Recueil général des sotties, éd. Picot/07

Anonyme
Recueil général des sotties, Texte établi par Émile PicotFirmin Didot (p. 195-232).


VII
SOTTIE NOUVELLE
DE L’ASTROLOGUE
[Paris, 1498.]




Cette pièce, inconnue jusqu’ici, est peut-être la plus intéressante de toutes celles que nous avons recueillies. Elle nous montre ce qu’était la satire politique au début du règne de Louis XII. Nous savions déjà par le témoignage très précis de Jehan Bouchet, que nous avons rapporté dans notre introduction, que le roi laissait une grande liberté aux joueurs de farces, et que leurs traits malicieux l’éclairaient sur le compte de ses ministres ; mais nous ne pouvions guère penser que les poètes dramatiques s’exprimaient avec une aussi entière franchise sur les grands du jour.

Le cadre de la pièce est des plus simples, et l’action y est nulle. Le prince des sots appelle ses suppôts et leur demande si le temps n’est pas venu de se réjouir (v. 1-4). Les sots répondent que l’on n’est guère porté à la joie et qu’il convient plutôt de se lamenter (v. 4-20) ; mais ils assurent que tout va changer (v. 21-22) ; qu’il ne faut pas se laisser influencer par ces Lombards, ou ces Romains, tout-puissants à la Cour, et qui pourtant mériteraient d’être pendus (v. 31-34). Voici un astrologue qui survient fort à point et qui fera voir l’avenir tel qu’il est. L’astrologue, consulté, passe en revue toutes les constellations et trace à mots couverts un tableau assez triste de la situation de la France au début du nouveau règne. Il insiste tout d’abord sur le signe de Gemini, qui règne en la maison du haut dieu Mars (v. 57), et il voudrait le voir banni de notre climat ; c’est une première attaque dirigée contre Georges d’Amboise et son frère, Louis d’Amboise, évêque d’Albi, devenus tout puissants depuis la mort de Charles VIII. Les sots veulent avoir des informations plus précises. Que ne leur parle-t-on des crimes qui se commettent chaque jour (v. 79-87), ou des accidents, tels que l’effondrement récent des échafauds élevés à l’occasion des joutes royales (v. 91) ? L’accident auquel les sots font allusion s’était produit le 2 juillet 1498, et nous fournit la date de la sottie, qui fut jouée peu de temps après. L’astrologue développe quelques moralités générales ; mais les sots le prient de revenir aux « choses publiques » (v. 111). Eux-mêmes s’élèvent avec force contre « ung tas de prestrailles, qui s’entremettent des assaulx », c’est-à-dire qui se mêlent de faire la guerre (v. 122-123) ; contre les ambitieux prêts à tout faire pour obtenir le chapeau de cardinal, et en particulier contre l’archevêque de Rouen (v. 126). C’est la bourse du pauvre peuple, minor bursa, qui est toujours mise à contribution (v. 129). Les sots continuent leurs doléances, quand survient Chascun (v. 148), qui se plaint de sa maladie, des « pertes et mengerie » qu’il a subies (v. 155), des impôts qu’il a dû supporter « pour poier le chapeau d’ung moyne » (v. 163). L’astrologue répond que le regard de Sol, c’est-à-dire du roi, pourra changer les choses (v. 167). Déjà Mars (ce même roi) a chassé l’Aigle de son verger, autrement dit, a chassé les Impériaux qui avaient envahi le duché de Bourgogne (v. 175, 178). Pourtant on voit toujours avec inquiétude « Gemini en autorité » (les frères d’Amboise). Ce n’est pas la Vierge (Virgo) qui règne, c’est la folle Vénus avec son cortège de dissolution. Il faudrait réformer le Châtelet et le Parlement, faire régner partout la justice. Tout viendra si l’on sait attendre, répond le prince, en exhortant les sots à chanter une chanson (v. 240).

Après cet intermède, le dialogue reprend. L’un des sots fait une allusion directe au mouvement céleste qui porte Mars (le roi) à prendre Vénus (Anne de Bretagne), qui fut femme de Vulcanus (Charles VIII). L’astrologue espère que Mars se reposera ensuite, et Chascun s’écrie : « Au deable le mouvement ! (v. 278). » Les sots blâment sans réserve la politique du feu roi, qui serait encore de ce monde, s’il n’avait eu l’idée d’aller à Naples (v. 279-283). Mais Chascun réplique, en faisant allusion à Guillaume Briçonnet :

Pour avoir une rouge chappe
A ung tresorier de finances,
Y faloit aller voir le pape (v. 285-287).

L’astrologue réprouve ces entreprises qui pèsent sur le pauvre peuple, dont la bourse est vide (v. 291, 300). Heureusement que le triste règne de Saturnus (Louis XI ?) est passé, et qu’on va entrer dans un règne de grâce (v. 313). Les allusions continuent, mais elles deviennent moins intelligibles pour nous. Peut-être les vers 339 et suivants contiennent-ils des traits satiriques contre César Borgia, dont la réputation était bien établie en France, et dont on redoutait la venue.

L’astrologue se tourne de nouveau vers Sol, c’est-à-dire vers le roi (v. 363) : lui seul peut redresser les abus, assurer le bon fonctionnement de la justice et remettre toutes choses en leur place. Un des sots dénonce encore « Roan, vilain et hort », autrement dit Georges d’Amboise (v. 407). L’astrologue cherche des remèdes ; Chascun en a grand besoin. Le prince lui fait espérer la prochaine réunion des états :

Pour ton allegement
On tiendra les estas en France (v. 434-435).

L’astrologue reconnaît que Chascun est « vuydé » (v. 443) ; mais, par l’effet du nouveau régime, il pourra se remettre. Le prince le ménagera, fera régner la paix, se défiera des Vénitiens et des Florentins (v. 550). L’un des sots insiste sur les maux qu’entraîne la politique italienne :

…Je diz que Venicien
Millanoys ne Italien
Jamez ne veulent bien en France (v. 556-558).

