Redgauntlet. Histoire du XVIIIe siècle
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume XXp. 145-160).
◄  Lettre XI


LETTRE XII.

LE MÊME AU MÊME.


Je griffonnerai mon aventure jusqu’au bout, bien qu’elle vous puisse paraître un peu dénuée d’intérêt. Puissent les charmes de la narration, ou plutôt votre tendre amitié, suppléer à la mince importance du fond. Dupes de notre imagination, nous nous laissons abuser comme Malvolio[1] par les visions de notre propre cerveau ; mais nous avons du moins cet avantage sur les sages de la terre, que nous avons toute une provision de jouissances à notre disposition, et que nous pouvons nous préparer un banquet intellectuel sans beaucoup recourir aux objets extérieurs. C’est, à coup sûr, quelque chose de semblable au repas que les Barmécides servirent à Alnaschar ; et un pareil régime ne doit pas nous engraisser beaucoup. Mais encore, nous évitons ainsi cette réplétion et ces nausées qui suivent souvent des festins plus lourds et plus matériels. En somme je dis encore, avec l’ode aux châteaux en Espagne[2] :


Donnez-moi cet espoir qui rafraîchit le cœur ;
Donnez-moi la santé toujours fraîche et plus belle ;
Accordez-moi surtout les songes de bonheur,
Avec l’amitié pure, à mes besoins fidèle.


En dépit donc de votre sourire solennel et de votre sage hochement de tête, je continuerai à répandre autant de poésie que possible sur mes aventures fort ordinaires, dût cette poésie n’exister que dans mon imagination ; et je ne cesserai pas d’infliger à vos yeux dévoués la peine de lire les volumes à travers lesquels je conduirai mon récit.

La dernière lettre s’arrêtait au moment où j’allais descendre dans la vallée de Brokenburn, par le dangereux sentier que j’avais une première fois parcouru en croupe derrière un cavalier galopant, et où j’allais cette fois m’aventurer sous la conduite d’un aveugle.

Il faisait alors nuit noire ; mais ce n’était point un inconvénient pour mon guide. Willie s’avançait toujours d’un pas assuré, comme par instinct, de sorte que nous fûmes bientôt arrivés au fond, et que je pus voir des lumières briller dans la chaumière où j’avais trouvé un asile dans une occasion récente. Ce n’était point là, pourtant, que nous dirigions nos pas. Nous laissâmes l’habitation du laird à gauche, et, nous repliant sur le ruisseau, nous ne tardâmes pas à approcher du petit hameau qui s’était élevé à l’embouchure, sans doute à cause de la commodité du petit havre offert par la nature aux bateaux de pêcheurs. Une large cabane, fort basse, se trouvait juste en face de nous ; elle était splendidement éclairée ; et la lumière jaillissait non-seulement de chacune des fenêtres et des ouvertures pratiquées dans les frêles murailles, mais encore par les fentes et les crevasses du toit, construit en lattes goudronnées et recouvertes de chaume et de terre.

Tandis que ces circonstances occupaient mon attention, celle de mon compagnon était attirée par un bruit régulier, qui semblait provenir de pieds retombant en cadence sur un plancher, accompagné de faibles notes que l’oreille fine de Willie reconnut et s’expliqua aussitôt, tandis que moi je n’entendais presque rien. Le vieillard frappa la terre de son bâton avec colère, et s’écria : « Les infâmes pêcheurs ! ils ont amené un autre violon dans mon chemin ! Les scélérats, ils sont tellement contrebandiers qu’il leur faut même une musique de contrebande ; mais je leur en ferai voir plus que tous les douaniers du pays. Un instant, — écoutez : — ce n’est pas un violon, vraiment ! — C’est la flûte et le tambour du bâtard Simon de Sowport qui demeure à Hicol-Forest, — mais je lui jouerai un fameux air et le tambourinerai d’importance ! — Que j’aie seulement la main gauche sur sa cravate, et vous verrez ce que saura faire la droite. Avançons, mon garçon, — avançons, mon joli garçon, — ce n’est pas l’heure de compter vos pas. » Et il se mit à faire de longues enjambées, en m’entraînant avec lui.

Je n’étais pas trop à l’aise dans sa compagnie ; car, en ce moment où son orgueil de musicien était blessé, cet homme, qui m’avait paru si tranquille, si décent, je dirai presque si respectable en me racontant son histoire, avait tout l’air d’un vagabond tapageur, emporté. Aussi, lorsque nous entrâmes dans la vaste hutte où un grand nombre de pêcheurs avec leurs femmes et leurs filles étaient occupés à manger, à boire et à danser, je craignis un peu que la violente impatience de mon compagnon ne nous attirât un accueil assez froid.

