Revues médicales (La Nature - 1873)/02
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REVUE MÉDICALE
UN MOT D’HYGIÈNE PUBLIQUE.
PHTHISIE PULMONAIRE. — LES MALADIES RÉGNANTES,
CALCULS DE LA VESSIE.
Une grosse question d’hygiène publique a été soulevée récemment, à l’Académie de médecine, par MM. Chauveau et Colin. Il s’agit de savoir si l’ingestion de la matière tuberculeuse et de la viande provenant d’animaux atteints de cette maladie, peut avoir une influence sur la production de la phthisie. On conçoit toute l’importance qu’aurait ce fait s’il était démontré, surtout quand on sait que la tuberculose est très-fréquente chez certains animaux livrés à la consommation ; le lapin, par exemple, et la vache laitière, que l’on a épuisée, afin de lui faire produire le plus possible.
M. Chauveau a fait ingérer à des génisses de la matière tuberculeuse : tous ces animaux sont devenus phthisiques. — Mais M. Colin, qui a fait les mêmes expériences, assure n’être arrivé à aucun résultat ; il croit, en outre, que si les génisses de M. Chauveau sont devenues phthisiques, cela tient à ce que cet expérimentateur faisait avaler de force les matières aux animaux, en faisant pénétrer, par ce moyen défectueux quelques parcelles dans les bronches, où elles agissent alors par simple action de contact. — La matière tuberculeuse, selon M. Colin, ne serait pas plus absorbée dans l’estomac que certains virus et venins que l’on peut avaler sans danger, tandis qu’ils causent des accidents terribles s’ils sont appliqués sur une solution de continuité de la peau. — M. Raynal (d’Alfort), soutient l’opinion de M. Colin ; Mais M. Bouley (de l’Institut), a rapporté des expériences de M. Saint-Cyr et de quelques vétérinaires allemands, Worms, Gunther, Leiseving, qui confirment absolument l’opinion de M. Chauveau. Nous tiendrons les lecteurs au courant ; en tous cas, la solution de la question est celle-ci : Doit-on permettre ou interdire la consommation de la viande qui provient d’animaux manifestement tuberculeux ? À Bordeaux, la vente de ces viandes est interdite.
— M. Th. Williams (Med. chir. Transactions), étudie l’influence des climats chauds dans le traitement de la phthisie pulmonaire. — Il est d’usage d’envoyer les phthisiques à Pau, à Madère, à Nice, à Naples, etc., et trop souvent l’on ne tient pas assez compte, dans le choix de ces stations, du tempérament du malade, ni du degré plus ou moins avancé de la maladie, et cependant il est tel climat excitant qui pourra, dans certains cas précipiter la marche des lésions organiques, tandis qu’il donnera chez d’autres malades, des résultats favorables. Ainsi, notons les résultats obtenus chez 251 phthisiques envoyés dans diverses stations, M. Williams trouve :
65 | malades | améliorés sur | 100 |
6 | — | état stationnaire | — |
29 | — | aggravés ou morts | — |
En général, il préfère les climats chauds et secs, tels que l’Egypte, aux climats humides, tels que Madère, Les voyages sur mer exercent une bonne influence, quoique d’autres auteurs, M. Brochard, en particulier, prétendent le contraire.
La phthisie n’est pas toujours identique à elle-même : tantôt sa marche est lente, torpide ; tantôt, au contraire, elle est rapide, presque inflammatoire. Les stations varieront nécessairement suivant que l’on aura affaire à l’une ou à l’autre de ces formes, et l’on devra indiquer dans le premier cas, les climats à température douce et constante ; dans le deuxième cas, les climats chauds et secs, mais peu excitants.
M. Williams insiste encore sur la nécessité de continuer l’usage de l’huile de foie de morue, des préparations de quinquina et de suivre, aux stations une hygiène sévère. — Ce dernier point est capital et donne toute la thérapeutique de la phthisie.
— Les rapports de M. E. Besnier sur les maladies régnantes offrent toujours beaucoup d’intérêt. Dans sa dernière communication à la Société médicale des hôpitaux, il fournit des tableaux comparatifs de la mortalité à Paris pendant les mois d’avril, mai, juin, des années 1867-1873. — Cette dernière année se fait remarquer jusqu’à présent par une sorte d’accalmie pathologique. — Ainsi, pas un décès de variole pendant cette période de trois mois, tandis qu’en 1870, le chiffre s’en est élevé à 179 en avril, 230 en mai, 242 en juin : en 1869, 59 pour le même trimestre. — La phthisie pulmonaire reste stationnaire de 220 à 300 décès par mois. — La fièvre typhoïde ne nous donne pour 1873 que 37 décès, contre 45 en 1872, 89 en 1870, 71 en 1869, et 59 en 1868.
— On a proposé depuis longtemps de dissoudre les calculs de la vessie à l’aide de liquides divers. M. H. Thomson (the Lancet, 1873) résume l’état de la science à ce sujet et montre combien cette importante question demanderait d’être étudiée à nouveau. On a employé le citrate et le carbonate de potasse dans l’espoir de dissoudre les calculs d’acide urique ; puis les sels de soude, certaines eaux minérales ; d’autres fois, les injections dans la vessie, d’eau pure, de solutions alcalinées, acides : aucun de ces moyens n’a donné de résultats absolument certains. MM. Prévost et Dumas avaient conseillé l’emploi de l’électricité, mais depuis, sauf Bence Jones, peu de médecins ont tenté des essais dans cette voie.