Quentin Durward/Chapitre 03

Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 19p. 60-67).


CHAPITRE III.

LE CHÂTEAU.


Au milieu s’élève un immense édifice : des portes de fer en défendent l’entrée ; des remparts élevés l’environnent ; dans un fossé profond coule lentement une eau paresseuse qui baigne le pied des tours sur lesquelles sont postés de vigilants gardiens.
Anonyme.


Pendant que Durward et sa nouvelle connaissance parlaient ainsi, ils arrivèrent en vue de la façade du château de Plessis-lès-Tours, qui, même dans ces temps dangereux, où les grands étaient obligés de résider dans des places fortes, se faisait remarquer par le soin extrême et jaloux avec lequel il était gardé et défendu.

À partir de la lisière du bois où le jeune Durward et son compagnon s’étaient arrêtés pour contempler cette résidence royale, s’étendait, ou plutôt s’élevait, quoique par une pente fort douce, une esplanade découverte, sur laquelle on ne voyait ni arbre ni buisson d’aucune espèce, à l’exception d’un chêne gigantesque à demi mort de vieillesse. Cet espace avait été laissé ouvert, conformément aux règles de fortification suivies dans tous les siècles, afin que l’ennemi ne pût approcher des murs, à couvert, ou sans être aperçu du haut des créneaux ; au-delà s’élevait le château lui-même.

L’extérieur se composait de trois murs d’enceinte, garnis de créneaux et de tourelles de distance en distance, et particulièrement à chacun des angles. Le second mur s’élevait plus haut que le premier, et était construit de manière à commander celui-ci, dans le cas où l’ennemi viendrait à s’en emparer, et était commandé lui-même par le troisième, qui formait la barrière intérieure. Autour du mur extérieur (ce dont le Français informa son jeune compagnon, car, étant sur un terrain moins élevé que les fondations, il ne pouvait l’apercevoir,) on avait creusé un fossé d’environ vingt pieds de profondeur, où l’eau arrivait au moyen d’une saignée faite à la rivière du Cher, ou plutôt à un de ses affluents. « Au pied du second mur d’enceinte, lui dit-il, est un autre fossé ; un troisième protège la troisième muraille, et tous trois sont de dimension extraordinaire. » Les bords intérieurs et extérieurs de ce triple fossé étaient garnis de palissades en fer, remplissant l’office de ce qu’on appelle chevaux de frise, en termes de fortification moderne, la tête de chaque pieu étant armée d’un faisceau de pointes aiguës dirigées en tous sens ; de sorte qu’une tentative d’escalade, dernier moyen de s’emparer d’une place, ne pouvait avoir lieu sans exposer les assaillants à une mort certaine.

Au milieu de l’enceinte formée par le mur intérieur s’élevait le château, composé de bâtiments construits à diverses époques : l’antique et sombre donjon, d’une date beaucoup plus ancienne, s’élevait au-dessus des autres, semblable à un noir géant éthiopien ; et l’absence de toute fenêtre plus grande que des meurtrières pratiquées à distances irrégulières pour servir à la défense, faisait naître dans l’âme du spectateur ce sentiment pénible qu’on éprouve en voyant un aveugle. Les autres bâtiments ne paraissaient guère devoir offrir plus d’agréments à ceux qui les habitaient, car le petit nombre de fenêtres dont ils étaient percés donnaient sur une cour intérieure, de sorte que toute la façade extérieure présentait l’idée d’une prison plutôt que celle d’un palais. Le roi régnant avait même ajouté à cette ressemblance en voulant que le caractère des fortifications qu’il avait élevées ne s’éloignât en rien de celui du bâtiment primitif, car, de même que la plupart des gens soupçonneux, il s’efforçait de cacher ses soupçons ; à cet effet, on avait employé les briques et les pierres de taille de la couleur la plus sombre, et délayé de la suie dans la chaux, de manière à donner à l’ensemble du château la teinte uniforme d’une extrême et grossière antiquité.

