Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Huitième livre/Chapitre 13

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 206-208).


CHAPITRE XIII.
DU CYCLE.


Comme on a fait mention du cycle presque à chaque page de cette partie, nous en dirons quelques mots.

I. Il faut remarquer que le cycle est un espace de quelques années revenant sur elles-mêmes suivant quelques nombres ; et il est dit ainsi par une double syncope, comme si l’on disait circulus, cercle ; car on l’appelle cycle, parce qu’il forme une ellipse et qu’il se compte par un cercle d’années rangées successivement et uniformément.

II. Les cycles sont au nombre de six : le premier est solaire et commence le six des calendes de mars, à la fête de saint Mathieu ; il se compose de vingt-huit années, contient les nombres concurrents et réguliers solaires, les dominicaux, les années bissextiles et les années communes.

III. Le second cycle est décemnovénal et contient dix-neuf ans ; il commence à janvier et renferme le nombre d’or et les clefs des termes.

IV. Le troisième est le cycle lunaire, qui commence également à janvier ; il renferme dix-neuf ans ; il commence la quatrième année du cycle décemnovénal. Ce sont les Romains qui l’ont inventé pour savoir à quelle heure la lune emprunte sa lumière du soleil. Mais comme, dans la suite des temps, cette découverte a été altérée, nous ne nous servons point de ce cycle.

V. Le quatrième est le cycle épactal, commençant le cinq des calendes de septembre ; il renferme simplement dix-neuf années, les nombres réguliers lunaires, les épactes, les années communes et embolismales.

VI. Le cinquième est le grand cycle, composé de cinq cent trente-deux ans, ou, selon d’autres, de cinq cent trente ans. C’est d’après ce cycle qu’est formée la table de Denys.

VII. Le sixième est le cycle indictionnal, composé de quinze ans ; il renferme les indictions. Comme il était difficile, des extrémités les plus éloignées du monde, de venir chaque année à Rome pour payer les tributs établis en chaque province, les Romains décidèrent qu’on les paierait au moins tous les cinq ans. Ainsi, la première indiction quinquennale, on leur apportait du fer pour fabriquer des armes ; la seconde, on apportait de l’argent pour la solde des troupes ; la troisième, de l’or pour fabriquer des statues ; et ainsi toujours, après l’or qu’on apportait. Au bout de quinze ans, recommençait l’espace de cinq ans ou r indiction quinquennale, où l’on apportait encore le tribut consistant en fer, et c’était comme un cercle de temps ; et comme ce furent les Romains qui ordonnèrent que ceci se pratiquât ainsi, c’est pourquoi ces années furent nommées indictions, comme ou l’a dit plus haut. Cet espace de cinq ans a été nommé lustre, parce que quand les courriers des provinces arrivaient avec le tribut, ils parcouraient la ville avec des cierges et formaient un cortège magnifique (lustrabant).