Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885/ch17

Traduction par Bénédict-Henry Révoil.
Mame (p. 121-128).

CHAPITRE XVII

Le chemin périlleux. — Les voyageurs accouplés. — Le labyrinthe des montagnes. — l’émancipation des volailles de Ruth. — Un combat à outrance. — L’ornithorynque. — La forêt des montagnes. — Les oiseaux chanteurs. — Les ânes rieurs.


Arthur s’était hâté d’accourir près de son frère, et, suivis de Gérald les deux fils de Max Mayburn se dirigèrent vers la colline la plus rapprochée du campement. Là tous les trois purent voir devant eux, à trois cents mètres du côté du sud-ouest, une gorge étroite serpentant à travers la chaîne, et dont l’ouverture se trouvait plus bas que l’endroit où ils se tenaient en ce moment.

« Qui sait, dit Arthur après avoir examiné le passage désigné, si nous pourrons nous ouvrir un chemin par là ?

— J’en suis sûr, moi, mon ami, répliqua Gérald ; car, avant de vous réveiller, votre frère et moi nous sommes allés explorer les lieux, et notre avis est que nous passerons à la file les uns des autres. Nous nous contenterons de mettre un bandeau sur les yeux de Ruth.

— En ce cas, essayons, ajouta Arthur. Après déjeuner, nous nous mettrons en route.

— Nous ferons peut-être bien de laisser ici ce qui nous restera du kangarou.

— Ce n’est pas mon avis, répliqua Arthur ; nous emporterons des provisions pour un jour, à tout hasard. »

En effet on se contenta d’abandonner les os et la peau, quelque utile que pût être cette dernière, car il ne fallait se charger que d’objets indispensables.

Ruth seule résista, et ne voulut point laisser là ses volailles, qu’elle emporta dans leur panier.

On se mit donc en route, et une demi-heure après le départ on parvenaît à l’entrée de la passe désignée par Hugues et O’Brien. Ce talus naturel était formé de pierres plates, brisées à de certains endroits, et remplacées par un ravin d’un mètre de large qu’il s’agissait de franchir. Mais le long des broussailles il y avait de nombreuses lianes qui aidaient les voyageurs. Néanmoins on s’avançait avec les plus grandes précautions ; car, sur le côté gauche de ce talus, il y avait le lit d’un torrent qui se trouvait à ce moment presque à sec, mais qui, lors des pluies, devait être rempli jusqu’au bord et entraîner des troncs d’arbres, dont quelques-uns étaient encore couchés au fond et formaient des cataractes lilliputiennes.

Dans les interstices des pierres, de grands arbres avaient pris racine : on voyait sur la route des gommiers au vert feuillage, des casuarinas élégantes, et un arbuste vivace dans le genre du buis arborescent. Des volées de perroquets et de kakatoès voltigeaient au milieu des arbres, et l’on voyait s’ébattre dans les buissons des centaines d’opossums que l’on eût pris pour des singes.

Max Mayburn, qui examinait avec grand intérêt tous ces spécimens de la nature australienne, faillit, à deux reprises différentes, tomber dans le lit du torrent. Il fallut qu’Arthur le saisît par le bras pour l’empêcher de choir.

« Savez-vous ce qu’il faut faire, Arthur ? dit alors Gérald à son ami ; nous allons marcher deux par deux, comme les voyageurs des Alpes, de telle façon que, si l’un fait un faux pas, l’autre pourra le retenir.

— C’est là un plan fort sage, mon cher O’Brien. Les plus prudents, les plus forts d’entre nous, vont prendre soin des faibles et des timides de notre troupe. Moi, je donnerai le bras à mon père ; Jack accompagnera sa sœur ; Hugues sera le compagnon de Marguerite, et Wilkins celui de Jenny Wilson. Quant à toi, je te réserve à la protection de Baldabella, qui vous surveillera toi et son enfant. »

Arthur plaisantait ; car il n’avait pas la moindre crainte au sujet de la sauvagesse, qui paraissait marcher aussi facilement qu’elle eut pu le faire dans une route macadamisée.

