L’abbé
Revue des lectures (p. 277-334).


V

Romans d’Adolescents

ou

Récits, Nouvelles, Romans divers qui peuvent être généralement laissés entre toutes les mains.




Virginibus puerisque canto…


Voici la pleine adolescence, l’âge de l’éveil des sens et des passions impérieuses, l’âge où bientôt, selon le mot de Chateaubriand, on va se coucher enfant pour se réveiller homme.

C’est le moment où on lit le plus, et où il importe le plus de diriger le choix des lectures.

La jeune fille a quitté la classe ou la pension pour rentrer dans sa famille : elle a quinze ou dix-sept ans. Tout sourit autour d’elle comme une fleur qui va éclore, dans une matinée de printemps. « O gioventu, primavera della vita ».

Tout s’agite aussi, comme pour préparer à celle qui vient s’asseoir timidement au banquet de la vie, une table digne d’elle… Et tout ce qui s’agite, comme tout ce qui sourit, doit contribuer à l’établir socialement dans son état définitif.

Ces années si douces qu’elle passe dans sa famille, en faisant graduellement son « entrée dans le monde », doivent être avant tout des années d’achèvement ou plutôt de préparation. Contrairement à ce qu’elle se figure peut-être, son éducation surnaturelle, intellectuelle et morale n’est pas finie : tant s’en faut…

Que va-t-elle lire ? Tout ce qui s’amasse sur la table de famille, et même un peu de ce que père et mère abandonnent sans réflexion de tous côtés ? Non certes, si les parents veillent et ne laissent pas le choix des lectures, comme de ses autres occupations, au hasard de ses caprices, aux attraits d’une curiosité toujours périlleuse. Non encore, si elle-même a conscience de tout son devoir : elle aura assez d’esprit et de sérieux pour faire habituellement des lectures édifiantes et élevées ; assez d’activité et de culture intellectuelle pour faire des lectures qui l’instruisent ; assez de vertu et de docilité, pour se contenter, en fait de nouvelles et de romans, de ce qui ne peut ni lui nuire, ni la troubler.

Puisse cette liste la guider un peu dans ses sages recherches : nous n’y signalons pas tous les ouvrages de fond qu’elle « doit lire ». Il nous suffit à présent, pour atteindre notre but, de citer les ouvrages littéraires et d’imagination, en prose, qui peuvent sans danger l’intéresser, tout en complétant ses connaissances.

Le jeune homme achève ses humanités ; il n’est plus à l’âge charmant, il est à l’âge où tout change. L’heure va venir, vient, est venue, où la pureté, qui n’était qu’une possession tranquille, va devenir une laborieuse conquête et une vertu. Une perturbation se produit dans tout son être : sa curiosité naturelle va se porter sur des horizons nouveaux ; il lit plus que jamais dans les paroles, les actes, les yeux des grandes personnes et dans ceux des grands, ses aînés : il cherche à lire dans leurs livres.

Et pourtant, chacun le sait et nous l’avons dit en parlant de l’éducation de la pureté, ce serait folie de mettre cette jeune âme, sans transition et sans contrôle, en présence de tout ce qu’elle ignorait hier, et qu’elle devine aujourd’hui. Il y a ici de sages mesures à prendre : nous le répétons, ce n’est pas à des livres quelconques qu’il faut laisser le soin d’une si délicate éducation.

C’est pourquoi nous établissons cette nomenclature, où les jeunes gens trouveront de quoi apprendre et se récréer, sans aucun danger : de la littérature, des voyages, de l’histoire, de captivantes intrigues.

Cependant, les livres de cette catégorie ne sont pas tellement propres aux « jeunes » que les personnes plus âgées, et surtout les aînés de la famille, ne puissent les lire avec intérêt et profit. « Adolescentiam alunt, senectutem delectant », comme s’exprime Cicéron.

Il y a un certain enfantillage d’imagination qu’il faut garder toute sa vie, a écrit Doudan[1]. Heureux ceux qui ont su le garder, et qui, aux jours d’épreuve et de lassitude d’âme, savent y faire appel. Ils trouveront, dans ces livres tranquilles et bien écrits, dont plusieurs sont de bonnes actions, non seulement un aimable badinage et une récréation à subir, mais un refuge, un réconfort et parfois une lumière. Lire un petit livre dans un petit coin, c’était le rêve de je ne sais quelle belle âme ; tous ceux que nous citons ne sont pas de petits livres, mais ils sont à lire par tous ceux qui ont conservé une belle âme et désirent l’embellir encore.

Nous n’étonnerons personne, en disant que cette recommandation si souvent renouvelée est — de nos jours plus que jamais — accueillie avec indifférence ou scepticisme. Ces ouvrages dont nous parlons sont en effet tenus en fort médiocre estime par les personnes du monde et même par les gens « bien pensants ». Les uns les dédaignent, parce qu’ils sont enfantins ou sermonneurs ; les autres les redoutent, à titre de fictions dangereuses ou « migrainifères » ; d’autres enfin les abandonnent par préjugé et parti pris, sans autre forme de procès.

Il y a, au fond de ces appréciations diverses, des préoccupations très respectables, mais aussi des points de vue qu’il serait dommageable de généraliser.

Lorsque, dans le courant du siècle dernier, le roman cessa d’être « une liqueur fine distillée à l’usage des palais raffinés », pour devenir populaire (telles les premières éditions Charpentier à 3 fr. 50) et pour porter à tous des idées et des thèses, il se produisit parmi les catholiques lettrés une émotion profonde.

Des pléiades d’écrivains, qui paraissaient désignés pour des études plus didactiques, s’engagèrent dans la voie où « romançaient » des génies — j’allais dire de mauvais génies, — et s’efforcèrent d’opposer à la diabolique éloquence du mal, la noble influence de fictions moralisatrices, de dresser, à côté et au-dessus des travaux de l’impiété ou de l’immoralité, les superbes monuments de la religion catholique.

L’entreprise était tellement malaisée que les meilleurs critiques la jugent actuellement encore impossible à réaliser.

Si, en effet, il s’agit seulement de construire un roman religieusement neutre ou simplement inoffensif, les classiques couchers de soleil, les effets de brume, les contrastes entre le crime et l’innocence, la misère et l’opulence, l’inventaire d’un mobilier de salon ou de garni, deux ou trois brigands du côté des messieurs, une orpheline du côté des dames, des échanges de soupirs et quelques clichés de même acabit, peuvent à la rigueur suffire et réussir.

Mais s’il s’agit de faire un roman catholique, un roman de vie catholique, les difficultés sont extrêmes. Sacrifier résolument le respect humain, éviter le ton prêcheur et les multiples défauts propres aux pieuses rapsodies qui encombrent les catalogues de livres de prix et les bibliothèques paroissiales, pénétrer dans le vif de la psychologie religieuse, comprendre, décrire les rêves, les aspirations et les œuvres des âmes d’élite qui peuplent nos paroisses de foi, les faire vivre dans des romans comme Feuillet, Bourget et autres ont fait vivre dans les leurs, les mondaines, les pédantes, et les maladives : tels sont, en résumé, les sujets sublimes ou plutôt les obstacles insurmontables auxquels sont venus se heurter la plupart des écrivains dont nous nous occupons.


Ils ont beaucoup produit cependant : et à les juger dans l’ensemble, « pluribus non offendar maculis » nous sommes en droit d’affirmer que, s’ils n’ont pas donné le roman catholique idéal, ils ont produit des œuvres vraies, saines et édifiantes.

Ils ne sont pas tous des maîtres de style, des mandarins de haute couleur, de grands seigneurs dans la république des lettres ; mais ce serait aveuglement et injustice de les représenter tous comme de sombres pédagogues sans autorité, portant de caducs étuis à sermons, et distribuant l’ennui sous forme de romans incolores. Il y en a malheureusement qui sont tels — il y en a trop — mais il en est d’autres. Il y en a qui, supérieurement doués, ont préféré la défaite avec Caton, à la victoire avec les Dieux du jour : il ne leur manque rien ou presque rien pour être parfaits ; il ne leur manque, pour être célèbres, que l’investiture des maîtres de la réclame.

Tous leurs ouvrages ne sont pas des chefs-d’œuvre ; mais ils sont encore bien moins, pris dans leur totalité, de cotonneux enfantillages. La psychologie y est mutilée, dit-on, parce qu’elle supprime tout un côté de la vie qui est aux yeux des sages du monde, la vie tout entière… Est-elle pourtant de ce fait, plus fausse et plus imparfaite que celle des romanciers mondains ? L’analyse y fait défaut, ajoute-t-on ; mais l’analyse chez les… autres, offre-t-elle tant d’intérêt, en dehors des cœurs et sentiments malsains qui en font l’objet ? Du reste, l’analyse n’est pas l’essentiel dans les romans ; ce qui doit y prévaloir, c’est l’émotion. Or nos bibliothèques catholiques, sagement organisées, abondent en œuvres d’émotion.

Ces quelques réflexions nous autorisent à conclure que nos écrivains valent mieux que leur réputation. Et pourtant, ils continueront d’être délaissés. Pourquoi ?[2].

Lorsque l’illustre Père Hermann se présenta pour la première fois en habit religieux devant George Sand, celle-ci, en guise de salut, se contenta de lui dire avec un petit air pincé : « Tiens, tu t’es fait capucin ! »

Cette anecdote est tout un poème : elle traduit, non seulement le dédain que professait la « bonne dame de Nohant », mais aussi elle dit le cas que l’on fait dans les salons mondains et dans les laboratoires de critique, de tout ce qui revêt tant soit peu un air « capucin ».

Nos romans pour la jeunesse en sont tous là : aux regards du monde qui distribue la gloire et les succès plus ou moins « hydropiques », selon le mot de Shakespeare, aux yeux des critiques payés à tant la ligne, ces ouvrages ne comptent pas.

Et — ce qui est plus pénible à constater — tout un public catholique qui aime à graviter dans le cercle des opinions toutes faites, a honte des talents qui se manifestent dans son parti ; il les renie et il les lâche, pour une littérature sans essor et sans lumière, vendue au rabais par des débitants qui se font, dans cette branche de commerce, de grasses prébendes.

À l’heure présente où les préoccupations religieuses, morales, patriotiques et sociales doivent primer toutes les préoccupations esthétiques et littéraires, cette attitude n’est-elle pas plus que de la timidité, et ne mérite-t-elle pas le nom de trahison ?


Cil est fol, lequel ayant sa grange
Pleine de grains cueillez, emprunte à son voisin,
Laissant pourrir chez soy son propre magazin.


Cette remarque d’un vieux poète dépeint à merveille non seulement « la folie » des « lâcheurs », mais encore la prudence excessive de certains esprits, qui, considérant le roman comme essentiellement mauvais, ont jeté, sur les meilleures œuvres de ce genre littéraire, un discrédit de plus.

Il ne faudrait pourtant pas oublier que le roman n’est plus ce qu’il était autrefois, un genre frivole et bâtard, une plaie sociale, une carrière pour les écrivains tarés… Il s’est anobli, et au lieu de borner sa mission à charmer les oisifs, il est devenu, depuis quelques années surtout, l’organe et le véhicule de toutes les idées courantes, il tient école.

Les questions les plus graves et les plus délicates y sont débattues ; les gloires littéraires les plus retentissantes s’y donnent rendez-vous. Sous les formes les plus diverses, il trouve des disciples dans les milieux qui semblaient le plus absolument réfractaires à toutes les créations de l’intelligence humaine…

Cette évolution qui devait exercer sur l’éducation du peuple et de la jeunesse une influence si considérable, n’a pas échappé aux écrivains de notre bord…

Eux aussi ont écrit pour instruire et ils ont instruit sans scandaliser. C’est pourquoi, en dépit de l’obstinée prudence — n’est-ce pas imprudence qu’il faut écrire ? — de certains esprits trop traditionnels, nous croyons que ces romans sont des romans à lire.

C’est faire œuvre de justice de le proclamer ; c’est faire œuvre utile « d’engranger » dans un catalogue ou dans une bibliothèque paroissiale, ces livres si dédaignés, parce qu’ils sont trop peu connus ; c’est agir en sage de glaner chez les siens.

La bouquetière Glycera, dit Saint François de Sales, savait si proprement diversifier la disposition et le mélange des fleurs qu’avec les mêmes fleurs, elle faisait une grande variété de bouquets.

La collectivité des auteurs que nous citons a mérité du talent ingénieux de la bouquetière[3]. Romans, succédanés de romans, nouvelles, récits, contes, aventures, voyages, toutes ces productions se ressemblent pour qui les considère de loin, mais le bouquet qu’elles composent, offre tant de nuances et de parfums variés, que bien des lecteurs et lectrices, jeunes ou âgés, y trouveront délices et profits. Tel l’oiseau dont parle le poète :


Parmi les fleurs de menthe à demi submergées,
L’oiseau se pose et boit à petites gorgées,
Pliant son col agile et relevant les yeux.
Aux Cieux !


Mlle Mathilde Alanic (Angers, 1864). Elle débuta par un conte, La soutane de l’abbé Constantin, publié dans L’Illustration en 1897. Vinrent ensuite Norbert Dys (un curé de campagne, deux sculpteurs, leur rivalité, idylle) ; Le maître du moulin blanc (un jeune officier qui, le cœur déchiré, donne sa démission, et se fait meunier pour sauver sa famille de la ruine) ; Ma cousine Nicole (prix Montyon en 1903) ; Mlle Jacqueline ; À chacun sa chimère (un vieux savant et sa fille Christine, pour les plus grandes) ; nombreuses nouvelles dans le Musée des familles, Le Magasin pittoresque, l’Illustration, Le supplément du Petit Journal et du Petit Parisien ; Les 28 jours de Guignolette (pour les enfants) ; Le devoir d’un fils ; Les espérances ; La petite Miette (l’amitié de deux enfants réconcilie deux familles) ; Le miracle des perles.

