Recherches bibliques sur le culte des chrétiens.djvu/Promesse III


III

La troisième promesse du Seigneur concerne les ministères. Sur ce point je puis m’en référer à un petit écrit que j’ai publié assez récemment et qui a pour titre : Des anciens, ou surveillants, et des ministères évangéliques. Mais j’ai encore à y ajouter quelques considérations en rapport avec le culte des chrétiens au milieu de l’église démembrée.

Et d’abord je remarque qu’il est assez singulier que dans les essais de rassemblement des saints, qui ont été faits depuis un certain nombre d’années, on ait mis si fort en saillie ce prétendu rassemblement pour lequel l’Écriture ne renferme aucune promesse, tandis que le ministère évangélique, pour lequel il y a une promesse positive, a été, non pas supprimé, mais placé dans une position fausse et dissimulée[1].

Mais entrons dans l’examen de cette divine promesse. Dans l’endroit où elle se trouve elle est relative à « l’assemblage des saints et à « l’édification du corps de Christ » (Éph. IV, 12). Cet assemblage n’existe plus au point de vue extérieur, comme nous l’avons constaté ci-dessus, mais il existe toujours au point de vue spirituel ; et le Seigneur poursuit constamment, par la conversion des pécheurs et la sanctification des saints, la construction de ce corps, qui est actuellement morcelé sur la terre, mais qui n’en est pas moins un par l’Esprit et qui doit être réuni un jour à sa Tête glorieuse. C’est là la stature de la plénitude de Christ[2]. Or jusqu’à ce moment béni, le ministère subsiste pour l’œuvre qui est appelée ici (Éph. IV, 12) l’œuvre du ministère ou du service. Et il subsistera aussi longtemps que tous les membres de Jésus-Christ ne seront pas parvenus à l’unité de sa connaissance.

Cette promesse est infiniment précieuse aussi. Sans doute les vrais chrétiens, quoique divisés quant au culte, sont encore « la lumière du monde » (Matth. V, 14), et leur simple témoignage peut, dans une mesure, conserver et pro pager la vérité ; mais le ministère est un instrument spirituel sans lequel le Seigneur n’a pas voulu faire cette œuvre.

On comprend, je l’espère, que, par ce ministère, nous n’entendons pas ici un clergé, des ministres faits par les hommes, au moyen des académies, des universités, des diplômes et de l’imposition des mains. Les facultés de théologie produisent des hommes instruits ; mais des serviteurs de Dieu, c’est autre chose. Ceux-ci sont donnés directement de Dieu, « Lui-même a donné » (Éph. IV, 11). Qu’on ne croie pour tant pas non plus qu’ici je veuille déprécier les lumières acquises par l’étude. Certes, on se tromperait fort. Je pense, au contraire, que des connaissances théologiques sont d’un prix immense ; et je vois que Dieu suscite toujours dans son église quelques ouvriers qui en sont plus ou moins doués. Mais elles ne sont pas également nécessaires à tous les degrés du service et dans toutes les positions. Le Seigneur les distribue dans la mesure et par les moyens qu’il juge convenables. Et nous, nous devons accueillir ses serviteurs dès qu’ils nous sont manifestés par leur activité, quels qu’aient pu être les instruments par lesquels il les a mis en état de prendre part à son bon travail, tout comme nous avons à accueillir ses enfants com me chrétiens, quels qu’aient été les moyens extérieurs par lesquels il leur a communiqué sa connaissance.

Ces ministères étant donnés directement de Dieu, ceux qui en sont revêtus se mettent à l’œuvre, sous leur propre responsabilité, devant Dieu et devant son Église et par une impulsion qui procède de Lui. Aussi doivent-ils se produire librement, soit dans l’évangélisation faite au monde, soit dans l’édification des assemblées chrétiennes. Là le ministère doit être, non pas monopolisé, mais libre. Les dons naissants même doivent pouvoir se révéler par d’humbles débuts et être encouragés par les fidèles.

Outre ces ministères, le Seigneur répand aussi d’autres dons dans son église, comme nous l’avons déjà dit[3]: dons d’exhortation, dons de connaissance, dons de sagesse et de conseil (1 Cor. XII, 8). Et tous ces dons doivent aussi pouvoir s’exercer librement, sous la responsabilité de chacun de ceux qui les possèdent et sous le contrôle spirituel des saints. C’est ainsi que se réalise toute une partie de la bénédiction que ceux-ci attendent du Seigneur en se réunissant en son nom et en se plaçant sous la conduite de son Esprit.