L’aîné des Mayburn, qui marchait en tête de la caravane, commença bientôt à éprouver quelques inquiétudes en regardant devant lui il lui sembla que le désert s’étendait à perte de vue. On eût dit un labyrinthe formé de rocs pointus, plats, bizarres, informes, situés aux confins du monde. Cette vue était terrifiante, et Arthur, quel que fût son courage, ne put cacher un sentiment d’appréhension.

Il fut tiré de ses tristes pensées par un cri strident poussé par Ruth qui avait laissé tomber sa cage à poules au fond du ravin, à deux cents pieds en dessous du sentier suivi par les voyageurs. La cage s’était ouverte ; les oiseaux s’étaient frayé un passage hors de leur prison d’osier, et, après s’être reconnus, picoraient les grains épars sur le sol. Le coq, un très joli bantam, après avoir secoué ses ailes, chantait de sa voix rauque un hymne à la liberté.

« Voilà les poules prêtes à coloniser : il est inutile de s’ingénier à les rattraper maintenant. Les bêtes domestiques vont devenir sauvages, et dans quelques années les voyageurs qui passeront dans ces parages découvriront le gallus ruthianus, et écriront des volumes entiers sur cette trouvaille ornithologique. »

Hélas ! le chef de cette colonie ne devait pas coloniser aussi facilement qu’on eut pu le croire. À son chant de triomphe, un coq-faisan avait répondu par des cris de défi, et quelques secondes suffirent pour qu’il sortit du fourré et s’élançât sur l’élève de Ruth, en l’attaquant à grands coups de bec. Le courageux bantam riposta avec énergie, et le combat le plus terrible s’engagea entre les deux oiseaux, en présence des poules, qui remuaient la tête comme pour prouver qu’elles prenaient un grand intérêt à cette escarmouche.

Ruth criait et se désespérait.

« Il va être tué ! Jack, mon cher Jack, jette une pierre à ce maudit faisan, chasse-le ! Chuck, chuck ! » faisait-elle avec angoisse.

Les cris de la pauvre fille avaient bien attiré l’attention des poules, qui reconnaissaient leur maîtresse ; mais ils étaient insuffisants pour arrêter l’ire du coq, leur chef de famille, contre l’ennemi qu’il combattait. Tandis que les poules remontaient de roc en roc pour rejoindre Ruth, le combat continuait à outrance.

Enfin la victoire resta à l’oiseau anglais : le faisan dut lui céder la place et s’en retourna clopin clopant dans le fourré tandis que le héros emplumé se hissait sur une branche et célébrait sa propre gloire avec des cris dont la note aiguë faisait retentir les échos.

Tandis que Jenny aidait à Ruth à réintégrer les poules dans d’autres paniers et même dans des sacs, en attendant qu’on leur façonnât une seconde cage, le vainqueur reprit le chemin qui le rapprochait des voyageurs, et se laissa facilement emprisonner avec les femelles.

Cet incident avait retardé la marche des naufragés du Golden-Fairy, tout en les amusant beaucoup à cause de la nouveauté du spectacle. Ruth seule continua à gémir de la perte de son panier ; mais Jack la gronda alors sérieusement, car c’était sa pusillanimité qui avait occasionné tout le mal ; il ajouta que ces poules étaient un grand embarras dans un pays où le gibier et les œufs de toutes sortes abondaient à ne savoir qu’en faire ; mais quand il vit que ses remontrances arrachaient des larmes cruelles à sa pauvre sœur, il s’arrêta, et promit de fabriquer une autre cage qui serait plus facile à porter que la première, et donnerait plus d’aisance aux prisonniers.

La traversée de la « route d’Érin » dura deux journées entières, à travers mille dangers, au milieu de difficultés sans nombre ; enfin, le troisième jour, les naufragés s’aperçurent que le torrent qui coulait dans le ravin avait complètement disparu, et que le lit en était à sec. Ils résolurent donc de suivre les sinuosités de ce torrent, afin de sortir, si faire se pouvait, de cette dangereuse route à travers les rochers amoncelés.