Cette place formidable n’avait qu’une seule entrée, du moins Durward n’en vit qu’une seule dans toute l’étendue de la façade ; elle était au centre de l’enceinte extérieure, et, suivant l’usage, placée entre deux fortes tours : on y voyait l’accessoire obligé d’une herse et d’un pont-levis. La herse était baissée, le pont-levis levé. Des tours semblables étaient également placées à la seconde et à la troisième enceinte, mais non sur la même ligne que celles du mur extérieur ; car le passage ne se prolongeait pas en ligne droite de l’une à l’autre ; après avoir passé la première on avait encore près de trente toises à parcourir entre les deux murailles avant d’arriver à la seconde, trajet pendant lequel un ennemi eût été exposé aux traits lancés des deux côtés. De même, après avoir franchi la seconde barrière, il fallait de nouveau dévier de la ligne droite pour parvenir à la porte de la troisième et dernière enceinte ; de sorte que, avant de gagner la cour au milieu de laquelle régnait la longue façade du bâtiment, il fallait traverser deux défilés étroits et dangereux, exposés à des décharges d’artillerie sur l’un et l’autre flanc, et forcer successivement trois portes défendues de la manière la plus formidable.

Venant d’un pays également désolé par une guerre étrangère et par les divisions intestines, pays dont la surface inégale et montagneuse, entrecoupée de précipices et de torrents, offre un si grand nombre de situations fortifiées, le jeune Durward connaissait assez bien les moyens extrêmement variés par lesquels les hommes, dans ce siècle barbare, cherchaient à protéger leurs habitations ; mais il avoua franchement à son compagnon qu’il ne se serait pas imaginé que l’art pût s’élever à un tel degré dans un lieu où la nature le secondait si peu ; car le château, comme nous l’avons déjà donné à entendre, n’était situé que sur une éminence peu élevée, à laquelle on arrivait par une pente fort douce depuis l’endroit où ils s’étaient arrêtés.

Pour augmenter la surprise de Durward, son compagnon lui dit que les environs du château, à l’exception du sentier tournant par lequel on pouvait sans danger s’approcher de la porte, étaient, comme les halliers qu’ils venaient de traverser, parsemés de fossés, de pièges de toute espèce, dans lesquels tomberait quiconque aurait le malheur de s’y aventurer sans guide ; que l’on avait placé sur les murailles, des guérites en fer, d’une forme particulière, appelées nids d’hirondelles, d’où les sentinelles, qui y étaient régulièrement postées, pouvaient tirer à coup sûr sur quiconque oserait tenter d’entrer sans faire le signal ou sans donner le mot d’ordre, convenu chaque jour ; enfin, que les archers de la garde royale faisaient nuit et jour ce service, pour lequel ils recevaient du roi Louis une haute paie, de riches habillements, en un mot, honneur et profit. « Et maintenant, jeune homme, continua-t-il, dites-moi si vous avez jamais vu un château aussi fort, et si vous pensez qu’il y ait des gens assez hardis pour tenter de le prendre d’assaut. »

Durward tenait depuis long-temps les yeux sur cette forteresse, dont la vue l’intéressait tellement que, dans l’ardeur de la curiosité naturelle chez la jeunesse, il oubliait l’humidité de ses vêtements. Semblable à un homme entreprenant qui médite une action hardie, il avait l’œil étincelant, les joues animées. « C’est un château très fort, et fortement gardé, » répondit-il enfin ; « mais il n’y a rien d’impossible pour des braves. — Y en a-t-il dans votre pays qui soient capables d’un pareil exploit ? » demanda le vieillard d’un ton un peu dédaigneux. — « C’est ce que je n’affirmerais point, répondit le jeune homme ; mais il s’y trouve des milliers d’hommes qui, pour une bonne cause, seraient assez hardis pour tenter l’entreprise. — Oui-da ! et vous même peut-être vous vous mettez du nombre ? — Il serait mal à moi de me vanter lorsqu’il ne se présente aucun danger ; mais mon père a fait une action tout aussi hardie, et je ne suis pas bâtard, j’ose le croire. — C’est très bien, » dit son compagnon en souriant ; « mais vous pourriez trouver à qui parler, et même des compatriotes ; car les archers écossais de la garde du roi Louis sont en sentinelle sur ces murs… trois cents gentilshommes des meilleures familles de votre pays. — Et si j’étais le roi Louis, je confierais entièrement la garde de ma personne à ces trois cents gentilshommes écossais ; j’abattrais ces énormes murailles pour combler les fossés ; j’appellerais près de moi mes pairs et mes paladins, et je vivrais comme il convient à un roi, faisant rompre des lances dans de brillants tournois, donnant des fêtes aux nobles pendant le jour, passant les nuits à danser avec les dames, et ne craignant pas plus un ennemi que je ne crains une mouche. »