Mathilde Alanic témoigne que sa plus haute ambition a toujours été de devenir un auteur familial. Notons cependant qu’en dépit de cette déclaration, ses derniers ouvrages : La romance de Joconde ; La fille de la Sirène ; Au soleil couchant (série de nouvelles) ; Et l’amour dispose ; L’essor des colombes ; Les roses refleurissent, ne conviennent qu’aux adultes ou aux grandes jeunes filles.


Constant Améro (1832-1908) tient spécialité de romans internationaux où l’inspiration religieuse n’a malheureusement aucune part : Tour de France d’un petit parisien (couronné par l’Académie) ; Le coq rouge (Russie) ; Blanche neige (Norwège) ; Le pays de Ménélick ; Un Robinson de six ans (Canada) ; Contes émouvants (quelques horreurs, fatalisme) et d’autres en collaboration avec Victor Tissot.


Han-Christian Andersen[4] (1805-1865). Célèbre poète et romancier danois, fils d’un cordonnier, s’instruisit en visitant tous les pays de l’Europe et même l’Orient. Ses vers sont empreints d’une mélancolie rêveuse ; mais ses romans et ses contes, presque tous traduits en français, originaux et variés, semblent avoir été pensés dans les profondeurs septentrionales, et écrits sous le ciel étincelant de l’Orient. Rien de plus exquis, par exemple, que sa « psychologie » des cygnes, des canards, des chiens, des souris, des colimaçons et des autres animaux domestiques, dont il aime à peupler ses récits.

Tout le monde peut lire : Le camarade de voyage ; Le coffre volant ; Histoire de Waldemar Dace ; L’homme de neige ; La Vierge des glaciers ; Contes choisis, dans la Bibliothèque rose illustrée.


Hippolyte Audeval (1824-1878). Un vieil auteur dont les ouvrages ont conservé leur saveur. Les cœurs simples ; La dame guerrière ; Le drame des Champs-Élysées (dramatique, la rédemption d’un père par son fils) ; Les douze enfants de la veuve ; La ferme du majorat ; La grande ville (un peu monotone) ; Histoire d’une bague d’argent (la Commune) ; Paris et province ; La Vierge de Mai (très bien) ; La famille de Michel Kagenett, sont très bien écrits, dramatiques et intéressants malgré quelques longueurs.


Alfred d’Aveline, de son vrai nom Henri-Constant Van Hasselt, littérateur belge (1806-1871). Tous les collégiens connaissent : La feuille de trèfle (trois récits intéressants) ; Le trésor de l’île des flibustiers (traduction de Franz Hoffmann, intéressant, malgré quelques invraisemblances) ; Le village des alchimistes ; La chambre à la porte de fer ; La clef de la frégate ; La fille du colon ; Deux histoires de la chambre rouge ; Les baguettes du petit tambour ; Le ravin des loups, etc…


A. Aylicson, née Aylic Langlé, actuellement Mme A. Édouard Petit, femme-auteur qui, dans ses œuvres charmantes, met au service de l’apostolat chrétien, ses souvenirs de voyages et sa connaissance des âmes : Gina, histoire d’une orpheline (pour jeunes filles du monde) ; La fille du Cacique ; Âme russe (trois romans de caractère et descriptions) ; Le Carême de Sylvie et Jeunes filles (portraits de jeunes filles) ; Âme vaillante ; Au loin (signé Aylic Marin, récit de voyage captivant) ; Olga Nylander, simple vie (biographie d’une jeune suédoise convertie au catholicisme, traduite en plusieurs langues). On s’y promène partout avec ravissement, comme dirait Boileau.


Alphonse Balleydier (1820-1859), historien et littérateur. Il avait promis à sa mère de n’écrire jamais un livre troublant : il a tenu parole. Toutes ses Veillées maritimes, militaires, de famille, du presbytère, du peuple, des vacances, sont à lire.


Jean Barancy, pseud. de Mme Victor Nadal, dont Le Journal des Débats et Le Temps ont accueilli les débuts. Claude Maurienne (couronné par l’Académie) ; La folle de Virmont ; Pour Suzanne (pas pour tous) ; L’espiègle ; Toujours aimée (romanesque) ; l’ont mise au bon rang des bons écrivains.


Comtesse de Bassanville (Anaïs Lebrun, née Rigo, connue sous le nom de), née en 1806, élevée sous la direction de Mme Campan, morte en 1884. Fonda le Journal des jeunes filles, et écrivit pour la jeunesse près de trente volumes dont plusieurs furent préfacés par L. Esnault et A. Nettement : Vengeance d’une morte (romanesque, élégant, pas pour tous) ; Les deux familles ; Souvenirs d’une jeune fille ; Les contes du Bonhomme Jadis ; Les salons d’autrefois (six volumes où l’on peut cueillir beaucoup d’anecdotes).


Mistress Beecher Stowe (1811-1896), la célèbre romancière américaine. Tandis que son mari, le docteur Stowe, menait la campagne de l’abolitionisme dans les réunions publiques, elle défendit la même cause par la plume et fit paraître La case de l’oncle Tom. C’est un ardent plaidoyer contre l’esclavage, un livre plein de larmes et plein de feu, qui se vendit à plus d’un million d’exemplaires et fit le tour du monde. Au point de vue littéraire, c’est un chassé-croisé d’épisodes : aussi n’intéressera-t-il guère les jeunes gens. Ceux qui voudraient cependant le lire choisiront de préférence l’édition Barbou, Ardant, ou toute autre corrigée ; ils liront ensuite La fiancée du ministre et Pussy-Willow ou Fleur des champs et fleur de serre.


Mlle Berthem-Bontoux a ici sa place marquée, avec ses volumes de première valeur : De ci, de là (recueil de nouvelles) ; La double montée (deux âmes exquises, descriptions de la Suisse, joli livre) ; Billets à ma filleule (pour les grandes jeunes filles, sages conseils) ; Les Françaises et la grande guerre ; Âmes de France, nouvelles.


Alfred de Besancenet (1832-1904), eut son heure d’éclat parmi les astres de troisième grandeur de la pléiade catholique. Amour de grande dame et Les contes d’un champenois (trois nouvelles) ne conviennent pas à des lecteurs trop jeunes.

Les reliques d’un chouan ; Les martyrs inconnus ; Sans Dieu ; Un mariage sous la Terreur ; Jenny les bas rouges ; Alsace et Lorraine ; sont pour tous.


André Besson, né en 1872, poète et vaillant publiciste, à qui nous devons trois recueils de nouvelles vivantes et vécues : En cheminant ; Fusains ; Vers l’aube ; des recueils de vers et un ouvrage de défense religieuse, Dieu d’abord.


Gabriel de Beugny d’Hagerue, né à Racquinghem (1831). Nous laissons à ceux qui ont de la barbe au menton : Les mémoires d’un commis-voyageur ; et aux plus jeunes : Claude Burget ; Le fils du docteur ; Lucy ; Mlle de la Rochegautier ; Nelly ; Le roman d’un jésuite ; Yvonne de Montigneul ; Pauvre Lady… Tous les gens de goût réserveront à cet écrivain aimable et sain, un coin de prédilection dans leur bibliothèque.


Lucien Biart (1828-1897). Né à Versailles, il s’embarqua très jeune pour l’Amérique où il s’occupa de zoologie et de littérature.

Les ouvrages suivants, bien écrits, mouvementés et pour la plupart illustrés, plairont certainement aux jeunes lecteurs : À la frontière indienne ; Entre deux océans ; Entre frères et sœurs ; Lucia Avila ; Monsieur Pinson ; Le Pensativo ; Le secret de José ; La terre tempérée ; Pierre Robinson et Alfred Vendredi ; Voyage dans un parc ; Le fleuve d’or ; Jeanne de Maurice (belles situations, quelques passages exaltés) ; Conquête d’une patrie (au Mexique en 1810) ; La vallée des Colibris.

Les personnes plus âgées se réserveront Les clientes du docteur Bernagius (fonds sceptique, peu moral) ; Antonia Bezarez (jalousie d’amour au Mexique).


H. de la Blanchère (1821-1880), manque généralement d’inspiration religieuse et n’a guère d’œuvres remarquables. Citons : Autour d’un lac (récit d’aventures) ; Le père Branchu ; Le trésor de Montcalm (histoire émouvante chez les Peaux-Rouges) ; L’oncle Tobie et Aventures de la Ramée, qui sont des récits de pêche et de chasse pour les enfants.


Mme Stella Blandy, née en 1837. Toutes ses œuvres appartiennent à cette série, excepté Au tournant du chemin ; Bénédicte (excellent) ; La dette de Zééna, qui intéressent plutôt les aînés. Nous citons en outre : La part du cadet (un peu embrouillé) ; Le petit roi (très gentil, mais pas religieux) ; Tante Marise ; La Benjamine ; Castelvert ; Dernière chanson ; Mon ami et moi ; Le bouquet d’algues ; D’une rive à l’autre ; etc…


Le baron Asper de Boaça (1808-1878), philologue, poète et romancier. Son Calby ou les massacres de septembre, est bien vieux, sans doute : mais il a vieilli, comme les choses qui durent, en prenant des années, sans prendre de rides au moins aux yeux de ses nombreux admirateurs.


Julie Borius, alias A. Verley, née à Brest en 1862. Elle a signé de ses deux noms, un grand nombre de romans bien faits et bienfaisants : Une dette de cœur ; En roulotte ; Notre aînée ; Le pardon du grand père ; Une perfection ; La place de l’absent ; Sur un piédestal ; Un vieux manoir ; Tous jeunes ; Miss Fantaisie ; Dernier rayon ; Les chambres de Fernande ; Petite Françoise ; Dans la bonne voie ; etc.


Madame Bourdon (Mathilde Lippens, Madame Froment, puis) née à Gand en 1817. Résida pendant quelques années à Lille, où son second mari était magistrat ; après la retraite de celui-ci, elle vint se fixer à Bailleul, où elle conquit toutes les sympathies par sa charité et son exquise amabilité ; elle y mourut le 22 décembre 1888. Ses ouvrages essentiellement moralisateurs, se trouvent dans toutes les bibliothèques catholiques.

Andrée d’Effauge ; Henriette de Bréhault ; Euphrasie ; Léontine ; Le divorce ; Mémoires d’un agent de change ; Rivalité ; Les béatitudes ; Quelques heures de solitude ; Types féminins seront donnés aux plus grandes des jeunes filles.

Parmi ses œuvres qui peuvent être lues par tous, nous citons : Anne-Marie (scènes de la Révolution, triste) ; Antoinette Lemire ; Marthe Blondel ; Parente pauvre (toutes trois pour les ouvrières) ; Denise ; Le droit d’aînesse (qui devient un devoir de dévouement) ; Fabienne et son père (triste) ; La famille Reydel ; La femme d’un officier (dans le mariage, les qualités avant la fortune) ; La ferme aux ifs (contre les vanités) ; L’héritage de Françoise ; Le lait de chèvre (une écervelée qui se corrige) ; Le ménage d’Henriette (beaucoup lu) ; Le pain quotidien ; Souvenirs d’une institutrice (trop d’argent et éloge de Corinne) ; Le Val Saint-Jean ; La vie réelle (un des meilleurs) ; Abnégation(recueil de nouvelles) ; Catherine Hervey (id.) ; Nouvelles variées ; Seule dans Paris (id.) ; Viviane (id.) ; etc…

Les enfants liront : Agathe ou la 1re Communion.


Louis Boussenard (1847-1910). Ses romans d’aventures (une vingtaine de volumes) sont intéressants, mais ils manquent totalement d’esprit chrétien. Tels sont, en effet, nombre d’auteurs modernes ; ils promènent leurs observations à travers toutes les magnificences de l’univers, sans saluer ni même rencontrer le divin Créateur ! Lire sous cette réserve : Tour du monde d’un gamin de Paris ; Sans le sou ; Les Français au Pôle Nord ; Les étrangleurs du Bengale ; L’enfer de glace ; L’île en feu ; Voyages et aventures de Mlle Friquette ; Le défilé d’enfer ; Aventures d’un homme bleu ; Les chasseurs de caoutchouc ; Aventures d’un héritier à travers le monde ; Aventures d’un gamin en Océanie ; Les secrets de M. Synthèse, etc…


Mary Elizabeth Braddon, de son vrai nom Mistress John Maxwell, romancière anglaise (1837-1914). Ses romans écrits avec facilité et émotion tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page et se distinguent par l’honnêteté des sentiments.

Les grandes personnes liront avec intérêt : Aurora Floyde (son chef-d’œuvre) ; L’allée des Dames ; La femme du docteur ; Un fruit de la mer morte ; La chanteuse des rues.

Quant à ceux-ci : Le secret de Lady Audley (un grand succès) ; Le capitaine du Vautour ; Henry Dumbard ; Les oiseaux de proie ; L’héritage de Charlotte (suite du précédent) ; L’intendant Ralph ; Lady Lisle ; Le locataire de sir Gaspard ; Le testament de John Marchemont ; La trace du serpent ; Le triomphe d’Éléonor ; Vixen, etc., ils conviendraient à toutes les catégories de lecteurs, sauf quelques pages passionnées et quelques quolibets inspirés par l’anglicanisme de l’auteur.


Alfred de Bréhat, de son vrai nom Alfred Guézenec (1823-1866). La jeunesse lira avec profit et intérêt les instructives Aventures d’un petit parisien et Les aventures de Charlot. Les hommes et dames se réserveront : L’auberge du soleil d’or ; Les chasseurs de tigres ; Les chauffeurs indiens ; Le cousin aux millions et les autres.


Le Père Bresciani (1798-1862), S. J., ancien rédacteur à la Civilta Cattolica. La plupart des romans qui appartiennent à sa collection, racontent les menées ténébreuses du parti révolutionnaire et maçonnique contre le pouvoir temporel du Pape. Bien qu’ils aient perdu un peu de leur actualité, ils jouissent encore auprès du public catholique d’un certain succès. Lire : Le juif de Vérone ; Lionello ; La République romaine ; Dom Giovanni ; Edmond ; Ubaldo et Irène ; Victorin ; Le zouave pontifical ; Ricardo le Franc-Maçon.