Quelques moralités banales font passer les traits de la satire. La conclusion est une prière pour le roi, afin qu’il ne se laisse pas entraîner « par ce geminal mouvement » (v. 585).

Il y a sans doute dans notre sottie bien d’autres allusions qui nous échappent. Ce qui nous frappe le plus c’est l’acharnement avec lequel l’auteur poursuit de ses invectives le confident du roi, le puissant Georges d’Amboise. Il semble qu’il risquât fort d’être pendu.

Quel est cet auteur ? Nombre de détails : les expressions latines minor bursa (v. 129, 159) et major bursa (v. 299), les allusions aux procès (v. 51), les traits décochés contre le Châtelet et le Parlement (v. 264, 442, 569) nous montrent que c’était un basochien parisien. Nous savons par l’allusion très précise que contient le v. 91 que la pièce est postérieure au 2 juillet 1498; une autre allusion que nous relevons dans le v. 126 permet de penser qu’elle est postérieure au 17 septembre de la même année. La sottie aura pu être composée pour les jeux qui se donnaient à l’automne.

Gaston Paris, qui, la veille même de sa mort, relisait l’épreuve de cette feuille, a remarqué avec sa pénétration ordinaire que la présente sottie appartient à une série dans laquelle figurait le même astrologue. Ainsi s’expliquent les v. 39-44 dans lesquels le prince et ses suppôts saluent ce personnage comme une vieille connaissance. L’astrologue rappelle (v. 44) que ses prédictions se sont déjà réalisées deux ou trois fois. Plus loin (v. 421) nous apprenons que dans la sottie jouée en 1496 le devin visitait l’urine du Monde pour tirer son horoscope.


BIBLIOGRAPHIE

Biblioth. de M. le baron Henri de Rothschild, ms. in-4 de 12 ff. sur papier (fin du XVe siècle).

L’écriture de ce volume est très fine, au point d’être parfois d’une lecture difficile.

De la bibliothèque de M. le baron Taylor (Cat., 1894, n » 258).






NE PAS EFFACER : Utile pour la pages transcluse --Le ciel est par dessus le toit (d) 25 août 2015 à 13:49 (UTC)

Note sur cette édition
Dans la marge de droite se trouvent deux numérotations, en rouge : la numérotation des vers ; en bleu : les appels de note pour les variantes (nous les avons placés ici, pour ne pas surcharger le texte). Enfin dans le corps du texte se trouvent les appels de note précisant le contexte historique.






Fol. 2
SOTTIE NOUVELLE
DE L’ASTROLOGUE
À CINQ PERSONNAIGES :


PERSONNAGES

Le Prince,

Primus,

Secundus,

L’Astrologue,

Chascun.




Le Prince.

Et puys, mes folz, qui triomphe, qui dance ?
Qui a le bruit ? Qui caquette a plesance ?
N’est il point temps que Chascun doeve rire
Et se esjouyr ?

Primus.

Et se esjouyr ? Il n’en est souvenance
Que de plesir il soibt nouvelle en France ; 5
Pour le present on ne le seroit dire.

Secundus.

La ou chascun souloiet rire il soupire,
Et ne seroiet trover si sage myre
Qui a son mal peust donner reconfort.

Primus.

Conclusion : toult va de mal em pire,10
Tant hault que bas, soit reaume ou empire,
Et, se Chascun se plaint, il n’a point tort.

Secundus.

Par Dieu, Chascun a eu le temps bien fort.
Depuis dix ans, et toult par le discort
Des principaulx.[1]

Le Prince.

Des principaulx. Nostre astrologien15
Point pour nyent n’en faisoit son raport.
Ce les signes ne sont d’ung bon acort.
Les allemens[2] ne seroient aler bien.

Primus.

Chascun se plaint.

Secundus.

Chascun se plaint. Chascun dist qu’il n’a rien.

Primus.

Chascun seufre des douleurs non pareilles.20

Le Prince.

Propos final, je veul dire et maintien[3]
Que nous sommes cheus es ans de mervelles.

Primus.

Tel ne dit mot qui fait grandes orelles.
Qui toultez foys n’en pense de rien mains.

Secundus.

Tel fait penniés qui feroit bien corbelles,25
Qui luy mettroit de bon boys entre mains.

Primus.

Les ellemens sont de infection plains,
Et ont regné quelquez faulcez planettez.
Je ne croy point que Lombars ou Rommains
N’y ayent jetté quelques choses infettez.[4] 30

Secundus.

Comment, diable ? Se sont quasi profettez
Parmy Paris, puis ung an, et en court[5].

Primus.

Leur seront pas ung jour leurs barbes faitez
Et les cheveux abregés sur le tourt ?

Le Prince.

Se Justice ce bien ne vous resourt,35
Toult est perdu.[6]

Primus.

Toult est perdu. Aultrement el derogue
Et implique que le monde fut gourt,
Se Justice n’est en son signagogue.

L’Astrologue.

Hau ! qu’est ? Hau ! qu’est ?

Le Prince.

Hau ! qu’est ? Hau ! qu’est ? Ho ! vecy l’Astrologue :
A son parler je l’ay bien recongneu.40
Faitez voye, qu’il entre, au pedagogue.[7]

Fol. 3
L’Astrologue.

Honneurs, sires !

Primus.

Honneurs, sires ! Bien soiés revenu,
Nostre maistre !

L’Astrologue.

Nostre maistre ! Sa, n’est pas advenu
Ce que j’ay dist desja deux ou troys foys ?

Secundus.

Il m’en souvient, je l’ay bien retenu ; 45
Menti n’avés d’un seul mot a tous troys.[8]

L’Astrologue.

Pensés, enfans, que je m’y recongnoys
Auchunement, celon droitte escripture ;
Mès Dieu peult toult, qui est le roy des roys,
Et son plaisir fait d’umayne nature.50

Primus.

Tant de proucez nourir ?

Secundus.