Mais le cri universel de bienvenue qui salua l’arrivée de Willie le voyageur ; — les cordiales félicitations qu’on lui adressa, — les voix qui s’écriaient : « À votre santé, Willie ; — où avez-vous donc été, diable d’aveugle ? » les instances qu’on lui adressait de faire raison à la société le verre en main, — et surtout, la promptitude avec laquelle on imposa silence à la flûte et au tambour, — convainquirent si manifestement le vieillard qu’il n’avait rien perdu de sa popularité et de son importance, qu’il oublia soudain sa jalousie, et quitta le ton de la dignité offensée pour en prendre un plus convenable à la bonne réception qu’on lui faisait. Jeunes filles et jeunes garçons l’entourèrent pour lui dire combien ils avaient craint que quelque malheur ne l’eût empêché de venir, et comment deux ou trois de leurs compagnons étaient partis pour aller à sa rencontre.

« Ce n’est aucun malheur, Dieu soit loué ! qui m’a mis en retard, répliqua Willie, c’est l’absence de ce paresseux Rob le rôdeur, mon camarade, qui ne m’a pas rejoint sur les sables ; mais j’ai fait acquisition d’un brave gaillard à sa place, qui en vaut bien douze comme lui, le pendable scélérat !

— Et qui nous amenez-vous donc, Willie, notre compère ? » s’écrièrent une douzaine de voix, tandis que tous les yeux se tournaient sur votre humble serviteur qui faisait aussi bonne contenance que possible, quoique peu satisfait de devenir le centre vers lequel se portaient tous les regards.

« Je le reconnais à la cravate ourlée, dit un garçon, c’est Gil Hobson, le nouveau tailleur de Burg. — Vous êtes le bienvenu en Écosse, rapetasseur d’habits troués, » continua-t-il en me présentant une main dont la couleur différait peu de celle du dos d’un blaireau, et de la plus monstrueuse dimension. « Gil Hobson ! Gii Whoreson ! s’écria Willie le voyageur, c’est un joli garçon qui fait, je pense, chez le vieux Josué Geddes, son apprentissage du métier de quaker.

— Et quel est ce métier-là, l’ami ? » demanda l’homme à la main couleur de blaireau.

— Celui d’hypocrite et de menteur, » — dit Willie, dont la répartie occasionna de bruyants éclats de rire ; « mais j’en apprends un meilleur au gaillard, celui de se réjouir et de jouer du violon. »

La conduite de Willie, en proclamant ainsi quelle espèce d’individu j’étais, s’écartait sans doute de nos conventions, et pourtant j’en fus presque charmé ; car, pour avoir voulu tromper ces hommes grossiers et féroces, nous aurions pu nous trouver, en cas de découverte, en grand péril tous les deux ; en même temps cela me dispensait du pénible effort de soutenir un caractère faux. Toute la compagnie, excepté peut-être une ou deux jeunes filles dont les regards annonçaient l’envie de faire plus ample connaissance avec moi, cessa de m’honorer de son attention ; et tandis que les vieux reprenaient leurs places autour d’un immense bol, ou plutôt d’un chaudron fumant de punch à l’eau-de-vie, les jeunes se disposèrent au milieu de la chambre, et crièrent à Willie de commencer.

Après un bref avertissement de « songer à me faire honneur, car les pêcheurs avaient des oreilles, quoique les poissons n’en eussent pas, » Willie commença par un brillant coup d’archet, et je l’accompagnais de manière à ne point le rendre honteux : aussi me donnait-il de temps à autre des signes d’approbation. Les danses étaient, comme on s’en doute bien, des gigues écossaises, des rondes et des pas de deux, avec un strathspey ou une hornpipe en guise d’intermède. Le manque de grâce des danseurs était amplement suppléé par la finesse d’oreille, la précision des pas, la vigueur et l’agilité particulières aux hommes du Nord. Leur gaieté me gagna moi-même, grâce à l’admirable exécution de Willie, et aux fréquents : « bien, mon joli garçon, très-bien ! » qu’il m’adressait ; — pour dire toute la vérité, j’éprouvais à cette fête rustique plus de plaisir que je n’en ressentis jamais aux bals et aux concerts de meilleur ton, auxquels j’ai assisté parfois dans votre fameuse cité, peut-être uniquement parce que j’étais un personnage de plus grande importance pour la matrone qui présidait à Brokenburn-Foot, que je ne pouvais paraître à la célèbre miss Nickie Murray, patronne de vos réunions d’Édimbourg. La présidente dont je parle était une grosse réjouie d’une trentaine d’années, les doigts chargés d’un grand nombre de bagues la plupart en argent, et trois ou quatre en or ; ses jambes étaient bien dégagées jusqu’à une certaine hauteur de dessous les nombreux jupons courts blancs, bleus et écarlates, et laissaient voir des bas de la plus belle et la plus blanche laine, qui faisaient contraste avec ses souliers de cordouan attachés avec des boucles d’argent. Elle se déclara en ma faveur, et dit que « le brave et beau jeune homme ne devait pas s’ennuyer à mort en faisant toujours danser les autres, mais venir lui-même faire une contredanse ou deux.