Le quatrième jour, il leur sembla que la descente était bien plus praticable qu’elle ne l’avait paru depuis leur entrée dans la « route d’Érin ». À douze pieds au-dessous de l’endroit où ils se trouvaient, on apercevait une large pierre plate au-dessus du lit desséché du torrent. Mais la descente était à pic.

Jack proposa de tailler les buissons en forme d’escalier, afin de faciliter le passage à ceux qui auraient peur.

Les jeunes gens ne demandaient pas mieux que de travailler et de se rendre utiles. Ils employèrent alors avec succès les haches de silex, et ils eurent bientôt ainsi taillé six marches, dont la partie sur laquelle on devait s’appuyer était dallée avec des branches coupées. De cette façon, on pouvait arriver sur la terrasse inférieure. Quand tout fut préparé, les courageux pionniers donnèrent la main aux femmes, qui arrivèrent bientôt sans encombre sur la roche plate.

C’était là un grand point de gagné, et les voyageurs purent alors voir au-dessous d’eux le lit bourbeux du torrent. Pour y parvenir, la déclivité était peu sensible, et, au moyen des haches, on fraya encore un passage à toute la troupe, qui mit enfin les pieds sur le sol ardemment désiré.

L’aspect des grandes palissades de pierres qui s’élevaient des deux côtés dans ce ravin profond était vraiment lugubre ; aussi Gérald crut-il devoir adresser une plaisanterie à Marguerite pour détourner ses pensées.

« Il ne manque plus maintenant, dit-il, qu’une forte pluie pour que nous nous trouvions dans la même position que l’homme avant le déluge.

– Ne riez pas des livres sacrés, mon enfant, observa Max Mayburn. Remarquez, mon cher Arthur, ajouta-t-il en s’adressant à son fils, que nous sommes à l’époque des pluies tropicales.

— Je ne crois pas, mon père, répliqua celui-ci, car les déluges de l’Australie n’ont lieu qu’en février et mars, et nous voici seulement au milieu de l’été. Toutefois les orages sont fréquents dans cette saison ; mais j’espère que nous aurons franchi ce tombeau avant que l’un d’eux éclate sur nos têtes. Nous avançons, à n’en pas douter, vers le but que nous nous proposons d’atteindre. Par bonheur, nous rencontrons sur nos pas des vivres et de l’eau en abondance, et jusqu’ici les animaux féroces me paraissent inconnus ; les hommes eux-mêmes de ce pays sont plutôt craintifs que hardis. Je ne crains donc rien autre chose que la fatigue pour vous et ma chère Marguerite.

— N’éprouve aucune appréhension à notre endroit, répliqua celle-ci à son frère. Je suis, Dieu merci, très forte, et mon père a retrouvé sa vigueur sous ce climat splendide. Regarde-le, là, près de ce creux rempli d’eau ; il admire sans doute quelque objet inconnu. Voyons, cher père, qu’avez-vous découvert ?

— Une créature étrange, mes enfants : un ornithorynque, un platypus de l’espèce des animaux à bec de canard. Je reconnais cet animal, dont j’ai vu si souvent les gravures, et j’avais bien souvent désiré en contempler un en vie dans le pays où il vit en liberté.

— Est-ce un canard, Mademoiselle ? demanda Ruth avec une sorte de crainte.

– As-tu donc vu des canards possesseurs de quatre pattes, avec du poil sur le dos, le tout terminé par une queue pointue ? répliqua O’Brien.

— En effet, c’est une bête étrange que celle-ci, ajouta Max Mayburn. Les naturalistes la classent parmi les mammifères, et prétendent qu’elle est ovovivipare, c’est-à-dire qu’elle donne des œufs qui éclosent au moment où ils sont pondus, et d’où sortent des petits qui tètent la mère. Ces animaux mes enfants, se nourrissent de vers et d’insectes ; ils dorment roulés sur eux-mêmes comme les hérissons ; quant à leur naturel il est aussi drolatique que celui du singe ; ils sont doux comme des chiens. Les ornithorynques sont de très curieuses créations de la nature, qui s’est complue à nous offrir une singulière variété de formes dans ces animaux excentriques.

