Revue des Romans/Anne-Louise Élie de Beaumont

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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ÉLIE DE BEAUMONT (Mme),
née à Caen en 1729, morte le 12 janvier 1783.


*LETTRES DU MARQUIS DE ROSELLE, 2 vol. in-12, 1764. — L’abbé Desfontaines a publié une suite à cet ouvrage, sous le titre de Lettres de Sophie au chevalier de ***. — Le marquis de Roselle débute dans le monde par une passion effrénée pour une actrice de l’Opéra, qui emploie pour le séduire une résistance fondée sur un prétendu retour à la vertu. En vain le marquis est instruit qu’un nombre infini d’heureux rivaux l’ont précédé ; en vain un financier qui entretient la demoiselle vient-il avec éclat reprendre les meubles et les diamants dont il a payé les bontés de cette belle, le marquis ne veut rien voir ni rien entendre. Il offre sa main à Léonore, qui refuse un mariage secret et veut une union avouée. Le marquis est sur le point de s’exécuter, le contrat va se signer, quand un de ses amis, nommé Ferval, vient présenter au marquis des lettres adressées par Léonore à une autre créature de son espèce, dans lesquelles tout son manége est dévoilé. Le marquis se saisit de ces lettres et les jette au feu sans les lire ; mais Ferval est assez heureux pour les retirer intactes. La dispute s’échauffe entre les deux amis, ils se battent, et Ferval tombe baigné dans son sang. Le marquis reconnaît alors qu’il a poussé assez loin l’entêtement ; il se décide à lire les lettres et reconnaît que Léonore est la plus vile des créatures. Il part avec Ferval pour les eaux, où il fait la connaissance de la sœur de Ferval, jeune personne fort bien élevée mais un peu prêcheuse, en devient amoureux fou, et l’épouse. — Ce roman, un des bons ouvrages que le sexe a produits, est du petit nombre de ceux qu’on peut mettre sans crainte entre les mains des jeunes demoiselles : l’honnêteté y est toujours aimable, et le vice n’y est jamais contagieux. Le style est plein de douceur et de goût. La seconde partie surtout est d’un intérêt attendrissant, et l’ouvrage, en général, est d’une belle plume, conduite par une belle âme.