vie, en un mot, occasionner dans le logis même, des désordres dont les moralistes et les prédicateurs ont amplement exposé le détail.

Mais ce sont des romans honnêtes : ils respectent le bon sens, la grammaire et surtout la vertu… Et s’ils n’échappent pas à tous les inconvénients des livres de ce genre, ils offrent, en tant qu’espèces et lus à propos, des avantages nombreux.

Ils constituent pour le moins un salutaire dérivatif. N’est-il pas vrai que dans la vie artificielle du XXe siècle, le goût et la lecture des romans sont devenus comme un élément hypothétiquement nécessaire ? N’est-il pas vrai aussi que leur propagation a pris les proportions d’un déluge, ou au moins d’un torrent ?

Le torrent passe à flots pressés : les meilleurs esprits en sont sinon envahis, du moins éclaboussés ou menacés. Ce serait folie de vouloir l’endiguer : mais n’est-ce pas, pour les pionniers des lettres, un devoir et un honneur de le détourner ou plutôt d’assainir ces eaux fougueuses et fangeuses, par des œuvres exquises, des livres d’amour honnête, des romans moraux ? Ne serait-ce pas un triomphe pour la cause catholique, et une gloire pour les écrivains consciencieux qui se sentent du talent, d’offrir des productions saines à tant de lecteurs qui puisent, faute de mieux, à des sources empoisonnées ?

Grâce à Dieu, des auteurs et des éditeurs l’ont compris. Aux jeunes gens formés, aux personnes chrétiennes qui désirent des romans, ils offrent des livres dont la valeur psychologique, le style et l’intérêt n’ont rien à envier à ceux des autres. Honneur à eux !

Cela ne veut pas dire cependant qu’on puisse donner à tous les jeunes gens, exclusivement et sans aucune mesure, les romans de cette catégorie. Tous les tempéraments ne supportent pas le tabac et le melon ; nous en connaissons de trop peu aguerris et de trop délicats, qui en seraient gravement incommodés.

De plus, la plupart de ces livres renferment des détails ou traitent des questions, qui supposent, surtout chez ceux qui les lisent entre les lignes, non seulement un jugement droit et des intentions pures, mais encore une éducation spéciale, l’éducation de la pureté.

« L’éducation de la pureté ! » C’est le titre d’un livre écrit par un prêtre des plus autorisés[1] et qui devrait être lu, relu par tous les pères et mères de famille.

C’est pour eux, en effet un grand et angoissant problème, de savoir quand, dans quelle mesure et dans quelles conditions, l’enfant, le jeune homme, la jeune fille qui ne savent rien et qui assistent à l’éclosion de l’amour, doivent être instruits des mystères de la vie. Hélas ! beaucoup trouvent la question tellement délicate qu’ils hésitent à l’aborder. Ils laissent aux hasards des circonstances, aux amis pervers, aux scandales de la rue, des spectacles et des lectures, le soin de faire, trop tôt ou trop tard, avec une méthode désastreuse et souvent avec des intentions coupables, une éducation, dont eux-mêmes ont presque exclusivement la charge, dont ils reconnaissent la souveraine importance, et dont ils n’ont pas le courage et la prudence d’entreprendre sa direction.

Qu’ils lisent donc l’ouvrage de M. Fonssagrives, qu’ils pourvoient hardiment, d’après ses données, à l’initiation de leurs enfants ; et au lendemain de leurs premières candeurs, quand cette éducation les aura non seulement « déniaisés », mais instruits et armés ; alors — mais alors seulement — qu’ils leur confient les romans signalés ci-après, ceux que nous leur recommandons dans les deux séries voisines, et même parfois ceux qui sont destinés aux grandes personnes… Ils auront ainsi fait leur devoir ; et ces lectures, dans de telles conditions, n’empêcheront pas leurs jeunes gens et jeunes filles de faire le leur.

On s’étonnera peut-être de voir mentionnés dans cette catégorie certains ouvrages de M. Aigueperse, Z. Fleuriot, Maryan, et autres écrivains genre Rostopchine, qui sont habituellement rangés en bloc, « a priori », et sans réserve, parmi les romans inoffensifs, et donnés à tout venant dans les bibliothèques paroissiales…

Et cependant ?

Les ouvrages de la plupart de ces auteurs sont honnêtes et moraux, souvent même moralisateurs. Ceci est incontestable. Mais leurs récits et leurs leçons conviennent-ils à toutes les conditions, aux esprits ordinaires, aux personnes du peuple, aux braves paysans, comme aux gens plus instruits ou lancés journellement dans le tourbillon mondain ? Ces livres où il est question d’amour, de mariages, de ménages, et qui peuvent être utiles et intéressants pour les grandes personnes ou les jeunes gens qui se préparent immédiatement à leur avenir, le sont-ils également pour les lecteurs moins âgés ? Est-il à propos de confier à des adolescents trop inexpérimentés des livres comme « Les combats de la vie », où une jeune fille trois fois combattue dans ses affections finit, après deux cents… pages d’angoisses, par épouser celui qu’elle aime ? etc., etc. Ne serait-il pas au contraire dangereux de permettre de pareilles lectures à des personnes dont l’imagination neuve et le cœur vierge ont besoin d’être formés, dont la curiosité et les sens ne sont déjà que trop éveillés, dont l’intelligence doit s’appliquer à des choses plus sérieuses, dont la vie doit se passer dans de plus modestes préoccupations, dont les loisirs peuvent être consacrés utilement à des récréations plus saines et même à des exercices d’hygiène ?

Quelle que soit la réponse, — et pour nous elle n’est point douteuse — c’est rendre un réel service aux mères de famille et à tous ceux qui ont l’importante mission de diriger les lectures, que de leur signaler, parmi tant d’œuvres, non seulement celles qui, au point de vue littéraire, sont trop méconnues ou trop louées, mais surtout au point de vue moral, peuvent être ou non, à un certain âge, une occasion de trouble et d’étonnement.

En tout cas, nous avons pensé qu’il y avait dans l’espèce, quelque chose à tenter, et nous avons essayé de fournir, à ce point de vue, d’exactes indications. D’aucuns n’en tiendront pas compte, et « a priori » nous n’oserions les en blâmer. D’autres, moins avertis par ailleurs, les trouveront dignes d’attention et s’en inspireront pour se tracer à eux-mêmes ou suggérer aux leurs une ligne de conduite : nous les félicitons.


Amédée Achard (1814-1875), journaliste, dramatiste, puis romancier. Quoique protestant, il a su donner à ses romans parfois répréhensibles un certain caractère d’honnêteté qui explique leur succès. Nous éliminons Marcelle (malsain) ; La Vipère (roman de possession, peu intéressant) ; Droit au but (fort risqué) ; etc… nous nommons Les trois grâces (mœurs bourgeoises bien décrites) ; Le livre à serrures (émouvant, quelques mots libres) ; Le Journal d’une héritière ; Le clos pommier ; Histoire d’un homme ; L’ombre de Ludovic ; et nous laissons à tous : Histoire de mes amis (les animaux).


Joseph Ageorges, écrivain régionaliste, né en 1878. Les Plaisantes Dictions de Pierre Pilotat, les Contes de mon oncle Paterne sont des recueils de nouvelles berrichonnes. Le Deuil du Clocher renferme, à côté de brefs récits et de descriptions, une longue nouvelle qui montre l’état d'une paroisse concordataire à la veille de la Séparation. Une ou deux scènes un peu passionnées, un mot cru çà et là empêchent seuls ces livres moraux et honnêtes d’être absolument pour tous.


Mlle  Mathilde Aigueperse (Clermont-Ferrand, 1854), écrit surtout pour les jeunes filles, et cherche à leur faire aimer Dieu tout en les distrayant.

Nous citons : La mariée ; Les combats de la vie ; Les Étapes de Simone (une institutrice qui se marie avec le père de ses élèves) ; La Fresnaie… (passionné) ; À dix-huit ans (très bien) ; Les joies du célibat (faire des heureux) ; La route a des épines.

Les jeunes filles toutes candides liront plutôt : Main d’enfant (un peu romanesque tout de même) ; Marguerite ; Kerdelec doit, Kerdelec veut ; Le choix de Maura ; Revanche ; Marquise Sabine ; Grande sœur ; Son cœur et sa tête ; Le mal du pays ; Cœur de jeune fille ; Petite Mouette ; Dernière poupée ; Suzel et sa marraine (lettres gaies, exquises) ; Suzel mariée (étude fine et sérieuse) ; Mona.


Pedro-Antonio d’Alarcon (1833-1891), homme politique, poète et romancier espagnol qu’on a rapproché de notre Balzac.

Il a touché à tous les genres et occupé une place considérable parmi les écrivains de son temps et de son pays. Ses œuvres, traduites en français, ont obtenu un vif succès. Citons : Le tricorne (reproduit dans le Temps en 1877) ; Courtes nouvelles ; Le journal d’un témoin de la guerre d’Afrique (gros succès de librairie) ; Le final de Nonna ; Le scandale (qui fit grand bruit, pas pour la jeunesse) ; La prodigue. L’enfant à la boule, son chef-d’œuvre, convient aux jeunes gens, ainsi que le précédent et peut-être les autres.


Danielle d’Arthez, de son vrai nom Mme  Mathilde Gautier (Tinchebray, 1862), a publié L’angoisse d’aimer (!) et montré, au moins dans Aux jours d’épreuve, qu’elle n’est pas très favorable à l’éducation chrétienne. Ses autres romans : Arlette ; La femme de mon fils ; Lutter pour vivre ; Mlle High-Life ; Les races qui meurent ne sont pas très religieux. Nous les classons ici avec Le roi du blé ; La fin du rêve (le cœur et l’argent) ; Le flot qui monte (l’anarchie et ses remèdes).


Gabriel d’Azambuja (Marseille, 1869), avocat, un des rédacteurs les plus aimés de La Croix (Diégo) rédacteur en chef de La Science sociale.

Comme romancier, il doit figurer en bonne place, parmi les vaillants écrivains qui, faisant de la littérature un apostolat, ont déjà creusé un profond sillon et semé de bon froment pour les âmes… Puissent L’Abdication ; Trois dots ; Entre cousins ; Un chassé-croisé, produire d’abondantes récoltes dans le champ de l’éducation sociale !


Émile Baumann (Lyon, 1868), romancier catholique dont les quelques ouvrages sont tous « informés » de christianisme : L’immolé, histoire d’une âme qui se dégage des passions, les dompte, et après deux chutes, s’élève vers les hauteurs de la vie intérieure ; La fosse aux lions, livre pittoresque et sain qui met en opposition un père vicieux et ivrogne et son fils dévoué aux bonnes œuvres ; Trois villes saintes, récit d’un pèlerinage de l’auteur à Ars en Dombes, à Saint Jacques de Compostelle et au Mont Saint-Michel, pages attachantes et colorées ; Le baptême de Pauline Ardel, histoire d’une conversion religieuse dans une famille d’universitaires libres-penseurs ; La paix du septième jour, roman étrange sur les temps eschatologiques, magnifiques descriptions, idées discutables.


René Bazin, né à Angers en 1853. Membre de l’Académie française. Professeur à la Faculté catholique de droit, il ne quitte sa ville que pour voyager le plus possible et rapporter de ses voyages des croquis corrects, élégants et purs, comme les tableaux des maîtres flamands du XVe siècle : Croquis d’Italie ; Terre d’Espagne ; Italiens d’aujourd’hui ; Sicile ; Croquis de France et d’Orient, etc…

Ses romans déjà nombreux l’ont placé en quelques années au premier rang des artistes et des écrivains chrétiens. Ils n’ont pas éclaté comme des obus ; sans faire de tapage, ils ont suivi leur cours, semblables au fleuve pittoresque, sur les bords duquel ils ont été écrits. Ils ont paru et ils ont plu : car ils valent et ils s’imposent par eux-mêmes.

Ils démontrent victorieusement que le roman peut être réaliste et intéressant, tout en prenant ses inspirations ailleurs que dans les milieux tarés, si chers aux écrivains à la mode. L’exquise fraîcheur du style, la clarté sereine et puissante du langage, le charme des paysages, la saveur des descriptions, l’amour de la terre natale, la finesse des analyses, en font des œuvres littéraires et artistiques de tout premier ordre.

Et pourtant ces pages exquises n’ont rien d’amollissant et de fade. Au contraire. Tout en étant attendrissantes, elles ne sont jamais sentimentales ni maladives : elles parlent au cœur, mais leur langage est si français et si chrétien, qu’on se sent, en les lisant, devenir meilleur et plus fort pour les combats de la vie. Elles sont réalistes, en ce sens qu’elles ont le souci du détail vrai, mais ce réalisme est si heureusement tempéré de poésie et nourri de leçons, que l’âme qui s’alimente à leur contact, si elle se prend à rêver, rêve d’idéal et de vertu.