Son compagnon sourit de nouveau ; et tournant le dos au château dont, dit-il, ils s’étaient un peu trop approchés, il le fit rentrer dans le bois par un sentier plus large et plus battu que celui par lequel ils étaient venus. « Cette route, dit-il, conduit au village de Plessis, et comme étranger, vous trouverez à vous y loger convenablement et à un prix raisonnable. À environ deux milles plus loin est la riante ville de Tours, qui donne son nom à cette riche et belle province. Mais le village de Plessis, ou Plessis du Parc, comme on l’appelle quelquefois à cause de sa proximité de la résidence royale et du parc, ou chasse, qui l’entoure, vous fournira un asile moins éloigné et non moins hospitalier. — Je vous remercie de vos renseignements, mon bon monsieur ; mais mon séjour ici sera si court que, pourvu que je trouve un morceau de viande à manger et quelque chose de meilleur que de l’eau à boire, mes affaires au village de Plessis, qu’on l’appelle Plessis du Parc ou Plessis de l’Étang, seront bientôt terminées. — Eh ! mais je croyais que vous aviez quelque ami à voir dans ces environs. — Cela est vrai ; le propre frère de ma mère, et, avant qu’il quittât les landes arides du comté d’Angus, un aussi bel homme que quiconque ait jamais fait courber la bruyère sous ses brogues[1]. — Comment se nomme-t-il ? Je me ferai enquérir de lui, car il ne serait pas prudent à vous de monter au château, on pourrait vous y prendre pour un espion. — Par la main de mon père ! moi être pris pour un espion ! Il sentirait bientôt le froid du fer que je porte, celui qui oserait me flétrir d’une pareille accusation. Quant au nom de mon oncle, je m’embarrasse fort peu qu’on le sache : il s’appelle Leslie. Ce nom est noble et honorable ; — Je n’en fais pas le moindre doute ; mais il y a trois Leslie dans la garde écossaise. — Mon oncle est Ludovic Leslie. — Des trois Leslie, deux ont le prénom de Ludovic. — On appelle mon parent Ludovic à la cicatrice ; car nos noms de famille sont si communs en Écosse que, lorsqu’on ne peut y joindre celui d’une terre pour se distinguer, on prend toujours un sobriquet. — Un nom de guerre, voulez-vous dire ? L’individu dont vous parlez est, je pense, celui que nous nommons le Balafré, à cause de la cicatrice qu’il a au visage ; c’est un brave homme et un bon militaire. Je désire pouvoir vous faciliter une entrevue avec lui, car il fait partie d’un corps dont le service est strict, et dont ceux qui le composent sortent rarement du château, à moins que ce ne soit pour escorter la personne du roi. Et maintenant, jeune homme, répondez à une autre question : je parie que vous désirez prendre du service, comme votre oncle, dans la garde écossaise. Si vous avez ce projet, il ne vous sera pas facile de le réaliser, car vous êtes bien jeune, et l’expérience de quelques années est nécessaire, à cause de l’importance de l’emploi auquel vous aspirez. — Il est possible que j’aie eu quelque idée de cette nature ; mais en ce cas, l’envie m’en est passée. — Pourquoi cela, jeune homme ? est-ce ainsi que vous parlez d’un corps dans lequel les plus