Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Huitième livre/Chapitre 07

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 186-187).


Rubrica, titre de la seconde partie, où l’on traite de l’année lunaire. Suit la seconde partie qui traite de l’année lunaire et du nombre de jours qu’elle contient. Secondement, on parle des nombres réguliers lunaires ; troisièmement, de l’Epacte ; quatrièmement, de l’Embolisme ; cinquièmement, du Nombre d’or ; sixièmement, du Terme pascal et des autres festivités mobiles ; septièmement, des Cycles.


CHAPITRE VII.
QU’EST-CE QUE L’ANNÉE LUNAIRE, ET COMBIEN CONTIENT-ELLE DE JOURS ?


I. On dit année lunaire dans trois sens : Premièrement, l’année lunaire est l’espace pendant lequel la lune (parcourt) tourne autour du Zodiaque tout entier, révolution qu’elle accomplit dans l’espace de vingt-sept jours et douze heures. Secondement, on appelle année lunaire l’espace de temps pendant lequel la lune fait sa révolution autour du soleil, d’une élévation à l’autre, ab una ascensione ad aliam ; et elle accomplit cette circonvolution en vingt-neuf jours et douze heures. Car, lorsque la lune se sépare du soleil pour parcourir le Zodiaque et qu’ensuite elle revient au même point d’où elle s’était séparée de lui, elle ne le trouve plus en cet endroit ; car le soleil a marché et s’est éloigné par son propre mouvement, et la lune s’efforce de le rejoindre, sans parvenir à l’atteindre, pendant deux jours et trois heures. Troisièmement, on appelle année lunaire l’espace de temps des douze lunaisons dans l’année commune, et de treize dans l’année embolismale, dont on parlera plus bas. Comme donc chaque lunaison se compose de vingt-neuf jours et douze heures, car l’Eglise ne tient pas compte des minutes, les douze heures de la lunaison précédente et les douze de la suivante forment un jour natu- rel, qui toujours est attribué à la lunaison précédente ; de sorte que la lunaison du mois précédent a toujours trente jours, et celle du suivant vingt-neuf jours, à moins qu’il n’en soit autrement, à cause du bissexte, de l’embolisme, ou du saut de la lune. D’où les vers suivants :

Luna paris mensis minquam trigesima fiet ;
Impar triceno, nunquam ? iisi fine carebit.
Tempore bissexti febri, trigesima luna est,
Nam julii luna tune est vicesima nona.

 « La lune d’un mois pair n’aura jamais trente jours ;
Celle d’un mois impair en a trente, elle ne manquera jamais
D’en avoir trente, excepté quand elle finira d’exister ;
Quand février est bissexte, la lune a trente jours,
Car alors la lune de juillet n’en a que vingt-neuf. »


On dit mois pair, parce qu’en comptant à partir de janvier, par ordre, on rencontre des nombres pairs, comme en février, avril, juin, août, octobre et décembre, dont la lunaison est toujours de vingt-neuf jours, excepté février dont la lunaison est de trente jours, quand il est bissexte. Le mois est impair quand il rencontre un nombre impair, comme janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre, dont la lunaison est toujours de trente jours, excepté juillet, qui, dans la dernière année du cyle solaire, n’a seulement que vingt-neuf jours, à cause du saut de la lune. Ces douze lunaisons forment trois cent cinquante-quatre jours dans l’année lunaire, et ainsi l’année solaire la dépasse de onze jours. C’est de cet excédant que vient toute la variété de l’âge de la lune ; de sorte qu’en quelque jour qu’ait lieu la première lune dans la première année, elle a toujours lieu le onze dans la seconde. C’est à cause de cette variété qu’on a inventé deux genres de nombres, savoir les nombres réguliers et les épactes, dont nous allons traiter en peu de mots.