Rappelons ses ouvrages : Stéphanette (sous le pseudonyme de Bernard Seigny, 1884) ; Ma tante Giron ; Une tache d’encre ; Mme Corentine ; La Sarcelle bleue ; Les Noëllet ; De toute son âme ; La terre qui meurt ; Les Oberlé ; L’âme alsacienne ; Humble amour ; Paul Henry, enseigne de vaisseau (biographie intéressante pour tous) ; Contes de bonne Perrette ; Histoire de 24 sonnettes ; Le guide de l’Empereur ; Récits de la plaine et de la montagne ; Mémoires d’une vieille fille ; Donatienne (pas pour jeunes filles) ; L’isolée (montre dans la personne d’une religieuse sécularisée l’infamie de la loi de proscription, ouvrage hardi que certains ont trouvé choquant et inopportun et que d’autres ont qualifié d’œuvre vengeresse, infiniment utile… aux grandes personnes) ; Le blé qui lève (l’apostolat populaire des jaunes ; scènes ravissantes) ; Le mariage de Mademoiselle Gimel, dactylographe (cinq nouvelles intéressantes) ; La barrière (étude forte, apologétique, pas pour tous jeunes gens) ; La douce France (ouvrage classique ; touchante évocation de nos gloires ; il faut lire ce livre pour comprendre pourquoi la France est appelée douce et pour l’aimer mieux encore) ; Davidée Birot, histoire d’une institutrice communale qui se convertit ; œuvre de vrai apostolat catholique ; notes trop crues pour les jeunes filles ; Gingolph l’abandonné, récit pathétique, tableaux de la vie des pêcheurs boulonnais, tableaux de mer merveilleux ; La closerie de Champdolent, tableaux délicieux de la vie rurale ; histoire d’un ménage désuni, réconcilié par la guerre et par la pratique des devoirs qui gardent l’amour au cœur des époux ; à peu près pour tous ; Les Nouveaux Oberlé, belles envolées patriotiques ; l’Alsace, la Provence, la France !

Comme tant d’écrivains notoires, M. Bazin a collaboré à la guerre et à l’histoire de la guerre : il a vu nos soldats et il s’est senti attiré surtout vers ceux pour qui le visage de la patrie se confond avec la figure d’un champ. Il les a racontés dans Récits du temps de la guerre ; Aujourd’hui et demain ; Pages religieuses.


Le marquis Charles-Albert Costa de Beauregard, (1835-1909), descendant d’une ancienne famille italienne. Membre de l’Académie française.

Outre des ouvrages historiques très sérieusement documentés : La jeunesse du roi Charles-Albert ; Les dernières années du roi Charles-Albert (tous deux pour grandes personnes) ; Mémoires d’un royaliste (sous la Révolution, pour tous) ; Un homme d’autrefois ; etc., il a édité un recueil de récits intitulé Courtes pages, que nous plaçons ici, surtout à cause de l’histoire d’un « vannée » ; Prédestinée (jolie bluette, pour tous) ; Amours de saintes.


'Currer Bell, de son vrai nom Mistress Charlotte Brontë, la plus célèbre des trois sœurs-auteurs de ce nom (1821-1855). Dès sa quinzième année, sa plume commença à courir et elle ne s’arrêta qu’après avoir écrit une masse énorme d’ouvrages, remarquables par la vigueur du style et l’analyse pénétrante du cœur féminin. Jane Eyre ou Mémoires d’une institutrice, qui eut un succès prodigieux ; Shirley ; Villette ; etc., ne doivent être lus cependant qu’avec circonspection.


Thérèse Bentzon, alias Mme  Blanc (1840-1897). Les origines de cette charmante femme de lettres expliquent beaucoup son œuvre. Son père était M. de Salms, ministre de Wurtemberg ; sa mère était française, et sa grand-mère dont elle a repris le nom de Bentzon, était danoise. On retrouve dans les écrits de Mme Blanc le caractère réfléchi qu’elle tenait de l’hérédité allemande, la vivacité française et la douceur septentrionale. Elle a vulgarisé en France les romanciers anglais et américains ; elle a publié dans la Revue des Deux-Mondes de fortes études sociales, des articles de critique des romans.

Les grandes personnes lisent : Les Américaines chez elles ; Choses et gens d’Amérique (très attachant) ; La grande Saulière ; Un remords ; Tony ; Jacqueline (délicieux roman d’amour) ; Double épreuve (recueil intéressant) ; Les Malentendus (d’amour) ; Constance (son chef-d’œuvre ; l’héroïne brise son cœur plutôt que de le donner à un divorcé).

Contes de tous les pays ; Pierre Casse-cou ; Geneviève Delmas ; Yvette (histoire d’une créole) ; Le château de Bois-Vipère ; conviennent à toutes les jeunes filles.


Robert-Hugh Benson (1871-1914), prélat, prédicateur, conférencier et écrivain, frère cadet de deux écrivains également célèbres, fils d’un archevêque anglican de Cantorbéry. Il s’est converti au catholicisme en 1903 : les Confessions d’un converti ont paru en France en 1913.

Il fut sans conteste le premier écrivain catholique anglais, et parmi les romanciers contemporains, il occupa un des premiers rangs.

Les livres de Mgr Benson ont la fraîcheur et la grâce des récits de Bazin ; ils ont de plus la profondeur psychologique des ouvrages de Barrès ; mais ils sont parfois d’une conception fort hardie, et ils renferment d’ordinaire une idylle dans laquelle l’héroïne est présentée avec beaucoup de détails. Aussi quelques-uns d’entre eux, tout en étant d’inspiration profondément catholique, sont susceptibles d’effaroucher certaines âmes.

Son premier roman, Le maître de la terre (tableau original des derniers jours du monde) a passionné le public catholique et soulevé de violentes discussions. Celui qui a suivi, Par quelle autorité, roman historique, est peut-être plus remarquable encore et sûrement moins troublant.

Citons en outre : La vocation de Franck Guiseley, histoire étrange d’un jeune anglais converti qui se fait trimardeur pour ramener au devoir une jeune fille dévoyée (pour adultes) ; Les sentimentalistes, récit d’une cure d’âme (pour tous) ; et trois récits historiques qui conviennent à tous les lecteurs : La tragédie de la reine, évocation de Marie Tudor ; Richard Raynal ermite, vie des ermites au XV ; L’œuvre du roi, Henri VIII ; La nouvelle aurore (imagine le triomphe final du bien, réplique au Maître de la terre).


Lya Berger (Châteauroux, 1877), poète, romancière et critique. Ses recueils de vers, Les pierres sonores et Les effigies, ont obtenu les suffrages des connaisseurs.

Parmi ses romans, L’aiguilleuse, d’inspiration un peu fataliste, ne convient qu’aux adultes ; La voix des frontières, roman patriotique assez intéressant, renferme un passage trop passionné pour être lu par la jeunesse ; La Germania vaincue, décrit les mœurs perverses des Allemands.


Léon Berthaut (Le Havre, 1864), président de la Société des Sauveteurs, voyageur qui connaît à fond la vie des marins, bon évocateur dramatique.

Nous citons parmi ses œuvres : Les grands sauveteurs, publié sous le pseudonyme de Jean de la Hève (pour la jeunesse) ; Phares et bateaux ; Le fantôme de Terre-Neuve (vie des pêcheurs de Terre-Neuve depuis leur embarquement à Saint-Malo, sur de mauvais transports, jusqu’à leur retour (intrigue sentimentale) ; Le pilote n° 10 (héroïsme des pilotes, intrigue d’amour) ; L’absente (roman des capitaines au long cours) ; Le réveil (roman patriotique, absolument neutre) ; Le record du tour du monde (pour tous) ; Honneur et patrie ; Le peuple de la mer ; Les vainqueurs de la mer, histoire générale de la marine.


Élie Berthet (1815-1891), romancier fécond, écrivain médiocre et surtout très peu chrétien. Il excelle à soutenir l’intérêt par des intrigues bien menées et des situations dramatiques.

Systématiquement, il est neutre au point de vue religieux ; occasionnellement, il hérisse ses histoires de tirades inutiles contre la religion et les religieux.

Parmi ses 100 volumes, nous citons pour cette série : La bête du Gévaudan (émouvant, quelques mots contre les moines) ; Le douanier de mer ; Le dernier irlandais ; Le séquestré ; L’étang de Pressigny ; Les Houilleurs de Polignies ; Val d’Andorre ; La mine d’or ; Le sac de la Ramée ; Fleur de Bohême ; L’œil de diamant.

Pour tous : En route pour le Tonkin ; Les naufragés de Marie-Élisabeth ; Louisette de Plougastel.

Pour les enfants : Aventures de Martin Frispoulet ; L’enfant des bois ; La petite Chaillou ; Les petits écoliers ; L’expérience de grand’papa.


William Black, romancier anglais (1841-1898). Ses œuvres ont eu et parfois charmé un public nombreux : elles mettent en scène de braves gens tranquilles, vivant dans des milieux à la Dickens. Nous citons pour cette série : Anna Béresford ; Sabina Zembra.


Henry Bordeaux (Thonon, 1870), critique, écrivain de revues, romancier de talent, fervent admirateur de la tradition, peintre passionné de la nature. Membre de l’Académie française.

Parmi ses œuvres, nous réserverions aux grandes personnes : Vies intimes (l’auteur qui excelle à analyser les sentiments féminins, ouvre la correspondance amoureuse de certaines nobles et gentes dames des trois derniers siècles, nous introduit dans leur logis parfumé et nous fait de la psychologie très fine) ; Amour en fuite (suivi de L’honnête femme et du Paon blanc, trois nouvelles très passionnées) ; La voie sans retour ; Le pays natal ; Le lac noir ; L’écran brisé (et trois autres nouvelles ; bouquet légèrement capiteux) ; Passages romanesques (41 morceaux) ; Les Roquevillaret (la solidarité familiale ou la lutte pour l’honneur à cause des scandales d’un fils ; scènes poignantes) ; Les yeux qui s’ouvrent (les difficultés qui surgissent entre les époux, contre le divorce et l’union libre, leçons utiles) ; La croisée des chemins (belles descriptions d'une faiblesse passagère chez un homme et son retour) ; Jeanne Michelin (recueil, lamentable erreur de jeunesse) ; Le Carnet d’un stagiaire (nouvelles, pages scabreuses) ; La neige sur les pas (l’adultère et son pardon ; glorification de l’idée de famille ; leçons salutaires pour les dévoyés ; malsain pour les âmes vraiment chrétiennes).

Nous permettrions volontiers à d’autres, sauf quelques pages où ils ne doivent pas s’arrêter : La petite-Mademoiselle (elle a été mise en prison pour avoir insulté un agent, lors de l’expulsion des sœurs ; elle veut pour mari un condamné… Un jeune homme arrive enfin à mériter la main qui lui est offerte en se faisant condamner pour avoir sépare deux ivrognes !…) ; La peur de vivre (où l’auteur combat la prétention de trop de jeunes filles qui ne veulent se marier que pour jouir et qui ont peur d’une vie de déplacement, de travail et de sacrifice ; prendre l’édition de 1910 pour familles) ; La maison (œuvre d’apostolat et œuvre d’art, ouvrage remarquable ; pour tous, sauf quelques mots) ; La robe de laine ; Les pierres du foyer, essai, sur l’histoire littéraire de la famille française ; Promenades en Savoie.

Le sympathique romancier est devenu pendant la guerre un de nos chefs. Mais il a continué à écrire pour glorifier la France et la fleur des héros. Et parce que sa pensée était merveilleusement préparée aux hautes inspirations de ces heures tragiques, ses ouvrages sont à la hauteur des exploits qu’ils racontent : La vie héroïque de Guynemer ; La jeunesse nouvelle ; Trois tombes ; La chanson de Vaux-Douaumont (deux volumes).


Henri de Bornier (1825-1901), littérateur et poète, qui a publié des pièces de théâtre en vers (La fille de Roland ; France d’abord) et des romans parmi lesquels on lira : Comment on devient belle ; Le jeu des vertus ; Louise de Vanvert et surtout La lézardière.

Dans son discours de réception à l’Académie, M. Rostand lui a reproché « d’avoir joué d’une flûte exagérément parthénienne et d’avoir composé des ouvrages un peu trop Rostopchine », comme si le respect de la morale constituait pour un écrivain une infériorité… N’est-ce pas plutôt une gloire pour de Bornier, d’avoir pu adresser à sa fille cette strophe touchante :


Jamais, d’une lèvre flétrie
Je n’outrageai, pas même un jour,
La liberté, Dieu, la patrie,
L’art sévère et le chaste amour !


Mme  B. de Buxy, née dans le Jura, en 1863, a témoigné des qualités sérieuses dans des livres que de bons critiques ont discernés, et qui généralement peuvent être lus par tout le monde : Les filles du médecin (très bien) ; Une jeune belle-mère (jeu de tennis et puis… patriotique) ; Le grillon du manoir (jolis détails) ; La vocation de Béatrice (bien observé) ; Mademoiselle ; Le mystère du Froid-Pignon ; La femme du docteur Austin ; Le second mariage (les faux calculs qui amènent le divorce et les malheurs du second mariage) ; La villa du cœur en peine ; M. le maître de Chatelmont ; Noces de neige (souffrances d’une héroïne) ; Veuve de quinze ans (elle croit son mari mort, elle le retrouve) ; Le mari de la veuve (suite du précédent, le mari est réellement mort ! ; etc.) ; La mystérieuse aurore (fort compliqué ; très convenable) ; La marguerite des marguerites (délicieux récit pour les jeunes filles) ; Le lys en otage ; La revanche de Valdérée (mouvementé) ; Le mariage de minuit (ingénieux, compliqué, irréprochable) ; Une prison dorée (fantaisie moins intéressante) ; L’âme captive (n’est pas à conseiller) ; etc…


M. du Campfranc (1846-1908), fille de François-Alfred de Vimont, et mariée à M. Jules Coutance, ancien capitaine d'artillerie. Le berceau de sa famille était le château de Campfranc, près Lisieux ; et c’est du nom de cet antique manoir que notre auteur a fait son pseudonyme…

Nous recueillons au hasard : Toit de chaume (couronné par l’Académie) ; Héroïsme au pays des neiges (la longue et angoissante attente d’une femme, dont le mari est témérairement parti en ballon dans la direction du pôle) ; Rêve de femme ; La dot de Germaine (un des meilleurs) ; Édith (le devoir avant tout) ; Le manuscrit d’Inès ; La mission de Marguerite ; Rêve et réveil ; Les Walbert (patriotique et religieux) ; Le roman d’une sainte (genre Fabiola) ; Sœur Louise ; Exil (récit polonais) ; Un vieil homme de lettres (un des meilleurs) ; Obéissance (femme trompée ; le vice n’est peut-être pas assez puni) ; Une bonne affaire (tout d’azur, mal composé).


