Recherches bibliques sur le culte des chrétiens.djvu/L’Église primitive


L’Église primitive.

L’église, ou assemblée, car c’est là ce que signifie le mot église, qui est grec (ecclèsia), l’église est le corps de Christ (Éph. I, 22, 23), corps tout spirituel et appelé aussi un édifice, un temple saint au Seigneur, une habitation de Dieu en Esprit (Éph. II, 21, 22).

Cette église est composée de Juifs et de gentils convertis au Sauveur, et elle est ainsi « un homme nouveau, » une création nouvelle, étant « formée en un corps devant Dieu par la croix (Éph. II, 13 à 18). »

L’église est engendrée de Dieu par le Saint-Esprit, qui seul produit la vie (Jean VI, 63 ; 2 Cor. III, 6 ; Gal. V, 25 ; 1 Jean V, 1) ; et cela par le moyen de la Parole de vérité (Jaq. I, 18 ; 1 Pierre I, 23). Ainsi l’église n’est pas une société formée par voie d’association : elle est une famille spirituelle, la famille des enfants de Dieu (Jean I, 12, 13 ; 1 Jean V, I).

L’église, de plus, est une. « Il y a un seul corps et un seul Esprit (Éph. IV, 4). » Dans l’origine, l’église possédait aussi cette unité d’une manière visible. « Tout le corps, écrivait Paul, au moyen des jointures et des liaisons, étant pourvu et étroitement uni, s’accroît d’un accroissement de Dieu » (Col. II, 19), « avec une force proportionnée à chaque partie, pour qu’il soit lui-même édifié dans l’amour » (Éph. IV, 16). L’église à Corinthe, malgré ses désordres, n’était pas démembrée au temps de Paul, et il pouvait encore leur dire : « Vous êtes le corps de Christ » (1 Cor. XII, 27). L’ensemble de toutes les églises locales était l’église de Dieu sur la terre, du moins ce qui existait de l’église alors. Dans quelque assemblée chrétienne que se trouvât un chrétien, il était toujours dans l’église. On ne connaissait pas alors ces expressions : « mon église, mon troupeau. » Les apôtres ne disaient jamais non plus l’église de Judée, l’église de Galatie, comme on dit aujourd’hui l’église de France, l’église d’Angleterre ; mais ils disaient les églises de Judée (Gal. I, 22), les églises de Galatie (1 Cor. XVI, 1). La pluralité de locaux de culte dans une même ville n’y constituait pas plusieurs églises, et à Corinthe ceux qui étaient de chez Chloé n’en étaient pas moins pour cela de l’église de Corinthe.

Dans l’église tous n’étaient pas docteurs ; mais tous étaient sacrificateurs, pour offrir au Seigneur le sacrifice de l’adoration et de la louange, ainsi que celui des bonnes œuvres (Hébr. XIII, 15, 16 ; 1 Pier. II, 5). On ne connaissait pas alors les expressions de laïque et d’ecclésiastique, non plus que celles de église enseignante et église enseignée, église visible et église invisible, église militante et église triomphante.

L’église ne faisait point d’institutions. Celles du Seigneur et de ses apôtres lui suffisaient. Elle ne connaissait pas non plus les conciles et les synodes. Du moins le Nouveau Testament n’en contient aucune trace[1].

Une église locale n’était pas un auditoire ou une école, encore moins une assemblée de pécheurs qui demandent grâce[2] ; mais elle était une assemblée de frères et de sœurs reçus en grâce, placés ainsi en communion les uns avec les autres et possédant au milieu d’eux la présence du Seigneur Jésus, selon sa précieuse promesse (Matth. XVIII, 20).

Il n’existait pas non plus alors dans une telle assemblée de distinction entre les membres effectifs de cette église et les communiants. Le Nouveau Testament n’attache le nom de membres qu’aux membres du corps universel de Jésus-Christ, et dans l’église primitive tous les communiants étaient des membres, et tous les membres étaient des communiants.

Mais, disons-le, on ne peut comprendre l’église que lorsqu’on en est devenu membre soi-même par une vraie régénération. Aussi n’est-il pas étonnant qu’on se soit fait tant d’idées fausses sur l’église et qu’on ait tant obscurci ce sujet par des conceptions humaines. Même les discussions modernes sur le catéchuménat, l’accession spontanée, la séparation de l’église d’avec l’État, le système volontaire, l’indépendance et l’autonomie de l’église, n’ont guère éclairci le sujet et laissent encore bien intacte la question de l’église.

  1. Voir la Recherches bibliques sur le culte des chrétiens/note A, à la fin de cet écrit.
  2. C’est ainsi que nous avons entendu définir l’église locale.