Tant de proucez nourir ? C’est quelque ordure
Qui court ainsi durant ceste ceson.[9]

L’Astrologue.

Par Dieu, par Dieu, tant que le signe dure,
L’ær ne sera net de ceste poueson.

Le Prince.

Quel signe esse, venons en la raison, 55
Qui de venin est tellement guarny ?

L’Astrologue.

C’est Gemini, qui regne en la maison
Du haust dieu Mars[10].

Le Prince.

Du haust dieu Mars. O traître Gemini,
Ceras tu point une fois forbani[11]
De ce climat par ta faulte vileine, 60
Et que le monde fust en pais et uny,
Sans tant d’esteurs ?

L’Astraloge.

Sans tant d’esteurs ? Par mon ame, a grant paine.
Tel a esté bailly et capitaine
Qui maintenant se voyt desapointé
Par Gemini[12].

Primus.

Par Gemini. C’est vérité certaine ; 65
Tousjours y a de la duplicité.

Secundus.

Dieu se joue des grans.

L’Astraloge.

Dieu se joue des grans. C’est vérité.
Faire le peut : justice est a sa dextre.
Quant il a tout bien veu et escouté,
Pugnir il peut come seul juge et maistre, 70
Et ne soit on auchun remede mettre
A son grant coupt. Il n’esparne personne.

Secundus.

Autant luy est le lay comme le prebstre,
Quant ungne foys a plaisir s’y adonne.[13]

L’Astrologe.

Dieu ne a regart n’a chapeau ne a couronne.75
Quant il luy plaist donner mortel assault,

En ung instant sans auchun cry le donne, [14]
Sans envoier messagier ne herault.[15]

Le Premier.

Or sa, maistre, ung pou parler nous fault
D’auchuns signes merveilheus advenuz80
Puis auchuns temps que nous avons congnus : [16]
Princes mourir en leur fleur de jeunesse,
Prebstres bruller, prendre Dieu a la messe
En commetant commune vitupere,
Gens se pendre, le fils tuer la mere, 85
Gens verolés sans quelque medicine.
Bien dire fault que c’est quelque mistere,
Ou que couru il a ung maulvais signe.

L’Astraloge.

Il faut craindre pugnition divine
Plus que le temps pour humain sentement.90

Secundus.

Et l’erchaufault qui cheut derrienement
A ses joustes[17] ?

Fol. 4
L’Astraloge.

A ses joustes ? Se Virgo eust esté
Regnant adonc, selon mon jugement,
Toult ne fust pas ja ainsi tempesté.[18]
Venus regnoit, qui hait virginité95
Et ne meust gens que a delis et luxure ;
Par quoy je croy, selon la verité
Et le raport de la comunité,
Que admener peult ceste horrible avanture.[19]

Primus.

Dieu veult jeu.

Secundus.

Dieu veult jeu. Ce n’est que droiture : 100
Dieu peult autant qu’il fist jamais.

Le Prince.

Voire, mais en telle laidure
Tel le seuffre qui n’en peult mais.[20]
Qu’en dictes vous, maistre ?

L’Astraloge.

Qu’en dictes vous, maistre ? Je mez
Grans differences d’en parler, [21] 105
Car je trouve, je vous proumès.
Grandes influences en l’air.[22]

Primus.

Sy ne devés vous point celer
Vérité.

Secundus.

Vérité. Selon vos pratiques,
Bien poués dire et reveler110

Ung petit des choses publicques.[23]

L’Astraloge.

Toutes estoilles erratiquez
Couroient tant que c’est grant horreur ; [24]
Mesmes aulx signes pramatiquez
Trouveroys le plus grant erreur.115
Mars, qui est prince de feureur,
Par prebstres conduit ces bataillez
Et les commet en sa chaleur
A lever suscites[25] et taillez.

Le Prince.
120

Ce n’est pas ung jeu de troys mailles
Q’i dist, enfans.

Primus.

Q’i dist, enfans. Aulx veaulx, aulx veaulx !
Chassés moy ung tas de prebstrailles
Qui s’entremettent des assaulx[26]

Secundus.

Pour avoir lez rougez chapeaux,
Ainsi que aultrefoys declara.125

Primus.

Puis que Rouen est a ces saulx, [27]
S’il treuve d’avoyne monceaulx, [28]
Ne doubtés qu’il en mengera[29]

Le Prince.

Ainsy minor bursa[30] sera
De toutes pars mal demenee.130

L’Astraloge.

Tant que le signe durera
De Gemini, on ne verra
En l’air chose bien ordonnee[31].

Primus.

L’Esglise est toutte desrunee,
Tant que l’air en est empesché.135

Fol. 5
Secundus.

Nous voyon tel qui a preché
Que c’est contre les Escriptures
De tenir ensemble deulx cures,
Qui present n’en fait poaint pechié.

Primus.

Ugne abaye et une evesché, 140
On n’en fait plus de conscience.[32]

Secundus.

C’est ung hochepot tout poché
Qui s’en va par une dispense.

Primus.

Dieu voit tout.

L’Astrologue.

Dieu voit tout. Vela la sentence, [33][34]
Et crains bien, s’on n’y remedie, 145

Q’en l’air ne souet quelque influence,
Cause de quelque epidimie.[35]

Chascun.

Ha ! Jhesus !

Le Prince.

Ha ! Jhesus ! Qui esse qui crie ?
Regardés ; j’ay ouy auchun.

L’Astrologue.

Faites luy voye ; c’est Chascun, 150
Qui se plaint de sa maladie.

Chascun.

Ung peu de repos, je vous prie !
Car, par mon Dieu, je suis lassé
D’avoir eu tant, le temps passé,
De pertes et de mengeries.155

Le Prince.

Qu’as tu, Chascun ?

[36]
Chascun.

Qu’as tu, Chascun ? Je vous affie.
Pas ne me plains de teste saine.[37]

L’Astrologue.

Je congnois par l’astrologie
Que minor bursa ne est pas plaine.