nobles de vos compatriotes se montrent jaloux d’être admis ? — Je leur en fais mon compliment. Pour parler franchement, j’aurais aimé le service du roi de France autant au moins que celui d’un autre ; mais qu’on m’habille aussi magnifiquement, qu’on me nourrisse aussi délicatement que l’on voudra, j’aime mieux courir au grand air que d’être enfermé dans une cage, ou dans ces nids d’hirondelles que l’on voit d’ici, comme vous appelez ces poivrières. D’ailleurs, » ajouta-t-il en baissant la voix, « je n’aime point le château dont l’arbre qui lui prête son ombrage porte des fruits pareils à celui que je vois là-bas ? — Je devine ce que vous voulez dire ; mais expliquez-vous plus clairement ? — Que je m’explique plus clairement ! Jetez les yeux sur ce beau chêne qui est à quelques portées de flèche du château ; vous y verrez pendu un homme en jaquette grise pareille à celle que je porte. — En vérité ! voyez ce que c’est que d’avoir de jeunes yeux ! J’apercevais bien quelque chose, mais je croyais que c’était un corbeau perché sur une branche. Toutefois ce spectacle n’a rien d’étrange, mon brave jeune homme ; lorsque l’été fera place à l’automne, qu’il y aura de longs clairs de lune, et que les routes deviendront peu sûres, vous verrez des groupes de dix, de vingt de ces glands accrochés à ce vieux chêne à demi mort. Mais qu’importe ? ce sont autant d’épouvantails pour les brigands ; et pour chaque coquin ainsi pendu, on compte un brigand, un traître, un voleur de grand chemin, un pillard ou un oppresseur de moins en France. Voilà ; jeune homme, des signes auxquels vous devez reconnaître la justice de notre souverain. — Du moins, si j’étais le roi Louis, je les ferais pendre plus loin de mon palais. Dans mon pays nous suspendons des corbeaux morts dans les lieux fréquentés par les corbeaux vivants, mais non pas dans nos jardins ou dans nos pigeonniers. L’odeur de ce cadavre ! pouah !… elle est venue jusqu’à moi, quoique nous en soyons éloignés. — Si vous vivez assez long-temps pour devenir un bon et loyal serviteur de votre prince, mon bon jeune homme, vous saurez qu’il n’y a pas de parfum qui égale l’odeur d’un traître mort[2]. — Je ne désirerais jamais vivre assez long-temps pour perdre l’odorat ou la vue. Montrez-moi un traître vivant, et voilà mon bras et mon épée ; mais quand la vie lui est arrachée, ma haine ne pourrait lui survivre. Mais voici, je pense, que nous arrivons au village, où j’espère vous faire voir que ni le bain que j’ai pris ce matin, ni le dégoût que je viens d’éprouver, n’ont diminué en rien mon appétit. Ainsi, mon bon ami, à l’hôtellerie aussi vite que vous le pourrez. Cependant, avant que j’accepte votre invitation, dites-moi de quel nom je dois vous appeler. — On m’appelle maître Pierre : je ne suis pas marchand de titres, mais un homme tout uni qui peut vivre de son revenu… C’est ainsi que l’on m’appelle. — C’est fort bien, maître Pierre, dit l’Écossais ; et je m’estime heureux de ce que le hasard m’a fait vous rencontrer ; car j’ai besoin d’un bon conseil quand il arrive à propos, et je sais m’en montrer reconnaissant. »