— Et que deviendrai-je, moi, dame Martin ? dit Willie.

— Ce que vous deviendrez ? répliqua la dame ; méchante vieille barbe que vous êtes ! Vous pourriez jouer vingt heures de suite et fatiguer de la danse tout le pays avant de quitter votre archet, sinon pour boire un coup ou pour quelque aussi bonne raison.

— En vérité, bonne dame, répliqua Willie, vous n’avez pas si grand tort ; mais si vous enlevez mon camarade pour qu’il danse à son tour, il faut d’abord me verser à boire, et vous serez libre ensuite de vous trémousser comme Magde de Middlebie. »

La cruche ne se fit pas attendre ; mais pendant que Willie s’humectait le gosier, il entra dans la hutte une nouvelle compagnie qui attira soudain mon attention et glaça la galanterie avec laquelle j’allais offrir ma main à la Thétis aux fraîches couleurs, à la taille bien prise et aux bas blancs, qui avait obtenu l’affranchissement de ma servitude musicale.

Ce n’était rien moins que la vieille femme que le laird avait appelée Mabel, accompagnée de Cristal Nixon, domestique mâle du laird, et de la jeune personne qui avait dit le bénédicité lorsque j’avais soupé chez lui.

Cette jeune personne, — Alan, vous êtes à votre manière un peu devin ; — cette jeune personne que je n’ai pas décrite, et que vous avez soupçonnée pour cette raison même ne pas m’être indifférente, — n’est réellement pas, je suis fâché de le dire, aussi prudente qu’elle devrait l’être. Je n’emploierai pas le mot amour en cette occasion ; car je m’en suis trop souvent servi à propos de caprices et de fantaisies passagères, pour échapper à vos railleries, si je voulais m’en servir maintenant. C’est une expression, je l’avouerai, que j’ai employée, — un romancier dirait profanée, — un peu fréquemment pour le petit nombre d’années qui ont passé sur ma tête. Mais sérieusement, la belle chapelaine de Brokenburn s’est présentée à mon esprit bien des fois qu’elle n’y avait que faire, et si vous voyez dans cet aveu un moyen d’expliquer les motifs qui me portaient à rester dans ce pays et à jouer le rôle de compagnon ménétrier, en bien, par le ciel ! libre à vous d’en faire votre profit ; — permission dont vous n’avez pas besoin de me remercier, attendu que vous n’auriez pas manqué de la prendre, que je vous l’eusse ou non accordée.

Tel étant l’état de mon cœur, imaginez mon ravissement lorsque je vis cette belle jeune fille entrer, comme un rayon de soleil qui perce un nuage, dans la chambre où l’on dansait, non avec l’air d’une égale, mais avec la dignité d’une femme de haut rang qui veut bien honorer de sa présence les amusements de ses vassaux. Le vieil homme et la vieille femme l’accompagnaient avec des visages aussi sinistres que le sien était gracieux ; c’était comme deux des plus vilains mois de l’hiver auprès de mai aux yeux brillants.

Lorsqu’elle entra — émerveillez-vous si vous voulez — elle portait une mante verte semblable, suivant la description que vous m’en avez faite, à celle que portait votre belle cliente : fait qui me confirma dans le soupçon que je nourrissais déjà, d’après le portrait par vous tracé, que ma chapelaine et votre visiteuse étaient une même personne. Son front se couvrit d’un nuage à l’instant où elle me reconnut. Elle donna son manteau à la vieille domestique, et après un moment d’hésitation, comme incertaine si elle devait avancer ou se retirer, elle traversa la pièce avec grâce et dignité ; tout le monde lui faisait place, les hommes ôtaient leurs bonnets et les femmes lui tiraient des révérences ; elle fut s’asseoir sur une chaise qu’on avait respectueusement placée pour elle, à l’écart des autres.

Il y eut alors une pause dont profita l’active maîtresse des cérémonies pour offrir, avec une courtoisie un peu gauche mais venant du cœur, un verre de vin à la jeune demoiselle, qui le refusa d’abord, mais qui l’accepta ensuite, afin sans doute d’avoir l’occasion de saluer la joyeuse compagnie à la ronde, et de souhaiter à tous santé et joie ; puis, après avoir touché du bout des lèvres le bord du verre, elle le replaça sur l’assiette. Il y eut une nouvelle pause ; et je ne me rappelai pas sur-le-champ, troublé que j’étais par cette apparition inattendue, que c’était à moi d’y mettre un terme. Enfin un murmure se fit entendre autour de moi ; car on s’attendait à me voir commencer, et même conduire la danse, après la conversation qui avait eu lieu.