Jacques Bret (Angers, 1850), pseudonyme de Mme Hervé. Ses œuvres furent autrefois très goûtées par les lecteurs du Correspondant. On relira avec plaisir : La dernière bataille du général Berger ; Eljen ; Livadia ; Messieurs de Cisay ; Vieille Cigale, quand on aura dix-sept ou dix-huit ans.


Charles Buet (1846-1897), écrivain catholique, s’est signalé par des brochures politiques, des drames et des romans d’histoire et de mœurs d’une réelle tenue.

Ses romans historiques sont assez exacts, entraînants par leur style, le jeu des passions et le dramatique un peu sanglant des récits. Citons : Le crime de Maltaverne (où le prêtre cependant ne garde pas assez énergiquement le secret de la confession) ; L’honneur du nom ; Hauteluce et Blanchelaine (suite du précédent) ; Madame la connétable ; Le roi Charlot ; Les chevaliers de la Croix-Blanche ; L’hôtellerie du prêtre Jean ; Le capitaine Gueule d’Acier ; Les gentilshommes de la cuiller ; Morogh à la hache ; La mitre et l’épée ; Philippe Monsieur (suspect au point de vue moral) ; Le maréchal de Montmayeur (suite du précédent).

Parmi ses romans de mœurs, Le Péché (roman psychologique où s’étale toute la hideur du vice, auquel Dieu seul peut remédier, à l’exclusion des épreuves les plus douloureuses) ne convient qu’aux grandes personnes[5]. Il en est de même des Contes ironiques et des Contes moqueurs. Quant à La princesse Gisèle qui a paru sous son nom et qu’il faut bien lui attribuer (bien que la dédicace porte la date du 15 juillet 1835), c’est un roman licencieux.

Les autres ouvrages peuvent être mis entre toutes les mains : Aubanon cinq liards ; Histoires à dormir debout (cinq récits intéressants ; peintures du vice trop saillantes) ; Les rois du pays d’or ; Scènes de la vie cléricale (très bien tracées) ; À bord du Mariotis ; Histoires cosmopolites ; Les mystères de Villeblanche ; La tour Griffe d’or ; Sous le soleil d’Afrique (recueil d’histoires) ; Légende des bords du lac d’Annecy ; L’enfance d’un saint ; Médaillons et camées ; Les premiers explorateurs au Soudan ; Contes à l’eau de rose.

Charles Buet est aussi l’auteur du Prêtre, drame tiré de son roman Le crime de Maltaverne, qui a été souvent représenté sur nos théâtres d’œuvres.


Fernán Caballero, pseudonyme de Cecilia Böhl de Faber, romancière espagnole (1797-1877), dont la vie fut très éprouvée et dont la mort fut pleurée dans toute la péninsule. Dans ses romans pleins de grâce et de délicatesse, catholiques et moraux, elle s’attache surtout à décrire la belle Andalousie, avec ses mœurs et ses légendes.

Nous citons parmi ceux qui ont été traduits en français : Un ange sur la terre ; Clémencia ; Les dettes acquittées ; Fleur des champs ; Rien n’est parfait ici-bas ; Un été à Bornos ; La mouette (histoire d’amour, très populaire en Espagne) ; Nouvelles andalouses ; et nous notons que ces trois derniers ne sont pas à mettre entre toutes les mains.


Henri Carton de Wiart (Bruxelles, 1869), député belge. La cité ardente (Liège au XVe siècle ; mœurs, guerres, passion chaste) ; Les vertus bourgeoises (vertus méconnues par l’étudiant qui en comprend la nécessité après bien des défaites ; pas pour tous).


Henri Gauvain (1847-1899), ancien trésorier général. Il est connu du public qui lit, pour ses romans exceptionnellement dramatiques et très bien conduits. Nous ne recommandons pas Le mari de sœur Thérèse et La mort d’Éva ; ils sont du reste bien moins connus que Le chariot d’or (épisode historique du temps de Charles VII) ; Le grand vaincu (Montcalm dans la guerre d’Amérique) ; Le roi de Gand (au temps de Charles-Quint) ; Maximilien Heller (histoire très dramatique, un misanthrope qui se rattache à la vie par le dévouement) ; Les proscrits de 93 ; La main sanglante (dramatique et captivant ; assassinats audacieux ; habileté d’un détective).


Paul Cellières, né en 1836, employé au ministère des Finances, se tua en 1883, dans un accès de fièvre chaude. Il reste de lui quelques œuvres qui jouissent encore d’une grande estime : Les deux idoles (série de nouvelles) ; Le roman d’une mère (délicieux et humoristique, pas religieux, rappelle Dickens) ; Quand il pleut (historiettes) ; Les mémorables aventures de Jean-Baptiste Quiès ; Le chef-d’œuvre de papa Schmeltz (quelques pages un peu trop hardies pour jeunes filles) ; Une exilée.


François-René de Chateaubriand (1768-1848), le célèbre écrivain, le père du romantisme, l’initiateur intellectuel du XIXe siècle. Le génie du christianisme où l’auteur essaie de réconcilier l’esprit français avec la religion, en lui montrant ses beautés sensibles, est plus séduisant que profond, plus esthétique que convaincant : il renferme du reste des erreurs et des futilités, à côté de tableaux magnifiques. Atala, René, Les Natchez, Le dernier Abencérage, Les martyrs, types de romans poétiques, sont trop troublants pour être lus par les jeunes gens.

Nous les signalons cependant ici, parce qu’il a été publié de quelques-uns de ces ouvrages, des éditions corrigées (Vermot, abbé Mullois, etc.) où la richesse d’imagination, l’éloquence passionnée, l’éclat descriptif de l’auteur, restent suffisamment en relief. Lire aussi Pages choisies ; Itinéraire de Paris à Jérusalem.


Mme Chéron de la Bruyère, alias Louise Jollivet, (1838-1913), un bon auteur toujours charmant, dont tout le monde peut lire : Cœur d’or ; La jeune indienne ; L’orgueil des Monstrey ; Mlle de Bréa ; Fleur d’orage (histoire touchante d’une orpheline) ; Vers l’abîme (ravages de la politique dans les familles) ; Je le veux ; Fluette (pour les petites) ; Tante Bertine ; Petite nièce ; La mission de Gisèle ; Le commandant Rabat-joie ; Le mystère de Rochebrune (émouvant et chrétien) ; Chassés du nid (édifiant, contre la jalousie) ; Princesse Rosalba (histoire de nègres et de naufrages) ; Fille d’aviateur (dramatique et noble) ; Les idées de Jacqueline (assez neutre).


Le marquis Gaspard de Cherville (1819-1898), chroniqueur du Temps, ancien collaborateur d'Alexandre Dumas, gentilhomme paysan et veneur émérite.

Histoire d'un trop bon chien (un peu trivial) ; Les aventures d’un chien de chasse ; Muguette (quatre nouvelles charmantes) ; Gaspard l’avisé ; Matador ; Le monde des champs ; Récits du terroir ; Contes de ma campagne ; Les bêtes en robe de chambre ; Les éléphants ; Les oiseaux chanteurs, retentissent de « tayauts » et de gazouillements.


Mme Colomb, née Joséphine-Blanche Bouchet, protestante, fille d’un médecin, femme d’un professeur (1833-1892). Ses 30 volumes, écrits pour la jeunesse, manquent souvent d’esprit religieux ; ils sont cependant moraux et beaucoup lus. Le bonheur de Françoise (très bien) ; Chloris et Jeanneton (mariage) ; Deux mères ; Les Étapes de Madeleine ; Franchise (roman de chevalerie, époque de Louis VII, recommandable) ; Jean l’innocent (un des meilleurs) ; Pour la Patrie ; Le violoneux de la Sapinière ; Sabine ; etc…


Fenimore Cooper (1789-1851), le célèbre romancier américain. Ses nombreux ouvrages décrivent la vie sauvage en Amérique, et les drames de la forêt indienne, avec un entrain et une puissance d’imagination qui charment encore les lecteurs des deux mondes.

La traduction de Defauconpret est complète et ne doit pas être laissée aux jeunes gens : l’adaptation Mame, Ardant, H. Gautier ou Téqui, débarrassée de toutes les longueurs insipides, propres aux romans anglo-saxons, leur fera suffisamment goûter le mérite de ces œuvres : L’espion ; Le tueur de Daims ; Le dernier des Mohicans ; La prairie ; Les pionniers ; Le lac Ontario ; etc., etc…


Mlle Jeanne de Coulomb (Bordeaux, 1864). L’invisible main ; Croix lumineuse ; Sceptre d’or ; Volonté de roi (légende de Hongrie) ; Le fantôme des Tournoailles ; Rançon d’âme ; Âme dormante (enfant gâtée) ; Les ensoleillés ; L’irrésistible force (la charité) ; sont des livres traversés de sourires et de frissons, où brillent de beaux caractères, de belles leçons et l’éclat des sentiments chrétiens.

Signalons encore parmi les plus récents : L’éparpilleur de braises (contre la presse neutre et mondaine) ; L’île enchantée ; Source impure (la religion de l’honneur) ; Sans fer ni poison (une belle-fille qui se venge par l’abnégation et le dévouement) ; La pierre philosophale (c’est-à-dire la grâce de Dieu) ; Le court-circuit (belles descriptions du vieux Poitiers ; ; Terre interdite (autour d’un produit industriel volé aux religieuses qui le fabriquaient) ; Le chemin de ronde ; La maison des chevaliers ; La villa du paradis ; La cité de la paix.


Edmond Coz, de son vrai nom Mme Boudeville (Évreux, 1854), femme d’un officier de cavalerie.

Elle débuta par Paganisme, œuvre de forte documentation qui n’est pas destinée à la jeunesse, et par de nombreux articles historiques… Elle a publié depuis, outre sa collection de plaquettes religieuses, des romans remplis d’imagination et de leçons : Frère l’âne (scènes de grèves, enfants des victimes) ; La meilleure route (récit dramatique contre les alliances cosmopolites en honneur dans les familles françaises) ; Luttes d’âmes (l’écrivain catholique et l’autre ; affabulation originale) ; L’une et l’autre (deux jeunes filles ; le jeune homme choisit la coquette, pour son malheur) ; Sol natal (apothéose de la terre qui vivra) ; Fatal orgueil (couronné par l’Académie, mariage) ; Face au péril (événements de Russie, la monarchie triomphant par l’énergique bonté, très actuel) ; Les derniers Montforzal ; Le fils de Stenio Morelli ; Face au devoir ; Les routes se croisent ; etc…


Mistress Cummins, romancière américaine (1827-1856), qui obtint un immense succès avec son célèbre roman social : L’allumeur de réverbères ; Mabel Vaughan ; Les cœurs hantés ; La rose du Liban, etc., qui furent traduits dans plusieurs langues. Le premier surtout respire une compassion touchante : cette histoire d’enfant abandonnée (Gertry), chez laquelle le bon vieux True allume le sentiment chrétien, captivera toujours les lecteurs des deux mondes.


Danrit, pseudonyme de Émile Driant, né en 1855, officier de chasseurs à pied, gendre du général Boulanger, glorieusement tombé au bois des Caures en 1916.

La guerre de demain (6 volumes) ; La guerre fatale (avec l’Angleterre ; amours d’un lieutenant de vaisseau et d’une irlandaise) ; Ordre du Tsar (roman d’aventures) ; L’invasion jaune ; L’invasion noire (4 volumes), ont fait du sympathique écrivain le Jules Verne militaire et obtiennent toujours un succès mérité. Ils sont parfois trop hardis pour être donnés à tous.

Les jeunes gens liront : Évasion d’empereur ; La guerre souterraine ; L’aviateur du Pacifique ; Robinsons de l’air ; Robinsons sous-marins ; et surtout l’Histoire d’une famille de soldats, en trois périodes : Jean Tapin, 1re période 1792-1830 ; Les filleuls de Napoléon, 2e période 1830-1870 ; Petit Marsouin, 3e période 1870-1886.


Lucien Darville, de son vrai nom Lucien Pucel, magistrat, il démissionna pour sauvegarder l’indépendance de sa conscience, et embrassa la carrière des lettres. Il est mort en 1917. Nous citons parmi ses œuvres :

Les romans historiques : La belle Olonnaise (époque Louis XIII, scène de fiancés) ; Les trois loups de mer (id.).

Les romans de mœurs contemporaines : Trop fin de siècle ; Trop savante ; Épreuves d’une mondaine ; Alsace et Bretagne ; Les agents des Ténèbres ; Le juge Bahylas (le catholique tracassé) ; La grande victime (Mgr Affre) ; La vengeance du prêtre (durant la guerre d’Extrême-Orient) ; La famille Monval ; Les deux cousines (religieux, actuel) ; Modernes vandales.


François Deschamps, pseudonyme de Mme Louvrier de Lajolais (Paris, 1852).

Au lys d’argent est à lire par les jeunes gens sérieux. L’intrépide Marcel ; Mon ami Jean ; Le roman d’un sot ; Mon amie Georgette ; Les grandeurs de Sophie ; Mon Jacques ; Les petits Poussargues, sont pour tous.

Marie-Claire est l’histoire d’une femme qui côtoie l’adultère.


M. Delly, femme de lettres, prend une place de plus en plus importante parmi les écrivains de marque. L’étincelle ; Une femme supérieure ; L’exilée (pour les plus grands) ; Esclave ou reine ; Le roi des Andes ; Magali (aventures pleines de mouvement) ; La colombe de Rudsay-Manor (une petite âme innocente qui rachète les fautes de ses aïeux) ; Le testament de M. d’Erquoy (les égarés des masses populaires revenant à la lumière) ; Entre deux âmes (drame intime de mésintelligence conjugale ; psychologie vraie ; très moral) ; Le Maître du silence ; constituent les principales étapes d’un talent qu’il faut estimer et dont on peut beaucoup espérer.


