Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Septième livre/Chapitre 21

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 73).


CHAPITRE XXI.
DE L’INVENTION DE SAINT ÉTIENNE.


I. L’invention de saint Etienne, premier martyr, se fit en ce jour où l’on célèbre sa passion ; et il souffrit le jour où l’on célèbre son invention, savoir en août. Mais sa fête fut transférée par l’Église, pour quatre causes. Premièrement, parce que, comme le bienheureux Etienne fut premier martyr, et que le martyre des saints c’est leur naissance pour le ciel, c’est avec raison qu’aussitôt après la Nativité du Seigneur on célèbre celle du premier martyr Etienne. Secondement, à cause de la dignité ; car la fête de la mort est plus digne qu’une autre, et c’est pourquoi elle a été placée avec raison, comme plus digne, après la Nativité. Troisièmement, parce que l’office de sa passion s’accorde avec l’office de Noël ; d’où ces mots : Heri natus est, « Hier, le Christ est né sur la terre ; aujourd’hui, Etienne naît pour les cieux »[1] (11). Quatrièmement, parce qu’à son Invention assista une immense multitude, qui, voyant les nombreux miracles que fit Dieu en cette occasion, célébra cette fête annuelle avec plus de solennité que le jour même de la mort de ce saint. Donc, les saints Pères décrétèrent que la fête de sa Passion serait reportée au jour de son Invention, et qu’à la fête de l’Invention serait reportée la fête de sa Passion, parce que la fête de sa Passion est digne d’une plus grande vénération, afin que le peuple célébrât le jour qui suit Noël avec plus de ferveur qu’il n’aurait fait, le jour de la fête du même saint, dans le mois d’août. On en donnera encore une autre raison au chapitre de saint Etienne.

  1. Tel est le début d’une homélie de S. Fulgence sur S. Etienne. Nous l’avons traduite tout entière dans la note 11, à la fin de ce volume.