Champol, de son vrai nom le comte de Lagrèse, dont tous les ouvrages sont d’un charmeur, d’un psychologue et d’un artiste. Mort en 1918.

Les jeunes filles bien raisonnables liront : L’argent des autres ; Les points noirs ; Le roman d’un égoïste ; Sophie ma plus jeune ; Le vœu d’André ; La lune rousse (charmant) ; Les justes (couronné par l'Académie, magnifique) ; Amour d’antan ; L’heureux Dominique (drôle mais religieux) ; La conquête du bonheur ; L’homme blanc ; Le droit d’aînesse ; Les Fromentier ; La rivale ; Le mari de Simonne (réflexions qui ne sont pas au point surtout sur le mariage) ; Les fleurs d’or ; Les revenantes ; Sœur Alexandrine ; Les demoiselles de Saint-André.

Les sœurs cadettes se plairont certainement à lire : Un coup de patte ; En deux mots ; Mme Melchior ; Noëlle ; Anaïs Evrard ; Le duc Jean ; Cadette de Gascogne ; L’idéal de l’oncle Caillou ; Les deux marquises.

Tous les lecteurs se sentiront, en présence de ces livres sains et fortifiants, saisis de respect pour ce qui est vraiment beau et qui élève l’âme.


Claire de Chandeneux (1836-1881), pseudonyme de Mme  Bailly, née Emma Bérenger, femme et mère d’officiers supérieurs. Ses romans étudiés, bien conduits, intéressants et bien écrits sont surtout consacrés à la vie militaire.

Ceux qu’il ne faut pas confier à des lecteurs trop jeunes sont : Giboulées de la vie ; Le lieutenant de Rancy ; La tache originelle ; Une faiblesse de Minerve ; Sans cœur ; Une fille laide ; Visions d’or ; Les filles du colonel ; L’honneur des Champavaire ; Le mariage du trésorier ; et aussi, quoique avec moins de réserve : L’automne d’une femme ; La croix de Monguerre ; Les deux femmes du major ; La dot réglementaire ; La femme du capitaine Aubépin ; Les ronces des chemins ; Secondes noces ; Souvenirs de Bérénice ; Vaisseaux brûlés ; et ceux qui font partie des deux séries intitulées Les mariages militaires et Les mariages de garnison.

Quant aux autres, nous les classerions volontiers aussi dans cette catégorie.


Gui Chantepleure, de son vrai nom Mme  Edgar Dussap, née Jeanne Viollet (Paris, 1875). Sa plume fertile et délicate a tracé des nouvelles qui sont beaucoup lues : Ma conscience en robe rose ; Le château de la vieillesse (pour tous) ; Fiancée d’avril ; Ruine en fleurs ; Le sphynx blanc ; Âmes féminines ; Mon ami l’oiseau bleu (douze contes délicieux, pour tous) ; L’aventure d’Huguette (une ingénue qui, en rentrant, se trompe d'étage, pénètre chez un romancier et, par suite d’un accident de serrure, se voit obligée de passer la nuit là, dans un fauteuil !) ; Le baiser au clair de lune (superficiel, sentimental) ; La folle histoire de Fridoline (aventure complexe et passionnée) ; Malencontre (trop romanesque et bizarre) ; La Passagère (psychologique) ; Le hasard et l’amour (quatorze nouvelles fort sentimentales).

L’auteur obtient du succès en donnant ainsi à ses productions un frottis de piment. Heureux serons-nous, si elle n’en est jamais grisée, au point de devenir plus troublante qu’elle ne l’est déjà !


Prosper Chazel, pseudonyme de Adolphe Lereboullet (Strasbourg, 1845), parsème ses quelques œuvres de descriptions et analyses sentimentales, jolies comme des fleurs sur un canevas bien apprêté : La haie blanche (trop passionné pour jeunes filles) ; Histoire d’un forestier (pour tous).


Wilkie Collins (1824-1889), dramaturge et romancier anglais, ami de Dickens, dont il a le charme et l'intérêt.

Citons parmi ses œuvres traduites en français : Cache-cache ; C’était écrit ; Les deux destinées ; La femme en blanc (le plus célèbre) ; La fille de Jézabel (peu moral) ; L’hôtel hanté ; Je dis non ; Mlle ou Mme ; La mer glaciale ; La morte vivante ; Pauvre Lucile ; La pierre de lune ; La liste du crime ; Le secret ; qui, à cause de leur intrigue dramatique et compliquée, ne conviennent pas aux jeunes filles ; Mari et femme ; Sans nom ; La nouvelle Madeleine ; qui ne doivent être lus que par des personnes raisonnables.


Le Père Luis Coloma, jésuite espagnol (1851-1917), fils d’un riche avocat de Jerez. Traversa la marine, le droit et la vie mondaine, avant de se consacrer à la vie religieuse. Il ne s’était fait connaître que par de courtes nouvelles, lorsqu’en 1890, il publia dans « Le Messager du Cœur de Jésus », de Bilhao, sous le titre de Bagatelles, un livre dirigé contre les vices du Tout-Madrid, qui souleva des discussions passionnées.


Henri Conscience (1812-1876), écrivain flamand, dont les œuvres ont été traduites en plusieurs langues. Nous croyons que ses nombreux romans ne doivent pas généralement être mis sous les yeux de lecteurs trop jeunes : ils sont moraux et honnêtes, mais ils s’inspirent trop, peut-être, de cette maxime attribuée à G. Sand : « Le premier devoir du roman, c’est d’être romanesque ».


François Coppée, le grand poète, auteur dramatique et conteur. Membre de l’Académie française. Né à Paris en 1842, d’une famille chrétienne, il eut dans son enfance, « la piété sans la foi ». « La crise de l’adolescence et la honte de certains aveux » le jetèrent dans l’indifférence ; il en sortit en 1898, sous l’action de « la Bonne souffrance », et il a vécu courageusement, « dans la prière, et dans la lutte »[2] pour la vérité religieuse et la Patrie française, jusqu’en 1908.

Au point de vue littéraire, il a abordé presque tous les genres :

Ses œuvres poétiques surtout, révèlent des qualités maîtresses de cœur et d’esprit : l’amour des humbles et des fiers, le sens de l’exquis, la bonté et la sincérité. Certaines d’entre elles recèlent malheureusement des fleurs, cueillies dans les « jardins du Tendre », qu’on ne peut pas regarder sans rougir.

Son théâtre compte une douzaine de pièces en vers : Le passant (un acte, guitariste et courtisane) popularisa son nom. Viennent ensuite : Fais ce que dois (patriotique) ; Le Luthier de Crémone ; Les Jacobites ; Severo Torelli ; Pour la couronne (un peu sensuel) ; etc., et autres, qui ne sont pas pour la jeunesse.

En prose, nous signalons, outre ses Contes, etc., qui ne sont pas à lire, La bonne souffrance (série d’articles admirables, édifiants, où l’auteur expose, avec la simplicité et l’humilité d’une âme naturellement chrétienne, les phases douloureuses et consolantes de sa conversion, à lire et à faire lire) ; Contes pour les jours de fêtes (délicieux, inspirés par la foi, la charité et le patriotisme ; à peu près pour tous) ; Souvenirs d’un parisien (pour grandes personnes).

Malgré ses défaillances regrettables, nous plaçons ici, chez les « jeunes », ce sympathique écrivain, parce que ses œuvres saines et son action courageuse, et, malgré tout utile, font de lui, à beaucoup d’égards, un « maître » pour la jeunesse catholique.


Mme  Augustus Craven (1820-1891), née Pauline de la Ferronnays, dont les romans, autrefois publiés par Le Correspondant, sont encore beaucoup lus par la jeunesse féminine… Elle est dans toutes ses œuvres, romanesque, lyrique et un peu exaltée. « L’amour vu à travers ses œuvres, écrit un homme du monde, est un sentiment à la fois désintéressé, affolé d’idéal et comme dématérialisé, dont l’existence offre, à la vérité, fort peu d’exemples et qui n’est pas sans danger ».

Sous le bénéfice de cette observation, nous classons dans cette catégorie, outre ses Biographies : Réminiscence ; Travail d’une âme ; tous ses ouvrages : Anne Séverin ; Éliane ; Fleurange ; Les Valbriant ; Récits d’une sœur ; Le mot de l’énigme ; en notant que ce dernier surtout appelle des réserves.


Camille Debans (1834-1919), a publié des articles de journaux et de nombreux romans : Le baron Jean ; Les drames à toute vapeur ; Histoire de 18 prétendus ; Histoires de tous les diables ; etc…


Charles Deslys (Charles Collinet, dit). Un enfant de Paris, né en 1821. Chercha sa voie un peu à l’aventure, au théâtre où il remplit plusieurs rôles, dans l’histoire où il échoua ; il finit par se fixer dans le roman et la nouvelle, et mourut en 1885, en laissant une cinquantaine de volumes.

Comme Dumas, dont certaine critique a voulu en faire un héritier, il a écrit vite, trop vite même, et il a été en son temps avidement lu. Beaucoup de ses livres sont un peu négligés maintenant, comme tous ceux de la littérature facile : on les trouve pourtant dans certaines bibliothèques, à l’usage des personnes d’un certain âge.

L’héritier de Charlemagne ; Récits de la grève (tableautins normands, couronné par l’Académie) ; Les Buttes Chaumont ; La balle d’Iéna ; Maître Guillaume ; Le canal Saint-Martin ; Courage et dévouement (recueil de nouvelles) ; Grand’Maman ; Loi de Dieu ; La mère aux chats ; sont inoffensifs ou à peu près.

Les bottes vernies de Cendrillon (bluette, sa première œuvre) ; Les compères du roi ; Les 17 ans de Marthe ; L’aveugle de Bagnolet ; La fille à Jacques ; L’oncle Antoine (écrit quelques jours avant sa mort) ; doivent être lus avec circonspection.

Quant à La marchande de plaisirs et autres, ils ne doivent pas figurer dans les bibliothèques de famille.


Charles Dickens (1812-1870). Après une jeunesse besogneuse, il se fit le fils de ses œuvres. Le succès répondit à ses efforts : il acquit bientôt la richesse en même temps que la popularité et devint, par ses livres, l’un des hommes les plus influents de son pays. Sa finesse d’observation, ses peintures de caractères, ses tableaux pleins de vie, sa verve humoristique qui jaillit à chaque ligne, assurent à ses ouvrages une notoriété du meilleur aloi.

Il n’est jamais immoral. Cependant ses romans ne doivent pas être confiés à des lecteurs trop jeunes ; les qualités littéraires qui en font l’intérêt leur échapperaient et les scènes d’amour dont ils sont hérissés, les troubleraient bien inutilement. Nous ne ferions exception que pour les classiques Nicolas Nickleby ; David Copperfield ; Cantiques de Noël (son chef-d’œuvre) ; Le marchand d’antiquités.

Nous citons en outre, parmi les plus belles créations de ce génie anglais : Pickwick ; Olivier Twist ; Barnady Budge ; Le grillon du foyer ; Les carillons ; La bataille de la vie ; Le possédé ; Aventures de Martin Chuzzlewit ; La petite Dorrit. Lire aussi Pages choisies.


Benjamin Disraëli (1801-1884), l’une des plus curieuses figures de l’histoire anglaise au XIXe siècle, fils d’un libraire, littérateur, économiste, diplomate, homme d’État, s’imposa à tout un peuple et fut créé pair avec le titre de comte de Beaconsfield.

Ses romans ne sont guère connus que des « dix milles du high-life » ; on trouve pourtant dans nos bibliothèques catholiques Lothair et Sybil.


Roger Dombre (1859-1914), de son vrai nom Andrée Sisson, a publié une multitude de nouvelles et de romans très attachants, originaux et pétillants d’esprit.

La plupart sont à classer ici : Une pupille gênante ; Les empaillés ; La maison sans fenêtre ; La doctoresse ; Mlle d’Ypres (romanesque, mais noble) ; Frondeuse (enfance et jeunesse d’une) ; Cousine Bas-Bleu ; La perle des belles-mères (un petit chef-d’œuvre) ; La garçonnière ; Un cendrillon nouveau siècle (charmant) ; Au vert ; La fille de l’anarchiste (belle donnée d’un dévouement héroïque) ; La petite don Quichotte ; Ma petite belle-sœur ; Mariage d’ours ; L’homme debout ; Cousine sans gêne ; Brimborion ; etc…

L’arche de Noé ; La bonne d’enfants ; Un chien au couvent ; L’homme du phare ; Isola ; L’enfant à la Louve ; etc., conviennent même aux enfants.


Mario Donal, cache le nom de Marie Chambon et recommande à la sympathie des lecteurs quelques bons petits livres : Le chemin de la foi ; La princesse Mystère ; Rancune ; Terre promise ; La belle et la bête.


Lucien Donel, pseudonyme de M. Lucien Jouve (1850-1919), aumônier du lycée de Châteauroux.

Il fit ses premières armes au Musée des Familles, à l’époque où Henri de Bornier, Eugène Muller et Willy y tenaient si brillamment les premières places. Deux livres de nouvelles (Devant l’âtre ; Corniche) en sortirent, qui furent suivis de quelques romans : L’augure (contre les mariages consanguins) ; Par les sentes et les rives ; Le chardon bleu (magnifiques descriptions, sentiments réconfortants) ; Pilleurs d’amour (une jeune fille mariée à un aventurier diplômé et outrageusement délaissée).