Paul Deschamps, nom de plume de l’abbé Rondot, mort curé de Louvemont (Haute-Marne), en 1917.

Ses trois livres : Jean Christophe ; Suzanne ; L’abbé Jacques, sont appelés à faire beaucoup de bien. Les nobles exemples des héros, le fini des tableaux champêtres et familiers, l’exposé des persécutions auxquelles la religion est en butte depuis trente ans, font de cette trilogie une œuvre admirable, captivante et édifiante. Pour lire à la veillée, surtout dans les campagnes, il n’y a rien de mieux.


L’abbé Augustin Devoille (1808-187.). Ses trente ou quarante ouvrages occupent une très bonne place dans les bibliothèques paroissiales. Beaucoup d’entre eux renferment trop de longueurs, de vulgarités, d’obscurités et d’incohérence pour intéresser les puristes et les lettrés. Les lecteurs ordinaires lui pardonneront facilement ces défauts et liront avec bonheur ces livres écrits spécialement pour le peuple. Nous citons parmi les meilleurs : La cloche de Louville ; Les Croisés ; La prisonnière de la tour ; Vengeance ; Le parjure ; Le cercle de fer ; Mémoires d’une mère de famille ; La dame de Châtillon ; Le prêtre soldat.


Arthur Dourliac, de son vrai nom Arthur Couillard (1848-1905).

Il s’est tour à tour essayé dans l’étude des mœurs ouvrières et bourgeoises (Léon de trop) ; des mœurs villageoises (Un de plus) ; des mœurs provinciales (Le supplice d’une mère) ; et enfin dans le roman historique. En tout, 20 romans et environ 150 nouvelles, dont plusieurs pour personnes d’âge raisonnable : Trop marquise (roman couronné par l’Académie).

Nous permettrions aux plus jeunes : Deux Dauphins ; Un élève de Tintoret ; La première garde de Roustan ; Les apprentis de l’armurier ; Droit d’aînesse ; Cœur dévoué ; etc..


Jean Drault, de son vrai nom A. Jeandrot, né en 1866, près de Dreux. Son Chapuzot qu’il mobilise successivement dans tous les pays

Où mûrit l’héroïsme et fleurit la gaieté ;

L’odyssée de Claude Tapart ; Les petits drames du poste ; Le wagon de 3e classe ; Les aventures de Bidouille ; Les audiences joyeuses ; Le perroquet du cantinier ; etc., sont des ouvrages désopilants et gaulois qui ne font jamais rougir. Le gosse au sergent-major n’est pas pour tous.

Outre cette série de drôleries, on peut lire Le barbier Gracchus (roman historique) ; La fille du Corsaire (aventures maritimes et robinsonade merveilleuse) ; Les vengeurs du roi (épisode de la conspiration de Batz) ; Le secret du juif-errant (scènes de la Révolution) ; Ceux qui en reviennent, Dodore l’anarchiste ; M. l’espion et sa fille ; Berlingot et Radingois ; L’idylle dans la ville rouge ; et vingt autres ouvrages.


Pierre Duchâteau, pseudonyme de Mme Urmès, auteur qui décrit excellemment les intérieurs de famille et dont les œuvres religieuses et éducatives sont à placer dans toutes les bibliothèques paroissiales.

Nous citons ici : Notre demoiselle ; Deux puissances ennemies ; L’écueil ; Pauvre Jean ; Père Prodigue ; Dix-huit cents francs de rente ; Le gouvernement de Monsieur le curé ; La rançon du bonheur ; L’étang fatal.

Nous recommandons aux plus jeunes : Souvenirs d’un petit alsacien ; Les 4 fils Aymon ; Le roman de Christian ; Deux rivaux ; Le Robinson des vacances ; Le filleul de Mutte ; Mignonne ; La fille de ma fille ; L’ambition de Germaine ; Le bas de laine de tante Aimée ; L’étoile ; Vie d’artiste ; toutes les nouvelles parues dans le Saint-Nicolas et Le Musée des familles.


Miss Maria Edgeworth (1767-1843), romancière anglaise. Ses romans et ses contes, où elle a décrit les misères morales de l’Irlande et de la haute société anglaise ont un but moralisateur, qui s’aperçoit dans chacun de ses livres. Nous recommandons ici les Contes pour les jeunes filles ; Contes de l’enfance ; Contes d’adolescence ; Contes familiers ; Demain ; Les jeunes industriels (8 volumes) ; Récits populaires (adaptation Ardant).


Pierre l’Ermite, pseudonyme de M. l’abbé Loutil (Mohon, 1863), curé de Saint-François de Sales, à Paris, écrivain, artiste et apôtre.

Ses nouvelles, croquis et dialogues, qui paraissent chaque dimanche dans La Croix, ont été réunis pour la plupart en volumes, sous des titres affriolants : Lisez-moi çà ! ; Et çà ? ; Et de quatre… ; Le soc ; Toujours elle. Ils ont la gaieté, la finesse, la ferveur naïve et parfois la drôlerie folichonne des contes du moyen âge ; ils sont la force et la gloire de leur auteur et ils ouvrent l’âme aux plus hautes leçons.

Ses romans ont aussi leur valeur. Restez chez vous, est un éloquent plaidoyer en faveur de la vie rurale. Le grand Muflo met en scène le type saugrenu du mangeur de curés. La grande amie (livre couronné par l’Académie française) et L’Emprise nous font assister, au milieu de scènes poignantes, sentimentales, pittoresques et mélo-dramatiques, à la lutte de la terre contre l’usine, de la noblesse terrienne contre la juiverie cosmopolite, du home rustique et bienfaisant contre l’exode incessant qui porte le paysan dans les grandes villes… ; La brisure est le roman de la conquête des âmes.


Marguerite d’Escola. Ce pseudonyme cache une femme de lettres distinguée et qui manie un beau brin de plume. Le pain de chez nous, paru dans La Croix en 1904, prêche l’attachement au sol natal ; Les sources claires disent avec beaucoup d’esprit le dévouement dont est susceptible une jeune fille de nos jours.


Alfred des Essarts (Alfred-Stanislas Langlois, dit), littérateur français (1811-1893), conservateur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Nous citons parmi ses romans : Le chalet d’Hoffmann (nombreuses allusions historiques qui le rendent obscur) ; Le champ de roses (le plus vanté) ; La femme sans Dieu (triste, actuel, touffu, pour les jeunes gens sérieux) ; L’enfant volé (très beau, quelques détails répréhensibles) ; Le roman d’un vieux garçon ; etc., qui ne doivent être lus que par des jeunes gens formés.

Les autres se contenteront de : La gerbe (dix nouvelles) ; Lectures d’hiver (neuf récits) ; Le marquis de Roquefeuille ; La richesse des pauvres (édifiant) ; Une petite fille de Robinson ; Le meneur de loups (les légendes du Morvan).


Pierre Ficy, de son nom Mme Jeanpierre, née Félicie Piot (Saint-Dié, 1849), a signé une série d’histoires intéressantes et morales : La tâche de sœurette ; La fortune de Roc-Aubry ; Le ménétrier des Hautes-Chaumes ; etc.


Mme Camille de Fillyères se porte particulièrement à analyser les peines du cœur : À chacun sa part (elle épouse, hélas ! un baron viveur, tandis que le délaissé fait un mariage heureux) ; Le roman d’une année et 'Le dernier des Salbonins, qui le complète (très édifiants) ; Les surprises de Berthe (après tant de souffrances, elle trouve le testament de son oncle et se marie) ; La villa Esculape.


Zénaïde Fleuriot, déjà nommée. Les mères de famille dont elle a conquis le cœur, feront lire à leurs enfants, les livres délicieux qui suivent :

Aigle et colombe (très beau, suite de Petite duchesse) ; À l’aventure (pièce de vers, religieuse) ; Alix (très bien, descriptions mondaines) ; Au hasard ; Aventures d’un rural ; Caline ; La clef d’or ; Un cœur de mère (deux nouvelles) ; Feu et flamme (intéressant) ; Grand Cœur ; Faraude ; Histoire intime (sous forme de lettres, descriptions mondaines) ; Loyauté ; Mandarine ; Tombée du nid (suite du précédent, tous deux délicieux) ; Les mauvais jours (récit peu intéressant du siège de Paris) ; Mes héritages (mémoires d’une jeune fille) ; Miss Idéal (suite du précédent) ; Mon Sillon (histoire de deux jeunes provinciaux à Paris) ; M. Nostradamus (siège de Paris) ; Oncle trésor (peu intéressant et fêtes mondaines) ; Petite belle (longueurs, assez intéressant) ; Les pieds d’argile ; Armelle Trahec (suite du précédent, tous deux émouvants et excellents) ; Les Prévalonnais (pas gai) ; Réséda (assez bien, invraisemblances) ; La Rustaude (un des meilleurs) ; Sans beauté (bien peu de sentiment chrétien) ; Sans nom (un peu d’invraisemblance) ; Sous le joug ; Souvenirs d’une douairière (recueil de nouvelles) ; De trop (très demandé) ; Une famille bretonne (fêtes mondaines) ; etc., etc…


Francis Finn, jésuite, romancier américain, né en 1859. Tous les petits Français connaissent ses ouvrages si empoignants et si gais : Tom Playfair ; Percy Wynn ; Harry Dee ; Claude Lightfoot ; Figures amies ; Une seule fois.


Eugénie Foa, alias Rodrigue Gradis (1799-1853). On ne trouve plus malheureusement en librairie ses délicieuses nouvelles : La petite maman ; Les enfants de la vallée ; etc…


Gabriel Franay (Romelay-Dijon, 1860), est ravissant (n’est-ce pas ravissante qu’il faut écrire ?) dans Mlle Huguette ; Flosette ; Le château des Airelles (romanesque) ; Comme dans un conte (pas vécu et pas gai) ; Mon chevalier (couronné par l’Académie) ; Lisbeth (suite du précédent, pas pour tous) ; La marraine de Peau-d’Âne (conte de fée).


Lady Georgina Fullerton (1812-1885), fille du comte Granville, ancien ambassadeur d’Angleterre à Paris. Convertie au catholicisme en 1846, elle écrivit sous le titre de Constance Schrwood, une édifiante autobiographie.

Parmi ses autres œuvres, où elle excelle à peindre les souffrances intimes du cœur, citons : La fille du notaire ; Laurentia (la persécution au Japon) ; Giévra ; La nièce de Madame Gerald ; Rose Mary ; Plus vrai que vraisemblable (aventures de la mère de Pierre II), Hélène Middleton ; L’oiseau du bon Dieu ; Rose Leblanc. Ces deux derniers ouvrages ne doivent pas être donnés à des personnes trop jeunes.


René Gaell, pseudonyme de M. l’abbé Esteffe, qui obtint en 1904 le premier prix au concours de romans organisé par La Croix, avec Les bijoux de la princesse (roman populaire, très intéressant, contre les sociétés secrètes). On y joindra Jeunes gloires (trois récits de bravoure émouvants).

Quant à Soutane noire et culottes rouges ; Mes campagnes à vélo ; Encore soldat ; L’hôpital militaire ; Roublard en Mandchourie ; Coups de plume et coups de clairon, ce sont des croquis à l’emporte-pièce gentiment brossés.

M. Gaell, mobilisé, a continué à servir par la plume. On lira ses deux séries de scènes de guerre : Les soutanes sous la mitraille ; Dans la bataille.


Léon Gautier (1832-1897), paléographe, est surtout connu par ses Épopées françaises, ses éditions de La Chanson de Roland et son ouvrage sur La Chevalerie qui ont remis en honneur la littérature et l’histoire du moyen âge.

On trouve en outre dans les bibliothèques son Voyage d’un catholique autour de sa chambre (œuvre de jeunesse pour tous) ; Scènes et nouvelles catholiques (pour jeunes gens sérieux).


Madame Sophie Gay (1776-1852), partagea sa vie entre les plaisirs et les lettres : elle s’amusa comme une lettrée, et écrivit pour s’amuser.

On ne lit plus guère ses romans de sentiment (Léonie de Montbreuse, Anatole, etc.) ; mais on trouve encore dans les bibliothèques : Victorieuse ; Cruelle méprise ; Mouchoir perdu, que nous plaçons ici.


A. Gennevraye, pseudonyme de la vicomtesse de Lepic, née Janvier de la Motte. Pour tous : Le marchand d’allumettes (pas d’esprit chrétien, mais du cœur) ; La petite Louisette ; Théâtre de famille.

Pour les jeunes gens sérieux : Le roman d’un sous-lieutenant (paru dans Le Correspondant) ; Histoire invraisemblable, etc…


Jules Gérard (1817-1864), officier de spahis, qui a raconté ses aventures dans des livres émouvants et chrétiens : Le tueur de lions ; Chasses au lion ; Dernières chasses ; Voyages et chasses.


Frédéric Gerstaker (1816-1872), romancier allemand, émigré aux États-Unis.

Parmi ses romans qui décrivent la vie américaine, nous citons : Une charmante habitation ; La maison mystérieuse. Les mères en permettront la lecture à leurs filles et ne leur interdiront généralement pas : Les brigands des prairies ; Les deux convicts ; Le peau-rouge ; Les pionniers du Far-West ; Les pirates du Mississippi ; Les voleurs de chevaux ; Scènes de la vie californienne.


Jules Girardin (1832-1888), normalien, professeur, dont les ouvrages pour la jeunesse sont pleins de finesse, de sentiment, d’intérêt psychologique, et souvent d’esprit chrétien.

Les aînés liront avec profit et intérêt : Les locataires des demoiselles Rocher ; Mauviette ; La nièce du capitaine ; Les théories du docteur Wurst ; La toute petite (avantages de la douleur).