Chascun.

C’est ce qui m’a donné la paine[38] 160
Que j’ay : j’ay la teste tuee.[39]
Pour poier le chapeau d’ung moyne

Ma bource est toute evacuee.
Ainsi que ung loup a la huee,
En m’a chassé et tot et tart[40].[41] 165

L’Astrologue.

La choze ne sera muee
Tant que Sol[42] y aist son regart.

Le Prince.

Dict on pas qu’en aulchune part
On a veu des egles voler
Et faire emotion en l’air ? 170
D’ou vient ceste aparition[43] ?

L’Astrologue.

C’estoit en l’ombre du Lyon
Orgueilleux, fier et vallereux[44] ;
Mais Mars[45] a esté vertueux,
Qui a chassé de son vergier175
Les egles qui vouloient menger
Ces fruis.

Le Prince.

Ces fruis. Vesy haulte besongne.

L’Astrologue.

Exemple en la haulte Bourgoinne
Du commencement de dangier’.[46]

Chascun.

Monstre poaint signe de changer[47]180
Le temps ? Dites en vérité.[48]

L’Astrologue.

Par Dieu, je n’y sçay que songer ;
Point n’y vois bone qualité.[49]
Puis que Virgo en est osté
Et que Justice in Cancro[50] dance, [51] 185
Gemini a auctorité, [52]
Je n’y prens point bonne esperance.

Le Prince.

Au mains sur le climat de France[53]
Se Virgo regnat seulement,
Ce seroit quelque demonstrance190
D’avoir auchun aligement.

L’Astrologue.

Venus a le gouvernement
Present en plusieurs regions,
Tant que par empoisonnement
Elle infaite religions.[54] 195

Primus.

En vos pronostications

Que trouvés vous qui nuyre puisse
Plus au quatre completions ?

L’Astrologue.

Les maulvaises conditions
D’ambition et de Justice200
Cheus au signe de l’Escrevice[55]
De Justice signantement,
Fol. 6Dangier est s’il y a eclypse
En Chatelet ou Parlement

Le Prince.

Touchés moy principalement205
De ces eclipses. Qu’esse a dire ?

L’Astrologue.

C’est a dire un aveuglement :
Qu’on ne voit plus Justice luyre.

Primus.

Grogne Gaultier, voycy ung sire
Qui dira mirabilia.210

Chascun.

Il ne dit que ce qu’il y a[56]
Et qu’on voit le monde conduire.

L’Astrologue.

Viene qui voudra contredire :
Il est eclipse voyrement
En plusieurs lieux au temps present.[57] 215

Le Prince.

Quant bonne Justice luyroit
Et n’aroit poaint d’empeschement, [58]
Tel vit qui au gibet seroit.

Primus.

Qui Justice n’empecheroit,
Tel contrefait du gentilastre220
Qui seurement au coing de l’atre
Par povreté se coucheroit.

Secundus.

Par ainsi Virgo regneroit.[59]

Primus.

Par ainsi Dieu omnipotent
Tant de ces biens nous donneroit225
Que Chascun en serouet content.[60]

Le Prince.

Qui bien attent ne sourhatent[61].[62]
Enfans, poaint ne vous coroussés ;
Je sçay aulchun signe patent[63]
Que les grans dangiers sont passés.230
Affin que trop ne vous lassés,
Vous ayrés la chanson nouvelle.[64]

L’Astrologue.

Je veulx regarder une estoille
Ce temps pendant qu’on chantera ;
Car je crois bien que dessus elle235
Ma pronosticque ce faira.

Le Prince.

Faites ainsi qu’il vous plaira.
Chantons, chantons joyeusement
Cependant qu’il regardera
L’orbiculaire mouvement.[65] 240

Cantabunt.
L’Astrologue.

C’est chanté gracieusement.
Cela oste melencolie,
Mais chascun a l’entendement
Sy trouble pour le temps present
Qu’il n’a plaisir en chanterie.245

Chascun.

Avoir plaisir, bon gré ma vie !
Qui seroit de plaisir feru,
Avoyt la grande pilerie[66]
Qui le temps passé a couru ?
Et, se Dieu ne m’eust secouru, 250
Je ne crois pas qu’en desplaisance
En ce danger fusse encouru
De tout metre en dessesperance.

Le Prince.

Or revenon a la substance
Des elemens.

L’Astrologue.

Des elemens. Les elemens255
Ne sont qu’en tresbonne ordonnance ; [67]
Le dangier gist aux mouvemens.

Primus.

Elevon nos entendemens
Sus ce poaint.

Secundus.

Sus ce poaint. Je l’ay ja comprins,
Car jamais Mars n’eust entreprins, 260
Quoy que fust homme furieulx,
Vallereux et luxurieulx,

Prendre la deesse Venus[68]
Qui fust fame de Vulcanus,
Se n’eust eu quelque mouvement[69].265

L’Astrologue.

Vela, je croy, entendement
Par quoy les grans astrologaus,
Comme Macrobe et ces egaux,
Mars planete a Mars comparerent,
Pour cause qu’il considererent270
Que toute infortune venoit
Fol. 7Quant ceste planete regnoit,
Et sera tant que regnera.
Mais, qui point Mars ne mouvera
A trouver quelque brouillement, 275
Je croy qu’il se reposera
Tant que le monde en pais sera.

Chascun.

Au deable le mouvement !

Secundus.

Le feu roy fust paisiblement[70]
Vivant a son païs de France, 280
Qui ne l’eust meu soubtilement
D’aler a Napes vitement
Perdre beaucoup sans recouvrance[71].

Chascun.

Vela une belle plaisance !

Pour avoir une rouge chappe285
A ung tresorier de finance
Y faloit aller voir le pape[72] !

L’Astrologue.

Il est bien eureulx qui eschape
De ces mouvemens geminaux,
Car, quant l’ung contre l’autre frape, 290
Mars nous donne divers assaulx.

[73]
Le Prince.

