Rational (Durand de Mende)/Volume 2/Quatrième livre/Chapitre 02

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 2p. 28-29).


CHAPITRE II.


DES CINQ PSAUMES QUE LE PONTIFE DIT AVANT DE CÉLÉBRER LES SAINTS MYSTÈRES.


I. Le pontife qui doit célébrer les cérémonies de la messe dit d’abord certains psaumes et certaines oraisons, suivant la règle donnée par [le pape] Célestin Ier. Il les dit pendant qu’il met les chausses et les sandales, pour se conformer à cette exhortation du Psalmiste : « Hâtons-nous de nous présenter devant lui pour célébrer ses louanges, et chantons sur les instruments des cantiques à sa louange. » Ces psaumes sont au nombre de cinq, savoir : Quam dilecta tahernacula tua, Benedixisti, Inclina, Credidi, et De profundis. Et il les récite afin de laver, par la prière de ces cinq psaumes, toutes les souillures qu’a fait contracter à son ame la désobéissance des cinq sens. Chacun de ces psaumes contient, en effet, certaines choses qui se rapportent parfaitement à ceux qui doivent célébrer le mystère de l’autel et le sacrement de l'eucharistie. Or, les oraisons que le pontife dit ont clairement pour but d’obtenir la force et la pureté du cœur et du corps. Il dit donc le psaume Quam dilecta tabernacula, et les autres, pour marquer la plénitude des vertus qui réside dans le Christ, dont il est la figure.

II. Et remarque que le religieux auquel son ordre fait une loi d’aller déchaussé, doit mettre une chaussure lorsqu’il va dire la messe, selon ce précepte de l’Apôtre aux Ephésiens : « Tenez-vous les pieds chaussés pour vous disposer à suivre l’Évangile de paix. » En effet, par les souliers (calciamenta) faits de peaux des bêtes mortes, on foule aux pieds (calcant) la terre ; et ils sont fermés par-dessous et ouverts par-dessus, pour signifier que le prêtre doit être mort au monde et doit avoir le cœur fermé pour les choses terrestres, les fouler aux pieds comme dangereuses, les mépriser au dernier point, et avoir le cœur ouvert pour voir et désirer les biens célestes.