Tous : Les braves gens (histoire d’un enfant pendant la guerre de 1870) ; Les certificats de François ; Les épreuves d’Étienne (peu religieux) ; Les remords du docteur Ernster ; Le roman d’un cancre ; Grand-père ; Fausse route (le devoir chrétien) ; Disparition du grand Krausse ; Le capitaine Bassinoire ; etc…

Aimé Giron (1838-1907), avocat érudit, écrivain spirituel en vers et en prose, dont les romans et nouvelles méritent la faveur dont ils jouissent : Une lune de miel (pour grandes personnes) ; Braconnette (très bien) ; Chez l’oncle Aristide ; Cœur malade ; Le manoir de Meyrial (un peu triste) ; Un mariage difficile (teinte réaliste) ; Les lurons de la ganse (intéressant) ; Me Bernillon, notaire ; Les cinq sous du Juif-Errant ; Les trois mages (très amusant) ; Contes à nos petits rois ; Ces pauvres petits.

L’auteur a publié dans ses dernières années, en collaboration avec Albert Tozza, des ouvrages d’un genre tout différent, dont nous ne connaissons que les titres et le sujet : Un soir de Saturnales (poésies) ; Augustule (Rome finissante) ; Le bien-aimé (jeunesse de Louis XV) ; Antinoüs (la civilisation antique et le christianisme) ; Les nuits de Bagdad (Haroun-al-Raschid, cruautés et voluptés).


Jules Gondry du Jardinet (1832-1914). Encore un bon auteur ordinaire pour nos bibliothèques. Il plaît et il moralise dans L’anneau du meurtrier (vendetta corse) ; La main invisible (guerre de 1814) ; Le prisonnier du Czar ; Le secret du château de Roc-Noir (la Révolution) ; Supplice d’une mère (un peu romanesque, mariage) ; Sur le bucher ou le sort des femmes (c’est drôle) ; Un drame dans la forêt noire ; etc…


Mademoiselle Julie Gouraud[6] pseudonyme de Mlle Louise d’Aulnay, née en 182., autrefois directrice du Journal des jeunes personnes et de La femme et la famille.

Ses romans éducatifs ont été en partie publiés dans la Bibliothèque rose. Ils sont nombreux, qualité appréciable, puisqu’ils sont honnêtes : Marianne Aubry (pour filles de service, couronné par l’Académie française) ; Aller et retour (peu intéressant) ; Cousine Marie (pour pensionnaires) ; Minette (dévouement, mariage) ; La petite maîtresse de maison (pour les présomptueuses) ; Le vieux château (on aime à le revoir, au retour de Paris) ; et une foule d’ouvrages pour les enfants.

Causeries et mélanges ; Esquisses morales ; Scènes et proverbes ne conviennent qu’aux grandes personnes.


L’abbé Jean Grange (1827-1892), excellent curé limousin qui fut l’un des bons écrivains de L’Ouvrier. Polémiste populaire, conteur et dialecticien plein de bonhomie. La Mère Saint-Ambroise ; Noblesse oblige ; Le trésor du souterrain ; Le prieur des pénitents bleus ; Souvenirs d’un gendarme ; Notes d’un commis-voyageur ; Le Robinson d’eau douce ; Mémoires d’un vieux drapeau ; Souvenirs d’un bachelier ; Les récits d’un commissaire ; Lettres d’un paysan ; Aventures d’un gentilhomme poitevin ; Histoire d’un jeune homme (pour ouvriers), etc., pétillent d’esprit gaulois, et constituent une apologie du bon sens de la foi, dissimulée dans d’agréables récits.


L’abbé C. Guenot ne fut pas un chartiste et, dans ses dramatiques Épopées de l’Histoire de France (44 volumes), il n’eut pas la prétention d’unir à l’érudition impeccable, les qualités de composition qui sont un des principaux mérites des historiens modernes ; ses récits sont des romans fondés sur des faits. Cette réserve admise, ils sont considérés à juste titre comme de vrais trésors pour les enfants. Le Kalifah de Béni Salem ; La baronne de Rosemberg ; Le dernier des Lochleven ; L’homme sans nom, renferment cependant quelques mots de trop.


Mademoiselle Marie Guerrier de Haupt, romancière et poète (1835-1914). Bon auteur moral, intéressant, généralement religieux.

Les aînés se réserveront Handzia la Gitane ; Le trésor de Kermerel ; Le roman d’une athée.

Les plus jeunes liront Marthe (peu religieux) ; L’institution Leroux ; Les défauts de Gabrielle ; Un châtelain au XIXe siècle (actualités) ; Le bonheur et l’argent (pas de religion) ; Le chevalier de Naujac (dramatique) ; Vanda ; Un drame au village, etc., etc…

Dans un article sur « le roman naturaliste et le roman piétiste » (Revue des Deux-Mondes, 1873, tome IV), Paul Bourget a choisi Marthe comme type de roman piétiste et il y voit « une abondance de phrases de pensionnat, une ignorance de la vie réelle qui rendent cette lecture douloureuse ! »


Alexandre Guiraud (1788-1847). Sa tragédie des Machabées, ses romans chrétiens Flavien et Césaire sont oubliés ; il ne reste de lui que Le petit Savoyard.


Comtesse Ida Hahn-Hahn (1805-1880), poète et romancière allemande. D’abord rationaliste et féministe exaltée, elle combattit la morale et les revendications des classes populaires dans des œuvres maladives et d’une grande chaleur de style, qui rappelaient George Sand. Elle se convertit au catholicisme et désavoua tous ses ouvrages sous l’inspiration de Mgr Ketteler. Elle en entreprit une série de nouveaux, parmi lesquels : Les deux sœurs ; Doralice ; Eudoxia ; Maria Regina ; Pérégrin ; Les amants de la Croix (livre édifiant) ; De Babylone à Jérusalem (histoire de sa conversion). Ces ouvrages débordent de lyrisme et ne conviennent pas toujours à tous les lecteurs.


Y. d’Isné, pseud. de Mlle Inès Yvon, « un idéal de bonté et de dévouement », ainsi que nous l’écrit une de ses amies.

Les soirées de l’abbé Jean ; Le secret du docteur ; Un petit voyage ; En passant ; Envers et contre tout ; Une française au XXe siècle, sont des tableaux émouvants sur lesquels se détachent de très belles leçons.


Washington Irving (1783-1859), écrivain américain, très apprécié dans tous les pays de langue anglaise, comme biographe, critique, nouvellier et romancier humoristique. Nous citons de lui pour la jeunesse : L’Alhambra de Grenade ; Un tour dans les prairies.


Paul d’Ivoi, de son vrai nom Charles Deleutre (1856-1915), dramatiste, journaliste anticlérical et occasionnellement feuilletoniste du Matin, avantageusement connu pour ses « voyages excentriques » : Les cinq sous de Lavarède ; Cousin de Lavarède ; Corsaire Triplex ; Le capitaine Nilia ; Le docteur Mystère ; Cigale en Chine ; Massillague de Marseille ; Les semeurs de glace ; Le sergent Simplet ; Jean Fanfare ; Femmes et gosses héroïques.


Francis Jammes (Orthez, 1868), poète et romancier. D’abord clerc de notaire, il s’évada de l’étude pour aller retrouver les cerisiers en fleurs, ses frères les oiseaux et ses petites sœurs les primevères. Il les célébra dans des vers qui ne sont pas pour tous.

Un jour, un ami le conduisit dans une petite église et le fit s’agenouiller. Depuis, Francis Jammes a mis au service de Dieu et des lettres sa délicate sensibilité, son cœur ensoleillé, sa science de l’Évangile et son art d’écrivain. Le rêveur de la prairie et le confident des Angelus se retrouvent avec le pieux paroissien dans Le rosaire au soleil (roman plein de réalisme familier, où court une poésie mystique d’un charme tout céleste ; très bienfaisant) ; Monsieur le curé d’Ozeron (histoire d’un curé et d’un collier de perles, poème exquis de charité, récit plein de fraîcheur et de sentiments surnaturels) ; La Vierge et les sonnets, poèmes ; etc…


Johannès Joergensen, écrivain danois, né en 1866. Il a raconté, dans Le livre de la route, les étapes curieuses de sa conversion, accomplie sous l’égide de Saint François.

Son œuvre est surtout hagiographique : Sainte Catherine de Sienne ; Saint François d’Assise, sa vie et son œuvre ; Le feu sacré, vie, miracles et mort du Bienheureux Giovanni Colombini de Sienne ; Pèlerinages franciscains ; etc., figurent dans toutes les bibliothèques catholiques, avec La Cloche Roland (réfutation du manifeste des 93, tendre chant d’amour en l’honneur de la Belgique martyre).

Nous ne connaissons de lui qu’un roman : Vita vera (la vie catholique à laquelle, après des crises, parvient le héros ; parfois déconcertant ; bienfaisant).


Marie-Thérèse Josepha, pseudonyme d’une courageuse apôtre. (Madelone, Deux-Siciles, 1855).

Les aînées prendront : Le roman de Jeanne Delbriac.

Les plus petites : Sans brevet ; Autour d’une dot ; Mariage mixte (exact) ; Gabrielle Gerfaut ; La ferme aux lilas ; Mon cousin Jean ; L’abbaye de Walhuët ; sans oublier les intéressantes biographies publiées sous le même nom ou sous celui de X. de Préville : Garcia Moreno ; Christophe Colomb ; Le cardinal Lavigerie ; Le général de Sonis ; Pasteur ; Nansen ; Mac-Mahon ; Les jeudis de ma filleule ; Histoire sainte racontée aux enfants.


Thérèse Alphonse Karr (1835-1887), fille du célèbre littérateur. A fait elle-même des romans éducatifs intéressants : Catherine Tresize ; Les noms effacés (quatre récits) ; Marguerite la transplantée (dramatique) ; Pas encore (trois récits) ; Une rose blanche au pays de Souabe (épisode du règne de Grégoire VII) ; Trois mots pour titre (Dieu, famille, amitié), etc. ; des Causeries, des Croquis irlandais et des Soirées germaniques.


Marthe Lachèse (1842-1915), de son vrai nom Camille de Gérans, aimable écrivain dont les délicieuses nouvelles plairont à toutes les jeunes filles : Lucienne ; Madeleine Romain (très édifiant) ; Le vieux musicien (charmant) ; Maître Le Tianec (un peu romanesque cependant) ; Le mariage de Renée (id.) ; Le lys de Bruges ; L’enfant perdu ; Josèphe ; La promesse de Giacomina ; Quérida (le roman des bonnes œuvres) ; Marie-Ange ; L’iris bleu ; Querelle de famille ; Une injustice (inférieur) ; Le violoniste (dramatique, hautes et chrétiennes pensées) ; Au temps passé ; La pupille de Salomon ; etc…


Pierre-Alexandre Bessot de Lamothe (1824-1897), archiviste du Gard, destitué lors des décrets (1880). Ses romans, publiés pour la plupart dans L’Ouvrier et Les Veillées des Chaumières, ont eu une grande vogue : ils rappellent Dumas par la verve et l’entrain, Féval par leur coloris très chaud, Balzac par le relief des observations, Verne par l’ingénieux des inventions, et les meilleurs auteurs anglais par certaines longueurs.

Nous citons parmi ses romans nationaux et historiques : L’auberge de la Mort ; Les aventures d’un alsacien ; Le taureau des Vosges ; L’orpheline des carrières de Jaumont ; Le journal de l’orpheline de Jaumont (guerre de 1870-71) ; Les compagnons du désespoir (id. et les déportés) ; Les faucheurs de la mort ; Les martyrs de la Sibérie ; Marpha (les malheurs de la Pologne) ; Les Camisards ; Les cadets de la Croix (affreux détails) ; La fiancée du Vautour blanc (les flibustiers) ; Pia la san Pietrina ; Les fils du martyr (pontificat de Pie IX) ; Le roi de la nuit (l’Irlande catholique) ; La filleule du baron des Adrets ; etc…

Parmi ses romans d’aventures : Le cap aux ours ; Les secrets de l’Équateur (2 parties) ; Les secrets de l’Océan (id.) ; Les secrets du Pôle ; Espérit Cabassu ; Quinze mois dans la lune, etc…

Parmi ses œuvres diverses : Gabrielle (nouvelle édifiante) ; Histoire d’une pipe (réfutation assez faible de quelques erreurs historiques) ; Légendes de tous les pays (sur les animaux) ; Les métiers infâmes (contre les libres-penseurs, pour ouvriers) ; Les mystères de Machecoul (Barbe-bleue, etc.) ; Les soirées de Constantinople (récits pour jeunes gens) ; Le gaillard d’arrière de la Galathée (voyages et anecdotes) ; etc…


Gabriel de la Landelle (1812-1886). D’abord lieutenant de vaisseau, il donna sa démission en 1839 et se fit une excellente réputation par ses poésies, ses chansons et romans maritimes.

L’amour et Ninette ; L’homme de feu ; Les femmes à bord ; Les grands amours ; Le mouton enragé ; Rouget et Noirot et les ouvrages édités chez Dentu, ne se trouvent pas dans les bibliothèques catholiques.

Tous : Les quarts de jours ; L’Orient et l’Occident (inoffensif); Les épaulettes d’amiral (pour jeunes gens sérieux) ; L’esclave de luxe (étrange et vrai) ; Le premier tour du monde (très instructif) ; Fortune de terre et de mer ; et Les quarts de nuit ; Brest et Toulon ; Parrain et filleul ; Thomas Coquille ; Tablettes navales ; Les aventures de Madurec ; Les enfants de la mer, abondent en descriptions, aventures, combats, scènes de mœurs, et peuvent, avec quelque précaution, être lus par les jeunes gens, ainsi que Les deux routes de la vie (contre le plagiat) ; Les enfants de Ravinol ; Aventures d’un gentilhomme (longueurs) ; Pauvres et mendiants ; Les deux croisières ; Philon Binome (tire des conclusions trop absolues et peut porter imprudemment au jeu).