« Ce jeune ménétrier a le diable au corps, murmurait-on de tous les côtés ; — vit-on jamais personne de si honteux que ce jeune ménétrier ! »

Enfin un vénérable Triton, appuyant ses remontrances d’une bonne tape sur l’épaule, me cria : « En place ! en place ! et voyons comment vous savez sauter : — toutes les filles vous attendent. »

Je me levai, je m’élançai en bas de l’échafaudage qui nous servait d’orchestre, et, reprenant mes idées aussi rapidement que possible, je m’avançai au bout de la salle, et, au lieu d’offrir ma main à la Thétis au bas blancs, j’eus l’audace de faire la même proposition à la dame à mante verte.

Les yeux aimables de la nymphe semblèrent s’ouvrir d’étonnement à une offre si hardie ; et, par les chuchotements qui se répandaient autour de moi, je compris bientôt que cette tentative surprenait aussi, et peut-être offensait les assistants. Mais, après l’émotion du premier moment, la jeune dame rejeta la tête un peu en arrière, puis, se redressant avec fierté, en femme qui voulait montrer qu’elle sentait toute l’étendue de sa propre condescendance, elle me tendit la main, comme une princesse qui accorde cette faveur à un écuyer de bas étage.

Il y a de l’affectation dans toute cette conduite, pensai-je en moi-même, — si cette mante verte ne me trompe point ; — car les jeunes demoiselles ne rendent pas de visites, et n’écrivent pas de lettres à de savants jurisconsultes, pour donner des conseils aux gens dont elles se soucient aussi peu ; et si une simple ressemblance de manteaux m’abuse, je suis encore intéressé à me montrer digne de la faveur qu’elle m’accorde avec tant de pompe et de réserve. — La danse qu’il s’agissait d’exécuter était la vieille gigue écossaise, où vous savez bien que je ne faisais pas sotte figure chez la Pique, tandis que vos mouvements gauches vous attiraient, pour correction, de la part de ce grand professeur, des coups d’archet sur les genoux. Le choix de l’air fut laissé à mon camarade Willie, qui, après avoir fini de boire, en commença malicieusement un fort connu et fort populaire, celui de : —


« Joyeusement dansa la belle quakeresse,
Et le quaker aussi dansa joyeusement. »


Un rire étourdissant partit aussitôt aux dépens de votre ami, et j’aurais été anéanti, sans le sourire qui se montra sur les lèvres de ma danseuse, et qui, loin d’avoir un air de dérision, semblait me dire : « Ne remarquez point cela. » Et j’eus bien garde de le remarquer, Alan. — Ma danseuse dansait admirablement bien, et moi je déployai tout mon talent, non pour l’effacer, je ne le pouvais pas, mais pour ne point rester tout à fait dans l’ombre.

Je vous assure que notre exécution, aussi bien que la musique de Willie, méritait des spectateurs et des auditeurs plus policés. Mais alors nous n’aurions pu être honorés des salves d’applaudissements frénétiques qui éclatèrent lorsque je reconduisis ma danseuse à sa place, et que je m’assis près d’elle, en homme qui avait droit de rendre les attentions d’usage en pareille circonstance. Elle était visiblement embarrassée ; mais j’étais décidé à ne point remarquer sa confusion, et à profiter bien plutôt de cet instant propice pour reconnaître si l’esprit de cette belle créature était digne de la cassette dans laquelle la nature l’avait renfermé.

Néanmoins, bien que j’eusse courageusement formé ce projet, vous ne pouvez que trop deviner combien j’eus de peine à le mettre à exécution. Le défaut de relation avec les enchanteresses de ce sexe m’a rendu fort gauche, et je suis à peine alors moins niais que vous. Puis, elle était si belle et prenait un air si plein de dignité que naturellement je devais tomber dans la fatale supposition qu’il fallait que je lui adressasse la parole seulement pour lancer un trait d’esprit ; et, malgré la torture où je me hâtai de mettre mon cerveau dans cette persuasion, pas une seule idée ne se présentait que le sens commun ne rejetât comme bouffisure d’une part, ou de l’autre comme un vieux lieu commun plat et usé. Il me semblait que mon intelligence ne m’appartenait plus, mais était alternativement sous l’empire d’Aldiboroni-phoscophornio et sous celui de son facétieux ami Rigdum-funnidos[3]. Combien je portai envie en ce moment à notre ami Jack Olivier qui débite avec une si heureuse satisfaction de lui-même sa pacotille de sornettes, et qui, ne doutant jamais du talent qu’il possède pour amuser, les fait passer pour monnaie courante à toutes les jolies femmes qu’il approche, et remplit les intervalles de son babillage par la connaissance parfaite qu’il a acquise de l’exercice de l’éventail, du flacon et des autres devoirs du cavalière serviente. Je lis quelques tentatives de cette espèce, mais très-gauchement, à ce que je suppose ; du moins la demoiselle à mante verte les reçut-elle comme une princesse accueille les hommages d’un rustaud.

