Râmâyana (trad. Roussel)/Bâlakânda/VII

Traduction par Alfred Roussel.
(1p. 23-25).

SARGA VII


LA COUR DU ROI DAÇARATHA


1. Les ministres de ce magnanime descendant d’Ikshvâku étaient doués de qualités (éminentes) ; sages conseillers et physionomistes experts, ils se plaisaient dans l’agréable et l’utile.

2. Le héros glorieux avait huit ministres d’une conduite pure, dévoués constamment aux intérêts du roi.

3. (C’était) Dhrĭshti, Jayanta, Vijaya, Surâshtra, Râshtravardhana, Akopa, Dharmapâla ; le huitième était le docte Sumantra.

4. Il (avait aussi près de lui) deux célèbres Rĭtvijs, excellents Rĭshis : Vasishtha et Vâmadeva, ainsi que d’autres conseillers,

5. Suyajna, Jâbâli, Kâcyapa, Gautama, Mârkandeya, Dirghâyus, le Deux-fois-né Kâtyâyana.

6. À ces Brahmarshis, il (avait associé) des Rĭtvijs âgés, d’une prudence consommée, vénérables, habiles, maîtres de leurs sens,

7. Fortunés, magnanimes, instruits dans les armes, pleins de fermeté, d’un grand renom, dévoués, se conformant aux ordres (du roi).

8. Ayant acquis puissance, mansuétude et gloire, agréables dans leurs entretiens, ils ne prononçaient jamais de parole injuste, par colère ou en vue du désir et de l’utilité.

9. Ils n’ignoraient rien de ce qui concernait leurs (amis) ou de ce qui concernait les autres ; ce que (leurs amis ou leurs ennemis) faisaient, avaient fait ou projetaient de faire, (ils le savaient).

10. D’une conduite prudente, d’une amitié éprouvée, ils attendaient le moment favorable pour châtier (les coupables), sans épargner leurs fils.

11. Modérés dans l’acquisition des trésors, ainsi que dans l’exercice du pouvoir, ils ne nuisaient à personne, pas même aux gens inutiles, tant qu’ils restaient inoffensifs.

12. C’étaient de vaillants hommes, se possédant bien, appliqués à leurs devoirs envers le roi, et accordant toujours leur protection aux gens de bien du pays.

13. Sans nuire aux Brahmanes, ni aux Kshatriyas, ils remplissaient le trésor (royal). Ils étaient d’une sévérité inflexible, et étudiaient le tort et le faible de chacun.

14. Parmi tous ces hommes de mœurs pures, ayant les mêmes vues, pleins de discernement, qui vivent dans la ville ou dans le royaume, il n’est aucun menteur,

15. Personne de vicieux, nul adultère. La paix règne dans tout l’empire, comme dans la capitale.

16. Tous sont couverts de riches et beaux vêtements ; leurs pratiques sont pures ; ils s’occupent de leurs intérêts, sous le regard vigilant et pénétrant du roi.

17. Participant aux qualités de leur maître et renommés pour leurs actions d’éclat, ils sont connus partout, même à l’étranger, ces sages.

18. Doués de qualités en toute circonstance, ils n’en sont jamais dépourvus ; instruits dans l’art de contracter ou de rompre des alliances, ils s’acquittent avec succès de leurs fonctions.

19. Habiles à cacher leurs desseins, propres (à former) des projets ingénieux, versés dans la science compliquée de la politique, d’une conversation toujours agréable,

20. C’est entouré de ministres, doués de ces qualités, que Daçaratha, monarque irréprochable, gouvernait la terre,

21. Surveillant ses sujets, les administrant suivant la loi, leur servant d’asile et bannissant l’injustice.

22. Fameux dans les trois mondes, libéral, champion de la vérité, ce tigre parmi les hommes régnait sur ce pays.

23. Il ne rencontra point d’ennemi plus puissant que lui, ou qui (même) lui fût égal. Ayant beaucoup d’amis, il voyait ses voisins courbés (devant lui) ; il avait arraché par son énergie les épines (de son royaume). Ce roi gouvernait le monde comme le roi des Dieux (gouverne) le ciel.

24. Entouré de ces ministres experts dans (la connaissance) des règles et de l’utile, dévoués, intelligents, capables, ce monarque acquit un éclat semblable à celui du soleil, environné de ses rayons lumineux.


Tel est, dans le vénérable Râmâyana,

Le premier des poèmes, œuvre de Vâlmîki, le Rĭshi,

Le septième Sarga du Bâlakânda.