Je crois néanmoins devoir répéter ici que nous ne devons pas espérer dans le culte des dons de prophétie, vu que les prophètes sont un des ministères fondateurs (Éph. II, 20)[4]. Et je pense qu’il y aurait de graves inconvénients à appliquer directement à nos modestes réunions de culte ce que Paul écrivait aux Corinthiens, dans sa première épître sur l’exercice du don de prophétie dans l’église (1 Cor. XIV). Mais, sans la prophétie, il reste encore bien des grâces dont le Seigneur bénit le culte de ses saints, lorsqu’ils le lui rendent dans l’humilité, la foi, la spiritualité et la communion fraternelle. Dons qui se complètent les uns les autres, et qui, pour que cela puisse avoir lieu, ne doivent être ni neutralisés ni étouffés par les discours d’une bouche unique, mais sont destinés à servir à l’édification commune.

Et ici j’ai à cœur de faire considérer à ceux de mes frères qui possèdent quelque don l’obligation où ils sont de ne pas l’enfouir, mais de l’utiliser modestement « pour le service des autres, comme bons administrateurs de la grâce variée de Dieu » (1 Pier. IV, 10). Combien de chrétiens, par exemple, qui prient au sein de leurs familles, ou auprès des malades, et le font d’une manière édifiante, et qui, dans l’assemblée du culte, n’ouvrent jamais la bouche pour présenter au Seigneur le sacrifice de l’adoration et de la louange ! Et pourtant quelle bénédiction si, au lieu de ce silence, les sacrificateurs agissaient en plus grand nombre, soit en adorant, soit en rendant grâces des exaucements obtenus, soit en priant pour l’œuvre du Seigneur, pour les besoins de son église et pour les ouvriers qu’il emploie à son service ! Et qu’il serait précieux pour ceux-ci de se sentir, non pas isolés dans leur travail comme des sentinelles perdues, mais soutenus par les prières de leurs frères !

J’ajouterai néanmoins qu’il est de toute importance que chacun s’applique à ne jamais dépasser les limites du don qu’il a reçu. Surtout qu’on ne se croie pas obligé de faire des discours et de parler pour parler, sans peut-être même trop savoir ce qu’on a à dire : si l’on n’a rien à dire, hé bien qu’on ne dise rien. La lecture des oracles de Dieu, le chant des cantiques, les prières, les actions de grâces et la précieuse cène fournissent déjà abondamment pour la nourriture d’une assemblée, si ceux qui la composent s’y sont rendus avec le sentiment de la piété et la confiance dans la présence du Seigneur au milieu des siens. Puis aussi soyons sobres de paroles et mettons nos soins à ne pas parler longuement. Le verbiage religieux fatigue vite les auditeurs et finit souvent même par les indisposer au lieu de les édifier.

Il faut bien reconnaître que dans un culte comme celui que je crois pouvoir recommander ici il y aura toujours des infirmités à supporter. Aussi pensé-je que, pour pratiquer ce support, il faut posséder sur un tel culte des convictions fermes ou s’y être attaché de cœur. Mais aussi remarquons que tous, par la prière, soit chez eux, soit en secret, dans l’assemblée, peuvent immensément pour empêcher le mal et procurer le bien, pour obtenir du Seigneur qu’il tienne fermées les bouches qui doivent rester fermées et qu’il ouvre celles qui doivent être ouvertes ; en un mot, pour recevoir du Pasteur divin une bienfaisante direction. Prendre part à un culte de cette nature n’est pas assister d’une manière toute réceptive à des prières et une prédication, le tout fait par un seul. Mais c’est une participation pieuse et active, une œuvre de foi et un travail d’amour, qui demande de la spiritualité et un zèle persévérant. Prions en esprit pendant la durée du culte, pour que Jésus nous y fasse sentir sa douce présence. Prions pour ceux qui prient et pour ceux qui parlent. Et si quelqu’un nous apporte des paroles, bien intentionnées, sans doute, mais quelque peu mêlées d’ignorance ou de traditions erronées, cherchons ensuite à l’éclairer selon notre pouvoir, comme Priscille et Aquilas achevèrent d’instruire Apollos, en lui « exposant plus exactement la voie de Dieu » (Act. XVIII, 26). L’œuvre du Seigneur (1 Cor. XV, 58, et XVI, 10), qui est aussi nommée l’œuvre de Christ (Philipp. II, 30), et aussi tout simplement l’œuvre (Jaq. I, 25), est une œuvre à laquelle il travaille, non pas seulement par tel ou tel ouvrier, mais aussi par le moyen de son église tout entière, qui est « la colonne et l’appui de la vérité (1 Tim. III, 15). » C’est une œuvre que nous avons tous à faire en commun avec Lui et par Lui, tout comme il veut la faire en commun avec nous et par nous. Ainsi pas de paresse. Sans doute tous ne sont pas des docteurs ou des évangélistes, mais tous doivent être de zélés témoins de Christ et des enfants de prières. Comprenons que son œuvre nous concerne tous et travaillons-y tous avec lui, chacun selon la mesure qu’il a reçue.

