Répertoire national/Vol 1/À une Jeune Demoiselle sous le nom de Rosette

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 3).

1778.

À UNE JEUNE DEMOISELLE SOUS LE NOM DE ROSETTE.[1]


Dans un verger, l’autre jour, à l’ombrage,
Maints oiseaux me charmaient par leur chant ;
Tout près de moi, dans un sombre bocage,
Rosette était seule avec son amant ;
Ils s’admiraient
Et se taisaient ;
Mais les oiseaux toujours chantaient.
Unis par la simple nature
Ils goûtaient un parfait bonheur,
L’ombrage, les fleurs, la verdure,
Tout favorisait leur ardeur.
Pourquoi languir, amants fidèles ?
Hâtez-vous de vous rendre heureux,
L’hymen vous unissant tous deux
Rendra vos amours éternelles ;
Et les oiseaux surpris de ce nouveau ramage
Et de vos doux accents jaloux,
Iront loin de ces lieux dire dans leur langage,
Ce couple heureux chante bien mieux que nous.

Le bon conseil.
  1. Nous avons cru devoir suivre l’ordre chronologique, dans l’arrangement des différentes pièces littéraires qui seront insérées dans ce Répertoire. Le lecteur pourra ainsi voir plus facilement les progrès de la littérature canadienne, à mesure que nous nous rapprocherons de nos jours. Nous profitons de l’occasion qui se présente, en insérant ces vers médiocres et quelques fois incorrects, pour répéter ce que nous avons dit dans notre prospectus à ce sujet : « Les écrits seront insérés dans le Répertoire, sans subir aucun changement, afin que le lecteur puisse juger du mérite intrinsèque des auteurs, et comparer les progrès qu’a faits la littérature à différentes époques. Pour bien faire connaître ces différentes époques, il sera nécessaire quelques fois d’insérer des écrits de peu de mérite, mais alors le nombre en sera très restreint. » Ces premières pages sont peu intéressantes sous le rapport de la variété, mais le lecteur en sera amplement dédommagé par la suite.