Cependant le parquet restait vide, et comme la gaieté de cette aimable réunion paraissait un peu suspendue, je m’aventurai pour dernière ressource à proposer un menuet. Elle refusa et me dit avec assez de hauteur « qu’elle était venue afin d’encourager les innocents plaisirs de ces bonnes gens, mais non pour donner à leur amusement un autre échantillon de sa danse inhabile. »

Elle s’arrêta un moment, comme si elle s’attendait à une nouvelle proposition de ma part ; et comme je restais silencieux et confus, elle inclina plus gracieusement la tête vers moi, et ajouta : « Cependant, monsieur, pour ne pas vous piquer, j’accepterai encore une contredanse, si cela vous fait plaisir. »

Ne fallait-il pas être un âne bâté pour n’avoir pas prévenu ses désirs, Alan ! N’aurais-je pas dû remarquer que ce couple gênant, que Mabel et Cristal, s’étaient placés chacun d’un côté de sa chaise, comme les supports des royales armoiries[4] ! L’homme, épais, court, velu, et hérissé comme le lion ; la femme, sèche, mince, longue, et avide comme la licorne. J’aurais dû penser que, sous la vigilante inspection de ces deux sévères surveillants, nos communications ne devaient pas être faciles ; qu’un menuet n’était pas bien choisi pour entamer une conversation ; mais que le bruit, l’exercice, et la véritable confusion d’une contredanse où des danseurs inexpérimentés se heurtaient les uns contre les autres, donnaient aux autres couples occasion de rester quelques instants tranquilles, outre les repos plus réguliers qui séparent les différentes figures de la danse ; tout cela permettait beaucoup mieux de placer un mot en temps convenable, et sans donner lieu à la moindre observation.

Nous venions précisément de commencer, lorsqu’une occasion de ce genre se présenta, et ma danseuse me dit avec beaucoup de gentillesse et de modestie : « Il n’est peut-être pas fort convenable que je me souvienne d’une connaissance qui semble oubliée, mais je crois parler à M. Darsie Latimer.

— Darsie Latimer est en effet la personne qui a maintenant l’honneur, le plaisir… »

J’aurais navigué à pleines voiles dans la sotte mer des compliments, mais elle y coupa court. « Et pourquoi, dit-elle, M. Latimer est-il ici, déguisé, ou du moins jouant un rôle indigne d’un homme bien élevé ? — Je vous demande pardon, continua-t-elle, je ne veux pas vous offenser, mais très-certainement lorsqu’on recherche la compagnie d’un individu de ce genre… »

Elle jeta un regard sur Willie, et se tut. Je me sentis intérieurement honteux de moi-même, et je me hâtai de dire que c’était un pur caprice que le manque d’occupation m’avait suggéré, et que je ne le regrettais pas puisqu’il m’avait procuré le plaisir dont je jouissais en ce moment.

Sans paraître donner à mon compliment la moindre attention, elle attendit la première occasion pour me dire : « M. Latimer permettra-t-il à une étrangère qui lui veut du bien de lui demander s’il se croit irréprochable, lorsqu’à son âge il est assez dépourvu d’occupations, pour être prêt à se mêler à la plus basse société, dans l’espoir d’y trouver un vain amusement ?

— Vous êtes sévère, madame, répondis-je ; mais je ne puis me croire déshonoré en me trouvant dans une compagnie où je… »

Là je m’arrêtai court, convaincu que je donnais à ma réponse un tour malhonnête. L’argumentum ad hominem, le dernier auquel doit recourir un homme poli, peut néanmoins être justifié par les circonstances, mais jamais l’argumentum ad feminam.

Elle acheva la phrase que j’avais commencée. « … Où vous me rencontrez, voulez-vous dire. Mais le cas est différent. Je suis forcée par mon malheureux destin d’agir d’après la volonté des autres, et de venir en des endroits dont je m’éloignerais fort volontiers. D’ailleurs, excepté ce petit nombre de minutes, je ne participe pas à ces amusements, — je suis ici comme simple spectatrice, et accompagnée de mes domestiques. Votre situation est différente : — vous êtes venu dans ce lieu par choix, partageant et secondant les plaisirs d’une classe bien au-dessous de la vôtre sous le rapport de l’éducation, de la naissance, et de la fortune. — Si je vous parle sévèrement, M. Latimer, » ajouta-t-elle du ton le plus doux, « mes intentions sont bonnes. »

Je restai confondu par ce discours tout moral, dicté par une jeune sagesse : toute réponse vive ou spirituelle propre à continuer un pareil dialogue, s’évanouit de mon imagination, et je répliquai avec une gravité semblable à celle de la jeune dame : « Je suis sans doute mieux élevé que ces pauvres gens ; mais vous, madame, dont les avis obligeants méritent toute ma reconnaissance, vous devez en savoir sur ma condition plus que moi-même. — Je n’ose dire que je leur sois supérieur en naissance puisque ma naissance m’est inconnue, ni en fortune, car ma fortune est encore enveloppée d’un nuage impénétrable.