Conan Doyle (Édimbourg, 1859), médecin et écrivain, qui a parcouru les mers arctiques, l’Afrique et l’Asie. Ses romans de policiers et de cambrioleurs où revient l’extraordinaire Sherlock Holmes (39 volumes), ont soulevé le plus vif enthousiasme chez les anglo-saxons. Ces aventures sensationnelles, curieuses plutôt que tragiques, ont été représentées au théâtre en 1907 : elles ont, paraît-il, « intéressé doublement le public et infiniment la caisse ». À la lecture, elles finissent par être monotones. Comme portée sociale, elles valent Gaboriau et Polichinelle.

Mettons à part pour les adultes : Un duo, histoire amoureuse et chaste d’un ménage bourgeois. Et pour tous : Les exploits du colonel Gérard ; Le drame du Korosko ; La marque des quatre ; Le chien de Baskerville ; Un crime étrange ; La grande ombre ; L’homme à la lèvre retroussée ; Le million de l’héritière ; Les réfugiés ; Le capitaine de « l’Étoile polaire ».


Paul Droz, fils de Gustave, le conteur. Ses Lettres d’un dragon sont un modèle du genre et peuvent procurer une saine récréation aux jeunes gens.


Henri Druon (Le Cateau-Cambrésis, 1859), bon écrivain dont nous citons, outre L’histoire de l’éducation des princes de la maison des Bourbons de France (ouvrage de grande valeur historique) ; deux romans intéressants : La jeunesse du Doyen ; Michel Roschine.


Adrienne Duhamel, de son vrai nom Madame Rogron, succéda à Mlle Thérèse-Alphonse Karr dans la direction du Conseiller des familles. Elle y publia de gentilles nouvelles et collabora entre temps à plusieurs périodiques estimés… Elle n’a repris sa plume alerte, fine et gracieuse que depuis quelques années et nous a enrichis de quelques romans psychologiques : Irréparable faute ; Le choix de Suzanne.


Roger Duguet, journaliste, romancier au talent souple et vigoureux. La Folie-Mauroy, description un peu troublante d’un ménage troublé, n’est plus dans le commerce. Après l’option ; La pauvre paroisse ; Jean Chouan ; L’amazone blanche ; Au drapeau, sont littéraires et très intéressants.


Georges Eliot (1819-1880), pseudonyme de Mme  J.-W. Cross, née Anne Evans, romancière anglaise. Elle s’est placée au premier rang des écrivains de son pays ; en France où elle jouit d’une notoriété méritée, on l’a rapprochée de Bourget, de Conscience, de G. Sand.

Adam Bède (son chef-d’œuvre, histoire d’un charpentier) ; La conversion de Jeanne (roman prêcheur, peu intéressant) ; Le moulin sur la Floss (mœurs champêtres) ; Scènes de la vie du Clergé ; Silas Marner (histoire intéressante d’un tisserand) ; Les tribulations du Révérend Barton sont délicieux à lire. Malgré leurs idées positivistes empruntées à Strauss et Stuart Mill, malgré ce que l’ignorance de Jésus-Christ laisse d’inachevé dans son évangile de bonté, ils peuvent être mis en bonne place dans les bibliothèques des gens du monde. Ce sont des tableaux d’une vérité saisissante et finis comme les peintures de Memling.

Les Pages choisies, ne sont pas pour les tout jeunes gens, à cause de quelques passages.


Erckmann-Chatrian, nom de deux auteurs qui collaborèrent jusqu’en 1889. Le premier a vécu de 1822 à 1899, et le second de 1826 à 1890. Ils se sont rendus célèbres par des nouvelles champêtres, des romans de mœurs et surtout des romans historiques et poétiques, qui ont pour but de dramatiser les maux de la guerre.

Nous citons parmi les plus populaires : L’ami Fritz (idylle alsacienne, passages déistes) ; Histoire d’un conscrit de 1813 ; Waterloo (suite du précédent, tous deux presque irréprochables) ; Histoire d’un homme du peuple (pas de foi, impression plutôt fâcheuse) ; Le banni (un seul trait contre la religion) ; Contes vosgiens ; Maître Daniel Roch ; Juif Polonais ; Mme Thérèse (thèse en faveur des Droits de l’homme et de la République sociale) ; Le blocus ; L’invasion ; Contes fantastiques (14 récits dont plusieurs sont peu réservés) ; Contes d’un joueur de clarinette (trois contes, peintures dégoûtantes, propos égrillards) ; Maître Gaspard Six (mauvais) ; Les deux frères (préjugés antireligieux).

Les œuvres d’Erckman-Chatrian ont été sévèrement jugées par certains critiques ; elles sont intéressantes, quoique peu littéraires ; mais elles sont traversées d’idées démagogiques, antimilitaristes, et parfois anticatholiques, et de ce fait, elles ont pu exercer, chez les nombreux lecteurs des bibliothèques scolaires et publiques, une fâcheuse influence… Aussi, ne doivent-elles être lues par les jeunes gens qu’avec une extrême réserve.


Victor Favet, un apôtre qui met son beau talent d’écrivain au service de sa foi religieuse. Deux romans : Mieux que l’amour ; Et puis après ? Le premier montre qu’au-dessus de l’amour, il y a le devoir et la soumission à la loi divine ; le second met en lumière l’impuissance du bonheur humain à satisfaire une âme faite pour l’infini. Tous deux sont pleins d’entrain et de naturel ; ils intéresserons les lecteurs qui connaissent la vie.


Gabriel Ferry (Louis de Bellemare, connu sous le nom de), littérateur et voyageur français, né en 1809, mort dans une expédition maritime en 1852. Fils d’un négociant, il passa sept ans au Mexique.

Ses huit volumes : Costal l’indien ; Le coureur des bois ; La clairière du bois des Hogues ; Scènes de la vie sauvage ; Scènes de la vie militaire au Mexique ; Les exploits de Martin Robert ; Les aventures du capitaine Ruperto Castanos au Mexique ; Les étapes de Rameau ; etc., constituent une épopée du désert, attachante au plus haut point, mais que les mères ne peuvent lire devant toutes leurs filles, en raison surtout des préjugés antireligieux de l’auteur.


Paul Féval, né à Rennes, en 1817, mort en 1887. Parti pour Paris à l’insu de ses parents, dès l’âge de 20 ans, il se signala à l’admiration du public par Le loup blanc et surtout Les mystères de Londres. Depuis il composa avec une facilité qui tenait du miracle, une foule de romans, dont plusieurs, tel Le Bossu, portés à la scène, se jouent encore aujourd’hui. Converti en 1876, à la suite de revers de fortune et sous l’influence de sa femme, il racheta à ses éditeurs ses 200 ouvrages et eut le courage de les corriger, pour en faire des éditions catholiques. Malgré ces retouches, des négligences de style et certains défauts de composition, ses récits bretons et ses grands feuilletons qui se distinguent par une imagination exubérante, une sensibilité vibrante et la maëstria de la mise en œuvre, restent au premier rang des romans chrétiens.

Il y en a pourtant qui, n’ayant pas été corrigés, sont bannis des bibliothèques chrétiennes. Citons : Les amours de Paris ; Aimée ; Annette Laïs ; Bouche de fer ; Les deux femmes du roi ; Le drame de la jeunesse ; Le fils du diable ; Le secret des habits noirs, en trois parties ; Jean Diable ; Le jeu de la mort ; Mme Gil Blas ; Les mystères de Londres ; Amourette et Marie (La province à Paris) ; Le roman de minuit ; La tache rouge ; Le volontaire ; La fabrique de crimes ; La cosaque ; Les belles de nuit ; La chambre des amours ; Le mari embaumé ; La pécheresse ; en un mot tous ceux qui font partie de la collection Dentu, Fayard ; etc…

Il en est quelques-uns qui ne conviennent qu’aux personnes d’âge raisonnable, tels que : Le Bossu ou le Petit Parisien ; Le capitaine fantôme ; Les filles de Cabanil (suite du précédent) ; Talavera la Reine ; Contes bretons.

On peut ranger dans cette catégorie et mettre entre toutes les mains la pluralité des 45 volumes expurgés par l’auteur et publiés par la librairie catholique Palmé et repris par Ollendorff : La belle étoile ; Le capitaine Simon ; La fille de l’émigré (contre le duel, point de départ un peu scabreux) ; La chasse au roi ; La cavalière (2 volumes) ; Le château de velours ; Château pauvre ; Le chevalier de Kéramour ; Le chevalier Ténèbre ; Chouans et bleus ; Les compagnons du silence ; Le prince Coriolani (2 volumes) ; Contes de Bretagne ; Corbeille d’histoires ; Les couteaux d’or ; Le dernier chevalier ; Les errants de nuit ; Les Étapes d’une conversion (4 ties : La mort d’un père ; Pierre Blot ; La première communion ; Le coup de grâce) ; Les fanfarons du roi ; La fée des grèves ; La fille du Juif-errant ; Fontaine aux perles ; Frère Tranquille (même texte que La Duchesse de Nemours) ; L’homme de fer (suite de La Fée des grèves) ; L’homme du gaz ; Jésuites ; Le loup blanc ; La louve ; Le mendiant noir ; L’oncle Louis (2 volumes) ; Les parvenus ; Le poisson d’or ; La première aventure de Corentin Quimper ; La quittance de minuit (2 parties : L’héritière ; La galerie du géant) ; Le régiment des géants ; La reine des épées ; Roger Bontemps, histoire d’un notaire et d’une tonne de poudre d’or ; Rollan Pied-de-fer ; Une histoire de revenants ; Valentine de Rohan ; Veillées de famille. Et de plus : Anne des Iles ; La Châtelaine de Berthor ; Les dernières fées ; Les merveilles du Mont Saint-Michel (magnifique) ; Le chevalier de Kéramour ; Romans enfantins (trois nouvelles) ; Douze femmes ; Pas de divorce, réponse à M. Alexandre Dumas.


Paul Féval, fils, né en 1860, a publié une quantité d’ouvrages, qui, au point de vue catholique, sont plutôt inquiétants.

Parmi ceux que tout le monde peut lire : Le dernier Laird ; La dette de l’orpheline ; L’écusson de Kergolack ; Le crime du juge ; La trombe de fer (un des meilleurs) ; La providence des camps ; La fiancée du corsaire ; L’invention maudite (la poudre) ; etc…


Zenaïde Fleuriot, née à Saint-Brieuc en 1829, morte en 1890. Ses quatre-vingt-trois ouvrages, pleins de finesse et d’entrain, sont toujours beaucoup lus, surtout par les jeunes filles. « L’Ami du Clergé » a fait observer justement que, si cette romancière avait été immorale comme G. Sand, elle eût été célébrée comme une femme de génie ; mais elle fut chrétienne, et la réclame, presque exclusivement faite par des hérauts boulevardiers, l’a ignorée et laissé ignorer.

Nous citons parmi ses œuvres, celles qui, tout en étant très morales, conviennent surtout à cette catégorie : Ce pauvre vieux ; Marga (suite du précédent) : Le chemin et le but ; La Glorieuse ; Bengale ; Marquise et pécheur ; Notre passé ; Une parisienne sous la foudre (un des meilleurs) ; Yvonne Coëtmarvan (pour personnes instruites) ; Une année de la vie d’une femme ; Une chaîne invisible.

À noter qu’un certain nombre de ses livres renferment des descriptions de fêtes mondaines, dont l’abondance et l’éclat pourraient inquiéter des personnes peu instruites et les gens de la campagne.


Mary Floran, pseudonyme d'une dame distinguée, née à Abbeville, où son père était magistrat, femme auteur, qui fait preuve, dans toutes ses œuvres, d’un talent vraiment littéraire, nourri d’intentions bienfaisantes. Ses romans de sentiment sont beaucoup lus :

Chimères (publié par le Correspondant) ; Daniel Leva ; Un an d’épreuve (couronné par l’Académie) ; L’institutrice des Chantepot ; La destinée de Jacques ; Bonheur méconnu ; Carmenecte ; La faim et la soif ; Le mariage de Clément ; Adoptée ; Orgueil vaincu (couronné par l’Académie) ; Dernière cartouche ; Le plus riche ; Tentation mortelle ; Maman Cendrillon ; Héritier ; Mademoiselle Millions ; Éternel sourire (d’une femme sentimentale qui aime un officier et qui s’est résignée à épouser un homme sot et grossier) ; Cousins germains (ils croient l’être et ils s’aiment ; ils découvrent enfin, qu’ils ne le sont pas) ; Femmes de lettres (récit agréable) ; Coupables ? (dans La Croix du Dimanche) ; Mystérieux dessein (romanesque) ; Lequel l’aimait ? (romanesque, délicieux) ; En secret ; L’ennemi ; Meurtrie par la vie.

Nous citons pour les enfants : Sœur jumelle ; Revanche de Marthe.


Charles Foley, né en 1861, écrivain de race qui a attiré l’attention sur son nom, par ses nouvelles et critiques, publiées dans l’Écho de Paris.

Ses romans : Fleur d’ombre (histoire d’un roi d’outremer qui ne délaisse pas tout à fait l’humble fleur qu’il cultive à Paris) ; Risque-tout ; La course au mariage ; Tuteur ; L’anneau fatal ; Bonheur conquis ; La demoiselle blanche ; On tue dans l’ombre ; Le Petit Décaméron ; La dame aux millions ; Amants ou fiancés ; L’arriviste amoureux ; La vie sentimentale, jolies âmes ; sont trop teintés de réalisme ou de gauloiserie pour être recommandés à tous ; ils sont cependant très agréables à lire.

Nous ne recommandons ici que Un trésor dans les ruines (duo d’amour, argent ; roman gai) ; Fiancée de printemps (idylle très chaude) ; Guilleri-Guilloré (pittoresque, délicieux) ; Vendée (pages tragiques et touchantes, recueil de vingt-deux nouvelles) ; Le roi des neiges (La Scandinavie au XVe siècle) ; Cœur de roi (Hermine) ; Les mauvais gars (honnête) ; L’écrasement (beau roman du dévouement) ; Jean des Brumes (épisode de l’histoire des Chouans, pour tous) ; Kowa la mystérieuse (captivant, pas pour jeunes filles) ; Histoire de la reine de Bohême et de ses sept châteaux (fantastique) ; Un roi de Prusse, voleur de géants (Frédéric II) ; Sylvette et son blessé (joli roman d’amour) ; Le roman d’un soldat.