Quant aux suivants : Aventures et embuscades ; Le dernier des flibustiers ; Les géants de la mer ; Les passagères ; La meilleure part ; Sans peur le Corsaire…, ils peuvent être mis entre toutes les mains.


Hippolyte Langlois, professeur et romancier, (1819-1884). Œuvres : Jean le Solognot (erreur judiciaire) ; Un curé (nombreux détails dangereux pour la jeunesse) ; Mémoires d’une pièce de quatre sous ; Angéla ; Lady Hester ; Le pâté de pigeon ; Cécilia (celui-ci pour personnes sérieuses).


Savinien Lapointe (1811-1892), cordonnier, poète médiocre, ami de Bérenger, socialiste. On peut lire : Il était une fois, contes en prose.


Daniel Laumonier (Angers, 1863), un journaliste, qui a publié chez Mame : Anne-Marie la Providence ; Collier d’or ; etc…


Madame Julie Lavergne, née Ozanaux (1823-1886). Tout en remplissant avec un admirable zèle ses devoirs domestiques, elle se permit la joie d’écrire.

Ses 18 volumes parurent de 1877 à 1886 ; ils sont, selon l’expression de leur auteur, « un regain d’automne, semblable à ces fleurs qui croissent en août, sur les champs moissonnés et les parent d’un dernier sourire à la veille du jour où va passer la charrue ». Les habitants du Nord, et particulièrement les Cambrésiens, liront avec plaisir ces œuvres charmantes, écrites par celle qui fut presque leur concitoyenne, pour « bercer et divertir les gens qui ont le goût délicat ».

Citons : Les légendes de Trianon (son œuvre de prédilection ) ; Les neiges d’antan ; Chroniques parisiennes ; Légendes et chroniques de Montbriand ; Les jours de cristal ; Les étincelles ; L’arc-en-ciel ; Contes français ; Fleurs de France ; Légendes de Fontainebleau ; Le chevalier de Trélon et les Stuart en France ; Chroniques normales : Correspondance (2 volumes).


Maurice Le Beaumont, pseudonyme d’une femme-auteur, née à Clermont-Ferrand en 1860.

On lira : Seule Gringalette ; Sans foyer ; Loin du sillon ; Sans cœur ; Au-dessus de l’abîme ; La pupille du Doyen ; Je marie mon oncle ; La fille du sculpteur ; José-Maria ; Caprice ; Colonel Jolie-Fleur ; etc…


Jacques Lermont, de son vrai nom Madame Sobolewska (1853-1907), l’une des collaboratrices de P.-J. Stahl. Elle fait éclore de sa plume originale tout un monde de bébés, d’enfants et de jeunes filles. Nous ne connaissons que Les jeunes filles de Quenebasset ; nous savons cependant que Les prisonniers de Maman ; Sans joujoux ; Boute en train ; Miss Linotte ; Bouton d’or ; Gypsy ; Entre cousines ; peuvent être également recommandés.


Joseph L’Hôpital, alias Pierre de Rimbert, né à Paris en 1854. Ses œuvres seront particulièrement goûtées par les lecteurs des campagnes : Le fils de M. Pommier (contre la mauvaise éducation) ; Mon onc’ Jean, études paysannes ; Un clocher dans la plaine. Cependant, elles ne conviennent pas à tous.


Henri Wadsworth Longfellow (1807-1882), littérateur américain qui nous a laissé, entre autres romans et poésies, Evangéline (histoire d’une jeune fille canadienne à la recherche de son fiancé), traduit dans toutes les langues, même en chinois ! Prendre l’édition Ardant.


Jean Loyseau, pseud. de l’abbé Paul de Geslin de Kersolon (1816-1888). Ami de Mgr de Ségur et de Mgr Parisis, il eut des difficultés avec Rome et avec l’archevêque de Paris ; fonda L’Ouvrier en 1861 ; Le Clocher en 1866 ; Le Rosier de Marie en 1886.

Ce qu’il y a de remarquable dans cet écrivain qu’on a appelé Platon-Polichinelle et un Sterne catholique, c’est qu’il apprend en riant les choses les plus sérieuses : d’un trait, d’un bon mot, il réfute les sophismes à la mode, venge la religion des calomnies dont on l’abreuve et arrache à des lecteurs ce mot emprunté à sa manière, sinon à son vocabulaire : C’est-y-tapé !

Pas méchant (caustique, contre les Francs-Maçons) ; Trop belle ; Flora (quelques détails) ; Rose Jourdain (beaucoup d’esprit, un peu de gros sel, exagérations) ; Les bons apôtres ; Les lys et les roses ; Veillées amusantes ; Lettres sur la vie d’un nommé Jésus (réfutation excellente de Renan).


Jean Macé (1815-1895), professeur, homme politique, fondateur de La ligue de l’Enseignement qui est devenue, depuis quelques années, un grand instrument de propagande antireligieuse. Quel que soit l’auteur, L’histoire d’une bouchée de pain ; Les serviteurs de l’Estomac et autres ouvrages analogues ; Les contes du petit château, sont des chefs-d’œuvre de science vulgarisée, et peuvent être confiés à la jeunesse.


Xavier de Maistre (1763-1852) a utilisé ses loisirs à composer quelques petits ouvrages qui le rendent immortel : Voyage autour de ma chambre (fantaisie aimable, quelques frivolités licencieuses, édition corrigée chez Vermot, Desclée, etc.) et trois nouvelles : Le lépreux de la cité d’Aoste ; La jeune Sibérienne ; Les prisonniers du Caucase.


Alexandre Manzoni[7] (1785-1873). Voltairien converti, écrivain italien, il doit surtout sa réputation à son roman I promessi Sposi (Les fiancés), qui fut traduit dans toutes les langues et que tout homme cultivé doit connaître. L’auteur y dépeint avec émotion, le contraste entre la pure tendresse de deux fiancés de village et les horreurs de la peste qui ravagea Milan en 1630…

Prendre l’édition Hachette ou celle de Debécourt, ou mieux celle de Gautier : toutes trois sont débarrassées des longueurs qui encombrent le récit original, et sont inoffensives.


Marlitt, pseud. de Mme Eugénie John[8] (1825-1887), femme de lettres allemande, protestante.

Barbe-bleue ; La seconde femme (chef-d’œuvre irréprochable, au moins dans la traduction) ; Chez le conseiller ; La dame aux pierreries ; Élisabeth aux cheveux d’or ; La maison aux hiboux ; La maison de Shilling ; La petite princesse des Bruyères ; Le secret de la vieille demoiselle (intéressant, peu flatteur pour les dévotes haineuses) ; La servante du régisseur (quelques situations équivoques) ; etc., peuvent être lus à peu près par tous.


Xavier Marinier (1808-1892) a visité les deux mondes et raconté ses Promenades dans de nombreux volumes où abondent les nouvelles, les légendes, les études de mœurs et les descriptions.

Ses récits de voyage instructifs, simples, délicats, pleins d’une sensibilité à demi-voilée, respirent la foi sincère de l’auteur ; mais ils ne sont pas écrits spécialement pour la jeunesse et ne doivent pas être laissés tous entre toutes les mains.

Ses quelques romans : Gazida ; Les hasards de la vie (peu intéressant) ; Les perce-neige ; Le roman d’un héritier ; Les fiancés du Spitzberg (petit chef-d’œuvre) sont inoffensifs… Trois jours de la vie d’une reine convient même aux enfants.


Le capitaine Mayne Reid (1818-1883), romancier anglais[9]. Fils d’un pasteur presbytérien, il se rendit en Amérique, se fit trappeur, et prit part à différentes expéditions comme capitaine de volontaires.

Ses romans émouvants, parfois exagérés et hyperboliques, ont été publiés chez Vermot, Gautier, Didot, Ardant, Mame, Hachette, Hetzel, etc. ; ils peuvent être en général lus par tous.

Nous réserverions cependant aux jeunes gens très sérieux : Le gantelet blanc ; Le doigt du destin ; Les partisans ; La piste de guerre ; La Quarteronne ; Océola ; Le roi des Séminoles ; à moins que, pour quelques-uns d’entre eux, on ne prenne l’adaptation Ardant.


Albert Monniot (Nangis, 1863), rédacteur à la Libre Parole. Ses deux ouvrages : Coqs et corbeaux (15 nouvelles patriotiques) ; Souvenirs d’un bleu, sont très intéressants.


Mademoiselle Victorine Monniot (1824-1880). Les jeunes filles lisent et relisent ses ouvrages exquis : Marguerite à 20 ans (pages parfois tristes) ; Le journal de Marguerite (id.).

Madame Rosély ou la marâtre chrétienne (qui se dévoue pour l’éducation des enfants nés d’un premier mariage) ; La chambre de la grand’mère ; La petite concierge (pour la classe ouvrière) ; Raphaëla de Mérans ; Les mémoires d’une mère (un peu choquant) ; Simples tableaux d’éducation (pour parents), etc. ; ont également leur mérite.


R. Monlaur, pseudonyme d’une femme de lettres, dont les récentes signatures ont dévoilé le nom : Mme Reynès (Montpellier, 1870). Ses quelques livres sont exquis : Angélique Arnauld, étude émouvante sur la vie et l’âme de la célèbre abbesse ; La vision de Bernadette (récit simple et attachant des apparitions) ; La duchesse de Montmorency ; Alain et Vanna ; Le Rayon, roman où l’auteur se propose de reconstituer l’état d’âme des premiers auditeurs de Jésus, le rayonnement divin sous le ciel de Galilée ; Après la neuvième heure, qui nous transporte en Égypte où l’influence et l’amour de Jésus rayonnent encore dans la personne des premiers chrétiens ; Âmes celtes, récit de la conversion de la Bretagne, moins prenant que les deux précédents ; Ils regarderont vers Lui ; Jérusalem, Quand vous passiez par nos chemins (descriptions et impressions de voyage encadrant une nouvelle) ; Jérusalem, Les derniers pas (suite du livre précédent) ; Le songe d’Attis (rappelle la prédication de Saint-Paul à l’Aréopage ; le contact entre l’âme grecque et la grâce de J. C.) ; Le sceau (très moderne, fermeture d’un monastère, conversion du député franc-maçon) ; Leur vieille maison (histoire d’une famille et d’une immolation).

Reynès Monlaur vient d’ajouter encore à sa gloire et à nos délices, par la publication de trois récits de guerre : Les paroles secrètes (histoire psychologique d’une religieuse que l’invasion a chassée de Belgique, et qui, après un moment de défaillance, se ressaisit et comprend la souffrance au pied du crucifix) ; Les autels morts (conversion d’une protestante, crise intérieure analysée avec une puissante émotion) ; La fin de Claude (l’héroïne convertit celui qu’elle aime et meurt avec lui à la catastrophe de l’église Saint-Gervais).


Raoul de Navery (1831-1885), de son vrai nom Mme Chervet, née Marie-Eugénie Saffray. Elle compléta son instruction par des voyages, débuta dans la littérature à l’âge de 28 ans, sous le pseudonyme de Marie David, qu’elle abandonna bientôt pour celui qui la rendit si populaire dans le monde catholique. Ses nombreux récits et romans, puissamment agencés, très dramatiques et toujours moraux, ont été beaucoup lus.

Nous citons parmi ses grands romans : L’abbé Marcel (dévouement d’un prêtre) ; Divorcés (qui se réconcilient) ; Le capitaine aux mains rouges (récit très émouvant de la Révolution et aventures sur mer) ; Les drames de la misère ; Les héritiers de Judas ; Jules Malœuvre ; Le juif Éphraïm ; Parasol et Cie (quelques longueurs) ; Patira (suivi du Trésor de l’abbaye et de Jean Canada) ; Les idoles ; Jean l’ivoirier (roman maritime, inférieur aux autres) ; La Cendrillon (pour lecteurs ordinaires) ; Jean-Marie ; Madeleine Miller (beaucoup lu ; exposé des effets de la guerre pour les fiancés et les autres ) ; Le magistrat ; Le cloître rouge ; La main qui se cache ; La maison du Sabbat ; Le marquis de Ponicallec (conspiration) ; Le martyr d’un secret (un prêtre, mais il ne garde pas suffisamment son secret) ; Les mirages d’or (très littéraire) ; L’odyssée d’Antoine (situations un peu forcées) ; Le pardon du moine ; Les parias de Paris (un des plus mouvementés) ; Les chevaliers de l’Écritoire ; La route de l’abîme ; Le témoin du meurtre ; Tristan (triste) ; Une erreur fatale (id.) ; La boîte de plomb (scènes de chiromancie) ; Viatrice (un peu romanesque, le missionnaire et ses auxiliaires féminins) ; L’ange du bagne (influence de la religion dans ce triste milieu) ; Zacharie, le maître d’école (pour lecteurs ordinaires) ; L’aboyeuse (manifestation de la justice divine contre les sacrilèges de la Révolution) ; etc…

Parmi ses recueils de nouvelles : La fille du roi Dagobert (17 nouvelles) ; La fleur de neige (2 nouvelles) ; Le chemin du Paradis (5 récits) ; Lary (4 récits) ; La main malheureuse (8 nouvelles) ; Cœurs vaillants ; Histoires chevaleresques ; etc…


Marie-Alfred Nettement, dont on placera Geneviève (œuvre de début, invraisemblable) ; L’épave ; à côté d’Histoires et Légendes' de son père, l’illustre publiciste et historien.


Le Cal Newmann[10] (1801-1890). On lit beaucoup Callixta, roman chrétien, inférieur cependant à Fabiola.


Madame Marie Pape-Carpantier (1815-1878), institutrice française, qui a été beaucoup vantée comme auteur de Leçons de choses, et fondatrice de salles d’asile. Nous la signalons ici pour rappeler que son Enseignement pratique dans les salles d’asile a été mis à l’Index en 1863. Ses autres ouvrages sont encore en faveur dans les écoles officielles ; ils sont excellents, mais neutres.