Dieu gart le roy et ces vassaulx,
Qui bien ayme le sang rouyal,
De aversité et de tous maux,
Et de mouvement geminal[74] ! 295

Primus.

Or revenon au principal.
Que court il ?

L’Astrologue.

Que court il ? Eclipse de lune.

Chascun.

Tousjours deffaute de pecune, [75]
Se ce n’est en major burssa ;
Car, quant de la bourse commune, 300
Il n’y a plus rien, grant piessa.

Secundus.

Or sa, de par le deable, sa !
In manu sancti sanctorum.
Je crois que jamais ne seron
Nectement hor de ceste ordure.305

Primus.

Non pas, tant que l’estoille dure
Qui fait tant de ces mouvemens.[76]

L’Astrologue.

Taison nous, soions patiens,
Car le regne de Saturnus
Qui nous a longuement tenus, 310
A toute sa laide grimace[77][78],
Est passé, et sommes venus,
Ce Dieu plaist, au regne de grace.

Le Prince.

Dictez vous que Saturnus passe,
Alant son pas, voire sanguin ? [79] 315

Primus.

Dangier n’y a que de la fin,
Car j’ay mainte foys oy dire
Que a la queue gist le venin.

Secundus.

Il est vray, ce serouet le pire.

L’Astrologue.

Pourveu que Saturne ne tire320
A faire sa conjunction
A la queue du Scorpion,
C’est fait ; elle ne peut plus nuyre.
Son cours est passé.

Chascun.

Son cours est passé. Or sa, sire,
Puis que la chose vient a point, 325
En vostre esprit trouvés vous point
Se l’annee bonne sera ?

L’Astrologue.

Ouy, la terre portera
Ce que deussent porter les eaux.

Chascun.

Quoy ? Du poisson ?

L’Astrologue.

Quoy ? Du poisson ? Des maquereaux330
Et grant force de maquerelles.

Le Prince.

Or bien, voicy grandes novelles.
Nous en airons donc grant marché.

L’Astrologue.

Mès seront chiers.

Le Prince.

Mès seront chiers. En saisons quelles ? [80]

L’Astrologue.

Avecques deulx ou trois pucelles335
Ung coulera ungne evesché.

Le Prince.

Bon homme, avez vous bien changé[81]
Si tresavant en vostre espere ?

Fol. 8
L’Astrologue.

Je y ay deja veu et peché
Le fis macquereau de sa mere340
Et de sa seur.[82]

Chascun.

Et de sa seur. Bon gré saint Pierre !
Nous en serons empoisonnés.
Qui, dyable, les a amenés,

Que l’on ne les gete a la mer ? [83]
Se n’est point viande a aymer ; [84] 345
Fy ! c’est viande a laboureux[85][86].

L’Astrologue.

Et, par Dieu ! quant les grans seigneurs
Veullent menger de bons morseaux,
Maistre d’ostel et gouverneux
Ne servent que de maquereaux.350

Primus.

Revenons au poins principaux.[87]
Selon le cours de la saison,
D’autres biens airons nous foison ? [88]

L’Astrologue.

Ouy, mès que le temps se change,
Car, par ma foy, la veneson355
Me semble encore bien estrange.
Regardés.

Primus.

Regardés. Par le benoist ange,

Je n’y voy encore aparence
Qu’il y ait riens en pascience ;
Il semble que le deable y court.360

L’Astrologue.

Par Dieu, je suis en difference
Que n’ayons de la pestilance
Ce Sol ne reluyst en sa court.

Le Prince.

Il faut qu’il luise, bref et court,
Et que Justice soit sus terre.365

L’Astrologue.

Par m’ame, s’elle ne se sourt, [89]
Les ellemens seront en guerre
Et viendra feu, pluie, tonnerre
Sur toutes regions tonner,
Tant que les plus grans mis en serre370
Ne seront quelle part tourner.

Primus.

Face Justice gouverner
Chascun et garder ses estas.

Secundus.

On ne verroit point tant regner
De simonie et d’apostas.375

Primus.

Voisent gendarmes au debas.[90]

Secundus.

Voisent les prestres au monstier
Sans estre de guerre advocas.
Chascun doit faire son mestier.

Primus.

Voyse le bon docteur preschier, 380

Ainsy qu’il treuve en ces gerandes,
Et non pas chascun jour plaider [91]
Pour avoir cinc ou .vi. prebendes.[92]

Secundus.

Voisent les prelas au kalendes [93]
Revisiter leur eveschés, 385
Non pas exiger les admendes
Pour punir les petis pechiés.

Primus.

Moynes doibvent estre couchés
En dortoys, non pas en chasteaux,
Et en leurs clouetres cachés, 390
En guardant leurs veux moniaulx.[94]

Secundus.

Voysent marchans, comme lyaux, [95]
De marchandyse prendre cure
Et non pas, comme desloyaulx,
La prester ou vendre a usure.395

L’Astrologue.

Vela de quoy vient ceste ordure,
Qui guate chascun element,
Et puis la puante luxure
Qui regne generalement.

Chascun.

On le presche publiquement ; 400
On monstre au doy, disant : « C’est telle »; [96]
Mais il semble, par mon serment,
Qu’onques n’en ouyrent novelle.[97]

Primus.

Pourtant est l’edit sollennelle

Des ellemens tout en discort.405

Secundus.

Par mon serment, je vous revelle
Que Roan est vilain et hort[98].[99]

Chascun.

Ha, Dieu ! airai ge mal confort ?
Serai ge tousjours sans cesser
En ce point ?

Fol. 9
L’Astraloge.

En ce point ? Chascun, tu as tort410
Et ne te fault point courroucer.
Je veulx de ton estat penser
Et te faire des medecines ;
L’espere en ce point fault laisser ;
Trop avons veu de maulvais signes.415

Primus.

Vous congnoissés vous aulx urines
Ou au pouce ?

L’Astrologue.

Ou au pouce ? Sans point doubter
C’est une de mes grans doctrines[100]
Pour mallades solliciter.