Victor Fournel (1829-1894), écrivain catholique et fin lettré, partagea son esprit entre les travaux d’érudition et de critique, et des œuvres d’imagination. Nous mentionnons ici : L’ancêtre (critique de la société actuelle) ; La confession d’un père (captivant, sans intrigue amoureuse).

Au pays du Soleil ; Vacances d’un touriste (voyages en Espagne, en Italie, en Égypte, charmant) ; Vacances d’un journaliste ; Voyage hors de ma chambre ( Danemark, Suède, Hollande) ; Les cris de Paris ; peuvent être lus par tous. Maman Capitaine produirait plutôt une impression fâcheuse.


Roger des Fourniels, né en 1851. Un écrivain qui a conscience de la mission qu’il remplit. Parmi ses œuvres, nous réserverions pour les grandes personnes : Les microbes ; La tâche sanglante ; nous plaçons ici : Le gros lot ; Cœur de père ; Floréal (roman social) ; Le cas de M. Troubat ; Fin de race ; et nous offrons aux plus jeunes : L’homme au manteau noir, les autres romans édités chez Gautier, et les Aventures de Bradizeck.


Jeanne France, de son véritable nom Mme  Gabrielle Gomien, née en 1848, directrice de France Semeuse.

Parmi ses 60 volumes un peu hâtifs, généralement honnêtes, romans, nouvelles, pièces de théâtre, signalons seulement quelques-uns de ceux que l’auteur destine à la jeunesse : Pour être riche (vise à effrayer les jeunes filles qui veulent avant tout un mari riche) ; Un héros de 16 ans ; Une française ; Le mystère d’un vieux château.


Gustave Freytag (1816-1895). Romancier et auteur dramatique allemand, il fut l’interprète et l’oracle le plus autorisé de la bourgeoisie de son pays. On lira de lui, le roman Doit et avoir, en trois volumes.


Paul de Garros (Châteauneuf-sur-Cher, 1867), feuilletoniste dont la plupart des œuvres sont honnêtes ; Le secret de la mendiante ; La revanche de l’honneur ; L’orgueil d’une mère ; L’héritage de Thouarec ; Une d’elles (peu intéressant) ; La plus heureuse ; etc…


Mistress Gaskell (1810-1865), romancière anglaise,. fille et femme de pasteur. Les jeunes gens pourront lire, malgré leur âpreté : Amour du Sofa ; Nord et Sud ; Cronford ; Mary Barton (ce dernier avec précaution).


Charles Géniaux, né à Rennes en 1873, écrivain puissant et vigoureux qui, à la faveur d’une histoire, évoque des drames collectifs, des conflits de race ou d’idées, ou des états moraux.

Il obtint le prix national de littérature pour L’homme de peine. Prenant alors conscience de ses forces, il publia L’océan qui est bien près d’être un chef-d’œuvre (histoire vécue, terrible et héroïque ; large fresque, œuvre de poète sur la mer et la Bretagne, passages réalistes) ; Les patriciennes de la mer (descriptions très belles des grèves bretonnes et de leurs habitants ; pas pour tous) ; La Bretagne vivante (reconstitution remarquable) ; Un corsaire de treize ans (pour la jeunesse).

Outre ces ouvrages sur la mer et les marins, il a publié notamment : Les deux châtelaines (honnête et intéressant) ; Le choc des races (en Tunisie ; éclaire les obstacles que rencontrent les colons ignorant les mœurs du pays ; passages un peu hardis) ; Le roman d’un gentilhomme (pour tous) ; Notre petit gourbi (gentille histoire d’amour, pour tous) ; Les fiancés de 1914 (touchante idylle, morale) ; La passion d’Armelle Louanais ; La famille Messal.


Mme  de Girardin (1804-1855), née Delphine Gay, grande dame du monde, qui fut traitée en reine par les écrivains de son époque. Ses poésies, ses œuvres dramatiques et ses romans : Le lorgnon ; La canne de M. de Balzac ; Il ne faut pas jouer avec la douleur ; Contes d’une vieille fille à ses neveux sont plutôt des « jongleries de virtuoses » que des présents… royaux. Nous ne les recommandons pas.


André Godard (Angers, 1865), romancier à la mode qui s’est converti il y a quelques années. Outre In memoriam et Le positivisme chrétien (histoire de son âme, de ses préjugés scientifiques et de sa conversion), La vérité religieuse (suite du précédent), livres d’apologétique très serrés et très originaux, nous citons : Chantegrolle ; Brigandes (synthèse vendéenne, couronné par l’Academie) ; Routes d’Arles, livre de légendes et de descriptions séduisantes ; Le tocsin national (belles pages sur la guerre de Vendée) ; Vers plus de joie (roman gai de la société future, quelques détails un peu libres) ; Les Madones comtadines.


Pierre Gourdon, né en 1869, écrivain de l’Anjou. Il a dans Vers la haine, vigoureusement démontré l’influence démoralisatrice de l’école laïque. À la dérive et Le prix d’une âme sont deux œuvres fortes et intéressantes.

Les plus récemment parues ne leur sont certes pas inférieures : Les Courtagré, vrai poème familial, excellent ; Bernard de Fiée, romanesque, populaire, tout fleuri des plus nobles sentiments ; Au vieux pays, voyage de deux petits landais à travers la France, livre charmant et bien inspiré, pour tous ; La réfugiée.


Henry Gréville, de son vrai nom Mme  Durand, née Alice Fleury (1842-1902). Elle vécut de longues années en Russie, où son père s’était réfugié après le coup d’État de 1852 ; rentrée en France en 1872, elle se mit à écrire une quantité de livres, y épuisa sa santé et mourut à Boulogne-sur-Mer en 1902.

Tous ses romans s’attachent surtout à plaire et à amuser ; sans avoir de très hautes qualités, ils ont eu et ils ont encore grand succès auprès des jeunes filles et des jeunes femmes dont l’auteur est le Georges Ohnet et qu’elle appelle « ses amies » ; la saveur russe qui les relève, les aimables choses qui y abondent, la facilité du style, font de quelques-uns d’entre eux — nous ne disons pas tous — de bons livres pour les bibliothèques de famille.

À bannir comme inférieurs, amoraux ou immoraux : La Maison de Maurèze ; Suzanne Normis (histoire d’adultère, réflexions antireligieuses) ; Lucie Rodey (thèse tendant à justifier le divorce) ; Mme de Dreux (d’une moralité suspecte) ; Les degrés de l’échelle (inférieur) ; La fiancée de Sylvie (très scabreux) ; Trahison (immoral ou à peu près) ; Louis Cléopâtre (inférieur) ; Le mors aux dents (immoralités, indécences) ; Un crime (détails répugnants) ; Nickanor (mal édifiant) ; Chénerol (a bien l’air d’être favorable au divorce) ; Mlle de Puygarou (très leste).

À permettre aux grandes personnes : À travers champs (amis, ils sentent l’amour et se séparent) ; Nouvelles russes (quelques-unes très choquantes) ; Un violon russe (longueurs, quelques réflexions contre la Providence et le Saint-Esprit) ; Rose Rozier (triste ménage) ; Clairefontaine (paysanneries, situations lestes); L’ingénue (brise le cœur d’un employé, mais est domptée par un autre) ; Folle avoine (alambiqué, peu intéressant) ; Les ormes (l’amitié entre homme et femme peut exister sans les faiblesses de la chair) ; Franskley (quelconque, plutôt froid et fade) ; Chant de noces ; Louk-Loukitch (peu édifiant, dramatique) ; Un mystère (très intéressant) ; Péril (très passionné et périlleux) ; Vieux ménage (mondain, soigné) ; Zobie (scabreux, honnêtement traité) ; Mamselka (bien conté) ; L’aveu (intéressant) ; L’amie (très passionné) ; Le comte Xavier ; La seconde mère (très intéressant) ; Marier sa fille.

À ranger dans cette catégorie, pour les jeunes filles qui ont d’autres amies plus édifiantes : Les Koumiassine (pauvre jeune fille noble, victime de l’orgueil aristocratique) ; Les mariages de Philomène (tableaux normands) ; Idylles ; L’avenir d’Aline (une mère qui se sacrifie pour sa fille) ; Fidelka ; Le fil d’or (histoires quelconques) ; Bonne Marie ; Angèle ; Comédie de Paravent ; L’héritière ; La princesse Oghéroff ; Aurette ; Céphise (excellent, mais pas religieux) ; Le cœur de Louise ; Dosia (une jeune fille indisciplinée, domptée par un chaste amour) ; L’expiation de Saveli (un des plus remarquables) ; Niania (très honnête) ; L’héritage de Xénie (une Antigone russe, très bien) ; Breuil (glorification du patriotisme) ; Le moulin Frappier ; La fille de Diosa ; Jolie propriété à vendre ; Petite princesse ; Perdue ; Le vœu de Nadia ; Le mari d’Aurette.

L’instruction morale et civique des jeunes filles est à l’Index. (Décret du 15 décembre 1882).


Henri Guerlin (Tours, 1867), ancien élève de l’École des Chartes, a publié, outre des œuvres documentaires (L’épopée de César ; Nos origines nationales ; Au pays de la prière), des récits de voyages et des romans pittoresques, colorés et vivants, parmi lesquels nous mentionnons ici pour les personnes d’âge raisonnable : L’inutile révolte (contre l’internationalisme) ; Le baiser de la déesse (l’aventure d’amour de Bonaparte avec Mme Fourès en Égypte et en Syrie) ; La petite patricienne (historique et chrétien ; peintures très vives ; scènes d’amour, de haine et de sang sous Domitien) ; Damaris l’athénienne (publié d’abord sous le titre À l’ombre de l’acropole, pour tous).


Mme  Nelly Hager (1846-1917), fut institutrice en Russie et visita une partie de l’Europe, en compagnie de la famille de son élève. Ses romans patriotiques (La fiancée du Rhin ; Le drapeau de Valmy ; Française ; Branche de Verveine ; Étienne Andriel ; Le fils de la mer) sont généralement honnêtes. Nous ne connaissons pas les autres.


Rider Haggard, né en 1856, ancien fonctionnaire aux colonies africaines, romancier à l’imagination brillante et fantastique, qui fut comparé à Jules Verne. Nous croyons savoir que toutes ses œuvres ne sont pas également irréprochables au point de vue moral et nous ne citons ici que Découverte des mines du roi Salamon (roman d’aventures empoignant) ; Béatrice (une femme qui se tue par amour, récit émouvant).


Paul Harel, poète et romancier, né en 1854, à Échauffour (Orne), où il continue de tenir une auberge de famille. Gorgeansac (pour tous) ; Demi-sang (histoire d’amour, honnête et bien présentée) ; Madame de la Galaisière (paysages normands, intrigue trop passionnée pour la jeunesse) ; Hobereaux et villageois (recueil de contes, pas pour tous) ; À l’enseigne du grand Saint-André (nouvelles, pour tous) ; Souvenirs d’auberge (id.).


Ernest Hello (1828-1885), écrivain et chrétien original dont l’œuvre paraît difficile à apprécier. Louis Veuillot l’a exalté à l’extrême ; beaucoup l’ont déclaré incompréhensible ; certains critiques d’aujourd’hui l’ont remis en faveur et l’ont classé parmi les plus puissants penseurs et les grands écrivains du siècle dernier. Qu’on lise ses Contes extraordinaires et ses ouvrages de philosophie, et qu’on essaie de se prononcer !

Sa femme, née en 1823, connue sous le pseudonyme de Jean Lander a publié des récits moins bizarres, ou, si l’on veut, moins sublimes : Marguerites en fleurs ; etc.


Charles de Ricault d’Héricault (1823-1899), historien, paléographe, critique littéraire, romancier et vaillant chrétien.

Tous ses romans historiques sont vigoureusement écrits et assez savamment documentés. Thermidor (La Révolution à Paris, en deux parties : Marie-Thérèse et Dame Rose) ; Les cousins de Normandie (La Révolution en province) ; La fille de Notre-Dame ; La fiancée de la Fontenelle ; Histoire nationale des Naufrages ; doivent être classés ici, tandis que En 1792 ; Les aventures de deux parisiennes ; Une reine de théâtre et surtout Les noces d’un Jacobin ; Les aventures d’un diplomate, ne doivent être donnés qu’avec circonspection.

Le respectable historien se révèle intéressant humoriste dans La comédie des champs ; Une veuve millionnaire ; Liévin Liévinette ; Mlle Sous-Pliocène que nous plaçons ici ; dans La fille aux bluets, Le roman d’une propriétaire, Une reine sauvage et Fou d’amour que nous laissons plutôt aux grandes personnes.


Fernand Hue (1847-1895), ancien chasseur d’Afrique, entra assez tard dans la littérature et commença une série de romans, récits, études, qui révèle un aimable narrateur au talent modeste, mais soutenu : Les voleurs de locomotives (épisode de la guerre de Sécession) ; Autour du monde en pousse-pousse ; 500.000 dollars de récompense ; Les Françaises en 1870 ; Le capitaine Frappe d’abord ; Les coureurs de frontières ; Les bouchers bleus ; Méconnue ; Marthe Bresson ; La petite Mionnette ; et Le Congo ; Le torpilleur n° 127 ; Le testament de M. Maliraux ; Les deux Marraines, publiés sous le pseudonyme de Paul Blaise.