Tandis qu’ils parlaient de la sorte, la tour d’une église et un grand crucifix en bois qui s’élevait au-dessus des arbres, annoncèrent à Durward qu’ils étaient à l’entrée du village.

Mais maître Pierre, se détournant un peu du sentier qui venait aboutir à une large chaussée, dit à son compagnon que l’auberge dans laquelle il se proposait de le conduire était un peu écartée, et que l’on n’y recevait que des voyageurs d’une classe distinguée. — « Si vous parlez de la classe de voyageurs dont la bourse est le mieux garnie, répondit l’Écossais, je ne suis pas de ceux-là, et j’aime mieux courir la chance d’être écorché dans une mauvaise auberge que dans votre brillante hôtellerie. — Pâque-Dieu ! répondit son guide, comme ces Écossais sont prudents ! un Anglais va se jeter sans réflexion dans une taverne ; il y mange et boit du meilleur, sans songer à l’écot avant d’avoir le ventre plein. Mais vous oubliez, maître Quentin, puisque Quentin est votre nom, vous oubliez que je vous dois un déjeuner pour le bain que ma méprise vous a valu : c’est la pénitence que je m’impose pour le tort que j’ai eu envers vous. — En vérité, j’avais oublié le bain, le tort, la pénitence, et le reste. En marchant mes habits se sont séchés, ou à peu près. Néanmoins je ne refuserai pas votre offre pleine de bonté ; car mon dîner d’hier a été bien léger, et quant au souper, je n’en ai point fait. Vous me paraissez être un vieux bourgeois respectable, et je ne vois pas pourquoi je n’accepterais pas votre courtoisie. »

Le Français sourit à part lui ; car il voyait clairement que le jeune homme, quoique probablement à demi mort de faim, avait néanmoins de la peine à se concilier avec l’idée de manger aux dépens d’un étranger, et s’efforçait d’imposer silence à la fierté de son caractère par cette réflexion, que lorsqu’il s’agit d’obligations légères, celui qui accepte fait un acte de complaisance tout aussi grand que celui qui invite.

Tout en discourant ainsi ils descendirent une allée étroite, ombragée par de grands ormes, au bas de laquelle une grande porte les introduisit dans la cour d’une auberge d’une étendue peu ordinaire, et destinée à recevoir les nobles et tous ceux qui étaient attachés au service dans le château voisin, où Louis XI permettait bien rarement à qui que ce fût d’entre eux d’avoir un appartement, à moins d’absolue nécessité. Un écusson portant des fleurs de lis était suspendu au-dessus de la principale porte de ce bâtiment irrégulier ; mais ni dans la cour, ni dans la maison, on ne remarquait ce mouvement qui annonce des hôtes nombreux et une grande activité commerciale. On eût dit que le caractère sombre et discourtois de la résidence royale située dans le voisinage, avait communiqué une portion de sa grave et épouvantable tristesse, même à une maison destinée à être le temple de la sociabilité, du plaisir et de la bonne chère.

Maître Pierre, sans appeler personne, et même sans approcher de la principale entrée, leva le loquet d’une porte qui se trouvait devant lui, et entra dans une grande salle où son compagnon le suivit. La flamme d’un fagot pétillait dans la cheminée, près de laquelle tout était disposé pour un déjeuner solide.

« Mon compère a eu soin que rien ne manquât, » dit le Français à Durward : « vous devez avoir froid, et voilà du feu ; vous devez avoir faim, et bientôt vous allez déjeuner. »

Il siffla ; l’aubergiste parut, et répondit à son bonjour par une inclination de tête, mais ne montra rien de cette loquacité particulière aux aubergistes français de tous les siècles.

« J’ai envoyé quelqu’un vous commander un déjeuner, dit maître Pierre, l’a-t-il fait ? »

L’aubergiste ne répondit que par un signe affirmatif, et bientôt se mit en devoir d’apporter et d’arranger sur la table les divers mets préparés pour un excellent déjeuner : cette opération se fit sans qu’il prononçât un seul mot pour en relever le mérite. Cependant le repas avait droit à tous les éloges que les aubergistes français ont coutume de faire de leurs talents, comme le lecteur le verra dans le chapitre suivant.



  1. Brogues, sortes de sandales que portent les montagnards écossais. Voyez Waverley. a. m.
  2. Ce mot de Louis XI n’est pas nouveau. Un des généraux de l’empereur Vitellius lui conseillant de faire enterrer les morts après une victoire ; « Non, non, répondit-il, le corps d’un ennemi mort sent toujours bon. » On l’attribue aussi à Charles IX, allant voir à Montfaucon le cadavre de l’amiral Coligni. a. m.