Chascun.

Voyre, je luy vis visiter, 420
Deux ans a, l’uryne du Monde, [101]
Et dist tropt bien qu’il y abonde
De mauvoys sang entour le chef[102][103]

L’Astrologue.

Nous sommes hors de ce meschef ;
Le temps est bien changé depuis.425

Chascun.

Par Dieu ! se je n’ay ung relief
De ma douleur, perdu je suis ;
J’é tant souffert que plus ne puis.
A ! mais a cest advenement
De regne, qui m’eust ouvert l’uys430
Pour avoir quelque amendement !

L’Astrologue.

Il t’amendera.

Chascun.

Il t’amendera. Et comment ?
Je n’en voy quelque apperssevance.

Le Prince.

Tays toy. Pour ton alligement
On tiendra les estas en France[104].435

L’Astrologue.

Sa, je veuil voir la doulleance
De Chascun. Baille moy ton pouce
Ung peu.

Chascun.

Ung peu. Avez vous la main doulce
Pour me mennier doulcement ? [105] 440
On m’a traisté si rudement
Le temps passé que c’est horreur.

L’Astrologue.

Chascun, je congnoys ta douleur :
Tu es vuydé, je le voy bien.

Chascun.

Sy vuydé que je n’ay plus rien.
Je ne sçay quelz appoticaires[106] 445
M’ont donné de si grans clistaires[107]
Qu’il ne m’est peu riens demeurer.

Le Prince.

Du remide ? [108]

L’Astrologue.

Du remide ? Il fault restaurer.
Prince, se estes vous qui debvez
Penser de Chascun.

Secundus.

Penser de Chascun. Vous avés450
Ceste charge.

Primus.

Ceste charge.En toulte province
L’intention du noble prince
Doib estre singulierement
A garder curieusement
Chascun.

Secundus.

Chascun. Le bon prince doibt faire455
Tant que a Chascun puisse complaire
En raison principalement.

Le Prince.

Je veulx qu’on donne amendement
A chascun qui a enduré.

Chascun.

J’ay bien enduré vrayement ; [109]460

Mays, se on me traiste rudement,
Je ne sçay se je endureray.

[110]
L’Astrologe.

De ce restauré
Que j’ay preparé [111]
Tous les jours prendras ; 465
Croy que tu vendras
En l’an desiré.

Chascun.

Dittez vous que je mengeray ?
Or me dictes donc en effait
De quellez droges il est fait, 470
Car je n’ay cure de poueson.

L’Astrologe.

Il y a primo de raison
Deulx onces, car sans quelque fable,
Nous airions bonne saison[112]
Se Chascun estoit raisonnable.475

Fol. 10
Primus.

C’est une chose veritable.

Chascun.

Sur mon ame, je vous en croy.
En après ?

L’Astrologue.

En après ? Une once de foy ;
Et ne nous seroient ja venir[113]
Tant de maulx et de desaroy480
Se Chascun voulust foy tenir.[114]

Chascun.

Vela donc pour me entretenir :
Raison et foy.

L’Astrologue.

Raison et foy. Quant d’esperance,

Je ne t’en quiers plus souvenir, [115]
Car tu en as grande abundance.485

Chascun.

Vela doncques ma restaurance : [116]
Raison et foy.

Primus.

Raison et foy. Il peult sufire,
Quar il sont de grande sustance,
Se Chascun les savoit conduire.

Secundus.

Si Chascun, pour verité dire, 490
Raison de soy consideroet,
L’ung a l’autre ne vouldroet nuire,
Mais toult en union seroit.

Primus.

Quant Chascun sa foy garderoet,
Raison auxi pareillement, 495
Certes pas on ne trouveroiet
Tant de procez en parlement.

Le Prince.

Que reste plus ?

Primus.

Que reste plus ? Finablement,
Après la restauracion,
Chanter et faire seulement500
Vostre pronosticacion.

L’Astrologue.

Sus qui ? [117]

Secundus.

Sus qui ? Sus qui ? Sus qui ? Sur tout. Sur toult ;
Mès nous n’en vendrions point a bout.

L’Astrologue.

Du premier sault.[118]

Le Prince.

Pronostiquez en vous assault.505

Primus.

Il n’y a que ung mot de bon goust.

Le Prince.

Quel ?

Primus.

Quel ? En effet, toult ne vault rien.

L’Astrologue.

Parler fault d’ung austre mouyen
Par raisons condicionnellez[119]

Le Prince.

Parlés, vous, astrologien, 510
Qui vous cognoissez aux estellez.

L’Astrologue.

Je diz que, ce choses mortellez[120]
Sont tousjours en ce point contrerez,
Nous trouverons pareillz a ellez
Les mouvemens orbiculerez.515

Primus.

Je diz que, ce les adulterez
De Paris ne sont convaincuz,
Tant avocaz que commisserez,
De procureux et de notairez, [121]
Il sera beaucoup de coquus.520

Secundus.

Je dy que ce, pour des escuz,
Ou pour avoir force ducas, [122]
Le pape dit qu’ung monachus
De saint Benoest ne le soeit plus,
Il sera beaucoup de apostas.525

Primus.

Je diz ausi : ce les estas
Des goriez qui courent en France
Ne changent et tombent au bas, [123]
Il sera grant charté de dras[124]
Et si sera peu de finance.[125] 530

Le Prince.

C’est pronostiqué en substance
Et n’y a nullez menteries.

L’Astrologue.

Je diz : ce les grans pilleries[126]
Qui ont couru on n’amenuise[127],
Il sera plus de mengeriez535
De povretez et diableriez
Que en Sayne il n’y a de menuise.

Fol. 11
Primus.

Je diz : tant que les gens d’Eglise
Se mellent du fait de la guerre,
Qui qu’en parle ne qu’en divise, [128] 540
Nous n’arons ja pais sur la terre.

Le Prince.

Il est ausi cler qu’est le voirre : [129]
Ce n’est point à eux d’en parler.

