Recherches bibliques sur le culte des chrétiens.djvu/Note A


Note A.

On a constamment, sauf quelques exceptions dans nos temps, appelé concile la conférence qui eut lieu à Jérusalem à l’occasion des docteurs judaïsants qui avaient prêché à Antioche la nécessité de la circoncision pour le salut (Act. XV). On a de plus toujours nommé cette conférence le premier concile de l’église chrétienne, et même le modèle de tous les conciles. Voyons si, d’après les Écritures, on peut lui donner ce titre.

On entend par un concile, selon le langage admis, une réunion des pasteurs des diverses églises de la chrétienté pour prononcer sur des points de dogmes et de gouvernement ecclésiastique. Or fut-ce le cas de l’assemblée de Jérusalem, et y convoqua-t-on les conducteurs des diverses églises existant alors ? Nullement : ce ne fut qu’un colloque entre les apôtres et l’église de Jérusalem, d’une part, et Paul, Barnabas et quelques frères d’Antioche, d’autre part ; colloque accompagné d’un entretien particulier de Paul avec les principaux frères de Jérusalem (Gal. II, 2). Le fait que l’église de Jérusalem prit une part active à cette conférence l’empêcherait déjà lui seul de ressembler à un concile ; car dans les conciles proprement dits l’église enseignante, comme on l’a nommée, c’est-à-dire ceux qu’on a appelés évêques et prêtres, y a seule participé. Mais, de plus, les frères qui dirigeaient les autres églises ne furent point appelés à Jérusalem, quoiqu’il y eût déjà et depuis longtemps un grand nombre d’églises en Judée et dans les contrées environnantes. Nous lisons dans Act. IX, 31 : « Ainsi donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, les églises avaient la paix, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur ; et par la consolation du Saint-Esprit elles se multipliaient. » Et ceci se passait au moins trois ans après la conversion de Paul, qui, après avoir rendu témoignage à Christ à Damas, était allé en Arabie, avait repassé à Damas, et n’était revenu à Jérusalem que trois ans plus tard, comme il l’écrivait aux chrétiens de Galatie (Gal. I, 18). Puis, ce ne fut que quatorze ans après qu’eut lieu la conférence de Jérusalem. Or les églises, qui étaient déjà nombreuses quatorze ans auparavant, avaient sans doute eu le temps de se multiplier encore. Aussi lisons-nous dans Act. XV, 41, que Paul, quelques jours après son retour de Jérusalem à Antioche, « traversa avec Silas la Syrie et la Cilicie, affermissant les églises, » et dans Act. XVI, 5, que « les églises s’affermissaient par la foi et croissaient en nombre chaque jour. » Du reste, la conférence de Jérusalem, dans sa réponse aux fidèles d’Antioche, s’adresse non-seulement à eux, mais aussi « aux frères d’entre les gentils en Syrie et en Cilicie » (Act. XV, 23). Et ces chrétiens de Syrie et de Cilicie, dont s’occupait avec tant d’intérêt la conférence de Jérusalem, leurs conducteurs n’y furent pas même convoqués. On y fit tout sans eux, de même que sans les conducteurs des autres églises. Et on appelle cela un concile ! Quelle inconcevable distraction, et prolongée pendant tant de siècles ! Oh ! puissance de la tradition, de la routine et du préjugé religieux !

Non, cette réunion de Jérusalem ne ressemble en rien à ce qu’on est convenu d’appeler un concile. C’était une simple conférence, dont le but était de savoir si les apôtres et les saints de Jérusalem approuvaient la doctrine que des docteurs de Judée étaient allés débiter à Antioche. Aussi nous prenons acte de cette conférence pour en convoquer aussi entre nous lorsqu’elles peuvent être utiles, mais sans oublier que nous ne possédons pas au milieu de nous la présence et l’autorité des apôtres pour prononcer avec infaillibilité, comme ce fut le cas à Jérusalem.