Adrien Paul est bien moins connu que son ouvrage, Le pilote Willis (suite du Robinson Suisse de Wyss), universellement aimé par les collégiens.


Silvio Pellico (1789-1854), littérateur italien. Suspect de carbonarisme, il fut condamné à la prison ; pendant ses neuf ans de détention, il composa plusieurs tragédies dont Francesca di Rimini et surtout Mes prisons, récit de ses souffrances, plein de résignation et de sentiments chrétiens. La meilleure traduction est celle de chez Charpentier ; celle de Marne est corrigée. Lire aussi Raphaëla et les Lettres.


Mme Charles Péronnet sait écrire et conduire ses récits : Au pair : Tante Bath ; L’héritage de Claire ; etc.


Mlle G. du Planty, de son nom véritable Mlle L. Godart, née à Paris. Elle a obtenu un grand succès avec L’oncle Bonasson et depuis avec Mademoiselle Chouchou ; Le bonheur de Michel ; La cousine Gudule ; La famille Grinchu ; etc…


Edgar Poë (1809-1849). Écrivain américain dont la vie fut tourmentée, poignante et douloureuse. Ses œuvres « extraordinaires » donnent des frissons d’épouvante : Histoires extraordinaires (2 séries) ; Contes extraordinaires. Ces ouvrages sont inoffensifs au point de vue moral. Mais ces peintures saisissantes, ces situations heurtées, ces hallucinations, ces scènes où les héros poussent des cris et gesticulent comme des hystériques pourront produire une impression très funeste chez certains esprits.

Les noms de Baudelaire et de Mallarmé, leurs traducteurs, renseignent suffisamment sur leurs tendances.


Oscar de Poli, né en 1838, zouave pontifical, qui prit part à la guerre de 1870, conférencier royaliste et auteur de nombreux ouvrages. Parmi ses romans, nous citons : Le capitaine Phebus (pour jeunes gens sérieux) : Fleur de Lys ; Jean Poigne d’acier ; Petit Capet ; Récit d’un soldat, etc…


Mme Edmond de Pressensé (1826-1901) , protestante, mère du député socialiste, rédacteur de L’Aurore. A écrit pour la jeunesse une quantité d’ouvrages que les catalogues « laïques » recommandent beaucoup ; les catholiques sérieux ne les mettront pas dans leurs bibliothèques.


Quatrelles, de son nom Ernest L’Épine (1826-1893), un désopilant dont le sourire est souvent frondeur et la pensée réaliste : Arc-en-ciel ; Colin-Tampon (quelques hardiesses seulement). Lire : À coups de fusils ; La dame de Gai-Fredon ; L’intrépide capitaine Castagnette.


Abel Quinton, né à Orléans en 1813, jurisconsulte qui a utilisé ses connaissances en droit romain dans Aurélia (roman historique roulant sur les premiers temps de l’Église) ; Le Dieu Plutus (suite du précédent, pour les jeunes gens sérieux) ; Le Gladiateur ; et ses souvenirs, dans l’extraordinaire Maîtresse et servante.


Élisée Reclus (1830-1905). Illustre géographe, internationaliste, communard. Nous n’avons pas, à apprécier sa Géographie universelle, ni ses autres ouvrages. Nous disons seulement que, même ceux qu’il a édités chez Hetzel et Hachette à l’usage de la jeunesse, ne sont pas à recommander, parce qu’ils fourmillent d’erreurs religieuses : Histoire d’une montagne ; Histoire d’un ruisseau.


Bénédict-Henri Révoil (1816-1882). Après avoir passé quelque temps dans les bureaux du Ministère de l’Instruction publique, il partit en 1842 pour les États-Unis où il fit un séjour de neuf ans. Il en rapporta des matériaux qu’il utilisa dans ses livres.

Ses narrations cynégétiques, ses récits de voyages et ses romans d’aventures peuvent être mis entre les mains de la jeunesse. On réservera cependant Les deux convicts ; Le Docteur américain ; Les harems du nouveau monde.


Mlle Jacqueline Rivière, directrice des Veillées des Chaumières, a publié Le Piège (tendu aux bons jeunes gens par les « araignées roses ») ; Bonne maman (même loin des vanités du monde, il pousse des fleurs pour les jeunes filles) ; La maison des yeux bleus, trois livres tout vibrants de lumière et d’une allure charmante ; Greffe d’or (les dots n’empêchent pas les divorces).


Antonin Rondelet (1823-1894), professeur de philosophie aux facultés de Clermont-Ferrand, et ensuite aux Facultés catholiques de Paris, homme d’œuvres. Ses livres fort sérieux et didactiques ne conviennent qu’aux jeunes gens qui réfléchissent ; Du découragement (dissertation) ; Une femme très malheureuse ; Le lendemain de mariage ; La ressuscitée de Cologne ; Mémoires d’Antoine (pour ouvriers) ; Un drame dans un omnibus (recueil de nouvelles), etc.[11].


Comtesse Lydie Rostopchine (1838-1915), descendante de l’illustre défenseur de Moscou, a écrit quelques romans : Yvonne (excellent) ; Belle, sage et bonne (un peu exagéré) ; etc…


Mme Léontine Rousseau, née de Vauxe (Clamecy, 1837). Parmi ses ouvrages, tout le monde a lu Lars-Vonved ou le pirate de la Baltique. Tout le monde lira : Dionis ; Richard Wallace. Quant au dernier : Une lumière dans la nuit, il est fort embrouillé, assez mal ajusté et trop peu soigné.


Georges Sagehomme, né à Tournai en 1862. Il a eu la très généreuse pensée d’entreprendre pour les jeunes gens, une série de récits d’une inspiration très noble. Citons : Fausse route ; Les histoires de Pierre Lingeon ; L’oncle Alphonse ; Sans nul détour ; L’homme qui s’ennuie ; Le roman d’un missionnaire : L’Institution Palmarol ; Un remplaçant.


Charles Saint-Martin, de son vrai nom Ferdinand Hervé-Bazin (1845-1889), professeur d’économie politique à l’Université catholique d’Angers, écrivain et homme d’œuvres qui a consacré toute sa vie à tant de saintes causes.

Outre le Traité d’économie politique et Les grandes journées de la chrétienté qu’il a publiés sous son nom, nous citons ici ses quelques romans : Rouget le braconnier ; La mort d’un forçat ; La barque rouge ; Le drame du marché noir.


Mlle Jeanne Schultz (1870-1910), connue sous le nom de Saint-Hilaire, n’a fait que des petits chefs-d’œuvre.

Pour les aînées : Ce qu’elles peuvent ; Les fiançailles de Gabrielle ; Jean de Kerdren ; La neuvaine de Colette (un peu passionné, paru dans la Revue des Deux-Mondes) ; La main de Sainte-Modestine (espièglerie sur une fausse relique) ; Cinq minutes d’arrêt (nouvelles bien contées).

Pour les enfants : Famille Hamelin ; Sauvons Madelon ; Tout droit.


Walter Scott (1771-1832), célèbre romancier anglais[12]. Il débuta dans la vie littéraire par des poésies, et conquit une des premières places parmi les gloires de son pays par des œuvres nombreuses, romans historiques remplis de coloris et d’humour, où il fait revivre en les modernisant, les mœurs de l’ancienne Écosse.

Ses romans sont moraux dans leur but : mais ils renferment des intrigues étranges, des tableaux passionnés et des aventures très peu édifiantes. Aussi les éditions complètes ne doivent pas être confiées aux jeunes gens. Certaines éditions corrigées ne le sont qu’imparfaitement (par exemple, celle de la Société Saint-Nicolas).

Celles de chez Ardant, Gautier, Mame, Téqui : Quentin Durward ; Louis XI à Péronne ; L’officier de fortune ; Ivanhoé ; L’astrologue ; Waverley ; Le Monastère ; L’abbé (suite du précédent) ; Anne de Geerstein ; Kenilworth ; Charles le Téméraire ; Le talisman ou Richard en Palestine ; Le pirate ; La jolie fille de Perth ; La fiancée de Lammermoor, sont inoffensives ou à peu près.


Le Marquis Anatole de Ségur (1823-1902), père de l’académicien, frère de Mgr de Ségur, écrivain-apôtre dans Soldats ; Les enfants de Paris ; Simples histoires ; Histoires vraies ; Hommes et choses ; Petits et grands personnages ; Les païens et les chrétiens ; Les martyrs de Castelfidardo ; etc…


Marius Sepet, écrivain français, né en 1845. Ses travaux historiques (Jeanne d’Arc ; Saint Louis ; Les origines du théâtre ; etc.), lui assurent une bonne place parmi les savants. Lire en outre : Congé, promenades et séjours.


Émile Souvestre (1806-1854), commis libraire, puis professeur et écrivain. Ses romans bien écrits, quoique un peu monotones, rappellent Dickens par le naturel et la description : ils sont, à certains endroits, trop favorables au protestantisme et à Jean-Jacques Rousseau. Sous cette réserve, ils peuvent en général être mis entre toutes les mains.

Nous citons : Un philosophe sous les toits (un des meilleurs) ; En quarantaine (idées protestantes) ; Confessions d’un ouvrier (excellent) ; Au coin du feu : Pendant la moisson ; Dans la prairie ; Au bord du lac ; etc., etc…


Johanna Spyri, femme de lettres suisse (Hirzal, 1860), mariée à un avoué de Zurich. Ses récits charmants pour enfants, pleins de bonhomie et d’aimable abandon, ont été traduits en français : Seul au monde ; Heidi ; Les enfants de Grilly ; Aux champs ; Dans les Alpes ; Encore Heidi ; Sina, nouvelles pour les jeunes filles ; Histoires pour les enfants et Histoires comme les enfants les aiment (2 séries, grand succès) ; etc..


Mme Félicie-Marie Testas (1816-1892), directrice de salles d’asile, mérite ici une bonne petite place avec Les bonnes gens (nouvelles très intéressantes) ; Récit de Jean Antoine ; La bague enchantée.


Mme Myriam Thélem, s’est signalée successivement à l’attention des lettrés par À l’aube (pas pour tous) ; Les aventures d’une bourgeoise de Paris, récit du temps des Croisades ; La Mésangère, dévouement d’une jeune fille qui se sacrifie jusqu’à l’héroïsme pour soulager les petits miséreux, drames touchants et édifiants ; Ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui (tableaux et récits d’inspiration chrétienne ).


Marie Thiéry, née à Paris dans une ambiance toute littéraire, écrivit et rima dans son enfance, comme l’oiseau chante.

Elle fit paraître en 1895 un roman, et chez Mame deux volumes de contes pour la jeunesse. Elle publia depuis au Gaulois qui la prit pour collaboratrice, au Petit Journal, aux Débats, à L’Écho de Paris, etc., etc., de nombreuses nouvelles et des romans psychologiques, très fièrement écrits : Ramelle (mœurs béarnaises) ; La loi d’amour ; L’heure est Dieu ; Par l’amour ; Le Mystère d’Arlacq. Ces livres ne sont pas pour les jeunes filles, non plus que Monsieur Marcel, auquel le Jury du Concours de la Presse a décerné le prix destiné aux romans humoristiques.

Nous citons seulement pour tous : Rêve et réalité ; L’épreuve ; Les Palmarieu ; Le violon de Jacques (enfantin).


Mme Jean Thiéry, belle-sœur de la précédente, s’est consacrée exclusivement aux livres pour jeunes filles, petites ou grandes. Citons : Le roman d’un voleur ; L’idée de Suzy ; Monsieur le Neveu ; Château de cartes ; Le roman d’un vieux garçon ; Les victimes (contre le divorce ; l’un des plus beaux romans à thèse qui ait paru ces dernières années) ; Choc en retour ; À grande vitesse (leçon vécue de prudence) ; Lui ou moi (histoire d’un divorce, pas pour tous).


Rodolphe Toppfer (1790-1846), français d’adoption, né à Genève. Fils de peintre, artiste lui-même, il dut abandonner les beaux-arts, à cause d’une infirmité des yeux. Il se voua à l’enseignement et à la littérature.

C’est pour ses élèves qu’il écrivit la plupart de ses ouvrages : Bibliothèque de mon oncle (Xavier de Maistre recommandait ce livre à ceux qui lui demandaient un second Voyage autour de ma chambre) ; Le presbytère (très original, n’est pas à conseiller) ; Rose et Gertrude (donnée qui touche au scandale) ; Nouvelles génevoises ; Voyage en zig-zag (excursions scolaires).

Tous ces récits sont piquants, humoristiques, gracieux, bonhomme et pleins d’inattendu ; mais ils renferment trop de légèretés, et d’hostilité contre la religion, pour être confiés sans danger à la jeunesse.


Jean des Tourelles, pseudonyme de l’abbé Delahaye, prêtre du diocèse d’Orléans, né en 1859. Un vrai joaillier littéraire, qui a publié sous le titre d’Histoires du temps présent, quelques recueils délicieux ; Sur le vif ; Tous d’après nature ; Envolez-vous ; Au gré du vent ; Sous l’orage (la situation actuelle et ses auteurs) ; En hiver ; À tour de bras ; À pleines mains ; En tirailleurs.


Sophie Ulliac-Trémadeure (1794-1862) a parfois écrit sous le pseudonyme de Dudrezène. Elle a voulu moraliser : nous croyons cependant que certains de ses ouvrages ne doivent pas être confiés à des lecteurs trop jeunes, parce qu’ils manquent souvent d’inspiration religieuse et parfois de réserve. Étienne et Valentin (suivi de deux nouvelles, dont la dernière offre des détails inconvenants) ; Les secrets du foyer (contre l’ivrognerie, scènes de ménage) ; La pierre de touche (œuvre de conviction, dit l’auteur) ; Souvenirs d’une vieille femme (mémoires de l’auteur, pas de religion, descriptions mondaines) ; Les vendanges (pour tous) ; Émilie (id.) ; Nouvelles (id.) ; Les jeunes artistes (id.) ; Le cheval du lancier (id.).


