Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Septième livre/Chapitre 43

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 130-132).


CHAPITRE XLIII.
DES APÔTRES.


I. Le mot grec Αποστολος, apôtre, se dit missus (envoyé) en latin. C’est de là qu’est venu le nom des apôtres, parce que le Christ les a envoyé évangéliser par tout l’univers. Il est certain que l’Église célèbre en commun les apôtres et chante à matines Ecce ego mitto vos, etc., parce que tous furent élus en même temps par le Seigneur, après le sermon qu’il leur fit sur la montagne, comme on le voit dans saint Mathieu et dans saint Marc. Or, ils furent élus au nombre de douze. Cependant, l’Église fait un office propre pour certains d’entre eux, par exemple pour saint Pierre, à cause du privilège de sa dignité ; pour saint Paul, quoiqu’il ne fasse pas partie des douze, à cause du privilège de la prédication ; pour le bienheureux Jean, à cause du privilège de l’amour ou de la virginité, et pour le bienheureux André, à cause du privilège de la croix qu’il prêcha, qu’il souhaita avec tant d’ardeur et qu’il obtint.

II. Pendant les heures, on dit ce capitule : Jam non estis hospites, « Maintenant vous n’êtes plus des hôtes et des étrangers » (Ephésiens, ii), et celui-ci : Non vos me elegistis, « Ce n’est pas vous qui m’avez élu » (du même endroit) ; et celui-ci : Beatus vir qui suffert tentationem (Jac, c. i) ; et celui-là : Magnificavit eum in timore inimicorum (Eccl., c. xlv) ; et cet autre : Statuit illi Dominus testamentum sempiternum (ibid.) ; et celui-là : In fide et lenitate illius sanctum fecit illum (ibid.) ; et celui-ci : Ibant apostoli gaudentes etc. ( Act., c. v) ; et celui-là : Nam quos prœscivit, hos et prœdestinavit conformes (Rom., c. viii) ; et cet autre : Corpora sanctorum in pace sepulta sunt (Eccl., c. xliv) ; et celui-ci : Non esurient neque sitient amplius (Apec, c. vu) ; et Nos insensati, vitam illorum (Sagesse, c. v) ; et celui-là : Ipso summo angulari lapide Christo Jesu (Ephés., II).

III. Or, ils ont des vigiles et des octaves parce que « si nous souffrons avec eux nous régnerons avec eux. » Nous avons parlé de cela dans la quatrième partie, au Mercredi de la troisième semaine de l’Avent. Cependant il y a instance ou nécessité à la fête du bienheureux Jean-l’Évangéliste, quant au jeûne qui incombe ; tant parce que, au dire de quelques-uns, il ne fut martyr que d’intention, qu’à cause de la fête du bienheureux Etienne, qui se trouve à la vigile de la vigile-jeûne de saint Jean.

IV. A la vigile des Apôtres, on dit l’épître Benedictio Domini super caput ejus (Prov., c. xv, et Ecclés., c. xlv) ; et celle-ci : Per manus autem apostolorum fiebant signa et prodigia (Act., c. v) ; et l’évangile Ego sum vitis vera (c. xv).

V. A la fête des Apôtres, on dit l’épître Jam non estis hospites et advenœ (Eph., c. v) ; et celle-ci : Hi sunt viri misericordiœ (Ecclés., c. xliv) ; celle-ci également : Scimus quia diligentibus Deum (Rom., c. viii) ; puis celle-ci : Benedictus Deus et Pater Domini nostri Jesu Christi (Ephés., c. i) ; Spectaculum facti (Cor., c. iv) ; celle-là : Unicuique vestrum data est ( Ephés., c. iv) ; de même l’alleluia : Ego vos elegi (Jean, xv) ; et celui-ci : Venite ad me omnes qui laboratis (Math., c. xi). L’évangile est : Hoc est prœceptum meum, ut diligatis invicem, etc. (Jean, c. xv) ; et celui-ci : Hoc mando vobis (ibid.) ; et cet autre : Ecce ego mitto vos (Math., c. x) ; et celui-ci : Facta est contentio inter discipulos Jesu (Luc, c. xxii) ; puis celui-là : Designant Dominus quod alios (Luc, c. v) ; et celui-là : Ego sum vitis vera (Jean, c. xv) ; et cet autre : Dixit Simon Petrus (Math., c. xix). La postcomunion est : Amen dico vobis, quod vos qui re (Math., c. xix) ; et celle-ci : Vœ vobis qui secuti estis, qui est du même endroit.

VI. Et remarque qu’on lit qu’il n’y eut que trois apôtres qui vécurent à Rome, savoir, Pierre, Paul et Jean, et les trois évangélistes Jean, Marc et Luc. Il faut remarquer encore que les apôtres ou disciples du Christ n’ont pas seulement souffert parce qu’ils prêchaient le Christ, mais encore parce qu’ils le disaient être Dieu (Deificatum) sans l’autorité romaine, et contre sa défense. L’Église jadis ordonna que l’on ferait une fête commune pour tous les apôtres, aux calendes de mai, comme il a été dit dans cette partie, à la fête des apôtres Philippe et Jacques.