— Et pourquoi votre ignorance sur ces points vous pousserait-elle à fréquenter de mauvaise compagnie, et à contracter des habitudes d’oisiveté ? Est-il d’un homme d’attendre que la fortune jette d’elle-même de l’éclat sur lui, quand il peut se distinguer par ses propres efforts et son énergie ? — La carrière des sciences n’est-elle pas ouverte devant vous ? — N’avez-vous pas encore celle d’une noble ambition, — la carrière des armes ? — Mais non, — pas celle des armes, elle vous a déjà coûté trop cher.

— Je serai tout ce que vous souhaiterez, » répliquai-je avec empressement. « Vous n’avez qu’à me désigner une carrière, et vous verrez si je ne la poursuis pas avec énergie, ne fût-ce que parce qu’il vous aura plu de me le commander.

— Non parce que je le commande, dit la jeune demoiselle, mais parce que la raison, le sens commun, le courage, et, en un mot, l’intérêt de votre propre sûreté, vous donnent le même conseil.

— Permettez-moi du moins de répondre que la raison et le bon sens n’ont jamais pris une plus belle forme — pour persuader, « ajoutai-je à la hâte ; car elle se détourna, — et ne me donna point occasion de continuer ce que j’avais à dire avant le premier repos qu’exigèrent les figures ; et alors décidé à obtenir quelques éclaircissements, grâce à la contredanse, je renouai la conversation : « Vous avez aussi parlé de courage, madame, et en même temps de dangers personnels, lui dis-je. Mes idées sur le courage me portent à croire qu’il y a lâcheté à reculer devant un péril incertain. Vous qui paraissez si bien connaître ma destinée, que je pourrais vous appeler mon ange gardien, dites-moi quels sont ces périls, pour que je sois à même de juger si le courage m’ordonne de les affronter ou de les fuir. »

Elle fut évidemment embarrassée par ces paroles.

« Vous me faites payer cher les avis que je vous donne, reprit-elle enfin. J’avoue que je m’intéresse à votre destin, et pourtant je n’ose vous dire d’où provient cet intérêt : je ne suis pas plus libre de vous expliquer la nature et la cause de vos périls ; mais il n’en est pas moins vrai que ces périls sont proches et imminents. Ne m’en demandez pas davantage ; mais par égard pour vous-même fuyez ce pays. Partout ailleurs vous êtes en sûreté : — ici vous ne faites que tenter la fortune.

— Suis-je donc condamné à dire ainsi adieu à la seule personne qui se soit intéressée à mon bien-être ? — Oh ! ne parlez plus comme vous l’avez fait, — dites plutôt que nous nous reverrons, et cette espérance sera l’étoile tutélaire qui dirigera ma course.

— Il est plus que probable, beaucoup plus que probable que nous ne nous reverrons jamais. Le service que je vous rends à cette heure est le seul que je puisse vous rendre. C’est celui que je rendrais à un aveugle que j’apercevrais sur le bord d’un précipice ; il ne doit pas exciter de surprise, et n’exige aucune reconnaissance. »

À ces mots elle se détourna encore, et ne m’adressa plus la parole qu’à l’instant où la contredanse allait finir ; alors elle me dit : « N’essayez point de me parler ni de vous rapprocher de moi pendant le cours de cette nuit ; quittez cette compagnie aussitôt que possible, mais sans affectation, et que Dieu soit avec vous. »

Je la reconduisis à sa place, et ne lâchai pas la belle main que je tenais, sans exprimer les sentiments dont j’étais pénétré, en la pressant légèrement. Elle rougit un peu et retira sa main, sans néanmoins paraître fâchée. Voyant les yeux de Cristal et de Mabel sévèrement fixés sur moi, je la saluai et je m’éloignai d’elle, le cœur saignant et mes yeux s’obscurcissant de plus en plus, à mesure que la foule nous dérobait l’un à l’autre.

Mon intention était de regrimper sur l’estrade près de mon camarade Willie, et de reprendre mon archet pour jouer tant bien que mal, quoiqu’en ce moment j’eusse donné la moitié de ma pension annuelle pour être seul une minute. Mais la retraite me fut coupée par dame Martin, avec la franchise (s’il n’y a point de contradiction entre ces deux mots) d’une coquette rustique qui va droit à son but.