Maxime Juillet, de son vrai nom Alphonse Poirier, ancien directeur de l’Anjou, mort en 1903. Ses productions auxquelles A. de Pontmartin décernait tant d’éloges, sont l’œuvre d’un conteur toujours agréable et honnête : L’aveu suprême ; Pour lire en train express ; La nuit du crime (sensationnel) ; Châtiment.


Mlle Isabelle Kaiser, poète et romancière, née à Zug (Suisse) en 1866. Ses œuvres ont eu un grand retentissement. Ses romans s’intitulent : Cœur de femme ; Notre Père qui êtes aux cieux ; Vive le roi ; Sorcière (épopée en prose, son chef-d’œuvre, pas pour jeunes filles) ; L’éclair dans la voile (recueil de nouvelles) ; Héro ; Marcienne de Flue ; La vierge du lac (histoire de vendetta) ; Le vent des cimes (nouvelles choquantes).


Jean de la Brète, de son vrai nom Mlle  Alice Cherbonnel. Si l’admiration banale ne vulgarisait pas trop souvent le mot de chef-d’œuvre, nous l’appliquerions volontiers aux études distinguées de ce spirituel auteur, ou au moins à son ouvrage le plus connu des lecteurs chrétiens, Mon oncle et mon curé (genre abbé Constantin). Nous le classons ici avec Badinage (où l’on plaisante sur tout) ; Le comte de Palène ; Conte bleu.

Ces quatre ouvrages sont plus prudes que L’Imagination fait le reste ; La solution (histoire d’une mondaine qui ne trouve la solution de ses difficultés intimes que dans les Exercices de saint Ignace) ; L’esprit souffle où il veut (épanouissement moral d’une jeune fille dans un milieu taré) ; Le roman d’une croyante (livre triste, où la « croyante », mêlée à des intrigues d’amour, s’appuie trop exclusivement sur la religion du devoir et de l’honneur).

Un vaincu ; Vieilles gens, vieux pays ; Un réveil ; Un mirage ; L’impossible ; Illusions masculines ; Aimer quand même ; Rêver et vivre (romanesque et très littéraire) ; L’obstacle (roman féministe, sain, pétillant d’ironie) ; Un caractère de française ; L’aile blessée (déception d’une jeune fille qui a voulu sortir de son rang) ; ne sont pas moins intéressants.


Léon de la Brière (1845-1899), zouave pontifical, capitaine des mobiles en 1870, puis fonctionnaire et littérateur. Outre ses travaux d’histoire anecdotique : Montaigne chrétien ; L’autre France (le Canada) ; Les Saints dans le monde (biographies), etc., il a fait paraître Le chemin n° 7 (amusante fantaisie administrative) ; Blanc et noir (recueils) ; Contes et souvenirs, trois ouvrages qui ne doivent pas être lus par des personnes trop jeunes.


André Lafon (1888-1915), poète et romancier catholique, mort prématurément, victime de son dévouement à la patrie.

Il débute par les Poèmes provinciaux ; il continue par La Maison pauvre : il conquiert la notoriété (grand prix de littérature en 1912) avec L’élève Gilles (sorte d’autobiographie sentimentale ; histoire d’un enfant) ; et il termina sa carrière littéraire par La maison sur la rive (roman de mœurs provinciales ; descriptions).

Ces œuvres, tout en demi-teintes et en raccourcis, dégagent un charme dont les esprits délicats goûteront seuls la saveur.


André Laurie, de son vrai nom Paschal Grousset, (1845-1909), journaliste, homme politique, ancien membre de la Commune et député.

Il a publié, sous divers pseudonymes, une quantité d’ouvrages ; ceux qu’il a signés André Laurie, sont destinés à la jeunesse laïque : La vie de collège dans tous les pays du monde (pas toujours au point sous le rapport des principes de l’éducation, 13 volumes) ; Les chercheurs d’or de l’Afrique Australe ; Abel Ebersen ; Atlantis ; Sélène Company Limited ; L’héritier de Robinson ; Le capitaine Trafalgar ; Le secret du Mage (quelques notes irréligieuses) ; Le maître de l’abîme (ravissant pour la jeunesse).


Anatole Le Braz, littérateur breton, né en 1859, au pays des bûcherons et des sabotiers. Dans son contact étroit avec la vie bretonne et les vieux livres d’histoire, il recueillit l’inspiration de ses vers gracieux, de sa prose non moins séduisante. Tout en se consacrant à l’étude approfondie des chants et traditions populaires de l’Armorique (Le théâtre celtique, etc.), il évoqua avec un rare bonheur, le charme indéfinissable de ce pays « aux murs bas, coiffés de vieux chaume », les légendes mystérieuses et les bruyères sans fin : La chanson de la Bretagne ; La légende de la mort ; Au pays des pardons ; Le sang de la Sirène ; La terre du passé : Âmes d’Occident ; et surtout Contes du Soleil et de la Brume.


Ernest Legouvé (1807-1903), auteur dramatique, conférencier hors ligne, philosophe spiritualiste imbu de certains préjugés contre l’Église.

Il s’essaya sans succès dans la poésie et le roman, mais il donna au théâtre des pièces habilement construites, parmi lesquelles Adrienne Lecouvreur, d’une moralité fort relative.

Chargé de l’École normale de Sèvres, il consacra quelques ouvrages un peu suspects à la question de l’éducation et des femmes : Une éducation de jeune fille ; La femme en France au XIXe siècle ; Les pères et les enfants au XIXe siècle ; Nos filles et nos fils ; Une élève de seize ans ; Lectures à l’académie ; L’art de la lecture ; etc…

À la fin de sa vie, il réunit ses Soixante ans de souvenirs et publia quelques moralités : Fleurs et fruits d’hiver ; Épis et bleuets.


Gustave Levavasseur (1819-1896), poète et littérateur, maire de La Lande-de-Longé (Orne). Les jeunes gens liront avec bonheur Dans les herbages, délicieuse résurrection de la vie des champs ; La vengeance d’Ursule ; Poésies complètes (3 volumes) ; etc…


Ernest Lionnet (1848-1917), docteur en droit, ancien fonctionnaire. Il publia successivement sept volumes : Le docteur Chabot ; L’homme de la tour ; Le Pré aux biques ; Paul Barbet ; Pauvre Tri ! Député sortant ; Chacun sa voie ; et depuis, quelques feuilletons dans l’Ouvrier, les Veillées et dans La Croix.


Marie Lionnet, femme du précédent, morte en 1905, a enrichi de quelques livres la liste des romans honnêtes : El Veijo, suivi de Feliza ; La fille du philosophe ; Les épreuves d’Antoinette ; L’erreur du lieutenant (pas pour jeunes filles surtout) ; Les millions de Charlotte.


Marcel Luguet (Fontenay-le-Comte, 1865), un des auteurs qui portent habit de deux paroisses. Ses livres qu’il a publiés chez Mame (Cœurs naïfs ; Sabre à la main) sont excellents. Quant aux autres, parus chez Stock ou Tallandier, ils s’inspirent trop de cette maxime que résume Tendresse, le monde thermal : « On peut se permettre beaucoup d’indécences, quand on s’aime tendrement ».


Yves Le Querdec, pseud. de Georges Fonsegrive (1852-1917), professeur au lycée Buffon, directeur de feu La Quinzaine. Outre ses ouvrages de philosophie qui ont été vivement discutés dans le monde catholique, il a publié Les lettres d’un curé de campagne (livre très intéressant) ; Les lettres d’un curé de canton ; Le journal d’un évêque ; Comment lire les journaux ; et finalement, Le fils de l’Esprit, roman social très apprécié (un propriétaire terrien arrive par son intelligence à reconquérir la confiance des villageois qui l’entourent ; une institutrice très laïque prêche l’harmonie de la raison et de la foi ; une idylle sentimentale les unit tous les deux) ; Le mariage du docteur Ducros (mœurs et querelles des petites villes).


Pierre Maël, signature qui appartenait naguère à deux écrivains, et sans doute aussi à plusieurs « nègres ». Ces deux auteurs avaient réciproquement concédé au dernier survivant le droit de continuer à prendre ce pseudonyme ; l’un d’eux qui s’appelait Charles Causse, avait fini par synthétiser en sa personne le nom collectif. Ancien officier de marine, né en 1862, à Lorient, il avait d’abord fait du journalisme et s’était lancé dans la littérature ; il est mort en 1905. Depuis, son associé, M. Charles Vincent, a la propriété exclusive de la signature.

Cette œuvre est déjà immense : elle comprend plus de 80 volumes, dont beaucoup de romans maritimes. Au point de vue littéraire, elle a, par les sentiments élevés et la saveur marine qu’elle exhale, conquis toutes les sympathies du public des deux côtés de la Manche. Au point de vue moral, elle est souvent irréprochable.

Il vaudrait mieux cependant mettre sous clef : Celles qui savent aimer ; Ce que femme peut ; Myris ; Pauline Dérilly ; La double vue ; Charité ; Dernière pensée ; Ève et Liliane ; Le cœur et l’honneur ; Le drame de Rosmeur ; Flots et jusants ; Les fils de la tempête (Les lurons de la Jeanne ; Julia la louve) ; Honneur, Patrie ; Petite fille d’amiral ; Reine Marguerite ; Mer bleue ; Mer sauvage ; Petit ange ; Le torpilleur 29 ; Solitude ; Pilleurs d’épaves, et surtout Le roman de Violette.

Laisser aux jeunes gens formés : L’Alcyone ; Amour simple ; Ce qu’elle voulait ; Djina ; Fleur de mer ; Un manuscrit ; L’ondine de Rhuis ; Paule de Porsguern ; Sauveteur ; Seulette ; Le trésor de Madeleine ; Blanche contre jaunes ; Fleur de France.

Enfin, faire lire à tous : Mlle Pompon ; quelques-uns de ses ouvrages publiés pour eux chez Hachette.


Raoul Maltravers, de son vrai nom Marie Millet, (Dunkerque, 1859), un bon écrivain dont on lit toujours : Une belle-mère ; L’erreur de Raoul ; Un mystère ; Le pseudonyme de Mlle Merbois ; Les soupes au lait ; Stella ; Le talion.


Claude Mancey, un auteur dont il faut retenir le nom, Mlle  Gènevoix, de Langres. Elle a publié, Vieilles filles (thèse et roman en leur faveur) ; Intellectuelles (les tribulations de certaines cervelines, Philaminte et Henriette de provinces ; ravages causés par l’intellectualisme et l’éducation trop cérébrale) ; Les Sources perfides (montre dans des scènes très prenantes que les villes d’eaux sont souvent funestes au bonheur et à la vertu) ; Par-dessus les vieux murs ; Les petits Boches ; La guerre de 1914, Un coin de province à l’avant, un coin de province à l’arrière.


Étienne Marcel, de son véritable nom Mme  Caroline Thuez, que certains lexiques ont confondue avec Mme Jules Samson, sa collaboratrice d’antan au Journal des demoiselles. Elle est morte en 1914.

Nous nommons seulement, parmi tant de bons livres : L’Hetman Maxime (couronné par l’Académie) ; Les aventures d’André ; Elle et moi ; Souvenirs d’une jeune fille ; La vengeance de Giovanni ; Pour une rose ; Histoire d’une corbeille de noces ; Laquelle ; Pour la patrie ; La ballade du Lac ; Armelle ; Le roman d’un crime ; L’héritière ; Irène ; Petite sœur


Mlle  Marie Maréchal (1831-1879), a publié un certain nombre de romans intéressants et religieux. Elle réussit surtout dans les petits tableaux de genre, éclairés d’un rayon d’humour et de malice, et où ressortent avec relief les ridicules de certains bourgeois de province.

Nous réservons pour cette catégorie : Béatrix (un peu sentimental) ; L’institutrice à Berlin ; La fin d’un roman (suite du précédent) ; Le parrain d’Antoinette ; Journal d’une âme en peine ; Mademoiselle Creen ; Mademoiselle de Charmeille ; Marcelle Dayre ; Mariage à l’étranger ; Mariage de Nancy ; La roche noire ; Sabine de Rivas.

Nous recommandons aux plus jeunes : Aventures de Jean-Paul Riquet ; La cousine de Lionel ; Famille Tolozan (édifiant) ; Nos petits camarades (24 récits un peu monotones, pour enfants) ; La maison modèle (pour enfants) ; La dette de Ben-Aïssa (id.).


Frédérick Marryat (1792-1848), romancier anglais dont les œuvres sans prétention, mais sans grand danger, ont été pour la plupart traduites en français : Pierre Simple ; Le vieux commodore ; Le pirate ; Deux amours ; Jacob fidèle ; etc…


Adolphe Mary mériterait d’être plus connu, parce qu'il est sérieux et bon écrivain. Œuvres à lire : Deux voies (longues discussions théologiques, intéressant quand même) ; Immolation (la deuxième édition a été corrigée pour tous) ; Julie de Noiront (tend à interdire le mariage à ceux qui souffrent de quelque infirmité) ; Pauvre Jacques ; Amour et larmes.


M. Maryan (Mme  Marie Deschard, dite), une bretonne qui excelle à faire passer d'utiles leçons dans des récits très attachants. Elle s’adresse surtout aux jeunes filles qui se préparent au mariage, et leur montre que pour être heureuses, elles doivent se corriger de leurs défauts.

Nous ne pouvons pas énumérer ses 40 ou 50 volumes. Nous citons seulement, parmi les plus recherchés : Kate (qui a paru autrefois dans le Correspondant) ; Le prieuré (lutte entre la rancune et la piété) ; L’envers d'une dot ; Primavera (très littéraire et délicieux) ; Annie (un des meilleurs) ; Un nom (leçons aux nobles qui se retirent dans leur tour d’ivoire) ; Une tâche ; Odette ; Le manoir des célibataires ; Le roman d’une héritière (qui apprend à l’école de la souffrance à faire bon usage de son cœur et de sa fortune) ; Le pont sur l’Oiselle ; Cœurs bretons (scènes de résistance catholique) ; La villa des colombes ; Méprise ; La bague d’opale ; L’écho du passé (odyssée douloureuse d’une fiancée que l’honneur oblige à briser sa vie) ; Le rachat (drame intime, impressions d’Italie) ; Autour d’un testament ; Maison hantée ; Roman d’automne ; Le château rose ; Les chanoinesses de la cour-au-dames ; Le mariage de Monique ; Un mariage en 1915 ; Denyse ; Marquise de Maulgrand ; Une barrière invisible ; Les héritiers de Pendallynn.