René Valléry-Radot (Paris, 1853), gendre de Pasteur et ancien secrétaire de M. Buloz. De ses quelques ouvrages : L’étudiant d’aujourd’hui (pas pour la jeunesse) ; Le voyage de Mlle Rosalie (pour tous) ; etc. ; il restera surtout Le Journal d’un volontaire, universellement connu parmi les grands jeunes gens.


Paul Verdun, pseudonyme d’un vaillant écrivain, né en 1861, directeur des Soirées en famille (magazine éducatif pour patronages).

Nous recommandons, outre ses pièces et son grand ouvrage de mystique, Le diable dans la vie des saints et dans les missions, l’ensemble de ses romans.


Jules Verne, né à Nantes en 1828, mort à Amiens en 1905. Son premier ouvrage Cinq semaines en ballon inaugura un genre nouveau, le roman scientifique et géographique ; pendant 40 ans, il a déployé, dans une série de romans piquants, ingénieux, empoignants et instructifs, toutes les ressources d’une imagination intarissable, et il restera l’un des vulgarisateurs les plus populaires de la science amusante et des voyages fantastiques.

Il a exploré toutes les contrées, il a décrit les continents, les mers et les vastes espaces stellaires, il a étudié la civilisation et les races ; il fut chimiste, mécanicien, astronome, géologue, botaniste, zoologiste, et quand il cessait d’observer, son génie lui permettait de créer les formes futures auxquelles devaient atteindre l’expérience et l’ingéniosité des hommes ; il fut instructif et précurseur, en même temps que compilateur, conteur et vulgarisateur.

On a loué chez l’écrivain, outre l’imagination et la science, la bonhomie, la bonne humeur et la netteté précise avec laquelle il dessine ses figures. Il est seulement regrettable qu’il n’ait jamais mis les influences de sa vogue prodigieuse au service de la religion : ses livres sont en effet toujours neutres et laïques. Certains catholiques le lui ont amèrement reproché et l’ont proscrit de leur bibliothèque à l’égal d’un malfaiteur. D’autres plus indulgents lui font une place de choix… Il nous semble ne mériter


Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité.


Louis Veuillot (1813-1883), le maître écrivain, vaillant journaliste, champion vigoureux et infatigable du bon droit et de l’Église, qui tint tête, pendant 50 ans, à la meute aboyante de leurs ennemis. De toutes les luttes et colères que sa croisade a soulevées, il ne reste aujourd’hui que le souvenir d’un catholique digne de l’admiration des siècles, et d’un écrivain de haute race qui a laissé des études littéraires, historiques, polémiques, une Correspondance unique, des poésies et quelques romans toujours appréciés.

Parmi ses romans, récits et mélanges, nous citons : Corbin et d’Aubecourt (essai de roman chrétien, exaltation de l’amour) ; L’honnête femme (critique de la bourgeoisie incroyante, amour) ; Agnès de Lauvens (utile aux jeunes filles qui se disposent au mariage) ; Les odeurs de Paris ; Libres-penseurs ; Mélanges. Tous ces ouvrages conviennent plutôt aux jeunes gens formés.

Les autres liront avec profit sa Correspondance, que certains critiques ont placée au-dessus de celle de Mme de Sévigné ; Historiettes et fantaisies ; La guerre et l’homme de guerre ; Çà et là ; Une gerbe ; Pierre Saintive ; Le parfum de Rome ; Les Français en Algérie (sauf quelques détails sur le Coran) ; Les pèlerinages de Suisse ; Rome et Lorette ; Dialogues socialistes ; Paris pendant les deux sièges ; Pages choisies, par Albalat.


Léon Ville (Lyon, 1854), pourrait être surnommé, pour certaines de ses œuvres (les dix volumes de La vie au désert, récits d’un intérêt poignant, etc.), le Cooper chrétien. Il n’est pas moins intéressant dans les biographies de Nos grands capitaines et autres livres publiés chez Tolra. Il a cependant écrit des feuilletons (L’Hercule du Nord, dans L’Éclair), sur lesquels nous porterions une appréciation toute différente.


Jacques-Melchior Villefranche, lyonnais (1829-1904), débuta par des poésies, fut plusieurs fois lauréat de l’Académie des Jeux Floraux, et réunit ses fables charmantes, pleines d’engouement et de verve, dans le Fabuliste chrétien.

Il s’est montré historien consciencieux et entraînant dans Pie IX, Napoléon III, Les Tsars du XIXe siècle, Dom Bosco, le général Chanzy, Dix grands chrétiens (Veuillot, O’Connel, Ozanam… Winthorst), etc…

Romancier, il a donné surtout Élisa de Montford, roman social ; L’Ange de la Tour, scènes poignantes de la persécution sous Élisabeth ; Cinéas ou le Monde sous Néron, parallèle du Christianisme avec le Paganisme et le Judaïsme, où il n’y a peut-être pas moins de pathétique que dans Fabiola et où furent évitées à dessein les audaces de Quo Vadis.


Charles Vincent (Indes Orientales, 1851), propriétaire exclusif de la signature Pierre Maël, depuis la mort de Charles Causse. Il a donné sous son nom quelques ouvrages.

Tout seul, n’est peut-être pas aussi pénétrant que son poème Bienheureux ceux qui pleurent, donné au Théâtre chrétien en 1898 ; il est cependant à lire ainsi que L’Épopée de l’Église (trois parties) et L’Épopée Nationale.

Ses contes pour les grands enfants sont inconvenants, même pour les enfants de cent ans ; Au seuil de l’au-delà est honnête, mais troublerait les jeunes imaginations ; L’ogre est insignifiant.


Hippolyte Violeau (Brest, 1818), un romancier de sève chrétienne, dont les œuvres se distinguent par l’émotion des scènes, la grâce des descriptions, et l’élévation des idées.

Les jeunes filles liront : Les pèlerinages de Bretagne ; Histoires de chez nous ; et laisseront à leurs aînées : La maison du Cap ; Les surprises de la vie.


Charles de Vitis, pseudonyme du chanoine Lucien Vigneron, (1848-1913), prêtre du clergé de Paris, ancien missionnaire en Chine, voyageur. Son Roman de l’ouvrière (histoire palpitante d’une jeune fille ruinée qui est obligée de travailler), a obtenu, il y a quelques années, le prix de trente mille francs au concours du Petit Journal.

L’auteur a publié depuis, outre des récits de voyages très intéressants, de nombreux romans-feuilletons, auxquels on ne pourra pas reprocher, comme à certaines œuvres catholiques, de nous conduire par des chemins battus : ils sont empoignants et construits avec des scènes si étranges et des intrigues si originales !


Le Vicomte Walsh (1782-1860), ardent royaliste et fervent chrétien dont l’ouvrage le plus connu est Les lettres vendéennes.

Parmi les autres, très nombreux et écrits avec trop de facilité, nous citons : Le fratricide ou Gilles de Bretagne (un bon livre pour bibliothèques, édition Vermot) ; Histoires, contes et nouvelles (très édifiants) ; Yvon le Breton ; Souvenirs de cinquante ans ; Souvenirs et impressions de voyage (tous deux charmants) ; Tableau poétique des fêtes chrétiennes (très bien) ; Tableau poétique des Sacrements (moins lu) ; Journées mémorables de la Révolution.


Le Cardinal Wiseman (1802-1865), archevêque de Westminster, dont l’action et les œuvres apologétiques et scientifiques ont exercé en Angleterre une heureuse influence. Il a composé trois romans chrétiens : La lampe du sanctuaire ; La perle cachée ; et surtout Fabiola, qui suffiraient à l’illustrer.


Mme Conrad de Witt, née Henriette Guizot (1829-1908), protestante.

Très au courant de l’histoire et douée d’un grand talent de narratrice, elle a produit de nombreux volumes : Histoires de l’ancien temps et La charité en France à travers les siècles, s’inspirent des opinions religieuses de l’auteur.

Mont et Manoir ; Par monts et par vaux ; Reine et maîtresse ; Tout simplement ; malgré quelques idées répréhensibles, pourront intéresser et faire du bien.

Histoires de deux petits pères ; La petite fille aux grand’mères ; Une sœur ; Contes anglais ; Un nid ; Les vieux amis, etc., sont inoffensifs et conviennent aux enfants.


Wood (Ella Price, Madame Henry), romancière anglaise (1820-1886), qui eut une assez grande vogue.

Son procédé consiste à exposer les circonstances d’un crime, à accumuler sur une personne les présomptions de culpabilité, et, au dénouement, à expliquer le crime de la manière la plus naturelle du monde. Ses œuvres, pour la plupart traduites en français, sont à peu près inoffensives. Cependant Lady Isabel ; Le maître de Greylands ; La tragédie du village ; Anne Hereford, ne conviennent qu’à des personnes d’âge raisonnable, notamment parce qu’ils sont entachés de quelques traits contre le catholicisme.


Rodolphe Wyss (1781-1830). Pasteur protestant et professeur qui doit sa célébrité au Robinson suisse, journal d’un père de famille naufragé avec ses enfants, roman universellement connu. Prendre l’édition Mame ou Ardant.


Miss Charlotte-Marie Yonge[13], femme de lettres anglaise (1823-1901), qui contribua par ses efforts, ses œuvres et ses ressources, à encourager le développement de la Haute-Église.

Les jeunes filles liront : La chaîne de Marguerite ; Le procès (suite du précédent) ; Frères et sœurs ; L’héritier de Redcliff ; Les lances de Lynwood ; Christine Sorel ; Violette ; etc., etc…


Anonymes. Les confidences de Marguerite (exquis) ; L’expiation d’un père (histoire authentique et saisissante qui montre les effets d’une mauvaise éducation) ; Les naufragés du Spitzberg ; Journal d’une expulsée, avec préface de François Coppée,


Tous les romans, nouvelles et récits de : Mme Constant Améro. — William-Henri Anderdon, jésuite anglais (1816-1890). — Adolphe Archier (1815-18..). — Camille et Gabrielle d’Arvor. — Jules Berlioz d’Auriac. — Michel Auvray. — Guy D’Aveline, de son vrai nom Jeanne Kieffer.

Noémi Balleyguier. — Louis Bailleul. — L’abbé Marc-Antoine Bayle. — Comtesse André de Beaumont. — Comtesse de Beaurepaire de Louvagny. — Louis de Beaurepaire. — L’abbé Beller. — Pierre Bion. — Baronne Sébastien de Bouard. — F. Bouhours. — Bathild Bouniol (1815-1877). — Mélanie Bourotte.

Émilie Carpentier (1837-1888). — Henri Carrère. — Marie Cassan. — R. P. Charruau, S. J.

Philippe Deschamps. — Joseph Divat, de son vrai nom Jean Lionnet (1872-1911). — L'abbé J. Dominique.E.-S. Drieude. — Comtesse Drohojowska, née Symon de Latreiche.

Mme Marie Emery (1816-18..).— Gabrielle d'Ethampes, morte en 1905. — Julienne-Horatia Ewing (1841-1885).

Ernest Fouinet. — A. Géline. — Marie de Harcoët. — Eva Jouan, morte en 1910. — de Jussieu. — Jean de Kerlys. — Jean Kervall.

Mme de Lalaing. — Marie-Henriette Large. — H. de Laval. — Adam de Lisle. — Joseph Legueu. — Marguerite Levray. — Jeanne de Lias. — Marie Ludolph.

Eugène de Margerie (1820-1900). — Marin de Livonnière.Mme André Mouezi.

Mme Claire de Nanteuil. — Mme Berthe Neulliès. — F. de Nocé. — E. de Noviant. — Eugène Nyon (1812-1870).

Pierre Perrault. — Marie Pierre. — Vicomtesse de Pitray, née Olga de Ségur. — Mlle Marie Poitevin.

Mme de Renneville (1772-1822). — Comtesse de La Rochère. — Louis Rousselet. — Rustica.

Mme Sainte-Marie. — Georges Thierry, de son nom M. Georges Piot, professeur. — Lucien Thomin (1845-1907). — Mlle C. TrouessartValentine Vattier (1835-1891). — Jean Vézère. — Matthieu Witche. — Natalie Woillez (1781-1859).



  1. Littérateur douaisien (1800-1872), a laissé une nombreuse correspondance, que ses amis ont publiée après sa mort.
  2. Lire sur cette question, les intéressantes considérations de M. d’Azambuja, dans son petit livre : Pourquoi le roman immoral est-il à la mode ?
  3. Note importante. — On trouve dans cette liste quelques auteurs dont les ouvrages ne conviennent nullement aux adolescents chrétiens. Nous avons cependant tenu à les y admettre à titre d’indication préventive, parce qu’on serait tenté de les juger fort utiles d’après les éloges de la presse ou d’autres appréciations inexactes.
  4. Note Wikisource : la graphie correcte est Hans Christian Andersen.
  5. Il ne faudrait pourtant pas recommander ce livre comme lecture spirituelle aux victimes du péché ; elles seraient portées à conclure que la conversion est impossible, ou du moins trop difficile.
  6. Note Wikisource : Julie Gouraud (1810-1891) est le nom de l’auteure, elle a utilisé le pseudonyme de Louise d’Aulnay.
  7. Note Wikisource : le prénom est francisé ici, l’auteur se nomme Alessandro Manzoni.
  8. Note Wikisource : son nom complet est Friederieke Henriette Christiane Eugenie John.
  9. Note Wikisource : né en Irlande, Thomas Mayne Reid fut un écrivain américain.
  10. Note Wikisource : John Henry Newman était un cardinal catholique anglais.
  11. Nous nous sommes servi, pour appuyer ou contrôler un certain nombre d’appréciations portées sur les livres de cette catégorie, de l’excellent Répertoire publié par le chanoine Signerin.
  12. Note Wikisource : Walter Scott était un écrivain écossais, né à Édimbourg.
  13. Note Wikisource : la graphie exacte est Charlotte Mary Yonge.