« Holà ! jeune homme, vous paraissez bien vite las de danser si légèrement. Mieux vaut le bidet qui marche au pas toute la journée, que celui qui trotte un mille, et ensuite ne peut plus bouger. »

C’était un vrai défi, et je ne pouvais le refuser. D’ailleurs je voyais bien que dame Martin était la reine de la fête, et j’étais entouré de tant de figures sauvages et singulières, que je ne pouvais pas savoir si je n’aurais pas besoin de protection. Je saisis donc la main qu’elle brûlait de me donner, et nous prîmes nos places à la danse, où, si je ne déployai pas autant de grâce et de souplesse que je l’avais voulu faire auparavant, je répondis du moins à l’attente de ma danseuse, qui dit et jura presque que je n’avais point mon pareil, tandis qu’elle-même, excitée à redoubler d’efforts, sautait comme un chevreau, faisait claquer ses doigts comme des castagnettes, criait comme une bacchante, et bondissait sur le plancher comme une balle, — si bien que la couleur de ses jarretières n’était plus un mystère pour personne. Elle se souciait d’autant moins de les cacher, peut-être, qu’elles étaient bleu de ciel avec des franges d’argent.

Il fut un temps où toutes ces extravagances m’auraient fort amusé, ou plutôt la nuit dernière fut la seule fois depuis quatre ans où je me rappelle qu’elles ne m’amusèrent pas. En ce moment-ci, je ne saurais vous dire pourquoi je désirais si ardemment me débarrasser de dame Martin. Je souhaitais presque qu’elle se donnât une entorse à un de ces pieds agiles qu’elle éprouvait tant de plaisir à montrer ; et quand, au milieu de cette profusion de cabrioles, je vis ma première danseuse quitter l’appartement, les yeux, à ce qu’il me semblait, dirigés vers moi, le dégoût qui m’avait pris pour la danse s’accrut à un tel point que j’avais presque envie de feindre moi-même une entorse ou une foulure pour mettre un terme à mon ennui. Mais il y avait autour de moi des vingtaines de vieilles femmes qui toutes me semblaient devoir posséder un remède infaillible pour de tels accidents, et, me souvenant de Gil Blas et de sa prétendue maladie dans la caverne des voleurs, je jugeai qu’il était plus sage d’agir en galant homme avec dame Martin et de danser jusqu’à ce qu’elle trouvât bon de me congédier. J’exécutai courageusement cette résolution, et, dans les dernières figures que nous exécutâmes, je cabriolai aussi haut, je m’élevai aussi perpendiculairement que dame Martin elle-même ; et je reçus, je vous assure, un tonnerre d’applaudissements, car les gens du peuple préfèrent toujours à la grâce la vigueur et l’agilité. Enfin dame Martin ne put danser davantage : charmé de mon affranchissement, je la conduisis à sa place, et j’usai de mon privilège de danseur pour m’asseoir près d’elle.

« Ah ! messieurs, » s’écria dame Martin, « je suis tout essoufflée ! Vraiment, jeune homme, je crois que vous m’en ferez mourir. »

Je pus seulement expier l’offense dont j’étais accusé en lui apportant des rafraîchissements, qu’elle avala sans se faire prier.

« J’ai été heureux en danseuses, lui dis-je ; d’abord cette jeune et jolie demoiselle, et ensuite vous, mistress Martin.

— Finissez donc vos flatteries, répliqua dame Martin ; allons, allons, jeune homme, ne soufflez pas ainsi dans les oreilles des gens ; moi et miss Lilias comparées ensemble ! Non, non, jeune homme ! oh ! elle est peut-être de quatre ou cinq années plus jeune que moi, — outre sa mise et ses belles manières.

— Est-elle fille du laird ? » demandai-je du ton le plus indifférent que je pus prendre.

— Sa fille, monsieur ? non, non, sa nièce seulement, — et c’est lui tenir d’assez près, je pense.

— Ha ! ha ! je croyais qu’elle portait le même nom que lui.

— Elle porte le sien, et c’est Lilias.

— N’a-t-elle pas d’autre nom ?

— Qu’a-t-elle besoin d’en porter un autre jusqu’à ce qu’elle prenne un mari ? » répliqua ma Thétis un peu piquée peut-être — de ce que j’eusse amené la conversation sur ma première danseuse au lieu de l’entretenir d’elle-même. »

Il y eut un moment de silence et dame Martin le rompit en observant qu’on se remettait en place pour la danse.

« En effet, » dis-je, me souciant fort peu de recommencer mes violentes cabrioles de tout à l’heure, « et il faut que j’aille aider le vieux Willie. »

Avant que je fusse parvenu à fendre la foule, j’entendis ma Thétis s’adresser à une espèce de Triton portant une jaquette bleue et une large culotte de matelot, dont, soit dit en passant, elle avait refusé la main à une heure moins avancée de la fête, et lui annoncer qu’elle était maintenant prête à faire un saut avec lui.

