Répertoire national/Vol 1/Mélodie Canadienne

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 1-2).

MÉLODIE CANADIENNE.

CHANSON DES VOYAGEURS.[1]


À la claire fontaine
M’en allant promener,
Je trouvai l’eau si belle
Que je m’y suis baigné.
Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Je trouvai l’eau si belle
Que je m’y suis baigné ;
Sous les feuilles d’un chêne
Je me suis fait sécher.
Il y a longtemps, etc.


Sous les feuilles d’un chêne
Je me suis fait sécher ;
Sur la plus haute branche
Le rossignol chantait.
Il y a longtemps, etc.

Sur la plus haute branche
Le rossignol chantait ;
Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai.
Il y a longtemps, etc.

Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai ;
Tu as le cœur à rire,
Moi je l’ai à pleurer.
Il y a longtemps, etc.

Tu as le cœur à rire,
Moi je l’ai à pleurer ;
J’ai perdu ma maîtresse,
Comment m’en consoler ?
Il y a longtemps, etc.

J’ai perdu ma maîtresse,
Comment m’en consoler ?
Pour une blanche rose
Que je lui refusai.
Il y a longtemps, etc.

Pour une blanche rose
Que je lui refusai ;
Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier.
Il y a longtemps, etc.

Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier ;
Et que le rosier même
Fût à la mer jeté.
Il y a longtemps, etc.

  1. L’auteur de cette simple et douce mélodie est inconnu. L’air et les paroles paraissent avoir été composés par un des premiers voyageurs canadiens, malheureux sans doute dans ses amours, et poète de cœur et de pensée, quoique ne connaissant ni les lois de la rime ni celles de la versification. Cette mélancolique chanson, transmise de génération en génération, après avoir été répétée par les échos des forêts et des grands lacs du Nord et de l’Ouest, est devenue le chant national de nos fêtes de familles et de nos fêtes patriotiques. Pour ces raisons, on a cru devoir la placer à la tête de ce recueil de littérature nationale.