Secundus.

Pensés bien que le bon saint Pierre[130]
N’avoit garde de c’en meller.545

Primus.

Je diz : ce on ne fait aller
Hors de France ung tas de mutins,
Lesquelz ne font que grumeller,
Il sera beaucoup de hutins.

L’Astrologue.

Veniciens et Fleurentins550
Avecquez Franchoys, notez bien
Qu’on verra ung de ces matins
Que l’assemblement n’en vault rien.

Primus.

Dieu gard le roy Treschrestien
Par sa souveraine puissance ! 555
Mès je diz que Venicien,
Millanoys ne Italien
Jamez ne veulent bien en France.

Secundus.

Je diz que, ce la contenance
Des fames de Paris ne mue, 560
Telle n’a de mal souvenance
Qui sera paillarde tenue.

Primus.

Je diz auci : s’on n’abitue[131]
Enfans a mieux savoir leurs pars,
La science sera teüe, [132] 565
Et verrons toult d’ugne veüe[133]
Beaucoup d’anes mestres aux ars.

Secundus.

Je diz auci : se gros pillars[134]
De Chatelet ou Parlement

Ne sont pendus de malles hars, [135] 570
Les procez pris dedans ses parcs[136]
I demeureront longuement.[137]

Primus.

Je diz auci pareillement :
S’on fait au vin dans les seliers, [138]
Ceste annee auchun broulement, [139] 575
Nous y verrons finablement[140]
Beaucoup de mauvez taverniers.

Secundus.

Je diz : s’on seufre aux cordeliers
Ou aux quarmes courir la ville,
Il feront en divers cartiers580
Des confusions plus de mille.

L’Astrologue.

Conclusion, c’est de prier[141]
Pour le roy principalement
Que Dieu le gard de varier
Par ce geminal mouvement.585

Chascun.

C’est le grant danger vrayement ; [142]
Mès j’ay ja bonne confidence
Au restaurer premierement
Et au nouvel advenement,
Que Dieu y mettra providence.590

Le Prince.

Enfans, nous airons patience
Tant que la revolucion
Du cours du temps a l’influence
Aist austre disposicion.

Finis.


  1. le m.
  2. C’est-à-dire les éléments.
  3. maintenir
  4. Ny est iette quelle quez choses
  5. On trouvera dans nos études sur Les Italiens en France au XVIe siècle (Bulletin italien, tomes I-III) de nombreux renseignements sur les personnages dont l’influence se fit sentir sous le règne de Louis XII.
  6. déroge
  7. qui lentre au pedague.
  8. Menti nauses de mot
  9. ainsi est suppléé
  10. Le haut Dieu Mars, c’est le roi ; les Gemini, ce sont Georges d’Amboise, devenu premier ministre depuis l’avènement de Louis XII, et son frère, Louis d’Amboise, évêque d’Albi.
  11. fort bani
  12. Les historiens ne mentionnent pourtant que peu de changement dans l’administration du royaume après la mort de Charles VIII.
  13. a m.
  14. sans auchű il dőne
  15. ne messagier.
  16. q̄ nous cőgnlus
  17. Jehan Molinet (Chroniques, éd. Buchon, 1828, V, p. 88) rapporte l’accident arrivé lors de l’entrée du roi Louis XII à Paris, le 2 juillet 1498 :« Pour monstrer la magnificence de ceste entree furent faictes plusieurs joustes en Paris, et pour icelles veoir plusieurs eschaffaulz dreschés, ou monterent gens a telle multitude que l’ung d’iceulx eschaffaulz rompit ; dont ceulx estant dessubs furent estains, suffoquez et mors jusques en nombre de trente personnes, et environ de cent a cent cinquante navrez, qui fut chose pitoiable et fort lamentable. Entre les mors fut recœilli sur la place le seigneur de Frentaine, richement accoustré de grosses chaisnes d’or ; ung aultre seigneur d’Angers, et autres de divers quartiers et nation. Non obstant ce pitoiable et dommageable inconvenient, le roy, par ses Suisses, fit recœillir et despouiller lesdits mors, et, en moins d’une petite heure, eurent netoyé la place, et commencherent les nobles a jouster et faire leurs emprinses, comme si riens ne fusist advenu, sans avoir pitié ne compassion des trespassez. »
  18. ja est suppléé pour la mesure
  19. ceste pe horrible
  20. quil
  21. dici ptir
  22. Il y a sur le mot influences le mot infections en surcharge.
  23. vng peu… publics
  24. couroit
  25. Subsides.
  26. Ce couplet vise Guillaume Briçonnet, évêque de Saint-Malo, devenu archevêque de Reims, qui avait reçu le chapeau de cardinal en 1495 ; Georges d’Amboise qui, depuis le 21 août 1493, était archevêque de Rouen et qui était devenu le ministre du nouveau roi ; Louis d’Amboise, évêque d’Albi, et probablement plusieurs autres.
  27. a este
  28. sil treuue de lauoyne a mõceaulx
  29. Il y a ici un jeu de mots sur « rouan » (cheval) et sur l’archevêque de Rouen. Celui-ci fut promu cardinal le 17 septembre 1498.
  30. C’est-à-dire la bourse du pauvre peuple.
  31. Ces vers semblent viser Georges d’Amboise et son frère,
    Louis d’Amboise, évêque d’Albi.
  32. cosciẽche
  33. 144, 150 (rubrique) Lastro
  34. tout m.
  35. causee
  36. Qua tu
  37. me m. — saine teste
  38. fait donner
  39. Que iay & la teste tue
  40. Le roi Louis XII dut payer à César Borgia des sommes énormes afin d’obtenir son divorce d’avec Jeanne de France et aussi le chapeau de cardinal ambitionné par Georges d’Amboise. Voy. la note sur les v. 339-346, et notre no VIII, ci-après.
  41. (en vedette) et presque toujours ci-après Lastro
  42. Sol désigne évidemment le roi.
  43. L’Aigle, c’est-à-dire l’empereur, était hostile aux projets de la France sur l’Italie. L’alliance de la maison d’Autriche avec l’Espagne devait augmenter la puissance de l’Empire, que paralysaient sans cesse les embarras intérieurs et la résistance des Suisses.
  44. Le Lyon est le nom donné à l’Espagne.
  45. Mars est encore le roi de France.
  46. cõmenchemẽt
  47. À la mort de Charles VIII, Maximilien, déchirant le traité de Senlis, fit envahir la Bourgogne par des Allemands et des Francs-Comtois. Le beau-frère du roi, Jean de Foix, vicomte de Narbonne, accourut et chassa les Impériaux. Le 20 juillet 1498, le traité de Senlis fut renouvelé.
  48. en m.
  49. de bone
  50. C’est-à-dire « à reculons ».
  51. en cancro
  52. gemini en auctorite
  53. Aux mains
  54. les religions
  55. lescreuiche
  56. a m.
  57. Les mots au temps present sont suppléés
  58. Et m.
  59. regneroiet
  60. en m.
  61. Ce dicton se retrouve dans le Mistere du Viel Testament, II, p. 217.
  62. (en vedette) Lastro
  63. aulchũs signe patens
  64. ayrois
  65. (jeu de scène) Cãtement
  66. I. Sur cette pillerie qui ne cesse de courir, voy. le no V, v. 181, et le no VI, v. 14. Cf. aussi le v. 478 ci-après.
  67. tres m.
  68. predre de la
  69. Ce passage, assez obscur, paraît contenir un blâme contre le roi qui veut faire ce que le dieu Mars lui-même n’eût pas fait, en rompant son mariage pour épouser Vénus, qui fut femme de Vulcanus, c’est-à-dire Anne de Bretagne. L’annulation du mariage de Louis XII et de Jeanne de France ne fut prononcée définitivement que le 17 décembre 1498.
  70. fut
  71. Voilà une condamnation bien formelle des guerres entreprises par Charles VIII en Italie.
  72. Ce trait est à l’adresse de Guillaume Briçonnet, surintendant des finances, qui, après la mort de sa femme, devint évêque de Saint-Malo et de Nîmes, puis archevêque de Reims. Guillaume avait obtenu le chapeau de cardinal en 1495.
  73. nous est suppléé
  74. C’est à-dire : « Que Dieu, qui aime le roi, le garde des conseils des frères d’Amboise ! »
  75. Tousjours est suppléé
  76. ces m.
  77. Saturnus désigne peut-être le roi Louis XI.
  78. tout
  79. pas est suppléé
  80. saison
  81. Bonne hoe auo9
  82. de m.
  83. quon ne
  84. ne se nest point viande aemer
  85. Ne doit-on pas voir dans ce couplet et dans le précédent des allusions à César Borgia ? L’arrivée prochaine ou peut-être même déjà effectuée de ce trop célèbre personnage était bien de nature à effrayer le pauvre peuple. César quitta Rome le 1er octobre (R. de Maulde, Jeanne de France, p. 288, n. 4). Après avoir séjourné quelque temps en Avignon, il traversa la France comme un triomphateur. Le 18 ou le 19 décembre il fit son entrée à Chinon avec un luxe inouï. On trouvera les détails de cette entrée dans Brantôme, qui nous dit résumer une poésie du temps (éd. Lalanne, II, p. 207 ; éd. Mérimée et Lacour, II, p. 214), et dans la relation suivante, extraite d’un manuscrit de Florence et publiée par Pietro Ferrato pour le doctorat de Pio Cervesato : Entrata del Valentino nel 1499 [sic] a Cinone, in corte del Chistianissimo (Venezia, 1868, gr. in-8).