Ajoutons encore cette observation bien importante, c’est que les ouvriers du Seigneur sont les serviteurs et non les maîtres de l’église (Col. I, 24, 25. 2 Cor. XI, 8). C’est la position que, dans sa charité, le Seigneur a voulu prendre (Matth. XX, 28. Luc, XXII, 27. Luc, XII, 37) ; et ce doit être, non-seulement celle de ses serviteurs dans le ministère de l’Évangile, mais aussi celle de ses saints, qui tous sont appelés à « se soumettre les uns aux autres dans la crainte de Dieu » (Éph. V, 21), et à « se servir les uns les autres dans l’amour » (Gal. V, 13). Que le Seigneur nous communique à tous l’esprit de cette situation bénie et qu’il en pénètre surtout ceux qu’il appelle au service direct de sa sainte Parole.

Enfin, rappelons, quant aux ministères évangéliques, que « ceux qui annoncent l’Évangile doivent vivre de l’Évangile » (1 Cor. IX, 14), que « l’ouvrier est digne de sa nourriture (Matth. X, 10) et de son salaire » (Luc, X, 7. 1 Tim. V, 18), et que c’est pour les fidèles en même temps une obligation et un privilége d’être des instruments à la disposition du Seigneur pour assister ceux de ses serviteurs qui sont dans le cas d’être aides par les offrandes de leurs frères. « Ils sont partis pour son nom, ne prenant rien des gentils. Nous devons donc recevoir ceux qui leur ressemblent, afin que nous aidions à la vérité » (3 Jean, 7 et 8). Ayons tout particulièrement du zèle pour soutenir les ouvriers que le Seigneur emploie à l’évangélisation, soit parmi les peuples baptisés, soit parmi ceux qui ne le sont pas. Aidons-les par nos prières. Demandons pour eux des compagnons de service, et employons-nous, chacun selon sa portée, à cette œuvre du Seigneur, par laquelle il nous a communiqué la vie éternelle, et par laquelle il peut la communiquer aussi à tant d’âmes qui ne le connaissent point encore. Ayons tous à cœur la diffusion de la lumière et travaillons-y avec amour par notre témoignage et nos efforts individuels. Une assemblée peu zélée pour la conversion des pécheurs ne peut pas être longtemps bien vivante dans son propre culte ; tandis que si elle rayonne comme un flambeau, elle sera constamment ranimée et réjouie par la bénédiction que le Maître répandra sur son travail : et, au lieu de devenir languissante, elle recevra sans cesse de nouveaux encouragements.

Maintenant, si nous rapprochons les uns des autres ces divers éléments bibliques, nous y voyons des assemblées de chrétiens, réunies au nom du Seigneur, et servies par des ouvriers suscités par lui-même pour la formation, l’édification et le gouvernement de ces réunions de culte. De plus, nous constatons que ces assemblées sont autorisées par des promesses divines, soit quant à la présence du Seigneur au milieu des saints, soit quant à la célébration de la cène, soit quant à des ministères spirituels.

On objectera peut-être que de pareilles réunions, dépourvues de présidences positives et d’autorités reconnues, présentent bien des dangers de désordre et d’anarchie.

Mais d’abord, n’y a-t-il aucun inconvénient dans des assemblées assujetties à des ministères officiels qui y centralisent l’exercice de tous les dons et y neutralisent la sacrificature des enfants de lumière ?