Jules Mazé, né à Carignan en 1865. Breton par son père et ardennais par sa mère, il aime la province et la décrit dans des pages vigoureuses et colorées.

Parmi ses ouvrages, nous pouvons recommander à tous, les quatre volumes qu’il a publiés chez Mame sur la guerre de 1870 ; L’année terrible, et sur la grande guerre. Les autres sont, pour la plupart, très passionnés : Les amants de Trigance.


Madame Ernestine Meunier (Lyon, 1833), femme-auteur dont on trouve les œuvres dans beaucoup de bibliothèques catholiques : Les idées de tante vieillotte (satire des conventions ridicules de notre temps, très goûté) ; Le mariage de Josiane (pas pour tous) ; Le secret du bonheur (très spirituel) ; Branche maudite ; Un mariage original ; Tante Michette ; L’oasis Juvenilia (pour tous) ; Les idées d’une douairière (grand succès) ; Le secret du bonheur (beaucoup lu) ; Les Kérouaz ; Front d’ivoire ; Les esquisses provinciales (pas pour tous) ; La pupille de Goliath ; Un coup de tête ; La famille de l’amiral.


Jean Morgan a publié une série de romans qui témoignent de réelles qualités d’écrivain. Ses œuvres les plus récentes et les plus connues sont : Parmi les ruines (roman noblement pensé ; traite les suites du divorce par rapport à l’éducation des enfants) ; Sur le seuil de l’amour (histoire charmante d’une jeune orpheline qui se dévoue pour l’éducation de son frère ; quelques fausses notes) ; Un enfant dans la foule (histoire d’un gamin de faubourg ; peinture des milieux ouvriers ; quelques passages hardis et idées un peu discutables) ; Le rêve et la vie (déceptions, souffrances d’une femme qui corrige les erreurs du rêve et trouve le bonheur dans un second mariage) ; Notre-Dame du faubourg (tableau très en relief de la paroisse de Plaisance, dont le fond est garni par des récits sur le patronage ; intéressant et plein de vérité) ; Au fond d’un vieux manoir.


Émile Moselly, de son vrai nom Émile Chénin (1870-1918), professeur de lycée. Ses descriptions de la terre et de la vie mosellanes (Jean des brebis ; Joson Meunier ; Terres lorraines ; Vie lorraine), sont précises et pittoresques, mais ne conviennent pas aux plus jeunes lecteurs. Enfances lorraines et Le rouet d’ivoire sont pour tous.

Fils de gueux, épopée du travail des champs est déparée par des scènes fort réalistes et passionnées. Nous ne connaissons pas Contes de guerre pour Jean-Pierre ; Le journal de Gottfried Mauser.


Mlle  Louise Mussat (Vitry-le-François, 1850), met dans ses œuvres généralement chrétiennes, de la verve, de l’observation, du sentiment et une pointe d’humour qui les font apprécier : Charmant ; En maître ; Mon roman ; Après le roman ; Le père Tranquille (pour les petits) ; etc…


Jean Nesmy, de son vrai nom M. Henry Surchamp, né en 1876. Le pseudonyme est le nom du valet de ferme qui sauve la Fromentière dans la Terre qui meurt. C’est dire que Jean Nesmy est un admirateur et un disciple de M. Bazin. Le jeune écrivain, dans un roman gracieux intitulé L’ivraie, prêche aux habitants des champs le « Restez chez vous ». Délicieuse et navrante histoire d’un paysan limousin qui quitte le village et vit dans la misère et le désordre dans la ville. Sa situation, sa conduite ne sont pas exemplaires : le livre n’est pas pour les plus jeunes. Pas plus que Les égarés, roman moral qui met en scène les deux écoles d’instituteurs, l’ancien, modeste et consciencieux, le nouveau, politicien et sectaire. L’âme limousine, La graine au vent, charmants recueils de nouvelles régionalistes, sont remarquables par la grâce simple, l’ironie discrète, la délicatesse des sentiments et du style. Une des nouvelles de L’âme limousine l’empêche seule d’être un livre pour adolescents. La lumière de la maison, montre le prêtre portant la lumière dans la maison ouvrière que la foi n’éclaire plus.

On lira en outre ses derniers ouvrages : L’âme de la victoire, histoire noble et moralisante d’un instituteur anticlérical qui meurt à la guerre, en converti et en héros ; et Pour marier Colette (excellents conseils aux Colettes et à leurs mamans).


Charles Nodier (1780-1844). Auteur universel, touche à tout, poète, artiste, historien, il ne reste de lui que le conteur. Ses romans se ressentent de la maladie du temps, l’ennui ; ils sont faibles et d’ailleurs oubliés ; mais ses contes sont de petits chefs-d’œuvre qui parlent encore au cœur. Lire Contes choisis (chez Hetzel) ou L’écrin d’un conteur (chez Charpentier) ; Contes de la veillée.


Alexis Noël (Paris, 1867), a publié quelques ouvrages intéressants. Le bonheur des autres ; Le loup dans la bergerie ; Mon prince Charmant ; L’oncle Bonregard ; Paulette se marie, sont pour tous ou à peu près ; l’Histoire de Gervaise, pour les adultes.


Pierre Nothomb (Bruxelles, 1880), l’un des représentants les plus distingués de la littérature belge d’aujourd’hui et de demain.

Il débuta par des poèmes ; pendant la guerre, il publia divers ouvrages remarquables sur la Belgique héroïque et malheureuse : La Belgique martyre ; Les Barbares en Belgique ; Le roi Albert ; L’Yser, les villes saintes ; La Belgique en France ; Villes de Flandre ; Fauquebois, histoire agréable, imprégnée de la plus délicate poésie.


Édouard Ourliac (1813-1848), romancier français dont les saillies originales et la verve endiablée amusèrent d’abord les jeunes gens de la joyeuse vie. Il se convertit en 1844, à la suite d’un mariage malheureux, et collabora à l’Univers. Il dirigea alors ses railleries et ses épigrammes contre les ennemis de la religion et spécialement contre Voltaire. Lire : Contes du bocage ; Nouveaux contes du bocage ; Nouvelles ; Dernières nouvelles ; Nouvelles nouvelles ; Les portraits de famille ; Proverbes et scènes bourgeoises ; Suzanne (son principal ouvrage, publié en 1840, avant la conversion de l’auteur ; pas pour tous) ; Le marquis de la Charnaye, un des Contes du bocage que Louis Veuillot considérait comme le chef-d’œuvre de cet écrivain « plein de bon sens, d’honnêteté et de sel ».


Henry de Pène (1830-1888), polémiste et chroniqueur remarquable, un des fondateurs du Gaulois, aborda le roman avec quelques œuvres assez appréciées : Trop belle (histoire d’une femme idolâtre de sa beauté, scènes scabreuses, belles pages) ; Née Michon (histoire navrante d’une jeune fille qui, élevée dans une famille interlope et dans une pension laïque, se marie et se suicide ; laisse une mauvaise impression) ; Demi crimes (l’honnêteté relative des gens du monde).


Adolphe-Henri Pieyre (1848-1909), ancien député, agriculteur, auteur dramatique, historien et romancier. Outre son Histoire de la ville de Nîmes, nous signalons, parmi ses romans : Le capitaine La Fayolle ; Débora la bohémienne ; L’Ermitage ; L’Épreuve (roman politique).


Charles de Pomairols (1843-1916). Comme poète, il a fait tenir en cinq volumes, La vie meilleure ; Rêves et pensées ; La Nature et l’âme ; Regards intimes ; Pour l’enfant, les inspirations qu’il avait reçues de sa maison natale.

Comme romancier, il a publié deux ouvrages d’une rare élévation morale. Dans Ascension, il retrace les sentiments d’un père que les hautes aspirations de sa fille obligent à transformer son amour et à détacher son cœur des biens les plus chers ; dans Le Repentir, il étudie le remords d’une criminelle pensée chez un fils longtemps frivole et que transfigure le repentir, le rachat par la douleur et par l’amour.


Armand de Pontmartin (1811-1890). Gentilhomme légitimiste qui, pendant 28 ans, écrivit « les samedis littéraires » de la Gazette de France. La fin d’un procès ; Les jeudis de Mme Charbonneau ; Souvenirs d’un vieux mélomane et ses travaux de critique peuvent être lus par tout le monde. Les corbeaux du Gévaudan ; La filleule de Beaumarchais ; Le radeau de la Méduse ; Les lettres d’un intercepté et surtout Les péchés de vieillesse ne conviennent qu’aux personnes sérieuses.


Marguerite Poradowska, née à Lille, où son père, le philologue Émile Gachet, était principal du collège. Mariée à un polonais, elle étudia sur place les mœurs galiciennes et les traduisit dans des romans intéressants et très finement observés : Pour Noémi ; Demoiselle Micia ; Les filles du Pope ; Marylka ; Le mariage du fils Grandsire (roman de mœurs lilloises) ; Mariage romanesque (mœurs de Bukowine) ; Hors du foyer (odyssée douloureuse, mais instructive, d’une étudiante russe, pour adultes).


'Georges Pradel, de son vrai nom Émile Pradier (1840-1908). L’un des romanciers « honnêtes », qui a publié chez Mame, une série de livres émouvants, parmi lesquels nous détachons : L’œillet blanc ; Fleur de Mai ; Le brick d’ébène ; L’œil de tigre ; La fille du régicide ; La cage de cuir


Jules Pravieux, né à La Machine (Nièvre), en 1866, ancien avocat à la Cour d’Appel de Paris.

Il a du talent narratif, dit Émile Faguet, de l’esprit et de la force dans la peinture. Ses personnages sont vivants…

Ces personnages sont, dans Ami des jeunes, l’abbé Pergame et tout un groupe de jeunes étudiants animés d’ambitions et de passions diverses, dans Monsieur l’Aumônier, l’abbé Fougère, le prêtre onctueux et disert, le confesseur de « ces dames » qu’il oriente vers le mariage ou la piété transcendante ; dans Un vieux célibataire, l’abbé Blondot qui tient lui-même la plume et se prouve à lui-même, à travers mille épisodes, que l’Église a bien fait de prescrire le célibat aux prêtres ; dans Oh ! les hommes ! journal d’une vieille fille, Clotilde qui a toujours vingt ans, et de l’esprit, et de la belle humeur, et du dévouement, et pas de rancune, et pourtant est une vieille fille ! ; dans Séparons-nous ! le Concordat dont on se passera, ma foi, comme on dit au palais épiscopal et aux alentours, puisqu’aussi bien, il n’est plus qu’un moyen de servitude ! ; dans Mon mari, des histoires qui profiteront aux jeunes ménages et aux belles-mères.

Oui, ces récits sont vivants : et l’esprit qui pétille, et l’ironie qui abonde, et la verve qui jaillit, et les coups de griffe et les scènes d’amour qui sillonnent ces pages délicieuses, leur donnent une saveur exquise. Quelques enfants de Marie pourraient s’en effaroucher ; mais les gens du monde prendront à les lire, autant de plaisir que les « curés ».

La série n’est pas close. M. Pravieux est intarissable. Il a publié plus récemment : Sans lumière, histoire lamentable d’un village qui s’est privé de son curé ; Le nouveau docteur, histoire gaie ; S’ils connaissaient leur bonheur.


Ernest Psichari (1883-1914), petit-fils de Renan, quitta les études pour entrer dans l’artillerie coloniale, visita le Congo, participa à la campagne de Mauritanie, et fut tué en Belgique au début de la grande guerre. Il a successivement publié : Terres de soleil et de sommeil (descriptions de la vie au désert ; réflexions psychologiques qui marquent la première période d’une crise qui aboutira à la conversion) ; L’appel des armes (belles pages sur le devoir militaire) ; et surtout Le voyage du centurion (roman inachevé où il décrit les étapes de sa conversion dans des pages profondément édifiantes), complété par Les voix qui crient dans le désert.


Madame Emmeline Raymond (1828-1899), de son vrai nom Comtesse Marie de Beausacq, connue dans le monde des lettres et de la mode sous le nom de Comtesse Diane, fondatrice de la Mode illustrée. Elle a trop peu de sentiments chrétiens pour être recommandée à tous sans réserve.


Antoine Redier (Meudon, 1873), ancien directeur de La Revue française.

Durant la guerre, il a occupé les loisirs que lui laissait le commandement d’une compagnie, à écrire une œuvre en quatre volumes qu’on pourrait appeler « le roman de l’énergie des élites ».

Après les Méditations dans la tranchée, qui obtinrent dans la France entière un succès considérable, parurent successivement : Pierrette, aux jeunes filles pour qu’elles réfléchissent ; Le mariage de Lison ; Le Capitaine.

M. Redier prépare un gros ouvrage sur M. de Tocqueville : il lui sera difficile d’y mettre plus de choses que dans ces quatre petits livres écrits dans la boue des tranchées pour les Français et les Françaises qui comprennent le sérieux de la vie.


Jeanne & Frédéric Régamey, deux bons Français qui ont, bien avant la guerre, dénoncé les crimes et les ambitions de l’Allemagne, et exalté les espoirs de l’Alsace : L’Allemagne à cheval ; L’Allemagne ennemie ; L’Allemagne qu’on nous cache ; Au pays des cigognes ; L’Alsace qui rit ; L’Alsace après 1870, l’Alsace au lendemain de la conquête ; Au service de l’Alsace, roman ; Les histoires de la mère Grétel.