— N’importe, ces bêtes-là sont loin d’être jolies, riposta Jenny Wilson ! et comme nourriture je préférerais le canard. »

Les voyageurs laissèrent là cette causerie sur le mammifère dont les congénères se trouvaient devant eux, au bord de chaque flaque d’eau, et ils s’avancèrent jusqu’au moment où ils découvrirent que le ravin devenait plus large, quoique les parois en fussent toujours à pic et très hautes. Bientôt les trous remplis d’eau furent remplacés par de grandes herbes, et des arbres élevés se montrèrent sur les cimes des rochers, assombrissant le paysage et lui donnant un aspect réellement sévère, bien fait pour inspirer la terreur. Heureusement les richesses de la nature australienne se dressaient à chaque pas devant les voyageurs, qui pouvaient cueillir en passant des plantes fort rares, des fleurs odorantes revêtues de couleurs éblouissantes, des orchidées inconnues des fougères d’une beauté sans pareille. On eût dit l’intérieur d’une serre peuplée des plantes les plus rares, au milieu de laquelle eussent voltigé des oiseaux rares et au plumage diamanté.

On observait, sur les branches des arbres, le « merle sonneur », dont les cris ressemblent à ceux d’une cloche qui tinte ; la « pie sans queue », que les naturels nomment « l’orgue ailé », à cause des sons qu’il module dans les airs ; et enfin « l’oiseau moqueur », qui semble rire de tout ce qui se passe autour de lui.

« Cher père, demanda Hugues, n’est-ce pas cet oiseau que l’on appelle l’âne rieur ? N’entendez-vous pas ces notes aiguës : Ha ! ha ! ha ! Il a réveillé tous les kakatoès et tous les perroquets du voisinage, ce qui produit une étrange cacophonie.

— Écoute, Hugues, ajouta Gérald, la trompette du moqueur : quel bruit ! quel vacarme ! on se croirait à une foire de campagne. Voilà Ruth qui a peur.

— On s’imaginerait réellement, monsieur O’Brien, assister à une assemblée de démons, fit la jeune fille.

— En effet, ne voit-on pas des singes à plumes, des polichinelles qui volent, des oiseaux moqueurs reproduisant des voix qu’ils n’ont jamais entendues ? observa Hugues. Regardez, mon père, ce nouvel oiseau possesseur d’un gros bec.

— Je l’ai déjà remarqué, répliqua celui-ci. Les naturalistes, je crois, l’ont classé parmi les alcyons, et c’est le dacelo gigantea dont les mœurs et la voix sont pareilles à celles du geai. N’est-il pas étrange de voir ce plumage simple et uniforme, au milieu de tous ces autres vêtements empennés de couleurs éclatantes ? Remarquez, mes amis, que le dacelo se plaît dans les branches de l’arbre à gomme, dont les feuilles sombres lui offrent un abri et une cachette. Combien je regrette de ne pouvoir faire en ce moment une collection de tous ces oiseaux ! Hélas ! il est impossible de rien ajouter à nos bagages.

— Attendez, monsieur Mayburn, dit Gérald, que nous ayons pu nous emparer de quelques quaggas. Jack nous fabriquera une charrette que nous pourrons convertir en ménagerie remplie de toutes sortes d’animaux, et que traîneront nos quadrupèdes.

– Tu oublies, mon cher O’Brien, que les quaggas ne sont pas originaires de l’Australie, observa Max Mayburn, et qu’en fait de bêtes de trait nous n’aurions d’espérances à concevoir que quant aux chevaux de nos amis Deverell. Hélas quelle distance ne nous reste-t-il pas à franchir pour arriver jusqu’à eux, si nous y parvenons jamais ! »

Marguerite soupira en entendant ces paroles.