    Le document rapporté sous notre no VIII nous apprend que César Borgia fut fort malmené par les étudiants.

  86. fy ce sont
  87. venons
  88. nous m.
  89. Par moy
  90. 376, 377 voise
  91. chũ por
  92. .i. mor ou .vi.
  93. Voise
  94. en guardes
  95. Voyse
  96. on mon au doy cest telle
  97. ne ouyrent nouelles
  98. Nouvelle attaque contre Georges d’Amboise, archevêque de Rouen.
  99. q̄ le roan
  100. C’m.
  101. deux ans y a
  102. C’est-à-dire, sans doute, de mauvais conseillers auprès du roi. — Il semble que Chascun fait ici allusion à une sottie jouée deux ans auparavant, et où figurait déjà l’astrologue.
  103. mauoys
  104. Louis XII réunit les états provinciaux dès la première année de son règne (Jean d’Auton, Chroniques, éd. de Maulde, I, p. 7) ; mais il est probable que l’auteur vise une convocation des états généraux.
  105. si m.
  106. quelqz
  107. donne m.
  108. Du m.
  109. vrayment
  110. ie enderay
  111. cy q̄
  112. airons
  113. seroiet — ja est suppléé
  114. se chũ veult.
  115. ia plus
  116. donc
  117. Le copiste a peut-être passé une répétition, ce qui rend le vers incomplet. On pourrait lire :
    L’Astrologue.
    Sus qui ?
    Primus.
    Sus qui ? Sus qui ?
    Secundus.
    Sus qui ? Sus qui ? Sus qui ? Sur tout.
  118. Il faudrait allonger aussi le v. 504.
  119. par raison cõ dõnaillez
  120. que ce les choses
  121. Le premier De m. — notarez
  122. de ducas
  123. treublent
  124. grande
  125. si est suppléé.
  126. grandes
  127. Voy. ci-dessus v. 248.
  128. ne qui quẽ
  129. le est suppléé
  130. bien est suppléé
  131. son abitue
  132. sera tue
  133. et verroys
  134. que ces gros
  135. malle
  136. les proces de dans sez parcs
  137. demeurent
  138. son fait ainsi au vin des seliers
  139. cest
  140. y est suppléé
  141. ceste priere
  142. vrayment.