Jeanne Régamey, femme de Frédéric, a signé seule trois romans : Annexés (sous le pseudonyme de Jeanne Rival) ; Jeune Alsace ; Celle qui dormait.


Paul Renaudin, né à Paris en 1873. Il débuta au Sillon ; il continue d’aller au peuple « avec son âme d’homme et sa vision d’artiste » en écrivant des livres qui doivent être lus avec prudence par la jeunesse.

Les mémoires d’un petit homme (initiation d’un petit riche à la question sociale, mille incidents intéressants) et Les Champier (la vie des cités parisiennes, étude de mœurs populaires) sont bien observés et utiles à lire. Son ouvrage de début, Silhouettes d’humbles, recueil de nouvelles, est la mise au point exacte de l’état d’âme des petites gens. Un pardon (trois nouvelles ; pas pour tous) ; Ce qui demeure.


E. Resclauze de Bermont a su se créer un nom par le talent distingué dont ses romans sont la preuve : Le comte de Pérazon ; Le passé ; Le sillon ; Demi-mère (pour grandes personnes) ; Mariage moderne ; Le lien ; etc. Cependant, tous ses héros ne sont pas des prix de vertu.


Louis Reybaud (1799-1879), littérateur, publiciste et homme politique.

Il se signala d’abord, en publiant dans la Revue des Deux Mondes ses Études sur les réformateurs contemporains (excellentes choses, passages scabreux, beaucoup de notes contraires à la vérité catholique). Bientôt, il se rendit célèbre par un roman satirique et social : Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale, peinture des travers d’une époque (1844), livre sérieux sous une forme légère, tableau des embûches qui attendent le jeune homme et l’homme fait dans les diverses situations. Quelques passages un peu risqués et quelques propos irréligieux sont à signaler. Jérôme Paturot à la recherche de la meilleure des Républiques qui décrit admirablement les premiers mois de la Révolution de 1848, mérite les mêmes observations.

On lui doit encore un certain nombre de volumes, parmi lesquels nous citons : César Falempin ou les idoles d’argile, satire de l’amour de l’argent ; pages assez crues ; Pierre Mouton, histoire d’un chef de bandits, tissu d’infamies et de crimes que l’auteur attribue à la fatalité ; Édouard Mongeron, satire très vive des employés de l’administration, scènes scabreuses ; Mœurs et portraits de ce temps, galerie de portraits, révélations piquantes, études sérieuses, sous leur apparence frivole, des types et des scandales d’une époque (1853), peu de passages scabreux ; Le coq du clocher, mise en scène de toutes les manœuvres que déchaînait l’élection d’un député, avant le troisième Empire, quelques tons un peu crus.


Noëlle Roger, de son vrai nom Hélène Pittard, née Dufour, femme-auteur de Genève. Elle sait saisir et traduire la vie sensible et la souffrance dans leur émouvante réalité. Mais ses romans, imprégnés de pessimisme et d’ambiance protestante, ne sont pas tous bienfaisants, au moins pour les lecteurs insuffisamment prémunis : De l’un à l’autre amour (une jeune protestante idolâtre son mari et perd l’amour de Dieu ; elle souffre et prie jusqu’à ce que Dieu lui revienne ; lecture qui peut être pernicieuse) ; Docteur Germaine (une femme médecin très altruiste se passionne pour sa profession au point de négliger son mari et son enfant) ; Apaisement (six nouvelles ; pas pour tous, notamment à cause du récit Le petit enfant) ; Nos mensonges (très pessimiste) ; Le feu sur la montagne (noble et bienfaisant) ; Larmes d’enfant (histoire poignante d’un enfant sans mère et laissé à lui-même par son père) ; Le choix d’Andromaque.

Noëlle Roger a de qui tenir, puisqu’elle habite Genève, le berceau de la Croix-Rouge. Elle a publié sur les victimes de la guerre des ouvrages extrêmement pathétiques : Les carnets d’une infirmière (des tableaux, des faits, des visions qui rendent présente la vie d’un hôpital) ; Le cortège des victimes, les rapatriés d’Allemagne. On lira avec intérêt La route de l’Orient (descriptions des pays balkaniques).


Charles de Rouvre (Bue, 1871), peut figurer avec honneur dans les rangs des romanciers utiles avec À deux (récit attendrissant de la misère des employés et des employées) et Française du Rhin (patriotique). La Princesse Esseline est l'histoire assez ordinaire d’un mariage contrarié.


P. A. Sheehan, auteur irlandais, né en 1852. On Fa comparé à Yves le Querdec. Il a apporté à nos gourmets de bonne littérature, des livres empoignants : Mon nouveau vicaire, Journal humoristique d'un vieux curé ; Âmes celtiques et âmes saxonnes ; Luke Delmelge ; Geoffroy Austin (la vie douloureuse, parce que peu surnaturelle, dans les collèges d'Irlande) ; Le succès dans l’échec (suite du précédent).


Charles Simond, pseudonyme de Adolphe Van Cleemputte, né à Gand en 1837, ancien directeur de la « Bibliothèque populaire » et de la » Bibliothèque des voyages autour du monde ». Œuvres : L’agonie d’une race (adaptation de Krazouski, le grand romancier polonais) ; L’expiation ; Le secret de Roch.


Le Commandant Stany, de son vrai nom Auguste Louvel (1823-1899). Il a réuni de nombreux bataillons de lecteurs, autour de L’abbé Corentin ; Mabel ; Le docteur Léonard ; Un drame aux antipodes ; Les épingles de Sainte Catherine ; Geneviève de Nauvailles ; Miette ; La terreur sous Rosas ; Le Marquis de Kéralain ; Une faute (avec précaution).


William Thackeray (1811-1863), célèbre romancier anglais. Dut sa célébrité au Livre des Snobs, pamphlet moral et unique qui exerça une immense influence… Ses romans de grande haleine sont presque tous des chefs-d’œuvre : ce sont des satires énergiques, mais sincères et loyales, des tableaux et des analyses, finis comme les œuvres d’un peintre hollandais. Citons seulement pour cette série : La foire aux vanités ; Bxary Lindon ; Henri Esmond ; Mémoires d’un valet de pied ; Morgianna ; Pendennis.


Victor Tissot, écrivain français d’origine suisse (1854-1917). Il dut sa célébrité à son roman : Voyage au pays des milliards (La Prusse), qui fut vendu en quelques semaines à 50.000 exemplaires (pas pour jeunes gens).

Depuis il a fondé Mon Dimanche (journal-magazine hebdomadaire), dirigé l’Almanach Hachette et écrit plusieurs romans de mœurs sur la Russie, la Suisse, Vienne, etc… De Paris à Berlin (extrait du Voyage au pays des milliards) ; Les Prussiens en Allemagne ; Voyages aux pays annexés ; Vienne et la vie viennoise ; Jeunes filles ; Simone ; La Suisse inconnue ; Un lys dans la neige, etc., visent un peu aux effets de décors, mais ils sont intéressants… pour les grandes personnes.

Tout le monde peut lire : Aventures de trois fugitifs ; La vie en Sibérie ; La prisonnière du Madhi ; Aux pays des nègres ; Au pays des glaciers ; La Chine ; Le Pôle Nord et le Pôle Sud ; Russes et Allemands.


Gustave Toudouze (1848-1904). Un amateur de voyages, qui a décrit avec beaucoup d’art et des couleurs à la Loti, l’Italie, les côtes bretonnes, etc…

Citons ici, parmi ses trente ouvrages : La Sirène (souvenirs de Capri) ; Le cécube de l’an 79 ; La coupe d’Hercule ; Mademoiselle (couronné par l’Académie) ; Le démon des sables ; L’île aux mystères (Madagascar, empoignant) ; Le père Froisset ; Le pompon vert ; Livre de bord ; Le mystère de la chauve-souris (très mouvementé) ; La vengeance des peaux de bique ; Le bateau des sorcières ; L’orgueil du nom ; Enfant perdu ; et ses autres romans à l’usage de la jeunesse, chez Hachette.

Pour achever de caractériser l’auteur, nous signalons ces quelques romans d’amour : Toinon, mœurs parisiennes (adultères, inceste, frénésies du vice, décrits avec complaisance et horriblement châtiés) ; Voyages de noces (honnête) ; Les chiennes de ténèbres (genre feuilleton, assez honnête) ; Le reboutou (le charme de la lande servant de cadre à une histoire d’amour).


Anthony Trollope, romancier anglais (1815-1882). Il a laissé une quantité d’ouvrages où il retrace les scènes de la vie de famille et les mœurs des cercles. Nous citons ici : Le cousin Henry (tout à fait inoffensif) ; Le domaine de Belton ; Rachel Ray ; Les tours de Barchester ; La veuve remariée ; Œil pour œil.


Mistress Trollope (1761-1863), mère du précédent, romancière, qui a surtout observé et dessiné les travers des femmes anglaises. On lira La pupille.


Georges du Vallon, de son vrai nom Amélie de Brauer, comtesse de Sars (Paris, 1860).

Ses ouvrages écrits avec grâce, mesure et distinction, stigmatisent les erreurs de notre époque, comme la libre pensée (La libre penseuse), le nihilisme (Natalie Kourmariof) ; ou préparent des mariages au milieu des scènes dramatiques et honnêtes : Un amour en Russie ; La roche d’enfer ; La comtesse Xénie ; France ; etc. Un roi de théâtre s’adresse plutôt aux grandes personnes.


Herbert-Georges Wells, né en 1866, ancien professeur de sciences, écrivain anglais qui débuta dans le roman en 1895.

Dans ses œuvres déjà nombreuses, il ressuscite des mondes morts, il crée des mondes virtuels et possibles et y fait courir des récits étranges avec toute la promptitude et l’élan prodigieux de ses machines. Ces fictions extraordinaires, qui bouleversent toutes les lois de la nature, ont fait comparer l’auteur à Jules Verne, à Swift, à Edgar Poë, à Villiers de l’Isle Adam, à Voltaire. Elles ont été presque toutes traduites en français ; mais elles ne sont pas toutes absolument irréprochables au point de vue moral, ni au point de vue religieux.

Nous citons : La machine à explorer le temps ; La visite merveilleuse (un ange sur la terre ; son rôle est un peu ridicule et les visités fort crédules) ; La guerre des mondes (envahissement de la terre par les habitants de Mars) ; Quand le dormeur s’éveillera (au XXIIe siècle, combat des aérophiles et des aéroplanes) ; L’amour et M. Lewisham (dangereux) ; Les premiers hommes dans la Lune ; L’homme invisible ; Place aux géants ; Récits de l’espace et du temps (recueil de nouvelles) ; Miss Waters (une sirène quitte la vie sous-marine pour poursuivre un humain et l’entraîner dans une aventure qui… n’est pas pour jeunes filles) ; La burlesque équipée du cycliste (humour britannique ; pas pour tous) ; Douze histoires et un rêve (anecdotes étranges sur les dernières inventions) ; Au temps de la comète (transformations amenées par l’astre chevelu, pas pour tous) ; Anne Véronique (dangereux) ; Effrois et fantasmagories (recueil ; plusieurs nouvelles irréligieuses, anarchistes) ; L’histoire de M. Polly (banal, invraisemblable) ; La guerre et l’avenir (fausses notes contre le Pape) ; M. Britling commence à voir clair (préparation de l’Angleterre à la guerre ; vues fausses contre la religion) ; Dieu l’invisible roi (préconise le caractère subjectif de la vérité divine et aboutit à l’athéisme ; livre malfaisant).


Téodor de Wyzewa (1862-1917), écrivain français d’origine polonaise. D’une érudition prodigieuse, il connaissait la littérature de tous les pays : il traduit les œuvres de nombreux écrivains étrangers et publie une série d’ouvrages de critique qui font autorité.

Nous citons ses ouvrages d’imagination : Contes chrétiens ; Ma tante Vincentine ; Le cahier rouge ou les deux conversions d’Étienne Brichet.


Mme  Colette Yver, de son vrai nom Madame Huzard, née en 1874, femme-auteur qui aborde dans ses ouvrages bien écrits les questions sociales et psychologiques : Cervelines ; Comment s’en vont les reines (drame émouvant et psychique) ; Princesses de science (tend à montrer l’incompatibilité de l’art médical et même de la science avec les devoirs d’épouse et de mère) ; Les dames du Palais (roman des avocates ; elle, plaide mieux que lui ; lui, en souffre ; elle, se sacrifie : c’est le bonheur) ; Les sables mouvants (procès de la vie désordonnée de la société parisienne, où s’enlisent les âmes les plus pures ; dangereux pour la jeunesse) , Un coin du voile (nouvelles à la gloire de la femme, idées élevées) ; Le métier de roi (intéressant, passages fades ou sensuels) ; Mirabelle de Pampelune (trois récits : héroïsme des petits bourgeois de Paris durant cette guerre, mis en parallèle avec celui des chevaliers de Navarre au Moyen-âge) ; Le mystère des béatitudes (une vie de saint, ou plutôt un roman où vit un saint, un saint prêtre, un fils des béatitudes, dépouillé sublime, et où s’agitent aussi des aventuriers et des hommes d’argent ; pas pour petites filles) ; Les cousins riches.



  1. M. l’abbé Fonssagrives, L’Éducation de la pureté (chez Poussielgue) ; M. Edward Montier, le chef des Philippins de Rouen, a fait sur le même sujet un petit chef-d’œuvre intitulé : L’Éducation du sentiment (chez Lecène et Oudin).
  2. C’est le titre d’un recueil de poésies dont les vers, dit J. Lemaître, sont d’un bon citoyen, d’un bon chrétien et d’un bon poète, tous trois harmonieusement unis.