« Cher père, dit-elle, je voudrais bien remonter le long de vastes plaines au milieu desquelles nous avancerions sans difficultés. Rien n’est plus beau, j’en conviens, que ce pays sauvage, ces montagnes escarpées ; mais je préférerais une nature moins excentrique et plus calme. Si nous avions tenu un journal exact de toutes nos aventures, de toutes nos découvertes, on n’eût pas voulu croire à ces récits, qui eussent paru fantastiques.

— Et pourtant, répondit le vieillard, ces féeries de la terre australienne sont des réalités.

— Retournons-y, cher père, fit Arthur, continuons notre route, ne fût-ce que pour échapper aux coo-ee des natifs que j’ai encore entendus, quoique très éloignés de nous. Ne tremblez pas, nous n’avons rien à craindre des noirs. »

Tout en causant ainsi, les voyageurs avançaient avec précaution, Arthur gardant le poste d’éclaireur, lorsqu’il héla son frère et Gérald en leur disant qu’il venait de rencontrer un tunnel et qu’il fallait aller le visiter. L’entrée de cette ouverture à travers la montagne était très vaste, et semblait être celle d’une immense grotte. Arthur fut d’avis que son père et les autres fissent halte en cet endroit, tandis que Hugues, Gérald et lui, iraient à la découverte.

Ils allumèrent alors des torches fabriquées avec des branches de bois résineux et pénétrèrent dans le souterrain, avec la satisfaction de savoir que leurs parents et amis étaient en sûreté.

Les trois jeunes gens descendirent dans ce tunnel graduellement, en rencontrant tantôt des passages bas et étroits, tantôt des voûtes élevées et des murailles distancées l’une de l’autre ; le sol était seulement couvert de débris de roches.

Quoi qu’il en fût, la passe était aérée, et ils marchèrent en avant pendant un mille environ. Cependant, à la fin, ils perdaient déjà courage, lorsqu’ils virent devant eux une ouverture à travers laquelle la lumière paraissait.

Il y avait là un rideau de lianes retombant sur d’épais buissons, à travers lesquels ils se creusèrent un chemin. Ils aperçurent alors l’immensité du ciel au-dessus d’une masse de rochers ; mais ces montagnes étaient moins élevées et bien moins abruptes que celles qu’ils venaient de parcourir.

« Il me paraît opportun, dit Hugues d’aller quérir tout notre monde pour l’amener ici, où nous serons bien plus en sûreté que de l’autre côté.

— Avant d’en rien faire, laissez-moi examiner l’horizon, dit Arthur, qui se hissa sur le sommet d’une haute roche en se cramponnant des mains, en se soulevant des pieds.

— Nous serons très bien ici s’écria-t-il. Je remarque de grandes plaines là-bas ; seulement la descente sera difficile, et Jack aura à nous fabriquer encore un escalier de sa façon. »

Les trois jeunes gens se hâtèrent de rejoindre leurs parents et amis, qu’ils trouvèrent en grande conversation. Les cris des sauvages s’étaient rapprochés, et on les croyait si près, que Marguerite avait prié Wilkins et Jack de fermer l’ouverture à l’aide de grosses roches.

Les sauvages s’étaient alors avancés davantage, et on devinait qu’ils se trouvaient à quelques pas.

Baldabella, qui pouvait déjà balbutier quelques mots de la langue anglaise, disait à mi-voix :

« Un grand nombre de visages noirs ! très méchants tous… Un blanc est avec eux !… Noirs venir à petits pas !… Noirs prendre nous, manger maître… Manger mademoiselle, manger moi, manger Nakina… Tous, tous dévorés ! »

Ce fut avec la plus grande difficulté que l’on parvint à empêcher Ruth de crier et de pleurer à chaudes larmes, lorsqu’elle apprit qu’il était question d’être mangée. Quoique Max Mayburn ne voulût pas croire à l’existence du cannibalisme en Australie, Wilkins et Jack réussirent à convaincre tous les autres, afin qu’ils profitassent de la découverte des trois explorateurs pour s’éloigner immédiatement et ne pas être aperçus par les indigènes.