D’ailleurs, l’expérience de toute une génération n’est-elle pas là pour prouver, non-seulement qu’un tel culte est praticable, mais encore qu’il procure aux fidèles une vraie édification et qu’on s’y affectionne à mesure qu’on le pratique ? Ah ! sans doute, il peut présenter des dangers ; mais où n’y en a-t-il pas ? Et, si l’Esprit de Dieu y domine, n’en peut-on pas attendre la répression des abus ? N’oublions pas qu’une telle marche est une œuvre de foi et d’amour et qu’elle met à contribution l’activité et les prières de tous les fidèles.

Puis, dirai-je aux opposants, connaissez-vous et pouvez-vous indiquer quelque autre voie qui, d’une part, soit en dehors du monde, du multitudinisme, du cléricalisme, du synodalisme, des institutions et des prescriptions humaines, et qui, de l’autre, réalise en quelque mesure la communion des saints dans la cène et dans le culte, ainsi que la coopération des dons divers pour l’exercice même du culte et l’édification des assemblées ? Qu’on cherche, mais sans s’écarter des Écritures ; et si l’on découvre un autre moyen scripturaire, réalisable et supérieur à celui-ci, il est à présumer que les chrétiens humbles ne le repousseront pas et qu’ils s’empresseront plutôt de le mettre en pratique.

Je n’ignore pas que plusieurs désireraient des assemblées présidées par des anciens. Je ne m’y opposerais pas, pour ce qui me concerne, pourvu que ces anciens fussent établis selon l’Écriture[5] et non par la pluralité des suffrages des assemblées. Mais cela ne pourrait se faire que quand les esprits y seraient préparés, et que, en même temps, il se trouverait dans les assemblées des frères propres à cet office et qui consentiraient à en prendre la responsabilité. Puis observons que, comme nous ne voyons pas dans le Nouveau Testament que les anciens fussent chargés de la direction du culte et de l’édification de l’église, ceux qui seraient établis au milieu de nous ne seraient investis d’aucun pouvoir que de celui de réprimer les désordres (ce qui est quelque chose sans doute), et que l’exercice soit de la sacrificature chrétienne, soit des divers dons spirituels devrait toujours demeurer libre.

Quant au gouvernement des assemblées, à leur formation et à leur conservation dans une pureté relative, les frères qui les composent ont à rechercher les indications des Écritures, à procéder, autant que possible, envers les pécheurs par la persuasion, à suivre des voies prudentes et patientes, et à remettre au Seigneur, par la prière, les cas difficiles (Deut. I, 17) ; mais aussi à ne pas craindre d’en venir à la suspension ou même à la rupture de la communion fraternelle lorsque tous les autres moyens sont épuisés ou qu’un scandale public exige une protestation immédiate : et le tout en s’efforçant toujours d’agir d’un commun consentement et en menant deuil sur ceux qui pèchent. Tels sont les procédés par lesquels un corps de chrétiens nous paraît devoir mettre à exécution des préceptes comme ceux-ci :

« Si quelqu’un vient à tomber dans quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme avec un esprit de douceur » (Gal. VI, 1).

« Nous vous recommandons aussi, mes frères, au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, de vous retirer de tout frère qui ne marche pas dans l’ordre et non pas selon l’enseignement qu’il a reçu de nous » (2 Thess. III, 6).

« Si quelqu’un n’obéit point à notre parole, renfermée dans cette épître, signalez-le et ne vous mêlez point avec lui, afin qu’il en ait honte. Toutefois ne le tenez point pour un ennemi, mais avertissez-le comme un frère » (2 Thess. III, 14, 15).

« Or, maintenant je vous écris que si quelqu’un qui se nomme frère est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas même avec un tel homme. Car aussi qu’ai-je à faire de juger ceux qui sont de dehors ? Ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? Mais Dieu juge ceux qui sont de dehors. Vous ôterez donc « d’entre vous-mêmes le méchant » (1 Cor. V, 11, 12, 13 ; [Deuter. XIX, 19]).