« Sautez donc, la commère, » répliqua le vindicatif marin, sans lui offrir la main ; « il y a, » ajouta-t-il en montrant le plancher, « il y a place pour vous. »

Je m’étais certainement fait un ennemi et peut-être deux : dans cette conviction j’allai reprendre ma première place près de Willie, et manier de nouveau l’archet. Mais je pus voir que ma conduite avait produit une impression défavorable ; j’entendais bourdonner de tous côtés : « il se donne de fameux airs ! — demi-monsieur ! » enfin l’épithète encore plus alarmante « espion, » et je fus vraiment charmé lorsque j’aperçus la figure de Sam, qui avalait déjà un verre de punch. Voyant que j’avais des moyens de retraite à ma disposition, je communiquai mon projet à Willie, qui probablement avait encore mieux entendu les murmures de la société que moi-même ; car il me répondit à voix basse : « Oui, oui, — décampez, — vous n’êtes resté que trop long-temps, — filez vite, — qu’ils ne voient pas que vous détalez. »

Je glissai une demi-guinée dans la main du vieillard, qui me dit : « Oh ! oh ! folie ! Je ne refuserai pas pourtant, car je suppose que vous en avez le moyen. — Allez-vous-en, et si quelqu’un vous arrête, appelez-moi. »

Suivant son conseil, je me promenai un instant au milieu de la salle, comme si je cherchais une danseuse ; puis je rejoignis Sam, à qui je ne fis pas sans peine lâcher son verre de punch, et nous quittâmes ensemble la cabane de manière à attirer l’attention le moins possible. Les chevaux étaient attachés sous un hangar voisin, et comme la lune était levée, comme j’étais enfin familier avec la route, toute difficile et toute compliquée qu’elle fût, nous arrivâmes bien tôt à Shepherds’Bush. La vieille hôtesse était restée à nous attendre, avec une espèce d’inquiétude, et, pour me l’expliquer, elle n’hésita point à me dire que bien des gens de sa maison et des bourgs voisins étaient allés à Brokenburn, qui n’en étaient pas revenus sains et saufs. « Willie le voyageur, ajouta-t-elle, était toutefois une sorte de protection. »

Là, la femme de Willie, qui fumait dans un coin de la cheminée, entonna l’éloge de son « cher, » ce fut ainsi qu’elle l’appela, et s’efforça d’éveiller de nouveau ma générosité, en me décrivant les dangers dont elle prétendait que la seule présence de son mari m’avait certainement délivré. Il fut néanmoins impossible de m’arracher aucun argent pour le moment, et j’allai me coucher à la hâte, la tête pleine de réflexions différentes.

J’ai depuis passé une couple de jours tantôt à Mont-Sharon, tantôt ici, tantôt lisant, et tantôt vous écrivant cette importante histoire, tantôt formant mille plans pour revoir l’aimable Lilias, et tantôt… un peu, je pense, par esprit de contradiction… pêchant en dépit des scrupules de Josué, — bien que, à vrai dire, ce genre d’amusement me plaise davantage, à mesure que je parviens à y mieux réussir.

Et maintenant, mon cher Alan, vous êtes en pleine possession de mon secret. — Montrez-moi, avec autant de franchise, les replis de votre cœur. Quel sentiment vous anime à l’égard de ce bel ignis fatuus, de ce lis du désert ? Répondez en conscience ; car, bien que son souvenir puisse parfois se présenter à mon esprit, mon amitié pour Alan Fairford surpasse tout l’amour dont je puis brûler pour une femme. Je sais aussi que, quand vous aimerez, ce sera

« Pour aimer une fois et pour ne plus aimer. »


Une passion allumée dans un cœur aussi constant que le vôtre ne s’éteindra jamais qu’avec la vie. Je suis d’un naturel différent et plus volage ; et, quoique je doive ouvrir votre première lettre d’une main tremblante et le cœur palpitant d’incertitude, néanmoins qu’elle m’apporte l’aveu franc que cette belle inconnue a produit sur votre gravité une impression plus profonde que vous ne vous y attendiez, et vous verrez que je puis arracher la flèche de ma propre blessure, barbe et bois ! En attendant, quoique j’aie formé plus d’un projet pour voir la belle Lilias, je ne ferai aucun pas, vous pouvez y compter, pour les mettre à exécution. Je m’en suis abstenu jusqu’à présent, et je vous donne ma parole d’honneur que je continuerai à m’en abstenir. D’ailleurs, pourquoi auriez-vous besoin d’assurances plus formelles de la part d’un ami qui vous est aussi complètement dévoué que D. L. ?

P. S. — Je serai sur les épines jusqu’à ce que j’aie reçu votre réponse. Je lis et relis votre lettre, et je ne puis, sur mon âme, découvrir quels sont vos véritables sentiments. Parfois je pense que vous m’avez écrit à son sujet pour plaisanter, — et parfois j’incline pour le contraire. Tirez-moi d’incertitude aussitôt que possible.



  1. Personnage d’une pièce de Shakspeare. a. m.
  2. Castle Building, dit le texte. a. m.
  3. Caractère d’une pièce burlesque. a. m.
  4. Le lion est un des supports des armes d’Angleterre. a. m.