D’après cet exposé de nos vues scripturaires sur le culte, nos frères qui ne marchent pas avec nous pourront comprendre pourquoi, de notre côté, nous ne pouvons pas cheminer avec eux. Ici nous sommes empêchés par un multitudinisme qui s’allie à des éléments étrangers à l’église. Là nous rencontrons un cléricalisme qui rend impossible l’exercice des dons spirituels. Ou bien ailleurs nous sommes arrêtés par un exclusisme absolu, par des prétentions exagérées, ou bien par des voies disciplinaires qui dépassent de beaucoup l’Écriture. C’est pressés par ces considérations que nous sommes obligés de prendre notre route en dehors de ces écarts divers. Notre désir n’est pas de construire une nouvelle variété d’assemblées, ni (encore moins) d’afficher des prétentions bruyantes, qui ne nous conviendraient sous aucun rapport. Nous n’avons pas non plus la pensée de juger, de provoquer ni de blesser personne. Mais ne pouvant demeurer sans culte, nous ne découvrons d’autre voie que de nous réunir avec ceux qui partagent nos convictions pour offrir ensemble notre adoration filiale au Dieu de miséricorde qui nous a faits ses enfants par le Fils de son amour.

Mais si nous n’avons pas l’espoir de voir les saints redevenir un seul corps sur la terre ayant la venue du Seigneur, nous jouissons du privilége de pouvoir attendre sa glorieuse présence, laquelle réunira pour jamais avec Lui tous ses bien-aimés dans le royaume de son Père. Qu’il nous soit donné de cultiver cette espérance précieuse et consolante et d’y trouver un motif toujours plus pressant à aimer ici-bas, de la charité chrétienne, ceux avec lesquels nous espérons de vivre pendant l’éternité.

Ces vues seront sans doute jugées bien di versement, et probablement même assimilées à un système d’union fort préconisé chez nous il y a une trentaine d’années, mais moins accrédité aujourd’hui. On peut, en effet, constater quelques ressemblances entre notre marche et celle d’autres chrétiens. Mais la nôtre présente aussi des dissemblances considérables. Ainsi nous ne disons pas que l’église ait apostasié. Ainsi nous ne nous présentons pas comme le rassemblement des saints. Nous ne nous disons pas exclusivement les frères. Nous ne nous appelons pas les assemblées de Dieu, le témoignage de Dieu. Pour combattre tel enseignement nous n’excommunions pas, par grandes masses, des chrétiens qui y sont étrangers. Enfin, nous n’affirmons pas que tout acte disciplinaire accompli dans une assemblée chrétienne est, quel qu’il soit, obligatoire pour toutes les autres, et qu’aucune assemblée n’a le droit de juger les procédés de discipline d’une autre assemblée[6].

Selon le précepte d’un apôtre, « éprouvons toutes choses et retenons ce qui est bon » (1 Thess. V, 21). Ce que Dieu a jugé, écartons-le, mais ce qu’il a sanctionné par une expérience bénie, pourrions-nous le rejeter ?

Si nos pensées sur ce point sont discutées publiquement dans un sens quelconque, je n’éprouve, pour ma part, aucune disposition à les défendre par la controverse, remettant le tout entre les mains du Seigneur, et estimant que la discussion ne serait pas pour moi le meilleur moyen d’employer pour sa gloire le peu de temps qui me reste en la chair.

J’informe de plus mes lecteurs que, tout en ayant tenu à communiquer préalablement à quelques amis les lignes qui précèdent, j’en prends néanmoins sur moi toute la responsabilité.

Enfin, je prie mes frères de vouloir bien con sidérer cet écrit-ci, de même que mon opuscule sur les anciens et les ministères évangéliques, comme l’expression de mes sentiments actuels relativement à ces divers points, sur lesquels j’ai, comme bien d’autres, cherché longtemps mon chemin en tâtonnant. Je retire, en conséquence, tout ce qui, dans mes précédentes publications, serait opposé aux vues que j’expose ici et que je professe, mais sans absolutisme.

Que le Dieu de vérité consume le foin et le chaume que nous pouvons tous mêler dans son œuvre, et qu’il conserve l’or et l’argent dans sa construction spirituelle.


D’après 1 Cor. XI, 20-34, on peut encore mentionner, comme ayant fait partie du culte primitif, les agapes, ou repas d’amour chrétien[7], dans lesquelles on célébrait aussi la cène du Seigneur.

  1. Voir Des anciens, ou surveillants, etc., pages 9 et 14.
  2. Page 16.
  3. Page 21.
  4. Page 16.
  5. Voir mon petit Traité sur les anciens et les ministères évangéliques, page 9.
  6. Voir dans le Messager évangélique du 30 septembre 1866, les pages 349 et 350 ; dans un article sur l’indépendance ecclésiastique.
  7. Agapè, en grec, signifie amour, charité.